[Français]
Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité permanent des affaires étrangères et du développement international de la Chambre des communes, je tiens à vous remercier toutes et tous de m'avoir invité ce matin.
Je suis heureux d'avoir à mes côtés Mme Alexandra Bugailiskis, sous-ministre adjointe à Affaires mondiales Canada pour l'Europe, le Moyen-Orient et le Maghreb.
Toutes et tous conviendront, j'en suis sûr, que la relation de notre pays avec le continent européen sera particulièrement cruciale pour les années à venir, et cela tant en raison des possibilités que l'Europe nous offre que des défis qui se dressent devant elle comme devant nous. Ces défis, nous les relèverons mieux si nous travaillons de très près ensemble, Européens et Canadiens.
Je vais commencer par parler des possibilités.
[Traduction]
L'Europe n'est rien de moins que le deuxième plus grand marché du monde, avec plus de 500 millions de consommateurs et un PIB de 21 mille milliards de dollars. On parle du plus grand importateur au monde de produits aérospatiaux, de poisson et de fruits de mer, de produits pétroliers et gaziers, de télécommunications et de services d'informatique et d'information. Il s'agit du deuxième plus grand importateur de produits automobiles au monde; le Canada détient moins de 1 % de ce marché à l'heure actuelle. L'Europe est le deuxième plus grand importateur d'instruments médicaux et de produits pharmaceutiques au monde, et le deuxième plus important client du Canada pour les métaux et minéraux.
Nous devons veiller à ce que l'Accord économique et commercial global soit une réussite et non seulement un accord signé. Il faut qu'il devienne une réalité sur le terrain, qu'il crée de l'emploi pour nos travailleurs et qu'il attire des investissements dans notre économie.
À l'heure actuelle, seulement 26 % des lignes tarifaires de l'Union européenne sur la marchandise canadienne sont exemptes de droits de douane. Grâce à l'AECG, 98 % des lignes tarifaires de l'Union européenne seront exemptes de droits de douane. Par exemple, lorsqu'on diminuera les droits de douane sur les produits forestiers canadiens, qui s'élèvent présentement jusqu'à 10 %, les producteurs canadiens pourront accroître leurs parts du marché de l'Union européenne.
L'AECG entraînera de nouvelles possibilités pour les exportateurs canadiens de produits agricoles et agroalimentaires, puisque près de 94 % des lignes tarifaires relatives aux produits agricoles seront exemptes de droits de douane. On estime la valeur des dépenses en infrastructures de l'Union européenne à 400 milliards de dollars. Ces dépenses sont plus élevées que celles des États-Unis. D'ici 2020, l'Union européenne aura consacré des centaines de milliards d'euros aux projets de transport, d'électricité et d'accès à large bande. Pour nous, l'AECG représente une occasion en or de réussir dans ce grand marché.
L'AECG est plus qu'un levier pour notre croissance économique. Il représente aussi l'occasion de montrer à notre population et au reste du monde que le commerce et le progrès social peuvent aller de pair. Nul besoin de choisir entre les deux. L'AECG est l'occasion pour nous de faire connaître nos pratiques exemplaires en matière de justice sociale, de durabilité environnementale, de droit du travail, de salubrité alimentaire et ainsi de suite.
[Français]
Cela m'amène à passer des possibilités aux défis.
Ceux de l'Union européenne ont été résumés tout récemment par M. Donald Tusk, le président du Conseil européen. Je le cite: « La deuxième menace, intérieure cette fois, est liée à la montée d'un sentiment anti-UE, nationaliste, de plus en plus xénophobe, au sein même de l'Union européenne [...] Le déclin de la foi dans l'intégration politique, la soumission aux arguments populistes ainsi que la remise en question des valeurs fondamentales de la démocratie libérale sont tous de plus en plus visibles. »
Mesdames et messieurs les députés, le Canada et l'Europe font face à des enjeux qui ne connaissent pas de frontières et qu'ils relèveront mieux ensemble.
Notre poids démographique diminue dans le monde, notre population vieillit. Par conséquent, notre productivité et notre efficacité doivent augmenter.
Nos populations se diversifient, elles deviennent plus hétérogènes. Par conséquent, faisons plus que jamais de notre diversité une force.
L'égalité des sexes n'est pas encore acquise. Par conséquent, inspirons-nous des meilleures avancées au Canada et en Europe.
La mondialisation des marchés et l'automatisation laissent derrière des catégories entières de main-d'oeuvre. Par conséquent, trouvons ensemble les voies de la croissance inclusive.
Notre planète n'en peut plus du saccage que lui impose un développement autodestructeur. Par conséquent, trouvons ensemble les voies du développement durable.
