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Bonjour. Conformément à l'article 108(2) du Règlement et aux motions adoptées par le Comité le 4 octobre 2016 et le 3 avril 2017, le Comité reprend son étude sur les consultants en immigration.
Nous étions censés recevoir M. David Arnold du Haut-Commissariat pour l'Australie, mais malheureusement, nous avons reçu, il y a une heure, un message nous informant qu'il devait rester en poste. On nous fera parvenir un mémoire écrit. Si vous aviez préparé des questions pour ce témoin, veuillez nous les transmettre. Elles seront envoyées à M. Arnold en vue d'une réponse.
Nous accueillons aujourd'hui Me Raj Sharma, partenaire de gestion, Stewart Sharma Harsanyi; et Me Lorne Waldman, avocat-procureur, Lorne Waldman and Associates. Bienvenue, messieurs.
Maître Sharma, vous avez la parole pour les sept prochaines minutes.
Tout d'abord, je tiens à dire que c'est pour moi un immense honneur et un très grand privilège de comparaître devant vous et de participer à votre étude sur les cadres juridiques, réglementaires et disciplinaires régissant et balisant la pratique des consultants en immigration au Canada.
Pour vous mettre un peu en contexte, je suis avocat spécialisé en droit de l'immigration à Calgary. Avant d'ouvrir un cabinet privé, j'étais agent de protection des réfugiés à la Section de la protection des réfugiés, au sein de la Commission de l’immigration et du statut de réfugié, ou CISR. Il s'agit du plus grand tribunal administratif au Canada. En tant qu'ancien agent d’audience au service de l’immigration et, maintenant, avocat spécialiste de l'immigration, j'ai assisté à des centaines d'audiences — c'est probablement moins que Me Waldman, mais c'est quand même beaucoup. Mon associé et moi, ainsi que nos collaborateurs, comparaissons régulièrement devant la Cour fédérale du Canada, ce qui exige un bilan de la situation.
Au fil des ans, j'ai également eu la chance d'animer une émission de radio en pendjabi à Calgary et, pour des raisons évidentes, l'immigration est un sujet qui touche de près ma communauté. J'ai vu des avocats et des consultants en immigration dans les trois divisions de la CISR. J'ai vu leur travail, la transcription de leurs audiences et leurs demandes. J'ai pu constater de mes propres yeux les conséquences d'un mauvais conseil.
Il y a de bons et de mauvais avocats, tout comme il y a de bons et de mauvais consultants. À mon avis, très peu de consultants sont assez compétents pour représenter et défendre des clients devant la CISR. J'ai eu l'occasion de passer en revue les mémoires de l’Association du Barreau canadien et de la Metro Toronto Chinese and Southeast Asian Legal Clinic. Je partage bon nombre de ces préoccupations.
Cependant, je ne suis pas d'accord avec l'ABC lorsqu'elle réclame que la représentation moyennant rétribution soit réservée aux avocats membres en règle d'un barreau provincial. Deux concepts importants sont en jeu: l'accès à la justice et la protection du public.
J'ai eu l'occasion de travailler avec des consultants en immigration qui ont déjà de l'expérience en la matière, notamment d'anciens agents d'immigration ou agents de l'ASFC, d'anciens avocats et d'autres intervenants qui connaissent leurs limites. Ils offrent un service précieux. Selon moi, les avocats n'ont pas automatiquement le monopole de tous les aspects du droit de l'immigration. La réalité, pourtant, c'est que le CRCIC semble promouvoir la facilité d'accès des consultants à la pratique du droit de l'immigration, au détriment de la protection du public.
À l'heure actuelle, au terme d'un cours en ligne de 320 heures — et c'est ce qu'on peut lire sur le site Web du Collège Ashton —, les étudiants admis au programme peuvent faire partie de ce domaine passionnant, sans qu'ils soient obligés d'être sur le campus. Il n'y a aucun cours sur la recherche juridique, les moyens de preuve ou les principes du droit administratif. Une fois que vous avez terminé ce cours entièrement en ligne, vous devez réussir les examens du CRCIC. En passant, même si vous échouez à l'examen d'aptitude, vous pouvez toujours tenter votre chance trois autres fois. Ainsi, toute personne de plus de 18 ans qui a réussi le test de compétence linguistique et l'examen d'aptitude peut, dès le premier jour, représenter un réfugié devant la Section de la protection des réfugiés.
Or, pour représenter un réfugié, encore faut-il connaître le droit substantiel applicable à ce domaine, c'est-à-dire des notions comme la « protection offerte par l'État », la « possibilité de refuge intérieur » ou des clauses d'exclusion comme les crimes contre l'humanité, les crimes de guerre ou les crimes graves de droit commun international. Cette même personne peut aussi, dès le premier jour, comparaître devant la Section de l'immigration pour représenter un résident permanent accusé d'un crime grave commis à l'extérieur du Canada. Pour ce faire, il faut une concordance entre l'accusation à l'étranger et le droit criminel canadien. Si on n'a pas gain de cause devant la Section de l'immigration, cela peut entraîner la perte du statut et le renvoi, sans possibilité d'appel. Cette même personne peut représenter, devant la Section d’appel de l’immigration, un résident permanent faisant l'objet d'une condamnation au Canada ou d'une allégation de fausses déclarations ou encore, un parrain canadien qui interjette appel du refus, par un agent des visas, d'une demande concernant un membre de sa famille à l'étranger. Il est impossible qu'un cours en ligne de six mois puisse vous donner les connaissances de base nécessaires en droit substantiel pour plaider efficacement une cause.
