:
Je déclare la séance ouverte.
Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et à la motion adoptée le 4 octobre 2016, le Comité entamera son étude sur le projet pilote de 2011 pour les réfugiés LGBTQ.
Du ministère de la Citoyenneté et de l'Immigration, nous recevons M. David Manicom, sous-ministre adjoint délégué, Politiques stratégiques et programmes, M. Donald Cochrane, directeur principal, Région internationale, et M. Jean-Marc Gionet, directeur, Affaires des réfugiés.
Bienvenue, messieurs. Nous sommes un peu en retard. Nous avons eu une période des questions animée aujourd'hui.
La parole est à vous.
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Merci, monsieur le président.
Comme vous l'avez mentionné, je m'appelle David Manicom et je suis sous-ministre adjoint délégué en politiques stratégiques et programmes au ministère. Je suis accompagné aujourd'hui de Donald Cochrane et de Jean-Marc Gionet, que vous avez déjà présentés.
[Français]
En juillet dernier, je me suis présenté devant vous avec quelques collègues pour vous parler des programmes et des pratiques d'Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, soit IRCC, concernant la protection des personnes vulnérables. Je suis heureux d'être de retour aujourd'hui pour vous parler de la vulnérabilité des réfugiés LGBTQ2, un sujet qui intéresse particulièrement le Comité.
[Traduction]
Comme vous le savez, le programme de réinstallation comprend plusieurs volets qui permettent la venue de réfugiés au Canada. En ce qui concerne le programme canadien des réfugiés pris en charge par le gouvernement, c'est l'Agence des Nations unies pour les réfugiés qui est responsable de déterminer quels réfugiés sont les plus vulnérables et de recommander leur réinstallation au Canada. On compte au nombre de ces réfugiés les personnes qui fuient une persécution fondée sur le sexe ou l'orientation sexuelle.
[Français]
Le Canada entretient depuis longtemps des relations solides avec l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés. À notre avis, il s'agit de l'organisme international spécialisé le mieux placé pour évaluer la vulnérabilité des réfugiés. L'Agence des Nations Unies pour les réfugiés détermine le degré de vulnérabilité en se fondant sur des critères objectifs, établis en consultation avec tous les pays de réinstallation, y compris le Canada. Elle ne fait aucune distinction du fait de la nationalité, de la race, du sexe, de l'orientation sexuelle, des croyances religieuses, des classes sociales ou des opinions politiques.
[Traduction]
Le gouvernement n'assure pas de suivi systématique des cas qui lui sont recommandés selon les caractéristiques précises de chaque demande de réinstallation. Nous savons toutefois qu'il se trouve parmi les personnes désignées comme étant vulnérables par le HCR des individus ayant fui une persécution fondée sur le sexe ou l'orientation sexuelle. Bien entendu, de nombreuses personnes qui fuient une persécution pour d'autres raisons sont des membres de cette communauté.
L'Agence des Nations unies pour les réfugiés recommande des cas aux pays de réinstallation comme le Canada en fonction de sept catégories: besoins de protection physique ou juridique, survivants de la torture ou de la violence, besoins médicaux, femmes et filles exposées à des risques, regroupement familial, enfants et adolescents exposés à des risques, absence d'autre solution durable prévisible. Les personnes qui sont persécutées en raison de leur sexe ou de leur identité sexuelle s'inscrivent dans la catégorie des besoins de protection physique ou juridique, bien qu'il y ait, comme vous le comprendrez, des recoupements dans d'autres catégories.
Notre Programme de protection d'urgence permet également à l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés de recommander rapidement au Canada des réfugiés qui courent un danger imminent dans le pays où ils se sont enfuis. Le Canada accepte jusqu'à 100 cas par année — mais l'enveloppe est flexible — dans le cadre de ce programme, y compris des cas de personnes fuyant une persécution fondée sur le sexe ou l'orientation sexuelle. Ces personnes se trouvent souvent dans des situations particulièrement précaires alors qu'elles attendent d'être réinstallées, ayant trouvé temporairement refuge dans un pays qui n'est pas sûr pour elles. L'Agence des Nations Unies pour les réfugiés recommande chacun des cas directement aux bureaux des visas du Canada à l'étranger, qui les traitent de toute urgence pour veiller à ce que ces réfugiés arrivent au Canada le plus rapidement possible.
Le Programme de parrainage privé de réfugiés du Canada donne pour sa part à des répondants du secteur privé la responsabilité de déterminer les réfugiés qu'ils souhaitent parrainer. Le Canada encourage les organisations qui parrainent des réfugiés ainsi que les organisations de gais et de lesbiennes de partout au pays à parrainer à titre privé des réfugiés victimes de violence et de persécution à l'étranger, entre autres à cause de leur orientation sexuelle ou de leur identité sexuelle. Le parrainage par l'entremise du projet pilote mené avec la Rainbow Refugee Society sur lequel vous vous penchez aujourd'hui s'inscrit dans cet effort.
[Français]
Le ministère a conclu une entente de partage des coûts avec la Rainbow Refugee Society de Vancouver. Il s'engage ainsi à fournir un soutien financier direct aux réfugiés au titre du Programme d'aide à la réinstallation, afin que chacun d'eux puisse assumer les coûts initiaux à son arrivée au Canada et bénéficier de trois mois de soutien du revenu. Les répondants du secteur privé assurent le soutien du revenu à chaque réfugié pendant les neuf mois restants.
[Traduction]
Au départ, cette initiative devait être temporaire. Il s'agissait principalement de renforcer les capacités et de susciter de l'intérêt au sein de la communauté de l'établissement afin d'augmenter les efforts de réinstallation des membres de la communauté LGBTQ2. L'entente devait initialement expirer en 2015, mais elle a été prolongée jusqu'à la fin de mars 2018.
Jusqu'à présent, plus de 57 réfugiés sont arrivés au Canada grâce à cette entente, et les cas d'environ 18 réfugiés demeurent en cours de traitement. Ces réfugiés s'ajoutent aux cas isolés de personnes LGBTQ2 qui ont bénéficié du soutien de répondants qui n'étaient pas visés par cette entente. Nous demeurons convaincus que ce soutien continu accroîtra la capacité des groupes LGBTQ2 à parrainer des réfugiés en partenariat avec des signataires d'entente de parrainage. Nous savons aussi que d'autres répondants canadiens ayant également indiqué qu'ils souhaitent continuer d'offrir une protection aux membres de la communauté LGBTQ2 joindront leurs efforts à ceux des groupes LGBTQ2.
