:
Merci, monsieur le président.
Honorables députés, bonjour, et merci de me donner l'occasion de témoigner devant vous aujourd'hui.
Au nom du FNUAP, je tiens à remercier le gouvernement et les citoyens du Canada de leur appui indéfectible au mandat du FNUAP, qui consiste à bâtir un monde où chaque grossesse est désirée, où chaque accouchement est sans danger et où chaque jeune peut réaliser son plein potentiel.
Nous avons hâte de poursuivre ce partenariat alors que nous nous apprêtons à collaborer avec les pays en vue d'atteindre les objectifs mondiaux adoptés en septembre 2015 par la communauté internationale.
Permettez-moi de vous rappeler rapidement que l'année dernière, nous avons conclu non pas une série d'ententes, mais bien trois: premièrement, l'accord sur le financement du développement, signé en juillet à Addis-Abeba; deuxièmement, l'accord de septembre sur les objectifs proprement dits, à New York; et troisièmement, l'accord sur les changements climatiques, à Paris. Nous devons examiner les trois en parallèle, parce qu'ils fonctionnent ensemble dans la quête visant à créer une planète durable.
Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 nous invite tous à ne laisser personne de côté et à commencer par les plus défavorisés. Trop souvent, ce sont justement ces personnes que nous ne parvenons même pas à atteindre et, quand nous analysons en profondeur leur profil démographique, nous nous rendons compte qu'il s'agit généralement des femmes et des filles.
Prenons le cas des adolescentes. Des preuves accablantes montrent que l'investissement dans l'éducation, la santé et le bien-être des adolescentes, y compris leur santé sexuelle et génésique et leurs droits connexes, rapporte beaucoup. Le sort des filles peut déterminer les perspectives de développement à long terme de leur pays, car tout dépend de la question de savoir si elles ont des possibilités de s'épanouir ou si elles croupissent dans la pauvreté.
Il est donc essentiel de veiller à ce que les filles puissent exercer leurs droits, rester à l'école, ne pas se faire marier à l'âge de 10 ou 11 ans, acquérir les aptitudes et les connaissances dont elles ont besoin pour intégrer le marché du travail, vivre à l'abri de la violence — par exemple, la mutilation des organes génitaux féminins —, et ne pas être victimes d'abus et d'exploitation — par exemple, la traite de personnes; c'est non seulement essentiel pour leur bien-être, mais par-dessus tout, c'est à la base de la santé et de la prospérité des familles, des collectivités et des nations.
Nous devons donner à ces filles un accès libre à une éducation sexuelle complète, tout en supprimant les lois qui entravent leur accès à l'information et aux services, notamment aux services de contraception et, comme je l'ai dit, nous devons protéger ces filles contre le mariage précoce et d'autres pratiques préjudiciables qui les écartent de l'école.
Voici deux exemples de programmes qui produisent des résultats tangibles auprès des adolescentes les plus défavorisées: l'initiative d'action pour les adolescentes et le programme international pour accélérer la lutte contre les mariages d'enfants. Au Niger, à titre d'exemple, les adolescentes ayant participé à ces programmes se sont mariées plus tard. Parmi celles qui se sont mariées, le taux d'utilisation de contraceptifs est passé de 18 à 34 %. En somme, nous les aidons à se prendre en main et à faire quelque chose de plus épanouissant.
Dans ces circonstances, l'appui du Canada permet de concrétiser ces objectifs, et nous en sommes reconnaissants au gouvernement du Canada.
Qu'en est-il de la planification familiale et de l'initiative d'approvisionnement du FNUAP?
