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Bonjour, monsieur le président. Bonjour aussi, mesdames et messieurs et chers collègues.
L'organisation que je préside, le CIGI, travaille depuis plusieurs années dans le domaine général du financement et du financement du développement. Nous avons produit un certain nombre d'articles. Je m'intéresse à ce sujet depuis près de 30 ans, dans un premier temps, au Centre de recherches pour le développement international et, précédemment, à l'Université de Toronto. C'est un privilège pour moi d'être parmi vous et de pouvoir vous parler de ce sujet.
Durant les sept minutes qui me sont allouées, j'ai l'intention de faire trois choses, puis nous pourrons discuter. Pour commencer, je vais formuler des commentaires liés au concept, puis je parlerai de la structure de l'organisation et, enfin, j'aborderai la question du fonctionnement de l'IFD proposée.
Pour commencer, je crois que l'IFD canadienne est une bonne idée et une idée qui arrive en temps opportun, principalement du fait que l'institution est dans l'esprit de la transition qu'on constate à l'échelle internationale, où l'on passe de l'aide au développement aux partenariats en développement. C'est une bonne chose. Cependant, à l'échelle internationale, le problème n'est pas le manque d'argent. Il y a suffisamment d'argent pour que l'on puisse saisir toutes les possibilités d'investissement. Ce qu'il manque plutôt, c'est souvent le savoir-faire pour prendre de bonnes décisions d'investissement. L'idée maîtresse de mes commentaires, c'est que ce qui accompagne le financement est au moins aussi important que le financement en tant que tel.
C'est important de s'en souvenir, parce que la capitalisation et, par conséquent, la capacité potentielle de prêt de l'IFD du Canada sont assez limitées. En fait, franchement, c'est presque rien; 300 millions sur cinq ans donnera environ de 50 à 60 millions de dollars par année, peut-être. Pour vous donner une idée de grandeur, la Société financière internationale, l'institution multilatérale qui oeuvre à peu près dans le même domaine, débourse 10 milliards de dollars américains par année. La Banque nordique d'investissement, qui travaille dans les pays nordiques et à l'étranger, affiche des débours annuels de 3,5 milliards de dollars. Par conséquent, l'IFD canadienne, si elle veut jouer dans la cour des grands, a beaucoup de pain sur la planche.
La première chose que je tiens à dire, c'est que la croissance et l'expansion de l'IFD devraient être prévues, dès le départ, et elles devraient être liées à des critères de réussite. Nous pouvons assurément discuter de la nature de ces critères, mais le fait que la croissance et l'expansion soient liées à ces critères est logique.
Puisque l'IFD sera financée à même les revenus d'EDC, une idée serait que, au fil du temps, une proportion plus élevée des revenus d'EDC soit affectée à l'IFD. De cette façon, l'expansion de l'IFD n'exigera pas d'influx net des finances publiques canadiennes. Au bout du compte, l'objectif, c'est de favoriser des activités associées au secteur privé.
Lorsqu'on est un aussi petit joueur, c'est aussi important de mettre l'accent sur une région ou un thème. Il y a un certain nombre de façons d'aborder cette question. Le ratio de levier financier, ce qui signifie la quantité d'argent que les activités de l'IFD permettent d'attirer, est actuellement établi à 5 pour 1. À mon avis, il doit s'agir là d'un minimum. En fait, le ratio de levier financier de la SFI est de 7 pour 1. Dans une ère où les capitaux du secteur privé surpassent de beaucoup les fonds publics, je crois que le ratio de 5 pour 1 est modeste, mais c'est tout de même un très bon début.
Cependant, il faut compenser la situation par d'autres formes d'assistance qui vont de pair avec le soutien financier. Il faudrait peut-être réfléchir à ce dont il s'agit. Est-ce une assistance technique? Faut-il renforcer la capacité à faire des prêts sains? S'agit-il d'études de marché et de promotion? De transfert de technologie? Je ne sais pas, mais, selon moi, c'est le genre de questions qu'il faudrait se poser.
Le deuxième aspect d'intérêt concerne ce à quoi serviront les prêts de l'IFD. Encore là, le champ est libre. Une possibilité serait de respecter les priorités actuelles de l'APD, ce qui signifie travailler dans les industries du secteur de la santé de la mère et des enfants ou peut-être encore les industries extractives. Une autre idée serait d'aller totalement dans une autre direction et de venir compléter le travail du Programme d'aide au développement en investissant dans des domaines qui échappent à sa portée: les technologies vertes me viennent à l'esprit, les nouvelles technologies, de façon générale ou le financement d'entreprises en démarrage. Je viens de Waterloo, et c'est donc quelque chose qui me semble logique.
Enfin, ça m'a frappé, la semaine dernière, alors que j'écoutais le ministre présenter la nouvelle politique d'aide étrangère féministe du Canada: on pourrait peut-être investir dans les femmes entrepreneures ou dans des organisations ou des tribunes dirigées par des femmes ou qui visent principalement à offrir des produits ou des services aux familles et aux enfants. Ce pourrait être une façon de faire. Je ne suis pas sûr, mais j'ai l'impression qu'il faut faire des choix et qu'il faut les faire rapidement.
Mon dernier ensemble de commentaires concerne l'opérationnalisation de l'IFD. Et ici, une mise en garde s'impose: l'institutionnalisation de l'IFD au sein d'EDC n'est pas idéale.
Ce n'est pas idéal principalement parce que la culture organisationnelle liée à la promotion du commerce et des exportations n'est pas la même que dans le milieu bancaire, et ce n'est pas la même que dans le milieu du développement. Les ensembles de compétences, la philosophie et les objectifs de chacun de ces domaines sont différents, et je crains que si on ne fait pas attention et qu'on ne situe pas l'IFD de façon appropriée au sein d'EDC, elle pourrait ne pas être totalement efficace.
Je suis le processus de développement de l'IFD depuis un certain temps, maintenant, et, d'une certaine façon, j'y ai été associé. Ma première réaction a été de constater que la situation exigeait clairement la création d'une société d'État, ce que le Canada fait si bien. Les sociétés d'État sont indépendantes et assurent une bonne gouvernance, une diversité au sein des partenariats et l'efficacité, autant de qualités enchâssées dans leurs conseils et leur structure opérationnelle.
En fait, l'une des questions que nous a posées le Comité concernait un possible lien avec le CRDI. Là, on a un très bon exemple d'une petite société d'État indépendante qui est efficace justement en raison du modèle de société d'État.
Je me pose aussi une question sur l'emplacement à Montréal de l'IFD. Je crois que la raison pour laquelle on a intégré l'IFD dans la structure d'EDC était pour faire des économies d'échelle liées à des choses comme le partage de services, de locaux et de personnel. Si le siège social d'EDC est à Ottawa, cependant, et que l'IFD est à Montréal, je me demande dans quelle mesure on pourra faire des économies d'échelle découlant du partage de services.
Pour terminer, j'estime qu'il s'agit d'une bonne idée qu'il faut faire évoluer. La façon dont on commencera sera cruciale à la façon dont l'institution évoluera et à la situation finale. Tenez-vous-en à une petite organisation, mais à une organisation technique et professionnelle. N'y associez pas un paquet d'objectifs vagues qui ne collent pas les uns aux autres. Si on fait bien les choses, cependant, ce sera un atout pour le Canada et une organisation très bénéfique pour le monde en développement.
Merci beaucoup.
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Merci de m'offrir l'occasion de communiquer les points de vue d'Oxfam sur la nouvelle initiative de financement du développement. Oxfam est une confédération internationale qui oeuvre dans 90 pays pour soutenir le développement à long terme et fournir une aide humanitaire. Nous réalisons aussi des activités de défense et organisons des campagnes pour nous attaquer aux causes profondes de la pauvreté. Les droits des femmes et la justice sexuelle sont au centre de tout ce que nous faisons.