Notre objectif pour l'avenir est de veiller à ce que les groupes LGBTQ2 soient en mesure d'assumer les responsabilités de soutien financier et social que suppose le parrainage privé de la même manière que les autres répondants du secteur privé du Canada.
En conclusion, monsieur le président, grâce à notre collaboration constante avec le HCR ainsi qu'avec la collectivité diversifiée et dynamique des répondants privés au Canada, notre pays continuera de jouer un rôle de chef de file important dans la protection des personnes vulnérables, y compris les membres de la communauté LGBTQ2.
[Français]
Monsieur le président, je vous remercie de m'avoir offert cette possibilité de me présenter à nouveau devant le Comité.
C'est avec plaisir que nous répondrons maintenant à toute question que les membres du Comité pourraient avoir.
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Merci aux représentants d'être venus aujourd'hui pour contribuer à cette étude que nous venons d'entamer.
Permettez-moi tout d'abord de dire que j'appuie sans réserve les objectifs de ce programme, et il est évident pour moi que les membres de la communauté LGBTQ+ sont victimes de persécution et de discrimination dans de nombreux pays dans le monde en raison de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre. La création de ce programme en tant que projet pilote est une excellente initiative du gouvernement précédent, et je le remercie de l'avoir mise sur pied. J'espère que cette étude nous permettra de trouver des moyens d'améliorer le programme et de faire fond sur le travail important qu'il accomplit à l'heure actuelle.
Pourriez-vous, s'il vous plaît, nous dire le nombre de réfugiés qui sont venus au Canada dans le cadre de ce programme? Ce nombre atteint-il ou dépasse-t-il les prévisions et les limites disponibles? Vous avez mentionné un chiffre, mais dépasse-t-il ou atteint-il les prévisions établies?
:
Non. Nous n'aurions pas de programmes de sensibilisation comme vous l'entendez, madame. Nous sommes très proactifs depuis de nombreuses années à Genève et dans le monde avec le HCR. Nous faisons valoir que s'il y a des personnes vulnérables en raison de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre, le Canada est prêt et disposé à les accepter dans le cadre de ses programmes de réfugiés pris en charge par le gouvernement.
Dans le cadre de nos programmes de parrainage privé, le gouvernement, en toute connaissance de cause, ne plaide pas auprès des membres de la communauté de parrainage privé pour qu'ils parrainent des personnes vulnérables. Nous ne leur disons pas qu'ils devraient parrainer une personne issue d'une minorité religieuse, d'une minorité politique ou autre dans un pays particulier. La nature du partenariat public-privé dans ce programme est que la communauté désigne ces personnes.
Je pense que la réponse est non. En raison de la nature de nos programmes, nous ne faisons pas de sensibilisation dans le monde en dehors du cadre du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, qui est actif dans toutes les régions du monde pour cerner les personnes les plus vulnérables et les réinstaller.
J'aimerais certainement dire que j'estime, et bon nombre de mes collègues sont de cet avis, que les réfugiés LGBTQ sont parmi les plus vulnérables dans le monde, mis à part les victimes de génocide, et qu'ils devraient avoir la priorité dans la plupart des situations. Or, nous sommes dans une situation semblable ici, à l'instar du génocide des yézidis, où l'on nous dit que l'on a recours au processus du HCR pour accorder la priorité à des réfugiés. Cependant, nous savons que de nombreux réfugiés LGBTQ ne peuvent pas passer par les étapes du processus d'aiguillage du HCR, en raison de la persécution dont ils sont victimes dans les camps, ce qui est certainement le cas en Tchétchénie à l'heure actuelle, et ils ne peuvent pas fuir le pays.
Pour faire le lien avec la situation en Tchétchénie, le ministère a-t-il reçu une directive politique jusqu'à présent pour délivrer des visas spéciaux afin d'aider à la réinstallation d'hommes gais persécutés en Tchétchénie?
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Je remercie les représentants du ministère de leur exposé.
J'aimerais moi aussi parler de la situation actuelle de la Tchétchénie. Comme nous le savons, la situation est désastreuse là-bas. Or, le premier ministre refuse même de dénoncer ce qui se passe. Selon un article qui a récemment été rendu public, les autorités tchétchènes demanderaient aux parents de tuer leurs fils homosexuels, sans quoi ils vont le faire, au dire des survivants.
Vous avez dit dans votre exposé que nous avons un Programme de protection d'urgence, et que « le Canada accepte jusqu'à 100 cas par année dans le cadre de ce programme, y compris des cas de personnes fuyant une persécution fondée sur le sexe ou l'orientation sexuelle. »
Notre chef a demandé aujourd'hui au premier ministre d'offrir une aide à certaines personnes, qu'il a nommées. Le lui a répondu que nous ne prenons pas de mesures ponctuelles, mais que le programme offre plutôt une approche coordonnée.
Compte tenu de cette situation, je me demande si les représentants du ministère peuvent me dire si des programmes en place permettent d'intervenir ici et maintenant dans cette situation urgente et désastreuse.
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Nous ne connaissons donc pas la réponse. Bien.
Je vous demande instamment de tenter de trouver l'information pour savoir ce que nous faisons. Soit dit en passant, quelque 73 pays criminalisent les relations homosexuelles et la diversité de genre, une infraction qui est parfois passible de peine de mort. Je dirais donc que la situation est plutôt urgente et nécessite un peu plus de travail.
Nous n'avons pas non plus de programme pour traiter les personnes déplacées à l'intérieur du pays. Nous avions un programme semblable autrefois, mais nous n'en avons plus, ce qui est un autre problème.
J'aimerais revenir sur l'organisme Rainbow Refugee et sur l'excellent travail qu'il accomplit. À l'heure actuelle, nous saluons son travail puisqu'il a pu réinstaller près de 75 personnes. Certains dossiers sont en cours de traitement, mais il s'agit de presque 75 réfugiés. Si vous calculez la moyenne sur trois années, cela donne un record de 25 personnes par année, ou un peu plus. Supposons simplement que la totalité des 100 personnes bénéficiant du Programme de protection d'urgence appartient à la communauté LGBTQ; je dirais alors que l'organisme obtient un très bon résultat.
Rainbow Refugee et d'autres organismes font un excellent travail, et il est grandement nécessaire que ce travail se fasse et que les efforts déployés soient décuplés. Que fait le gouvernement chaque année, le cas échéant, pour aller au-delà du programme pilote ponctuel? Fait-il quoi que ce soit?
