:
Monsieur le président, avant que M. Manicom prenne la parole, j'aimerais faire un rappel au Règlement qui découle du courriel de la greffière au sujet du budget et de la publication des délibérations à huis clos de lundi. Nous avons parlé d'inviter le ainsi que le à comparaître devant le Comité dans le cadre de l'étude du Budget supplémentaire des dépenses.
Ce qui me préoccupe, monsieur le président, c'est le fait que les deux ministres vont comparaître pendant la première heure et que des fonctionnaires des deux ministères vont comparaître durant la deuxième heure. Je crois que nous avons déjà fait cela auparavant. Je pense que nous avions reçu le et le , lorsqu'il a été nommé.
Si chaque ministre prend 10 minutes pour faire un exposé, comme à l'habitude — et je crois que ce devrait être le cas —, et s'exprimer au sujet des éléments du budget qui le concernent, nous pourrons peut-être, si nous sommes chanceux, procéder à un tour de questions, ce qui n'est pas vraiment juste pour les membres du Comité.
J'estime, monsieur le président, que nous devrions tenir une séance d'une heure avec un ministre, une autre séance d'une heure avec l'autre ministre et une séance avec les fonctionnaires des deux ministères. Chaque ministre comparaîtrait seul pendant une heure, ce qui lui permettrait de faire un exposé de 7 à 10 minutes, selon la durée que vous allez permettre. Quoi qu'il en soit, si nous sommes chanceux, nous pourrons poser quelques questions.
Nous devons tenir compte du fait que nous accueillerons aussi des représentants des deux domaines. Il y aurait beaucoup de témoins à la table. Il y aurait des représentants d'Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, de la GRC, de l'ASFC et peut-être d'autres ministères. Il serait difficile, monsieur le président, de limiter les questions que nous avons à poser concernant leurs domaines de responsabilité.
Il y a deux sujets connexes, monsieur le président, à propos desquels nous voulons interroger les ministres.
Il y a premièrement la sécurité à la frontière, notamment le chemin Roxham et les endroits au Manitoba et en Colombie-Britannique, qui concerne le . Nous savons qu'au cours des deux dernières années, plus de 40 000 personnes ont traversé illégalement la frontière, alors nous aurons certainement des questions détaillées à poser au sujet du Budget supplémentaire des dépenses.
Il y a aussi des questions plus vastes sur l'immigration en général, qui concernent le . Nous avons des questions à lui poser au sujet de différents points, notamment l'arriéré, les parents et les grands-parents et l'indemnisation des provinces en raison de la hausse des demandes d'asile. La liste est longue. Il s'agit après tout du budget. Il est juste de poser des questions à propos d'à peu près n'importe quel sujet qui concerne le ministère.
Enfin, en ce qui concerne le courriel de la greffière — je ne sais pas si je l'ai en main, alors je vais devoir y aller de mémoire — le problème concerne le calendrier pour l'étude du budget. Je crois qu'en mars nous siégeons seulement une semaine, et en février, il y a une semaine où le Parlement fait relâche. Alors, le temps est restreint, monsieur le président.
J'estime que vous et la greffière devriez prévoir deux réunions de deux heures, une pour chaque ministre et leurs fonctionnaires respectifs, pour que nous puissions examiner ces sujets assez complexes et que nous puissions leur poser des questions à cet égard.
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Merci, monsieur le président.
Je m'appelle David Manicom et je suis sous-ministre adjoint du Secteur de l'établissement et de l'intégration à Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada.
Je suis accompagné de Corinne Prince, directrice générale de la Direction générale des politiques de l'établissement et de l'intégration, et de Laura Di Paolo, directrice générale du Réseau de l'établissement.
Nous espérons que notre témoignage contribuera à votre étude.
Les immigrants de partout au monde ont contribué de façon importante à tous les aspects de la vie au Canada, et ils continuent de fournir un apport de taille dans les domaines de la science, des affaires et de la technologie.
[Traduction]
Grâce à leurs nouvelles et diverses perspectives, les immigrants aident aussi à stimuler le capital intellectuel et artistique de notre pays. Un esprit d'entreprise accompagne un grand nombre d'immigrants, lesquels participent à la création d'emplois et deviennent des chefs de file en matière d'innovation et d'investissement.
