:
Je vous souhaite la bienvenue à la 123
e réunion du Comité permanent de la condition féminine de la Chambre des communes.
J'aimerais rappeler les points suivants à tous les membres du Comité. Veuillez attendre que je vous nomme avant de prendre la parole. N'oubliez pas que tous les commentaires doivent être adressés à la présidence.
[Français]
Je vous remercie tous de votre coopération.
[Traduction]
Conformément à l'article 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le lundi 27 novembre 2023, le Comité poursuit son étude sur le comportement coercitif.
Avant de vous présenter nos témoins, j'aimerais faire une mise en garde. Nous allons discuter d'expériences liées à la violence et au contrôle coercitif. Cela peut être un élément déclencheur pour les personnes qui ont vécu des expériences similaires. Si cela vous crée de l'angoisse ou si vous avez besoin d'aide, veuillez en informer la greffière.
Je m'adresse maintenant à tous les témoins et aux députés. Il est important d'être conscients que ce sont des discussions très difficiles, alors essayons d'être compatissants dans nos échanges.
J'ai maintenant le plaisir de vous présenter nos témoins.
Aujourd'hui, deux témoins comparaissent dans l'anonymat par vidéoconférence. Nous accueillons également Kerri Thomson, gestionnaire, Justice et affaires législatives, d'Animaux Canada, qui se trouve sur place et Kamal Dhillon, auteure et oratrice, qui se joint à nous par vidéoconférence.
J'aimerais maintenant commencer par Kerri Thomson. Madame Thomson, vous disposez de cinq minutes.
Bonjour, madame la présidente et honorables membres du Comité. Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de témoigner aujourd'hui.
Animaux Canada est la fédération des sociétés d'assistance aux animaux et des SPCA et représente des membres dans 10 provinces et 2 territoires. Les Canadiens comptent sur ces sociétés pour s'occuper des animaux maltraités et abandonnés, plaider en faveur d'une meilleure protection et fournir des ressources à leurs collectivités.
Nous sommes aussi les fondateurs de la Canadian Violence Link Coalition, qui réunit des intervenants multisectoriels pour étudier le lien entre la cruauté envers les animaux et la violence contre les êtres humains, connu sous le nom de « lien de violence », qui est souvent présent dans les contextes de violence familiale et de violence entre partenaires intimes.
Je suis ici aujourd'hui pour défendre les survivants de la violence et leurs animaux. Plus de 60 % des foyers canadiens comptent un animal de compagnie et 70 % d'entre eux considèrent leur animal comme un membre de la famille. Lorsqu'il y a de la violence dans un foyer ou dans une relation, ce n'est pas seulement la victime humaine qui est vulnérable, mais aussi l'animal, qui peut être utilisé comme outil de coercition et de contrôle très efficace.
Grâce à notre travail avec les survivants qui ont des animaux, ainsi qu'avec les forces de l'ordre, les avocats en droit de la famille et les procureurs, nous savons à quel point ce lien est courant. Cependant, il est rarement reconnu par les forces de l'ordre et les tribunaux, et ce, même lorsque des accusations de cruauté envers les animaux sont portées. Cela est particulièrement vrai lorsque l'agresseur se livre à des formes d'abus non violentes. Selon une enquête canadienne réalisée en 2018, 89 % des survivants de violence ont déclaré que leur partenaire avait maltraité des animaux. Une étude ultérieure des survivants a mis en évidence les actions suivantes: 65 % des survivants ont déclaré que leur partenaire avait menacé de se débarrasser de l'animal et 60 % ont déclaré qu'il avait intimidé ou effrayé l'animal, tandis que seulement 20 % ont déclaré qu'il a blessé l'animal et 14 % ont déclaré qu'il l'avait tué.
Selon ces statistiques, les agresseurs sont plus susceptibles de se livrer à des formes d'abus moins évidentes, ce qui amène les victimes à se demander si elles doivent porter plainte ou non à la police parce qu'elles ne savent pas si un crime a été commis.