Presque tout le monde reconnaît que la planification familiale est l'un des meilleurs investissements que nous puissions faire pour le développement humain. En effet, il me semble désormais acquis que la planification familiale constitue l'intervention la plus importante et la plus efficace pour l'humanité. Lorsque les femmes et les couples peuvent choisir quand avoir des enfants, les droits des femmes progressent. Les femmes et leur famille sont en meilleure santé, et les pays deviennent plus forts et plus durables sur le plan économique. L'argument que je répète toujours, c'est que la planification familiale n'est pas une intervention en matière de santé, mais une intervention destinée à outiller les femmes, et c'est dans cette optique que nous examinerons cette question. Le droit des femmes de faire des choix, d'être maîtresses de leur corps et de prendre des décisions qui les touchent est essentiel au développement humain.
Grâce à son initiative d'approvisionnement, le FNUAP est le plus grand fournisseur de contraceptifs à l'échelle mondiale dans le secteur public. Depuis 2007, nous avons fourni des contraceptifs qui ont permis de sauver plus de 700 000 vies et d'économiser des milliards de dollars en dépenses directes en santé dans les pays où les taux de mortalité maternelle sont les plus élevés et où les besoins en planification familiale sont loin d'être satisfaits. L'an dernier seulement, nous avons aidé quelque 33 millions de femmes dans plus de 46 pays à avoir accès à des contraceptifs modernes et à des services de santé génésique, évitant ainsi environ 9 millions de grossesses non désirées et le décès de plusieurs centaines de milliers de femmes et de nouveau-nés. Malheureusement, un manque à gagner d'environ 1,2 milliard de dollars au cours des cinq prochaines années risque de compromettre notre capacité d'aider les pays à fournir à d'autres femmes et filles des contraceptifs modernes, et il sera même difficile de maintenir le financement actuel des services à la famille.
Je vous donne quelques chiffres. Aujourd'hui, nous estimons que 225 millions de femmes en couple veulent bénéficier de la planification familiale, mais elles n'y ont pas accès. Par là, j'entends les femmes qui sont mariées et qui ont donc besoin de planification familiale. Elles n'en bénéficient pas. Ce chiffre, 225 millions, est énorme. Or, quand on tient compte du coût par habitant, c'est très minime: moins de 25 $ par habitant. Le coût par habitant est peu élevé, et j'ose espérer qu'aux yeux des députés présents dans cette enceinte sacrée, la vie d'une femme vaut plus que 25 $. Nous utilisons ce chiffre pour vous donner une idée des besoins.
Nous nous réjouissons de voir que le Canada a rétabli hier son appui à ce programme afin que la sécurité d'approvisionnement en produits contraceptifs devienne une réalité pour les femmes et les filles du monde entier. La somme est peut-être modeste, mais je pense qu'il s'agit d'un très grand pas en avant au chapitre de l'engagement du Canada. Le Canada a toujours appuyé notre programme en matière de sécurité d'approvisionnement en produits contraceptifs. Cette mesure améliorera et sauvera des vies. Elle aura également des effets positifs d'une génération à l'autre, ce qui aura pour conséquence d'éradiquer la pauvreté et de stimuler les économies.
Permettez-moi de vous faire part de quelques récits. Je crois que cela mettra les choses en perspective, puisqu'il s'agit de cas réels.
Je vais vous raconter l'histoire d'Aïcha. Elle avait 12 ans quand ses parents l'ont retirée de l'école afin qu'elle contribue aux travaux de la ferme familiale. Elle s'est mariée à l'âge de 14 ans et elle a eu un enfant un an plus tard. C'est un récit que nous entendons pratiquement tous les jours lorsque nous allons sur le terrain. Pour bien des filles, la suite est prévisible: plus d'enfants, moins de possibilités et une dégradation de la santé de la mère et de ses enfants. On constate que, dans ce genre de situation, une femme peut se ramasser avec six ou sept enfants. Elle donne naissance à un enfant presque chaque année. Si elle survit, elle est en proie à des problèmes de santé chroniques; si elle ne survit pas, ses enfants deviennent orphelins. Les choses n'ont pas à se passer ainsi. Nous pouvons renverser cette tendance, et nous pouvons aider les filles comme Aïcha.