La nouvelle IFD est une occasion de faire preuve d'innovation et d'obtenir du financement pour réduire la pauvreté et assurer l'égalité entre les sexes. Le Canada devra être ambitieux au moment de sa conception afin de s'assurer d'atteindre ces objectifs. La haute finance ne doit jamais être utilisée en remplacement ou en substitution de l'aide. Cependant, si on fait bien les choses et qu'on respecte la nouvelle politique du Canada en matière d'aide internationale féministe, l'IFD pourrait contribuer de façon importante à l'atteinte de ces mêmes objectifs.
Oxfam reconnaît que le secteur privé peut contribuer de façon importante au développement durable. Le secteur privé, bien sûr, réunit une multitude d'acteurs, y compris ceux qui offrent souvent des occasions d'emploi aux femmes dans des zones rurales ou des milieux plus pauvres, comme des coopératives ou des microentreprises ou des petites entreprises. Au sein d'un secteur privé dynamique, florissant, imputable et responsable, il y a des possibilités accrues de développement durable et de croissance économique qui peuvent permettre de réduire la pauvreté et, aussi, les inégalités.
Cependant, l'expérience d'autres institutions de financement du développement révèle que, sans un solide alignement sur les objectifs et les stratégies associées au développement durable, le financement privé appuyé par les deniers publics peut faillir à la tâche, ne pas contribuer à la hauteur des attentes et, dans certains cas, renforcer les inégalités existantes. L'IFD doit éviter ces pièges en se donnant dès le début un solide mandat de réduction de la pauvreté et agir en tant que complément de la politique d'aide internationale féministe. Pour que ce soit possible, nous tenons à formuler cinq recommandations.
La première recommandation, c'est que le mandat de l'IFD doit respecter les principes de l'efficacité du développement et mettre l'accent sur l'additionnalité. Afin d'assurer le respect du développement durable, l'IFD doit se conformer aux principes d'efficacité du développement, particulièrement l'appropriation par les pays, la transparence et la responsabilité. À l'échelle internationale, la société civile exige des IFD beaucoup plus de transparence et de responsabilisation. L'IFD canadienne doit réfléchir à la façon dont elle se pliera à cette demande, y compris en respectant l'Initiative internationale pour la transparence de l'aide, que plusieurs autres IFD, y compris la FMO hollandaise et CDC, du Royaume-Uni, respectent déjà.
Il faudra réfléchir dès les premières étapes à la façon dont l'IFD mesurera ses objectifs en matière de contribution à la réduction de la pauvreté et à la façon de les mesurer. L'IFD devrait miser sur la maximisation de l'additionnalité qu'elle offre à la stratégie de développement du Canada. On pourrait l'entrevoir comme une additionnalité financière, c'est-à-dire lorsque les intervenants publics et privés, ensemble, fournissent des fonds supplémentaires, et comme une additionnalité liée au développement, que ce soit un impact plus important sur le développement durable découlant de la mise en commun des fonds publics et privés ou encore l'additionnalité de la valeur, lorsqu'un acteur public fournit quelque chose qui, sinon, ne serait pas offert, comme le fait de mettre l'accent sur la réduction de la pauvreté, la durabilité ou l'égalité des sexes.
Les trois principaux piliers de la Loi sur la responsabilité en matière d'aide au développement officiel fournissent aussi un solide cadre sur lequel on peut s'appuyer pour définir les mandats de l'IFD. Actuellement, l'IFD n'est pas comptabilisée comme une APD et n'est pas assujettie aux mêmes principes, mais il serait utile d'appliquer ces mêmes principes à l'institution. On s'assurerait ainsi de contribuer à la réduction de la pauvreté, de tenir compte du point de vue des pauvres et d'assurer l'uniformité avec les normes internationales en matière de droits de la personne.
La deuxième recommandation, c'est que la stratégie d'investissement de l'IFD devrait être harmonisée stratégiquement avec la nouvelle politique d'aide internationale féministe du Canada. Le fait d'assurer une étroite harmonisation avec Affaires mondiales et la politique d'aide internationale féministe est essentiel si l'on veut s'assurer que les investissements stratégiques contribuent au développement. Ce serait aussi une façon de montrer que le Canada tire des leçons de l'expérience des autres institutions bilatérales.
Lorsqu'ils ont été évalués de façon indépendante, les investissements du secteur privé du DFID britannique ont été critiqués parce qu'ils ne respectaient pas l'objectif de réduction de la pauvreté et en raison du manque de surveillance stratégique, d'objectifs clairs et de l'incapacité de prouver l'additionnalité. D'un autre côté, l'IFD danoise, Finnfund, a harmonisé ses investissements avec les priorités danoises en matière de stratégies d'aide. L'institution met l'accent sur les technologies vertes et les télécommunications. Puisque la nouvelle politique d'aide internationale féministe du Canada propose une approche féministe pour mettre fin à la pauvreté, l'IFD devrait compléter cette approche et faire de même.
Concrètement, cela exigera de travailler en étroite collaboration avec Affaires mondiales pour mettre au point les stratégies complémentaires et ciblées et assurer la mise en commun de l'expertise et du renseignement sur les priorités en matière de développement et les contextes précis où les activités seront réalisées. L'IFD devrait aussi envisager de concevoir sa structure de gouvernance de façon à ce qu'elle soit comptable non seulement à EDC mais aussi aux ministres d'Affaires mondiales.
Notre troisième recommandation consiste à s'assurer que l'IFD a la capacité et l'expertise de prendre en compte l'égalité entre les sexes dans tous ses travaux tout en fournissant des investissements ciblés bénéfiques pour les femmes et les filles.
Lorsqu'on conçoit une politique ou un programme de développement, une analyse axée sur le sexe est essentielle si l'on veut s'assurer que les femmes et les filles en bénéficieront, et qu'on ne renforce pas par inadvertance l'inégalité entre les sexes. L'IFD devrait s'assurer de s'appuyer sur sa propre expertise et ses propres capacités ainsi que sur celles de ses partenaires afin de pouvoir atteindre cet objectif. C'est un autre domaine important où il sera essentiel de travailler de près avec Affaires mondiales.
Il faut aussi inclure les organisations qui représentent les femmes et les experts en la matière dans la conception des investissements. La nouvelle politique d'aide internationale féministe exige que tous les partenaires de développement du Canada consultent les organisations locales qui représentent les femmes lorsqu'ils conçoivent des interventions, ce qui est un principe puissant pour veiller à ce que les interventions soient conformes à leurs priorités et préoccupations. L'IFD devrait aussi s'assurer, lorsqu'elle recueille des renseignements au sujet du contexte des investissements faits grâce à des consultations ou de la mise sur pied d'organismes consultatifs, d'inclure des organisations qui représentent des femmes afin de bénéficier de leur expertise.
Notre quatrième recommandation, c'est que l'IFD devrait s'appuyer sur de solides systèmes de surveillance et de responsabilisation et devrait seulement faire affaire avec des entreprises qui respectent les droits de la personne, y compris les droits des femmes. L'IFD doit s'engager à ne pas causer de préjudice en s'assurant que ses investissements font l'objet d'une évaluation et d'un contrôle lié à leur incidence sur les droits de la personne et les droits des femmes en particulier.