Quelques histoires tirées de notre réseau et de nos recherches montrent les différentes façons dont les animaux peuvent être utilisés à des fins de contrôle coercitif. Une survivante a quitté une situation de violence, mais son agresseur a refusé de la laisser prendre son chien. Une semaine plus tard, il a amené le chien pour une visite, mais ne lui a permis de passer du temps avec l'animal que si elle se pliait à certaines de ses exigences. Même après son départ, il continuait à la contrôler par l'intermédiaire du chien.
L'étude sur le droit de la famille que nous avons réalisée l'année dernière a révélé des situations similaires ou des situations dans lesquelles l'animal de compagnie était simplement enlevé sans que la victime le sache ou y consente et sans indication de l'endroit où il serait emmené.
En 2022, dans le cadre d'une demande visant à déclarer un délinquant dangereux en Ontario, on a constaté que le délinquant avait des antécédents de comportement violent sur une période de 20 ans et qu'il avait fait preuve d'un comportement violent à l'égard de plusieurs partenaires intimes. Lors d'un de ces incidents, il était jaloux que le téléphone de son ancienne partenaire ne cessait de sonner. Il voulait avoir des relations sexuelles plus tard et lorsqu'elle a refusé, il est devenu furieux, l'a accusée de le tromper et a commencé à fracasser des objets avant de jeter son chat par-dessus le balcon du 11e étage. Il l'a ensuite empêchée de quitter le logement lorsqu'elle a tenté de courir à la recherche de son animal.
Selon un article publié le 11 janvier dernier dans le Ottawa Citizen, un délinquant a été arrêté pour avoir organisé l'abus sexuel de quatre chiens et l'extorsion d'un jeune homme autiste, un mineur qu'il préparait à avoir une relation sexuelle avec lui. Une enquête a révélé que le délinquant avait contraint sa victime handicapée à se faire photographier en train de se livrer à des actes sexuels avec un chien et qu'il avait ensuite utilisé la photo pour lui extorquer des faveurs sexuelles en menaçant de l'envoyer à la famille et aux amis de la victime, ainsi qu'à la police.
Bien qu'il serait utile d'adopter une loi qui indique clairement qu'il s'agit bien d'actes criminels impliquant un contrôle coercitif, nous devons également former l'ensemble du personnel du système de justice, allant des policiers aux juges, afin qu'il comprenne que la cruauté envers les animaux contribue fortement aux situations de violence entre partenaires intimes et de violence familiale. Cela permettrait de clarifier les choses non seulement pour les intervenants dans le milieu de la justice, mais aussi pour les victimes et les survivants.
En conclusion, dans le cadre de son étude sur la violence entre partenaires intimes et la violence familiale au Canada, le Comité a reconnu que la cruauté envers les animaux peut être un indicateur précoce de la violence entre partenaires intimes et que les agresseurs peuvent se servir des animaux de compagnie pour menacer leur partenaire. Dans le même ordre d'idées, nous vous invitons à considérer les mauvais traitements infligés aux animaux comme un outil de coercition dans ce dossier. Merci.
Les parents non préférés ou dangereux qui invoquent l’aliénation parentale dans le cadre d'une stratégie juridique auront gain de cause dans la criminalisation du contrôle coercitif, car ce recours permettra à ces parents de pousser encore plus loin les allégations de mauvais traitements après la séparation. J'appuie l'initiative du gouvernement visant à criminaliser le contrôle coercitif s'il est interdit d'utiliser l'aliénation parentale ainsi que les pseudo-concepts et recours connexes dans les tribunaux de la famille. Sinon, les personnes que la nouvelle loi est censée protéger seront davantage en péril.
Le tribunal de la famille m'a cataloguée comme une mère exemplaire et une personne exerçant un contrôle coercitif et une aliénation parentale. Avant de comparaître devant le tribunal de la famille, je n'avais jamais entendu parler de l'aliénation parentale. J'étais loin de me douter que mes enfants et moi allions devenir les victimes de ce que l'on appelle l'industrie de l'aliénation.
