:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie le comité de cette invitation.
[Traduction]
Merci d'accorder à cet important dossier l'attention qu'il mérite. Vous avez mentionné que je suis la directrice de l'Institut pour une sécurité inclusive. Nous sommes une ONG établie à Washington D.C., et depuis plus de 15 ans, nous améliorons l'inclusion des femmes dans les processus de paix et de sécurité dans le monde.
Nous travaillons sur les conflits qui sévissent à l'heure actuelle, notamment au Soudan, au Soudan du Sud, au Myanmar, en Colombie, en Syrie, en Afghanistan et ailleurs. Nous travaillons avec des décideurs aux États-Unis et d'autres gouvernements, à l'OTAN, aux Nations unies et dans d'autres pays. Nous sommes les spécialistes des plans d'action nationaux. Nous collaborons donc avec environ 20 pays, toujours avec le gouvernement et la société civile, pour créer de nouveaux plans ou renforcer les plans existants.
Nous sommes l'organisation qui a rédigé l'évaluation semestrielle du plan d'action national en 2014, qui a été par la suite déposée au Parlement, et j'espère aujourd'hui que je pourrai vous faire part de mes huit recommandations pour le prochain plan du Canada.
Avant de passer à la proposition de politique, j'aimerais vous parler un peu de moi. Je travaille à Washington D.C., depuis environ 10 ans, mais je suis Canadienne. Je viens de l'Alberta. Bien que je me concentre sur cette question à l'échelle mondiale, je suis toujours sensible lorsque nous interagissons et discutons avec des Canadiens au sujet des politiques gouvernementales canadiennes.
À l'Institut pour une sécurité inclusive, nous travaillons directement avec des femmes qui ont vécu des traumatismes épouvantables à cause de la guerre. Nous travaillons avec des femmes du Soudan du Sud, par exemple, qui, il y a quelques mois, m'ont dit que leurs proches avaient commencé à manger de l'herbe en raison d'une pénurie de nourriture. Nous travaillons avec d'autres femmes du Soudan du Sud qui parlent de leurs proches et des membres de leur famille qui choisissent délibérément de quitter leur camp pour chercher de la nourriture, sachant qu'ils se feront violer, mais qui ont fait ce choix car ils n'avaient aucune autre option.
Nous travaillons avec des femmes en Afghanistan comme celles dont Beth Woroniuk a mentionnées il y a quelques jours, qui voient des militants recruter des jeunes hommes dans leurs communautés et qui, lorsqu'ils sont en déplacement, mettent leur sécurité en péril pour faire rapport aux ministres, pour ensuite se faire ridiculiser et se faire montrer la porte à leur arrivée.
Les femmes avec lesquelles nous travaillons font preuve d'une grande force et d'un immense courage en exprimant leur opinion sur les décisions qui touchent leur vie. Vous pouvez imaginer ce que je ressens en tant que Canadienne lorsque je vois ces femmes collaborer avec des Canadiens ici et à l'étranger, qui leur disent que leur travail a des répercussions positives. J'ai eu plusieurs expériences semblables.
Je sais que le Comité a beaucoup entendu parler de Deb Lyons, l'ambassadrice du Canada en Afghanistan. Elle a dit à ces femmes qui se sont fait rire au nez par un ministre afghan qu'elles étaient les bienvenues à l'ambassade du Canada. Elle les a invitées pendant plusieurs jours, les a aidées à retrousser leurs manches, a animé un atelier avec elles et, il y a environ un mois, elles ont établi une liste de femmes qualifiées de leurs réseaux qui pourraient participer aux négociations de paix.
Je suis extrêmement fière lorsque je vois des gens comme Kerry Buck, l'ambassadrice du Canada à l'OTAN, la première femme ambassadrice à l'OTAN, inscrire ce sujet à l'ordre du jour de l'alliance, y compris le mois dernier, par exemple, lorsqu'elle a organisé la première discussion de groupe de haut niveau au sujet des femmes, de la paix et de la sécurité à l'OTAN, où elle a même invité la société civile à participer.
Je suis très fière de voir le travail que fait la GRC sur la scène internationale et la collaboration en matière de modélisation qui existe ici au pays. J'étais là-bas ce matin et j'ai entendu d'excellents témoignages dans lesquels on a indiqué que les membres de la société civile canadienne ont été invités à observer la formation préalable au déploiement et à faire d'importantes suggestions pour l'améliorer.
J'ai été saisie par la directive du chef d'état-major de la Défense visant à mettre en oeuvre les principes des résolutions du Conseil de sécurité sur la planification et les opérations des Forces armées canadiennes. C'est un document incroyable. Je vais y revenir plus tard, mais j'ai vraiment été renversée lorsque j'ai lu la directive.
J'aimerais ajouter un dernier point, si vous le permettez. J'aimerais vous raconter une histoire qu'Hillary Clinton raconte souvent aux États-Unis, notamment lorsqu'elle a annoncé le plan d'action national des États-Unis en 2011. Elle se rapporte aux négociations de paix qui ont eu lieu à Darfour en 2007, où le climat était très tendu à un moment donné. On avait des motifs de mettre fin aux négociations. Les discussions étaient dans une impasse sur une question précise. Les parties, qui étaient presque tous des hommes à l'époque, n'arrivaient pas à s'entendre sur qui aurait le contrôle d'une rivière. Ils étaient dans une impasse. Ce soir-là, le médiateur a rencontré un groupe de femmes du Darfour qui avaient été nommées pour agir en tant que conseillères techniques dans le cadre des négociations et il leur a dit que les discussions étaient paralysées à cause de cette rivière qu'il leur a montrée sur une carte. Il a dit que les parties n'arrivaient pas à s'entendre et qu'elles voulaient toutes en avoir le contrôle. Les femmes ont demandé, « Vous parlez de cette rivière-là? ». L'homme a répondu oui. Les femmes ont déclaré, « Il n'y a plus d'eau dans cette rivière, et ce, depuis des années ».