Après tout, on ne permet pas aux jeunes de 16 ans de conduire des camions de 18 roues. Il faut un système de permis progressifs pour les consultants. Ce n'est pas parce que vous pouvez remplir un formulaire de demande de permis de travail que vous pouvez comparaître à une audience pour y représenter et défendre un réfugié, un résident permanent sous le coup d'accusations au criminel à l'étranger, un résident permanent faisant l'objet d'une condamnation au Canada ou un Canadien qui cherche à interjeter appel d'un refus de délivrer un visa à un membre de sa famille.
Nous comptons sur les consultants en immigration — somme toute, de simples particuliers — pour qu'ils surveillent leurs propres pratiques et fassent preuve de retenue lorsqu'il est dans leur intérêt financier d'accepter des dossiers, surtout dans les cas où ils ne sont pas compétents pour faire le travail. Ils ont payé des milliers de dollars pour leurs études, l'examen d'aptitude, l'inscription, les assurances, le marketing, la publicité, et j'en passe. De toute évidence, ils voudront obtenir un rendement sur leur investissement.
Je recommande de diviser le tout. Au Royaume-Uni, la profession juridique est partagée entre les avocats consultants et les avocats plaidants. Les avocats consultants fournissent des services juridiques de nature transactionnelle. Cela correspond probablement au contenu d'un cours en ligne de 320 heures — un consultant chargé de prodiguer des conseils aux clients et de les aider à remplir les demandes d'immigration. Les avocats plaidants, quant à eux, représentent les clients à titre de procureurs devant une cour ou un tribunal. Pour ce faire, il faut une formation sur les moyens de preuve, l'éthique, les pratiques et les procédures des cours ainsi que la recherche juridique. Il est impossible qu'un cours en ligne de 320 heures, et peut-être un module d'entrevue simulée, permettent à un consultant de pratiquer le droit avec compétence devant la CISR.
Il devrait y avoir un processus différent pour autoriser certains intervenants en matière d'immigration à comparaître devant la CISR. Ces gens devraient posséder une vaste expérience directe préalable ou encore, les intervenants éventuels devraient être tenus de suivre des cours approfondis en droit et faire un stage sous la supervision d'un avocat ou d'un consultant qui a l'expérience requise.
Bien franchement, je pense que la réglementation a échoué parce que le CRCIC ne prépare pas bien les consultants. C'est comme si, en pleine fusillade, le CRCIC armait ses membres d'un couteau — sciemment ou non, à vous de choisir. Au bout du compte, qui en fera les frais? Le demandeur d'asile, l'épouse qui se retrouve séparée de son époux pendant des années, le résident permanent qui risque de perdre son statut et d'être renvoyé d'un pays où il vit depuis des décennies.
Merci de votre attention. Je me ferai un plaisir de répondre à toutes vos questions.
Je tiens d'abord à signaler que je n'ai rien discuté avec Me Sharma, mais vous serez surpris de constater que nos positions sont très similaires. Je vais donc renchérir sur les propos de Me Sharma, car je suis tout à fait d'accord avec lui.
Si la situation des consultants en immigration pose problème, c'est en raison de la perception selon laquelle l'organisme de réglementation, le CRCIC, n'en a pas fait assez pour bien protéger le public. Il y a encore de nombreux cas d'abus et de nombreux exemples de représentants incompétents. Cela vaut pour le traitement des documents, mais surtout pour ceux qui comparaissent devant la Commission, comme dans les exemples donnés par Me Sharma.
Il est important de souligner, comme Me Sharma l'a dit, que ce problème ne se limite pas aux consultants. Il y a des avocats incompétents. D'ailleurs, trois avocats de l'Ontario ont récemment fait l'objet de mesures disciplinaires en raison d'une représentation incompétente de plusieurs centaines de demandeurs d’asile roms. J'étais un témoin expert pour deux de ces dossiers, alors je connais bien le problème et l'ampleur de l'incompétence. Deux des avocats se sont fait imposer une suspension de six mois, alors qu'un autre a été radié du Barreau. Par conséquent, le problème de l'incompétence n'est pas l'apanage des consultants.
Cela dit, je suis d'accord avec Me Sharma. Avant d'être autorisé à pratiquer le droit, un avocat doit obtenir un diplôme de premier cycle, au terme de trois ans d'études dans une école de droit, le tout suivi d'un stage de 10 à 12 mois, après quoi il doit réussir un examen de compétence professionnelle. C'est bien loin des 320 heures de formation qu'un consultant doit suivre avant de pouvoir s'inscrire à l'examen.
Une fois de plus, j'abonde dans le sens de Me Sharma. L'ABC recommande de mettre fin aux services des consultants. Ayant pratiqué le droit depuis près de 40 ans, j'ai une perspective plus large que celle de Me Sharma. Le travail de consultant existait avant d'être assujetti à une réglementation et, si vous cessez de le réglementer, il continuera d'exister quand même. Selon moi, lorsque nous avons le choix entre la réglementation et la non-réglementation, il est bien plus préférable de choisir la première option, mais nous devons améliorer les règlements.