Aïcha était une des chanceuses. Quand elle a eu son enfant, elle l'a emmené à une clinique d'immunisation, où on lui a fourni des renseignements sur la planification familiale. Les options offertes étaient appuyées par le site de planification familiale du FNUAP au sein de notre collectivité. Elle est allée là, et elle a reçu de l'information sur la planification familiale; ainsi, elle a pu avoir un certain répit afin de pouvoir prendre soin de son enfant et de retrouver sa santé.
Elle sensibilise maintenant les filles et les femmes de sa collectivité aux options disponibles, et elle a pu retourner sur les bancs d'école afin de poursuivre ses études. Nous aidons aussi certaines de ces filles à reprendre leurs études afin d'acquérir des compétences. Tant qu'elles posséderont des compétences, elles pourront se débrouiller seules. C'est ainsi que nous aidons à créer des familles, des collectivités et des nations plus fortes et plus résilientes, une Aïcha à la fois.
Notre travail porte, en grande partie, sur l'aide humanitaire. Près de 60 millions de personnes sont déracinées en raison de conflits, soit le plus grand nombre depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Les soins de santé sexuelle et génésique et la protection contre la violence sexuelle et sexiste revêtent une importance cruciale pour les femmes partout dans le monde, mais surtout pour celles qui fuient les zones de guerre ou qui s'y trouvent. Les femmes continuent de mettre des enfants au monde lorsqu'un conflit éclate ou lorsqu'une catastrophe vient frapper leur région. Les femmes n'arrêtent pas d'avoir leurs règles tous les mois en raison d'une catastrophe. Beaucoup d'entre elles donnent naissance pendant leur fuite, sans même avoir accès au strict nécessaire pour accoucher dans des conditions hygiéniques et sans danger. Les installations médicales peuvent être rayées de la carte à la suite de catastrophes naturelles ou de conflits, et le chaos qui s'ensuit risque d'accroître l'exposition des femmes à la violence. Pendant les conflits, les femmes sont plus exposées à la violence qu'en temps normal. Par conséquent, elles font face à toute une série de difficultés: violence, manque de services, maladies et décès.
Je crois que vous avez tous une copie du rapport L'État de la population mondiale 2015. Il s'agit d'un appel lancé aux gouvernements et aux groupes d'aide partout dans le monde afin de faire en sorte que la santé sexuelle et génésique des femmes et leurs droits en matière de procréation soient propulsés au premier plan du programme international d'intervention humanitaire. Nous avons choisi ce dossier parce que nous estimons qu'il doit être mis à l'avant-plan.
En mai, nous organiserons, à Istanbul, le Sommet humanitaire mondial. Une telle rencontre s'impose pour que tout le monde soit conscient de la place qu'occupent les questions féminines dans notre cadre de travail. Les statistiques en disent long. Trois décès maternels sur cinq surviennent dans des contextes fragiles d'aide humanitaire — trois sur cinq. Les taux de mortalité maternelle sont plus élevés en période de crise qu'en temps de paix. Chaque jour, 507 femmes et adolescentes meurent pendant la grossesse et l'accouchement dans des zones de crise et de conflit. Plus de 100 millions de personnes ont besoin d'aide humanitaire cette année. Environ 26 millions d'entre elles sont des femmes et des adolescentes en âge de procréer.
Il y a deux semaines, nous avons souligné la naissance du 5 000e bébé, une petite fille en bonne santé du nom de Rima, dans une clinique financée par le FNUAP, située dans le camp de réfugiés de Zaatari, en Jordanie. Il s'agit de réfugiés syriens qui sont entrés en Jordanie. Nous y offrons des services depuis 2013. Nous avons pu faire le 5 000e accouchement là-bas. L'aspect important pour nous, c'est que depuis l'ouverture de notre clinique en 2013, aucune femme et aucun enfant ne sont morts. Les 5 000 enfants et leur mère sont tous vivants. C'est une source de fierté pour nous, au FNUAP, à titre d'organisme d'aide humanitaire. Je n'entrerai pas dans les considérations politiques, parce que c'est quelque chose qui devrait exister partout en Syrie, mais je me contenterai de dire que nous sauvons des vies.