J'adore cette histoire car c'est la sénatrice canadienne Mobina Jaffer, qui était à l'époque l'envoyée spéciale au Soudan, qui a convaincu le médiateur d'inviter les femmes à participer aux discussions, de faciliter leur participation et de les payer pour être là. C'est le type d'inclusion réelle sur le terrain qui compte dans le cadre de ces négociations de paix.
Ce sont tous des exemples de leadership canadien. Ce sont des exemples où le Canada prêche par l'exemple qui me remplissent de fierté.
Comment peut-on avoir plus d'initiatives de leadership de la sorte? Comment pouvons-nous systématiser cela? Un plan d'action national aux retombées importantes est essentiel. Permettez-moi de vous présenter huit suggestions pour le prochain plan.
Tout d'abord, il faudrait simplifier la surveillance et l'évaluation. Il faudrait avoir moins d'indicateurs et mettre moins l'accent sur les chiffres et accroître le nombre d'indicateurs qualitatifs. On devrait se concentrer sur les résultats, c'est-à-dire examiner les effets, et pas seulement se concentrer sur le rendement. Alors que nous entamons le processus pour élaborer un nouveau plan d'action, nous devons nous interroger sur les changements que nous voulons mettre en oeuvre. Quels changements voulons-nous apporter pendant la durée du plan? La durée est habituellement de quatre à six ans. Il faudrait établir un ensemble de principaux résultats à atteindre, puis remonter à la source à partir de là.
Le Canada est dans une excellente et unique position car il dispose maintenant d'une bonne quantité de données de référence pour un certain nombre d'indicateurs. Cela signifie que nous pouvons également fixer des cibles, ce que nous ne pouvions pas faire dans le premier plan. Bien entendu, pour simplifier la surveillance et l'évaluation, il faut également produire des rapports plus courts et plus faciles à comprendre sur le rendement et la mise en oeuvre du plan. Ces plans, s'ils sont plus simples, plus courts et plus faciles à comprendre, et s'ils offrent une meilleure représentation visuelle des indicateurs au fil du temps, donneront lieu à une plus grande réflexion, à une meilleure compréhension et à plus d'évaluations sur la façon dont le plan est mis en oeuvre. Nous pouvons rectifier le tir en cours de route plutôt que de seulement effectuer un suivi du rendement.
La deuxième proposition que je veux faire, c'est de prendre le temps de tenir de réelles consultations pour créer le prochain plan d'action national, surtout pour solliciter l'avis des gens sur cet ensemble de résultats clés que la société civile et le gouvernement estiment que nous devrions chercher à atteindre. Dans bon nombre de ces pays, nous avons constaté que le plan d'action national n'est rien de plus qu'un document ou un bout de papier que l'on met sur une tablette. Le Canada a l'occasion en ce moment de vraiment réaliser ce plan et d'obtenir de nombreux appuis. Je vous invite fortement à mener des consultations exhaustives avec la société civile et à consulter directement les femmes qui sont les plus touchées par les conflits qui sévissent dans le monde, de même que les diplomates canadiens, les fonctionnaires, les policiers et les militaires.
Je dois signaler qu'à partir des expériences ailleurs dans le monde, mais pas au Canada, la tenue de réelles consultations ne consiste pas seulement à créer une ébauche et à accorder quelques semaines aux gens pour y réagir. Il faut réunir des gens et cerner les indicateurs de résultats que nous voulons atteindre, puis revenir à la source.
Troisièmement, une fois qu'un plan est en place, on devrait énoncer clairement les attentes relativement à sa mise en oeuvre dans les ministères. Il faudrait donc avoir des plans de mise en oeuvre propres à chaque ministère et organisme. Nous voulons éliminer le plus d'hypothèses possibles pour les milliers de personnes bien intentionnées qui veulent vraiment comprendre ce que signifie la mise en oeuvre de ce plan d'action national pour leurs activités quotidiennes. Il y a deux mois, c'est ce qu'a fait le général Vance avec la directive du chef d'état-major. Elle énonce ce qu'il veut accomplir, qui en est responsable et le délai à respecter. Nos diplomates à Affaires mondiales vous expliqueront la meilleure façon de procéder, mais je pense qu'il serait particulièrement utile d'avoir une directive semblable à Affaires mondiales.
Bien entendu, pour que les attentes soient significatives, les gens doivent rendre des comptes. Ma quatrième recommandation consiste à mettre sur pied de véritables mesures de reddition de comptes. Il faudrait créer une culture de reddition de comptes pour ce plan, en l'intégrant dans l'ADN de chacune de ces organisations. Il faudrait inclure la reddition de comptes dans les descriptions de travail et en faire mention dans les évaluations de rendement et les lettres de mandat, puis poser des questions concernant ces lettres de mandat, etc.
La cinquième recommandation consiste à nous assurer de fournir les ressources nécessaires pour effectuer le travail. La question des femmes, de la paix et de la sécurité souffre du « syndrome d'ajouts sans financement », comme je l'appelle, où les gens pensent que l'on peut simplement augmenter les responsabilités existantes sans accroître les ressources. Il faut du financement de base pour renforcer la société civile. Il faut du temps et de l'argent pour tenir des consultations. Il faut du temps et de l'argent pour offrir de la formation. Il faut du temps et de l'argent pour rendre des comptes. Si c'est véritablement une priorité, il faut des ressources. Bien entendu, nous disposons de financement, mais ce n'est pas beaucoup. C'est presque rien par rapport au rendement des investissements.
Sixièmement, il faudrait maintenir cette surveillance parlementaire. Je trouve fantastique que vous teniez cette série d'audiences. Le Comité sénatorial canadien des droits de la personne a tenu plusieurs audiences sur le sujet, mais à ma connaissance, c'est la première fois qu'un comité de la Chambre des communes se penche sur cette question.
Il est donc essentiel de tenir ces audiences, ainsi que de poser des questions aux gens qui témoignent devant vous sur d'autres sujets, y compris les ministres qui comparaissent devant le Comité.
