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Chers collègues, la séance est ouverte. Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, nous étudions l'Initiative canadienne de financement du développement. Je souhaite la bienvenue à la ministre , ministre du Développement international et de la Francophonie. Elle comparaît à l'invitation du Comité.
Madame la ministre, bienvenue au Comité.
La ministre est accompagnée de Diane Jacovella, sous-ministre au développement international, et d'Elissa Golberg, sous-ministre adjointe aux politiques stratégiques.
Bienvenue à vous.
Chers collègues, nous disposons d'une heure. Nous allons essayer de respecter le délai fixé. Nous allons donner la parole à la ministre, qui fera sa déclaration liminaire, après quoi, comme d'habitude, nous allons passer directement aux questions.
Madame la ministre, à vous la parole.
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Je vous remercie, monsieur le président.
C'est un plaisir pour moi d'être parmi vous aujourd'hui pour discuter de l'Institution de financement du développement, l'IFD.
Comme nous le savons tous, la communauté internationale a adopté en 2015 un nouvel ensemble d'objectifs de développement durable, ou ODD, à l'échelle mondiale, afin de poursuivre la lutte contre la pauvreté et les inégalités. Il est toujours bien important de garder en tête que le but de notre nouvelle politique féministe, comme celui des objectifs de développement durable, est de lutter contre la pauvreté.
Ces nouveaux objectifs se fondent sur l'idée que toutes les parties et ressources liées au développement doivent être mobilisées. Nous savons que l'aide publique au développement a permis de générer d'importants gains au cours des dernières décennies. Toutefois, il est clair que les ressources du secteur public à elles seules ne nous permettront pas d'atteindre les objectifs de développement durable d'ici 2030.
C'est là que le secteur privé entre en jeu. En effet, il est largement reconnu, y compris dans le Programme d'action d'Addiss-Abeba, qui y a été élaboré en 2015, que le secteur privé est un moteur de croissance économique. D'ailleurs, la croissance économique est aussi le gage d'une stabilité et d'une sécurité plus grandes dans les pays en développement. L'implication du secteur privé est essentielle pour obtenir des résultats concrets sur le plan du développement, et ce, afin de mettre fin à la pauvreté et aux inégalités.
C'est là que la nouvelle Institution de financement du développement du Canada peut jouer un rôle clé. Les pays membres du G7 et de nombreux autres pays membres de l'OCDE ont en place des IFD depuis plusieurs années afin d'appuyer les entreprises qui veulent investir dans des pays en développement. Ils leur fournissent les fonds nécessaires pour s'établir et développer des activités commerciales. Ce sont des fonds qui ne sont pas disponibles auprès des fournisseurs de services financiers traditionnels.
Il a été démontré que les IFD, en plus de soutenir la croissance économique dans les pays en développement, pouvaient appuyer avec succès nos priorités en matière de développement international. Au Canada, les consultations que nous avons tenues sur l'aide internationale nous ont indiqué que les intervenants canadiens étaient favorables à l'accroissement des possibilités offertes au pays en matière de financement du développement.
La nouvelle Politique d’aide internationale féministe du Canada reflète aussi notre engagement à travailler en plus étroite collaboration avec le secteur privé.
[Traduction]
Le 5 mai dernier, je me suis jointe au pour annoncer la mise sur pied de l'Institution de financement du développement, dont le siège sera établi à Montréal et qui sera une filiale d'Exportation et Développement Canada.
Mes collaborateurs travaillent en étroite collaboration avec EDC afin de lancer les activités de l'IFD d'ici janvier 2018. L'IFD, dotée d'une capitalisation initiale de 300 millions de dollars, se conforme à notre nouvelle politique d'aide internationale féministe. Il constituera un moyen important de faire reculer la pauvreté, de faire progresser l'autonomisation des femmes et de favoriser un développement économique vert dans l'intérêt de tous.
Cette approche est unique et elle nous distinguera d'autres institutions de financement du développement dans le monde. Sa réussite se mesurera à sa capacité de produire des résultats à long terme en matière de développement tout en devenant, avec le temps, financièrement autonome.
