Je m'appelle Richard Arbeiter. Je suis directeur général de la politique de sécurité internationale à Affaires mondiales Canada.
Je suis ravi de prendre la parole devant vous aujourd'hui. Ma collègue Mme Wendy Gilmour vous parlera sous peu des détails entourant le projet de loi , qui apporte des modifications permettant l'adhésion du Canada au Traité sur le commerce des armes, ou TCA.
Quant à moi, j'aborderai le Traité sur le commerce des armes proprement dit en parlant de son origine, de ses objectifs, de ses avantages et de ses apports à un système international efficace et axé sur les règles.
La prolifération des armes classiques par le commerce illégal ou non réglementé des armes pose un défi considérable à la paix et à la sécurité internationales. Des populations vulnérables, y compris les femmes et les filles, sont particulièrement exposées à un risque.
Qu'il s'agisse de l'absence de réglementation ou de commerce illégal, voici les répercussions de la prolifération des armes classiques: intensifier et prolonger les conflits, ce qui entraîne une instabilité à l'échelle régionale; contribuer à des violations des lois humanitaires internationales et à des abus des droits de la personne; faire obstacle au développement social et économique; et profiter aux criminels et aux terroristes.
Le Canada reconnaît cette menace depuis fort longtemps. En fait, le Canada a été l'un des précurseurs de la promotion des contrôles à l'exportation pour atténuer les risques que pose le commerce illégal et non réglementé des armes.
D'autres pays, y compris nos alliés les plus proches et nos partenaires ayant la même optique, ainsi que des membres de la société civile, sont tout aussi préoccupés que nous par ce défi.
Ils ont conclu qu'il fallait mettre en place un ensemble de règles claires et acceptées à l'échelle internationale en vue de réglementer les armes légales et d'ainsi réduire la possibilité de prolifération déstabilisante des armes classiques. Le TCA tire son origine de cette compréhension.
Des négociations internationales intensives, menées sous l'égide des Nations unies en 2012 et en 2013, ont donné lieu à l'élaboration du Traité sur le commerce des armes.
En 2013, l'Assemblée générale des Nations unies a adopté avec succès le TCA par un vote de 153 contre 3. Seuls la Syrie, la Corée du Nord et l'Iran ont voté contre son adoption. On compte 130 États signataires du TCA et de ce nombre 92 ont déposé leurs instruments de ratification ou y ont adhéré à ce jour, et ils sont désormais des États parties.
Pour les États exportateurs, comme le Canada et ses alliés, le TCA a, entre autres objectifs principaux, de voir à l'application de normes plus solides de contrôle à l'exportation à l'échelle mondiale comme mesure pour lutter contre les nombreux dangers provenant du commerce non réglementé et illicite des armes classiques. De plus, le fait de promouvoir un processus décisionnel systématique, réfléchi et efficace sur les exportations d'armes garantit la poursuite d'un commerce légal des armes de manière transparente et responsable. L'établissement de normes claires garantit aussi des règles du jeu équitables pour les membres légitimes de l'industrie de la défense.
Les États touchés par un conflit armé et vivant dans l'instabilité ont été reconnaissants des possibilités qu'offre le TCA. En effet, ce dernier leur permet d'accroître leur sécurité nationale et celle de leurs collectivités en réduisant les transferts d'armes illégales sur leur territoire.
C'était aussi une occasion de garantir des résultats solides sur le plan humanitaire pour le TCA. En fait, le TCA a, en autres points de mire, le devoir de protéger les victimes innocentes dans des situations de conflit.
[Traduction]
Je parlerai maintenant des avantages qu'offre le Traité sur le commerce des armes. Le TCA vise fondamentalement à réduire la disponibilité répandue et le mauvais usage des armes en raison d'un commerce illégal, qui est très peu, voire aucunement réglementé. Pour ce faire, le TCA exige que les États possèdent ou mettent en place un système efficace de contrôle des armes afin de réglementer le commerce légal des armes.
