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La séance est ouverte. Bienvenue à la 115
e réunion du Comité permanent de la condition féminine de la Chambre des communes.
Avant de commencer, je demande à tous les membres et à tous les participants présents dans la salle de consulter les cartes sur la table qui expliquent comment éviter des effets Larsen.
Veuillez noter les mesures préventives suivantes en place pour protéger la santé et la sécurité de tous les participants, y compris des interprètes. Veuillez n'utiliser que les écouteurs noirs approuvés. Les anciens écouteurs gris ne doivent plus être utilisés. Nous devons veiller à toujours garder les écouteurs loin des microphones. Quand vous n'utilisez pas vos écouteurs, posez-les face vers le bas sur l'autocollant placé sur la table à cette fin.
Je demande à tous les membres d'attendre que je les nomme avant de parler. Je demande aux membres qui se trouvent dans la salle de lever la main s'ils souhaitent prendre la parole. Je demande aux membres sur Zoom d'utiliser la fonction « Lever la main ». Je gérerai le temps de parole avec la greffière, et je vous rappelle que tous les commentaires doivent être adressés à la présidence.
Je ferai quelques observations à l'intention des témoins. Avant de prendre la parole, attendez que je vous nomme. Si vous participez par vidéoconférence, cliquez sur l'icône du microphone pour l'activer et veuillez vous mettre en sourdine quand vous n'avez pas la parole. Les micros des participants qui se trouvent dans la salle seront contrôlés par l’agent des délibérations et de la vérification. Vous pouvez vous exprimer dans la langue officielle de votre choix. Des services d'interprétation sont proposés. Vous avez le choix pour vos écouteurs entre le parquet, l'anglais ou le français. Si vous n'entendez plus l'interprétation, veuillez attirer aussitôt mon attention.
Nous avons plusieurs témoins très intéressants, dans la salle et en ligne, et en raison de leur nombre, je vais me montrer assez stricte sur le temps de parole, afin de respecter le temps de chacun ici présent aujourd'hui. Conformément à l'article 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le mardi 4 juin 2023, le Comité commence son étude en réponse à l'appel aux commentaires sur les recommandations provisoires sur le cancer du sein du Groupe d'étude canadien sur les soins de santé préventifs.
La réunion d'aujourd'hui durera deux heures avec notre groupe de témoins, afin d'optimiser le temps consacré à ce sujet très important.
Je vais maintenant souhaiter la bienvenue aux témoins et les présenter. Nous accueillons, à titre personnel, Shira Farber, par vidéoconférence; la Dre Jean M. Seely, professeure de radiologie, Faculté de médecine, Université d'Ottawa, par vidéoconférence; et la Dre Moira Rushton, médecin oncologue. Nous accueillons également Helena Sonea, directrice, Défense de l'intérêt public; David Raynaud, gestionnaire principal, par vidéoconférence; et Ciana Van Dusen, gestionnaire de la défense de l'intérêt public, Prévention et détection précoce, de la Société canadienne du cancer. Nous accueillons aussi la Dre Pamela Hebbard, chef, Oncologie chirurgicale, par vidéoconférence; et la Dre Donna Turner, chef, Oncologie populationnelle, par vidéoconférence également, toutes deux de CancerCare Manitoba. Enfin, nous accueillons la Dre Shiela Appavoo, présidente de la Coalition for Responsible Healthcare Guidelines.
Si vous comparaissez devant le Comité à titre personnel, vous disposez de cinq minutes pour présenter vos observations préliminaires. Si vous représentez une organisation, vous disposez de cinq minutes que vous partagerez avec vos collègues.
Je cède maintenant la parole à Mme Farber, qui commencera. Vous disposez de cinq minutes.
Je m'appelle Shira Farber. Je suis ici aujourd'hui pour raconter ma propre histoire, mais je représente une communauté de femmes atteintes du cancer du sein qui, dans tout le Canada, donnent de leur temps et de leur énergie limités pour améliorer les lignes directrices en matière de dépistage du cancer du sein.
Aujourd'hui, marque un anniversaire important pour moi. Il y a trois ans ce même jour, je me trouvais au centre d'oncologie Princess Margaret à Toronto où l'on me faisait une biopsie pour confirmer mon diagnostic de cancer. Je me souviens avoir eu la sensation viscérale en entendant les mots « cancer du sein » que tout irait bien parce que je pensais que le cancer avait été détecté à un stade précoce. Cependant, les tests diagnostiques ont révélé trois grosses tumeurs dans mon sein droit et un cancer du sein de stade 3 — ce que ma chirurgienne oncologue a qualifié de cancer détecté pas trop tard, mais qu'elle aurait souhaité avoir découvert plus tôt.
Ce que j'ai appris et ce à quoi le groupe d'étude ne prête pas assez attention dans ces lignes directrices, c'est que le stade compte du point de vue de la qualité de vie et pour ce qui est de réduire certains des effets secondaires des traitements plus agressifs.
La chimiothérapie que j'ai suivie était un traitement à dose dense qui me rendait tellement malade que je ne pouvais pas travailler et que je passais la plupart de mes journées au lit. Je ne pouvais pas prendre soin de moi-même et encore moins de mes enfants ou de ma mère. J'avais la bouche pleine d'aphtes. J'ai perdu tous mes cheveux, et mes articulations en ont pris un sérieux coup. J'ai développé une anémie ferriprive et de la tachycardie, et je suis tombée très malade et ai été hospitalisée pour une péricardite constrictive aiguë. J'ai failli avoir d'urgence une opération à cœur ouvert.
Je ne pouvais pas parcourir de courtes distances sans être essoufflée, et j'ai dû utiliser un fauteuil roulant. Comme on m'a retiré 40 ganglions lymphatiques, je souffre maintenant d'un lymphoedème permanent. La mobilité de mon bras est très limitée. Je me sens facilement épuisée. Je fais ce que je peux avec la physiothérapie, mais je vis avec des douleurs chroniques. Le protocole de traitement pour un cancer à un stade plus avancé a également limité mes options pour ce qui est de la reconstruction et m'a valu plusieurs interventions chirurgicales. Mon image corporelle a été détruite et ma santé mentale, très éprouvée. Je souffre de stress post-traumatique et j'ai peur d'une récidive.
Les lignes directrices du groupe d'étude renvoient souvent à une décision commune entre patientes et médecins. Quand j'ai eu 40 ans, je me souviens avoir demandé à mon ancien médecin de famille, qui était un merveilleux médecin, si j'avais besoin de faire une mammographie. Il m'a expliqué que, d'après les nouvelles lignes directrices canadiennes en matière de dépistage du cancer du sein, ce n'était pas nécessaire pour les femmes à risque moyen. Je me souviens avoir reposé la question quand j'ai eu 45 ans et avoir obtenu une réponse similaire.
Je ne savais pas que des facteurs de risque tels que la densité mammaire, qui ne peut être découverte que lors d'une première mammographie, faisaient de moi quelqu'un à plus haut risque. Je ne savais pas que la plupart des femmes atteintes d'un cancer du sein n'ont pas d'antécédent familial. Je n'ai pas insisté ou défendu mes droits parce que je faisais implicitement confiance à mon médecin et redoutais la douleur que j'associais à tort aux mammographies. Je croyais que ces lignes directrices, si elles étaient les recommandations du Canada et celles de mon médecin, étaient la référence absolue et que je ne risquais rien.
La voix des femmes n'est tout simplement pas suffisamment prise en compte dans les lignes directrices du Groupe d'étude canadien sur les soins de santé préventifs. Il y a un décalage important entre ce qu'il recommande et ce qui se passe réellement dans le cabinet des médecins de famille. Le groupe d'étude ne tient pas compte du déséquilibre de pouvoir entre les médecins et les patients. Je parle sans arrêt avec des femmes diagnostiquées à un stade plus avancé. Certaines expliquent avoir dû réclamer un dépistage et se l'être vu refuser parce que les médecins estiment être mieux placés pour savoir ou ne sont pas au courant des dernières recherches et des dernières données. Certaines femmes ont peur de trop insister et de passer pour des patientes difficiles, au risque de perdre le privilège d'avoir un médecin de famille.
Le groupe d'étude mentionne aussi parmi les effets nocifs du dépistage l'angoisse liée au fait d'être rappelée. Je donnerais tout au monde pour ressentir l'angoisse passagère d'un rappel plutôt que les douleurs physiques que j'éprouve et la peur que j'ai de laisser mes enfants sans mère ou mon époux sans conjointe.
Les femmes sont résilientes. Nous pouvons gérer l'angoisse avec les bons outils. Au cours de l'année écoulée, le groupe d'étude a, pendant qu'il analysait les données, fait de nombreuses déclarations publiques à la presse sur les médias sociaux et parlé de ce qu'il appelle les « préjudices du dépistage ». Je n'ai aucune confiance dans un processus où les membres, qui prétendent être objectifs, déclarent et maintiennent publiquement leur parti pris.