Le conseil d'administration sera doté de l'expérience et des compétences nécessaires pour aider la nouvelle IFD à s'acquitter de son mandat. L'IFD pourra aussi compter sur l'appui d'un conseil consultatif qui aura des compétences en développement international et en financement. En outre, les activités courantes seront dirigées par un directeur général qui aura aussi des compétences en financement du développement.
L'institution fera appel à la gamme complète des instruments, comme les titres de dette, le capital-actions et les garanties. Pour parvenir à l'autonomie financière, elle constituera un portefeuille diversifié qui équilibrera les risques et les rendements de façon à avoir l'impact le plus marqué possible sur le terrain tout en garantissant sa propre autonomie financière.
L'IFD mettra également en place un cadre de prise de décisions guidé par l'orientation claire définie par le gouvernement: mettre l'accent sur les secteurs où l'impact est important de façon à maximiser les possibilités de développement. Le cadre de l'IFD fera en sorte que ses impacts soient réels et mesurables.
Dans cette optique, nous insistons sur la nécessité de travailler avec les PME pour rejoindre les plus pauvres et les plus vulnérables dans les pays admissibles à l'APD.
[Français]
La nouvelle Institution accordera la priorité aux activités menées dans des domaines comme la lutte contre les changements climatiques, l'énergie propre, l'agroalimentaire et les infrastructures, incluant celles qui sont reliées à la gestion et au traitement de l'eau. Les services financiers et les entreprises dirigées par les femmes et les jeunes seront également une priorité.
Enfin, puisque l'incidence d'un investissement sur le développement dépend du succès de nos projets, l'Institut examinera le potentiel de réussite à long terme de chaque initiative qu'il appuiera. Dans certains cas, Affaires mondiales Canada pourrait fournir de l'assistance technique complémentaire, afin d'optimiser les effets positifs sur le développement, notamment en ce qui a trait aux résultats liés à l'égalité entre les genres.
Afin d'accélérer sa mise en place et d'appuyer la croissance des entreprises, l'Institut tirera profit des réseaux internationaux du Canada, dont le Service des délégués commerciaux du Canada et les réseaux d'Exportation et développement Canada.
Le dernier élément, mais non le moindre, est que l'Institut adoptera également un cadre de responsabilité sociale des entreprises qui reflétera les pratiques exemplaires des autres IFD.
[Traduction]
En guise de conclusion, je dirai que, s'il est vrai que l'IFD promet d'être un complément solide de nos efforts classiques de développement, l'APD demeurera essentielle à une croissance inclusive et durable dans les pays en développement. À titre de ministre, je tiens à tirer parti du leadership du Canada et des autres leviers qui sont à ma disposition pour multiplier les ressources consacrées au développement.
Merci. Je suis prête à répondre à vos questions.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je vous souhaite la bienvenue, madame Bibeau. C'est toujours un plaisir de pouvoir échanger avec vous.
Le Canada suit une piste déjà établie en instaurant son institution, alors j'espère que nous pouvons apprendre de l'expérience de ceux qui nous ont précédés.
Je voudrais faire référence à un article paru dans le journal britannique The Guardian, qui rapporte les conclusions d'une étude qui tire une sonnette d'alarme. Selon l'article, en 2013, plus des deux tiers des investissements réalisés par le programme de l'institution britannique de financement du développement ont transité par des paradis fiscaux. Cette étude a été réalisée par le réseau européen.
Je ne veux pas entrer dans les détails de tous les exemples existants. Cependant, j'aimerais savoir quelles mesures précises vous comptez mettre en place pour vous assurer que l'IFD canadienne ne financera pas d'entreprise qui a recours à la planification financière et qui a recours aux paradis fiscaux dans sa planification.
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Ah, ah! Je voulais simplement mettre les choses au clair.