Comment faut-il s'y prendre? Pour améliorer les règlements — et, là encore, je reprends ce que Me Sharma a dit —, le gouvernement doit faire plus. En vertu des règlements, le gouvernement a le pouvoir d'établir des normes minimales appropriées pour s'assurer que tout consultant accrédité respecte les normes minimales de formation.
Je ne vous parlerai pas aujourd'hui de mes recommandations à ce sujet, mais je conviens que la durée minimale de la formation devrait dépasser de loin les 320 heures, surtout si les gens vont représenter des clients devant la Commission de l'immigration et du statut de réfugié. Il faut donc instaurer des normes minimales de formation, suivie d'une période de stage. Avant de pouvoir pratiquer le droit, les avocats doivent faire un stage. Les consultants, quant à eux, peuvent commencer à travailler dès qu'ils ont réussi leur examen. C'est tout à fait inacceptable.
Comment y arriver? En adoptant des règlements. L'article 91 de la Loi sur l'immigration permet au gouvernement de promulguer des règlements concernant le CRCIC. J'ai examiné le libellé et j'ignore si, dans sa forme actuelle, le pouvoir de réglementation est suffisant pour permettre au gouvernement de mettre en place le type de règlement que je propose. Nous devons examiner la question de plus près. Toutefois, je recommande que le gouvernement établisse, par règlement, les normes minimales de formation, les exigences minimales et le temps minimal qu'un consultant doit consacrer à un stage avant d'obtenir son accréditation.
Nous réclamons cela parce que je partage l'avis de Me Sharma: le CRCIC n'a pas mis en place des exigences suffisantes pour assurer la compétence des consultants.
Je conviens également avec Me Sharma qu'il y a une différence fondamentale entre un consultant qui s'occupe de traiter des documents et un consultant qui comparaît devant la Commission de l'immigration et du statut de réfugié. Il devrait y avoir différentes exigences de compétences. On devrait exiger une formation supplémentaire avant qu'une personne puisse représenter quelqu'un devant l'un des tribunaux de la Commission. Tout cela peut se faire en inscrivant dans la loi des exigences minimales que les consultants auraient à respecter pour devenir membres du CRCIC.
Ainsi, le gouvernement ferait en sorte que tous les consultants soient qualifiés. On n'aurait pas à compter strictement sur le CRCIC pour établir les qualifications minimales nécessaires parce que — je suis d'accord avec Me Sharma— les exigences minimales actuelles d'un cours en ligne de 320 heures ne suffisent pas à protéger le public.
Enfin, je crois que la réglementation devrait également permettre au gouvernement de mener des vérifications, en plus des pouvoirs d'application du CRCIC. Le gouvernement ne devrait pas dépendre du CRCIC pour intervenir dans des situations d'abus lorsque l'ASFC ou CIC apprennent qu'un consultant s'adonne à des activités illégales. Le gouvernement devrait être libre d'effectuer des vérifications et d'appliquer les règlements pour assurer une bonne représentation.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie tous les deux d'être des nôtres et de nous faire part de votre point de vue.
À mon avis, un des principaux défis auxquels nous faisons face, mis à part les consultants réglementés, c'est la question des consultants fantômes, c'est-à-dire ceux qui échappent aux radars. Je sais qu'en Ontario, par exemple, le barreau régit ceux qui offrent des services juridiques et, s'ils ne sont pas autorisés à le faire, il y a des dispositions qui permettent au barreau de les poursuivre, comme c'est le cas dans la profession médicale ou en pratique dentaire.
Que pouvons-nous faire pour régler le problème que posent ceux qui ne sont pas accrédités et qui ne le seront probablement jamais? Quelle sorte de mécanisme d'application devrions-nous utiliser, et de qui relève cette compétence? S'agit-il de l'ASFC, ou est-ce plutôt la GRC qui est la bonne organisation pour assurer l'application de la loi, que ce soit au Canada ou à l'étranger?
Je vais commencer par vous, Lorne.
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Je crois que nous ne réussirons jamais à éliminer les consultants fantômes pour une foule de raisons. Premièrement, je vais essayer de vous traduire cette expression pendjabie; les consultants fantômes se nourrissent du sang de leurs congénères. Ils s'en prennent aux membres de leur propre communauté, qu'il s'agisse de Chinois, de Vietnamiens ou d'Indiens.
Il y a des obstacles qui se dressent devant les personnes vulnérables, âgées ou sous-scolarisées ou qui ont d'autres contraintes, et ces victimes ne se manifesteront pas. Bref, si elles ne se manifestent pas, nous ne pouvons pas intenter des poursuites, et ce, même si nous avions des ressources suffisantes pour ce faire, ce qui n'est pas le cas. Nous n'avons apparemment pas suffisamment de ressources pour lutter contre les mariages frauduleux.
Nous n'arriverons pas à éliminer les consultants fantômes, et j'aimerais me faire l'écho d'un passage du mémoire à ce sujet de la Metro Toronto Chinese and Southeast Asian Legal Clinic et me fonder sur mon expérience à la radio. Je soutiens que nous devons activement communiquer avec les communautés culturelles par l'entremise des médias, de la radio, etc. et les informer de ce problème pernicieux que sont les consultants fantômes.
Le meilleur remède à ce problème est la prévention. Je ne crois pas que des interventions après coup et des poursuites contre des individus qui sont évidemment des escrocs et des criminels réussiront à les en dissuader.
