:
Bonjour. Puisque le président est occupé, vous m'aurez sur le dos pendant un certain temps.
Conformément à l'article 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le 4 octobre 2016, nous commençons notre étude sur les consultants en immigration.
Un certain nombre de témoins comparaissent devant nous aujourd'hui. Nous accueillons des représentants du ministère de la Citoyenneté et de l'Immigration: M. Orr, que vous connaissez tous; M. Michael MacDonald, directeur général de l'orientation du programme d'immigration; M. David Cashaback, directeur général de la Direction générale de l'immigration; et M. Michael Brandt, directeur de Gestion financière des subventions et contributions.
Notre liste n'est pas tout à fait ordonnée. Le troisième intervenant sera M. Paul Aterman, vice-président de la Section d'appel de l'immigration de la Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada; et la deuxième intervenante sera Mme Jennifer Lutfallah, directrice générale des Programmes d'exécution de la loi et du renseignement de l'Agence des services frontaliers du Canada.
Mme Kwan souhaite présenter un avis de motion avant que nous commencions.
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Merci, monsieur le président.
[Français]
Monsieur le président, j'aimerais commencer par faire remarquer qu'au cours des dernières années, le ministère a fait d'importants progrès pour jeter les bases de la modernisation de l'expérience des clients en simplifiant le processus de demande, tout en maintenant l'intégrité de notre système d'immigration. Nous espérons que ces améliorations continues faciliteront l'accès à nos services sans recours à un consultant.
[Traduction]
Ceci dit, nous reconnaissons que de nombreux immigrants potentiels au Canada ont recours aux services de représentants ou de consultants en immigration, tant au Canada qu'à l'étranger, pour qu'ils les aident à mener à bien le processus d'immigration. De même, les candidats à la citoyenneté peuvent solliciter de l'aide de consultants en citoyenneté avant de passer à l'étape finale de la demande de citoyenneté canadienne.
En juin 2011, la Chambre des communes a adopté des mesures législatives visant à mieux protéger les immigrants potentiels contre les pratiques peu scrupuleuses ou frauduleuses de tels représentants. Au coeur de ce texte législatif se trouvaient des modifications à la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés selon lesquelles les représentants en immigration rémunérés auxquels on fait appel à n'importe quelle étape d'une demande ou d'une procédure d'immigration doivent être des avocats ou des techniciens juridiques membres en règle d'un barreau provincial ou territorial canadien.
[Français]
En outre, un représentant en immigration peut être un notaire qui est membre en règle de la Chambre des notaires du Québec ou un consultant en immigration qui est membre en règle du Conseil de réglementation des consultants en immigration du Canada, le CRCIC.
Il existe également des dispositions dans la loi qui prévoient la conclusion par le gouvernement d'ententes avec certaines organisations qui offrent des services très utiles aux immigrants et aux candidats à la citoyenneté canadienne.
[Traduction]
Ainsi, la loi de 2011 interdisait à quiconque, sauf ceux que je viens d'énumérer, d'agir à titre de représentant rémunéré à n'importe quelle étape d'une demande ou d'une procédure d'immigration ou de citoyenneté. Au moment où ces modifications sont entrées en vigueur, le gouvernement de l'époque a également désigné le CRCIC comme organisme de réglementation de la profession de consultant en immigration. En juin 2015, des modifications similaires ont été apportées à la Loi sur la citoyenneté en ce qui a trait aux règles régissant les consultants en citoyenneté, et le ministre de l'époque a désigné le CRCIC comme organisme de réglementation de ces consultants.
Le CRCIC est une organisation autonome et sans but lucratif qui a une relation sans lien de dépendance avec Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada. Le CRCIC compte actuellement plus de 3 700 membres actifs. L'organisation régit les normes d'accès à l'exercice de la profession, y compris la formation, l'examen et l'accréditation, ainsi que les exigences professionnelles, comme les obligations en matière de scolarité. Le CRCIC est aussi chargé d'assurer la mise en application d'un processus efficace de plaintes et de discipline pour les membres.
Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada est toujours prêt à prendre des mesures énergiques contre les activités peu scrupuleuses et frauduleuses menées par des consultants en immigration et citoyenneté lorsqu'il se rend compte d'activités inappropriées, ou lorsqu'il a des soupçons à cet égard. Ces activités préjudiciables peuvent inclure les activités de consultants dits « fantômes » — c'est-à-dire, fournir, ou offrir de fournir, des conseils ou des représentations contre rémunération, et ce, à n'importe quelle étape d'une demande ou d'une procédure d'immigration, sans être membre en règle du CRCIC.
[Français]
Lorsque des fonctionnaires du gouvernement du Canada croient qu'un représentant en immigration et citoyenneté enfreint ses obligations professionnelles, ils disposent d'une autorité claire qui leur permet de communiquer l'information à cet égard au CRCIC, d'une manière conforme à la Loi sur la protection des renseignements personnels.
[Traduction]
Les renseignements qui peuvent être communiqués concernent, par exemple, les pratiques présumées ou avérées suivantes: faire de fausses promesses ou demandes; fournir de faux renseignements au client concernant les processus d'immigration au Canada; ne pas fournir les services que le représentant a convenu d'offrir au client; ou conseiller au client d'obtenir ou de produire de faux éléments de preuve.
Le CRCIC a le mandat de régir les consultants en utilisant des outils tels que le Code d'éthique professionnelle et le Code de conduite professionnelle et d'éthique. Il a également le pouvoir d'enquêter en cas d'allégations de comportement non éthique ou non professionnel de la part de consultants autorisés. La GRC et l'ASFC sont responsables d'enquêter tant sur les consultants autorisés qui se livrent à la fraude que sur les consultants fantômes qui opèrent en dehors de la loi régissant les représentants en immigration.
Le CRCIC et l'Association canadienne des conseillers professionnels en immigration ont demandé à notre ministère et à l'ASFC d'apporter des modifications aux cadres de gouvernance régissant l'organisme de réglementation des consultants en immigration et en citoyenneté. Selon les documents que nous avons vus, ils souhaitent que le CRCIC fonctionne sensiblement de la même manière que les barreaux, avec des pouvoirs d'enquête accrus et la capacité d'imposer des mesures disciplinaires à ses membres.
Ces nouveaux pouvoirs nécessiteraient des changements législatifs importants et pourraient également avoir des répercussions sur le mandat de nos partenaires en matière de sécurité qui sont actuellement chargés d'enquêter sur les consultants fantômes et les consultants autorisés qui commettent des fraudes.
[Français]
Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada demeure déterminé à rencontrer régulièrement les représentants du CRCIC pour discuter des questions de gouvernance et de l'efficacité globale de l'organisation.
Merci, monsieur le président.
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Merci, monsieur le président.
Comme le Comité le sait, l'application et l'exécution de la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés relèvent de plusieurs ministères et organismes gouvernementaux.
[Traduction]
Bien qu'IRCC est le principal responsable stratégique en ce qui a trait à la LIPR, le rôle de l'ASFC consiste essentiellement à appliquer la Loi, à recueillir du renseignement et à mener des enquêtes criminelles.
Depuis 2006, l'ASFC et la GRC élaborent une approche complémentaire à l'égard des infractions pénales en matière d'immigration. La GRC assure la responsabilité du dossier des infractions en matière d'immigration qui sont liées au crime organisé, à la traite de personnes et à la sécurité nationale. Pour sa part, l'ASFC assure la responsabilité des autres dossiers d'infractions en matière d'immigration. Il s'agit notamment des infractions liées aux documents frauduleux, aux fausses présentations et aux infractions générales prévues par la LIPR.
Les infractions générales visées dans la LIPR s'appliquent aux personnes qui ne respectent pas diverses conditions ou obligations stipulées dans la Loi. Cela inclut les employeurs qui embauchent des ressortissants étrangers sans autorisation, les personnes déjà expulsées du Canada qui rentrent au pays sans autorisation ou les personnes qui omettent de se présenter à un agent de l'ASFC à leur entrée au Canada.
Selon la nature des activités du consultant, la LIPR et le Code criminel prévoient diverses infractions criminelles et sanctions. En règle générale, de telles activités peuvent faire l'objet d'une enquête de la part de l'ASFC, de la GRC ou des deux organisations. Par contre, la responsabilité d'examiner des activités contraires à l'éthique ou non professionnelles qui ne constituent pas une infraction incombe au Conseil de réglementation des consultants en immigration du Canada.