Il établit, conformément à l'article 1, « les normes communes les plus strictes possible » afin de réglementer le commerce international des armes. Ces normes comprennent les dispositions prévues aux articles 6 et 7 du TCA, qui obligent les États à évaluer la façon dont les potentielles exportations seront utilisées.
L'article 6 établit des interdictions, c'est-à-dire que des armes ne doivent jamais être exportées, par exemple, dans des cas où elles pourraient servir à commettre ou à faciliter un génocide ou qu'elles violeraient les embargos sur les armes des Nations unies.
L'article 7 présente les facteurs d'évaluation dont un État doit tenir compte au moment d'étudier des exportations individuelles. L'article 7 exige aussi que les États ne fassent pas l'exportation d'armes s'il existe un risque prépondérant de violations graves, par exemple, du droit international en matière de droits de la personne ou du droit humanitaire international. Pour la première fois dans un traité international, une évaluation de l'incidence possible sur les femmes et les enfants, y compris la violence fondée sur le sexe, est incluse.
En général, le Canada répond déjà à la plupart des obligations prévues dans le TCA, même s'il doit apporter certains changements importants pour respecter entièrement deux de ses dispositions.
Comme l'a noté la dans son discours au Parlement le 6 juin sur les objectifs de la politique étrangère canadienne, « le Canada a joué un rôle actif dans la mise en place d'un ordre mondial fondé sur des règles ». Notre adhésion au TCA offre aussi au Canada une occasion inestimable de contribuer à ce système et à le renforcer. En adoptant les modifications législatives nécessaires afin de joindre le TCA, le Canada assumera un rôle important, se joignant à nos alliés pour veiller à ce que les États aient des contrôles à l'exportation solides et rigoureux.
Nous nous rallions, à l'instar de la grande majorité de nos alliés, aux efforts internationaux déployés pour mieux contrôler la circulation des armes conventionnelles. L'adhésion au TCA offre au Canada des tribunes supplémentaires afin de collaborer avec ses partenaires internationaux pour améliorer davantage la pratique des contrôles à l'exportation à l'échelle mondiale.
Tandis que nos normes déjà en place répondent à la majorité des obligations prévues dans le TCA, pour le Canada et ses alliés, l'adhésion au TCA vise à renforcer et à promouvoir leur engagement à l'égard d'un commerce responsable des armes.
L'atteinte de la norme commune du TCA représentera, pour bon nombre d'autres États, un pas important vers un meilleur contrôle des armes conventionnelles qui circulent dans leur territoire. Et cela fonctionne. Un certain nombre d'États s'emploient maintenant activement à améliorer leurs lois nationales et leurs règlements en matière de contrôle à l'exportation afin de pouvoir ratifier le TCA et de répondre aux obligations qu'il prévoit. À cet égard, le TCA permet de prévenir les exportations d'armes dans ces zones de conflits par des États dont le régime de contrôle à l'exportation est poreux ou inexistant. Il peut rendre aussi plus difficile d'acquérir des armes par un détournement ou d'autres moyens illégaux.
Le Canada appuie concrètement cet objectif, notamment par une contribution d'un million de dollars au mécanisme de financement des Nations unies pour la coopération en matière de réglementation des armements. Ce mécanisme flexible a une expérience impressionnante de soutenir les États qui poursuivent l'accession au TCA. La contribution du Canada appuiera la mise en oeuvre du traité dans les régions touchées par le commerce illicite et irresponsable d'armes conventionnelles. Par exemple, en 2016, ce mécanisme des Nations unies a contribué aux efforts de Ghana, de la Namibie et de la Zambie pour préparer des lois et des règlements sur les contrôles de courtage. L'UNSCAR a également été active dans le financement de projets dans les États insulaires du Pacifique afin de promouvoir l'inclusion des normes du TCA dans les cadres régionaux et les systèmes nationaux.