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Merci beaucoup, monsieur le président. Je vous en suis reconnaissante.
Je trouve très regrettable que le Comité ne puisse pas débattre de la motion que j'ai proposée; cette motion vise vraiment à demander la tenue d'une étude sur la question importante dont nous sommes saisis. Si nous ne le faisons pas, nous continuerons d'entendre des propos alarmistes, et ce n'est pas une bonne chose pour le pays. Ce n'est pas une bonne chose pour nous tous qui vivons dans une société multiculturelle. J'exhorte les députés ministériels à y penser, et nous pourrons aller de l'avant et nous atteler à cette tâche des plus nécessaires.
Sur ce, revenons à l'étude d'aujourd'hui.
Comme je le disais, je remercie les deux témoins de leurs commentaires. J'aimerais vous poser quelques questions précises.
Premièrement, compte tenu de la situation qui prévaut au CRCIC, qui n'accomplit à vrai dire aucunement son travail — à tout le moins, il ne l'accomplit pas adéquatement —, certains témoins se sont demandé si les consultants devraient se réglementer eux-mêmes. J'aimerais vous entendre à ce sujet, maître Sharma, puis je demanderai à Me Waldman de répondre.
Au cours des dernières semaines, nous avons reçu plusieurs témoins, et j'ai pu dégager deux problèmes. Il y a ce problème de compétence dont vous avez tous les deux parlé aujourd'hui. Cela concerne davantage les audiences, les tribunaux et la section d'appel de la Commission de l’immigration et du statut de réfugié. À cet égard, je crois qu'une éducation accrue et une amélioration de la formation sont probablement la solution.
Le deuxième problème que nous avons, ce sont les transactions frauduleuses. Je parle du fait d'exiger 10 000, 20 000 ou 30 000 $ pour réaliser des études d'impact sur le marché du travail qui permettront au consultant de faire miroiter les possibilités d'emploi qui inciteront le client à immigrer. Ce sont ces pratiques qui me préoccupent le plus. Le hic, c'est que le CRCIC, même dans sa version actuelle — et on nous en a parlé ici —, ne semble pas voir cela comme un problème. Le CRCIC n'a pas l'air de croire nécessaire d'ajouter des règles ou des règlements. Le modèle d'une entité qui se réglementerait elle-même ne semble pas fonctionner pour lui.
Que recommanderiez-vous pour prévenir les pratiques frauduleuses dans ce secteur — comme l'achat et la vente d'études d'impact sur le marché du travail, etc. —, et quel modèle pourriez-vous nous proposer pour effectuer de manière efficace un travail semblable à ce que les barreaux font pour les avocats? Avec le barreau, les plaintes suscitent de la peur dans l'esprit des avocats ou, à tout le moins, un très haut niveau de préoccupation. C'est ce qui explique pourquoi les pratiques frauduleuses sont plutôt rares chez les avocats. Ce que nous avons vu ici et ce que nous avons entendu des témoins, c'est que ces pratiques sont très fréquentes au sein du CRCIC. Ma question s'adresse à vous deux: que recommanderiez-vous pour combler cet écart?
Je commencerai par Me Sharma.
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Je crois que vous captez l'attention d'un avocat lorsqu'il y a une procédure disciplinaire. Le fait d'être un avocat compte beaucoup dans l'identité de quelqu'un. Le fait que le barreau intervienne crée de la peur, de l'anxiété et la crainte d'un opprobre public, ou fait planer le risque d'une perte de licence, ce qui est très grave. Personne ne grandit en espérant un jour devenir consultant en immigration. Je crois que l'absence d'une telle vocation ou d'une telle profession limite ce qu'il est possible de faire pour encourager les comportements positifs.
En ce qui concerne les règlements du CRCIC, je vais vous donner un exemple. J'ai eu quelqu'un qui avait retenu les services d'un consultant en immigration accrédité. La demande pour la soeur de cette personne avait été présentée à Hong Kong, et elle y est restée pendant des années. Le consultant disait que la demande était retardée parce que le consulat à Hong Kong demandait une mise à jour des résultats du Système international de tests de la langue anglaise, l'IELTS.
En fin de compte, la demande a été rejetée. C'est à ce moment-là qu'elle est venue me voir. En fait, la cliente avait fait une demande d'accès à l'information et elle avait obtenu des renseignements. Les explications laissaient entendre que sa demande avait été rejetée par Hong Kong, six ans auparavant. J'ai envoyé un courriel à Hong Kong avec tous les renseignements nécessaires — dont le courriel d'AIPRP —, et je leur ai demandé de me dire si leur bureau avait envoyé un courriel demandant des renseignements complémentaires en matière de compétence linguistique. Le bureau de Hong Kong a répondu dans les trois jours pour me dire qu'il n'avait jamais envoyé ce courriel. Le dossier avait été fermé six ans plus tôt.
J'ai acheminé tout cela au CRCIC. J'ai reçu un appel d'un enquêteur qui s'est montré extrêmement inquisiteur. Il m'a dit que je ne pouvais pas prouver que le consultant avait fait cela. C'était peut-être le fait d'un membre de son personnel. J'ai répondu que je ne pouvais évidemment pas le prouver, mais je lui ai dit qu'il fallait que cette affaire soit relayée au niveau supérieur. Voilà qui vous donne une idée de l'impression que j'ai eue du CRCIC.