Rima, la nouveau-née, et sa soeur de deux ans sont nées dans le camp de Zaatari, et c'est aussi là que leurs parents se sont mariés. J'ignore si vous savez que chaque camp... Vous n'avez pas intérêt à ouvrir un camp, car il faut 19 ans avant de pouvoir plier bagage. Les gens ne veulent pas rentrer chez eux, car ils ont peur de ce qui se passe dans leur lieu d'origine. Voilà pourquoi, dans de nombreuses régions du monde, les camps représentent désormais la nouvelle norme. Nous devons continuer d'offrir de l'aide afin que les gens aient une vie meilleure.
L'an dernier seulement, nous avons distribué du matériel, des médicaments et des produits de santé génésique, ce qui a aidé 35 millions de femmes et d'adolescentes dans des pays en crise. En 2014, nous avons fourni des contraceptifs et des produits de planification familiale qui visaient près de 21 millions de femmes, d'hommes et d'adolescents dans des contextes d'aide humanitaire, de la Syrie au Yémen, en passant par le Soudan du Sud. Je tiens d'ailleurs à remercier le gouvernement du Canada de nous accorder 50 millions de dollars au cours des cinq prochaines années afin d'offrir des services de sage-femme au Soudan du Sud, de sorte que nous puissions sauver la vie des femmes là-bas. Ce financement a été annoncé hier.
Nous travaillons à assurer des accouchements en toute sécurité et à protéger les personnes contre la peur et la violence sexuelle. Les besoins humanitaires étant de plus en plus grands et la vulnérabilité des femmes et des filles dans ces situations étant démesurément élevée, j'exhorte le Canada à aider le FNUAP à multiplier ces efforts qui sauvent des vies.
Pour terminer, j'aimerais remercier le gouvernement et la population du Canada de leur appui politique et financier de longue date au FNUAP, en particulier dans les dossiers dont je viens de parler: les adolescents, la planification familiale et les questions liées à la réduction des risques de catastrophe. Grâce à votre aide, nous veillerons à ce que d'autres filles comme Aïcha puissent poursuivre leurs études, à l'abri du mariage, évitant ainsi la maternité à un tout jeune âge. Et nous pourrons faire en sorte qu'un plus grand nombre de femmes accouchent sans danger, où qu'elles soient, et que d'autres bébés comme Rima naissent en bonne santé, même dans les circonstances les plus difficiles.
Honorables députés, cette année, 59 millions de filles atteindront l'adolescence. Au regard des objectifs de développement durable que la communauté internationale a promis de concrétiser, nous avons l'occasion de fournir à ces filles les meilleures conditions et le meilleur contexte possible pour leur permettre de s'épanouir et de réaliser leur plein potentiel. Grâce à votre appui, nous pouvons nous assurer qu'elles grandissent en santé et en sécurité, qu'elles prennent leur destin en main, qu'elles ont accès à l'éducation et qu'elles occupent un emploi. Je sais que nous pouvons les aider à réaliser leurs rêves et leurs aspirations, et je suis convaincu qu'ensemble, nous pouvons bâtir un monde juste, inclusif et durable.
Je vous remercie de votre attention.
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Je vous remercie beaucoup.
Permettez-moi de dire ceci. Étant donné que tous les pays ne sont pas homogènes — et le Canada en est un bon exemple —, l'organisation examine chacun d'eux séparément. Nous tentons de comprendre le contexte et les collectivités en jeu. Dans une certaine mesure, le fait de comprendre où sont les leviers au sein d'une collectivité — notamment en ce qui concerne la planification familiale — est ce qui nous permet de nous y introduire et d'offrir des services. Je peux vous affirmer que nous avons remporté d'importantes victoires dans de nombreuses parties du monde simplement en cherchant à créer des liens avec les collectivités, en nous efforçant de les comprendre et en travaillant avec elles.