En résumé, les immigrants contribuent à la croissance économique et démographique du Canada, qui tire parti de leur apport en termes d'innovation et de création d'un pays fort et prospère. Avec le vieillissement de la population et la hausse des besoins en main-d'oeuvre, je pense que nous pouvons tous convenir, monsieur le président, que l'immigration sera essentielle à la croissance et à la réussite continues de notre pays. Tout cela s'appuie sur des travaux de recherche.
[Français]
Selon Statistique Canada, la plus grande partie des gains au chapitre de l'emploi au Canada, soit 66 % des gains entre 2016 et 2017, était directement liée aux immigrants.
La dernière Enquête sur la population active, menée en décembre 2018, montre que les taux d'emploi des immigrants sont relativement proches de la moyenne nationale.
Le taux de chômage chez les immigrants du principal groupe d'âge actif était de 5,7 % en 2018.
[Traduction]
Il s'agit du taux de chômage le plus faible pour ce groupe depuis au moins 2006. Tout cela est donc de bon augure pour l'avenir de l'immigration économique au Canada. Ces données suggèrent aussi que notre programme d'établissement est efficace pour aider les nouveaux arrivants à s'intégrer. Cependant, pour que l'immigration demeure avantageuse pour le Canada, il faut s'assurer d'intégrer et d'appuyer tous les nouveaux arrivants afin qu'ils puissent contribuer aux divers aspects de la vie au Canada.
Les services d'établissement sont essentiels à la réussite des nouveaux arrivants au Canada, et l'investissement dans cette réussite sera la clé pour que notre nation demeure prospère et inclusive.
[Français]
À la fin de l'exercice 2019-2010, cet investissement va représenter une augmentation de 32 % des fonds alloués à l'établissement depuis 2015-2016.
En 2018-2019, notre ministère a accordé un financement à plus de 500 organismes et a fourni des services à environ 460 000 clients, dont plus de 100 000 ont eu accès à des services de formation linguistique, ce qui témoigne de l'importance capitale des compétences en anglais et en français pour réussir à s'établir au Canada.
[Traduction]
Le succès continu de notre programme d'établissement restera étroitement lié à nos partenariats, qui ne se limitent pas au gouvernement du Canada. L'année dernière, nous avons mis au point, en partenariat avec les provinces, les territoires et les parties intéressées, une vision nationale commune de l'établissement et de l'intégration. Notre vision commune est que la réussite de l'établissement et de l'intégration des nouveaux arrivants est avantageuse pour le Canada puisqu'elle rend notre nation plus inclusive, diversifiée et productive. Nous y parvenons en unissant nos efforts pour permettre à chacun d'atteindre son potentiel économique et social.
[Français]
Comme vous le savez, l'amélioration de la prestation des services d'établissement fait partie des engagements pris par le dans sa lettre de mandat, et le ministère y accorde beaucoup d'attention.
Notre but est d'offrir des services répondant le mieux possible aux besoins des immigrants et de maximiser la qualité des résultats en matière d'établissement. Nos programmes fondés sur les résultats reposeront sur notre recherche, nos analyses, nos constatations et les résultats de nos nouveaux projets pilotes.
[Traduction]
Afin d'évaluer l'efficacité de ses services d'établissement, le ministère a procédé à une évaluation officielle du programme, qui a pris fin en mai 2017. Cette évaluation a tenu compte de points de vue très divers, notamment ceux des clients du Programme d'établissement, des parties intéressées et des fonctionnaires responsables. Elle comportait le plus important sondage jamais mené auprès de nouveaux arrivants, avec près de 15 000 répondants. Dans l'ensemble, l'évaluation a permis de constater que notre programme d'établissement a répondu efficacement à la demande croissante de services d'établissement et qu'il satisfait aux besoins des nouveaux arrivants. La grande majorité des clients du programme ont fait état de résultats positifs, comme l'amélioration de leurs compétences linguistiques (96 %), l'obtention d'un emploi et la participation à la vie de leur collectivité.
[Français]
Nous avons également évalué séparément les services avant l'arrivée ainsi que l'immigration dans les collectivités francophones en situation minoritaire.
Plusieurs recommandations ont été formulées dans les évaluations pour améliorer le Programme d'établissement. Le ministère a élaboré un plan d'action pour corriger ces lacunes. Le plan orientera les futures améliorations du Programme et éclairera les prochains appels de propositions auprès des fournisseurs de services, qui seront lancés le mois prochain.
À ce jour, les améliorations apportées à notre Programme d'établissement comprennent une simplification de nos services d'établissement avant l'arrivée pour les nouveaux arrivants qui sont encore à l'étranger.