La recherche d'Oxfam sur le secteur privé de la Banque mondiale a permis de documenter des cas de violence contre des femmes, l'accaparement de terres et d'autres résultats troublants découlant des budgets de développement du secteur privé. L'IFD doit mettre en place de solides cadres de contrôle et de responsabilisation qui cernent ou préviennent toute incidence négative sur les groupes marginalisés en raison de leur sexe ou de leur orientation sexuelle, y compris des changements liés aux moyens de subsistance, la probabilité de violence, l'accès aux biens et les droits du travail. L'IFD devrait aussi s'assurer que les emplois créés grâce à ces investissements sont des emplois décents, que les partenaires d'investissement et les entrepreneurs respectent les normes du travail et que des mesures sont mises en place pour éviter la discrimination.
Actuellement, EDC n'a pas de politique sur les droits de la personne, mais a produit un énoncé sur les droits de la personne en 2008. Cet énoncé devrait être mis à jour et prendre la forme d'une politique, et les employés devraient être formés pour l'appliquer. L'IFD devrait aussi envisager de mettre en place des mécanismes de responsabilisation, comme, par exemple, créer un mécanisme de règlement indépendant des plaintes accessible aux collectivités locales qui sont visées par les investissements. Le mécanisme indépendant de la FMO hollandaise, qui a été mis sur pied en consultation avec la société civile, serait un bon exemple à suivre.
Un autre aspect du besoin de « ne pas causer de préjudice », consiste à s'assurer que le financement du secteur privé ne remplace pas le financement public des services essentiels qui sont accessibles aux plus pauvres. L'IFD ne devrait pas tenter d'accroître la participation du secteur privé dans la prestation des services publics. Elle devrait seulement créer des partenariats avec des entreprises qui paient des impôts sur la valeur tirée de ses activités dans les pays en développement. Les recherches d'Oxfam sur les prêts du secteur privé associés à la Banque mondiale en 2015 ont révélé que 51 des 68 entreprises qui ont reçu des prêts pour financer des investissements en Afrique subsaharienne utilisaient des paradis fiscaux, ce qui privait ces pays des fonds publics dont ils ont tant besoin.
Notre dernière recommandation, c'est que l'IFD devrait investir dans des projets visant à réduire l'inégalité entre les sexes et qui seront bénéfiques pour les femmes et les filles. En allant au-delà d'une politique visant à ne pas causer de préjudice et en devenant vraiment une organisation transformatrice, l'IFD devrait se donner comme objectif de faire des investissements qui tiennent compte de l'égalité entre les sexes et permettent aux femmes et aux filles de bénéficier du développement.
Souvent, les femmes et les filles ne bénéficient pas du développement en raison de leur lourde et inégale responsabilité associée aux soins non rémunérés et aux tâches ménagères. En moyenne, les femmes s'acquittent de 2,5 fois plus d'heures de soins non rémunérés et de tâches ménagères que les hommes. Le fait d'utiliser l'IFD pour attirer des investissements permettant de réduire ce fardeau serait une très bonne façon d'éliminer l'obstacle structurel à la participation pleine et égale des femmes à l'économie. Par exemple, des projets d'infrastructures peuvent être conçus pour réduire le temps que les femmes consacrent à aller chercher de l'eau ou du carburant ou encore pour transporter les personnes à charge, mais on y arrivera seulement si on réalise une analyse comparative entre les sexes et qu'on consulte les femmes pour connaître leurs besoins.
Une autre approche consisterait à miser sur des investissements dans des technologies qui permettent de sauver du temps et d'économiser du travail et à s'assurer que ces technologies sont accessibles dans les zones rurales et pauvres. Oxfam a travaillé dans le cadre de projets à petite échelle en Éthiopie, en Ouganda et au Zimbabwe pour fournir aux collectivités des fourneaux économes en combustible qui permettent de réduire le temps passé à aller chercher du carburant. De plus, la cuisson est plus rapide et plus sécuritaire. Ces types d'investissements pourraient être une façon vraiment novatrice de s'attaquer à l'inégalité entre les sexes.
L'IFD devrait aussi donner la priorité aux programmes de services financiers pour des petites et moyennes entreprises dirigées par des femmes. Elle pourrait s'assurer que les petites et moyennes entreprises dirigées par des femmes ont accès à des garanties liées aux terres. En général, ces entreprises ont plus de difficulté à obtenir du crédit parce que les femmes possèdent moins de biens à donner en garantie ou en raison de normes sociales néfastes. L'institution pourrait aussi fournir une aide technique aux institutions financières et aux entreprises pour former des femmes entrepreneures. Je crois qu'Ingénieurs sans frontières a témoigné et a fourni de plus amples renseignements sur des propositions dans ces domaines la semaine dernière, et nous les soutenons.
En conclusion, Oxfam ne croit pas que l'IFD devrait être un substitut de l'APD ni qu'elle devrait utiliser l'enveloppe de l'APD. Cependant, l'institution pourrait compléter les travaux d'Affaires mondiales et renforcer la nouvelle politique d'aide internationale féministe si ses buts et objectifs sont harmonisés. L'IFD pourrait aussi établir une nouvelle norme en matière de financement du développement qui contribue au développement durable.
Nous espérons que le Comité tiendra compte de ces recommandations pour s'assurer que l'IFD est une organisation audacieuse et novatrice qui atteint ses objectifs de réduire la pauvreté et réduire l'inégalité grandissante entre les sexes.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Merci à vous tous de vos témoignages aujourd'hui.
Monsieur Medhora, je veux vous poser une question en premier. Un certain nombre de témoins ont dit — en fait, quelqu'un l'a mentionné aujourd'hui — qu'il faut vraiment prendre en considération la réduction de la pauvreté au moment de définir le mandat de l'organisation. Tenir compte d'un tel impératif aiderait l'IFD à éviter d'investir dans des domaines qui n'aideront pas à éliminer les problèmes de sous-développement.
À première vue, cette position semble absolument logique, mais tout se joue dans les détails. Je veux poser une question sur la façon dont on mesure la pauvreté. J'ai lu des articles que vous avez rédigés qui offrent des nuances à cet égard. Par exemple, vous avez écrit que l'on peut mesurer la pauvreté simplement en regardant les niveaux de revenu par habitant ou en fonction d'un indice multidimensionnel de la pauvreté, qui tient compte d'un plus large éventail de facteurs: les niveaux nutritionnels, le niveau de scolarité, l'accès à de l'eau potable ou le logement, par exemple.
Je mentionne cette nuance parce que, si on regarde deux pays dont vous avez parlé — j'ai lu la lettre d'opinion de The Globe and Mail en vue de la réunion — l'Inde et l'Ouzbékistan, l'Inde est un pays qui est rapidement en train de devenir non seulement un joueur à l'échelle internationale, mais, pour ce qui est de l'économie, un joueur de tête. Si on regarde les niveaux de revenu par habitant, on pourrait être très impressionné. Cependant, si on mesure des indicateurs similaires à l'indice multidimensionnel — les niveaux nutritionnels, le niveau de scolarité, les niveaux d'alphabétisation et des choses du genre — l'Inde est en fait plutôt pauvre comparativement à l'Ouzbékistan. L'Ouzbékistan affiche des niveaux de revenu par habitant faibles, mais obtient de bien meilleurs résultats lorsqu'on regarde les mesures de l'indice multidimensionnel.
Cela dit, si le Canada doit décider d'inclure la réduction de la pauvreté dans le mandat de l'IFD, pouvez-vous nous fournir certaines mises en garde, peut-être, sur la façon de mesurer la pauvreté? Il ne faut pas tout simplement investir dans des pays pauvres. Il faut comprendre de quelle façon on mesure la pauvreté. Si nous décidons bel et bien, en fait, d'inclure la réduction de la pauvreté dans le mandat de l'IFD, de quelle façon devrions-nous mesurer la pauvreté: en regardant les niveaux de revenu par habitant, l'indice de pauvreté multidimensionnel ou d'autres mesures?
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Merci. C'est, d'une certaine façon, exactement le bon dilemme auquel nous sommes confrontés.