Prenons l'exemple de l'Indonésie, le plus grand pays musulman au monde. Le taux de contraception y est de 50 à 60 %, ce qui est bon. Nous devons faire plus, mais nos efforts ont quand même porté leurs fruits. En Tunisie et en Algérie, nous avons eu du succès. Ce sont des musulmans, mais ils ont accepté ce que nous tentions de faire. Nous avons eu du succès en Égypte jusqu'à l'arrivée des fondamentalistes, mais nous y avons fait des progrès.
Je ne crois pas que ce soit une question de religion ou de quoi que ce soit d'autre. Je crois qu'il s'agit plutôt de la compréhension que nous avons de la situation et de notre capacité à rencontrer les gens et à travailler avec eux.
Une autre chose importante selon moi — et je crois que le dernier intervenant en a parlé — c'est le soutien politique, la volonté politique et le leadership. Une fois que vous avez la volonté et le leadership politiques de votre côté, les choses bougent mieux que ce à quoi vous vous attendiez.
La semaine passée, j'ai parlé à un diplomate du Bangladesh, l'un des pays les plus pauvres de la planète. C'est un pays musulman, complètement musulman, mais la planification familiale a quand même permis d'y faire passer de 6,2 à 2,5 le nombre d'enfants par femme. La population active du Bangladesh compte maintenant quatre millions de femmes, alors l'éducation est en train de se faire. Les choses évoluent.
Je crois que nos succès dépendent de notre habileté à comprendre le contexte et à travailler avec les systèmes, mais sur le terrain et en sachant que c'est le gouvernement qui dirige. Je crois que nous pouvons améliorer les choses.
Dans mon pays, on peut voir une différence. Des progrès ont été réalisés à l'extérieur du Nigeria. Des progrès sont visibles dans certaines parties du Niger. Il y a deux ou trois semaines, nous avons eu une conférence téléphonique avec des chefs religieux du nord du Nigeria. Ils ont dit qu'ils étaient disposés à travailler à la planification familiale avec nous. Je crois qu'il y a eu une certaine compréhension.
L'une des choses qu'il nous faudra améliorer, c'est notre habileté à travailler avec les jeunes, car je crois que, même dans les économies modernes, les parents n'aiment pas aborder le sujet de la contraception avec leurs enfants. Dans un certain sens, c'est la base avec laquelle nous devons travailler — et c'est une nécessité —, puisque les statistiques nous indiquent que 40 à 50 % des femmes qui meurent à la suite d'avortements non sécuritaires sont des jeunes qui ne sont pas mariées. Nous devons les sauver d'elles-mêmes, mais aussi les joindre en leur offrant des services.
:
Merci beaucoup, monsieur le président, et merci beaucoup à tout le monde de nous avoir invités à témoigner devant votre comité aujourd'hui.
[Français]
C'est un véritable honneur, surtout en cette Journée internationale de la femme. C'est un réel plaisir. Merci.
[Traduction]
Je me réjouis de l'occasion qui m'est offerte de m'adresser au Comité au nom d'Affaires mondiales Canada au sujet de la mise en oeuvre des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies sur les femmes, la paix et la sécurité. Comme le président l'a mentionné, je suis ravie d'être accompagnée de ma collègue, Julie Shouldice, directrice générale du Développement social à Affaires mondiales Canada, et de Tony Anderson, conseiller principal en ce qui concerne cette question.
La mise en oeuvre du plan d'action sur les femmes, la paix et la sécurité du gouvernement constitue véritablement un partenariat entre le ministère de la Défense nationale, la Gendarmerie royale du Canada et Affaires mondiales Canada, ainsi que nos importants partenaires de la société civile et sur la scène internationale. Je crois comprendre que le Comité entendra ultérieurement des représentants du ministère de la Défense nationale et de la GRC qui parleront de leurs activités de programme qui, j'en suis certaine, offriront un portrait clair et complet du travail du gouvernement.