Quand j'ai reçu mon diagnostic de cancer, j'ai fait la même chose qu'avec des membres de ma famille ou des amis dans des situations semblables. J'ai fait des recherches sur mes médecins. J'ai trouvé un hôpital doté d'un service d'oncologie en qui j'avais confiance et j'ai parlé avec d'autres personnes qui avaient vécu ce type d'expérience. Est‑ce que ce n'est pas ce à quoi a droit toute Canadienne? Pourquoi les médecins de famille et les Canadiens suivent-ils les directives de non-spécialistes du dépistage? Pourquoi n'écoutons-nous pas les experts en dépistage et les chirurgiens oncologues qui sont en première ligne face à cette maladie? Pourquoi ne tirons-nous pas les leçons des expériences vécues par les patientes? Pourquoi ne nous écoute-t‑on pas?
Le Canada peut opérer ce changement dès maintenant. Nous avons une occasion de donner aux femmes des lignes directrices modernes, reposant sur des données probantes, qui pourraient en protéger certaines contre des cancers à des stades avancés. Nous ne pouvons pas réparer les torts causés, mais nous pouvons éviter des souffrances inutiles et des décès à l'avenir.
Je vous remercie.
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Bonjour. Je vous remercie.
Je remercie les membres du Comité permanent de la condition féminine de cette occasion unique de parler des lignes directrices canadiennes actuelles en matière de dépistage du cancer du sein.
Je suis la Dre Ify McKerlie. Je suis radiologue généraliste spécialisée dans l'imagerie mammaire depuis plus de 20 ans. Je copréside le groupe sur l'engagement des patientes de la Société canadienne de l'imagerie mammaire. Il est devenu de plus en plus évident au fil de mes années de carrière que les patientes atteintes d'un cancer du sein sont de plus en plus jeunes. De plus, des études canadiennes récentes montrent que l'incidence du cancer du sein augmente.
Chaque jour, je pose des diagnostics et réalise des biopsies sur ces patientes et, à ce titre, je suis souvent le premier point de contact et celle qui annonce de mauvaises nouvelles. Le cancer du sein a tendance à se développer plus rapidement et à être plus agressif chez les jeunes femmes.
Le groupe d'étude a publié dernièrement ses recommandations en matière de dépistage du cancer du sein. Il faut souligner que les membres du groupe d'étude ne sont pas spécialisés dans le domaine médical — le dépistage du cancer du sein — à propos duquel ils ont formulé des lignes directrices. Ils mettent à tort l'accent sur les dommages potentiels d'un dépistage précoce plutôt que sur le fait qu'il peut sauver des vies.
Le cancer du sein est une maladie lourde de conséquences. Le choc brutal d'un diagnostic tardif est nettement plus grave que le préjudice que pourrait causer un examen d'imagerie supplémentaire. L'étude périmée des années 1980, que le groupe d'étude continue d'utiliser pour formuler ses lignes directrices, porte sur une population composée à 98 % de femmes blanches.
Quarante ans plus tard, toutefois, le Canada est un pays beaucoup plus divers sur le plan racial. Dans le recensement canadien de 2021, plus de 9,5 millions de Canadiens sont considérés comme appartenant à une minorité visible, soit 26,5 % de la population totale.
Aux États-Unis, on a remarqué que, chez les femmes noires, hispaniques et asiatiques, le cancer du sein se déclare plus tôt, soit à 40 ans, que chez les Blanches. Il ressort d'une analyse canadienne récente que les femmes blanches sont le seul groupe où le pic d'incidence intervient après 50 ans. Le groupe d'étude était au courant de cet article récent de Statistique Canada qui n'est pas encore publié, mais il n'a pas abaissé l'âge de dépistage.
Dans les lignes directrices récemment publiées, le groupe d'étude souligne que le risque de cancer du sein au cours de la vie dans ces populations est inférieur au risque dans les populations blanches. Il ajoute que les populations non blanches du groupe d'âge des 40 à 49 ans reçoivent plus de diagnostics de cancer du sein, qu'elles présentent une proportion plus élevée de sous-types agressifs de cancer, qu'elles sont moins susceptibles d'avoir des cancers sensibles aux hormones et qu'elles sont moins susceptibles d'avoir un cancer de stade 1.
Les perspectives pour les femmes noires sont encore plus sombres, puisque leur taux de mortalité est supérieur de 42 % à celui des femmes blanches, qu'elles souffrent de cancers plus agressifs et que leurs résultats sont plus mauvais au même stade. Le groupe d'étude fait observer ceci à propos du groupe d'âge des 40 à 49 ans:
Des données montrent une variabilité de l'incidence, de la mortalité, du sous-type et du stade au moment du diagnostic (p. ex. une mortalité plus élevée chez les femmes noires [...]).
Bien qu'il énumère tous les désavantages auxquelles les femmes noires sont exposées, il insiste sur le choix éclairé des patientes, ce qui nécessiterait une discussion éclairée avec un médecin de famille. Le groupe d'étude préconise une approche unique, ce qui va à l'encontre de la variabilité observée des valeurs et des préférences. Si une femme choisit de se faire dépister, il recommande quand même de le faire tous les deux ou trois ans.
Quand les lignes directrices américaines ont été annoncées, le groupe d'étude américain a déclaré que « des données scientifiques nouvelles et plus inclusives » l'avaient conduit à préconiser un dépistage à 40 ans. Au Canada, qu'en est‑il de l'utilisation de données scientifiques nouvelles et inclusives? Qui dit connaissances dit responsabilité. Donc, être au courant de ce qui précède — savoir que la mortalité est plus élevée chez les femmes noires âgées de 40 à 49 ans — et ne pas agir en conséquence est tout simplement contraire à l'éthique et discriminatoire.
Le groupe d'étude fait également preuve de discrimination à l'égard des femmes qui ont des seins denses en ne recommandant pas de dépistage supplémentaire. La densité mammaire est plus élevée chez les femmes asiatiques, noires et hispaniques.
Nous sommes en 2024. Nous devons inclure le groupe d'âge des 40 à 49 ans dans la population faisant l'objet d'un dépistage, étant donné, notamment, l'incidence chez les femmes racisées et la mortalité plus élevée chez les femmes noires, ainsi que le risque élevé pour les femmes aux seins denses. Des vies en dépendent.
Faute de bonne gouvernance et de structure de responsabilité pour le groupe d'étude et, en fait, pour toute organisation, c'est le chaos. Les femmes dans la quarantaine ne sont pas des pertes acceptables.
Je vous remercie.
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Mesdames et monsieur les membres du Comité permanent de la condition féminine, je vous remercie de me donner l'occasion de commenter les lignes directrices provisoires du groupe d'étude en matière de dépistage du cancer du sein. En tant que spécialiste de l'imagerie mammaire, je diagnostique des femmes tout au long de leur parcours face au cancer. Je détecte le cancer du sein lors du dépistage ou je le diagnostique après qu'une femme présente une masse palpable. Je réalise des biopsies mammaires et je localise les cancers du sein pour les chirurgiens. J'interprète l'imagerie des femmes chez qui l'on a diagnostiqué un cancer du sein à un stade avancé ou une récidive du cancer. Je parle avec des femmes à tous les stades du cancer du sein.
Les cancers détectés par dépistage avant l'apparition de symptômes ont un diagnostic très différent de celui d'un cancer détecté à cause de symptômes aux stades 2 ou 3, ou d'un cancer déjà métastatique au stade 4. Le groupe d'étude estime à tort que la nocivité d'un examen d'imagerie supplémentaire est comparable au diagnostic tardif d'un cancer du sein à un stade avancé. Mes patientes affirment que la gravité du préjudice lié à un retard de diagnostic dépasse largement le stress associé à un examen d'imagerie supplémentaire.
Les lignes directrices provisoires en matière de dépistage du cancer du sein récemment publiées par le groupe d'étude suscitent de vives inquiétudes dans la communauté médicale et, en tant qu'experte faisant partie du groupe chargé de l'examen des données probantes, j'ai trouvé ses recommandations très décevantes. Ces lignes directrices ne tiennent pas compte de données probantes récentes et solides qui incitent à commencer le dépistage à 40 ans, ce qui est une norme à présent adoptée par le groupe d'étude américain et par de nombreux autres pays dans le monde.
Les recommandations du groupe d'étude reposent sur des études vieilles de 40 à 60 ans qui utilisent des technologies obsolètes, comme la mammographie sur film avec écran. En s'appuyant sur des données dépassées, il néglige les progrès monumentaux dans le traitement du cancer du sein, notamment dans le cas du cancer à récepteurs hormonaux positifs, les options chirurgicales moins invasives, comme la lumpectomie, la biopsie des ganglions sentinelles, et tous les agents immunologiques et chimiothérapeutiques modernes qui révolutionnent complètement la prise en charge du cancer du sein.