En ce qui a trait aux infractions à la LIPR les plus fréquemment liées à des consultants, la Loi prévoit l'imposition de sanctions criminelles pour quiconque commet les infractions suivantes: consultant non autorisé, infraction en matière de fausses présentations, fausses présentations et le fait d'aider une personne à commettre une infraction.
[Français]
Par exemple, lorsqu'il est prouvé en cour qu'un consultant a encouragé un client à fournir des renseignements erronés en vue d'accroître ses chances de voir sa demande d'immigration approuvée, ce consultant pourrait être accusé de fausse représentation en matière de conseils.
[Traduction]
L'infraction en matière de fausses présentations peut être liée à toute demande touchant l'immigration, qu'il s'agisse d'une demande de permis de séjour temporaire, d'une demande de résidence permanente, du parrainage d'un conjoint ou d'une demande du statut de réfugié. Les accusations peuvent s'appliquer aux consultants, peu importe s'ils sont autorisés ou non à agir à titre de représentants en vertu du règlement.
L'infraction liée au fait d'être un consultant non autorisé s'applique à un consultant qui n'est pas inscrit auprès du CRCIC et qui donne des conseils aux clients moyennant rétribution. Une personne qui commet cette infraction encourt, sur déclaration de culpabilité par mise en accusation, une amende maximale de 100 000 $ et un emprisonnement maximal de deux ans, ou l'une de ces peines. Sur déclaration de culpabilité par procédure sommaire, la personne encourt une amende maximale de 20 000 $ et un emprisonnement maximal de six mois, ou l'une de ces peines.
Avant l'adoption du projet de loi en mars 2011, le règlement visant les représentants autorisés ne s'appliquait qu'après la présentation d'une demande d' immigration.
[Français]
Il s'agissait d'un problème du point de vue de l'application de la loi, étant donné que les conseils sont souvent fournis avant la présentation d'une demande. Les activités de cette nature n'étaient pas réglementées, et les consultants non autorisés, que l'on appelle parfois « consultants fantômes »,
[Traduction]
qui exerçaient leurs activités avant l’étape de la présentation de la demande ne pouvaient pas se retrouver devant les tribunaux. Aujourd’hui, les règles concernant les représentants autorisés s’appliquent avant et après la présentation d’une demande d’immigration. Un représentant non autorisé qui sciemment, de façon directe ou indirecte, représente ou conseille une personne avant, durant ou après la présentation de la demande peut être mis en accusation en application du paragraphe 91(9), tout comme une personne qui « offre de le faire ».
Les modifications législatives introduites par le projet de loi limitent désormais les services de consultations fournis ou offerts moyennant rétribution avant l’étape de la présentation des demandes aux avocats, ou aux notaires au Québec, y compris les techniciens juridiques et les consultants en règle d’un organisme dirigeant. Ces dispositions confèrent à l’ASFC et à ses partenaires un outil supplémentaire permettant de prendre des mesures d’exécution à l’égard des personnes qui font de fausses présentations.
Il peut être difficile d’obtenir des preuves de fraude en matière de consultation. Bien souvent, les demandeurs hésitent à signaler à l’ASFC les infractions à cet égard, étant donné qu’ils ont participé eux-mêmes aux fausses présentations ou qu’on les a convaincus que même si le représentant est non autorisé, il peut aider ses clients à obtenir un résultat positif à l’égard de leur demande.
Par conséquent, la majorité des infractions présumées sont signalées à l’ASFC uniquement après le rejet de la demande d’immigration. Et même dans de tels cas, les demandeurs au Canada peuvent ne pas signaler les faits par crainte d’être renvoyés du Canada.
[Français]
En outre, les contrats entre les clients et les consultants sont souvent verbaux et le paiement est effectué en espèces, ce qui laisse...
La Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada rend des comptes au Parlement par l’intermédiaire du ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté. Grâce au travail de ses quatre sections — la Section de la protection des réfugiés, la Section d’appel des réfugiés, la Section de l’immigration et la Section d’appel de l’immigration —, la Commission rend environ 40 000 décisions quasi-judiciaires par année.