Je formulerai quelques commentaires préliminaires en fonction des thèmes que le Comité nous a fournis, puis nous serons ravis de répondre à vos questions.
[Français]
Ce sont la résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations unies, adoptée en 2000, et sept autres résolutions subséquentes qui ont défini le plan d'action international sur les femmes, la paix et la sécurité. Ce dernier reconnaît que les femmes et les filles se butent à des difficultés dans des situations de conflits armés et d'autres urgences. Les femmes et les hommes vivent souvent les conflits et les autres situations d'urgence de façon très différente. En outre, les femmes et les filles souffrent très souvent de manière démesurée à cause du rôle qu'a imposé la société à chacun des sexes.
Elles subissent de la violence sexuelle, notamment en tant que tactique de guerre et de terreur, ce que nous continuons malheureusement à observer en Afrique et au Moyen-Orient. La violation des droits fondamentaux des femmes et des filles s'aggrave en situation de conflit et en situation d'urgence. Cela comprend un nombre élevé de mariages d'enfants, de mariages précoces et de mariages forcés.
Les femmes subissent de la discrimination ou de la violence, ce qui restreint leur accès à l'aide humanitaire. En particulier, les femmes qui survivent à la violence sexuelle peuvent avoir des difficultés à accéder aux services médicaux, socioéconomiques et psychologiques dont elles ont besoin.
Dans les sociétés fragiles et touchées par des conflits, il est fréquent que les femmes n'aient pas la possibilité de jouer un rôle important, en particulier en matière de paix et de sécurité, là où elles pourraient travailler activement à prévenir et à résoudre les conflits qui touchent leur vie et leur bien-être.
[Traduction]
Les solutions proposées dans les résolutions du Conseil de sécurité concernant les femmes, la paix et la sécurité sont très simples et incontestables:
Premièrement, il faut veiller à ce que les femmes et les hommes aient les mêmes chances, même s'il faut appliquer un traitement différent pour y arriver.
Deuxièmement, il faut renforcer l'autonomie des femmes pour qu'elles participent de façon considérable à la vie économique, politique et sociale de leur collectivité et de leur pays, notamment sur les questions de paix et de sécurité.
Troisièmement, il faut pleinement respecter les droits des femmes et des filles.
Quatrièmement, il faut prévenir la violence sexuelle et fondée sur le sexe en soutenant la réintégration des femmes et des filles dans leur collectivité, en leur facilitant l'accès à la justice, ainsi qu'en faisant en sorte que les agresseurs répondent de leurs actes.
Cinquièmement, il faut appliquer l'analyse comparative entre les sexes à toute mesure de prévention et de résolution de conflits, ainsi qu'aux activités de reconstruction et de réconciliation postérieures à un conflit, afin d'élaborer des solutions plus susceptibles de mener à une paix et à une prospérité durables.
L'égalité entre les sexes, le respect des droits de la personne, la justice et le renforcement de l'autonomie des femmes et des filles, ainsi que des hommes et des garçons, représentent des valeurs canadiennes fondamentales qui font la réputation du Canada sur la scène internationale. Le Canada est donc en mesure d'assumer un rôle de chef de file dans les efforts internationaux visant à promouvoir et à mettre en oeuvre le plan d'action sur les femmes, la paix et la sécurité, et c'est ce qu'il fait. La feuille de route du Canada à l'appui de la question des femmes, de la paix et de la sécurité est longue et a commencé par l'ébauche de la résolution 1325, qui a été adoptée en 2000, en tant que membre, à l'époque, du Conseil de sécurité.
Permettez-moi d'énumérer quelques dossiers dans lesquels le pays joue un rôle de premier plan aux Nations unies.
Le Canada a lancé le Groupe des amis des femmes, de la paix et de la sécurité qu'il continue de présider à New York, où le pays joue le rôle de coordonnateur entre les États membres intéressés, la société civile et le Conseil de sécurité sur ces questions.