Je terminerai en soulignant que les études d'impact sur le marché du travail se marchandent à 15 000 ou 20 000 $, à condition qu'elles vous permettent d'obtenir la résidence permanente. Vous devriez dissocier les études d'impact sur le marché du travail de la résidence permanente.
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Merci, monsieur le président, et merci à vous deux, Raj et Lorne. Nous avons deux excellents avocats avec nous, mais nous nous attaquons aux consultants voyous. Je suis d'accord avec tout ce que vous avez dit jusqu'ici, l'un et l'autre.
Le vrai problème, c'est que le précédent gouvernement conservateur a essayé de corriger ces aberrations, mais qu'il n'a pas eu le temps de finir ce qu'il avait commencé. C'est ce qui explique pourquoi le problème est toujours là. Nous en entendons parler tous les jours. La plupart des députés ont au moins deux employés qui cherchent des réponses sur une base quotidienne.
Je crois que le problème vient du fait que nous avons des consultants, et que ces consultants ont des sous-consultants. Ensuite, ils ont des consultants fantômes dans chaque ville: en Inde, au Pakistan, à Hong Kong et en Chine. J'ai même entendu quelqu'un me dire que le consultant numéro untel cherchait à embaucher quelqu'un dans son pays d'origine pour trouver de nouveaux cas. Ensuite, le consultant n'a qu'à se rendre sur place deux ou trois fois par an afin de « roder la machine », n'est-ce pas?
Le degré de corruption est à ce point élevé que je doute que le CRCIC ait le courage de régler le problème. Selon moi, cela n'a pas fonctionné et cela ne fonctionnera pas. Y aurait-il un autre moyen de faire en sorte que ces consultants travaillent sous la supervision des avocats? Comme Me Sharma le disait, lorsqu'une plainte est formulée à l'endroit d'un avocat, l'avocat a honte et il a peur. Il a peur de perdre son moyen de subsistance et sa licence. En revanche, en ce qui concerne les consultants: rien.
Il y a quelques mois, j'ai posé une question au CRCIC. On m'a dit que le conseil avait reçu 300 plaintes en une année. Il est difficile d'accepter ce genre d'argument du CRCIC voulant qu'il n'y ait eu que 300 plaintes dans toute l'année alors que Dieu sait combien nous en recevons tous les jours.
Que pouvons-nous faire? Comment pouvons-nous régler le problème? Les consultants en immigration doivent travailler avec les avocats, ou ils doivent être regroupés dans un organisme tout à fait distinct piloté par le gouvernement. Ils ne devraient pas se réglementer eux-mêmes.
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Monsieur le président et honorables membres du comité, bonjour.
Je m'appelle Gabrielle Frédette Fortin. Je suis ici aujourd'hui à titre individuel.
Je suis l'une des plus jeunes consultantes réglementées en immigration canadienne, ou CRIC, de la profession. Je crois pouvoir m'adresser à vous aujourd'hui en tant que représentante de cette nouvelle génération de CRIC qui est tournée vers l'avenir, qui se concentre sur les objectifs et qui s'informe de ce qui s'est fait par le passé, mais sans trop s'y attarder.
Lorsque j'ai choisi d'exercer cette profession, j'ai très vite compris que j'allais devoir supporter d'être étiquetée plutôt négativement. Cette étiquette, je la tolère, mais parfois je défends ma profession. Certaines critiques sont totalement justifiées, alors que d'autres portent inutilement et gravement atteinte à la réputation de ma profession, en plus d'affaiblir l'intégrité du système d'immigration.
Il faut arrêter de nous pointer du doigt dans cette lutte contre les représentants non autorisés ou ceux que vous appelez des consultants fantômes. Le Conseil de réglementation des consultants en immigration du Canada, ou CRCIC, n'a aucun pouvoir conféré par la loi de faire enquête ou de discipliner ces individus. Je recommande aussi qu'on arrête immédiatement d'utiliser le terme « consultant fantôme », car celui-ci ridiculise ma profession et affaiblit par le fait même l'intégrité de notre système d'immigration. On pourrait tout aussi bien utiliser le terme « avocat fantôme », qui désigne ces représentants non autorisés qui pratiquent illégalement le droit canadien.
C'est avec tout le respect qui s'impose que je demande au Comité de porter une attention particulière aux recommandations faites par mes collègues et les témoins crédibles sur les limites de la profession et sur l'organisme de réglementation, de même que sur la façon dont nous pouvons, ensemble, mieux protéger le public.
Pour ma part, je vais mettre l'accent sur la recommandation suivante: qu'IRCC et l'organisme de réglementation développent une relation étroite et travaillent ensemble de manière continue, car c'est ainsi que nous arriverons à mieux protéger le public. Mettre un terme à l'ambiguïté et empêcher les individus de donner des conseils en immigration sans y être autorisés par la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés devraient aussi être des priorités pour ce comité. Le gouvernement a le pouvoir d'exercer une pression sur les organismes d'établissement, les recruteurs d'étudiants étrangers, les agences d'adoption et les professionnels en ressources humaines pour qu'ils se conforment à la Loi. C'est au moyen d'un organisme de réglementation que nous protégerons les nouveaux arrivants contre ce fléau que sont les représentants non autorisés.