Vous pouvez me répondre brièvement par oui ou par non.
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D'accord. Par exemple, au sujet du problème que nous avons eu un peu plus tôt cette année, quand nous vous avons demandé combien de survivants du génocide des yézidis avaient été envoyés au Canada grâce au programme des réfugiés parrainés par le gouvernement, vous nous avez donné la même réponse. Vous avez dit qu'on ne colligeait pas de données à ce sujet, que c'était « très bureaucratique » et que « nous ne pouvions pas le faire », ce genre de chose.
Nous avons pourtant réussi à le faire. Après beaucoup de pressions politiques, le gouvernement a décidé d'accorder la priorité aux victimes du génocide des yézidis, et vous compilez des statistiques à ce sujet, puisque vous gérez un programme directement lié à la réponse à un cas particulier d'extrême violence contre certains groupes de personnes. À titre de pays souverain, nous avons décidé d'accorder la priorité aux victimes de ce génocide. Je dirais ce qui se passe actuellement en Tchétchénie s'apparente beaucoup à la situation des yézidis.
À la lumière de l'article dont Mme Kwan nous a parlé un peu plus tôt et des nombreux témoignages de membres de ce groupe, tous les Canadiens devraient être absolument révoltés des atrocités commises là-bas.
Dans ce contexte, croyez-vous, d'abord, qu'il serait possible bureaucratiquement, d'après notre réaction au génocide des yézidis, que les politiciens canadiens conviennent d'une directive qui voudrait que lorsqu'il y a un génocide ou un programme répressif comme on en voit dans ce cas-ci contre la communauté LGBTQ, nous pouvons et nous devrions compiler des données pour déterminer combien de personnes nous accueillons grâce à la délivrance de visas spéciaux, par exemple? Devrait-il y avoir une directive politique en ce sens?
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Je ne pense pas qu'on parle vraiment de « degrés de vulnérabilité » dans la communauté internationale. Il y a sept types de vulnérabilité reconnus. Le poids de chacune par rapport aux autres dépend beaucoup de la situation, et je pense que c'est probablement très bien ainsi.
Prenons le cas hypothétique d'une personne membre d'une minorité religieuse dans un camp, qui serait exposée à un risque immédiat. Une femme sans soutien avec quelques enfants à charge pourrait être confrontée à un risque immédiat. Le HCR pourrait ne tout simplement pas être en mesure d'assurer la protection d'un membre de la communauté LGBTQI dans un camp de réfugiés, à Kakuma, et cette personne pourrait devoir être réinstallée immédiatement.
Ce genre de situation est vraiment géré au cas par cas. C'est un travail très difficile, puisque malheureusement, nous ne pouvons réinstaller qu'une toute petite proportion de gens, même parmi les réfugiés les plus vulnérables.
Nous accueillons deux représentantes du Capital Rainbow Refuge: Lisa Hébert, coordonnatrice, et une participante au programme. Nous accueillons également Chad Wilkinson et Eka Nasution, tous deux directeurs de la Rainbow Foundation of Hope. Enfin, de Rainbow Refugee Vancouver, accueillons Sharalyn Jordan, présidente du conseil d'administration, ainsi que Soubhi M., participante au programme.
J'aimerais souhaiter la bienvenue à tous nos témoins. Nous commencerons par un exposé de sept minutes des représentantes du Capital Rainbow Refuge.
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Je vous remercie de me donner l'occasion de vous parler aujourd'hui de mon parcours de réfugiée réinstallée grâce au programme d'aide aux réfugiés de Rainbow Refugee.
Je suis une réfugiée LGBT qui a bénéficié d'un parrainage pour arriver au Canada en 2012 avec ma conjointe. Nous avons toutes deux bénéficié d'un parrainage du Capital Rainbow Refuge, et je crois que nous avons été les premières à arriver au Canada dans le cadre de ce programme en 2012.
En 2010, j'ai rencontré ma conjointe grâce à un site de rencontres en ligne en Thaïlande. Ce n'était pas très étrange pour moi de rencontrer une lesbienne mariée à un homme, mère de trois enfants. Les lesbiennes doivent souvent mener une vie secrète. Dans un pays où l'homosexualité est un crime punissable, les femmes n'ont d'autres choix que de rencontrer d'autres femmes en cachette. Ma conjointe avait 14 ans quand sa mère s'est rendu compte qu'elle était attirée par les autres femmes. Pour la guérir de sa soi-disant inclinaison homosexuelle, sa mère l'a forcée à se marier à un homme à 14 ans. Elle a conçu son premier enfant alors qu'elle avait à peine 15 ans.
Nous avons commencé à échanger des courriels et des messages textes, pour nous rendre compte que c'était une erreur et que sa famille avait découvert notre histoire. Elle a fui sa maison à minuit pour se protéger de la colère de son mari. Nous avons toutes deux commencé à nous cacher, puisque son mari menaçait de me poursuivre sous le régime des lois anti-LGBT du pays où nous vivions. Ses enfants étaient prêts à témoigner. Ils étaient trop jeunes pour comprendre ce qui se passait.
Comme nous n'étions pas protégées par la loi et que nos visas étaient expirés, nous avons décidé de nous adresser au HCR pour demander sa protection. Je me rappelle d'une femme qui travaillait pour une organisation à but non lucratif qui vient en aide aux demandeurs d'asile. Elle n'en revenait pas que le HCR traite notre demande, étant donné que nous ne venions pas d'un pays en guerre.
Pendant l'attente d'une décision du HCR sur notre statut, nous vivions sous la menace constante du pays, où nous vivions toutes les deux illégalement, sans le droit de travailler et sans existence juridique. Nous avons été chanceuses que le programme d'aide de Rainbow Refugee soit lancé en 2011. Je doute fort que nous aurions pu arriver ici sans cela, sans tout le soutien du gouvernement et de CRR pour aider les réfugiés LGBTQ.
Les démarches nous ont pris environ un an, alors qu'elles prennent environ quatre ans la plupart du temps. Nous avons reçu un appui incroyable depuis le jour un, sur les plans émotionnel comme financier, grâce au CRR et aux fonds partiels de réinstallation du programme d'aide de Rainbow Refugee. Nous avons été parrainées pendant un an, et depuis, nous travaillons toutes les deux tout en poursuivant des études supérieures. Nous faisons notre part pour contribuer à l'économie et au marché du travail et nous sommes fières de dire que nous avons récemment reçu notre citoyenneté.