Même si nous sommes convaincus que le TCA contribuera à l'amélioration des contrôles d'exportation à l'échelle mondiale, son efficacité a été remise en question, étant donné qu'un certain nombre d'États exportateurs importants ont choisi de ne pas y adhérer. Premièrement, même si cet énoncé est vrai, un certain nombre d'autres exportateurs importants d'armes, y compris tous les membres de l'Union européenne, sont des États parties. Deuxièmement, l'efficacité d'un traité international ne se mesure pas uniquement en fonction du nombre d'États membres qu'il compte, mais plutôt en fonction des répercussions actuelles et en aval sur le comportement de ceux qui ont ratifié le traité et de ceux ayant choisi de ne pas y adhérer.
Les traités, comme le TCA, établissent des normes internationales susceptibles d'avoir une influence sur ceux qui choisissent de ne pas les ratifier. La Convention d'Ottawa, soit la Convention sur les mines antipersonnel, en constitue un bon exemple. Elle établit, depuis 20 ans, une norme claire contre l'utilisation de ces armes. Cette norme s'est fait sentir tant sur le comportement des États parties que sur ceux n'ayant pas ratifié le traité, dont bon nombre ont réduit leur utilisation des mines terrestres.
On peut affirmer avec justesse que les répercussions complètes du TCA ne se feront pas sentir du jour au lendemain sur les normes internationales. C'est toutefois une caractéristique des conventions internationales. Au fil du temps, à mesure que d'autres États apportent les changements requis pour adhérer au traité, le TCA continuera de contribuer à l'établissement d'une norme universelle, en définissant ce qui constitue un commerce responsable des armes.
Maintenant que j'ai présenté les avantages et les apports du TCA, je tiens à aborder clairement ce que le traité ne couvre pas.
Le TCA n'impose aucune restriction sur les types ou les quantités d'armes que les États peuvent acheter, vendre ou posséder. Au lieu, elle vise à établir une norme mondiale sur l'incorporation des répercussions de ces armes comme facteur décisif pour le choix de leur destination d'exportation.
Je tiens à souligner que le TCA n'a aucun effet non plus sur les lois nationales visant le contrôle des armes à feu ou d'autres politiques relatives à la possession d'armes à feu. Le Traité reconnaît clairement le droit souverain de tout État de réglementer et de contrôler les armes conventionnelles sur son territoire. Lors des négociations du TCA en 2012, un ajout proposé par le Canada au préambule a été accepté; on y reconnaît que « le commerce, la possession et l'usage de certaines armes conventionnelles, notamment aux fins d'activités de loisirs, d'ordre culturel, historique ou sportif, sont licites ou légaux ».
Le TCA n'impose pas non plus au Canada de nouvelles exigences en matière de rapports. Il n'exige pas que le Canada crée un registre des personnes qui possèdent légalement des armes. Les obligations relatives à l'établissement de rapports prévues à l’article 13 du TCA indiquent expressément que les données présentées au Secrétariat du Traité sur le commerce des armes peuvent être identiques à celles qui se trouvent dans les rapports annuels destinés au Registre des armes classiques des Nations unies concernant les éléments précis couverts par le Traité sur le commerce des armes. Le Canada présente ces rapports depuis 1993, soit depuis près de 25 ans. Le Traité n'entraîne aucune nouvelle exigence en matière de rapports pour le Canada.
L'article 12, qui exige que chaque État partie tienne des registres nationaux des exportations, ne constitue pas non plus une nouvelle obligation pour le Canada. Les exportateurs canadiens sont actuellement tenus de garder des registres pertinents afin de montrer qu'ils se conforment à la Loi sur les licences d'exportation et d'importation. Ils sont tenus de le faire depuis des dizaines d'années. Ces obligations pour les exportateurs ne changeront pas.
Ces registres, qui sont propres à l’administration des licences d'exportation et d'importation, sont conservés au Canada seulement. Le TCA n’exige pas la transmission des registres nationaux aux autres États membres ou au Secrétariat du TCA. Cela garantit que les renseignements confidentiels sur les particuliers et les entreprises demeurent protégés. Le Traité sur le commerce des armes est le premier traité international qui vise à enrayer les problèmes issus du commerce illicite des armes classiques. En y adhérant, le Canada se joindra à bon nombre de ses alliés et servira de modèle au reste du monde.