Au printemps 2022, le tribunal a rendu un jugement et m'a ordonné de transférer la garde des enfants à leur père dans les 48 heures et m'a également interdit, ainsi qu'à ma famille et à mes amis, d'entrer en contact avec les enfants. L'ordonnance de non-communication stipulait qu'il n'y aurait aucun contact direct ou indirect avec les enfants pendant 90 jours et que la période de 90 jours recommencerait à zéro si un tel contact avait lieu.
Cette nouvelle a bouleversé les enfants. Avant l'ordonnance, ils passaient 15 heures par semaine sous la garde de leur père dans le cadre du temps parental ordonné par le tribunal. Ils n'avaient pas eu de visite de nuit depuis près de trois ans. À l'époque, les enfants étaient âgés de 12 et 14 ans.
L'ordonnance de non-communication n'a jamais été enfreinte. Cependant, il a fallu plus de 500 jours pour que je sois réunie avec ma fille. Cela fait maintenant plus de 900 jours que je n'ai pas eu de contact avec mon fils.
De plus, le tribunal a ordonné que les enfants se rendent aux États-Unis pour participer à ce que l'on appelle un « camp de réunification » avec leur père. Il s'agissait d'un programme de quatre jours qui m'a coûté à 15 000 $ américains. Veuillez noter que notre famille est canadienne. Nous n'avons aucun lien avec les États‑Unis. Mes enfants ne sont pas les premiers à être envoyés aux États‑Unis pour suivre une thérapie de réunification comme solution à l'aliénation parentale. Cela se produit depuis au moins 2008.
Le jugement stipulait également qu'à leur retour des États-Unis, les enfants recevraient ce que l'on appelle des « services d'assistance post-intervention » d'un thérapeute approuvé par le facilitateur du camp de réunification américain. En moins de six mois, une somme supplémentaire de 18 000 $, cette fois en fonds canadiens, a été versée. J'en ai assumé la moitié.
Il convient de noter qu'avant de rendre ce jugement, le tribunal avait déjà ordonné à notre famille de participer à ce que l'on appelle une thérapie de réunification externe, une évaluation en vertu de l'article 30 et des consultations cliniques initiales, pour un total combiné d'environ 50 000 $.
Comme cela a été indiqué à la réunion du comité de la semaine dernière, l'aliénation parentale est une entreprise lucrative pour les avocats et les cliniciens mandatés par les tribunaux. Un examen de la jurisprudence montrera que ce sont les mêmes avocats, psychologues et travailleurs sociaux qui, au cas par cas, renforcent la thèse de l'aliénation parentale devant le tribunal de la famille.
L'invocation de l'aliénation parentale dans le tribunal de la famille a pour effet de donner au parent non préféré ou dangereux le pouvoir judiciaire de continuer à exercer un contrôle coercitif. Par exemple, la juge a accordé une ordonnance à mon co-parent selon laquelle je devais le prévenir 24 heures à l'avance de ma présence physique au travail en raison de la proximité de mon lieu de travail avec l'école de ma fille — une école qu'elle ne fréquentait plus. La juge a elle-même soulevé l'idée que je devrais me rendre au travail à pied ou me garer à un endroit précis.
Sur le plan financier, j'ai dépensé plusieurs centaines de milliers de dollars pour tenter de protéger mes enfants. Au final, j'ai été effacée de la vie de ma fille pendant plus de 500 jours et je continue à être effacée de la vie de mon fils. De plus, j'ai fait l'objet d'une « adjudication des dépens » de plus d'un demi-million de dollars, payable au père de mes enfants, parce qu'il est considéré comme la partie qui a obtenu gain de cause au tribunal de la famille en raison de l'aliénation parentale.