Je crois vraiment à ce que j'ai dit. Dans le cadre de toutes les consultations que nous avons menées durant un an et demi, voire deux ans si on inclut mes premières tables rondes, les gens m'ont demandé trois choses — et ce n'est pas la première fois que vous m'entendez le dire —: du leadership, une bonne politique, et de l'argent.
Hier, nous étions encore une fois avec Kristalina Georgieva, le numéro deux de la Banque mondiale, et elle nous a dit que celle-ci avait besoin du leadership du Canada. La Banque mondiale veut que nous soyons à toutes les tables. Notre marque de commerce, le nom « Canada », a une très grande valeur en ce moment, et c'est sur cela que nous voulons miser. C'est vraiment cela que je veux utiliser pour aller chercher de nouveaux donateurs. Il ne s'agit pas seulement de déplacer des fonds, mais d'aller chercher des donateurs qui ne sont absolument pas engagés dans le développement actuellement.
Deuxième question. Nous parlons des capitaux énormes qui relèvent des IFD, des billions de dollars, trois ou quatre billions de dollars, à un moment donné, et, en 2016, seulement 142 milliards ont été utilisés. Nous allons faire notre juste part, mais comment allons-nous encourager les autres partenaires à atteindre un jour l'objectif de 3 ou 4 billions de dollars? Notre pays a-t-il une voix, une influence, ou allons-nous simplement être des chefs de file qui prennent leur engagement, quitte à ce que le reste du monde nous suive?
Vous avez dit que d'autres pays apportent leur contribution, mais il y a beaucoup de chemin à faire. Quelle évolution entrevoyez-vous, vu les billions de dollars que nous prévoyons dépenser un jour?
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Voyons d'abord si j'ai bien compris votre question. Vous parlez des besoins. Si nous voulons atteindre les ODD d'ici 2030, il nous faudrait entre 5 et 7 billions de dollars, tandis que, en ce moment, l'APD s'élève à 142 billions de dollars.
Est-ce bien votre question? Très bien. Je voulais m'en assurer.
Oui, c'est exactement pour cette raison que nous donnons le plus possible par le circuit normal de l'APD, mais nous devons obtenir de l'argent frais auprès de nouveaux partenaires. Je crois effectivement que le Canada a la capacité, le leadership et l'image de marque voulus pour tracer la voie à suivre et apporter des capitaux dans les secteurs qui, à notre avis, auront le plus d'impact sur le terrain. C'est justement à cela que je travaille en ce moment avec l'ambassadeur Blanchard à l'ONU. L'ambassadeur codirige, avec son collègue de la Jamaïque, un groupe d'amis qui examine le financement des ODD. Hier, Mme Georgieva, de la Banque mondiale, était ici pour discuter de diverses modalités innovatrices de financement.
Voilà l'idée. Ainsi, nous voulons mobiliser les pays du Golfe, car nous pensons y trouver de l'argent et pouvoir les intéresser à différents secteurs de développement et les accompagner. Nous voulons faire participer le secteur privé, c'est-à-dire des entreprises, des philanthropes et même des milléniaux. Je veux remobiliser largement les Canadiens. L'IFD est un moyen de mobiliser le secteur privé, mais, de façon plus générale, c'est un moyen important de trouver de nouveaux amis et de nouveaux donateurs pour le développement.
[Français]
Bienvenue, madame la ministre.
J'aimerais débuter en vous félicitant ainsi que le gouvernement pour la nouvelle Politique d'aide internationale féministe du Canada, car celle-ci fera une différence non seulement à l'égard des femmes et des filles, mais aussi quant à l'efficacité de l'aide apportée en général.
À ce propos, j'aimerais vous demander comment l'Institution de financement du développement du Canada aidera le pays à atteindre ses objectifs de développement durable, en particulier l'ODD5 au sujet de l'égalité des sexes?
L'inclusion financière des femmes est un élément clé pour assurer l'égalité. Selon la Banque mondiale, dans les pays en développement, les femmes sont 20 % moins susceptibles que les hommes de même simplement détenir un compte de banque. Pourtant, dans ces pays, entre 30 % et 37 % des petites entreprises sont détenues par des femmes.