J'aimerais remercier le programme d'aide aux réfugiés de Rainbow Refugee de m'avoir aidée, comme il a aidé de nombreux autres réfugiés LGBT persécutés, harcelés et qui ont parfois même vécu des tragédies sans nom de la part de leur peuple et de leur gouvernement. Le programme de Rainbow Refugee crée des familles — c'est ce que j'ai vécu personnellement —, dans lesquelles les gens choisissent de traverser les épreuves ensemble et de se soutenir les uns les autres émotionnellement. C'est le genre d'appui que j'ai reçu du CRR.
Le programme d'aide aux réfugiés de Rainbow Refugee encourage les gens à se rassembler et à partager la responsabilité de la sensibilisation internationale et de la défense du rôle important que joue le Canada dans la protection des personnes les plus vulnérables.
Je vous remercie de m'avoir permis de vous faire part de mon expérience.
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Le programme d'aide aux réfugiés de Rainbow Refugee revêt une importance fondamentale dans notre milieu, et nous croyons que ce devrait être un programme permanent assorti d'un financement pluriannuel à long terme — remarquez bien le mot « permanent ». Je pense que ce serait bien.
Comme vous pouvez le constater dans notre mémoire, nous venons en aide à des groupes à faible revenu qui apprécient les capitaux de lancement qui viennent avec le programme, mais il comporte aussi d'autres éléments essentiels. Nous avons peur que sans ce programme, nous n'arriverons pas à parrainer des réfugiés dans ce milieu important. Ce programme nous permet d'établir des partenariats avec les signataires de l'entente de parrainage, qui sont essentiellement des églises, sans vouloir rien enlever au travail de leurs congrégations. Ce programme nous permet de parrainer des personnes qui ont peur de présenter une demande au HCR ou qui ne peuvent pas le faire, puisque celui-ci doit travailler en collaboration avec des pays qui tuent ou emprisonnent souvent les personnes LGBTQ. Nous savons qu'il ne faut qu'une personne pour menacer ou détruire leur vie.
Les Canadiens sont fiers que notre pays reconnaisse les droits humains des personnes LGBTQ, et il serait logique que notre pays ait un programme permanent pour permettre ce genre de parrainage. Nous avons besoin d'un programme spécialisé, parce que les réfugiés LGBTQ sont généralement parmi les plus vulnérables. Ils risquent la persécution de diverses sources, dont l'État, des groupes militaires, leur propre communauté et souvent, leur propre famille. Ces personnes sont très souvent victimes de violence familiale.
Quand elles fuient, elles se rendent dans les pays voisins, qui les criminalisent aussi. Elles sont alors confrontées aux mêmes menaces. Contrairement à d'autres réfugiés, elles ne peuvent pas se tourner vers l'État, ni vers leur communauté ou leur famille pour obtenir de l'aide, donc elles sont souvent très seules. Des tragédies sans nom se produisent. Des personnes que nous avons parrainées ont subi des attaques terribles pendant leur fuite: elles se sont fait poignarder, kidnapper, torturer, elles ont reçu des menaces de mort, se sont fait emprisonner, agresser, agresser sexuellement et certaines ont eu des enfants issus de viol. C'est la raison pour laquelle nous avons désespérément besoin d'accélérer le temps de traitement des demandes.
Pour tous les pays à l'extérieur du Moyen-Orient, le temps de traitement d'une demande d'asile au Canada a bondi pour atteindre de quatre à sept ans. Nous sommes actuellement en train d'essayer de parrainer une famille dont la demande est en traitement depuis sept ans. Il est difficile d'imaginer qu'une personne puisse vivre si longtemps dans des conditions désespérées sans en ressortir gravement meurtrie. En accélérant le processus, le Canada peut réduire le stress post-traumatique et littéralement sauver des vies.
Le programme d'aide de Rainbow Refugee rend l'installation de réfugiés LGBTQ humaine et accueillante. Nous savons que même pour les minorités LGBTQ nées au Canada, des difficultés subsistent. La réinstallation dans un nouveau pays est une expérience difficile pour n'importe qui, mais quand on y ajoute la discrimination fondée sur l'identité et la prévalence élevée du VIH dans certaines villes canadiennes, les obstacles sont encore plus grands. Ce programme fonctionne parce qu'il rassemble des Canadiens bienveillants qui les aident à trouver leur place dans la société. D'après notre expérience, les réinstallations menées par des groupes privés comme le nôtre sont parmi celles qui réussissent le mieux. Pour les nouveaux arrivants, il n'y a rien de mieux que d'avoir son propre groupe de soutien. C'est pourquoi les programmes de parrainage privé du Canada sont cités en exemple partout dans le monde. Par un partenariat public-privé, comme dans le modèle actuel, le gouvernement du Canada facilite l'arrivée de la personne ici, et la communauté l'aide à s'y établir. Nous travaillons ensemble très efficacement. Le gouvernement comme notre communauté en bénéficient. Cela mobilise nos communautés et favorise le parrainage.
Il irait de soi d'officialiser ce travail en lui conférant un caractère permanent. Bref, positionnons notre pays comme un endroit où on accorde de la valeur à la vie de toutes les personnes. Chaque personne que nous avons parrainée nous renvoie le message que nous donnons de la valeur à son humanité. Ensemble, nous pouvons travailler pour montrer au monde que les personnes LGBTQ sont des personnes comme les autres.
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Mesdames et messieurs les députés, bonjour. Chad et moi vous remercions infiniment de nous donner l’occasion de participer à cette séance spéciale sur le rainbow refugee assistance program.
Mon nom est Eka. Mon conjoint et moi nous sommes mariés discrètement au Canada en l’absence de nos amis et des membres de nos familles. J’en avais le cœur brisé. Mais, avec mon conjoint à mes côtés, devant notre célébrant à la pointe Napean, ici même, à Ottawa, je me suis dit que c’était parfait. Nous n’avions prévu aucune fête après la cérémonie.
Nous sommes rentrés en Indonésie. Seuls nos meilleurs amis savaient que nous nous étions mariés. Puis, les choses ont changé. Le gouvernement d’Indonésie a ajouté l’article 292 au Code criminel, article selon lequel tout adulte coupable d’avoir des relations sexuelles avec une autre personne du même sexe serait emprisonné pendant cinq ans. L’Islamic Defenders Front et la police ont joint leurs efforts pour interdire illégalement la tenue d’un séminaire d’éducation sur les LGBT à Jakarta, le 3 février 2016. Ils ont sauvagement interrompu la séance et frappé plusieurs participants, tous des transgenres. Malheureusement, le gouvernement a réussi à cacher cet acte de persécution à la communauté internationale.