Tout au long de mon intervention aujourd'hui, j'ai utilisé les termes parent « non préféré » et parent « dangereux » plutôt que mère et père. Statistiquement parlant, l'invocation de l'aliénation parentale dans le cadre d'une stratégie juridique touche plus de mères. Cependant, les pères sont également à risque et, par conséquent, les enfants dans leur ensemble. Un examen de la jurisprudence ontarienne montre qu'un assistant en éducation, un entraîneur de crosse au niveau universitaire et un chef des pompiers de Toronto sont tous des pères qui ont perdu leurs enfants à cause de cette stratégie juridique.
Sur le plan professionnel, j'ai travaillé pendant 10 ans dans le domaine de la réadaptation pédiatrique. Nous utilisions des techniques axées sur les pratiques exemplaires et la recherche. Chaque objectif du client était assorti de cibles alignées et nous utilisions une échelle d'atteinte des objectifs. La thérapie de réunification utilise des indices de réussite, notamment lorsque l'enfant manifeste des expressions d'amour ou comprend comment des souvenirs et des perceptions déformés peuvent se produire ou, dans mon cas, lorsque ma fille pouvait imaginer son père l'accompagner à l'autel à l'occasion de son mariage.
Six États américains ont adopté des lois qui sont conformes aux recommandations des Nations unies. À mesure que les États se succèdent pour adopter ces lois, le Canada deviendra un marché cible de l'industrie de l'aliénation encore plus important qu'il ne l'est déjà. Une thérapeute américaine a fait savoir publiquement qu'elle avait déjà déménagé en Colombie‑Britannique.
En conclusion, je recommande au Comité de procéder à la criminalisation du contrôle coercitif de concert avec l'adoption des recommandations des Nations unies et de l'Association nationale Femmes et Droit, de sorte qu'il soit interdit d'utiliser l'aliénation parentale ainsi que les concepts et recours connexes dans les tribunaux de la famille. C'est parce que toute personne qui est considérée comme aliénante est également cataloguée comme une personne qui exerce un contrôle coercitif, et l'invocation de l'aliénation parentale dans le cadre d'une stratégie juridique a pour effet de donner au parent non préféré et aux enquêteurs cliniques concernés le pouvoir judiciaire d'exercer un contrôle coercitif.
Merci.
Bonjour à tous. Je vous remercie de me donner l'occasion de vous raconter mon histoire.
J'ai 17 ans et je suis une survivante du système des tribunaux de la famille. J'ai été victime du problème de la traite des personnes par voie judiciaire. On m'a envoyée aux États‑Unis pour participer à une thérapie de réunification après que mon père a invoqué l'aliénation parentale. Je suis la fille de la témoin 1.
En 2022, mon frère, mon père et moi nous sommes allés à New York pour participer à ce qu'on appelle un camp de réunification, qui était organisé par un travailleur social avec qui j'ai travaillé. Pendant quatre jours, nous sommes allés à l'appartement personnel de mon père. Pendant cette période, on nous a dit que nos souvenirs négatifs de notre père étaient faux. Nous avons regardé Welcome Back, Pluto, un film sur l'aliénation parentale. Nous avons regardé un résumé vidéo de l'étude controversée...
Nous avons regardé un résumé vidéo de l'étude controversée sur les faux souvenirs intitulée « Perdu dans un centre commercial ». Nous avons regardé des épisodes de l'émission Brain Games qui tentaient de nous convaincre encore plus que nos souvenirs étaient erronés, comme les épisodes intitulés « False Memory and Misinformation Effect » et « Remember This! » On nous a dit que c'était notre mère qui avait une attitude abusive et que toutes les séances étaient filmées.
En après-midi, nous visitions des attractions locales. Au cours de ces sorties, on nous forçait à coopérer. À titre d'exemple, à l'Empire State Building, Mary m'a criée après parce que je ne souriais pas sur une photo. On m'a dit que si je ne souriais pas, on triplerait la durée de l'ordonnance de non-communication avec ma mère.