Par son approche, le groupe d'étude diminue l'importance des études par observation récentes portant sur des millions de femmes qui comparent le dépistage à l'absence de dépistage en utilisant un diagnostic et un traitement actualisés. Il s'agit notamment d'une vaste étude canadienne portant sur plus de 2,7 millions de femmes ayant fait des dépistages sur 20 ans et montrant une réduction de 44 % de la mortalité par cancer du sein chez les femmes qui ont commencé le dépistage dans la quarantaine. Des études similaires menées en Suède révèlent un avantage encore plus important, avec une réduction de la mortalité de 50 à 60 %.
Recevoir un diagnostic de cancer du sein est dévastateur, mais les dommages sont en grande partie évitables lorsqu'il est détecté à un stade précoce. Les taux de survie sont très différents d'un stade à l'autre. Le taux de survie à cinq ans est proche de 100 % pour le stade 1 détecté par dépistage, contre seulement 22 % pour le stade 4, où la maladie s'est propagée et devient incurable. En outre, les traitements sont beaucoup moins intensifs et moins coûteux lorsqu'ils sont administrés à un stade précoce. Le traitement au stade 1 coûte en moyenne 36 000 $ canadiens, alors qu'au stade 4, il peut dépasser un demi-million de dollars par patiente diagnostiquée. Ces statistiques montrent l'importance cruciale du dépistage précoce, auquel les lignes directrices provisoires du groupe d'étude n'accordent pas la priorité nécessaire.
Le groupe d'étude ignore les données qui montrent que les femmes de race et d'ethnicité autres que blanches sont plus susceptibles de recevoir un diagnostic de cancer du sein dans la quarantaine. Cette approche unique consistant à recommander le dépistage à partir de 50 ans seulement est discriminatoire à l'égard de ces femmes et contribue à leur taux deux fois plus élevé de cancer du sein avancé à cause d'un diagnostic tardif et du manque d'accès aux programmes de mammographie de dépistage.
Le groupe d'étude reconnaît aussi que les femmes aux seins denses sont deux fois plus susceptibles de développer un cancer du sein que les autres, mais il ne reconnaît pas que la mammographie est moins sensible chez ces femmes. En fait, elle passe de 90 % chez les femmes aux seins non denses à 60 % chez celles qui ont les seins les plus denses. Le groupe d'étude ne tient pas compte des essais randomisés de très haute qualité qui montrent que l'ajout du dépistage par imagerie à résonance magnétique, ou IRM, réduit les cancers d'intervalle, c'est-à-dire ceux qui sont découverts par des symptômes après une mammographie normale, de 80 % avec l'IRM et de 50 % avec une échographie mammaire supplémentaire. La médecine factuelle montre que ces cancers d'intervalle sont des substituts acceptables pour la mortalité attribuable au cancer du sein, ce dont la démonstration peut demander de 10 à 20 ans ou plus. Le groupe d'étude ne reconnaît pas l'importance d'un dépistage supplémentaire chez ces femmes et, une fois de plus, ne suit pas les normes internationales.
Nous devons exiger que nos politiques de santé tiennent compte des toutes dernières données scientifiques et de pratiques médicales exemplaires. La communauté médicale doit à toutes les Canadiennes de préconiser des lignes directrices qui non seulement reposent sur la science, mais qui tiennent aussi compte des progrès des technologies médicales et des traitements modernes.
Demandons ensemble la révision immédiate des lignes directrices du groupe d'étude afin qu'elles tiennent vraiment compte de ce qui est mieux pour la santé des femmes aujourd'hui.
Je vous remercie.
Mesdames et monsieur les membres du Comité, je vous remercie de m'avoir invitée à vous parler aujourd'hui du dépistage du cancer du sein.
En tant que médecin oncologue et que femme de 41 ans, soucieuse à la fois du bien-être de mes patientes et de la santé de ma génération, je suis profondément déçue par le rapport préliminaire du Groupe d'étude canadien sur les soins de santé préventifs publié le mois dernier.
Le rapport surestime nettement les inconvénients du dépistage tout en ignorant les avantages d'une détection précoce. Car ce qui est absent du discours public actuel, ce sont les avantages d'une détection précoce du cancer du sein du point de vue du traitement. Nous entendons souvent parler des inconvénients du dépistage, mais peu des différences entre le traitement d'un cancer cliniquement évident et celui d'un cancer détecté par le dépistage.
Le traitement du cancer du sein est complexe et coûteux. En dehors de la chirurgie et de la radiothérapie, je propose aux patientes des traitements médicaux visant à réduire le risque de récidive ou de décès dû au cancer. Le groupe d'étude mentionne le recours ou non à la chimiothérapie, mais nos traitements vont aujourd'hui bien au‑delà, avec notamment l'immunothérapie, les thérapies ciblées, les conjugués anticorps-médicaments, les bloqueurs du cycle cellulaire et jusqu'à 10 ans de traitement bloqueur d'hormones pour les patientes atteintes d'un cancer du sein hormono-sensible de stade 3.
Le dépistage précoce d'un cancer du sein, lorsqu'il devient cliniquement détectable, réduit la nécessité d'un traitement médical lourd et diminue le risque de récidive à distance et de décès. Une tumeur plus grosse avec atteinte des ganglions lymphatiques, devenue cliniquement évidente pour une patiente, signifie une maladie à plus haut risque et, par conséquent, plus de traitements pour obtenir des résultats similaires, ce qui entraîne des coûts plus élevés pour les patientes et pour notre société.
Pour les patientes, les coûts comprennent l'arrêt du travail, la perte des cheveux, des troubles cognitifs, une fatigue chronique, une dysfonction sexuelle, une infertilité, une ménopause précoce, des lésions nerveuses, des complications cardiaques et des problèmes de santé mentale, sans parler de la peur constante d'une récidive.
La toxicité financière du traitement du cancer du sein est réelle et nous la supportons tous dans le système de santé public. Comme cela vient d'être mentionné, nous savons que les coûts augmentent considérablement d'un stade à l'autre, le cancer de stade 0 détecté par dépistage ne coûtant qu'environ 14 000 $, alors qu'en Ontario aujourd'hui, la prise en charge d'un cancer de stade 3, en fonction des traitements que nous utilisons et qui sont financés par l'État, coûte près de 400 000 $.
Cette année, nous avons pris ces chiffres et nous les avons soumis à une analyse coût-efficacité en utilisant la même modélisation OncoSim que celle approuvée par le Partenariat canadien contre le cancer. Nous avons constaté que non seulement le dépistage est rentable, mais qu'il permet de réaliser des économies, car le traitement du cancer du sein au stade 4 est très coûteux.
Le dépistage permet généralement un diagnostic précoce des cancers du sein. En Ontario, faute de programme de dépistage organisé, seulement 35,7 % des femmes âgées de 40 à 49 ans reçoivent un diagnostic de cancer de stade 1, alors que près de 87 % de celles qui participent au programme de dépistage du cancer du sein de l'Ontario de 50 à 74 ans recevront un diagnostic de cancer de stade 1 ou de stade 0.
L'outil de communication fourni par le groupe d'étude pour éclairer les discussions entre les patientes et leurs prestataires de soins de santé primaires sur les risques et les avantages d'un dépistage à un plus jeune âge, ne dit pas qu'une détection précoce dans le cadre d'un programme de dépistage permet de détecter plus tôt un cancer.
Les lignes directrices actualisées soulèvent de nombreuses questions. Il y a des différences importantes entre les groupes d'étude canadien et américain en ce qui concerne les avantages estimés du dépistage dans la population. Le groupe d'étude américain prévoit plus de décès évités et de vies sauvées que le groupe d'étude canadien en ramenant l'âge du dépistage à 40 ans, mais même avec l'estimation canadienne prudente, en abaissant l'âge du dépistage de 50 à 40 ans, on éviterait 2 600 décès supplémentaires en 10 années de dépistage des femmes âgées de 40 à 49 ans.
Le groupe d'étude estime que cet avantage ne justifie pas les inconvénients de tests supplémentaires et les préjudices causés par quelques cas surdiagnostiqués. Sur ce point, je ne suis pas d'accord, tout comme les études qui nous apprennent que les femmes sont prêtes à accepter jusqu'à six cas de surdiagnostic pour sauver une vie.
Le groupe d'étude ignore également les avantages à long terme de la détection précoce en se concentrant uniquement sur une période de 10 ans, tant dans le rapport que dans les outils de discussion, pour évaluer les avantages du dépistage. En réalité, pour le type de cancer du sein le plus courant, qui est sensible aux hormones, même si vous avez un cancer du sein de stade 2 ou 3 qui peut récidiver d'une manière ou d'une autre, il est probable que, même s'il réapparaît au cours de ces 10 années, vous serez toujours en vie dans 10 ans. Vous serez simplement au stade 4 de la maladie et vous devrez suivre des traitements chroniques.
Comme mes patientes vous le diront, vivre avec le cancer n'est pas la même chose qu'y survivre, mais les outils fournis à nos médecins de famille ne font pas la différence entre les deux.