[Traduction]
Un certain nombre de projets sont aussi en cours pour faire l'essai de nouveaux projets potentiels d'amélioration de la prestation des services. Cette année, nous affecterons 32 millions de dollars à une voie de financement consacrée aux améliorations en matière de prestation des services et d'innovation.
Un des premiers programmes pilotes novateurs est le programme visant à employer de nouveaux arrivants à des postes stables et bien rémunérés dans le secteur de l'hôtellerie. Ce programme pilote permettra d'informer non moins de 1 300 nouveaux arrivants sans emploi et sous-employés de l'existence d'emplois dans le secteur de l'hôtellerie partout au pays, et ce, tout en renforçant leurs compétences linguistiques en milieu de travail.
[Français]
Notre évaluation du programme montre que combiner l'emploi et la formation linguistique est efficace et, au bout du compte, améliore l'établissement et l'intégration.
Ainsi, le ministère explore plus de projets de ce type, qui combinent l'expérience en milieu de travail avec une formation linguistique et d'autres formes d'aide. Le Programme pilote d'immigration au Canada atlantique est un autre exemple de ce type d'innovation.
[Traduction]
IRCC lance actuellement d'autres programmes d'établissement novateurs qui ciblent les populations vulnérables, comme les réfugiés et les femmes. Par exemple, le ministère a lancé un programme pilote en décembre dernier pour aider les nouvelles arrivantes issues de minorités visibles à avoir accès à l'emploi et à progresser sur le marché du travail. Grâce à ce programme pilote, nous visons à appuyer l'emploi des femmes issues de minorités visibles en augmentant le nombre de services existants, en établissant de nouveaux partenariats et en testant l'efficacité de différentes combinaisons de services d'emploi.
[Français]
De plus, nous cherchons à améliorer les services que nous offrons aux nouveaux arrivants francophones qui s'établissent dans des communautés de langue française hors Québec ou dans la communauté acadienne.
Comme annoncé dans le budget de 2018 et énoncé dans le Plan d'action pour les langues officielles, le ministère investira plus de 40 millions de dollars au cours des cinq prochaines années dans le Parcours d'intégration francophone.
[Traduction]
Nous cherchons aussi à améliorer nos services d'établissement pour les réfugiés, services qui ont été tout particulièrement importants pour les réfugiés syriens. Au printemps, le ministère publiera un rapport important sur les 52 000 réfugiés syriens qui sont arrivés au Canada. Nous avons déjà compilé des résultats préliminaires provenant de sources variées. Plus particulièrement, 57 % des réfugiés syriens ont dit occuper un emploi, ce qui représente une augmentation marquée depuis notre évaluation rapide de l'impact de 2016 et qui, je pense qu'il faut le dire, dépasse nos attentes. C'est le fruit d'un formidable effort collectif des Canadiens et de ces nouveaux arrivants.
Une fois notre rapport terminé, nous nous attendons à ce que les résultats généraux se révèlent positifs. Ce rapport aidera aussi à orienter les futures améliorations à apporter à nos services d'établissement pour les réfugiés.
De plus, l'appel de propositions que nous lancerons le mois prochain donnera une importance accrue au soutien en termes de santé mentale et aux domaines clés, comme l'intégration des populations vulnérables (par exemple, les réfugiés, les jeunes et les personnes LGBTQ2+). Ce processus permettra aussi d'améliorer davantage nos services aux nouveaux arrivants francophones.
[Français]
Le ministère reconnaît qu'il faut continuer d'évaluer ce qui fonctionne et ce qui doit être amélioré, et continuellement adapter nos programmes d'établissement aux besoins changeants des nouveaux arrivants.
[Traduction]
En assurant une planification réellement concertée avec les provinces et territoires, ainsi qu'une collaboration étroite avec nos partenaires et les parties intéressées, nous pourrons mieux comprendre à l'avenir les besoins des nouveaux arrivants et déterminer ce que nous pouvons tous faire pour y répondre. Notre objectif est de maximiser les contributions de tous les immigrants au Canada sur les plans social et économique, sans égard au programme d'entrée utilisé.
Comme l'un de nos fournisseurs de services le disait aujourd'hui à une réunion à laquelle j'ai participé, le but est de bâtir un Canada meilleur, un nouvel arrivant à la fois. Sur ce, monsieur le président, nous attendons avec intérêt les conclusions de l'étude menée par le Comité.
[Français]
Merci beaucoup.