Environ un mois après notre retour de New York, nous avons commencé à participer à ce qu'on appelle un « suivi » avec un travailleur social canadien. Je vais l'appeler « Kevin ». Le cadre et la méthodologie de Kevin n'étaient rien de plus que le prolongement de ce que nous avions vécu à New York. Avec Kevin, nous avons regardé des vidéos d'expériences controversées qui ne respecteraient pas les normes éthiques et les pratiques exemplaires d'aujourd'hui. Par exemple, nous avons regardé l'exercice « yeux bleus, yeux bruns » de Jane Elliott, le paradigme du « visage sans expression » de Tronick, ainsi que l'expérience des « mères singes » de Harry Harlow. Kevin a même essayé de nous encourager à démontrer de l'attachement physique auprès de notre père en s'appuyant sur le travail de Harry Harlow. Il employait des menaces et des techniques de négociation durant nos séances de thérapie. Pour que Kevin considère la thérapie comme une réussite, il nous demandait de dire à notre père que nous l'aimons, d'amorcer des gestes physiques d'affection et d'accepter ceux de notre père, et de nous adresser à lui en l'appelant « papa ».
Du côté de la scolarisation, il est important de mentionner ce qui suit.
À notre retour de New York, mon frère a manqué trois semaines d'école. Quant à moi, je n'ai pas été autorisée à retourner à l'école en personne tout au long de cette année‑là. J'ai été obligée de faire ma 9e année en virtuel. À l'automne 2022, mon père nous a inscrits, mon frère et moi, dans des écoles de son quartier. Mon frère a été dévasté par cette décision, car il aurait commencé sa 7e année avec tous les amis qu'il s'était faits depuis la prématernelle.
J'étais tout simplement ravie de retourner à l'école en personne. Je n'avais pas le droit d'avoir un téléphone cellulaire. Mon père disait que si je me faisais de nouveaux amis, ils pouvaient m'appeler à son numéro à lui. Je n'avais pas le droit d'avoir un Chromebook qui appartenait au conseil scolaire. Mon père m'a plutôt acheté un Chromebook et y a installé l'application Qustodio pour surveiller tout ce que je faisais.
Maintenant que j'avais pu sortir de la maison pour la première fois depuis avril, je savais que je devais défendre mes droits. J'ai communiqué avec une organisation pour les jeunes, et un avocat a pu m'aider à obtenir une entrevue judiciaire. Après que mon père a appris que j'avais été en contact avec cette organisation, j'ai été menacée. On a convoqué mes amis au bureau d'orientation pour les interroger et exiger qu'ils fournissent leurs relevés téléphoniques et on a consulté les enregistrements des caméras de sécurité de l'école. Mon père a aussi commencé à venir à l'école à l'heure du dîner et à me faire venir au bureau. Une fois, il a demandé au directeur de venir me chercher. Il m'obligeait à passer mes heures de lunch avec lui.
Cette année‑là, après les vacances de Noël, je n'ai pas eu le droit de retourner à l'école en personne. J'étais inscrite à une école privée en ligne, mais je n'avais pas le droit de connaître mes identifiants de connexion. Tous les jours, mon père me connectait à l'école. L'école privée en ligne était asynchrone, alors je n'avais aucune interaction en temps réel avec les enseignants ou les autres élèves.
À l'été 2023, le jour de mon 16e anniversaire, j'ai quitté la résidence de mon père pour marcher jusqu'à chez ma mère. J'avais cru comprendre que j'aurais le droit de faire ce choix lorsque j'aurais 16 ans. Mon père a plutôt appelé la police, et j'ai été arrêtée aux deux tiers du chemin. Nous avons passé des heures dans un parc. Finalement, on m'a ramenée chez mon père dans une voiture de police. Mon père avait donné aux agents l'autorisation de me menotter et d'user de force au besoin. J'ai coopéré pour éviter d'en arriver là.
Plus tard cet été‑là, le jugement à mon égard a été mis à jour pour me permettre de reprendre contact avec ma mère. L'ordonnance stipule qu'il est dans mon intérêt de résider principalement avec ma mère et de passer du temps parental avec mon père si je le souhaite.