Tant que nous ne saurons pas comment empêcher le développement des cancers du sein, la détection précoce est la seule façon de réduire la morbidité et la mortalité, ainsi que le coût pour notre système de santé. Le groupe d'étude minimise nettement les avantages de la détection précoce et ne fournit pas de données de modélisation transparentes sur la possibilité de détecter plus tôt des cancers avec un programme de dépistage organisé. Sans cette partie essentielle de la conversation, nous ne présentons aux femmes que la moitié du tableau.
J'espère que mon témoignage aujourd'hui permettra d'entamer une conversation plus générale sur les effets néfastes du traitement du cancer du sein et sur les risques d'un diagnostic tardif.
Je vous remercie.
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Bonjour. Je m'appelle Ciana Van Dusen et je suis gestionnaire en prévention et détection précoce. Aujourd'hui, je suis accompagnée virtuellement de M. David Raynaud, qui est gestionnaire principal pour le Québec. Nous faisons partie de l'équipe de défense de l'intérêt public de la Société canadienne du cancer, soit la SCC.
La SCC est la voix des Canadiens et des Canadiennes qui se soucient du cancer. Dans le cadre de notre engagement à améliorer et à sauver des vies, nous sommes heureux de fournir des recommandations sur le dépistage du cancer du sein.
Le cancer est la principale cause de mortalité au Canada. On prévoit que deux personnes sur cinq recevront un diagnostic de cancer au cours de leur vie et qu'environ une personne sur quatre mourra de la maladie.
Au Canada, on estime qu'une femme sur huit reçoit un diagnostic de cancer du sein au cours de sa vie. Le cancer du sein est le type de cancer le plus souvent diagnostiqué chez les femmes au Canada, et, même s'il y a moins de cas chez les femmes de moins de 50 ans, il demeure la principale cause de décès par cancer chez les femmes âgées de 30 à 49 ans. Bien que les données montrent que les taux d'incidence du cancer du sein chez les femmes dans la quarantaine ont augmenté au cours des 35 dernières années, l'incidence globale du cancer du sein et les taux de mortalité au Canada ont tendance à baisser, notamment grâce à la détection précoce, aux traitements et aux soins, qui continueront de s'améliorer.
Pourtant, les données internationales indiquent qu'un plus grand nombre de femmes noires, asiatiques et hispaniques atteintes du cancer du sein reçoivent un diagnostic avant l'âge de 50 ans. De plus, elles reçoivent plus souvent un diagnostic alors que la maladie est à un stade avancé, comparativement aux autres femmes. Cela signifie que le fait de commencer à l'âge de 50 ans le dépistage du cancer du sein constitue une occasion manquée d'effectuer une détection précoce chez les femmes de ces communautés.
Les données ont montré les avantages de commencer le dépistage régulier et systématique du cancer du sein à partir de l'âge de 40 ans. Un dépistage en temps opportun est essentiel pour déceler le cancer du sein tôt, lorsque les traitements ont plus de chances d'être efficaces.
Nous continuerons d'entendre des personnes qui sont atteintes d'un cancer du sein et qui ne sont pas prises en compte par les lignes directrices actuelles, parce que ces dernières ne reflètent pas leur expérience vécue.
De plus, dans le cadre d'un sondage national, la plupart des répondants ont dit appuyer le fait d'élargir l'accès au dépistage systématique du cancer du sein en fixant à 40 ans l'âge de début du dépistage.
Notre organisation appuie le dépistage systématique du cancer du sein pour les femmes qui présentent un risque moyen et qui sont âgées de 40 à 49 ans. Nous devrons également nous assurer qu'il existe des directives claires pour les personnes qui présentent un risque plus élevé ou très élevé de développer un cancer du sein, comme les personnes qui ont certaines mutations génétiques, des antécédents familiaux ou les seins denses.
Je passe la parole à M. Raynaud.
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Merci, madame Van Dusen.
Merci aux membres du Comité également.
Actuellement, un nombre croissant de provinces canadiennes ont commencé à élargir l'accès à des services de dépistage du cancer du sein, ou en ont fait l'annonce, afin que ceux-ci soient accessibles à partir de l'âge de 40 ans. Ainsi, pendant que les provinces et les territoires examinent les nouvelles lignes directrices nationales en la matière, la SCC demande aux administrations qui ne l'ont pas encore fait d'inclure dans leur programme organisé de dépistage du cancer du sein les femmes de 40 à 49 ans présentant un risque moyen de cancer du sein. Ce changement reflète également les nouvelles données probantes qui ont été publiées entre la dernière mise à jour des lignes directrices en 2018 et celles qui ont été présentées il y a quelques semaines.
Les données sur la participation au programme de dépistage du cancer du sein au Canada vont bientôt être mises à jour par le Partenariat canadien contre le cancer. Nos données les plus récentes datent d'avant la pandémie, et à ce moment les programmes de dépistage du cancer du sein n'atteignaient pas l'objectif national de 70 % de taux de participation. Il est donc important d'augmenter la capacité à répondre aux besoins des Canadiens et des Canadiennes, tout en adaptant nos services pour tenir compte des besoins des populations mal servies.
De plus, la SCC recommande que le gouvernement fédéral investisse davantage dans la recherche afin d'élargir les connaissances sur le dépistage et les risques associés au cancer. Il est aussi important de combler les lacunes dans les données afin d'avoir une meilleure compréhension de l'impact du cancer du sein au Canada. La Stratégie pancanadienne de données sur le cancer et la Charte pancanadienne des données sur la santé présentent d'intéressantes possibilités pour améliorer les données au pays.
En outre, les gouvernements doivent investir dans la prévention, la détection précoce et les traitements, de même que pour réduire les effets de la pénurie de main-d'œuvre. Ces investissements comprennent de nouveaux investissements dans les ressources humaines, dans l'intégration de nouvelles technologies, dans des infrastructures numériques et dans la modernisation des trajectoires de soins pour répondre aux besoins actuels et futurs des Canadiennes et des Canadiens.
Finalement, j'aimerais vous remercier d'avoir pris le temps d'écouter nos recommandations. Nous sommes impatients de continuer à travailler tous ensemble pour mieux soutenir les personnes touchées par le cancer, car, pour agir contre le cancer, ça prend une société.
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Je vous remercie, madame la présidente.
Je remercie également le Comité de me donner l'occasion de parler des lignes directrices provisoires préparées par le Groupe d'étude canadien sur les soins de santé préventifs, également appelé groupe d'étude sur le dépistage du cancer du sein.
Il s'agit d'un sujet important, et nous tous ici présents voulons réduire l'impact du cancer du sein sur les Canadiennes. Il est important de se rappeler que nous sommes unis dans cet objectif, même si les opinions et les perspectives diffèrent.
Je suis la docteure Donna Turner et je suis chef de l'Oncologie populationnelle à CancerCare Manitoba. Je suis accompagnée aujourd'hui par la Dre Pamela Hebbard, qui est chirurgienne oncologue et chef de l'Oncologie chirurgicale à CancerCare Manitoba.
Le cancer du sein est un sujet complexe et nous constatons à son sujet qu'il y a souvent une certaine confusion quant à ce qui constitue ou pas un dépistage. Le dépistage est un examen proposé à toutes les femmes qui ne présentent pas de symptômes et qui ont un risque moyen de cancer du sein. Un bilan diagnostic est nécessaire pour les femmes qui découvrent une grosseur dans leur sein ou qui présentent des symptômes anormaux. Par ailleurs, un dépistage adapté ou individualisé est plus utile pour les femmes qui présentent un risque supérieur à la moyenne, en raison d'antécédents familiaux ou d'une prédisposition génétique.
Quoi qu'il en soit, notre message à toutes les femmes est le suivant: si vous ressentez quelque chose qui vous semble anormal, consultez immédiatement votre fournisseur de soins de santé.
Dans notre province, CancerCare Manitoba s'attache à offrir des programmes qui reposent sur des données probantes, tout en soutenant les Manitobains tout au long de la maladie. Par exemple, après avoir pris connaissance des données probantes sur le dépistage, nous encourageons le dépistage là où les données sont les plus solides, y compris pour les femmes âgées de 50 à 74 ans. Je souligne que, comme d'autres provinces canadiennes, nous n'avons pas atteint le taux cible de 70 % chez les femmes les plus susceptibles de tirer parti du dépistage, c'est-à-dire celles qui appartiennent à ces groupes d'âge.
Ensuite, nous travaillons avec les communautés et les Manitobains que notre système de santé risque de négliger, notamment les personnes racisées, de diverses identités de genre et/ou qui vivent dans des collectivités géographiquement éloignées, afin de réduire les inégalités dans l'accès au dépistage du cancer du sein et d'améliorer les résultats en matière de santé.
Enfin, nous agissons avec nos partenaires du secteur des soins de santé pour aider au mieux toutes les femmes à prendre des décisions éclairées au sujet de leur santé. D'après des données récentes, cela concerne, entre autres, les femmes âgées de 40 à 49 ans qui pourraient vouloir étudier leurs options en matière de mammographie en en comprenant mieux les avantages et les inconvénients.
Je cède maintenant la parole à ma collègue, la Dre Pamela Hebbard.
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Je vous remercie, madame la présidente, de cette occasion de m'exprimer devant le Comité aujourd'hui.