:
Je m'appelle Matthew Cecchetto. Au nom de l'Organisation internationale pour les migrations, j'aimerais vous remercier de m'avoir invité à vous parler de la façon dont notre organisme des Nations unies, qui s'occupe des migrations, fournit des services préalables à l'arrivée aux réfugiés par l'entremise du programme Orientation canadienne à l'étranger.
J'aimerais vous présenter un court dessin animé qui raconte l'histoire d'une famille de réfugiés et son parcours de réinstallation. Il donne un aperçu de la situation difficile des réfugiés et du rôle de l'Organisation internationale pour les migrations dans les éléments essentiels du processus de réinstallation et d'intégration.
[Présentation audiovisuelle]
Comme les membres du Comité ont pu le voir, en plus de l'aide aux déplacements et de services d'évaluation de santé avant le départ, l'OIM offre des sessions d'orientation avant le départ aux réfugiés à l'étranger retenus par le gouvernement du Canada pour leur réinstallation.
L'OIM est financée par le gouvernement du Canada depuis 1998, afin de fournir de l'information aux réfugiés avant leur départ par l'entremise du programme Orientation canadienne à l'étranger, un programme qui a fourni de l'information à plus de 127 000 réfugiés. IRCC a reconnu qu'aucune autre organisation n'a l'infrastructure, l'expérience ou la capacité nécessaire pour offrir des services d'orientation préalables à l'arrivée aux réfugiés de partout dans le monde à un coût comparable et a donc décidé de signer une entente de services ciblés avec l'OIM pour les 4,25 prochaines années.
L'OIM croit que les services d'orientation préalables au départ font partie intégrante de la réussite des programmes de réinstallation. Contrairement aux immigrants économiques, qui choisissent de déménager au Canada, personne ne choisit de devenir un réfugié. Certains réfugiés ne connaissent pas le Canada, ce qui crée beaucoup d'anxiété, de perceptions erronées et d'attentes irréalistes. Ces attentes peuvent non seulement causer du stress aux nouveaux arrivants, mais aussi exercer des pressions sur les fournisseurs de services qui les aident à s'adapter et à s'ajuster à la vie dans leur nouvelle collectivité.
Les séances d'Orientation canadienne à l'étranger offertes par les facilitateurs multilingues et multiethniques de l'OIM aident les réfugiés à prévoir les défis liés à l'intégration et à faciliter leur transition dans la société canadienne. Dans la séance d'orientation, on aborde notamment les préparatifs avant le départ, le logement, la santé, la gestion financière, le rôle des fournisseurs de services de réinstallation, l'éducation, l'adaptation culturelle et les droits et les responsabilités. Les séances d'OCE durent d'un à trois jours, selon le cas, les besoins et les enjeux sur le plan pratique et sécuritaire. Les séances d'OCE sont données dans la langue maternelle des participants ou à l'aide d'un service d'interprétation consécutive. Des indemnités de voyage et d'hébergement sont offertes aux réfugiés qui se déplacent sur de longues distances ou qui se trouvent dans une situation financière précaire. Des services de repas et de garde d'enfants sont offerts gratuitement pendant les séances d'OCE. Ces services aident à favoriser l'inclusion et l'égalité et permettent d'éliminer certains des obstacles auxquels les réfugiés peuvent faire face lorsqu'ils tentent d'avoir accès aux services d'orientation avant le départ.
L'OIM travaille étroitement avec ses homologues canadiens pour élaborer des programmes dotés de messages essentiels qui sont intégrés dans des ressources adaptées et des activités de soutien. Les réfugiés apprennent mieux et les leçons apprises sont plus concrètes lorsque les activités favorisent l'expérimentation et un degré élevé de participation. Même si les renseignements exacts sur le Canada sont pertinents, il est également tout aussi important d'inspirer des attitudes productives en vue d'une adaptation réussie, notamment par la proactivité, l'autosuffisance et la débrouillardise.
En permettant aux réfugiés de devenir autosuffisants et d'avoir les connaissances culturelles nécessaires à leur arrivée, les services offerts avant l'arrivée, par exemple le service d'Orientation canadienne à l'étranger, contribuent aussi indirectement à améliorer la façon dont la population perçoit les réfugiés dans les collectivités d'accueil.
Dans son évaluation rapide de l'incidence de l'initiative liée aux réfugiés syriens en 2016, IRCC a mentionné que l'absence de séances d'OCE en raison de problèmes de logistique a fait en sorte que les renseignements de base que les réfugiés syriens sont censés posséder à leur arrivée ont dû leur être fournis au Canada, ce qui rend les premières étapes de la réinstallation encore plus difficiles. C'est pourquoi l'OIM souhaite formuler deux recommandations liées aux services préalables à l'arrivée.