Mon conjoint et moi avons été victimes de cyberintimidation sur Twitter, en Indonésie, les gens utilisant le mot-clic #dieyoufaggot. Nos photos ont été publiées partout et, dans leurs gazouillis, les gens disaient que nous devrions pourrir en enfer. Nous ne pouvions pas signaler ces messages à la police, car les choses se seraient tournées contre nous.
[Français]
Un jour que je donnais des cours à l'Institut français d'Indonésie en tant que professeur vacataire, mes élèves et moi avons discuté de ce que nous aimions et de ce que nous n'aimions pas dans la vie. Une de mes élèves m'a dit qu'elle n'aimait absolument pas les homosexuels. J'en ai été étonné et cela m'a laissé perplexe. J'ai alors écouté les raisons pour lesquelles elle nous haïssait. Après l'avoir écoutée, j'ai décidé de ne plus dire un mot. Je craignais les conséquences.
Enfin, mon mari et moi avons décidé de quitter l'Indonésie avec pour seul objectif celui de fonder notre propre famille, ici. Pour sauver notre vie, nous avons recherché des informations dans le site Web d'IRCC. Je vous avouerai franchement que j'ai trouvé toutes les informations qui figurent sur le site plutôt compliquées. Grâce à l'organisme canadien Rainbow Railroad, situé à Ottawa et qui soutient la communauté LGBTQ+, nous avons toutefois reçu de l'aide quant à la procédure à suivre pour présenter une demande d'asile. Nous avons même été mis en communication avec un avocat de Vancouver.
Pour cette raison, j'aimerais remercier le gouvernement canadien de l'appui qu'il offre aux organismes qui se consacrent au soutien de la communauté LGBT sur ce territoire, que j'appelle maintenant mon chez-moi. Je souhaiterais donc que le gouvernement puisse continuer à soutenir les programmes d'aide de Rainbow Refugee au cours des années à venir.
Veuillez agréer, mesdames, messieurs, mes salutations distinguées.
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Je vous remercie, M. Nasution, de nous avoir fait part de votre expérience.
La portée de notre organisation est vraiment devenue internationale en raison de toutes les personnes qui ont subi des injustices du fait de leur appartenance à la communauté LGBTQ+ et qui en ont souffert.
[Traduction]
Foundation of Hope s’attend à ce que nos témoignages apportent suffisamment de preuves pour justifier la recommandation de poursuivre le RRAP. Nous venons aujourd’hui vous offrir notre point de vue. En tant qu’ancien parrain privé et cofondateur de Foundation for Hope, je suis ici en ma qualité d’humain et de citoyen canadien.
Notre organisation existe depuis trois ans grâce à la générosité de la communauté des LGBT+ et de nos alliés. Le 11 juin 2016, nous avons amassé plus de 45 000 $ dans le cadre de notre première campagne de financement organisée grâce à des initiatives locales. Moins de 12 heures plus tard, 50 personnes étaient tuées dans ce que le président Obama a qualifié de la plus importante fusillade de l’histoire américaine, dans un pays qui se dit fier d’être l’épicentre du monde libre. Deux jours plus tard, le gouvernement canadien rejetait une motion visant à reconnaître ce genre d’atrocités basées sur l’ethnicité, la religion et la sexualité comme une forme de génocide.
La protection des droits des transgenres et l’engagement du à lutter contre l’homophobie sont des jalons importants, mais le Canada a encore beaucoup de travail à faire. Le père du premier ministre a déjà déclaré, dans cette Chambre: « L’État n’a rien à faire dans les chambres à coucher des gens. » Le 27 juin 1969, un projet de loi historique décriminalisant l’homosexualité a reçu la sanction royale. Ironiquement, encore une fois, moins de 12 heures plus tard, quatre policiers new-yorkais ont fait irruption dans le Stonewall Inn. Les gestes de violence qui ont suivi ont donné naissance au mouvement moderne pour la défense des droits des LGBT aux États-Unis.
Il s’est écoulé moins d’un an depuis la fusillade à Orlando et près de 50 ans depuis les émeutes qui ont suivi les incidents au Stonewall Inn. Pourtant, des gais se font jeter en bas d’édifices en Syrie et en Irak. Des lesbiennes se font violer et tuer partout sur le continent africain. Plus tôt cette année, dans une ville située dans le nord du Brésil, une femme transgenre a été traînée dans les rues, battue et tuée de façon brutale pendant que des passants filmaient la scène et publiaient leurs vidéos sur Facebook. Au moment où je vous parle, une centaine d’hommes sont séquestrés dans un camp de concentration en Tchétchénie.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, des millions de personnes ont été détenues et tuées en raison de leur ethnicité, de leur religion ou de leur sexualité. Devrait-on comprendre, par le rejet de la motion en juin dernier, que le Parlement ne considère pas les nettoyages ethniques et l’Holocaust comme des génocides?
C’est une question de moralité qui doit aller au-delà de la partisanerie. Nous vivons la pire crise humanitaire de l’histoire. On peut faire un choix politique, choisir son camp, et ignorer les injustices commises au-delà de nos frontières, mais cela serait contraire à la collaboration entre tous les partis pour poser un geste moralement acceptable et faire respecter les droits de la personne, choses pour lesquelles notre pays est mondialement reconnu. La question qu’il faut se poser, c’est quel camp le gouvernement a-t-il choisi?
Le parrainage privé d’allosexuels nécessite la participation de donateurs et de bénévoles, ainsi que le soutien du gouvernement. Le processus de demande auprès d’IRCC est difficile, notamment dans les régions comme la Tchétchénie où, comme l’a souligné Mme Hébert, le temps de traitement dépasse les quatre ans. Si le gouvernement du Canada est sérieux dans son soutien aux programmes de parrainages privés des LGBT ou dans sa défense des droits des LGBT en général, il est essentiel qu’il s’assure du maintien du RRAP.
[Français]
Merci à tous de nous avoir donné la possibilité d'exprimer nos sentiments.
[Français]
Au nom de tous les membres du Rainbow Refugee, je veux vous remercier de cette occasion qui nous est offerte de venir présenter le travail que nous accomplissons.