Comme la Dre Turner l'a mentionné, je suis chef de l'Oncologie chirurgicale, et je consacre ma pratique clinique au traitement du cancer du sein et des cancers gastro-intestinaux.
En ce qui concerne le cancer du sein en particulier, les études scientifiques sont très nombreuses et variées. Il est important que nous ne prenions pas de décisions en matière de politique de santé en nous fondant sur des préjugés personnels ou même sur un désir bien intentionné de changer les choses. Les experts doivent être impartiaux. Ils ne doivent pas avoir d'intérêt personnel en jeu. Les statistiques sur lesquelles s'appuient ces recommandations sont complexes et il faut des experts pour interpréter correctement les données.
On croit à tort que la mammographie permet de prévenir le cancer ou de réduire considérablement le traitement nécessaire. C'est en fait l'exception plutôt que la règle. Le cancer du sein n'est pas une maladie unique. Nous adaptons les traitements du cancer du sein en fonction des profils protéiques, ce qui est le principal déterminant de leur traitement. En fonction du sous-type de cancer, certains cancers de cinq millimètres seront traités par chimiothérapie et d'autres de cinq centimètres ne le seront pas.
À l'ère moderne du dépistage du cancer du sein, le dépistage a un impact important sur le nombre de femmes qui reçoivent un diagnostic de cancer de stade 1 par rapport à un cancer de stade 2, les programmes de dépistage ne concernant guère les cancers de stade 3 et 4. Le traitement des cancers du sein de stade 1 et 2 est, dans une large mesure, le même.
Je pense que les inconvénients du dépistage sont réels. Nous savons que les jeunes femmes sont plus susceptibles d'avoir un dépistage anormal, ce qui entraîne de multiples examens de suivi et des biopsies. Les femmes déclarent souvent que ce processus est très stressant. Chez certaines femmes, le stress est tel qu'elles ne se soumettent plus jamais au dépistage et se privent ainsi de futurs avantages.
Toutefois, pour ce qui est du système de santé, l'augmentation du nombre de mammographies représente un gros problème en matière de ressources financières et humaines, mais l'augmentation du nombre de tests de suivi et de biopsies en représente un plus gros encore et risque de créer de nouveaux retards très importants dans le diagnostic et le traitement des personnes réellement atteintes d'un cancer.
Qu'est‑ce qui aurait le plus d'incidence sur le cancer du sein au Canada? Nous devons augmenter le dépistage dans les groupes d'âge actuels, inclure les femmes qui vivent dans des collectivités éloignées et celles qui sont défavorisées sur le plan social et qui appartiennent à des groupes minoritaires. Dans ma pratique, je vois des femmes qui meurent jeunes d'un cancer colorectal, et des personnes atteintes d'un cancer du col de l'utérus et de nombreuses autres maladies. Je constate personnellement que le manque d'accès à des soins primaires est à l'origine d'un plus grand nombre de décès chez les jeunes femmes et les jeunes hommes à cause de la crise des soins de santé.
En outre, nous disposons de trop peu d'études sur la prévention du cancer du sein et il faut vraiment redoubler d'efforts à cet égard.
En conclusion, je remercie le Comité et toutes les personnes ici présentes qui tiennent à améliorer la situation en ce qui concerne cette maladie, même si nous divergeons sur les solutions.
Mon dernier commentaire est que je suis une mère de 47 ans, chirurgienne spécialisée dans le cancer du sein, leader dans le domaine des soins de santé et que je n'ai pas personnellement passé de mammographie parce que je crois, en fait, dans le travail du groupe d'étude canadien.
Je vous remercie.
Mesdames et monsieur les membres du Comité permanent de la condition féminine, je vous remercie de mener aussi rapidement cette étude importante. J'ai parlé hier au Comité permanent de la santé. Par conséquent, toute ressemblance entre mes observations d'aujourd'hui et celles d'hier est tout à fait fortuite.
Je suis la Dre Shiela Appovoo. Je suis radiologue généraliste et je m'intéresse à l'imagerie mammaire. J'ai fondé le groupe d'engagement des patientes de la Société canadienne de l'imagerie mammaire, groupe que je copréside avec la Dre McKerlie. J'ai également fondé la Coalition for Responsible Healthcare Guidelines, que je préside.
Je vous fais part aujourd'hui de mes vives inquiétudes au sujet de la récente ligne directrice provisoire publiée par le Groupe d'étude canadien sur les soins de santé préventifs sur le dépistage du cancer du sein qui déconseille le dépistage de femmes âgées de 40 à 49 ans. Cette ligne directrice tranche nettement avec celle du groupe d'étude américain, de la Société canadienne du cancer et de la majorité des provinces canadiennes, qui reconnaissent tous qu'il est nécessaire d'abaisser l'âge du dépistage à 40 ans. L'Association des infirmières et infirmiers praticiens du Canada n'approuve plus depuis peu la ligne directrice semblable publiée par le groupe d'étude en 2018.
La décision de ne pas dépister les femmes de 40 à 49 ans repose sur un parti pris. La nouvelle du 30 mai selon laquelle le groupe d'étude refusait de nouveau de recommander le dépistage pour les femmes de 40 à 49 ans n'a pas surpris ceux d'entre nous qui ont suivi le processus d'élaboration des lignes directrices. La décision était courue d'avance. La direction du groupe d'étude a déclaré dans les médias au début du mois de mai 2023, aussitôt après la publication des lignes directrices provisoires du groupe d'étude américain, qu'il n'était pas nécessaire de modifier les lignes directrices canadiennes. Cette déclaration est antérieure à l'examen des données probantes. Eh bien, cette prophétie s'est réalisée presque un an après jour pour jour.
Comment le groupe d'étude arrive-t‑il à des conclusions aussi différentes de celles du reste du monde moderne? Sans le contexte fourni par les conseils exhaustifs d'experts expérimentés, il amplifie les préjudices, tels que le surdiagnostic, les biopsies bénignes et les rappels pour des examens d'imagerie supplémentaires, et il minimise les avantages de la détection précoce. Dans ses calculs, il n'inclut pas les avantages importants du dépistage en ce qui concerne la morbidité, comme la réduction des taux de mastectomie, de chimiothérapie ou de lymphoedème, forme permanente, invalidante et déformante de gonflement du bras causé par une ablation des ganglions lymphatiques nécessaire pour les cancers à un stade plus avancé.
L'accent mis par le groupe d'étude sur les inconvénients du dépistage, en particulier l'angoisse liée au rappel, est paternaliste. Le paternalisme qui consiste à prendre des décisions pour les femmes par crainte d'une éventuelle angoisse causée par un rappel est inquiétant. Cela revient à leur dire de ne pas s'en faire au sujet du cancer du sein.
Si ces lignes directrices du groupe d'étude sont adoptées, les conséquences seront désastreuses. Beaucoup de jeunes femmes risquent de le payer de leur vie. La plupart des provinces et des territoires le comprennent et autorisent l'accès direct au dépistage pour les femmes âgées de 40 à 49 ans. Toutefois, la recommandation d'un prestataire de soins de santé primaires reste le meilleur moyen de déterminer si une femme se soumettra bien à un dépistage. Tant que le groupe d'étude dira aux médecins que les femmes dans la quarantaine n'ont pas besoin de dépistage, nombre d'entre elles n'y auront pas accès.
En continuant à faire la même recommandation en matière de dépistage du cancer du sein que le groupe d'étude fait depuis 2011, le Canada, avec sa ligne directrice nationale, prend de plus en plus de retard sur les provinces et sur d'autres pays et se retrouve de plus en plus décalé par rapport aux recommandations des experts. Malheureusement, ces problèmes de ligne directrice ne se limitent pas au dépistage du cancer du sein et se retrouvent dans de nombreuses autres lignes directrices, y compris celles qui ont une incidence directe sur la santé des femmes.
Je vous demande un peu de patience, car je m'écarte du sujet du cancer du sein pour nous replacer en contexte, ce qui est important. Les lignes directrices du groupe d'étude sur la grossesse et la dépression post-partum, le dépistage du cancer du poumon et du cancer du col de l'utérus sont tout aussi lamentables. Or, tous ces problèmes touchent les femmes.
La ligne directrice sur le cancer du col de l'utérus n'a pas encore été mise à jour depuis 2013, malgré plusieurs études de référence qui auraient dû entraîner une révision. Elle ne recommande pas le dépistage du papillomavirus, bien que celui‑ci ait été recommandé au niveau national et instauré dans des pays comme le Royaume-Uni, l'Australie, la Norvège et les Pays-Bas depuis 2017. Alors que l'Australie est en passe de devenir le premier pays à éliminer le cancer du col de l'utérus grâce à la vaccination et au dépistage du papillomavirus, au Canada, des femmes sont atteintes d'un cancer du col de l'utérus invasif — inévitablement — depuis près de 10 ans à cause de la faiblesse du leadership du groupe d'étude.