Maintenant que j’ai présenté le TCA, son origine, ses objectifs, ses avantages et ses apports à un système international efficace et axé sur les règles, je cède la parole à Mme Wendy Gilmour, qui parlera des changements précis proposés dans le projet de loi et de la façon dont ils seront mis en oeuvre.
[Français]
Merci.
:
J'aimerais également vous présenter Robert Brookfield, qui est également présent. Il est le directeur général du bureau chargé du droit commercial. Avec son équipe, il a joué un rôle crucial dans la rédaction de l'ébauche du projet de loi et dans la formulation de conseils relatifs à la Loi sur les licences d'exportation et d'importation du Canada.
Richard a donné un aperçu utile du Traité sur le commerce des armes et de son incidence positive sur l’élaboration de normes internationales en matière de contrôles à l’exportation efficaces. Je traiterai du projet de loi ainsi que de la manière dont il appuiera l’adhésion du Canada au Traité et renforcera le programme actuel des contrôles à l’exportation du Canada pour les marchandises et les technologies militaires, stratégiques et à double usage.
Sur le plan de la réglementation commerciale, l’adhésion du Canada au Traité sur le commerce des armes consolidera son rôle de chef de file dans l’effort mondial d'universalisation des pratiques exemplaires en vue d'avoir des contrôles à l’exportation efficaces. Le Canada a joué un rôle constant dans l’établissement de normes internationales visant à appuyer le contrôle efficace des armes classiques ainsi que des marchandises et des technologies connexes depuis la conclusion de l’Accord de Wassenaar, au lendemain de la guerre froide, et dans la mise en place subséquente d'autres régimes multilatéraux de contrôle des exportations et de non-prolifération.
Adhérer à la communauté du Traité donnera au Canada de nouvelles occasions de poursuivre ce travail important avec nos alliés et partenaires les plus proches, dont les États-Unis, qui sont l'un des signataires du Traité, et nos autres partenaires de l'OTAN qui sont déjà des États parties.
En ce qui concerne les dispositions précises du projet de loi , j'aimerais souligner les deux dispositions qui sont essentielles à l’adhésion du Canada au Traité sur le commerce des armes.
En ce moment, le Canada se conforme à 26 des 28 engagements contenus dans le Traité sur le commerce des armes. Les éléments clés du projet de loi portent sur les deux engagements restants: premièrement, officialiser et expliquer clairement les considérations liées à l’évaluation des demandes de licence d'exportation du Canada pour veiller à ce qu'elles soient harmonisées avec les dispositions de l’article 7 du Traité; et deuxièmement, réglementer le courtage des armes en conformité avec l’article 10 du Traité.
Permettez-moi d’abord de parler des considérations liées à l’évaluation au titre du Traité sur le commerce des armes.
L’article 7 du Traité stipule que chaque État partie doit tenir compte de nombreux risques précis ayant trait aux articles devant être exportés avant d’autoriser leur exportation. Les critères actuels de délivrance d’une licence d’exportation du Canada correspondent aux éléments décrits dans le Traité, mais il s’agit de politiques plutôt que de mesures législatives. Lors de la rédaction du projet de loi , on a examiné les lois et les pratiques canadiennes en vigueur, notamment en ce qui concerne les autres programmes de réglementation du Canada, ainsi que l’approche adoptée par nos alliés qui sont déjà membres du Traité. L’élément critique était la nécessité de créer une obligation juridiquement contraignante pour que le ministre tienne compte des considérations liées à l’évaluation du Traité au moment de déterminer si une licence d’exportation doit être délivrée.
Nous avons conclu qu’il serait plus efficace de mettre cette obligation en oeuvre par voie de réglementation. Cette façon de faire correspond aux pratiques de mise en oeuvre du Traité de nos alliés de droit commun, ainsi qu’avec les pratiques canadiennes. Plus particulièrement, les sanctions économiques canadiennes sont mises en oeuvre dans le cadre d’une réglementation établie en vertu de lois particulières — un concept qui permet de mettre de nouvelles sanctions en place plus efficacement que s’il faut modifier la loi.