Les gens visés par ces décisions sont parmi les consommateurs de services juridiques les plus vulnérables au Canada. Certains ne sont au pays que depuis quelques semaines ou quelques mois. Beaucoup ne connaissent pas notre système judiciaire et ne parlent pas anglais ou français. L'accès à la justice, soit la possibilité de retenir les services d'un conseiller juridique compétent à un coût raisonnable, est une préoccupation pour les cours et les tribunaux du pays ainsi que pour la CISR.
Nous avons conçu nos processus pour que les personnes qui se représentent seules puissent s'y retrouver, mais il n'en demeure pas moins que bon nombre des questions dont nous traitons sont à la fois complexes et techniques, parce que la loi est complexe et technique. Dans les cas dont la Commission est saisie, une personne sur cinq n'est pas représentée par un conseiller juridique. Nous préférerions avoir affaire à des personnes qui ont un conseiller juridique compétent qu'à des personnes qui ne sont pas représentées, car cela nous permet d'être beaucoup plus efficaces.
Permettez-moi de vous présenter quelques statistiques. Dans les dossiers que nous avons traités en 2016, environ 20 % des cas — 8 000 cas sur 40 000 — mettaient en cause des personnes qui n'étaient pas représentées. Environ 31 500 personnes, ou 80 %, étaient représentées. De ce nombre, 12 % étaient représentées par un consultant en immigration. L'an dernier, nous avons eu affaire à 3 800 consultants en immigration.
[Français]
L'intégrité et la compétence sont essentielles à la capacité des conseillers de contribuer positivement au système d'immigration et de protection des réfugiés. Du point du vue de la CISR, les dispositions adoptées en 2004 à l'égard des consultants ont marqué un important pas vers l'avant pour ce qui est de l'accès à la justice, car elles ont permis l'établissement de normes minimales et de mécanismes de plainte et de discipline là où il n'y en avait pas.
Cependant, il est toujours possible de faire mieux. Les modifications apportées en 2011 ont renforcé le régime. Actuellement, les représentants visés par la réglementation doivent prouver à la CISR qu'ils sont membres en règle de leur association professionnelle avant de pouvoir comparaître devant la Commission. Nous vérifions si ces personnes font l'objet d'une suspension ou de procédures disciplinaires.
[Traduction]
Je pense qu'il est important que le Comité sache que la nature du travail des consultants en immigration varie beaucoup, selon qu'ils ont affaire à la CISR ou qu'ils représentent des clients devant IRCC.
Dans le cas d'IRCC, les consultants guident leurs clients dans le processus de présentation d'une demande. Par contre, devant la Commission, le rôle des consultants consiste à représenter leurs clients lors des audiences. La CISR est le principal organe devant lequel les consultants peuvent plaider une cause, ce qui nécessite des compétences particulières. Lors d'une audience, un conseiller juridique doit pouvoir distinguer une preuve d'un argument. Il doit connaître le critère juridique à appliquer, la meilleure stratégie en matière de litige et les bonnes techniques pour l'interrogatoire ou le contre-interrogatoire d'un témoin. Il doit pouvoir s'adapter rapidement et se montrer persuasif.
La Commission appuie les efforts de l'organisme de réglementation pour l'amélioration des normes de pratique, ainsi que sa décision d'enquêter et de prendre des mesures pour les cas allégués d'inconduite professionnelle. Par conséquent, nous avons révisé notre politique de divulgation en juillet 2015 afin de tirer parti des modifications législatives qui facilitent désormais la divulgation de ce type de renseignements aux organismes de réglementation.
La Commission est maintenant dotée d'un processus transparent pour le signalement des cas problèmes aux organismes de réglementation. La politique s'applique tant aux consultants qu'aux avocats. Toutefois, nous ne signalons que les manquements les plus graves aux codes de déontologie ou d'éthique.
Depuis 2015, nous avons fait relativement peu de renvois: 10 signalements ont été faits à l'organisme de régie des consultants en immigration, et deux autres dossiers concernaient des membres d'un barreau. Cependant, cela ne signifie pas pour autant qu'il n'y a pas matière à amélioration, loin de là. La Commission est d'avis que la qualité globale des services de contentieux offerts par les consultants en immigration pourrait être considérablement améliorée. C'est d'ailleurs pour cette raison que nous sommes favorables aux mesures de sensibilisation et de prévention offertes soit par l'organisme de réglementation, soit par la Commission. À titre d'exemple, la Commission organise des séances pour les consultants en immigration. Ces séances visent à améliorer leurs normes de pratique. Lorsque des organisations professionnelles de consultants en immigration nous invitent à offrir de la formation, nous acceptons avec plaisir.