Avant tout, laissez-moi vous parler du dossier des conseillers des étudiants étrangers, qui constitue un bon exemple de réussite qui découle de ce travail conjoint et de la façon d'appliquer leurs règles aux groupes mentionnés précédemment.
À l'époque, Citoyenneté et Immigration Canada, ou CIC, — aujourd'hui IRCC — avait conclu que les étudiants étrangers constituaient un groupe de consommateurs vulnérables. Il était donc primordial que ces derniers reçoivent des conseils de professionnels qualifiés en immigration canadienne. CIC avait alors sensibilisé les établissements d'enseignement à ce problème et fait savoir que les conseillers des étudiants étrangers ne devaient pas donner de conseils en immigration aux étudiants étrangers. Le CRCIC et CIC ont donc travaillé ensemble pour arriver à un consensus et créer un nouveau titre professionnel, celui de conseiller réglementé en immigration pour étudiants étrangers, ou CRIEE. Comme ces organismes sont financés par le gouvernement, il est logique qu'ils respectent la loi sur l'immigration.
Les organismes d'établissement aident les nouveaux arrivants à s'installer au Canada et à s'intégrer à leur communauté. Ces agences sont largement financées par le gouvernement, la plupart du temps directement par IRCC.
Certains agents d'établissement sont très compétents et très qualifiés. Cependant, la majorité d'entre eux ne possède aucune formation en immigration. Ils se retrouvent à travailler auprès de consommateurs vulnérables, comme les réfugiés et les immigrants illégaux. Sans formation en immigration leur permettant de bien comprendre les questions et les lois liées à l'immigration, il est facile pour ces agents d'établissement de donner des conseils très préjudiciables, lesquels peuvent entraîner une fausse représentation, un refus opposé à une demande ou même une expulsion.
IRCC pourrait faire une grande différence s'il accordait du financement au CRCIC. Cela lui permettrait de créer un titre professionnel qui encadrerait la pratique de ces travailleurs.
Il y aussi la question des recruteurs d'étudiants étrangers. En 2012, le CRCIC a contacté les écoles afin de les avertir que les recruteurs d'étudiants étrangers ne devraient pas préparer les demandes d'immigration de ces étudiants. Il n'est pas rare que les recruteurs préparent une demande d'immigration et que l'étudiant la soumette. C'est un stratagème qui vise à cacher des activités illégales. Comme ils reçoivent une rémunération d'un établissement d'enseignement pour recruter des étudiants, il s'agit d'une rétribution indirecte, ce qui contrevient à l'article 91 de la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés.
Faire en sorte que les recruteurs d'étudiants relèvent de l'organisme de réglementation permettrait de mieux protéger ces étudiants qui cherchent une occasion de venir étudier au Canada.
Les professionnels en ressources humaines finissent souvent par travailler à des études d'impact sur le marché du travail, ou EIMT, ou encore à des dossiers d'immigration. Ils manquent d'instruction et ne sont pas en mesure d'établir les liens essentiels comme le ferait un professionnel qualifié. Ces professionnels peuvent mettre des travailleurs étrangers dans des situations très précaires. Des employeurs comme Deloitte et le Cirque du Soleil travaillent avec des consultants en immigration, une pratique qui devrait être reconnue et renforcée par le gouvernement.
Il faut redonner à la profession de consultant réglementé en immigration le respect qu'elle mérite. L'immigration fait partie intégrante du tissu social du Canada. J'ai servi mon pays en tant que militaire et je le servirai encore en tant que consultante réglementée en immigration canadienne. Chaque jour, je contribue à bâtir l'avenir de ce pays en faisant sa promotion, en protégeant le public et en contribuant à assurer l'intégrité de ce système.
Merci.
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Monsieur le président, membres du Comité, merci de me donner l’occasion de témoigner devant vous.
Je m’appelle Robert Kewley. J’ai passé 26 ans à servir notre pays au sein de la GRC, dont une dizaine années à enquêter sur les fraudes en matière d’immigration et d’autres cas connexes. J’ai été directeur des plaintes et des mesures disciplinaires au CRCIC et chargé de l’équipe responsable des enquêtes et de la réception des plaintes de 2011 à 2015. En 2015, je me suis retrouvé à la tête de l’équipe d’enquête.
Il est tellement facile pour les gens de s’écarter de la question lorsqu’ils pensent aux consultants non réglementés ou consultants fantômes. Malheureusement, à mon avis, la réputation des consultants réglementés est ternie aux yeux du public et des autorités, car tout ce que les gens entendent c’est le mot « consultant ». Avant 2004, année où le premier organisme de réglementation a été mis sur pied, ces consultants se trouvaient à tous les coins de rue. Le consultant fantôme n’existait pas. Une fois que la Société canadienne de consultants en immigration a été fondée, ces consultants ont dû travailler dans la clandestinité.
En 2011, le gouvernement a modifié la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés et fait en sorte qu'il soit illégal pour un consultant d'offrir des services, de conseiller des particuliers ou de traiter des dossiers d’immigration contre paiement s'il n'était pas membre du nouvel organisme de réglementation ou avocat. Avec la création d’un nouvel organisme de réglementation et cette modification apportée à la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés, nous avons entrepris la deuxième étape de notre lutte contre les consultants fantômes. Cet organisme est devenu pour les consommateurs un endroit où porter plainte contre les consultants fantômes. Le CRCIC a accepté les plaintes et les a transmises à l’ASFC. À vrai dire, c’est grâce à cet organisme de réglementation et à cette modification à la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés que nous avons commencé à traiter le problème des consultants fantômes.