Il y a un certain nombre de choses auxquelles il faudrait réfléchir à cet égard. J'imagine que je répéterai ici ce que j'ai dit tantôt, soit qu'il ne faut pas attribuer trop d'objectifs à l'IFD, des objectifs qui sont tous valides et qui nous font sentir bien, mais qu'on ne peut pas vérifier. Ce qui est encore plus important, ici, c'est que si on ne peut pas associer un résultat à l'activité de l'IFD, on peut difficilement affirmer que c'est notre investissement de 50 millions de dollars qui a permis d'entraîner tel ou tel changement. C'est aussi la raison pour laquelle, soit dit en passant, à peu près au même moment où j'ai écrit cette lettre d'opinion, certains d'entre nous, même si nous nous considérons comme favorables au développement, étions sceptiques en ce qui a trait à la Loi sur la responsabilité en matière d'aide au développement officiel, et je sais que plusieurs de mes collègues dans le milieu du développement l'ont soutenue simplement en raison du problème de la mesurabilité et de la correspondance.
Je dirais qu'il faut donner à l'IFD le mandat d'assurer le développement, reconnaître que le développement ne se limite pas à réduire la pauvreté calculée en fonction du revenu et que, comme vous l'avez souligné, l'indice du développement humain — à tout le moins, que le PNUD mesure et communique chaque année — y ajoute d'autres dimensions, et dont les éléments liés à la santé, la scolarité et le sexe sont importants. Il pourrait y avoir de bonnes raisons — en fait, mon collègue a donné cet exemple — de ne pas investir dans des infrastructures qui sont déjà fournies par le secteur public aux plus pauvres. C'est peut-être vrai, mais imaginez que l'IFD investit dans — comme ils l'ont fait à Stockholm — une voie ferrée écologique entre l'aéroport et la ville ou pour relier des banlieues à une ville, des services qui, en fait, seraient utilisés par les pauvres. Je dirais, en passant, que c'est un très bon investissement à faire et que c'est bon pour le développement. Cependant, si quelqu'un me demande ensuite de quelle façon cet investissement a permis de réduire la pauvreté, que cette notion soit définie étroitement ou de façon plus générale, j'aurais beaucoup de difficulté à le faire. En fait, les trois quarts de mon organisation ne feraient qu'écrire des rapports pour essayer de convaincre les gens de ce résultat.
Je crois qu'il faudra faire preuve de jugement et de bon sens, et c'est la raison pour laquelle je propose la création de petites organisations professionnelles similaires à de petites sociétés d'État dont le personnel serait des experts à qui on donnerait le mandat, parce qu'on leur ferait confiance.
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Merci, monsieur le président.
Merci à nos invités d'être avec nous ce matin et de nous faire profiter de leur expertise. J'ai l'impression qu'ils me seront d'un précieux secours pour tenter de passer du concept à la réalité.
Depuis le début de cette étude, il y a deux concepts qui semblent faire l'unanimité, c'est-à-dire la pertinence des IFD et l'additionnalité. Cependant, dans le contexte canadien, je me demande s'il ne s'agit pas d'une fausse bonne idée. Je m'explique.
Prenons le concept de l'IFD canadien. Monsieur Medhora, vous disiez tantôt que 60 millions de dollars par année donnaient à l'IFD canadien des capacités vraiment minimales. Vous vous interrogiez même sur le fait que cet institut soit établi à Montréal, ce qui, selon vous, engendrerait des coûts d'administration ou de fonctionnement supplémentaires et laisserait bien peu d'argent pour l'investissement concret sur le terrain. Si l'institution de crédit doit elle-même générer ses propres revenus rapidement pour accroître sa capacité, cela veut dire qu'il reste bien peu de place pour le capital de risque, me semble-t-il.
Par ailleurs, en ce qui concerne l'aide publique au développement, nous régressons d'année en année. En 2015, cette aide représentait autour de 0,28 % du revenu national. En 2016, la proportion baissait à 0,24 %. En 2017, ce sera encore un peu moins. Le a déjà envoyé le signal qu'il fallait apprendre à faire plus avec moins.
Alors, dans un contexte où, finalement, on réduit un peu partout, ce concept d'additionnalité existe-t-il vraiment dans le modèle canadien? Est-ce qu'on pourrait véritablement faire quelque chose avec ces deux outils qui nous sont proposés, mais qui ont très peu de ressources à leur disposition?
Ma question s'adresse d'abord aux gens d'Oxfam Canada et à M. Medhora ensuite.
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Je ne sais pas si ma collègue a compris la question; je ne sais pas si le système d'interprétation fonctionnait. Cependant, je peux répondre brièvement.
Effectivement, à priori, Oxfam est plutôt sceptique à l'idée de ce genre d'investissement, simplement à cause de la question des preuves. On n'a pas beaucoup de preuves que cela contribue à la réduction de la pauvreté. Cela ne veut pas dire pour autant que cela ne pourrait jamais fonctionner. C'est pour cette raison que nous sommes ouverts à l'idée de ce mécanisme au Canada, surtout que nous constatons qu'un grand accent est mis sur la réduction de la pauvreté et la question des droits des femmes. C'est donc encourageant.
Le fait que l'IFD du Canada soit petit n'est peut-être pas mauvais, en fait, puisque cela permet de commencer avec plus de prudence et d'investir dans des projets plus précis, et surtout avec un mandat plus réduit. Par exemple, on pourrait décider d'accorder la priorité à la question de la participation économique des femmes ou de la réduction de la pauvreté chez les femmes et les filles, et investir seulement dans ce secteur. Le fait de commencer sur une base réduite permettrait donc d'éviter certains pièges comme celui dans lequel la Banque mondiale est tombée. Elle a de très grands fonds, mais elle a aussi eu de très grands problèmes. De fait, de graves violations des droits de la personne se sont produites.
Nous considérons donc l'investissement avec un optimisme sceptique. Nous ne disons pas que cela ne pourrait pas fonctionner, mais en développement, on sait que le gouvernement, en particulier Affaires mondiales Canada, nous demande beaucoup de preuves quant à nos résultats. On nous demande d'être très précis au sujet de ce qu'on arrive à accomplir avec l'argent qui nous est remis. Pourtant, les IFD dans d'autres pays ont très peu fait leurs preuves. Il faudrait donc demander à l'IFD du Canada la même reddition de comptes que celle exigée de nos propres ONG qui utilisent des fonds publics.
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Je crois que ce sont là de très bonnes observations liées à la question, et je suis d'accord avec certains des points soulevés par ma collègue d'Oxfam. Premièrement, qu'on le veuille ou non, dans une ère d'APD qui stagne et qui, peut-être même diminue — et, soit dit en passant, il y a des bonnes raisons pour lesquelles c'est le cas —, le fait demeure que les nouveaux pays en développement ont maintenant des capacités pour financer le développement qu'ils n'avaient pas il y a 40 ou 50 ans lorsque nous avons mis au point nos programmes d'aide. Dans tous les cas, vu le genre de stagnation, créer un instrument qui attire d'autre financement du secteur privé est assurément une bonne chose.
Deuxièmement, c'est bien de commencer petit, comme ma collègue l'a dit. Surtout au cours des premières années, il faudra faire quelques erreurs, apprendre de ces erreurs, puis aller de l'avant. Mon point, c'est qu'il faut définir des critères liés à la croissance de l'organisation qui lui permettent de croître et de prospérer afin de représenter une part de plus en plus importante de l'aide du Canada à l'étranger.