Ma septième recommandation consiste à mieux faire connaître l'engagement du Canada, et je pense que le fait sa part en soulevant cette question partout dans le monde. Plus de ministres devraient parler de la question, c'est-à-dire parler des femmes pas seulement en tant que victimes des conflits, mais en tant qu'agentes du changement —, désigner un champion haut placé influent dans différents ministères, et nommer plus de femmes dans le rôle de chefs de mission.
Enfin, je vous exhorterais tous à vous attaquer à cette question dans le cadre de l'image de marque du Canada et de le faire de façon très stratégique. C'est la bonne chose à faire. C'est également la chose stratégique à faire, surtout que nous parlons d'une nomination au Conseil de sécurité des Nations unies.
Le Canada est dans une excellente position en ce moment pour s'améliorer dans ce dossier. Nous avons un qui se présente au monde comme étant un féministe. Nous avons d'excellents diplomates aux premières lignes. Nous avons un chef d'état-major de la Défense qui comprend vraiment cet enjeu. Nous avons une société civile dynamique.
Aux Nations unies, nous avons présidé un groupe d'amis sur ce sujet pendant des années. Nous avons des conseillers de la police et de l'armée qui sont des plus compétents. Nous dépassons déjà le pourcentage d'agentes de police qui participent aux missions de l'ONU. Nous sommes à environ 25 % de la cible de l'ONU, ce que les Nations unies n'ont pas encore atteint; elles sont à environ 20 %. Nous parlons également des droits des enfants et des populations vulnérables et d'autres sujets qui rendent vraiment cette image de marque authentique et vraie pour nous.
Nous ne sommes pas parfaits, mais nous sommes certainement déterminés. Il y a beaucoup d'appuis à cet égard et les possibilités pour le Canada d'apporter une contribution notable et importante sont grandes, et pas seulement pour servir nos propres intérêts, mais pour faire du monde un endroit plus sûr pour les hommes, les femmes, les garçons et les filles de partout.
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Merci beaucoup au Comité de tenir ces audiences, d'entendre les déclarations d'un éventail de représentants de la société civile et, bien entendu, d'inviter Human Rights Watch à témoigner.
Human Rights Watch est un organisme non gouvernemental indépendant qui surveille le respect des normes internationales en matière de droits de la personne et en rend compte dans plus de 90 pays dans le monde. Depuis plus de 20 ans, nous examinons et documentons les violations des droits des femmes en situation de conflits ou à la suite de conflits, dans les communautés et divers pays, que ce soit la République centrafricaine, la République démocratique du Congo, la Colombie, la Somalie, l'Irak, la Sierra Leone, le Soudan, le Soudan du Sud, Haïti, etc.
Avant de commencer ma déclaration, j'aimerais signaler que Human Rights Watch est membre du Groupe de travail des ONG sur les femmes, la paix et la sécurité à New York, qui témoignera devant vous également, et que nous travaillons étroitement avec l'Institut pour une sécurité inclusive et bien d'autres ONG qui vous fourniront de l'information tout au long de ce processus d'audiences.
J'aimerais soulever quelques points aujourd'hui qui portent plus précisément sur le leadership du Canada sur la scène internationale en ce qui concerne les femmes, la paix et la sécurité, et expliquer pourquoi ce leadership est important pour votre plan d'action national et pour tous vos engagements internationaux afin d'appuyer les droits des femmes dans le monde. Ces recommandations comprennent la nécessité de rendre des compte sur les violations des droits des femmes, l'importance des services médicaux et psychosociaux pour les survivants de violence sexuelle et d'autres violations de leurs droits, l'importance de la participation des femmes dans la prise de décisions sur la paix et la sécurité, comme Jackie l'a signalée, des réformes nécessaires au maintien de la paix internationale, ce qui comprend la lutte contre l'exploitation et les agressions sexuelles et, enfin, du soutien aux défenseurs des droits des femmes, surtout en situation de conflit et après un conflit.
Comme Jackie l'a mentionné, le Canada est particulièrement en bonne position pour défendre les droits des femmes sur la scène internationale. Comme elle l'a dit, cela inclut son rôle à titre de président du Groupe des amis des femmes, de la paix et de la sécurité à New York, un rôle de leadership que bon nombre d'entre nous apprécient ici. Le Canada devrait placer les droits des femmes au coeur de sa campagne pour le Conseil de sécurité des Nations unies et du travail qu'il fait dans d'autres forums internationaux. Vous entendrez le témoignage du coordonnateur exécutif du Groupe de travail des ONG sur les femmes, la paix et la sécurité la semaine prochaine, mais je tiens simplement à parler des recherches et de ce qu'elles ont révélé, à savoir que le Conseil de sécurité des Nations unies, parmi d'autres entités internationales telles que le G8, continue de s'engager sur papier et en paroles, mais ne se conforme pas forcément à ses propres obligations en matière de droits des femmes dans son travail quotidien. Au Conseil de sécurité des Nations unies, les séances d'information sur la situation d'un pays ne fournissent souvent pas de renseignements ou d'analyses, et encore moins des recommandations, sur les violations des droits des femmes et sur ce que les Nations unies et les acteurs internationaux peuvent faire.
Qu'est-ce que le Canada devrait faire sur la scène internationale?
Tout d'abord, il peut promouvoir la reddition de comptes à l'égard de la violence sexuelle et d'autres violations des droits. En tant que membre de la Cour pénale internationale et défenseur de la justice nationale et internationale, le Canada est en bonne position pour aider à combattre le fléau de l'impunité et à obtenir justice pour les victimes de ces crimes. Human Rights Watch a documenté l'impunité pour la violence sexuelle dans de nombreux conflits dans le monde et donne l'exemple de la République démocratique du Congo. Un nombre effroyable de viols et d'autres formes de violence sexuelle affligent l'Est de la RDC depuis près de deux décennies.