Comment la nouvelle IFD assurera-t-elle que les investissements privés bénéficieront de manière égale aux femmes? Comment l'inclusion financière de tous les groupes vulnérables et marginalisés, incluant les femmes, fera-t-elle partie du mandat de l'IFD?
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Je vous remercie de votre question, et aussi de l 'avoir posée en français.
La Politique d'aide internationale féministe du Canada doit impérativement se refléter dans notre IFD. C'est incontournable.
Tout d'abord, nous allons nous assurer, en ce qui a trait à la gouvernance, d'avoir les compétences requises en matière d'équité des genres. Il y a le conseil d'administration d'EDC et il y aura aussi un conseil d'administration pour l'IFD.
Il y aura aussi un comité consultatif qui va donner des avis au conseil d'administration. Présentement, nous nous assurons que ces gens ont toutes les compétences en matière d'égalité des genres et en changements climatiques. Quant à nos secteurs d'intérêt prioritaires, nous nous assurons d'avoir les compétences nécessaires en matière de gouvernance.
Le personnel de l'IFD recevra la formation nécessaire pour avoir les bons réflexes et être capable de bien accompagner les entreprises, afin que les projets de celles-ci aient un impact réel sur l'équité entre les genres sur le terrain.
Il y a des secteurs d'activité où nous voulons intervenir. La politique énonce qu'il faut consulter les femmes localement, ce que l'entreprise privée peut très bien faire et que nous encouragerons fortement. Il y a des consultations pour s'assurer que les projets correspondent bien aux besoins locaux. Avec nos projets, nous faisons plus que consulter le femmes, nous favorisons leur habilitation économique.
Cela doit devenir une seconde nature dans tous les secteurs d'activité, ce qui est tout à fait vraisemblable et même souhaitable. La possibilité de mettre les femmes à contribution est un gage de succès pour les entreprises là-bas. On me dit souvent cela, particulièrement dans les pays en développement.
Par rapport à l'entrepreunariat ou à la fiabilité des employés que nous engageons, les femmes ont davantage tendance à être ponctuelles dans leur formation, entre autres activités. C'est tout à fait bénéfique pour l'entreprise privée de mettre les femmes à contribution localement.
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Merci d'avoir accepté de comparaître, madame la ministre. Désolé d'avoir eu quelques minutes de retard. De mon côté, il y a eu erreur sur la salle.
Vous aurez peut-être prévu ma question. Pouvez-vous me dire quelque chose de l'aide du Canada à la Birmanie? Récemment, nous avons beaucoup discuté de la crise qui touche les Rohingyas. Il y a eu dans d'autres pays des initiatives d'aide aux réfugiés rohingyas, mais quelle aide le Canada apporte-t-il à la Birmanie même?
J'ai parcouru un peu de documentation à ce sujet. Auriez-vous un peu plus d'information sur l'aide à une gouvernance décentralisée en Birmanie, qui a été fournie par le Forum des fédérations. Quel est au juste le mécanisme prévu à cet égard? Comment les choses se passent-elles, étant donné les problèmes actuels?
J'ai aussi une question complémentaire. Il y a un an et demi, je crois, on a annoncé un montant d'environ 40 millions de dollars pour le développement démocratique. Cet argent passe-t-il par votre ministère ou passe-t-il directement par Affaires étrangères? Je voudrais avoir plus d'information, mais peut-être n'est-ce pas à vous que je devrais poser la question. Si vous êtes au courant, pourriez-vous me renseigner à ce sujet également?
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En matière d'aide humanitaire, les contributions que nous avons données au Myanmar depuis le début de l'année se chiffrent à 9,18 millions de dollars, dont 3,55 millions de dollars depuis le début de la crise, le 25 août.
Si j'ai bien compris, vous faites référence au projet de paix et démocratie, déjà en cours depuis un moment. Comme j'ai eu l'occasion de le mentionner mardi soir à la Chambre, l'argent n'est pas remis directement au gouvernement et ne risque pas d'être détourné. Je vous rassure: l'argent est donné à des partenaires de confiance. Pour être honnête, je ne connais pas tous les détails liés aux autres projets, parce que je me suis davantage préparée à parler de l'IFD.