Troisièmement, pour ce qui est de savoir si on en attend plus ou moins de cette organisation comparativement à ce qu'on attend des autres organisations canadiennes qui oeuvrent dans le domaine du développement, d'après moi, il faudrait s'attendre à la même chose. Cependant, en réalité, je crois qu'il faudrait peut-être réduire en partie le fardeau redditionnel qui pèse sur les organisations de développement canadiennes, plutôt que de simplement dire qu'il faut imposer le même fardeau à tout le monde. Je crois qu'un organisme humanitaire est différent d'une banque, alors la nature des rapports à produire devrait être elle aussi différente.
Lorsqu'on réunit tout ça, je suis optimiste, ici. Je ne veux pas laisser entendre que, puisque l'organisation sera petite, elle ne sera pas efficace. L'exemple que je fournirais, soit dit en passant, c'est en fait celui de mon dernier employeur, le CRDI. Le CRDI compte pour environ 4 % de l'APD du Canada et, pour ce qui est de l'apport international d'APD, on parle d'environ un vingt-cinquième. Comme vous le savez tous, je crois, parce que vous avez reçu ici des représentants du CRDI, cette organisation est l'un des joyaux de la présence à l'étranger du Canada et elle s'est révélée un organisme extrêmement efficace au fil du temps.
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Tout l'apprentissage tiré du travail visant à tenter d'obtenir l'égalité entre les sexes grâce au développement indique qu'il faut mettre sur pied des projets indépendants qui ciblent les femmes et les filles, mais qu'il faut également s'assurer d'intégrer l'égalité entre les sexes tout au long des programmes.
Il faut soumettre tout programme qu'on met en œuvre à une analyse comparative entre les sexes pour s'assurer que les femmes et les filles pourront en profiter tout autant. Je ne dirais pas que l'accent sur les femmes et les filles va être une partie distincte du mandat de l'IFD, mais il faut pouvoir tirer des leçons de l'expérience d'Affaires mondiales et du milieu du développement à l'échelle mondiale. C'est la base qui permettra à l'IFD d'atteindre ses buts.
Je dirais que l'idée de se concentrer sur les femmes entrepreneures, par exemple, est bonne et qu'il y a assurément des exemples et des moyens d'y arriver. Les femmes vivent l'économie d'un vaste éventail de manières, et elles ne sont pas toutes des entrepreneures. Les femmes sont sur le marché du travail. Si ce n'est pas le cas, c'est pour toute une gamme de raisons. Il s'agit de réfléchir à la façon dont nous pouvons tirer parti de cette occasion et de ce type de financement pour régler certains de ces problèmes.
Pour ce qui est de l'expérience d'autres pays et de leurs initiatives de financement du développement, les évaluations montrent que, lorsqu'elles travaillent beaucoup en vue de réaliser les mêmes stratégies et d'atteindre les mêmes buts de façon ciblée... alors, cela veut dire qu'il faut faire des choix. Le Canada a choisi de se concentrer sur une approche féministe et de cibler les femmes et les filles, alors il serait logique que l'IFD se concentre également sur cette approche.
Si l'IFD et l'organisme donateur collaborent pour atteindre les mêmes buts, ce sera beaucoup plus stratégique que s'ils travaillent sur des stratégies ou des enjeux distincts, parfois dans le même pays, et sur des choses qui n'ont aucun lien entre elles. C'est beaucoup moins efficace.
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Merci de vos nobles intentions.
Je remercie tous nos témoins.
En tant que parrain et auteur du projet de loi visant à améliorer l'aide au développement, qui est la seule loi du Canada prévoyant un mandat relatif à l'APD, j'ai un intérêt parental et protecteur à m'assurer que les principes du projet de loi sont intégrés dans cette entité; ainsi, j'aime votre idée de faire de la réduction de la pauvreté la cible de cette institution financière.
La raison qui est à l'origine de la rédaction du projet de loi, c'est que les gouvernements et les ministres errent. Nous injectons de l'argent destiné à l'aide dans toutes sortes de projets qui n'ont absolument rien à voir avec la réduction de la pauvreté, mais nous tentons de les déguiser en initiatives de réduction de la pauvreté. Je pense que la conversation concernant ce qui constitue de la pauvreté est intéressante, mais que, si on ne commence pas par les premiers principes — que le but de cet exercice tout entier, c'est la réduction de la pauvreté —, vous allez être soumis aux humeurs de tout gouvernement ou de tout ministre, alors je crois en votre argument de base.
La deuxième question — et je veux poursuivre cette discussion —, c'est que le féminisme est à juste titre — si on veut — ancré dans l'approche du gouvernement. C'est une bonne idée. Le problème tient au fait que, si, en réalité, vous commencez à entreprendre de petits projets, vous allez augmenter considérablement vos coûts indirects. Si vous offrez des services de mentorat, que vous fournissez de l'expertise et que vous augmentez vos coûts indirects par dollars prêtés, vous aurez moins de dollars prêtés, ou bien vous allez peut-être devoir vous rendre aux taux du marché, qui sont extrêmement gonflés par l'inflation, ou bien vous allez devoir recapitaliser régulièrement.
Je souhaiterais obtenir des commentaires de vous deux quant aux conséquences possibles, prévues ou imprévues, du fait de se concentrer sur les petits et moyens prêts, ce qui vous coupera inévitablement des autres prêts hautement rentables.
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Bien sûr, mais le problème des coûts indirects est important.
Je suis peut-être en train de me perdre en conjectures. Je ne sais pas si cela a été fait dans d'autres IFD — et Francesca et notre autre collègue pourront en parler —, mais il y a quelque chose à dire concernant l'harmonisation des buts de notre portefeuille d'aide avec ceux de l'IFD.
La semaine dernière, il a été annoncé que le Canada injectera 150 millions de dollars dans des organisations locales œuvrant pour les droits des femmes. On peut voir une stratégie où, par exemple, dans un pays donné, des investissements sont effectués dans des organisations de défense des droits des femmes par l'intermédiaire de nos programmes d'aide pour renforcer les associations d'entrepreneuriat de femmes, les coopératives de femmes et tout le reste, puis un investissement est effectué dans les mêmes collectivités que celles où on peut travailler avec une base de groupes qui a déjà été renforcée.
Cela ne veut pas dire qu'il n'y aurait aucun coût indirect lié à l'investissement de l'IFD, mais une grande partie de l'encadrement, du renforcement des capacités et du soutien à long terme dont on aurait besoin pour établir cette base se produit à l'échelon de l'aide, et l'investissement tire parti de ce qui a déjà été investi depuis le volet de l'aide. Nous pouvons voir ce genre de modèles.
Je comprends ce que veut dire votre collègue lorsqu'il parle du fardeau des exigences redditionnelles et de la preuve qui est imposé au secteur de l'aide, et il est entendu que ce fardeau devrait peut-être être moins important pour l'IFD, mais moins important dans l'ensemble. Je pense que nous faisons tous face à la même réalité dans le milieu du développement: nous sommes vraiment écrasés par les cadres administratifs entourant l'aide. Je sais que la nouvelle politique relative à l'aide comporte un énoncé selon lequel ce problème doit être réglé, car, en nous efforçant d'être plus responsables, nous sommes en fait moins efficaces.
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Oui, en effet, et c'est également lié à l'échange précédent sur le savoir-faire local. Si vous voulez être efficace dans la sphère du développement, vous aurez besoin d'expertise sur le terrain. Si vous avez une exploitation de 50 ou 60 millions de dollars par année, comment allez-vous saisir la nuance locale? Y arriverez-vous en étant à Montréal, ou bien en établissant un réseau d'informateurs et de personnel professionnel partout dans le monde? C'est probablement la dernière option. Plus vous étendrez ce réseau, plus les coûts indirects seront élevés. Je pense qu'une petite taille, c'est bien pour commencer, mais qu'il ne s'agit pas d'un modèle durable à long terme. À long terme, il devra y avoir une différence du point de vue du ratio, et la façon de changer ce ratio, c'est non pas de réduire le personnel, mais de mener des activités de prêt de plus grande envergure.