L'ordonnance de non-communication avec ma mère, qui a été en vigueur pendant plus de 500 jours, et ma participation au camp de réunification et aux séances de suivi n'ont pas contribué à renforcer ma relation avec mon père. Elles ont plutôt renforcé mes sentiments, qui vont dans le même sens depuis des années. Les gestes et les choix de mon père pendant que j'étais sous sa garde exclusive pendant plus de 500 jours ont miné encore plus notre relation.
En tant que personne qui a été directement témoin et victime de contrôle coercitif, je suis en faveur de sa criminalisation. Il faut toutefois régler adéquatement les problèmes liés à l'aliénation parentale et aux recours connexes. Les exploitants de camps de réunification et de services de thérapie pour les cas d'aliénation parentale emploient eux-mêmes des méthodes de contrôle coercitif dans leur pratique, en plus d'encourager et d'appuyer un recours accru au contrôle coercitif par le parent non préféré. Je recommande que les enfants soient représentés par un avocat. Lorsque mon père était le seul à s'occuper de moi, je n'avais absolument personne à qui confier ce qui se passait réellement. Je recommande que le tribunal ne soit pas en mesure de rendre des ordonnances incluant un transfert de la garde, une ordonnance de non-communication, ou encore un recours à des agents de transport, à des camps de réunification et à des thérapies connexes.
Je vous remercie d'avoir écouté ce bref survol de mon histoire. Je poursuivrai mes efforts de sensibilisation jusqu'à ce que des changements soient apportés. En janvier dernier, j'ai participé à un webinaire organisé par le Centre for Research and Education on Violence Against Women and Children. J'ai pris la parole après Reem Alsalem et avant Suzanne Zaccour.
Merci beaucoup.
Je suis mère célibataire de quatre enfants adultes et grand-mère des sept petits-enfants les plus magnifiques du monde.
Je me sens appelée à raconter mon histoire afin de faire tomber les murs du secret et de la honte.
J'avais 18 ans lorsque j'ai épousé un homme supposément respectable d'une famille extrêmement riche et influente. J'ai été sa victime pendant plus de 15 ans. Mes mauvais traitements ne se sont pas produits dans un pays du tiers monde. Ils se sont produits ici même, au Canada.
Dès le premier jour, il m'a inculqué une peur extrême. Il m'était impossible de m'échapper. Ceux qui auraient dû me protéger l'ont plutôt protégé lui. Les détails sont horribles. J'ai subi toutes sortes de mauvais traitements qui se sont transformés en séances de torture.
Cela se produisait presque tous les jours. Il a essayé de me tuer à maintes reprises. Il m'a pendue. Il m'a aspergée de kérosène. Il a même essayé plusieurs fois de me pousser dans l'océan. Il m'a forcée à boire du poison.
Les séances de tabassage étaient impitoyables. Il m'attachait, me frappait à coups de pied et me traînait par les cheveux. Il me laissait attachée toute la nuit. J'ai été obligée de passer de nombreuses nuits à l'extérieur. À cause des coups qu'il m'a donnés, j'ai dû subir 10 opérations qui m'ont laissée avec une mâchoire artificielle. La douleur est atroce. J'ai perdu l'usage de tous mes nerfs faciaux.
Il a fait tout cela de manière à faire croire à un suicide afin d'obtenir la garde complète de mes enfants. Ceux‑ci deviendraient ses prochaines victimes, surtout mes deux filles. Les enfants se cachaient sous leur lit et se couvraient les yeux pour éviter de voir ce qui se passait et d'entendre les cris. Ils avaient peur d'aller à l'école, car ils craignaient de ne plus jamais me revoir.
Je veux donner aux victimes le courage de s'exprimer, d'obtenir de l'aide et de mettre fin au cycle de la violence.
Sans le savoir, mon agresseur m'a donné une tribune très publique et une voix forte — une voix qui servira à changer la conception erronée de la violence familiale. Voyez-vous, être une survivante demande énormément de courage. Je raconte mon histoire, mais je refuse de me laisser définir par l'historique de violence que je suis parvenue à laisser derrière moi.