Notre grand voisin commun, la Russie, nous inquiète. Par conséquent, renforçons avec les États-Unis notre défense commune, tout en menant résolument le dialogue nécessaire. Renforçons aussi la coopération afin de contrer la menace terroriste commune.
Non seulement notre accord de libre-échange va nous aider, Européens et Canadiens, à relever ces défis ensemble, mais le fait qu'Européens et Canadiens sont maintenant officiellement des partenaires stratégiques va aussi nous aider à le faire.
[Traduction]
En effet, en plus de l'AECG, nous venons aussi de conclure un accord de partenariat stratégique, qui vise des composantes clés de notre coopération bilatérale et multilatérale, comme la paix et la sécurité, l'énergie propre et le changement climatique, la promotion des droits de la personne, le développement durable et la science et l'innovation.
Comme nous pouvons le constater, nous sommes à une étape cruciale de la relation entre l'Europe et le Canada. Le est convaincu que pour maximiser nos chances de réussite, il faut créer un nouveau poste, celui de diplomate principal en Europe, qui jouera un rôle de premier plan en vue de promouvoir les intérêts du Canada dans toute l'Europe, d'assurer l'uniformité des activités des missions diplomatiques canadiennes et de conseiller le premier ministre.
À l'heure actuelle, le Canada est présent dans 32 pays de l'Europe par l'entremise de 36 missions bilatérales, en plus de 8 missions multilatérales. Le souhaite que le diplomate principal l'aide et aide le gouvernement, la ainsi que tous nos ambassadeurs et toutes nos missions à organiser les efforts du Canada dans toute l'Europe. Le premier ministre veut que ce diplomate soit en poste dans l'un des principaux pays d'Europe et qu'il assure une diplomatie plus cohérente qui permettra de promouvoir nos intérêts communs à travers l'Europe.
[Français]
Parmi ces pays européens clés, l'Allemagne est un excellent choix pour ancrer cette nouvelle ressource diplomatique, ne serait-ce que parce qu'il s'agit de la première puissance économique d'Europe: son PIB de plus de 4 billions de dollars représente 21 % du PIB de l'Union européenne.
[Traduction]
À titre de partenaire du G7, du G20 et de l'OTAN, l'Allemagne collabore avec le Canada à de nombreuses questions, notamment les relations transnationales, la Russie et l'Ukraine, la lutte contre le terrorisme, la lutte mondiale contre Daech et la migration. À titre d'ambassadeur du Canada en Allemagne, je travaillerai très fort — en collaboration avec une mission forte et professionnelle — à renforcer cette relation économique et politique clé qui nous permettra non seulement d'atteindre nos objectifs en Europe, mais aussi partout dans le monde.
[Français]
Le premier ministre m'a demandé d'être ce diplomate principal, à titre d'ambassadeur en Allemagne et en tant que son envoyé spécial auprès de l'Union européenne et de l'Europe. J'ai accepté cette responsabilité. Je m'y suis préparé activement lors des dernières semaines, et il me tarde de partir en Europe et d'entreprendre cette importante tâche pour le premier ministre, le gouvernement et mon pays. Je sais que les attentes sont élevées non seulement au Canada, mais aussi en Europe.
[Traduction]
Dans la lettre qu'ils viennent d'écrire au pour souligner ma nomination, les présidents du Conseil européen et de la Commission européenne, Donald Tusk et Jean-Claude Juncker, ont fait valoir que cette nomination nous permettrait de pousser nos relations encore plus loin et de défendre nos valeurs communes en matière de liberté, de droits de la personne et de démocratie, de même que notre engagement commun à l'égard de l'économie de marché, de manière à faire avancer nos intérêts communs en cette période de difficultés sans précédent.
Je ferai tout en mon pouvoir pour répondre à ces attentes. Je suis impatient de prendre ces responsabilités et je sais que je pourrai toujours compter sur les bons conseils et le travail acharné du Comité.
Merci beaucoup. Thank you very much. Danke schön.
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Chers collègues, nous allons reprendre nos travaux.
Comme le prévoit le processus, conformément aux articles 110 et 111 du Règlement, nous sommes ici sur la nomination par décret de l'honorable John McCallum au poste d'ambassadeur du Canada en Chine.
Bienvenue, monsieur McCallum.
M. McCallum est accompagné de M. David Hamilton, directeur adjoint, Direction de la Chine élargie.
Bienvenu, monsieur Hamilton.
Comme d'habitude, monsieur l'ambassadeur, nous allons vous accorder du temps pour faire vos remarques liminaires, puis nous passerons directement aux questions de nos collègues autour de la table. Nous avons déjà eu une bonne entrée en matière. Nous avons reçu M. Dion, si bien que nous avons le vent dans les voiles. Nous avons hâte de passer du temps à discuter avec vous du rôle important que vous assumez en Chine.