Le Canada préside également le sous-comité de travail du Comité des 34 de l'Assemblée générale des Nations unies sur le maintien de la paix, où il coordonne le plan d'action, notamment les enjeux touchant les femmes, la paix et la sécurité, et adopte des positions nationales fermes sur les questions, notamment à l'appui de la politique de « tolérance zéro » des Nations unies en matière d'exploitation et d'abus sexuels commis par ses Casques bleus.
Le Canada dirige la rédaction de la résolution annuelle du Conseil des droits de l'homme à Genève sur l'élimination de toute violence contre les femmes, qui comprend le langage sur la violence contre les femmes et les filles dans le contexte des situations de conflit et d'urgence.
Nous soutenons financièrement le travail d'ONU Femmes et le Bureau de la représentante spéciale du secrétaire général chargée de la question des violences sexuelles en conflit, Mme Zainab Bangura. Les députés se rappelleront peut-être que nous avions invité Mme Bangura à prononcer une allocution lors de la réunion de la coalition contre l'État islamique en Irak et en Syrie en juillet dernier à Québec, où elle a livré un témoignage percutant sur les résultats de sa récente mission d'évaluation de la violence sexuelle dans les conflits au Moyen-Orient.
J'aimerais aussi rapidement mentionner que le Canada déploie des efforts pour éliminer les mariages d'enfants, les mariages précoces et les mariages forcés, soit un problème qui s'aggrave en situation de conflit, d'urgence et de déplacement. Depuis octobre 2013, nous avons consacré plus de 80 millions de dollars à des programmes ciblés visant à éliminer ces types de mariages.
[Français]
Les obstacles à la mise en oeuvre du plan d'action en situation de conflit, après un conflit et dans d'autres situations d'urgence sont tenaces. Certains sont plus évidents, y compris les violences horribles contre des femmes et des filles commises par des seigneurs de guerre et des groupes terroristes comme le groupe État islamique et Boko Haram.
Souvent, les normes sociales et culturelles des États faibles et fragiles discriminent les femmes et leur refusent l'accès aux services, aux ressources et à la justice, et ces pratiques sont parfois inscrites dans les lois nationales. Parfois, ces facteurs se combinent pour refuser aux femmes la participation aux processus de paix et de réconciliation.
La discrimination et le manque d'accès sont souvent pires pour les femmes de certains groupes, comme les femmes autochtones ou des collectivités rurales. De plus, il arrive que les forces de sécurité nationales commettent elles-mêmes des violences sexuelles, ce qui crée une culture d'impunité à l'égard de tels délits.
[Traduction]
Le Canada dispose de divers outils et programmes pour s'attaquer à ces problèmes dans les cas préoccupants. Le Groupe de travail pour la stabilisation et la reconstruction, le GTSR, que je dirige à Affaires mondiales Canada, élabore les politiques canadiennes concernant les femmes, la paix et la sécurité et assure la coordination des efforts diplomatiques du Canada pour défendre ces causes. Le GTSR gère également le Fonds pour la paix et la sécurité mondiales et appuie diverses organisations qui s'occupent principalement de remédier aux répercussions de la violence sexuelle et sexiste. Par exemple, dans les régions du Moyen-Orient sous le joug de l'EIIL, particulièrement en Irak, nous avons financé divers projets pour appuyer les victimes de violence sexuelle et sexiste et pour faciliter les enquêtes sur les crimes de cette nature.
Par surcroît, nous resserrons la sécurité dans les camps qui abritent des personnes et des réfugiés déplacés à l'intérieur du pays, particulièrement des femmes et des jeunes filles dans le nord de l'Irak. Nous nous employons à habiliter les femmes à participer activement aux initiatives de paix. À cet égard, nous avons été ravis de déléguer des conseillères auprès du Haut-Comité des négociations de l'opposition syrienne afin d'appuyer les pourparlers de paix pour la Syrie récemment entrepris sous l'égide des Nations unies.