Concernant la façon d'établir ces éléments et pour ce qui est de déterminer s'il est plus facile d'en faire le suivi par rapport aux priorités actuelles, je pourrais établir le bien-fondé des deux arguments. Je pense que ce qu'a fait valoir ma collègue d'Oxfam, soit que l'habilitation des organisations de défense des droits des femmes se solde par une plus grande connaissance des activités d'entrepreneuriat menées par des femmes, est un bon argument. Toutefois, cette solution exigera une coordination entre les responsables de l'aide qui travaillent à AMC et les responsables du financement du développement qui travaillent à EDC.
Honnêtement, il ne me semble pas très évident que l'habilitation des organisations de défense des droits des femmes entraînera une amélioration des renseignements sur le marché au sujet de l'entrepreneuriat des femmes. Je pourrais être tout aussi à l'aise de dire qu'il faut laisser les banquiers cerner les occasions, que ce soit dans des infrastructures ou dans des entreprises technologiques en démarrage, par d'autres voies. Si tout est homogène, d'où proviennent les nouvelles idées?
C'était la relation entre l'ancienne ACDI et le CRDI. Le centre ne faisait pas absolument tout ce que faisait l'ACDI, et c'est pour une raison. C'était là qu'avait lieu l'expérimentation. C'était là que les risques étaient pris. Si quelque chose fonctionne, on le met ensuite à l'échelle, et c'est devenu l'ACDI.
Je formulerais le même argument en ce qui concerne l'IFD. Cette institution choisit des secteurs qui pourraient ne pas compter parmi les principaux du Canada, puis les laisse croître. Il se pourrait qu'au fil du temps, un domaine, comme l'utilisation de la technologie relative au registre des transactions à des fins de développement démocratique, qui ne fait pas partie de nos priorités actuelles en matière d'APD, puisse devenir une priorité à ce chapitre en raison de quelque chose de petit, d'intéressant et de fructueux dans quoi l'IFD avait investi dix ans auparavant.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour.
[Traduction]
Mesdames et messieurs, je suis très heureuse d'être ici aujourd'hui pour appuyer le Comité dans le cadre de son étude sur l'initiative de financement du développement.
Développement international Desjardins fait partie du groupe financier Desjardins. C'est un organisme sans but lucratif qui a été fondé en 1970 et qui a pour but de partager l'expérience de travail de Desjardins dans le secteur financier et dans le secteur financier coopératif avec des institutions dans les pays en développement.
À l'heure actuelle, DID travaille avec un large éventail d'acteurs financiers dans les pays en développement, et notre objectif est d'améliorer l'accès à des services financiers de qualité. Depuis 2009, nous travaillons plus particulièrement avec des entrepreneurs qui mettent en place ces institutions financières ou des institutions financières qui appuient les PME dans cinq pays de l'Afrique et de l'Amérique latine, que nous avons fondées avec le soutien d'AMC, Affaires mondiales Canada, ainsi que d'IFD et d'investisseurs du secteur privé. En fait, pour vous donner une idée de notre expérience auprès des IFD, nous avons travaillé avec sept IFD au cours des huit dernières années. Celles-ci ont fourni environ 21 millions de dollars en soutien, qui consiste en un amalgame de subventions. Environ 30 % de ce montant correspond à des subventions en soutien technique, et nous avons consenti du financement par emprunt et du financement par actions.
Mes commentaires aujourd'hui représentent principalement le point de vue d'un co-investisseur qui collabore avec des IFD ainsi que celui du client, étant donné que nous avons reçu du financement d'IFD. Il y a de nombreux avantages à travailler avec des IFD. Ce sont des investisseurs patients. Elles ont tendance à prendre plus de risque que les investisseurs du secteur privé. Souvent, nous pouvons obtenir des montants plus importants d'IFD que d'investisseurs du secteur privé. Elles ont tendance à rester lorsque les choses vont moins bien. Lorsqu'il y a une récession économique, le financement du secteur privé a tendance à disparaître, tandis que celui d'une IFD va souvent rester. Elles font des investissements en monnaie nationale, ce qui est essentiel dans les pays en développement. En fait, lorsque DID fait des investissements en monnaies exotiques, on a recours à une agence appelée TCX, un agent d'opérations de couverture pour les monnaies exotiques. Cela n'existait pas avant; c'est un groupe d'IFD qui l'a mise en place.
Il y a de nombreux avantages à travailler avec des IFD, mais aussi quelques désavantages, ou défis, devrais-je dire. Elles ont tendance à manquer un peu de souplesse et à être portées sur la bureaucratie. Selon notre expérience, c'est très difficile d'obtenir de petits investissements des IFD. Lorsque nous avons commencé à lancer des institutions en Afrique subsaharienne, on n'avait besoin que de petits investissements. On cherchait à obtenir moins de quelques millions de dollars, et les IFD nous ont dit que c'était juste en dessous de leur montant de transaction minimal. La plupart d'entre elles commencent à 7 millions de dollars ou plus. Cela fait en sorte qu'il est presque impossible pour les entreprises en démarrage et pour les nouvelles initiatives innovatrices d'obtenir du financement de la part d'IFD. On croit qu'il serait utile que l'IFD réserve une partie de son budget pour de petites transactions ou pour investir dans des entreprises en démarrage.
Le fait de travailler avec des IFD entraîne parfois d'importants retards et des négociations juridiques compliquées. Par exemple, récemment, il a fallu trois ans pour que l'on négocie un financement par actions plutôt modeste avec une IFD — trois ans. On croit que ce serait une très grande innovation pour l'IFD si son processus était un peu moins lourd, plus particulièrement au chapitre des petits investissements. Afin de sortir des sentiers battus, lorsque l'équipe d'investissement en actions privées de Desjardins a voulu rendre ses services plus attirants pour les PME ou les entrepreneurs, elle a remplacé sa convention des actionnaires normalisée de 40 pages, qui exigeait toujours des années de négociations, par une convention des actionnaires de 4 pages. C'était complètement révolutionnaire. Si une IFD faisait quelque chose comme ça, ce serait une petite révolution.
On aimerait voir une IFD qui pourrait faire preuve de souplesse avec au moins une partie de son budget. On croit que cela laisserait place à l'innovation. En ce qui concerne la façon dont une IFD pourrait évaluer ses résultats, je suis tout à fait d'accord avec M. Medhora, qui a dit plus tôt que nous ne devrions pas chercher à les mesurer. On peut le faire seulement dans un environnement contrôlé, où l'on connaît les variables, et pour un investisseur, c'est impossible.
On croit qu'il faudrait demander à une IFD, ou exiger d'elle, qu'elle rende des comptes sur ses résultats et ses activités. On souhaite s'assurer que les conditions sont en place pour obtenir les résultats souhaités, mais on croit qu'il ne serait pas réaliste de demander à un investisseur d'évaluer ses résultats.
On est très heureux de la mise en place de l'IFD, mais on craint que cela donne l'impression que le gouvernement ne devrait participer à aucun autre type d'investissement en matière de développement. On perçoit l'IFD comme faisant partie d'un continuum: d'une part, on obtient que du soutien, et de l'autre, que des investissements; entre les deux, il peut y avoir une combinaison de ces deux mesures, dans ce type de continuum.
Même si Affaires mondiales Canada ne peut pas investir actuellement dans des initiatives à but lucratif, nous aimerions que ce soit le cas à l'avenir. On croit que cela permettrait que l'on fasse des investissements plus risqués et dans des pays où une IFD n'est peut-être pas en mesure d'investir. On espère que le gouvernement continuera à élaborer un large éventail d'outils complémentaires en matière de développement, dans le cadre duquel les investissements plus risqués pourraient être faits par AMC, par exemple, et une IFD pourrait peut-être combiner certains de ces investissements à des dons visant à renforcer les capacités. On croit que cela serait très utile dans des secteurs risqués, comme celui du financement du secteur agricole.