Au niveau international, la condamnation par la Cour pénale internationale de l'ancien vice-président de la République démocratique du Condo a été une victoire pour les victimes de violence sexuelle et un avertissement musclé pour les commandants supérieurs qui ferment les yeux pendant que leurs troupes violent des femmes et commettent d'autres atrocités. Les autorités congolaises au niveau national procèdent à un nombre croissant d'arrestations et de poursuites pour viol. Toutefois, la grande majorité des agresseurs demeurent impunis. Nos récentes recherches sur les soi-disant procès de Minova révèlent que, en dépit de l'attention internationale, on n'arrive souvent pas à obtenir justice pour les victimes ou l'accusé dans ces causes.
Le Canada devrait exercer des pressions pour que les survivants de violence sexuelle et d'autres formes de violence fondée sur le sexe puissent avoir pleinement accès aux soins médicaux et psychosociaux essentiels, ce qui comprend du soutien économique et social. Le Canada peut faire valoir ce point au Sommet humanitaire mondial à venir et peut renforcer le travail de l'ACDI dans ce dossier.
Nos recherches ont permis de relever de nombreux exemples de violence sexuelle et de violence fondée sur le sexe dans des situations de conflit et d'urgence partout dans le monde et montrent à quel point la nécessité d'offrir ces services est flagrante et pressante. Ces services doivent notamment être offerts aux femmes handicapées en situation de conflit, qui sont vulnérables et également exposées à la discrimination et à des risques additionnels à cause de leurs handicaps.
La violence sexuelle et la violence fondée sur le sexe ont des conséquences physiques, psychologiques et sociales à long terme. C'est ce que de nombreux rapports ont révélé, dont les recherches que nous avons faites sur les agressions à l'endroit des femmes yézidies. Malheureusement, jusqu'à présent, la prestation des services médicaux et psychosociaux dont ont besoin les survivants de ces crimes n'est pas uniforme, et ces services ne sont pas toujours offerts. Notre récente étude sur le Kenya et sur la violence politique et électorale qui a affligé ce pays en 2007 et 2008 montre à quel point les effets de ces agressions peuvent durer longtemps.
Le Canada devrait exercer des pressions pour faire augmenter considérablement les investissements pour répondre aux besoins en matière de santé des survivants de violence sexuelle dans les situations de conflit et exhorter les gouvernements à investir dans des services de santé d'urgence exhaustifs, ce qui comprend le traitement médical des blessures, la contraception d'urgence, l'avortement sûr et légal et du counselling à la suite d'un traumatisme.
La prochaine recommandation, comme Jackie l'a souligné, est que le Canada devrait promouvoir la participation des femmes dans la prise de décisions concernant la paix et la sécurité, y compris dans le leadership des centres pour les personnes déplacées, les réfugiés, les gens qui participent aux efforts de résolution des conflits et ceux qui participent aux efforts de réforme après un conflit. Là encore, c'est l'un des secteurs où l'on entend beaucoup de beaux discours, mais où les mesures prises par les acteurs internationaux sont insuffisantes.
Les femmes travaillent souvent dans des milieux hostiles. Les défenseurs des droits des femmes courent souvent de grands risques à essayer de renforcer et d'appuyer le travail et la voix des femmes et de soulever des sujets controversés entourant les droits des femmes dans les situations de conflit. Le Canada devrait faire pression pour que les femmes puissent participer pleinement à tous ces efforts pour établir et maintenir la paix, et pour soutenir les efforts en vue d'assurer la sécurité des femmes lors d'élections post-conflit, de référendums, de rédaction constitutionnelle et de processus de réforme. Cela inclut la promotion et la protection des candidates, des électrices, des travailleuses électorales et des défenseurs des droits des femmes.
La prochaine recommandation porte sur le maintien de la paix internationale. Le Canada a un rôle particulier à jouer ici, surtout lorsque les Nations unies et d'autres acteurs de la communauté internationale déploient des efforts pour lutter contre le fléau de l'exploitation et des agressions sexuelles. Au cours de la dernière décennie, il y a eu de nombreuses allégations d'exploitation et d'agressions sexuelles dans le cadre des missions en République centrafricaine, à Haïti, en Somalie et en République démocratique du Congo. En 2014, nous avons publié un rapport détaillé sur les infractions d'exploitation et d'agressions sexuelles commises par les forces de maintien de la paix de l'Union africaine, et plus récemment, nous avons documenté des cas d'exploitation et d'agressions sexuelles par des agents de maintien de la paix dans la République centrafricaine.
Dans le cadre de tous les efforts déployés pour lutter contre ce fléau, il faut accorder la priorité à la sécurité et au bien-être des survivants, notamment en faisant la promotion de pratiques exemplaires aussi fondamentales que respecter la confidentialité, minimiser les traumatismes répétés causés par de multiples entrevues et offrir et assurer un accès rapide à des soins médicaux et psychosociaux. Le Canada et d'autres pays devraient réclamer que l'on procède à une grande réforme afin de renforcer les mécanismes de reddition de comptes, de s'assurer qu'il y a des politiques claires et de la formation dans ce secteur et de mettre en place des mécanismes d'enquête indépendants afin d'offrir des recours judiciaires aux victimes de ces crimes.
Enfin, le Canada devrait exercer des pressions pour que l'on offre davantage de soutien aux défenseurs des droits de la personne qui sont aux premières lignes pour lutter contre la violence sexuelle et la violence fondée sur le sexe, ainsi qu'à ceux qui font la promotion de réformes juridiques nationales pour assurer le respect des obligations en matière de droits des femmes. Les défenseurs des droits de la personne aident les survivants de violence sexuelle, dénoncent les agressions et l'impunité et exhortent leurs gouvernements à s'attaquer à ces problèmes plus efficacement. Bon nombre d'entre eux mettent leur sécurité en péril.
Human Rights Watch travaille avec de nombreux grands défenseurs des droits de la personne dans le monde, et les récents travaux que nous avons faits concernant les défenseurs des droits des femmes au Soudan documentent les efforts des autorités soudanaises pour réduire au silence les femmes qui participent à des manifestations, à des campagnes de défense des droits et à d'autres mouvements publics, et qui offrent des services sociaux et de l'aide juridique. Les femmes qui prennent part à ces efforts sont victimes de toutes sortes d'agressions, allant du viol et des menaces de viol à des efforts délibérés pour salir leur réputation. Les lesbiennes, les gais, les transgenres et les intersexuels sont souvent particulièrement à risque d'être victimes de violence sexuelle en situation de conflit, comme nos recherches en Irak et en Syrie l'ont indiqué.