Nous savons que certains consultants fantômes ont vu la lumière et qu’ils ont pris les mesures supplémentaires nécessaires pour enfin devenir des membres réglementés. Je crois que la hausse du nombre de membres du CRCIC le confirme. Il est crucial d’avoir un organisme de réglementation. Je crois que vous avez déjà reçu des renseignements au sujet du fonctionnement du processus relatif aux plaintes et aux mesures disciplinaires du CRCIC, mais je pourrai vous donner de plus amples détails pendant la période des questions. Je peux maintenant vous dire que le personnel du département des plaintes et des mesures disciplinaires du CRCIC fait un excellent travail dans l’ensemble pour traiter les plaintes qu’il reçoit concernant ses membres. Il fait ce qu’il peut pour contrer les consultants fantômes, mais le problème est très clair. Nous ne sommes pas allés suffisamment loin pour avoir l’incidence que nous voulons tous avoir sur ces consultants.
En 2011, l’ASFC a été chargée de s’occuper elle-même des consultants fantômes et des problèmes. Les employés de l’ASFC sont un groupe de personnes dévouées, professionnelles et bien organisées. Je leur lève mon chapeau à tous les égards. Lorsque je traitais des dossiers d’immigration à la GRC, nous attendions d’avoir au moins 10 plaintes contre une personne ou un consultant avant d’examiner la question. Il n’y avait aucune garantie que l’affaire irait plus loin. Il fallait décider si une action en justice pouvait se solder par une victoire. Le principal intérêt était de composer avec les affaires importantes qui auraient eu une incidence pour leur force de dissuasion et le nombre de victimes qu'elles visaient.
À titre d’enquêteur, j’ai aussi eu l’honneur de collaborer avec l’ASFC pendant un certain nombre d’années. Les communications sont cruciales, mais la crédibilité est aussi très importante. Il y a place à l’amélioration à certains endroits. Le CRCIC rehausse sa crédibilité en ayant d'anciens agents de la GRC comme enquêteurs. Côté communications, je crois qu’il reste des choses à faire, y compris la tenue de réunions régulières à la grandeur du pays avec l’équipe d’enquête du CRCIC et les bureaux locaux de l’ASFC. Nous avons constaté que nos connaissances et expériences communes comme enquêteurs chevronnés peuvent être très utiles. Cependant, l’ASFC ne peut pas régler tous les cas puisque ses employés doivent se concentrer sur les dossiers de haut niveau.
Je suis d’avis que nous devrions penser à la prochaine étape pour trouver une solution complète afin de contrer les consultants fantômes. Si, par exemple, le CRCIC était habilité par la loi à régler les cas de consultants fantômes, ses enquêteurs pourraient présenter les éléments de preuve nécessaires pour traduire ces malfaiteurs en justice et enfin avoir une incidence sérieuse dans le cadre des efforts déployés pour protéger les consommateurs.
Il existe des solutions, mais elles requièrent des autorisations uniques au titre de la loi. Je crois que nous avons aussi besoin d’enquêteurs crédibles d’expérience qui jouissent du respect des employés de l’ASFC afin d’assurer la collaboration dans la lutte contre les consultants fantômes.
Je crois que le nombre annuel moyen de plaintes concernant les consultants fantômes requiert l’affectation de deux ou trois enquêteurs attitrés. Si j’en juge par mon expérience, ces enquêtes entraînent beaucoup de travail — entretiens, rédaction de mémoires — pour que nous répondions aux normes de façon à ce que ces affaires puissent avancer dans le système judiciaire, ce qui est primordial. Je pense que des outils tels que les lettres de renonciation et de cessation sont primordiaux, et que pour faire le travail, il est essentiel d’intenter des poursuites contre tous les contrevenants, pas seulement les pires.
Je tiens à vous remercier d’avoir pris le temps de m’écouter aujourd’hui. Merci beaucoup.
Pour réitérer ce que le Comité a vu, je crois que la plupart des membres du CRCIC qui sont venus témoigner devant nous ne sont pas les personnes en cause. Nous avons toutefois déduit des témoignages que nous avons entendus que le processus de plaintes n’a pas été très efficace. Je ne pense pas que quiconque soit venu ici avec des préjugés défavorables à l’endroit des membres du CRCIC.
Le témoin qui est passé avant vous a affirmé qu’à titre d’avocat, il avait informé quelqu’un à la division des plaintes au CRCIC qu’une personne s’était fait dire, il y a six ans, que son dossier avait été rejeté. Ils ont continué à facturer la personne et à lui dire que son dossier était toujours à l’étude sans vérifier. Au bout du compte, l’enquêteur a simplement dit: « Ç’aurait pu être un des membres de son personnel, alors on ne sait pas trop. » Essayez de dire cela à un barreau. Si un avocat disait: « Désolé, c’était un de mes employés », l’affaire ne s’arrêterait pas là. C’est l’avocat qui, au bout du compte, est responsable du dossier.
Nous ne voyons pas que des mesures d’application sont prises.