Nous sommes tout à fait d'accord avec le fait que l'IFD doit être autonome, et on respecte cela, mais on croit que si l'IFD doit se démarquer à l'échelle internationale, il est essentiel qu'elle travaille de façon complémentaire, en quelque sorte, avec les autres acteurs canadiens en matière de développement. Collaborer avec le CRDI, AMC et les organisations de la société civile serait la meilleure façon pour l'IFD de montrer vraiment sa complémentarité par rapport aux stratégies canadiennes en matière de développement. Nous croyons qu'elle pourrait réaliser cela au moyen d'une partie de son portefeuille.
Il y a eu beaucoup de discussions concernant le financement mixte, dans le cadre duquel le financement public crée un effet de levier pour attirer le financement privé. Bien sûr, la façon la plus simple et la plus courante de faire cela — et que les IFD adoptent souvent — consiste à subordonner leurs investissements à ceux des investisseurs du secteur privé, mais on ne croit pas qu'il s'agit de la seule manière. On a vu de nombreux types de structures qui pourraient être appelées du financement mixte et pourraient être considérées comme telles. En fait, pourquoi ne pourrions-nous pas songer à mettre en place une structure où les investisseurs ou les citoyens canadiens pourraient investir dans l'IFD ou acheter des actions? À mon avis, cela constituerait un financement mixte vraiment novateur.
Tout d'abord, je remercie le Comité de me donner l'occasion de témoigner aujourd'hui. Salutations de Waterloo, en Ontario. Nous sommes heureux que vous nous permettiez de témoigner par Internet.
Bonjour, Jessie; nous la connaissons bien. Nous avons un grand respect pour Desjardins.
Je m'appelle Jerry Quigley. Je suis le vice-président directeur de Mennonite Economic Development Associates, que l'on appelle aussi MEDA. J'aimerais commencer par formuler trois commentaires très simples de mise en contexte sur l'IFD, puis formuler deux recommandations que MEDA aimerait faire.
Le premier commentaire est que MEDA appuie de façon générale la création de l'IFD canadienne. Nous félicitons le gouvernement actuel de mener à bien cette importante initiative.
Le deuxième commentaire concerne le fait que nous croyons que le montant initial de 300 millions de dollars sur cinq ans est trop modeste pour que cette IFD joue le même rôle que d'autres IFD. L'OPIC investit environ 1,6 milliard de dollars par année. CDC a un actif net avoisinant les 5 milliards de dollars. Pour prendre tout son sens, l'IFD canadienne doit être ambitieuse à cet égard.
Le troisième commentaire touche le fait qu'il s'agit de la première IFD à être créée en 20 ans. C'est beaucoup de temps pour apprendre; qu'avons-nous donc appris et que pouvons-nous faire de nouveau?
Je passerai aux recommandations. MEDA croit qu'il n'y a pas meilleur point de départ que la citation récente du groupe Canadian International Development Platform.
Les répercussions en matière de développement et l'additionnalité devraient être les priorités du mandat. L'IFD doit travailler en complémentarité avec la stratégie canadienne plus large en matière de développement.
C'est un commentaire que l'on peut trouver dans une publication récente du CIDP intitulée How Can Canada Deliver? Responding to the Changing Global Development Context.
D'abord, en ce qui concerne le commentaire au sujet de l'additionnalité, d'autres pays s'entendent sur le fait que le Canada est un chef de file mondial en matière d'innovation dans le domaine du financement mixte et le reconnaissent. On entend tout le temps cela aux États-Unis et au Royaume-Uni. L'IFD représente une excellente occasion pour le Canada de renforcer sa réputation et son travail. Le monde n'a pas besoin d'une autre IFD qui en est à ses premiers balbutiements pour faire concurrence aux autres IFD et aux capitaux privés pour faire des investissements à faible risque et ayant de grandes répercussions dans les pays à faible revenu. Faire cela, ou tenter de le faire, en ferait un poids léger, une pâle copie de ce que les autres IFD font. Le monde a besoin d'une IFD qui sert de catalyseur de capitaux privés.
Prenons la SCHL. Ce n'est pas le parfait exemple pour le domaine du développement, mais il sert à faire valoir l'argument. La SCHL n'offre pas des prêts hypothécaires pour faire concurrence aux prêteurs du secteur privé, mais elle prend le risque de permettre des flux de capitaux qui ne seraient pas accessibles autrement. C'est une chose sur laquelle l'IFD devrait mettre l'accent.
Si l'IFD ne peut pas vraiment catalyser l'injection de capitaux privés, le résultat peut avoir un effet novateur, transformateur et catalyseur. Nous saurons que l'IFD canadienne a du succès par la quantité de capitaux privés qu'elle amassera. On critique les autres IFD parce qu'elles font concurrence aux capitaux privés. C'est pour cela que nous croyons que l'IFD doit s'associer au nouveau bureau pour le financement en innovation d'Affaires mondiales Canada. Le résultat devrait être ambitieux, différent et perturbateur, et l'IFD pourrait faire des choses qu'aucune autre IFD ne fait. Cela signifie qu'elle n'aura probablement pas les rendements élevés de ses pairs des autres pays, mais elle changera vraiment les choses.
Ensuite, il y a la question des répercussions en matière de développement. Étant donné sa taille, l'IFD devrait envisager de faire un ciblage sectoriel ou géographique.
Par exemple, on pourrait innover et atténuer les risques liés à l'investissement de capitaux privés dans les infrastructures environnementales, les entreprises dirigées par les femmes ou la santé. Mais, dans le monde de l'aide au développement, les compromis font partie de la réalité. Cela, nous le savons. En définissant des cibles trop précises, nous pourrions nuire à l'additionnalité, et il ne faut pas oublier qu'il existe une relation inverse entre la volonté du secteur privé d'engager des fonds et l'étroitesse des débouchés. L'étroitesse des domaines d'investissement est un facteur de risque. Par exemple, les investissements dans le secteur de la santé en Afrique de l'Est constituent un très petit bassin, mais une IFD ne dispose que de peu d'appâts, et elle doit donc se montrer sélective. Cela dit, il s'agit d'une nouvelle IFD et, à ce titre, elle a la possibilité de s'adapter de façon à avoir le plus d'impact possible dans une région peu étendue.
Mon prochain commentaire nous ramène à ce que disait la représente de Desjardins, c'est-à-dire que l'IFD devrait songer à collaborer avec Affaires mondiales Canada pour avoir accès à un soutien technique supplémentaire, ce qui augmenterait et bonifierait ses investissements. Le projet INFRONT de MEDA confirme que de nombreuses entreprises veulent faire ce qu'il convient de faire. Le projet INFRONT est un projet novateur de financement mixte piloté par Affaires mondiales Canada; le gouvernement canadien verse 15 millions de dollars de capitaux d'atténuation de risque, et une aide technique de 5 millions de dollars est fournie aux entreprises qui investissent. Nous avons constaté que la plupart des propriétaires des entreprises privées qui participent à INFRONT se préoccupent sincèrement des problèmes de pauvreté, d'environnement ou de participation des femmes, notamment. L'IFD comprendra rapidement que ses investissements auront beaucoup plus d'impact si Affaires mondiales Canada fournit un soutien additionnel ciblé aux entreprises qui investissent.