À cet égard, j'espère vraiment que le Canada exercera des pressions pour qu'un soutien international accru soit offert aux défenseurs des droits des femmes et aux défenseurs des droits de la personne. Pour ce faire, il faut davantage de financement d'urgence et à effet rapide pour appuyer les efforts en vue de documenter les violations commises durant un conflit, et davantage de soutien aux avocats locaux pour contribuer à ce que les victimes de crimes de violence sexuelle puissent obtenir justice. Le Canada peut également exercer des pressions pour que des mesures soient mises en place afin de protéger les défenseurs des droits de la personne contre les menaces, l'intimidation et la violence.
C'est là-dessus que se termine mon exposé. Je tiens à vous remercier encore une fois; c'est avec plaisir que je discuterai avec vous aujourd'hui.
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J'aimerais d'abord parler de la simplification. On observe une réduction systématique du nombre d'indicateurs dans les deuxième et troisième versions des plans d'action nationaux, partout dans le monde. Au moment de l'annonce de son plan d'action national, le Canada était l'un des rares pays qui s'étaient également dotés d'un cadre de surveillance d'évaluation. Toutefois, ce cadre n'était pas exhaustif.
À titre d'exemple, nous avons travaillé avec la Bosnie au cours des dernières années. Le plan initial du pays comptait plus de 250 indicateurs, tandis que la version révisée en comptait entre 50 et 75. C'est là l'ampleur de la réduction dont je parle.
Encore une fois, il ne s'agit pas de simplifier à outrance ou d'affirmer que la complexité n'est pas un facteur. Toutefois, comme vous l'avez certainement tous constaté dans votre analyse des rapports d'étape et même dans les rapports alternatifs de la société civile, il est vraiment difficile de faire un suivi des progrès au fil du temps, de comprendre quelles sont les priorités et de connaître l'objectif. Faisons-nous des changements progressifs sans toutefois nous rapprocher de notre objectif?
Réduire constamment le nombre d'indicateurs dans la production de rapports fait l'affaire de tous, car nos diplomates et nos fonctionnaires ne consacrent pas tout leur temps à produire des rapports plutôt qu'à mettre en oeuvre le programme. En fait, je pense que cela aidera le Comité et d'autres organismes à prendre de meilleures décisions.
Votre deuxième point portait sur le financement de base. Je pense simplement qu'il s'agit d'un aspect essentiel pour les organisations, tant au Canada qu'à l'échelle mondiale. Nos gouvernements fonctionnent en partie grâce à la relation qu'ils entretiennent avec la société civile, et c'est ainsi que cela devrait fonctionner partout dans le monde. C'est lorsque la société civile a la capacité de satisfaire...
Comme Sarah l'a indiqué, il est parfois difficile d'organiser une simple réunion. Dans les pays avec lesquels nous collaborons, beaucoup de femmes n'ont pas assez d'argent pour acheter de l'essence. Ce n'est pas comme si elles demandaient un salaire faramineux ou comme si elles dépensaient de l'argent pour loger dans des hôtels luxueux dans toutes les capitales du monde. Ce qu'elles veulent, c'est avoir un peu d'argent pour louer une salle et peut-être même acheter du café ou du thé pour une réunion quelconque, ou encore pour avoir le personnel nécessaire pour faire un suivi des progrès du gouvernement.
Ce sont ces organisations de la société civile qui exigent des comptes de nos partenaires et de nos alliés — et de ceux qui ne sont pas — et qui sont les véritables vecteurs du changement au sein même de la société. Selon moi, le principal avantage d'un plan d'action nationale, c'est qu'il constitue pour la société civile un outil qui lui permet d'exiger des comptes du gouvernement plutôt que d'avoir un gouvernement qui se contente de dire qu'il fera d'un enjeu une priorité et qu'il prendra des mesures à cet égard. C'est particulièrement vrai dans les pays où les processus sont nettement plus obscurs.
Donc, ce qu'il faut, ce sont des organisations de la société civile bien financées et disposant de ressources adéquates. Il faut en outre des plans nationaux dans lesquels les priorités sont clairement énoncées de façon à favoriser ce processus si essentiel à la démocratie que nous cherchons tous à promouvoir.
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Merci, monsieur le président.
Chers collègues, je vous remercie de nous avoir invités à comparaître devant vous aujourd'hui.
J'ai le plaisir d'être accompagné de mon sous-ministre, M. Jean, et de M. Rigby. Avant de l'oublier, je voudrais remercier tous les fonctionnaires qui travaillent si fort et avec un tel professionnalisme. Nous pouvons être fiers de la diplomatie canadienne.
Je voudrais dire aussi que cette première rencontre, notamment les propos que nous échangerons, est très importante pour moi. Aucun parti n'a le monopole des bonnes idées et des faits exacts. Nous apprenons les uns des autres, et je suis sûr que votre comité va créer une chimie interpartisane qui sera très utile aux affaires étrangères du Canada. J'envisage avec beaucoup d'optimisme notre coopération à ce sujet.
Pendant ces 10 minutes, je vais tenter de procéder rapidement, étant donné que j'ai beaucoup de choses à dire. S'il y en a trop, interrompez-moi, monsieur le président. Il faut respecter le temps de parole de chacun d'entre nous.
Je vais donc me lancer tout de suite, en m'inspirant de la lettre de mandat que j'ai reçue de la part du premier ministre du Canada. C'est la première fois que les lettres de mandat des ministres sont rendues publiques. Comme c'est ce que je suis tenu de suivre, je vais beaucoup m'en inspirer au cours de ces 10 minutes de cette présentation.