Nous ne devons pas laisser ces lignes directrices en l'état. Il nous faut une ligne directrice en matière de dépistage du cancer du sein qui s'appuie sur les dernières données et pas sur le paternalisme, une ligne directrice qui sert vraiment les intérêts des Canadiens. Avec tout le respect que je lui dois, au vu de son bilan, nous devons supprimer et reconstituer le Groupe d'étude canadien sur les soins de santé préventifs afin de protéger les Canadiens à l'avenir.
Je vous remercie de l'attention que vous portez à cette question essentielle.
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Oui. Je ne suis pas chirurgienne, mais je rencontre beaucoup de patientes qui ont un cancer du sein de stade précoce.
Les lignes directrices actuelles sur la surveillance après un diagnostic de cancer préconisent une mammographie des deux seins. Un diagnostic de cancer d'un seul côté augmente le risque de cancer du sein contralatéral. Nous recommandons par conséquent une mammographie annuelle, jusqu'à la fin de leurs jours, aux survivantes du cancer du sein.
De manière générale, après un traitement, les patientes ont leur première mammographie… Du moins ici, à Ottawa, la norme de référence est de faire une mammographie six mois après la fin de la radiothérapie.
Comme la Dre Appavoo, j'estime qu'il est très difficile de se prononcer sur un cas particulier. Certaines lignes directrices ont évolué au fil des ans. Nous recourons beaucoup plus à l'imagerie par résonance magnétique pour le diagnostic, surtout si les patientes présentent un facteur de risque comme des seins denses, pour ne rater aucune lésion contralatérale, même les plus petites.
Cela dit, selon la norme de soins en vigueur, on ne pratique pas automatiquement une mastectomie contralatérale prophylactique parce qu'il n'existe pas de preuve d'amélioration des chances de survie. L'accent est mis davantage sur le dépistage annuel pour toutes les survivantes du cancer du sein. C'est d'ailleurs un autre aspect problématique de nos programmes de dépistage parce que, dans la plupart des provinces, les survivantes du cancer du sein sont exclues. Elles n'ont pas le choix de retourner voir leur médecin de première ligne tous les ans pour passer une mammographie de dépistage.
À mon avis, ce débat sur le dépistage et les contrôles de santé nous donne une excellente occasion d'envisager une réforme plus en profondeur des soins de santé au Canada. Nous pouvons réfléchir aux méthodes éprouvées pour sauver des vies et voir comment cette étape pourrait se faire ailleurs que dans les bureaux des médecins de famille, parce qu'ils sont épuisés. Nous ne pouvons pas continuer de leur en mettre de plus en plus sur les épaules en leur présentant le rapport détaillé des risques et des avantages.
Pour ce qui est des organismes gouvernementaux, j'aimerais vraiment que le gouvernement, les autorités de santé publique et les fournisseurs de soins de santé dans les provinces offrent des programmes de dépistage auxquels les patientes pourraient s'inscrire elles-mêmes, comme celui qui va entrer en vigueur en Ontario l'automne prochain. Avec ce genre de programme, la décision revient aux femmes et le suivi des résultats se fait avec le médecin de famille.
Beaucoup trop de gens sont laissés pour compte parce que l'accès aux soins médicaux passe automatiquement par les médecins de famille au Canada. La réalité, même ici, à Ottawa, c'est qu'environ 30 % de gens n'ont pas de médecin de famille.
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Nous savons que les recommandations sont ce qu'elles sont, c'est‑à‑dire des lignes directrices. Il appartient aux provinces de prendre des décisions éclairées pour leur population, et c'est ce qu'elles font partout au Canada.
Depuis quelques mois, des provinces ont décidé d'élargir l'accès par la voie de l'autoaiguillage ou du dépistage systématique. Ce n'est pas la même chose, c'est important de le souligner. Même si l'autoaiguillage, ou l'accès sans recommandation, est offert, cela suppose quand même que les femmes sachent qu'elles ont accès à un test de dépistage, qu'elles y ont droit, qu'elles peuvent le demander et l'obtenir, et aussi qu'elles aient une certaine éducation et une certaine résilience. En revanche, le dépistage systématique se fait sur invitation, une approche beaucoup plus simple et plus claire.
Il existe des différences pour ce qui est de l'accès au dépistage du cancer du sein, mais c'est clair que les deux modèles nous font avancer dans la bonne direction. Est‑ce que votre question comportait un second volet pour ce qui est des différences? Je ne suis pas certaine.
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Oui, effectivement. Merci, madame la présidente.
Je veux simplement souligner que dans certaines provinces, dont le Manitoba, beaucoup d'efforts sont déployés pour faire connaître le programme de dépistage auprès de diverses communautés de personnes racisées et autochtones. C'est particulièrement important dans une province comme le Manitoba.
C'est également important de mentionner que le Canada a beaucoup de retard à rattraper au chapitre de la collecte de données ventilées selon la race et l'origine ethnique, ou même l'identité de genre. On peut vraiment faire mieux dans ce domaine.
Au Manitoba, le programme de dépistage du cancer du sein demande aux femmes d'indiquer leur race, leur origine ethnique et leur identité autochtone. Cette pratique a été adoptée de concert avec les communautés du Manitoba et en partenariat avec elles et les autorités de la santé. C'est une mesure très importante pour recueillir davantage d'information et mieux intervenir auprès des femmes appartenant à des groupes potentiellement privés d'équité.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Merci aux témoins d'être des nôtres aujourd'hui.
Le cancer du sein dévaste des femmes et des familles au complet. Nous connaissons tous et toutes des femmes qui en sont décédées ou qui en subissent encore les conséquences. C'est mon cas. Je remercie donc les témoins de collaborer à cette étude, en mémoire de toutes celles qui sont décédées et en solidarité avec celles qui espèrent continuer de vivre.
Je vais m'adresser tout d'abord à Mme Van Dusen et à M. Raynaud, de la Société canadienne du cancer.
Ce que j'entends aujourd'hui, c'est qu'il y a de plus en plus d'études démontrant l'importance de la prévention. J'aimerais entendre votre point de vue sur les lignes directrices qui serviraient de guide en ce qui concerne le dépistage chez les personnes à partir de 40 ans.
Le Québec n'a peut-être pas encore de lignes directrices à cet égard. Par contre, l'Institut national d'excellence en santé et en services sociaux travaille à revoir les règles québécoises en la matière. Quelque chose est donc en train de se passer de ce côté.
Il y a aussi des exemples à l'échelle internationale. Personne ne voudrait revenir en arrière en ce qui concerne les lignes directrices pour les personnes à partir de 40 ans.
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Vous l'avez bien dit. D'ailleurs, le témoignage poignant de Mme Farber, que nous avons entendu en premier, allait dans ce sens.
Monsieur Raynaud et madame Van Dusen, j'aimerais poursuivre mes questions pour vous.
On parle de lignes directrices sur le dépistage à partir de l'âge de 40 ans. Le fédéral a beau établir ces lignes directrices, au bout du compte, ça ne servira à rien s'il ne fournit pas sa part d'investissements par la suite. Je parle ici de transferts. Il n'a pas investi suffisamment dans le système de santé au cours des dernières années et nous en voyons maintenant les conséquences concrètes. Il a laissé les systèmes s'appauvrir au Québec et dans les provinces. Il a fait des coupes dans les transferts en santé au fil des ans. Il n'a pas répondu aux attentes du Québec et des provinces à cet égard.
Comme vous l'avez dit, une norme, c'est une chose, mais il faut ensuite que le Québec et les provinces, qui sont les maîtres d'œuvre de leur système, aient les moyens. Je parle ici de moyens financiers, de ressources technologiques et de ressources humaines.
Il est important de réinvestir dans le système de santé pour éviter qu'il soit victime d'une ère d'austérité et pour avoir les moyens financiers d'effectuer les suivis et les traitements adéquats.
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Merci de poser cette question.
Je crois que le paternalisme se manifeste de différentes façons. Une des plus évidentes est l'idée que les rappels causent un préjudice et qu'il faut mettre en balance ce préjudice et le risque d'un diagnostic évitable de cancer de stade avancé, pour lequel les traitements sont plus agressifs et qui peut mener au décès.
Un rappel, c'est une invitation à subir de nouveaux tests après une mammographie. Pour moi, c'est comme passer un contrôle de sécurité à l'aéroport. Notre bagage de cabine est passé aux rayons X et, parfois, quelque chose de louche est découvert. Dans ces cas, on nous appelle et on vérifie le contenu du bagage. La plupart du temps, il ne contient rien de dangereux et on nous laisse repartir.
C'est très comparable au processus de mammographie. Un rappel ne cause pas de préjudice. C'est désagréable, et je ne veux pas minimiser l'anxiété qu'il peut générer et le choc causé par la nouvelle d'avoir à subir d'autres tests, mais c'est temporaire. Les gens sont inquiets parce qu'ils ne veulent pas mourir du cancer, et c'est justement pour leur éviter ce résultat qu'il y a des rappels. Nous essayons le plus possible d'éviter les décès par cancer. Les gens s'inquiètent quand nous les rappelons, mais cela fait partie du processus. Il faut travailler très fort pour ne pas mourir du cancer.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Que d'intelligence aujourd'hui! Nous entendons souvent des propos d'une grande intelligence de la part des témoins devant ce comité, mais aujourd'hui vous êtes tous vraiment très inspirants. Je vous remercie de votre présence et de vos témoignages.