Pour terminer, il est bon de voir que la Politique d'aide internationale féministe du Canada soutient des approches de ce genre. Voici deux citations tirées de cette nouvelle politique. Premièrement:
De nouveaux instruments, tels que les contributions remboursables permettront au Canada de mobiliser de nouvelles modalités de financement pour les partenaires du secteur privé mal desservis des pays en développement, y compris les entreprises dirigées par des femmes.
Cette nouvelle politique dit également ceci:
Les contributions du Canada seront également mises à profit en augmentant et en améliorant les options pour contribuer aux initiatives au moyen de relations de financement qui présentent une combinaison de soutien remboursable et non remboursable.
Il suffit de trouver un mécanisme utile et de collaborer avec la nouvelle IFD.
Merci de m'avoir donné ce matin l'occasion de vous faire part de notre opinion sur l'IFD. Je redonne la parole au président.
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La plus grande complication, quand on travaille avec des IFD, c'est qu'elles insistent énormément sur les aspects juridiques. Cette approche très lourde est tout simplement très mal adaptée à nos partenaires locaux.
Nous travaillons avec des organismes. Nous investissons dans des institutions de microcrédit et d'inclusion financière dans toutes sortes de pays. Ces organismes génèrent des retombées incroyables, sur le terrain, mais ils ne disposent peut-être que d'un seul conseiller juridique ou ils travaillent avec une entreprise de l'extérieur. Quand une IFD leur présente un contrat de prêt de 50 pages, ils se contentent de le signer sans comprendre tout ce qu'il renferme ou toutes les conséquences possibles de cette signature. Ce n'est pas une bonne approche dans le domaine du développement. L'institution essaie de parer à toutes les éventualités, à toutes les conséquences juridiques possibles dans un pays où le système juridique n'est pas, disons, celui du Canada.
Concrètement, sur le terrain, si vous voulez travailler avec des partenaires locaux, vous devrez vous adapter à leur situation et à leur capacité. Si une institution n'est pas prête à le faire, elle devra travailler avec des institutions internationales de plus grande envergure qui ont leurs propres partenaires sur le terrain.
De notre côté, nous offrons ce service à nos partenaires; donc, si une IFD veut investir avec nous, nous pourrons par exemple agir en tant qu'interprète juridique entre les deux entités. Toutefois, en réalité, sur le terrain, cette approche par trop juridique n'est pas réaliste.
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Vous soulevez un très bon point. C'est l'un des dilemmes ou l'une des difficultés qui sont liés aux investissements pour le développement.
Voyez-vous, le fait est que le microcrédit existe depuis un bon moment. Un grand nombre de subventions ont été accordées à des pays émergents aux quatre coins du monde pour aider au développement du microfinancement. Au départ, on ne voyait pas l'intérêt d'investir dans cela. Mais l'infrastructure a été mise en place, et, au bout du compte, des institutions dans lesquelles on peut investir ont été créées, des institutions rentables et qui offrent des services de très bonne qualité à leurs membres ou clients. Ensuite, des possibilités d'investissement se présentent pour nous, mais la mise en place de l'infrastructure prend très longtemps.
De nos jours, il arrive souvent, dans de nouveaux secteurs ou de nouvelles régions géographiques où il n'y a pas ce genre d'institutions, que des investisseurs se manifestent sans avoir pris en considération qu'il a fallu très longtemps pour mettre en place, à l'aide de subventions, ce genre d'infrastructures. C'est pourquoi nous croyons qu'il est nécessaire de combiner les deux.
Par exemple, le rendement agroéconomique est horrible présentement dans les pays en développement... même dans les pays industrialisés, devrais-je dire. Ce qu'il faut faire, c'est créer, en utilisant les ressources appropriées, toute une infrastructure pour offrir aux agriculteurs une assurance agricole ainsi que de l'aide pour renforcer leurs capacités. C'est un système plutôt complexe, dans lequel les investissements à eux seuls ne suffisent pas. Pour cette raison, nous préconisons une combinaison des deux là où cela est nécessaire.
Bien sûr, l'infrastructure est déjà en place dans certains secteurs. Ce sont des secteurs très propices à l'investissement qui offrent de bons rendements. Malgré tout, ce que nous voulons voir pour ce portefeuille, c'est une approche où au moins une partie des fonds de l'IFD sont réservés à des secteurs novateurs pour lesquels des dons sont toujours nécessaires.
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Merci. C'est une bonne question.
Pour choisir des pays, essentiellement, nous accordons la priorité aux pays où l'accès au financement est difficile. Sur la scène mondiale, nous sommes un petit investisseur en ce qui concerne le microcrédit. Il y a d'autres institutions qui investissent des fonds énormes de nos jours. Donc, nous voulons des pays où l'accès au financement est peu élevé. La Banque mondiale a créé une excellente base de données, appelée Findex. Elle a interrogé 1 000 personnes dans chaque pays et a créé cette base de données où on peut voir quel est le pourcentage d'accès au crédit et aux comptes officiels. Elle offre beaucoup de détails. Les données concernent les femmes, les hommes, les régions et toutes sortes de produits financiers.
Nous utilisons cette base de données pour cibler en particulier les pays où les besoins sont élevés, mais peut-être pas les plus élevés. Par exemple, j'ai mentionné le Tadjikistan, où 5 % des gens peuvent ouvrir un compte d'épargne en bonne et due forme. Pour nous, cela montre un besoin élevé. C'est une occasion à saisir, autant sur le plan sociétal que sur le plan des affaires. Si 95 % des gens n'ont pas accès au financement, cela veut sans doute dire que certains d'entre eux en ont besoin. En comparaison, au Canada, 97 % des gens sont en mesure d'ouvrir un compte d'épargne en bonne et due forme. Cela vous donne une idée du pourcentage de gens qui aimeraient aussi y avoir accès.
En ce qui concerne la réduction de la pauvreté, le microfinancement était surtout axé sur cela à ses débuts, bien sûr, au début des années 1990 et 2000. En conséquence, il y a une très grande pression en vue de le prouver, même si tout le monde a besoin de services financiers. Nous sommes tous des utilisateurs de services financiers. Nous avons besoin de prêts pour acheter une maison ou pour aller à l'école. C'est très difficile de prouver que mon accès ici à des services financiers aide à me sortir de la pauvreté. Il a été tout autant difficile de prouver qu'il s'agit d'un facteur déterminant qui aide les gens à se sortir de la pauvreté. Peut-être est-ce le pays qui se développe, ou alors certaines personnes ont un esprit d'entrepreneuriat plus fort que d'autres.
En fait, les services financiers peuvent également nuire. Si vous contractez trop de dettes, si différentes institutions vous accordent des prêts, vous finissez par être surendetté. Il semble même qu'il y ait eu des cas de suicide en Inde à cause de cela. En réaction, les gens se retournent contre nous et nous disent: « Comment pouvez-vous dire que cela aide à réduire la pauvreté? Cela mène au suicide. » Je crois qu'il est risqué d'affirmer que les services financiers vont réduire la pauvreté. Ils peuvent mener au développement économique, nous sommes sûrs de cela. Nous ne devrions pas avoir à prouver, encore et encore, que les services financiers aident les gens.
Et ça, ce n'était qu'un seul exemple. Je ne crois pasqu'on devrait déployer des efforts afin de prouver, à chaque mesure prise, que cela va aider à réduire la pauvreté. Voyez-vous, il y a trop de facteurs qui pèsent dans la balance en ce qui concerne la pauvreté. Comme vous l'avez déjà mentionné, la pauvreté est quelque chose de très complexe. Cela ne se résume pas au PIB. Ce n'est pas seulement une question d'accès à l'éducation ou aux services de santé. Nous croyons que nous avons mis en place des facteurs qui pourront faire en sorte de réduire la pauvreté au bout du compte, mais nous ne devrions pas avoir à le prouver tout le temps.