Bien sûr, la lettre de mandat me demande de promouvoir dans le monde les intérêts du Canada, en l'occurrence les intérêts économiques et les intérêts en matière de sécurité. Or elle me demande aussi de satisfaire ce que le a appelé la volonté profonde des Canadiens d'apporter une contribution réelle et significative à la paix et à la prospérité mondiales.
Pour réaliser ce mandat, qui est assez ambitieux comme vous pouvez le voir, j'ai annoncé que je me laisserais guider par un principe que j'ai nommé « l'éthique de la conviction responsable ». Cela veut dire que les décisions que l'on prend doivent tenir compte de leur impact prévisible sur les autres êtres humains. Je pourrai en dire davantage à ce sujet si on me le demande.
Pour atteindre les objectifs de mon mandat, je suis aussi tenu de travailler en collégialité étroite avec tous les membres du Cabinet. Je vais mentionner notamment la , Mme Freeland, la , Mme Bibeau, et mon collègue, le , M. Sajjan.
Je vais commencer par le commencement, soit notre relation avec l'Amérique du Nord, plus particulièrement avec les États-Unis. Il s'agit pour le Canada d'une relation fondamentale qu'il ne faut jamais tenir pour acquise et qu'il faut toujours améliorer.
[Traduction]
Le premier ministre Trudeau a souligné la nécessité de renforcer la coopération nord-américaine et nos relations avec le Mexique. En janvier, j'ai accueilli à Québec mes homologues américain et mexicain. Nous avons réalisé des progrès en ce qui concerne les changements climatiques, l'énergie verte, des questions liées à l'économie et à la sécurité, les opérations de maintien de la paix et la santé, y compris des efforts concertés pour lutter contre le virus Zika.
Lors de la visite d'État historique du premier ministre à Washington, les gouvernements canadien et américain se sont mis d'accord sur les mesures en vue de réduire les lourdeurs administratives, de faciliter le commerce et de simplifier les mouvements transfrontaliers, tout en assurant la sécurité des deux pays. Les voyageurs canadiens en verront les effets concrets grâce à un accord de principe au sujet de nouvelles mesures de prédédouanement à l'Aéroport Billy Bishop de Toronto et à l'Aéroport Jean Lesage de Québec et de l'élargissement des mesures de prédédouanement pour les services ferroviaires à Montréal et à Vancouver. Par ailleurs, nous nous sommes engagés à travailler d'arrache-pied pour trouver une solution au conflit du bois d'oeuvre d'ici 100 jours.
Dans le budget de 2016, nous avons annoncé des investissements de 9,5 millions de dollars à l'appui de la Commission mixte internationale. Cela aidera toutes les parties à élaborer une stratégie à long terme pour veiller à la santé du secteur des Grands Lacs, et je considère que les Grands Lacs incluent le lac Winnipeg.
En ce qui a trait précisément au Mexique, nous continuons de réaliser des progrès en vue d'éliminer l'obligation pour les Mexicains d'obtenir un visa. Cela améliorera nos relations avec l'un de nos principaux partenaires commerciaux.
J'aimerais maintenant parler des autres enjeux internationaux, en particulier les institutions multilatérales.
[Français]
Je pourrais dire beaucoup de choses au sujet de la COP21 à Paris, et au sujet du rôle très positif qu'y a joué la , Mme McKenna, à la demande du . Si on me le demande, je le ferai. Comme j'ai peu de temps à ma disposition, j'insiste sur le volet international, soit une aide de 2,5 milliards de dollars canadiens sur cinq ans pour aider les pays en développement à lutter contre les changements climatiques.
[Traduction]
Notre engagement à l'égard du multilatéralisme et des Nations unies a été mis en évidence lorsque le a annoncé que le Canada se présentait aux élections du Conseil de sécurité des Nations unies pour le mandat de 2021-2022. La même semaine, la ministre Hajdu a annoncé que le Canada se porterait candidat en vue de siéger à la Commission de la condition de la femme des Nations unies pour le mandat de 2017 à 2020. Elle a affirmé avoir tenu, juste avant, une réunion très intéressante sur la condition féminine. Eh bien, sachez que, le 5 avril, le Canada a été élu membre de la Commission.
Ma lettre de mandat demande que nous augmentions le soutien du Canada aux opérations de paix des Nations unies et à ses efforts en matière de médiation, de prévention des conflits et de reconstruction après les conflits. À cette fin, le budget de 2016 prévoit 586,5 millions de dollars sur trois ans pour la stabilisation, le renforcement des capacités antiterroristes et les opérations policières de maintien de la paix.
J'ai récemment annoncé que nous renouvellerons le Plan d'action du Canada sur les femmes, la paix et la sécurité. Je suis au courant des travaux du Comité sur le sujet et j'attends avec intérêt de connaître les résultats de votre étude.
En outre, plus tard dans l'année, je compte déposer le Traité sur le commerce des armes devant le Parlement dans le cadre du processus d'adhésion du Canada.
Fidèle à l'objectif de promouvoir la gouvernance inclusive et responsable, le pluralisme pacifique et le respect de la diversité et des droits de la personne, y compris des droits des femmes et des réfugiés, le budget 2016 prévoit des fonds dédiés à la promotion du pluralisme et du respect de la diversité et des droits de la personne partout dans le monde. En effet, le ministère est résolu plus que jamais à adopter une approche globale à l'égard des droits de la personne, approche qui couvre l'ensemble des priorités du gouvernement: égalité entre les sexes, autonomisation des femmes, migration, droits des membres de la communauté LGBTQI, droits des Autochtones, changements climatiques, et j'en passe. Nous adopterons une approche globale à l'égard des droits de la personne pour obtenir des résultats efficaces dans la promotion de tous les droits fondamentaux universels, ce qui comprend, bien entendu, la liberté de religion.
En février, à l'occasion de la visite du haut commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, nous avons annoncé un nouveau financement de 15 millions de dollars sur trois ans pour financer le travail du Commissariat. Nous soutenons maintenant tous les droits en matière de santé, de sexualité et de reproduction; c'est pourquoi nous avons abandonné la politique qui interdisait l'aide canadienne aux interruptions de grossesse, même dans les pays qui les autorisent.