Tout d'abord, les réfugiés sont résilients et ils contribuent de façon positive à la société canadienne. Leurs résultats s'améliorent lorsqu'ils reçoivent des services qui sont adaptés à leurs besoins. Tous les nouveaux arrivants ont besoin de soutien, mais les réfugiés ont certains besoins qui ne peuvent pas être comblés par des services conçus pour d'autres catégories d'immigrants. L'OIM recommande donc que IRCC fournisse un financement approprié et équitable aux services préalables à l'arrivée axés sur les réfugiés et que le ministère organise également des consultations ouvertes sur les niveaux de financement de ces programmes.
Deuxièmement, l'OIM offre une gamme de services éprouvés et évalués pour faciliter la migration ordonnée des réfugiés au Canada. L'OIM recommande donc que IRCC soit proactif dans la planification du traitement des dossiers des réfugiés, afin d'aider les intervenants des services de réinstallation à obtenir de meilleurs résultats pour les réfugiés que nous servons.
Monsieur le président, j'aimerais sincèrement remercier les membres du Comité de leur temps. Je serai heureux de répondre à leurs questions.
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Merci, monsieur le président. Bonjour.
Je m'appelle Queenie Choo, et je suis présidente-directrice générale de S.U.C.C.E.S.S.
J'aimerais tout d'abord vous remercier de me donner l'occasion de contribuer à l'importante étude menée par le Comité sur les services d'établissement, surtout les services préalables à l'arrivée.
S.U.C.C.E.S.S. est l'un des principaux organismes à but non lucratif qui offrent des services aux réfugiés et aux immigrants. En effet, notre organisme a plus de 30 points de service qui appuient les nouveaux arrivants de 150 pays. Notre organisme est unique, car il offre toute la gamme de services d'établissement, avant l'arrivée au point d'entrée jusqu'après l'arrivée au Canada. L'an dernier, plus de 48 000 nouveaux arrivants ont profité des services d'établissement offerts par S.U.C.C.E.S.S.
Permettez-moi de vous parler de l'expérience de l'une de nos clients.
Leanna est une travailleuse qualifiée des Philippines qui a une formation en TI et qui a travaillé comme analyste des activités. Sa demande d'immigration au Canada a été approuvée l'an dernier, mais elle était préoccupée par ses perspectives de carrière au Canada. En effet, elle ne connaissait pas bien le marché du travail canadien, elle ne savait pas comment réintégrer le secteur des TI et elle craignait que ses années d'expertise et ses compétences ne soient pas reconnues. Les services préalables à l'arrivée offerts par S.U.C.C.E.S.S., par l'entremise de notre Projet d'intégration et d'engagement actifs, ont fourni à Leanna des services personnalisés pour l'aider à élaborer son plan de carrière et à perfectionner ses connaissances et ses compétences, afin de réussir dans le secteur canadien des TI. Le programme a également mis Leanna en communication avec le conseil national du secteur des TI, afin qu'elle puisse renforcer ses liens professionnels.
Comme Leanna souhaitait s'installer à Vancouver, où le secteur des TI est prospère, les services préalables à l'arrivée l'ont également mise en communication avec les services d'établissement après l'arrivée offerts par S.U.C.C.E.S.S. à Vancouver. Par conséquent, Leanna a été en mesure d'effectuer une transition harmonieuse des services préalables à l'arrivée aux services après l'arrivée. Après son arrivée à Vancouver, les services d'installation de S.U.C.C.E.S.S., offerts par l'entremise de son programme d'installation et d'intégration des immigrants, ont continué de l'aider à bâtir sa nouvelle vie au Canada. S.U.C.C.E.S.S. lui a fourni une assistance professionnelle continue pendant qu'elle cherchait un emploi et qu'elle participait à des entrevues.
Étant donné qu'elle avait déjà lancé le processus avant d'arriver au Canada, Leanna a obtenu des résultats rapidement. Je suis très heureuse de vous dire qu'après seulement deux mois au Canada, Leanna a reçu non seulement une, mais deux offres d'emploi. Elle travaille maintenant à nouveau comme analyste des activités dans une grande institution financière, ce qui lui permet de poursuivre la carrière qu'elle avait amorcée aux Philippines.