[Traduction]
C’est un honneur pour notre organisation d’être responsable du rainbow refugee assistance program et nous sommes fiers de travailler en collaboration avec Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada. Ensemble, nous avons encouragé les communautés LGBTA canadiennes de 15 municipalités, d’Halifax à Salt Spring Island en passant par Winnipeg, à parrainer des réfugiés qui tentaient de fuir la persécution homophobe, transphobe et liée au VIH. Ces communautés ont accueilli 75 nouveaux arrivants LGBTA de partout sur la planète et, ensemble, elles ont amassé plus de 1,4 million de dollars, plus que les fonds consentis par le gouvernement fédéral.
Ces chiffres ne témoignent qu’en partie de la réussite de ce programme. Pour un point de vue plus personnel, je vais laisser la parole à Soubhi.
J’ai choisi de prendre un risque aujourd’hui en venant témoigner au nom des milliers ou même des millions de personnes qui ont suivi le même chemin que moi et probablement un chemin beaucoup plus difficile sans espoir de voir la lumière au bout du tunnel. J’ai décidé de confronter une de mes peurs, peut-être pas la peur de parler en public ou même de parler, en général, mais la peur de parler d’un sujet tabou. Dans mon pays d’origine, il est absolument défendu d’être soit même et d’exprimer à voix haute qui l’on est.
Je suis syrien. J’ai grandi à Damas où je n’ai jamais pu être moi-même. J’ai toujours vécu un mensonge avec ma famille, mes amis et ma communauté très unie. En 2013, j’ai terminé mes études comme architecte et je me suis rendu à Dubaï, aux Émirats arabes unis, pour y amorcer ma carrière après que la Syrie ait été assiégée par la guerre. La situation aux EAU n’était pas meilleure qu’en Syrie; c’était même peut-être pire. J’ai toujours vécu dans la peur. Je n’ai jamais été moi-même. Tous les jours, je m’attendais à être expulsé du pays pour avoir été moi-même et pour avoir violé de nombreuses lois inhumaines. Après plus de trois ans aux EAU, mon partenaire et moi avons tenté pendant des mois d’en apprendre davantage sur la réinstallation au Canada. Nous avons été mis en communication avec Rainbow Refugee.
En juin 2013, notre demande était en cours de traitement lorsque j’ai été pris au piège par des responsables du gouvernement et placé en détention, à Dubaï, pendant cinq jours, sans retourner chez moi ou voir quiconque. Mon permis de résidence a été annulé et j’ai été transporté directement à l’aéroport pour être expulsé du pays. Habituellement, les gens sont expulsés vers leur pays d’origine. Moi, j’ai été expulsé vers Beyrouth, au Liban, sans savoir combien de temps j’allais rester à cet endroit.
Des membres de mon cercle au sein de l’organisation Get Syrious, à Vancouver, ont contacté d’autres membres d’organisations LGBTA au Liban qui ont fait de leur mieux pour m’aider à prendre ma vie en main alors que je n’avais nulle part où rester, aucun emploi et aucun revenu. Après six mois au Liban, nos documents étaient prêts et nous avons pu nous envoler vers Vancouver, au Canada.
Mon premier mois à Vancouver a été un soulagement, mais tout n’était pas rose. J’ai vécu des hauts et des bas; d’ailleurs, je me remets encore des séquelles du traumatisme que j’ai vécu. Après cinq mois au Canada, pour une personne comme moi ayant vécu au Moyen-Orient, élevé avec certaines croyances en matière de péchés et d’impuretés et de déshonneur, j’ai réalisé qu’il fallait beaucoup de temps pour laisser tomber les tabous et les insécurités.
Ma vie a été une montagne russe. Mon arrivée au Canada a été la dernière descente; une chute soudaine suivie d’une secousse et d’un arrêt progressif du manège. Ma vie a pris une autre direction en arrivant au Canada. Aujourd’hui, je vais m’adresser à vous et vous parler d’où je viens et vous dire qui je suis. Je peux être l’auteur de mon propre livre et écrire le nouveau chapitre qui me plaît. Aujourd’hui, je ne crains plus d’être expulsé en raison de qui je suis, parce que je suis homosexuel. Grâce à ce programme, je ne suis pas en train de faire la guerre en Syrie; je ne suis pas dans un camp de concentration au Liban; je ne crains pas d’être tué.
Je suis ici, comme bien d’autres avant moi et les autres qui suivront. Je suis ici pour vous parler de ce sujet et vous partager mon expérience en toute sécurité.
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L’une des satisfactions qui nous poussent à poursuivre nos efforts, c’est d’être témoins de gestes courageux comme celui que vous venez d’entendre.
Les réactions hostiles à l’égard des personnes de sexe et de genre mixtes en Tchétchénie, au Bangladesh, en Indonésie et en Ouganda au cours des cinq dernières années montrent clairement que la persécution homophobe et transphobe se poursuit et est possiblement en hausse. Les sanctions criminelles imposées dans 73 pays montrent que toutes les régions du globe sont touchées. Le RRAP est une initiative essentielle. Nous insistons auprès d’IRCC pour qu’il en fasse un programme régulier jouissant d’un engagement de financement pluriannuel.
De façon plus générale, nous demandons au gouvernement de s’engager à travailler avec des organisations de la société civile qui défendent les droits des LGBTA, comme celles représentées ici aujourd’hui, pour s’assurer que le Canada joue un rôle proactif dans la promotion des droits de la personne et la protection des personnes de sexe et de genre mixtes partout dans le monde. Le RRAP étend la protection et la réinstallation des réfugiés à certains des réfugiés les plus à risque sur la planète qui souhaitent fuir les menaces de violence contre leurs familles, leurs communautés et leurs pays. Ils fuient vers des pays voisins où la situation est souvent aussi dangereuse. Les Afghans tentent de passer inaperçus au Pakistan et les Ougandais peinent au Kenya.
Pour de nombreuses raisons, les réfugiés LGBTA ignorent qui peut les protéger ou ne font pas confiance au UNHCR. Le RRAP passe par les réseaux d’ONG de confiance pour identifier ceux qui devraient faire l’objet d’une réinstallation. Les groupes de parrainage du RRAP forment une communauté de soins qui communique avec ceux qui sont sur le point d’arriver et qui offre à ces gens de l’espoir et un soutien pratique. À leur arrivée, les nouveaux arrivants sont pris en charge immédiatement par les cercles du RRAP. La réinstallation comporte des défis très particuliers pour les réfugiés LGBTA et les cercles du RRAP discutent ouvertement avec eux des réalités quotidiennes de la vie des LGBTA dans les villes canadiennes où la diversité est souvent déconcertante.