Par ailleurs, nous avons mis fin à la politique du cas par cas de l'ancien gouvernement dans le dossier de la peine de mort. Nous demandons maintenant la clémence pour tous les Canadiens menacés de peine de mort, où que ce soit dans le monde, afin de maximiser les chances de l'obtenir pour certains.
[Français]
Le premier ministre m'a aussi demandé d'être plus transparent et rigoureux que jamais en ce qui concerne les licences d'exportation et les rapports sur les droits de la personne. J'aurai quelque chose à annoncer à ce sujet dans un futur pas trop lointain.
[Traduction]
Passons maintenant à la question de la sécurité. Aux termes de ma lettre de mandat, je dois veiller au maintien d'un lien solide entre la politique de défense, la politique étrangère et la sécurité nationale. J'ai travaillé avec mes collègues à l'élaboration de la nouvelle stratégie du gouvernement pour lutter contre le groupe État islamique et pour réagir aux crises en Syrie et en Irak. La stratégie est globale, intégrée et soutenue; d'ailleurs, elle a été bien reçue par nos partenaires locaux et internationaux, y compris au sein de la coalition mondiale dirigée par les États-Unis.
Au cours des trois prochaines années, nous investirons 1,6 milliard de dollars dans la défense, la sécurité, le développement et l'aide humanitaire dans la région. Nous travaillons avec tous nos partenaires pour trouver une solution diplomatique à la crise et pour préparer la longue route vers la paix.
[Français]
Concernant l'enjeu des réfugiés, je suis fier du rôle joué par mon ministère, et par la diplomatie canadienne en général, dans l'accueil des 25 000 réfugiés syriens en sol canadien. Cela a demandé beaucoup de concertation avec les autres pays, notamment la Jordanie et le Liban un peu aussi la Turquie. Ce sont des milliers et des milliers de nouveaux dossiers qui ont dû être traités dans des délais très serrés. Je les remercie de leur dur travail à cet égard.
Par ailleurs, je tiens à souligner l'annonce faite hier par ma collègue, la ministre Marie-Claude Bibeau, au sujet d'une contribution financière de 100 millions de dollars pour aider les collectivités les plus vulnérables touchées par la crise syrienne. Les Canadiens se sont montrés très généreux, et le Canada va donc épauler cette générosité.
Rappelons également notre contribution de 100 millions de dollars à l'Agence des Nations unies pour les réfugiés, afin de venir en aide aux populations affectées notamment par la crise syrienne.
[Traduction]
Dans d'autres domaines, j'ai lancé un appel clair à la Conférence du désarmement à Genève pour qu'elle se remette au travail et pour lui indiquer que le Canada est prêt à prêter son assistance. Nous avons annoncé que le Canada investira 42 millions de dollars de plus dans le Programme de partenariat mondial pour améliorer la sécurité nucléaire et radiologique à l'échelle internationale. En fait, le Canada dirigera la campagne visant à garantir l'assentiment et l'adhésion au traité interdisant la production de matières fissiles.
[Français]
Ma lettre de mandat mentionne également mon devoir de contribuer à augmenter l'interaction du Canada avec le monde sur les plans de l'éducation et de la culture et de recréer la diplomatie culturelle canadienne. Je le ferai en relation étroite avec, notamment, la ministre de Patrimoine canadien, Mme Joly.
Le budget de 2016 propose d'investir 35 millions de dollars sur deux ans à compter de 2016-2017, afin de soutenir la promotion des artistes et les industries culturelles du Canada à l'étranger. Comme je viens de le dire, je vais travailler à cette question avec Mmes Joly et Freeland.
Ce financement aidera dès maintenant les missions canadiennes à l'étranger à faire la promotion de la culture et de la créativité canadiennes sur la scène mondiale, d'autant plus que le Canada s'apprête à célébrer le 150e anniversaire de la Confédération canadienne, et non du Canada, car ce dernier existait bien avant.
[Traduction]
Nous estimons qu'il est important de continuer à jouer un rôle actif sur la scène mondiale, tout en reconnaissant que l'établissement de relations ne signifie pas que nous sommes d'accord et que nous devons procéder en gardant les yeux ouverts. L'établissement de relations est essentiel pour regagner le respect de nos alliés et poursuivre nos intérêts à l'intérieur du cadre de gouvernance multilatérale.
En ce qui concerne l'Iran, nous en sommes aux étapes très préliminaires d'une reprise de dialogue. Des différences fondamentales continuent de séparer nos deux pays; par exemple, le Canada est très préoccupé par les violations persistantes des droits de la personne en Iran et la position agressive du régime iranien à l'égard d'Israël. Malgré cela, les voies de communication sont ouvertes, ce qui est un premier pas important.
De concert avec nos partenaires aux vues similaires, nous avons apporté des modifications à notre régime de sanctions afin de le rendre conforme au Plan d'action global commun sur le programme nucléaire iranien, négocié par les membres du P5 + 1. Ainsi, le Canada n'est plus désavantagé par rapport à ses alliés.
Pour ce qui est de la Russie, la politique de la chaise vide adoptée par l'ancien gouvernement a empêché le Canada de diriger des réunions internationales, d'organiser des événements et de jouer pleinement son rôle dans le cadre des négociations relatives à l'Ukraine. À l'instar de nos partenaires européens et américains aux vues similaires, nous avons imposé de nouvelles sanctions contre la Russie. Nous travaillons maintenant à rétablir progressivement le dialogue dans les domaines où nous avons des intérêts communs évidents, comme dans le dossier de l'Arctique et celui de la sécurité internationale, même si nous continuons à dénoncer fermement les gestes posés par la Russie en Ukraine.
Monsieur le président, madame et messieurs les membres du Comité, le gouvernement a déjà commencé à répondre aux priorités énoncées dans les lettres de mandat des ministres. Mon adjoint pourra vous confirmer que le ministère a du pain sur la planche.