Lorsqu'il est question de paix et de sécurité, cela relève de la . Toutefois, cela je serai heureuse d'obtenir plus de détails à ce sujet, parce que ce sont des dossiers auxquels nos deux bureaux travaillent. Nous vous donnerons d'autres détails sur le projet spécifique du Myanmar.
Monsieur Genuis, votre question comportait une deuxième partie, mais je l'ai oubliée, et je m'en excuse.
Dans un autre ordre d'idées, il a été question plus tôt de l'aide à apporter aux plus vulnérables de la planète. Pendant l'été, j'ai lu un ouvrage très éclairant sur l'aide au développement. On y soutenait que l'une des grandes difficultés, pour les pauvres du monde entier, c'est l'accès de base à la justice. C'est là un élément qui est souvent en dehors de notre cadre de référence, mais pour beaucoup de pauvres dans le monde, l'un des grands problèmes, c'est qu'on peut les spolier de leurs terres, et ils peuvent être réduits à la servitude pour dettes. Ils n'ont pas la capacité réelle de s'en remettre à des forces policières bien disposées. Peut-être le problème est-il attribuable à un manque de procureurs ou de formation pour la police.
À la lecture de cet ouvrage et d'autres publications dont j'ai pris connaissance par la suite, j'ai acquis la conviction que c'est là un problème fondamental. Si on veut que des gens démarrent des entreprises et acquièrent des compétences pour pouvoir progresser, il faut qu'ils puissent raisonnablement compter pouvoir conserver ce qu'ils ont investi dans leurs compétences et leurs biens au lieu d'en être spoliés.
Qu'en pensez-vous? Le gouvernement du Canada fait-il quelque chose pour régler ces problèmes d'accès à la justice pour les pauvres du monde en développement? Si oui, quoi?
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Merci, monsieur le président.
Merci, madame la ministre, de comparaître devant le Comité.
J'ai une série de questions qui portent sur la structure et les modalités de prestation souhaitées sur le terrain.
Je dirai d'abord qu'il est extrêmement encourageant de voir pareille initiative et de constater qu'elle est prise dans le cadre d'EDC, qui est un rare exemple de travail important et de qualité. De plus, EDC apporte au Trésor une contribution qui, l'an dernier était de l'ordre de 800 millions de dollars, ce qui nous permet de dire qu'il y a d'autres domaines où nous pourrions faire un bon travail semblable. L'initiative utilise aussi le cadre d'EDC, ce qui nous permet d'éviter les doubles emplois et les couches de bureaucratie inutiles, d'éviter de réinventer ce qui existe déjà.
Cela dit, bien des pays ont des programmes analogues, et les divers modèles sont très différents. Pour commencer, avons-nous la liste de ces pays? Ainsi, les États-Unis font ce travail dans 160 pays. D'autres pays ont préféré un ciblage plus précis et ne sont présents que dans une vingtaine de pays. Avons-nous une liste de pays prioritaires? Dans l'affirmative, cette liste comprend-elle des pays qui sont des zones de guerre, comme l'Irak et l'Afghanistan? Avons-nous l'intention de travailler dans certains de ces pays? Avons-nous l'intention de travailler par exemple dans des pays déchirés par des conflits, comme la Somalie? Y a-t-il dans la liste des pays qui viennent d'émerger de conflits, comme l'Angola? Comment établit-on les priorités entre ces pays?
Il y a aussi plusieurs modèles de fonctionnement parmi les IFD. Certains lient le financement à des entreprises du pays d'origine et exigent... Ainsi, les Britanniques n'exigent pas la participation d'entreprises britanniques. Les Belges, les Finlandais et les Danois exigent la participation d'entreprises de chez eux. La question est intéressante, car elle se rattache à des observations antérieures sur la structure à l'étranger et l'extraterritorialité. Si le modèle veut que 100 % aillent à ces pays, il y a extrajudicialité. Nous ne pouvons pas recourir aux tribunaux pour récupérer cet argent, mais si des entités canadiennes participent, il y a souvent une structure de gouvernement différente, et nous avons cette possibilité.