Comme vous pouvez le déduire à partir de l'histoire de Leanna, le parcours de son établissement a commencé avec les services préalables à l'arrivée offerts par S.U.C.C.E.S.S. par l'entremise du Projet d'intégration et d'engagement actifs. Depuis 2008, nos services préalables à l'arrivée ont accéléré le processus d'établissement et d'intégration des nouveaux arrivants grâce aux renseignements fournis tôt dans le processus en vue d'appuyer les nouveaux arrivants et de les aider à prendre des décisions éclairées et à faire ce qu'il faut pour atteindre leurs objectifs en matière d'établissement.
Actuellement, le Projet d'intégration et d'engagement actifs est mis en oeuvre par l'entremise de centres de services en Chine et en Corée du Sud, par l'entremise d'activités de liaison d'un bout à l'autre de la Chine, ainsi qu'en ligne, à l'échelle mondiale, en Inde, aux Philippines et dans d'autres pays pour appuyer les nouveaux arrivants qui ont été choisis par IRCC pour immigrer au Canada et qui sont maintenant en train de préparer leur déménagement.
Nos services préalables à l'arrivée comprennent des renseignements et une orientation sur divers aspects de la vie au Canada, un soutien précoce pour la reconnaissance des titres de compétences étrangers, des services de planification de carrière et de recherche d'emploi, des occasions d'entrer en communication avec des employeurs canadiens avant le départ et la mise en contact avec des services d'établissement après l'arrivée dans la collectivité choisie.
Cela a débouché sur de nombreux avantages, par exemple, les nouveaux arrivants participent plus tôt au processus d'établissement, ils sont mieux préparés pour le marché du travail canadien, ils comprennent mieux les différentes collectivités du Canada et ils profitent grandement des services d'établissement au Canada, car ils reçoivent déjà de l'information sur ces services et ils sont mis en communication avec eux avant même d'arriver au pays.
La demande pour les services préalables à l'arrivée est à la hausse. L'an dernier, notre Projet d'intégration et d'engagement actifs a servi plus de 5 600 nouveaux arrivants. Cette année, nous sommes déjà en voie de dépasser ce nombre de 30 %.
Voici quelques recommandations que j'aimerais formuler sur les futures possibilités d'améliorer la gamme des services relatifs à l'établissement.
Tout d'abord, il y a toujours de grands besoins en matière d'investissements dans l'ensemble de la gamme de services d'établissement, de la période précédant l'arrivée à celle suivant l'arrivée, afin de veiller à ce que tous les nouveaux arrivants aient les renseignements, les ressources et les outils nécessaires pour réussir au Canada. Le financement des services d'établissement doit tenir compte des tendances en matière d'établissement, des demandes de services et des mouvements migratoires secondaires.
Deuxièmement, nous devons examiner la possibilité d'accroître les modèles de services intégrés et innovateurs qui accélèrent l'atteinte des objectifs en matière d'établissement. De nombreuses pratiques exemplaires et des modèles innovateurs sont déjà utilisés d'un bout à l'autre du Canada. Nous devons penser à la façon de renforcer ces initiatives, afin de servir un plus grand nombre de nouveaux arrivants. Par exemple, S.U.C.C.E.S.S. offre, en ligne, de la formation linguistique innovatrice axée sur l'emploi, afin d'appuyer les nouveaux arrivants qui reçoivent de la formation sur les compétences ou qui travaillent déjà, mais qui ont besoin d'un plus grand soutien pour continuer d'améliorer leurs compétences en anglais.
Troisièmement, en même temps, il faut investir davantage dans les services d'établissement spécialisés pour les nouveaux arrivants qui sont plus vulnérables.
Quatrièmement, il faut accroître le soutien à la formation linguistique destinée aux nouveaux arrivants. Comme certains d'entre vous le savent déjà, il n'est pas facile d'apprendre une nouvelle langue, surtout dans un nouveau pays avec une nouvelle culture, et il est donc important d'envisager de commencer la formation linguistique dès le départ, avant l'arrivée, afin de réduire les temps d'attente, et d'appuyer les différents modes de formation linguistique tels les groupes de conversation, l'alphabétisation familiale et la formation linguistique axée sur les professions.
Cinquièmement, nous devons également envisager d'accroître les services d'établissement afin d'appuyer la réussite à long terme. Une fois que les nouveaux arrivants deviennent des citoyens canadiens, ils ne sont plus admissibles aux services d'établissement et de formation linguistique financés par IRCC. Même si certaines provinces financent des services destinés aux citoyens naturalisés, il y a des inégalités dans les niveaux de financement. Par conséquent, selon l'endroit où habitent les nouveaux arrivants, ils pourraient recevoir des niveaux plus ou moins élevés de services d'établissement.