Je vais d’abord m’adresser à vous, monsieur Kewley. Comment, selon vous, le CRCIC pourra-t-il se sortir de cette situation et montrer à ses membres actuels qu’il peut prendre des mesures d’application et des mesures disciplinaires efficaces pour trouver une bonne solution afin de contrer les consultants fantômes?
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C'est un excellent point. Comme je l'ai dit, j'ai un défaut: puisque je ne suis pas un membre titulaire du Comité, j'ai probablement manqué la majeure partie de la discussion.
Je garde des photos de mes électeurs ou de personnes de ma circonscription qui cherchent à entrer au pays. Je le fais pour me rappeler que je dois défendre ces personnes. Souvent, ces gens ne sont pas passés par les voies normales, mais après avoir discuté avec eux, je suis étonné d'apprendre qu'ils ont besoin de mon aide.
J'ai appris que bon nombre de ceux qui sont venus me voir ont porté plainte. Je vais maintenant m'adresser à vous, madame Fortin. Je dirais que la plupart d'entre eux dans ma circonscription ont porté plainte auprès de leurs avocats. Ils jugent avoir reçu des services déficients ou inadéquats. Ils ont donc reçu un avis d'expulsion. J'aimerais savoir ce que vous pouvez répondre à cela. Encore une fois, je viens du Sud-Ouest de l'Ontario, où nous avons de nombreux travailleurs agricoles et réfugiés. Un certain nombre d'entre eux venaient du Moyen-Orient et cherchaient à obtenir le statut de réfugié.
Il y a beaucoup de plaintes au sujet de votre profession de consultante, mais je vais vous donner la chance d'y réagir. Constatez-vous les mêmes choses que… Nombreux sont ceux qui ont les mêmes problèmes avec des avocats. Le seul hic que je vois, c'est possiblement que les consultants n'ont pas la capacité ou les connaissances nécessaires pour continuer à composer avec le système et les tribunaux.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je tiens à clarifier publiquement la question de la « surabondance », que mon cher collègue à mes côtés a mentionnée à propos de la communauté d'immigrants et de réfugiés. Pour être clair, le nombre de réfugiés prévu cette année dans le cadre de l'immigration s'élève à quelque 40 000 personnes. C'est sur un total de 300 000 personnes, ce qui représente environ 13 %. Voilà la « surabondance » donc vous parlez. À l'échelle internationale, il y a quelque 65 millions de réfugiés. Pour sa part, le Canada participe à l'effort à hauteur de 0,00061538 %, ce qui est moins de 1 %. Je tenais seulement à ce que cela figure clairement au compte rendu.
Pour revenir à la situation qui nous intéresse, que le consultant soit réglementé ou non, les témoins nous ont dit qu'il y a toutes sortes de problèmes. Je souhaite m'attarder aux personnes qui retiennent les services de ces consultants et à la façon dont ils sont sanctionnés. Bien souvent, il peut y avoir des consultants non réglementés à l'insu des personnes qui font ces demandes, ou même des consultants réglementés qui ne font pas un très bon travail.
Ma première question a été abordée dans le groupe de témoins précédents. Dans le cas des supposés consultants fantômes, la demande telle qu'elle est aujourd'hui ne précise pas clairement l'identité du représentant. Si l'information à l'égard du représentant est fausse, c'est le demandeur qui en paie le prix.
La Metro Toronto Chinese and Southeast Asian Legal Clinic a recommandé que la responsabilité de l'information concernant le représentant incombe au représentant lui-même, qui devrait ensuite signer une déclaration pour en attester l'exactitude. Si le représentant n'est pas autorisé, la demande ne devrait pas être considérée comme incomplète pour autant. En revanche, le demandeur devrait être avisé que le gouvernement n'acceptera pas que la personne en question la représente, mais la demande sera tout de même traitée. Aussi, toute mesure disciplinaire qui s'impose devrait cibler le représentant sans pénaliser le demandeur.
J'aimerais donc demander aux deux témoins s'ils sont d'accord avec cette recommandation.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les deux témoins d'être avec nous aujourd'hui.
L'une des plus grandes préoccupations que j'ai entendues pendant notre étude porte sur les consultants fantômes non réglementés qui travaillent ici au Canada, un enjeu que vous avez tous les deux soulevé aussi. Ces consultants ne relèvent pas du CRCIC. Lors de leur témoignage, les représentants de l'ASFC nous ont appris que leurs ressources ne leur permettent de s'attaquer qu'aux délinquants les plus graves, ce qui laisse la porte grande ouverte aux consultants fantômes.
Après avoir entendu tous les témoins de cette étude, il me semble y avoir peu d'options. J'aimerais savoir ce que vous en pensez tous les deux. Devrions-nous donner plus de pouvoir au CRCIC pour qu'il puisse s'attaquer aux consultants non enregistrés, compte tenu de ce que nous avons entendu à propos de leur fonctionnement? Je suis sceptique, mais le Conseil pourrait-il être réformé et amélioré?
En deuxième lieu, devrions-nous remplacer le modèle d'autoréglementation par un organisme gouvernemental de réglementation?
En troisième lieu, l'Association du Barreau canadien a recommandé de restreindre le domaine aux avocats spécialisés en immigration qui sont enregistrés au Barreau. Que pensez-vous de ces options, et avez-vous d'autres solutions à proposer?
Je pourrais commencer par M. Kewley, après quoi j'entendrai la réponse de Mme Fortin à toutes ces questions.