Voilà une série de questions de cet ordre sur la structuration de l'initiative. Et puis, j'ai une dernière question. Dans les notes d'information, il est question des PME. Quelle part ira au microfinancement? Le modèle, dans ce cas, serait fort différent, car il est probable que la participation serait entièrement locale. Certaines des plus grandes réussites ont été obtenues grâce au microfinancement en agriculture. L'analyse sexospécifique montre que cela amène vers l'autonomie les femmes de certains des pays les plus pauvres, et il y a peu de chance que ces fonds se retrouvent dans une structure à l'étranger.
Voilà toute une série de questions. Merci.
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Première question, la liste des pays. Ne figurent sur la liste que les pays admissibles à l'APD. Nous n'avons pas de liste par ordre de priorité. Il s'agit d'entreprises. Nous voulons amener des investisseurs à faire des affaires dans des pays en développement. Je crois que nous tiendrons davantage compte du choix des pays, mais nous ne voulons pas que tous les fonds de l'IFD aillent à des pays à revenu moyen. Nous voulons aider les plus pauvres et les plus vulnérables. Certains des pays les moins développés devraient profiter de notre IFD.
Nous serons proactifs et réserverons une part raisonnable aux pays les moins développés. Nous reconnaissons aussi que, dans les pays à revenu moyen, il y a de grandes poches de pauvreté. Nous pouvons toujours avoir un gros impact sur la pauvreté et les inégalités si nous investissons dans ces pays à revenu moyen. Là encore, il s'agit de trouver le juste équilibre.
Dans les pays en proie à une crise, nous verrons la réaction, l'intérêt pour les projets qui nous seront présentés, mais je dirai que nous serions proactifs à cet égard. Je dis « nous » pour parler de l'IFD qui agira en toute indépendance. Je tiens certainement à ce que notre orientation assure une part importante aux pays les moins développés, mais non de façon exclusive, car, je le répète, il nous faut trouver le juste milieu entre l'impact sur le développement et la viabilité financière.
La participation d'entreprises canadiennes ne sera pas une exigence préalable. Nous voulons utiliser les compétences d'EDC et les réseaux canadiens pour les encourager à participer et prendre les devants pour communiquer avec elles. Il n'y a rien d'exclusif, mais nous multiplierons les efforts pour qu'elles participent et profitent de l'IFD.
Les PME? Il y a deux aspects. Il y aura certainement des occasions d'affaires dans les pays en développement pour les PME canadiennes, mais celles des pays en développement pourront aussi profiter de l'action de l'IFD. À propos du microfinancement, je rappelle la réponse que j'ai donnée tout à l'heure à Anita. Il y a nettement un impact sur le développement si nous donnons aux femmes un pouvoir économique par le microfinancement. L'IFD ne s'occuperait pas directement du microfinancement, mais le soutien de projets de microfinancement d'organisations locales est une possibilité dont nous voulons tenir compte.
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Merci, monsieur Wrzesnewskyj.
Madame la ministre, je vous remercie. Voilà qui met un terme à cette rencontre qui vous a permis de décrire vous-même l'orientation à venir de l'IFD. Vous aurez compris que nos collègues ici présents appuient tous à fond l'idée de l'IFD et son travail, et qu'ils veulent continuer à s'intéresser à ce que l'initiative deviendra à long terme. Merci beaucoup de nous avoir donné l'occasion de vous poser des questions.
Comme vous le savez, nous vous remettrons un rapport, à vous et au gouvernement, sur notre idée de l'IFD et sur les témoignages que nous recueillons depuis quelque temps. Au nom du Comité, merci encore de votre exposé. Nous avons hâte de voir la suite des choses.
Chers collègues, nous allons faire une pause et reprendre la séance dans cinq minutes.
[La séance se poursuit à huis clos.]