Je vous cède la parole, monsieur l'ambassadeur, pour faire vos remarques liminaires, puis nous déciderons de la suite des choses.
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Merci beaucoup, monsieur le président. C'est pour moi un véritable plaisir d'être de retour. J'ai passé cinq semaines en Chine. Je pense que c'est un merveilleux poste, mais c'est un pays qui finit par devenir un peu lourd, alors je suis ravi d'être de retour. J'estime qu'une partie de mon travail consiste à persuader la Chine, mais une autre partie de mon travail consiste à persuader le Canada. C'est agréable d'être dans les deux pays. Je vous remercie de me donner l'occasion de m'adresser à vous tous aujourd'hui.
Pour en venir à l'essentiel, c'est un moment idéal pour le Canada de renforcer ses liens avec la Chine. Comme je vais l'expliquer, nous avons tellement à gagner de nouer des liens plus solides avec la Chine, et le , le Cabinet et les intervenants au pays sont plus que prêts à le faire. Il faut être deux pour danser le tango, et j'ai la nette impression que les Chinois sont disposés à travailler avec nous. Puisque les astres ne sont pas toujours alignés, le moment est venu de saisir l'occasion qui se présente à nous et d'être ambitieux. Il est temps d'agir. Avec l'appui du gouvernement, c'est exactement ce que j'entends faire.
Permettez-moi de commencer par le début. Vingt-quatre heures après mon arrivée en Chine, on m'a invité à présenter mes titres de compétence au président Xi Jinping. Je lui ai transmis un message de notre , que je peux résumer par trois mots, « Plus, plus, plus », ou en mandarin, « Gèng duo, gèng duo, gèng duo ». Six heures par semaine, je suis des cours de mandarin pour améliorer mes connaissances dans cette langue. Nous voulons, de part et d'autre, plus d'échanges commerciaux, plus d'investissements, plus de touristes, plus d'étudiants, plus de coopération dans tous les domaines imaginables. Le président a semblé aimer cette approche.
Je vous signale également que « Plus, plus, plus » signifie également la création d'emplois pour les Canadiens car chaque fois que nous accueillons plus de touristes chinois, que nous expédions plus d'exportations vers la Chine et que nous attirons plus d'investissements chinois au Canada, cela se solde habituellement par la création d'emplois au Canada.
J'ai également expliqué au président, dans mon mandarin très boiteux, quelque chose dont certains d'entre vous ont sans doute déjà entendu, à savoir que mon affinité avec la Chine peut s'expliquer en trois chiffres: 100, 50, 40. Mon épouse est chinoise à 100 %, mes trois garçons sont chinois à 50 %, et 40 % des braves gens de Markham, qui m'ont élu depuis 16 ans, sont chinois. Le président a souri et m'a dit, « Ce n'est pas nécessaire de traduire », alors j'aime à penser qu'il a compris ce que j'ai dit.
C'est donnant donnant. Avant d'expliquer pourquoi je pense que nous avons tant à gagner, je veux également commenter le fait qu'il y a de nombreuses questions sur lesquelles le Canada et la Chine ne s'entendent pas. Nous ne sommes pas d'accord sur la peine de mort. Nous ne sommes pas d'accord sur certains aspects de la primauté du droit et sur la façon dont le gouvernement chinois traite, en privé et publiquement, les défenseurs des droits de la personne. Nous nous intéressons à l'intégrité des institutions autonomes de Hong Kong qui appliquent la formule « un pays, deux systèmes ». C'est pourquoi le volet consulaire de mon travail est indispensable, et pourquoi, dans les six premières semaines de mon entrée en fonction, j'ai passé du temps à rencontrer un groupe LGBTQ à Shanghai, des femmes entrepreneures dans un groupe de travail pour lutter contre la violence familiale à Beijing, et une femme dénommée Ching Tien, dont l'organisation, Educating Girls of Rural China, fait un travail remarquable pour offrir une éducation aux filles issues de famille à faible revenu depuis de nombreuses années.
Cet aspect du travail est très important, mais j'aimerais plus particulièrement saisir l'occasion d'aborder directement un problème qui a suscité de la controverse parmi les Canadiens, à savoir la décision du Canada de discuter des questions relatives au processus d'extradition avec la Chine. Même si nous sommes encore loin de négocier un traité d'extradition avec la Chine, nous avons convenu de discuter des questions qui doivent être réglées pour que la Chine ou tout autre pays respectent nos normes élevées. Citons notamment la peine de mort et l'importance des normes élevées en matière de preuve dans le cadre de poursuites judiciaires. Nous ne perdons rien à expliquer notre système et à discuter des valeurs que nous chérissons.