Il s’agit d’un facteur essentiel, car l’avantage de la réglementation réside dans la capacité de s’adapter à l’évolution des menaces et aux nouvelles normes internationales plus rapidement qu’en apportant des modifications législatives. C’est une leçon apprise dans les années qui ont suivi les événements du 11 septembre, lorsque le noyau du terrorisme et du crime organisé a clairement été désigné comme une menace tangible à la sécurité canadienne et internationale. Le Parlement a intégré ces éléments dans la Loi sur les licences d’exportation et d’importation du Canada, mais il lui a fallu quatre ans.
Comme Richard l’a souligné, l’un des avantages du Traité sur le commerce des armes est qu’il a fait progresser les normes internationales relatives à notre compréhension des liens entre les conflits et les actes de violence graves à l’endroit des femmes et des filles. Nous devrions nous attendre à ce que notre compréhension des conflits et de l’instabilité continue d’évoluer, tout comme la technologie ayant trait aux armes classiques et aux armes de destruction massive. Grâce à l’ajout de critères de délivrance des licences d’exportation à la réglementation, l’évaluation que le Canada fera des risques liés aux exportations de matériel militaire continuera également d’évoluer.
La nouvelle réglementation sera conforme aux risques énoncés dans l’article 7 du Traité sur le commerce des armes. C’est essentiel pour que le Canada procède à la mise en oeuvre intégrale du Traité, ce qui constitue une mesure cruciale pour le leadership du Canada dans la mise en oeuvre d’un système international multilatéral fondé sur des règles. La pratique du Canada en ce qui a trait au respect du droit international conventionnel consiste à mettre en oeuvre de façon intégrale les obligations avant d’y adhérer. Nous nous attendons à ce que d’autres États suivent cet exemple et nous les encourageons en ce sens.
Si le Parlement adopte ce projet de loi, la ministre des Affaires étrangères ira rapidement de l’avant avec le processus de réglementation, en commençant par la prépublication des nouvelles dispositions réglementaires associées au projet de loi , y compris les considérations liées à l’évaluation des demandes de licence d’exportation.
Les Canadiens, comme les parlementaires, auront l’occasion de faire part de leurs commentaires sur la réglementation. Le Parlement pourra aussi exercer une surveillance par l’intermédiaire du Comité mixte permanent d’examen de la réglementation.
Je vais maintenant vous parler des mesures de contrôle du courtage, soit le deuxième élément que nous devons changer pour nous conformer aux obligations du Traité.
L’article 10 du Traité précise que chaque État doit « réglementer les activités de courtage... relevant de sa juridiction ». Le projet de loi établira de nouveaux règlements canadiens sur le courtage, tout d’abord en définissant le « courtage » des armes comme étant la préparation ou la négociation du mouvement de marchandises ou de technologies désignées entre deux pays étrangers.
Le projet de loi précisera également que les mesures réglementaires du Canada sur le courtage couvriront toute personne au Canada, de même que les citoyens canadiens, les résidents permanents et les organisations enregistrées au Canada qui sont à l’étranger. Ces dispositions correspondent à la pratique des alliés et des partenaires les plus proches du Canada et appuieront la mise en oeuvre intégrale des contrôles de courtage du TCA.
Diverses dispositions du projet de loi servent simplement à ajouter le mot « organisations » aux dispositions existantes de la Loi sur les licences d’exportation et d’importation. C’est parce que les activités de courtage des armes peuvent généralement être menées par un plus grand nombre d’entités que celles visées par la définition actuelle de « personne » dans la Loi sur les licences d’exportation et d’importation.