Nous visons à renforcer nos relations avec l'organisme de réglementation et avec des groupes comme l’Association canadienne des conseillers professionnels en immigration dans le but d'améliorer la prestation des services de contentieux offerts par les consultants en immigration.
Merci.
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie tous les témoins. Merci de vos observations à ce sujet.
Ma première question s'adresse à l'ASFC. En 2014, M. Luc Portelance, l'ancien dirigeant de l'ASFC, a écrit au ministre de la Sécurité publique de l'époque, , une note de service dans laquelle il indiquait ce qui suit: « Les candidats à l'immigration hésitent souvent à dénoncer des consultants, car ils sont soit complices des fausses déclarations, soit toujours convaincus que leur consultant peut les aider à obtenir un statut au Canada. »
Est-ce toujours le cas? A-t-on fait quelque chose pour régler ce problème, étant donné qu'il a été signalé au ministre de l'époque il y a environ trois ans?
:
Merci, monsieur le président.
Je tiens à remercier M. Orr et son équipe d'être venus pour nous renseigner sur cet important enjeu.
Comme par hasard, j'ai reçu la nuit dernière une vidéo très troublante provenant de Colombie-Britannique concernant un consultant malhonnête. Elle m'a été envoyée par un certain Sandeep Powar. Il parle d'un homme qui a eu affaire à un consultant véreux — je pense que c'est probablement le terme juste — et qui a conclu un contrat d'un montant de 10 000 $, en espèces. L'homme s'est fait dire que le ministère de l'Immigration lui trouverait un emploi et que sa demande serait traitée dès qu'il aurait un emploi. Il a versé les 10 000 $; il a tous les reçus. Il a également filmé le consultant. Ensuite, le consultant lui a indiqué qu'il avait échoué à son examen médical, en Inde, et qu'il devait y retourner pour un autre examen. Tout cela est dans la vidéo. J'aimerais pouvoir vous la montrer, mais vous ne pourriez pas voir... Tandis qu'il était en Inde, on lui a demandé 3 000 $ supplémentaires. Il a vendu sa maison, ou un autre bien, et a versé la somme demandée. Dès son retour au Canada, on l'informe que le consultant manque d'argent et qu'il doit donner plus d'argent. Nous entendons tous les jours parler de cas semblables. Cela touche les pauvres, beaucoup de gens pauvres.
L'homme a menacé de porter plainte à la police et au ministère de l'Immigration. On lui a répondu: « Vous savez ce qui vous arrivera si vous le faites. » C'est une vidéo très troublante. Il se demande ce qu'il doit faire de sa vie. Il a tout vendu; il ne lui reste rien.
En passant, il nous dit tout sur ce consultant en immigration véreux de la région d'Abbotsford, en Colombie-Britannique. Tout est dans la vidéo: son nom, son numéro de téléphone, etc.
Que faites-vous dans les cas de ce genre? Quels conseils puis-je donner à cet homme? Que puis-je lui dire? Que peut-on faire, des deux côtés? Que devons-nous faire par rapport à ce consultant véreux? Que puis-je dire à l'homme qui me demande de l'aide? Comment puis-je l'aider? Pourriez-vous me dire à qui envoyer cette vidéo? Puis-je vous l'envoyer, ou l'envoyer à d'autres qui sont ici?
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Il y a manifestement des situations déchirantes, comme les cas dont on entend parler, où des gens ont été induits en erreur par des consultants, etc. Le Conseil de réglementation des consultants en immigration du Canada a un processus de plaintes. Cela pourrait être la meilleure solution. Cela pourrait être le point de départ dans ce dossier si la personne en cause est un consultant autorisé.
L'une de nos principales préoccupations, en Inde, est le grand nombre de consultants fantômes. Autrement dit, ce sont des gens qui ne sont pas inscrits et qui mènent des activités là-bas. Au Canada, il y a certains critères qui nous permettent d'exercer un suivi des activités des consultants au pays. Toutefois, lorsque ces activités se font à l'étranger, cela nous complique la tâche, car pour travailler avec les policiers, nous devons collaborer avec les organismes locaux d'application de la loi.