Les partenariats et la collaboration sont essentiels à la réussite du RRAP. Le gouvernement fédéral offre un soutien au revenu de trois mois, plus des fonds initiaux, pour chaque réfugié parrainé. Les cercles organisent des campagnes de financement pour aider les réfugiés pour les neuf autres mois. Ce petit investissement de fonds public apporte beaucoup aux Canadiens. Les signataires d’ententes de parrainage sont des partenaires motivés, car leurs allocations ne sont pas touchées. Ils s’assurent que les responsabilités fiduciaires sont assumées et apportent des décennies d’expérience en matière de parrainage. Les cercles du RRAP sont composés de gens passionnés, compétents et ayant du vécu en ce qui a trait aux LGBTA. Nous nous améliorons tous dans l’accueil de réfugiés LGBTA.
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Merci, monsieur le président.
Témoin 1, Eka et Soubhi, j’aimerais d’abord vous souhaiter la bienvenue dans votre nouveau pays. Je suis arrivé ici à l’âge de 10 ans en tant que réfugié et j’ai travaillé très longtemps auprès des réfugiés. Je comprends toute l’anxiété et les nombreuses émotions que l’on ressent après s’être installé au Canada.
J’aurais deux questions à poser. Ma première question s’adresse à vous trois. En quelques mots, quels sont quelques-uns des défis auxquels vous avez été confrontés à votre arrivée au Canada?
Ma deuxième question s’adresse aux représentants des organisations. Combien de parrains potentiels comptez-vous sur votre liste et, outre le délai de traitement dont nous entendons toujours parler, quels sont quelques-uns des défis auxquels vous êtes confrontés en matière de réinstallation? C’est davantage une question ouverte. Témoin 1, peut-être que vous pourriez nous répondre d’abord?
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Nous sommes un organisme de bienfaisance enregistré au Canada. L'obtention du statut d'organisme de bienfaisance enregistré nous était essentielle pour accroître notre base de donateurs, car les gens veulent évidemment bénéficier du crédit d'impôt. Une des conditions pour l'obtention du statut était que le financement que nous accordions ne soit destiné qu'à d'autres organismes de bienfaisance enregistrés, et c'est ce que nous faisons. Capital Rainbow Refuge est le principal organisme, bien entendu. Nous avons aidé Rainbow Refugee à obtenir le statut d'organisme de bienfaisance enregistré, qui a été obtenu récemment, ce qui lui permet de nous présenter des demandes de subventions directement. C'est formidable.
J'aimerais parler d'un aspect fascinant de la tendance qui se dessine. Il y a un mouvement émergent. Non seulement les gens veulent organiser des campagnes de financement en notre nom, mais d'importantes sociétés comme la Banque TD nous font des dons incroyables. Dans le cadre de son programme de la Fierté, TD Aéroplan nous a donné trois millions de milles Aéroplan que nous pouvons utiliser à notre guise pour notre cause. Au début, évidemment, on a tendance à se dire que c'est formidable, puisqu'on pourra amener des réfugiés au pays, mais nous ne pouvons utiliser nos milles Aéroplan à cette fin en raison du processus rigoureux qui est en place. Le gouvernement canadien doit en effet fournir à l'Organisation internationale pour la migration les fonds nécessaires au transport des réfugiés, de sorte que cela ne figure pas dans ce flux des rentrées provenant d'un important portefeuille. Donc, pour nous, c'est un problème majeur. Nous espérons pouvoir discuter avec le gouvernement pour présenter notre point de vue et ainsi permettre aux groupes de parrainage que nous avons appuyés d'avoir plus facilement accès au financement des frais de déplacement. La Banque TD veut et peut nous appuyer. C'est un énorme défi, et je pense que je me devais de le souligner.
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Merci, monsieur le président.
Je tiens à dire d'entrée de jeu que j'appuie sans réserve l'idée de faire du PARR un programme permanent à financement continu.
Je tiens aussi à remercier de leur travail les organismes qui oeuvrent dans ce domaine au Canada. À ceux qui sont venus nous raconter leur histoire, je vous félicite de votre courage. Je veux également remercier Chad de nous avoir mis mal à l'aise, car nous devrions l'être.
Le fait est qu'aucune personne ne devrait être persécutée ou torturée en raison de l'amour qu'elle porte à une autre ou parce qu'elle a choisi de vivre selon ses propres principes. Le Canada se doit d'en faire un principe permanent, non seulement par des déclarations et de belles paroles, mais aussi par l'intermédiaire de programmes de ce genre.
Comme nous n'avons pas prévu beaucoup de réunions pour cette étude, j'aimerais consacrer le reste du temps qui m'est imparti pour traiter de la forme que pourrait prendre un programme permanent, notamment ce qui concerne les valeurs, les indicateurs et le cadre de fonctionnement.
J'ai dégagé diverses propositions dans les mémoires que vous avez présentés et les exposés que vous avez faits aujourd'hui. Il s'agit notamment de veiller à ce que le financement et le programme soient conçus en fonction des besoins des membres de la communauté LGBTQ qui viennent au pays à titre de réfugié; de veiller à ce que les temps de traitement tiennent compte du fait que les gens de la communauté LGBTQ figurent, dans beaucoup de régions du monde, parmi les personnes les plus persécutées; de veiller au maintien du volume de demandes, pour toute initiative que nous pourrions mettre en oeuvre, en évitant que cet enjeu tombe soudainement dans l'oubli et ne figure plus parmi les priorités.
J'ai déduit que nous devons chercher à démystifier le processus ou éliminer toute confusion à cet égard. Les gens dans le besoin ont d'autres préoccupations que de chercher à comprendre comment avoir accès au programme; il s'agit donc, encore une fois, de démystifier le processus ou de simplifier les renseignements.
Le programme devrait aussi être assez souple pour que nous puissions l'adapter aux circonstances, comme la situation en Tchétchénie. On a fait valoir, à maintes reprises, que la communauté est persécutée dans un si grand nombre de pays — 76 pays — et que nous ne pouvons intervenir dans chacun des cas. J'estime que s'il est maintenu, ce programme devrait pouvoir être modulé en fonction de ce genre de situations. Il devrait être souple, et on ne devrait pas avoir à faire des études en comité pendant six mois avant d'intervenir.