[Français]
J'ai hâte d'entendre vos questions et vos commentaires. Je crois que les échanges que nous aurons aujourd'hui et au cours des mois et peut-être des années à venir seront très prometteurs et très fructueux pour le Canada et pour son rôle dans le monde.
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Je vous remercie d'avoir posé cette question importante.
Oui, en effet, nous croyons que si le Canada est le seul à couper ses liens avec l'Iran, personne n'y trouvera son compte. Cela ne rend pas service au peuple iranien, notamment sur le plan des droits de la personne. Cela ne favorise pas les intérêts du Canada — et j'entends par là non seulement les entreprises, mais aussi les étudiants et leur famille. Cela n'aide pas nos alliés, dont Israël. De plus, cela ne favorise pas nos relations avec nos alliés, puisque le Canada perd de sa pertinence à leurs yeux. Cela ne contribue pas non plus aux négociations en Syrie. Si nous n'entretenons pas de dialogue avec les Russes et les Iraniens, il nous sera difficile de participer aux discussions sur la Syrie en vue de trouver une solution.
En même temps, des Canadiens risquent leur vie. Nous devrions donc être à la table où se prennent les décisions. Si nous mettons certains de nos concitoyens en danger de mort pour une cause, nous devrions alors être parmi les décideurs.
Pour toutes ces raisons, une telle approche finit par pénaliser davantage le Canada que l'Iran ou la Russie. Il nous faut rectifier le tir.
Nous devons agir en gardant les yeux bien ouverts. Il y a beaucoup de problèmes, comme vous l'avez mentionné, et je partage totalement votre point de vue sur la situation en Iran. Par exemple, quand l'Iran a fait l'essai d'un missile balistique, nous avons durci nos sanctions. Mais nous l'avons fait en collaboration avec nos alliés. Si le Canada fait cavalier seul, les sanctions n'auront guère d'effets sur l'Iran. Par contre, s'il s'agit d'une sanction collective, l'Iran sera alors plus susceptible d'en subir les contrecoups. Je suis donc tout à fait d'accord là-dessus.
Où en sommes-nous? Dans le contexte actuel, les discussions sont très préliminaires.Nous n'en sommes pas encore à l'étape de discussions politiques. Ce sont les fonctionnaires qui interviennent. Il est très difficile de renouer des liens qui ont été coupés. Dans un autre contexte, j'ai acquis une longue expérience au cours de ma carrière politique, et si nous coupons des liens avec un pays, il est très difficile ensuite de les rétablir.
Je parle là d'un autre contexte, mais en l'occurrence, c'est un peu la même chose. Cela se fera étape par étape, mais ce n'est pas facile. Nous n'aurons pas une ambassade du jour au lendemain. Une fois l'ambassade rouverte, une de nos priorités absolues sera d'examiner la question que vous avez soulevée à juste titre: la nécessité de faire preuve de prudence pour assurer la sécurité de nos diplomates.
S'il y a une chose qui m'empêche de dormir, et cela vaut aussi pour mon adjoint, c'est la sécurité de nos diplomates partout dans le monde.
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Merci beaucoup, Michael.
Tout d'abord, je parlerai du Myanmar, parce qu'on m'a appris que c'est le nom qui a été retenu. Je sais que nous hésitons à l'utiliser, parce qu'au début, ce nom était imposé par l'armée, mais maintenant, on me dit que les démocrates l'ont également accepté. L'armée ne veut pas arrêter les démocrates; elle veut travailler avec eux, et c'est pourquoi ils se sont entendus sur le nom de Myanmar.
[Français]
C'est un peu dommage. En français, le nom « Birmanie » est très beau, mais on appelle maintenant le pays Myanmar.
[Traduction]
Deuxièmement, de nombreux problèmes affligent ce pays. C'est l'un des pays les plus pauvres du monde; il affiche un bilan épouvantable en matière de droits de la personne et il fait piètre figure au chapitre du respect de la diversité et des droits religieux. Mais les gens du Myanmar sont courageux. Ils ont décidé de former une démocratie. Cela ne se fait pas du jour au lendemain, mais ils ont réalisé beaucoup de progrès. Leur dirigeante est l'une des personnes les plus célèbres du monde et, comme vous le savez sûrement, elle est une citoyenne honoraire du Canada. Nous lui avons accordé ce titre à l'unanimité il y a quelques années.
Nous devons appuyer les gens du Myanmar. J'espère que leurs efforts aboutiront — et c'est ce que je leur ai dit —, car ce sera bénéfique non seulement pour eux et pour leurs groupes minoritaires, dont celui que vous avez mentionné, mais aussi pour le monde entier. Ils sont presque les seuls dans la région à opter pour cette voie. D'autres pays avoisinants — et je n'ai pas voulu les mentionner pour ne pas créer de problèmes diplomatiques — font tout le contraire. Ils sont plus militaristes et moins démocratiques que jamais. Le Myanmar, lui, veut réussir.
Alors, travaillons ensemble pour lui venir en aide, pour l'appuyer et pour encourager la communauté internationale à faire de même. C'est pourquoi j'ai été heureux d'annoncer une aide financière de 44 millions de dollars comme première étape; cela ne s'arrête pas là.
Une des choses que j'ai annoncées porte justement sur la question que vous avez soulevée. Les habitants du Myanmar veulent créer une réconciliation nationale, comme ils l'appellent. Aujourd'hui, on trouve encore des milices dans certaines régions du pays. Les gens veulent mettre fin à cette situation et instaurer une réconciliation nationale. Pour y arriver, ils envisagent notamment de créer ce qu'ils appellent une « union fédérale ».
Un des investissements que le Canada fournit actuellement au Myanmar lui permet d'avoir accès aux meilleures pratiques fédératives en vigueur dans le monde. Il existe un organisme international très compétent en la matière, soit le Forum des fédérations, avec qui l'ancien gouvernement était en train de travailler. Nous ne partons pas de zéro. Voilà le genre de soutien que le Canada doit offrir au Myanmar.