Permettez-moi maintenant d'aborder l'autre côté de la médaille, le côté plus positif qui explique pourquoi la Chine est importante pour le Canada. La Chine est le plus grand émetteur de CO2 au monde, mais est aussi le plus grand investisseur dans les énergies renouvelables, avec plus de 103 milliards de dollars américains en investissements en 2015, ce qui est deux fois et demie plus élevé que ce que les États-Unis ont investi.
Si le Canada tient vraiment à lutter contre les changements climatiques, et c'est le cas, et à vendre ses innovations en technologies propres, et c'est le cas, alors nous n'avons d'autre choix que de collaborer avec la Chine. La Chine compte également 20 % des femmes et des filles du monde entier et est de plus en plus un acteur clé dans des pays comme l'Afrique, qui est aux prises avec de véritables problèmes en ce qui a trait à la santé et à l'éducation des femmes. Si nous voulons améliorer le sort des femmes et des filles dans le monde, la Chine est un partenaire clé. Nous devons également collaborer avec la Chine dans le domaine du maintien de la paix.
De plus, si nous voulons collaborer de façon fructueuse concernant la Corée du Nord et d'autres problèmes visant d'autres régions et la sécurité, nous devons travailler avec la Chine.
Le fentanyl est la cause d'une importante crise de santé au Canada, avec plus de 1 000 décès. Bon nombre de ces médicaments proviennent de la Chine. Si nous voulons résoudre cette crise, nous devons travailler avec la Chine. Je dois dire que le gouvernement chinois coopère bien pour travailler avec nous pour régler cette crise.
Enfin et surtout, si nous voulons créer des emplois et de la prospérité pour les Canadiens, la Chine est encore une fois un partenaire essentiel.
Que ce soit pour la lutte contre les changements climatiques, l'amélioration du sort des femmes et des filles, le Fentanyl, la paix et la sécurité ou la prospérité des Canadiens, dans tous les cas, la Chine est un partenaire essentiel.
Permettez-moi d'aborder brièvement, car il ne me reste peu de temps, quelques questions économiques importantes.
[Français]
Selon moi, le tourisme est peut-être la priorité. C'est une question de chiffres. J'ai visité Guangzhou, une ville de deuxième ou même de troisième niveau en Chine. Sa population est de 10 millions de personnes.
En même temps, le président Xi a dit que, au cours des cinq prochaines années, il y aura 700 millions de touristes chinois. Par conséquent, les possibilités pour le Canada sont énormes et il est tout à fait clair qu'une augmentation des touristes chinois créerait beaucoup d'emplois au Canada.
[Traduction]
Je vais mentionner d'autres secteurs économiques qui sont très importants. Le a eu une visite très fructueuse et opportune la semaine dernière en Chine, dans le cadre de laquelle nous avons discuté avec des intervenants du gouvernement et du secteur privé qui oeuvrent dans l'industrie du bois, et je pense que nous avons fait de bons progrès pour accroître les exportations des produits du bois canadiens vers la Chine.
Dans le secteur agroalimentaire, nous sommes le cinquième exportateur en importance en Chine. Nous pourrions devenir le troisième en importance, si nous travaillons fort. La demande est très forte pour des aliments sains et nutritifs comme ceux qui proviennent du Canada.
Les technologies propres et l'environnement offrent également d'importantes possibilités. La Chine et le Canada sont tous les deux signataires de l'accord de Paris. La Chine a d'importants objectifs en matière d'environnement et d'efficacité énergétique, si bien que les possibilités sont bonnes dans ce secteur.
L'éducation a toujours été un pilier de nos relations, et nous prévoyons nous améliorer davantage dans ce secteur.
Les ministres , , et travaillent à améliorer nos relations dans les secteurs de la culture, des sports, de la santé et de la défense.
Enfin, le commerce électronique est essentiel. Nous savons tous que les petites et moyennes entreprises exportent peu aux États-Unis, alors encore moins en Chine. La Chine est un chef de file en matière de commerce électronique. Le s'est entretenu avec Jack Ma, le dirigeant d'Alibaba. Je lui ai parlé. Nous travaillons ensemble pour amener un plus grand nombre de petites entreprises canadiennes à se lancer dans le secteur du commerce électronique en Chine, ce qui sera une façon très importante d'accroître les exportations vers la Chine.
Monsieur le président, je vais m'arrêter ici.
[Français]
Je vous remercie. Je suis prêt à répondre à vos questions.