Je vais tenter de parler lentement pour que les interprètes puissent bien vous transmettre ma pensée.
D'entrée de jeu, je dois vous dire que j'ai une expérience personnelle que je ne raconterai pas ici, mais dont mes collègues sont au courant. J'ai aussi, parmi mes proches, des femmes qui, dès la trentaine, ont dû subir l'ablation des deux seins. Je confirme que vous dites vrai lorsque vous soutenez que de plus en plus de jeunes femmes sont aux prises avec le problème du cancer du sein. Mme Roberts soulevait tantôt le cas de figure où on diagnostique un cancer dans un sein, mais que l'autre est sain. Parfois, la personne pourrait décider malgré tout de faire enlever le deuxième sein aussi. On voit à quel point ces situations sont extrêmement difficiles.
J'ai été surprise par quelque chose que j'ai entendu ce matin et que j'avais vu dans mes lectures, et c'est le fait qu'on parle de préjudices causés par le dépistage précoce. Je suis tombée des nues. Personnellement, j'ai commencé à subir des mammographies quand j'étais jeune femme, il y a quand même quelques années de cela. Comment se fait-il qu'on parle de préjudices dans le dépistage? Expliquez-moi ça. Je ne comprends pas comment on peut arriver à cette conclusion.
Docteure Appavoo, quels sont les désavantages ou les préjudices liés au dépistage précoce? Je ne peux pas croire que les désavantages ou les préjudices se limitent au simple fait de recevoir des appels téléphoniques pour nous dire d'aller passer ou repasser des tests. En ce qui me concerne, j'étais bien contente qu'on me rappelle et qu'on insiste.
Quels sont donc ces préjudices que le groupe d'étude prend en considération?
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Merci de poser cette question.
Rien n'est parfait, et il y a effectivement quelques inconvénients associés au dépistage.
Un de ces inconvénients est le fait que de 7 à 10 % des femmes sont rappelées pour un réexamen après une mammographie. Après un second test, environ 95 % des femmes peuvent pousser un soupir de soulagement et rentrer chez elles en sachant qu'elles ont reçu un peu plus de soins et d'attention. C'est réglé, jusqu'au prochain test de dépistage. Pour la plupart, tout va bien.
Je ne veux vraiment pas minimiser l'inquiétude que cela peut provoquer. La santé mentale compte aussi, je ne le nie pas. Toutefois, comparativement aux effets d'un diagnostic tardif, c'est assez négligeable. C'est mon avis personnel.
Je dirais qu'il y a un préjudice plus grave associé à ce qu'on appelle le surdiagnostic, et c'est le risque qu'un cancer soit découvert. L'ours a été réveillé. La chasse au cancer a été lancée et on en a trouvé un, mais ce cancer aurait pu se tapir dans l'ombre jusqu'à ce que d'autres causes entraînent un décès et sans que la personne ait à subir de traitement. Or, le traitement lui-même est désagréable, c'est le moins qu'on puisse dire.
La bonne nouvelle, c'est que la probabilité est très faible pour les jeunes femmes. Elle se situe autour de 1 %, ou moins de 1 %. La raison en est que la chance de survivre à un cancer dépend essentiellement de son agressivité et du risque qu'il s'étende. Il faut aussi considérer le temps qu'il reste à vivre à une personne.
À une extrémité du spectre, une mammographie pratiquée chez une femme de 85 ans qui a des troubles cardiaques est une forme de surdiagnostic. C'est différent si une femme de 40 ans ne va pas…
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Merci, madame la présidente.
Je remercie les témoins d'être ici aujourd'hui. Vous êtes tous formidables.
Docteure McKerlie, docteure Rushton et docteure Appavoo, je voudrais vous exprimer un merci tout spécial parce que c'est moi qui ai suggéré de vous convoquer. C'est Jennie Dale, de l'organisme Seins denses Canada, qui m'a donné vos noms.
En reconnaissance de son travail et de celui de toutes les femmes qui oeuvrent à améliorer les perspectives pour les femmes qui ont des seins denses, j'aimerais vous demander si le groupe d'étude aurait dû tenir compte de certaines données probantes recueillies au cours des 10 dernières années dans son rapport.
On peut lire dans le rapport que pour les femmes présentant un risque modérément accru en raison d'une densité mammaire élevée, il n'existe pas suffisamment de données probantes justifiant des tests de dépistage supplémentaires. Ce n'est pas ce que nous avons entendu aujourd'hui. Je serais ravie si quelqu'un pouvait nous en dire davantage et nous donner un peu plus de détails à ce sujet. C'est ma première question.
Allez‑y.
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En discutant avec des collègues, nous en sommes venus à la conclusion que beaucoup de ces études ne se concentrent pas sur le bon objectif. Trop souvent, elles sont centrées sur le très ardu objectif de la survie plutôt que sur celui de la migration des stades que nous obtenons grâce au dépistage précoce.
Je ne suis pas d'accord avec ce qu'a déclaré la chirurgienne en chef du Manitoba concernant la similarité entre les traitements aux stades 1 et 2 du cancer du sein. C'était peut-être vrai avant, mais ce ne l'est plus. D'année en année, nous faisons des progrès en matière de thérapie systémique contre le cancer du sein. Même dans le cas du redouté cancer du sein triple négatif, les tumeurs sous-centimétriques sans envahissement ganglionnaire sont traitées par la chimiothérapie, et les tumeurs de plus de deux centimètres ou qui touchent un ganglion sont traitées par immunothérapie et une chimiothérapie plus agressive. Si elle peut être utilisée au stade précoce de la maladie, la thérapie systémique contribue vraiment à la désescalade thérapeutique mais, au stade 3, l'escalade générale peut être vraiment importante.
Il faut tenir compte du stade et, à mon avis, il faut aussi tenir compte des objectifs. Le problème avec l'examen des données probantes et le manque d'expertise, c'est que personne ne peut mettre les choses en contexte et expliquer comment le cancer du sein est traité actuellement.
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Je peux répondre à la question.
Si je me souviens bien, il n'y avait pas de femmes de couleur au sein du groupe de travail qui s'est penché sur le cancer du sein. Je ne pense pas que cela a eu une incidence sur les discussions. Le groupe n'a pas formulé de recommandations racistes malgré l'absence de personnes de couleur. En revanche, c'est un signe assez évident du peu de cas qui est fait de l'équité raciale.
Cette insensibilité transparaît aussi dans l'utilisation de la grille « Classement des recommandations, analyse, élaboration et évaluation », ou GRADE, qui fait primer les anciens essais cliniques randomisés sur les études observationnelles. Dans 98 % des cas, ces essais ont été réalisés entre les années 1960 et les années 1980 et les sujets étaient des femmes blanches. Ces données probantes trônent au sommet du classement, et toutes les autres, qui ont peut-être été recueillies auprès d'une plus grande diversité de sujets, ont été jugées moins importantes. C'est une forme de racisme systémique.
L'absence de femmes de couleur au sein du groupe d'étude est possiblement symptomatique de la même maladie.
Comme ma collègue Andréanne Larouche, je suis complètement sous le choc d'apprendre cela. C'est comme le syndrome de la femme hystérique. Nous savons à quel point le système de santé a toujours été gangrené par le sexisme, et c'est pourquoi je pose la question.
Je ne pense pas du tout que les spécialistes ne doivent pas être représentés, mais quand d'autres personnes prennent des décisions concernant mon corps, en tant que femme, j'aimerais que d'autres femmes participent au processus, et surtout des femmes qui partagent mes antécédents et mon origine ethnique.
Cela étant dit, j'aurais une question très simple à laquelle vous pourrez répondre par oui ou non, docteure Seely, et j'aurai une autre question pour vous ensuite. Pensez-vous qu'il est de la plus haute importance que le Nunavut adopte sans délai un programme de dépistage du cancer du sein? Oui ou non?
Je crois que ce qui est vraiment navrant, c'est que l'accès à la mammographie dans plusieurs provinces exige une recommandation du médecin de famille. En Ontario, 1 personne sur 4 n'a pas de médecin de famille. En tout, 6,5 millions de Canadiens n'ont pas de médecin de famille. Sur le site Web de l'Ontario, on donne un numéro à appeler pour les personnes qui n'ont pas de médecin, comme s'il allait en apparaître un par magie. C'est à se tordre de rire.
C'est un problème majeur. Je sais que l'accès sans recommandation est offert dans certaines provinces qui ont maintenant changé les règles, mais si la liste d'attente est trop longue et qu'il y a un arriéré, à quoi bon?