D'autres pourraient aborder le processus de façon plus détaillée et vous donner des conseils précis. J'ajouterais qu'en Inde, une des mesures que nous avons prises, étant donné l'importance du problème dans ce pays, c'est que nous avons embauché un agent de relations publiques pour transmettre notre message au plus grand nombre de candidats à l'immigration possible, de façon à ce qu'ils s'assurent de traiter avec des consultants autorisés, ce qui réduit le risque d'obtenir des renseignements trompeurs.
D'autres voudront peut-être donner plus de détails sur le processus de traitement des plaintes.
J'aimerais ajouter aux propos de M. Orr, brièvement.
Monsieur, l'exemple que vous avez donné est le parfait exemple de la situation dans laquelle des gens innocents se retrouvent après avoir eu affaire à des consultants fantômes ou des gens qu'on pourrait appeler des consultants malhonnêtes. Vous avez raison. Les gens ont un choix à faire. Doivent-ils faire un signalement à la GRC? C'est une option, s'ils considèrent qu'il y a eu fraude ou qu'ils ont fait quelque chose sous la contrainte, etc. Ils peuvent aussi se tourner vers la police locale.
Ce que M. Orr a indiqué est exact: il existe un processus de plaintes pour les situations mettant en cause un consultant autorisé. De plus, le ministère peut transmettre les plaintes à l'organisme de réglementation. Si le consultant — le « consultant véreux », comme vous l'appelez — est un avocat membre d'un barreau, vous pouvez en informer le barreau. Il y a des recours, mais pas beaucoup. Je pense que cette personne est dans une situation très délicate.
Accroître la sensibilisation au sein de certaines instances peut aider à faire connaître ce genre de cas. Souvent, comme nous l'avons constaté, plusieurs personnes sont touchées. Il y a de nombreuses victimes. Dans le passé, nous avons fait connaître des exemples de cas semblables. Nous avons eu des résultats positifs, mais cela a pris du temps, et cela n'aurait pas été possible sans la contribution de gens courageux qui ont fini par dire: « C'est assez! »
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Je peux vous donner une réponse anecdotique. De temps à autre, mais surtout en ce qui concerne les mesures de renvoi, il nous arrive effectivement d'avoir des cas de personnes qui se retrouvent en mauvaise posture parce qu'elles ont été représentées par des consultants qui ne faisaient pas leur travail correctement.
Il y a présentement un exemple de cela qui reçoit beaucoup d'attention en Colombie-Britannique. D'après ce que j'ai compris, il s'agit de quelqu'un qui a offert ses services, mais qui n'était pas un consultant réglementé. En gros, on s'est aperçu qu'il y avait des gens qui fabriquaient leur présence au Canada. Ces personnes ont éventuellement été déclarées inadmissibles pour production de fausses déclarations. Certains de ces cas se sont retrouvés devant la Commission par l'intermédiaire de la Section d’immigration et de la Section d’appel de l’immigration.
Ces personnes sont menacées de renvoi parce qu'elles se sont présumément représentées sous un faux jour. L'une des choses que l'on entend dans la salle d'audience, c'est ceci: « Si j'ai fait cela, c'est parce que mon consultant m'a dit de le faire. » Une série de cas de cette nature sont présentement en suspens. C'est un problème qui revient de temps à autre devant la Section d’appel de l’immigration et la Section d’immigration.
Je ne peux pas vous donner de chiffres précis. C'est un portrait anecdotique.
En 2011 — ce qui s'est poursuivi avec les modifications de 2015 —, je crois qu'il y a eu un mouvement très important pour la création de l'organisme qui allait réglementer les consultants. Je pense que c'était une chose très importante pour nous et que cela s'est avéré très utile.
Je pense que nous ne sommes pas encore rendus là où nous le devrions. Je crois que l'organisation a des problèmes à régler concernant sa gouvernance interne, ses finances et ses propres processus d'exécution. Il faut s'assurer que l'exécution se fait en temps opportun et qu'elle est calibrée correctement par rapport à la nature de l'infraction. Il faut également veiller à ce qu'un suivi soit fait dans ces domaines.