Enfin, il faut élargir les perspectives en matière d'établissement. En effet, tous les secteurs, notamment le logement, la santé, l'éducation et les affaires doivent jouer un rôle dans l'édification de collectivités qui intègrent les nouveaux arrivants. Les services d'établissement jouent un rôle essentiel en créant des liens entre les nouveaux arrivants et ces secteurs, mais ces secteurs doivent également être prêts à servir les nouveaux arrivants. Par exemple, le programme d'établissement de S.U.C.C.E.S.S. travaille étroitement avec les médecins de famille locaux pour améliorer la capacité de servir de nouvelles familles de réfugiés.
J'aimerais terminer en vous encourageant à visiter les services d'établissement de S.U.C.C.E.S.S. ou vos fournisseurs de services d'établissement locaux, afin d'en apprendre davantage sur les effets positifs de ces services. Je vous remercie beaucoup de m'avoir permis de partager notre histoire et notre expérience aujourd'hui.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Membres du Comité, merci de nous recevoir aujourd'hui.
Fondé en 1997, le Réseau de développement économique et d'employabilité, le RDEE Canada, met sur pied chaque année de nombreux projets structurants afin de stimuler le développement économique et l'employabilité dans l'ensemble des communautés francophones et acadienne du Canada. Notre organisme national agit en tant que levier pour créer des occasions d'affaires pour chacun de nos membres présents dans toutes les provinces et tous les territoires, sauf le Québec. Nous avons donc 12 membres.
C'est dans cette perspective et avec la collaboration de notre réseau que le RDEE Canada a répondu en 2015 à un appel d'offres du ministère de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté pour le lancement d'un projet d'accompagnement préarrivée au Canada. C'est ainsi que nous avons obtenu le mandat d'offrir ce type de services spécifiquement en français pour une clientèle francophone en voie d'immigrer au pays.
Pour ce faire, nous nous sommes associés à d'autres fournisseurs de services francophones et bilingues, comme le Conseil des technologies de l'information et des communications, JVS et La Cité collégiale, à des associations internationales, comme Pôle emploi, en France, ainsi qu'à des associations ethnoculturelles au Maroc, en Tunisie, en France et en Belgique. Grâce à la mobilisation et à l'expertise des membres du RDEE Canada présents dans toutes les provinces et tous les territoires et de nos autres partenaires, les services prédépart sont devenus les premiers services francophones d'employabilité et d'entrepreneuriat en ligne pour les immigrants au Canada.
Avec le soutien de nos agents en immigration présents dans les provinces et les territoires, qui sont la première source de réponses privilégiée par la clientèle, les services prédépart du RDEE Canada fournissent des services gratuits et en français directement sur le terrain. Cette structure de services offrant des conseils personnalisés et à distance assure une meilleure intégration économique des immigrants, en plus de créer une liaison entre le nouvel arrivant et la communauté francophone d'accueil.
De septembre 2015 à décembre 2018, les services prédépart ont offert à la clientèle immigrante les services d'accompagnement suivants. Tout d'abord, il y avait l'inscription du participant par l'entremise d'une plateforme Web. Ensuite, nous faisions une évaluation individuelle des besoins du client avec un conseiller spécialisé. Nous offrions également un accès à des ressources et outils en ligne, par exemple des fiches informatives, des webinaires ou des foires virtuelles de l'emploi. Par la suite, nous dirigions le client vers l'organisme du RDEE Canada de la province ou du territoire qui correspondait à sa destination de choix. Cette étape assurait un accompagnement de terrain adapté à ses besoins. Nous nous sommes assurés aussi de diriger le client judicieusement vers les autres organismes partenaires qui offraient, eux, des services d'établissement dans les communautés de destination, selon les besoins ciblés. Enfin, nous avons conçu des sondages qui visaient à obtenir une rétroaction sur les services reçus par le client.
Nous estimons que la structure de services mise en place par le RDEE Canada répondait aux besoins de la clientèle francophone et contribuait à atteindre les cibles d'immigration francophone au Canada.
Durant les trois dernières années, nos services prédépart ont aidé plus de 700 clients francophones admissibles à l'immigration, selon les critères d'IRCC. Nos services d'accompagnement sur mesure ont permis à 75 % des clients de décrocher un emploi dans les six premiers mois après leur arrivée. Ce chiffre augmente à 90 % après plus de six mois de recherche d'emploi.