Je lance une question à la volée et ceux qui veulent y répondre pourront le faire, mais je crois qu'elle s'adresse plus particulièrement à la Dre Rushton. Si l'âge est abaissé à 40 ans, ou même si on le laisse à 50 ans… C'est difficile d'avoir un rendez-vous à 50 ans parce qu'il manque de médecins et de places. Si je fais le calcul, même si on abaisse l'âge à 40 ans, l'accès est loin d'être garanti.
Quelqu'un peut répondre?
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Merci beaucoup. Je dois dire que ce groupe de témoins est probablement un de ceux qui ont le plus d'impact dans ce comité, et je suis très heureuse que nous ayons pu vous offrir une tribune qui vous permettra de faire entendre vos voix dans un processus d'où vous étiez manifestement absentes.
Madame Farber, je voulais simplement vous dire qu'à mon avis, une bonne partie des personnes ici présentes, ou qui visionnent cette rencontre à distance, partagent entièrement votre avis. Ce que vous décrivez correspond probablement au vécu de la majorité des femmes. Merci énormément pour ce témoignage. Je compatis de tout cœur à ce que vous avez dû traverser.
Je commencerai par interroger la Dre Seely, parce que vous avez dit que le groupe d'étude se reportait à des technologies obsolètes et à de vieux rapports qui remontent parfois à plusieurs décennies, et qu'il écartait les données de récents essais d'observation couvrant, si je me rappelle bien, 2,6 millions de femmes. Pourriez-vous nous en dire un peu plus sur la méthodologie et les rapports, sur les données et les informations effectivement prises en compte par le groupe d'étude, et sur la façon dont cela a pu contribuer à fausser les conclusions du groupe d'étude.
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Si vous me permettez d'intervenir, parce que je pense qu'il s'agit d'un point intéressant sur l'opportunité de passer un test génétique. Le problème, c'est que les tests génétiques donnent toujours les meilleurs résultats si un membre de votre famille ayant eu le cancer est le premier à passer le test génétique. En fait, dans l'ensemble du Canada, et ce serait là une tout autre discussion pour nous, il y a des divergences dans la facilité ou la difficulté d'accès à ce test, et les lignes directrices provinciales ne s'accordent pas.
Quand une personne qui n'a pas eu de cancer opte pour un test génétique, la situation est nuancée, car si le test révèle la présence d'un gène, c'est utile. Toutefois, si le résultat est négatif, le test ne nous dit pas si votre famille est porteuse d'un gène dont vous n'avez pas hérité et il ne nous dit pas que vous présentez alors un risque relativement faible ou un risque populationnel, ou s'il y a autre chose dans votre famille — tout l'amalgame de petits gènes qu'on ne peut pas mesurer, les choix de mode de vie, notre environnement — qui influence votre risque, et vous présentez quand même un risque élevé de cancer du sein.
Il est difficile de tester les personnes qui n'ont pas eu de cancer, et c'est là où nos collègues de la génétique médicale ont un rôle très important à jouer, alors c'est probablement... Je vais m'arrêter là, parce que c'est un dossier un peu différent.
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Merci, madame la présidente.
Merci à tout le monde. Je souscris à ce qui a été dit plus tôt. Depuis maintenant sept ans que je siège au comité de la condition féminine, c'est probablement le groupe de témoins le plus éclairant que nous avons rencontré — sans vouloir minimiser la qualité des témoins ayant comparu par le passé — et je tiens à vous remercier de votre travail et de votre détermination.
Je suis également choqué de ce que nous entendons aujourd'hui.
Docteure Appavoo, nous avons parlé des lignes directrices américaines et de certaines récentes données probantes qui ont été écartées par le groupe d'étude canadien. J'aimerais aborder cet aspect, mais d'abord, vous avez brièvement parlé de ce que devrait être la composition du groupe d'étude.
Pouvez-vous nous éclairer sur votre recommandation concernant la composition du groupe d'étude? Il semble y avoir là quelques problèmes.
Docteure Appavoo, vous avez mentionné les études sur le cancer du col de l'utérus et d'autres sujets.
Je m'adresse aux Dres Rushton et McKerlie: nous avons vu d'autres rapports indiquant que dans le cas de la santé des femmes, les études figurent généralement en bas de liste, qu'il s'agisse d'études du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada, d'études universitaires ou d'études gouvernementales. Le groupe manitobain ici présent semble d'accord avec les recommandations du groupe d'étude, mais en général les données semblent soit absentes, soit ignorées.
Que recommandez-vous au gouvernement fédéral, au comité, pour vraiment...? Je sais qu'il faut consacrer plus d'argent aux études sur la santé des femmes, mais quelles recommandations...? Quel semble être le problème ici entre le groupe d'étude et le manque d'études, ou même dans l'inobservation des lignes directrices américaines?
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Comme il s'agit probablement de mon dernier tour de parole, j'aimerais remercier l'ensemble des témoins de leur présence. C'était à la fois instructif et perturbant, disons-le ainsi, de voir un peu ce qui se passe en ce moment.
J'aimerais m'adresser à Mme Van Dusen et à M. Raynaud, de la Société canadienne du cancer.
J'ai retrouvé un article, datant du début du mois de mai, paru à la suite de la sortie publique faite par la Société canadienne du cancer pour demander d'abaisser à 40 ans l'âge à partir duquel on commence à faire le dépistage du cancer du sein. C'est quand même majeur. La Société canadienne du cancer a senti le besoin de faire une sortie médiatique parce que, visiblement, elle n'avait pas été consultée par le groupe de travail. C'est ce que je demandais tantôt aux témoins de m'indiquer en levant leur main. Vous faites donc partie de ceux qui n'ont pas été consultés, puisque vous avez dû faire une sortie médiatique pour faire valoir votre demande. L'article rapporte la réponse qui a été donnée à votre demande: « Le Groupe d'étude canadien respecte la Société canadienne du cancer et son important travail [...] Nous sommes impatients de discuter des projets de recommandations sur le dépistage du cancer du sein issus de notre examen complet des données probantes plus tard ce printemps. »
J'imagine que vous n'avez pas encore eu de nouvelles et que vous attendez toujours de discuter avec le Groupe d'étude canadien sur les soins de santé préventifs.
À quoi vous attendez-vous, depuis que cet article a rapporté que le groupe de travail avait répondu vouloir discuter avec vous?
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Ah, d'accord. Je pensais que mon temps de parole était de deux minutes et demie, madame la présidente. C'est parfait, merci.
Tantôt, à la suite de ma question, certaines personnes ont levé la main pour m'indiquer avoir été consultées par le groupe de travail. Madame Van Dusen et monsieur Raynaud, excusez-moi, je n'avais pas vu votre hochement de tête tout à l'heure. Vous avez donc été consultés. Je vous remercie de la clarification. J'avais vu la main levée de Mme Sonea, de même que celle de Mme Seely, qui est parmi nous par vidéoconférence, et nous avons écouté leurs réponses.
Vous avez donc parlé de vos attentes.
Monsieur Raynaud et madame Van Dusen, dans l'article, il est aussi mentionné que ce sont des lignes directrices. On donne aux femmes de 40 à 50 ans la possibilité ou le droit de demander un dépistage. Précédemment, en réponse à une question, on a dit qu'il n'était pas question d'ingérence ou d'interdiction. Finalement, on ne vient pas imposer quelque chose, mais on veut simplement l'offrir. On cherche ainsi à éviter le combat que des femmes pourraient devoir mener pour avoir droit à ce test. Il est important de le clarifier. C'était dans l'article, d'ailleurs.
Avez-vous quelque chose à ajouter?
Je vous vois hocher la tête, madame Van Dusen.
Merci à tous les témoins présents aujourd'hui.
Je trouve choquant que des personnes chargées de prendre des décisions de vie ou de mort ne soient pas des experts en la matière.
Il y a toute cette notion de biais. J'ai passé près d'une vingtaine d'années dans le monde de la recherche. Il n'y a pas de recherche sans biais, et il faut identifier ce biais. L'argument utilisé est non pertinent. C'est horrible.
J'ai également trouvé horrible, docteur McKerlie, que le groupe se fonde sur des recherches qui remontent aux années 1980 et qui portent à 98 % sur des femmes caucasiennes. Si on veut parler de biais, alors voilà un biais flagrant.
Recommanderiez-vous au gouvernement fédéral d'investir fortement dans la recherche génétique afin d'identifier les facteurs génétiques cachés chez les Noirs, les Autochtones et les personnes de couleur?
Je tiens à remercier tous nos témoins. Ceci conclut notre réunion sur le projet de recommandations sur le cancer du sein. Au nom du Comité, je tiens à vous remercier pour votre témoignage et pour votre contribution à nos travaux.
Je rappelle à tous les membres que mardi prochain, le 18 juin, nous étudierons le projet de lettre qui sera préparé sur ce sujet à la lumière des témoignages d'aujourd'hui. C'est mardi prochain. À notre prochaine réunion, jeudi, nous reviendrons sur notre rapport « robe rouge ».
Merci encore à tout le monde.
Tout le monde est‑il d'accord pour lever la séance?
Des députés: D'accord.
La présidente: La séance est levée.