Je suis d'avis que l'organisation est encore en train d'essayer de se donner des bases. Elle est quand même assez jeune. De réels progrès ont été accomplis, mais, oui, il y a des choses qui pourraient être améliorées.
Monsieur Aterman, vous avez dit que les membres de la Commission aimeraient mieux que ce soit des avocats qui représentent ceux qui comparaissent et, à l'instar des juges, je comprends bien cela. J'aimerais que vous nous disiez un mot au sujet des qualifications des gens qui passent devant la Commission. Si quelqu'un se plaint d'un avocat qui passe devant la Commission, je présume que cette plainte sera relayée au barreau provincial concerné. Si c'est effectivement le cas, je présume que l'affaire s'arrêtera là, que c'est le barreau qui s'en occupera. La Commission ne touche pas à cela, ni personne d'autre. Pouvez-vous nous dire un mot là-dessus?
Puis, il y a cette question du consultant, et c'est la raison pour laquelle nous sommes ici aujourd'hui, bien que cela puisse aussi concerner les avocats. Quelqu'un pourrait se plaindre de leur compétence. Par exemple, un membre de la Commission pourrait se plaindre de la compétence de quelqu'un qui se présente et qui ne fait tout simplement pas le travail qu'il devrait faire pour représenter le demandeur.
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Merci de cette question.
Je dirais que les cas dont j'ai parlé où nous avions rapporté un avocat à l'organisme de réglementation — qu'il s'agisse de l'organisme qui réglemente les conseillers en immigration ou le barreau concerné — sont les cas les plus flagrants. Il s'agit des dossiers où les manquements aux normes professionnelles ou au code d'éthique ont été les plus graves. Cela dit, il y a une importante zone d'ombre. La qualité de la représentation n'est parfois pas assez mauvaise pour justifier un signalement à l'organisme de réglementation, mais elle laisse quand même beaucoup à désirer. Je crois que c'est l'aspect sur lequel nous essayons d'insister lorsque nous travaillons avec l'organisme de réglementation et les associations professionnelles de consultants en immigration, le besoin de relever le niveau de qualité de la pratique.
Dans mon esprit — et, évidemment, je ne parle que du point de vue de la Commission —, il y a une grosse différence entre le travail qui se fait pour régler des litiges et celui qui consiste à aider un client à remplir des demandes. Les avocats suivent un cours de trois ans et ils font un stage. Ils doivent être reçus au barreau. C'est un processus plus rigoureux que celui qui encadre les consultants en immigration. Il ne faut évidemment pas s'attendre à des améliorations fulgurantes de la part des consultants en immigration pour ce qui est de plaider des causes en litige, d'agir comme avocat-plaideur.
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Y aurait-il une façon de protéger les demandeurs ou les pauvres victimes?
Comme le disait ma collègue de l'opposition, Mme Dzerowicz, le problème que nous constatons, c'est que certains des demandeurs qui cherchent à venir au Canada soumettent une demande dans le cadre d'un programme. Il peut s'agir d'une sorte de programme pour les travailleurs, d'un programme pour les travailleurs étrangers temporaires ou d'autre chose. Les demandeurs recherchent un agent canadien qui peut faire des choses pour eux, comme l'a dit M. Saroya, mais cet agent exige qu'on le paie à l'avance — et après —, habituellement en espèces.
Ces gens se retrouvent devant un dilemme, puisque le fait de dénoncer la personne qui les exploite — l'employeur ou l'agent — peut mettre leur propre immigration en péril. Leur seule option est de se plier au système en place.
Je m'aperçois qu'un mécanisme permettant de porter plainte ne fonctionne pas puisque, comme tous nos témoins l'ont dit, le mécanisme ne s'applique habituellement que lorsqu'ils ont été rejetés. Ce n'est que lorsqu'ils ont été rejetés que les demandeurs se sentent suffisamment à l'aise pour porter plainte. Le signalement des abus ne se fait jamais quand ils sont dans le système ou qu'on profite d'eux.
Mme Lutfallah pourrait peut-être répondre à ma question. Voyez-vous d'autres mécanismes qui pourraient renforcer l'exécution et venir en aide à ceux qui souhaitent porter plainte?