Selon les sondages menés, 97 % des clients étaient satisfaits des services reçus, et plus de 92 % d'entre eux ont répondu qu'ils recommanderaient les services prédépart à d'autres personnes qui chercheraient à immigrer au Canada.
Ces résultats ont été obtenus avec un budget annuel de 400 000 $, en moyenne. Nous pouvons donc dire qu'il s'agissait de pratiques exemplaires qui ont donné des résultats probants.
Au RDEE Canada, nous croyons que l'intégration économique des nouveaux arrivants est une composante essentielle de leur parcours d'immigration. Nous croyons que la réussite de l'arrivée d'un immigrant au Canada se mesure lorsqu'il a obtenu un emploi à la hauteur de ses compétences et qu'il peut participer à la croissance économique de sa communauté et de son pays d'accueil. Les services prédépart offerts par le RDEE Canada et ses membres ont également contribué à favoriser la rétention des immigrants dans les communautés d'accueil francophones et acadienne.
Fort de son expérience nationale en immigration francophone et de l'expertise acquise sur le terrain par les membres du Réseau, le RDEE Canada avait été invité à soumettre un nouveau projet d'envergure nationale, en conformité avec les critères stipulés dans l'appel de propositions, soit celui d'un guichet unique en immigration francophone. Nous avons donc répondu à l'appel d'offres lancé par IRCC en 2018.
Dans le cadre de ce projet, nous avions proposé un budget et avions demandé un soutien financier à hauteur de 6 millions de dollars échelonnés sur cinq ans. L'objectif était de mettre en place un guichet unique pour offrir un continuum de services et rendre le parcours en immigration encore plus efficace et, surtout, centré sur le client, sur l'immigrant ou l'immigrante. Toutefois, notre proposition n'a pas été retenue. Puisque nous ne bénéficions plus de financement, les services prédépart que nous offrions depuis 2015 se sont terminés le 31 décembre 2018.
En terminant, je vous soumets les deux recommandations suivantes. Les services francophones préarrivée doivent être rapides, fluides et efficaces. Les services prédépart francophones doivent aussi comprendre un volet employabilité et entrepreneuriat très bien élaboré.
Je remercie les membres du Comité de nous avoir reçus.
Nous sommes tout à fait disposés à répondre à vos questions.
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Je me demande si vous avez des recommandations à faire au Comité à cet égard, car l'une des choses les plus difficiles pour les nouveaux arrivants, qu'il s'agisse d'immigrants, de réfugiés ou d'autres personnes, c'est la reconnaissance des titres de compétences et une fois qu'ils arrivent ici, le processus est extrêmement pénible.
Nous entendons toujours dire que dans la vallée du bas Fraser, des gens très instruits travaillent dans des fermes ou, par exemple, sont devenus des chauffeurs de taxi. La grande question qui se pose est la suivante: que peut faire le Canada, peu importe de quelle province ou de quel territoire il s'agit, pour régler le problème? Quelles mesures peut-on et doit-on prendre?
En fait, je demanderais à tous les témoins de faire des recommandations à cet égard s'ils en ont, de sorte que nous puissions en tirer des leçons et entreprendre le processus. Je crois que c'est extrêmement important.
Concernant cette question, dans le cas des réfugiés, des réfugiés parrainés par le gouvernement en particulier, souvent, des documents ont été perdus lorsqu'ils se sont enfuis ou ont quitté leur pays. Ils ne peuvent même pas montrer leurs titres de compétences. Une personne qui avait perdu tous ses papiers s'est présentée à mon bureau. En fait, l'établissement qui lui avait fourni ses titres de compétences avait été bombardé. Il n'existe plus. Il n'y a aucun moyen pour elle d'obtenir cette reconnaissance. Que fait-on dans cette situation, n'est-ce pas? Nous parlons d'une personne qui a obtenu un doctorat. C'est quelque chose. Comment réglons-nous ce problème également?
J'ignore si quelqu'un a des suggestions sur la façon de le régler. À mon avis, c'est un aspect essentiel de la reconnaissance des talents et de l'utilisation de ces talents au Canada. Je vous demanderais de faire des suggestions si vous en avez.
Je veux passer aux deux autres témoins que nous avons entendus, mais je crois avoir vu une main levée.
Est-ce exact, madame Abdi-Aden?