Les mesures réglementaires visant le courtage renforceront le dispositif canadien de contrôle à l’exportation en permettant le contrôle du déplacement des articles désignés à l’extérieur du Canada, ce qui réduira le risque associé au trafic illicite d’armes et de matériel militaire par des acteurs sans scrupules qui pourraient chercher à mener leurs activités sur des territoires où la surveillance nationale est limitée. L’établissement de contrôle sur le courtage des armes place le Canada en bonne compagnie avec des pays ayant une optique similaire.
Des dispositions supplémentaires dans le projet de loi favoriseront aussi le resserrement des contrôles à l’exportation du Canada, notamment en modernisant la sanction pour une infraction punissable par procédure sommaire en vertu de la Loi sur les licences d’exportation et d’importation en faisant passer l’amende de 25 000 $, établie en 1991, à 250 000 $.
En outre, le projet de loi entraînera la création d’une exigence législative et l’établissement d’une date de présentation d’un rapport annuel au Parlement sur les exportations de matériel militaire. En 1991, le Canada a amené la communauté internationale à produire des rapports publics sur les exportations de matériel militaire, et nous continuerons de donner l’exemple de façon efficace à l’échelle internationale en officialisant la création de ce rapport dans le cadre du projet de loi .
Avant de terminer, j’aimerais prendre quelques instants pour aborder une question soulevée durant le débat à la Chambre des communes, soit l’expédition sans licence de la plupart des marchandises contrôlées aux États-Unis.
La relation en matière de défense que le Canada entretient avec les États-Unis est notre plus importante relation de défense bilatérale. Depuis des décennies, nos deux pays profitent d’une assise industrielle commune en matière de défense en Amérique du Nord, établie officiellement dans le cadre de l’Accord sur le partage de la production de défense en 1957.
Cet accord et d’autres accords bilatéraux continuent de servir les intérêts du Canada, car ils soutiennent une solide industrie de défense comptant plus de 63 000 emplois et représentant une contribution de plus de 6,7 milliards de dollars par année au PIB. Le secteur de fabrication de défense offre des salaires d’environ 60 % supérieurs à ceux qui sont offerts dans le reste du secteur manufacturier, et les emplois liés à l’innovation représentent plus de 30 % des emplois directs de l’industrie de la défense. Ces emplois précieux sont répartis dans l’ensemble du Canada.
L’industrie canadienne profite directement de la facilité d’accès au marché américain. De plus en plus, comme dans d’autres secteurs, les chaînes d’approvisionnement transfrontalières nécessitent le déplacement efficace de pièces et de composantes dans les deux directions. Ceci est particulièrement important pour les petites et moyennes entreprises, qui constituent la majorité des entreprises du secteur de la défense et de la sécurité au Canada. Le Canada est en ce moment le seul pays à avoir obtenu une exemption de licence en vertu de l’International Traffic in Arms Regulations des États-Unis, et la réglementation canadienne permet le déplacement sans licence de la plupart des marchandises contrôlées vers les États-Unis.
En adhérant au Traité sur le commerce des armes, le Canada n’est pas tenu de modifier cette pratique. Ce déplacement réciproque sans permis ou licence est entièrement conforme aux dispositions du Traité, qui ne précise pas comment les États parties doivent organiser leur dispositif de contrôle à l’exportation et qui n’exclut pas non plus le recours à des procédures accélérées pour évaluer et autoriser les exportations vers certains pays.
La plupart de nos alliés et de nos partenaires ont des dispositifs en place pour appuyer leurs relations en matière de défense, tout en s’acquittant de leurs obligations relatives au Traité. Par exemple, les pays du Benelux — soit la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg —, tous des parties au Traité, peuvent effectuer le déplacement sans licence de marchandises contrôlées entre eux.
Le Traité est conçu pour garantir que les États parties puissent établir et maintenir un dispositif de contrôle à l’exportation personnalisé qui répond à leurs besoins individuels en matière de défense et de sécurité, tout en appuyant les efforts internationaux visant à combattre le trafic illicite d’armes classiques.
Je vous remercie encore de m’avoir donné la possibilité de prendre la parole devant vous aujourd’hui.