J'ai également entendu parler du problème des interrogatoires, tant pour le processus du HCR que pour celui du gouvernement canadien. J'ai appris que des membres de la communauté se sont fait poser des questions totalement inappropriées, comme « Êtes-vous dominant ou dominé? » Je pense qu'on devrait faire preuve de délicatesse et que des efforts concertés doivent être faits en ce sens.
Je crois aussi comprendre que le financement fourni devrait vraiment tirer parti de la capacité et vise à l'accroître, de façon continue, en misant sur la grande générosité des Canadiens à cet égard. Cela pourrait être une des valeurs.
Je dirais en outre que nous devons examiner certaines questions tangentielles, afin de... Pour terminer, je dirais que nous devrions probablement discuter des indicateurs; je m'en remettrais à vous. Comment cela peut-il être mesuré? Vous avez entendu la discussion que cela suscite au ministère; il s'agit d'un aspect extrêmement complexe de la filière des réfugiés pris en charge par le gouvernement. Quelle approche devons-nous adopter?
Quant à l'observation selon laquelle ce problème est d'ordre mondial, cela ne peut se limiter à la réinstallation. La mise en place d'un programme permanent au Canada doit être accompagnée d'une dénonciation virulente et continue des régimes qui ont mis en place, dans leur appareil gouvernemental, la persécution systémique à l'égard de la communauté LGBTQ. Notre intervention ne peut se limiter à la réinstallation. Nous devons prendre position, sur le plan diplomatique, contre les pays qui agissent ainsi.
Voilà les conclusions auxquelles je suis arrivée. Il me reste trois minutes. J'aimerais simplement avoir vos observations à ce sujet. Agissons-nous adéquatement? Êtes-vous d'accord là-dessus? Ai-je oublié quelque chose?
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Merci beaucoup, monsieur le président. Je remercie aussi tous les témoins de leurs exposés. Je tiens en particulier à remercier ceux qui sont venus nous parler de leur expérience personnelle, car cela nécessite énormément de courage.
Je peux vous dire que tout être humain qui accorde une grande valeur à la vie humaine ne peut qu'être ému par vos témoignages et par ce que vous tentez de faire. Je ne saurais vous remercier assez de l'excellent travail que vous faites et de vous porter à la défense de chacun d'entre nous et de l'humanité.
Cela dit, puisque nous n'avons que quelques minutes pour poser des questions, j'aimerais parler des recommandations que le Comité pourrait inclure dans son rapport. Je crois que vous avez tous parlé de l'importance que vous accordez au programme d'aide aux réfugiés Rainbow. J'aimerais donc, aux fins du compte rendu, que vous me confirmiez à tour de rôle que vous demandez au gouvernement d'assurer la permanence du programme afin que ce ne soit plus un projet pilote, pour que vous ayez un financement stable de façon à pouvoir planifier et accroître vos activités liées à cet important enjeu.
Je vous demanderais de répondre brièvement, et j'aurai ensuite une question complémentaire à ce sujet. Nous commençons de ce côté-ci.
Madame Hébert, vous avez parlé des délais de traitement des demandes, que vous souhaitez voir réduits. Je voulais seulement vous donner les résultats du gouvernement en ce qui a trait à la réduction de ces délais.
Les délais s'étaient allongés au cours des 10 dernières années. Par exemple, il fallait parfois attendre plus de deux ans pour faire venir son époux par l'entremise du processus de parrainage. Nous avons réduit ce temps d'attente à 12 mois.
Pour les demandes de parrainage au titre du regroupement familial, il fallait attendre 16 mois en 2006, et ces délais se sont allongés jusqu'à 35 mois. Le gouvernement a mis en place de nombreuses initiatives pour réduire les délais de traitement des demandes. C'était le mandat du ministre: réduire les délais de traitement dans tous les secteurs, qu'il s'agisse des demandes d'étudiants ou des demandes de parrainage au titre du regroupement familial.
Nous avons mis en place des initiatives pour réduire les délais de traitement. Nous sommes au pouvoir depuis un an et demi. Il nous faut un peu de temps. Nous avons affecté plus de ressources au ministère.
Quels volets du financement des projets pilotes peut-on améliorer pour rendre le projet plus durable à long terme?
Ma question s'adresse à tous les témoins.
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Un engagement à long terme nous permettrait d'accroître notre capacité de financement. Il permettrait aussi aux divers groupes d'échanger ce que j'appelle les meilleures pratiques émergentes. Le programme permet notamment d'accroître la capacité de la communauté locale; non seulement celle des cercles ou des groupes, mais aussi celle des organismes d'aide à l'établissement. Bon nombre de nos groupes entretiennent des liens avec ces organismes pour veiller à ce que les personnes qu'ils parrainent aient accès à ces services.
Nous apprenons et nous grandissons ensemble au fil du processus. C'est quelque chose qu'on ne peut pas mesurer dans les plans ou objectifs d'origine du programme, mais qu'on voit sur le terrain: la collaboration entre les communautés confessionnelles, les communautés qui participent à la réinstallation des personnes et les communautés LGBTQ, qui renforce notre capacité globale. J'aimerais qu'on documente cela et qu'on mise là-dessus au fil du temps.
De plus, comme nous l'avons dit plus tôt, nous aimerions régler une situation instable qui dure depuis longtemps. Les délais de traitement du centre de Nairobi, au Kenya, sont très longs. Certains ressortissants ougandais et congolais ont fui une situation mortelle, mais sont coincés là depuis de nombreuses années, dans une situation très dangereuse. Nous aimerions accroître la capacité dans l'ensemble du pays pour réinstaller les gens de cette région.
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Merci, monsieur Tabbara.
Je sais que tous les membres du Comité se joignent à moi pour remercier du fond du coeur tous les témoins qui ont comparu devant nous aujourd'hui: les ONG pour leur travail essentiel qui sauve des vies et les témoins pour leur courage. Je sais qu'il a fallu énormément de courage à au moins un d'entre vous, puisque votre témoignage pourrait placer vos amis et votre famille en situation de risque dans votre pays natal.
Je suis très heureux de voir que votre pays d'adoption, le Canada, est un endroit accueillant où vous pouvez vivre sans vous cacher et où, au contraire, nous célébrons ce que nous sommes. J'aimerais donc vous dire merci.
Mesdames et messieurs les membres du Comité, avant de mettre fin à la séance, je dois vous dire qu'il faut fournir la liste des témoins de l'étude du Canada atlantique d'ici le 12 mai afin de permettre les préparatifs habituels. Avez-vous des questions à ce sujet?