Dans le cadre de l'Arrangement sur la police civile au Canada, l'APCC, nous facilitons l'affectation d'agents de police de partout au Canada à certaines opérations des Nations unies et à d'autres initiatives de paix. Je souligne avec plaisir que, à l'heure actuelle, 25 % des agents de la police canadienne déployés dans le cadre de l'APCC sont des femmes, ce qui dépasse la cible de 20 % fixée par les Nations unies.
Depuis 2014, la police canadienne a participé à la formation de policières candidates aux opérations de maintien de la paix dans divers pays en développement de l'Afrique. Le Canada participe également à des missions internationales visant à soutenir les femmes, la paix et la sécurité. Par exemple, une policière canadienne a été déployée en Ukraine à titre de conseillère en matière d'égalité entre les sexes, dans le cadre de la réforme de la police nationale de ce pays.
En Haïti, la police canadienne, en collaboration avec la police de la Norvège, a offert de la formation pour accroître la capacité de la police nationale haïtienne de faire enquête sur les affaires liées à la violence sexuelle et sexiste.
[Français]
Je vais mentionner brièvement que l'aide humanitaire canadienne comprend l'offre de protection et d'aide pour répondre précisément aux besoins des femmes et des filles en situation d'urgence, comme celles touchées par les crises en Syrie et en Iraq. En outre, l'aide canadienne au développement aborde l'égalité entre les sexes et le renforcement de l'autonomie des femmes et des filles dans les États fragiles et touchés par des conflits.
Le Canada travaille de concert avec des partenaires chevronnés dans des pays comme Haïti, l'Afghanistan et la République démocratique du Congo afin de contrer les répercussions des conflits sur les femmes et les filles, de prévenir les violences sexuelles et d'y réagir, ainsi que de renforcer l'aptitude des femmes à participer aux processus politiques et de consolidation de la paix.
[Traduction]
Le Canada collabore avec les Nations unies pour sévir plus vigoureusement contre tout membre des Casques bleus coupable d'exploitation et de violence sexuelles. Nous favorisons une transparence accrue dans le traitement des cas d'exploitation et de violence sexuelles, et nous exhortons les militaires et les policiers canadiens à respecter leur obligation d'enquête sur les cas de mauvaise conduite. Nous avons accueilli très favorablement la récente nomination de Mme Jane Holl Lute à titre de coordonnatrice spéciale des Nations unies en matière d'exploitation et de violence sexuelles.
Ce problème concerne l'ensemble de la communauté internationale, y compris le Canada, malheureusement. Le Comité a peut-être pris connaissance du rapport publié la semaine dernière par les Nations unies sur les mesures spéciales de protection contre l'exploitation et la violence sexuelles. Je signale que le rapport fait état de deux cas impliquant des Canadiens. Nous avons l'obligation d'insister pour que les Casques bleus, notamment les Canadiens qui font partie de ce groupe, soient tenus de rendre compte de leurs actes.
Enfin, le plan d'action national canadien sur les femmes, la paix et la sécurité constitue le principal cadre stratégique qui oriente les activités du Canada dans ces domaines. Le plan prévoit la publication d'un rapport annuel sur la mise en oeuvre. Trois de ces rapports d'étape ont déjà été présentés au Parlement et le quatrième est actuellement en préparation. Il est possible de consulter ces documents sur le site Web d'Affaires mondiales.
Aujourd'hui, nous sommes enchantés que les ministres, et aient annoncé dans leur déclaration conjointe à l'occasion de la Journée internationale de la femme que le plan d'action national canadien sera renouvelé. Nous nous mettrons au travail immédiatement avec l'ensemble de nos partenaires du gouvernement et de l'extérieur pour mettre à jour le plan d'action national pour tenir compte de la situation en 2016, dans le monde et au Canada . Nous entamerons incessamment des consultations auprès des organisations de la société civile et, bien entendu, du Parlement.
Il reste encore énormément de travail à faire, mais je m'arrête ici pour qu'on puisse me poser des questions.
Je vous remercie beaucoup de votre attention.