Les mauvais traitements font partie de mon identité. Je me suis battue avec acharnement pour acquérir les compétences nécessaires pour faire face à la situation, me rétablir, combattre les préjugés culturels et m'épanouir en tant que combattante.
Je suis auteure de deux livres, conférencière et éducatrice dans le domaine de la violence.
Je continue de voir des victimes être laissées pour compte, encore et encore. La peine n'est pas proportionnelle au crime. La violence familiale est toujours considérée comme une affaire privée.
Il y a tellement d'agresseurs qui vivent parmi nous, qui se promènent à la vue de tous sans jamais être identifiés publiquement, et ce, même s'ils ont fait de multiples victimes au fil des décennies. Je crois que cela est dû à l'existence d'un système défaillant qui incite les victimes à garder le silence.
À toutes les victimes de violence familiale, j'espère pouvoir donner à vos souffrances silencieuses l'exposition qu'elles méritent. À toutes les personnes qui ont souffert et à toutes celles qui souffrent encore, j'espère que mon histoire vous donnera de la force.
Je vous entends, je vous vois et je vous crois. Pour moi, ces dures années de brutalité sont maintenant derrière moi. Je suis libre. J'espère que toutes les autres victimes parviendront aussi à se libérer.
Aidez-moi à faire en sorte que les victimes sortent victorieuses et à ce qu'elles et leurs familles puissent vivre en toute sécurité, sans craindre constamment la violence. Laissez cette discussion et la gravité de la situation vous toucher et susciter de la colère en vous. Ne soyons pas insensibles à cette violence. Je vous demande de protéger nos enfants vulnérables contre les agresseurs.
J'ai une question pour vous: que feriez-vous si votre fille, votre sœur, votre amie, votre voisine ou votre collègue était battue, torturée, violée, sodomisée ou isolée par quelqu'un qui est censé vous protéger et la protéger? Voilà ce que j'ai vécu. Voilà mon histoire.
Merci.
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Merci, madame la présidente. Il est évidemment très difficile de tout couvrir en six minutes.
Pour tous ceux qui nous regardent à la maison, nous avons quelques témoins dont l'identité est protégée pour leur protection, évidemment, alors vous remarquerez qu'on les appelle témoins 1 et 2.
Il y a eu des témoignages percutants sur le contrôle coercitif et sur l'utilisation d'animaux de compagnie.
Madame Thomson, je vous remercie d'avoir mis cela en lumière avec votre témoignage. Le contrôle coercitif est un problème de taille.
Madame Thomson, si je peux commencer par vous, vous avez dit dans votre témoignage qu'ils l'ont protégé, lui, mais pas vous. Pouvez-vous nous expliquer qui ils sont et comment ils s'y sont pris?
Je vais passer aux témoins 1 et 2.
Vous faites preuve de courage en parlant aujourd'hui de votre situation, et je vous en remercie. Honnêtement, en mettant ainsi en lumière pour le Comité, dans le cadre de son étude sur la criminalisation du contrôle coercitif... Je pense que la majorité des témoins que nous avons entendus s'entendent pour dire que le contrôle coercitif doit être criminalisé. Cependant, on souhaite s'assurer que l'agresseur ne peut pas se servir de cela à des fins de manipulation.
Je constate dans ces témoignages que la psychiatrie semble être une très grave lacune dans le système des tribunaux de la famille quand on analyse ces troubles de la personnalité. Les termes mêmes qui sont censés être utilisés pour protéger les gens sont ensuite utilisés contre eux, et ils en deviennent les victimes.
Témoin 1, pouvez-vous préciser combien d'argent vous avez dû dépenser en raison de l'ordonnance du tribunal pour ces thérapies forcées?
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Je vous remercie de la question.
Tout d'abord, il s'agit de reconnaître que la violence envers les animaux fait partie de tout le spectre de la violence entre partenaires intimes. Ce serait la première étape. L'étape suivante serait de l'écrire dans les rapports de cas et les rapports de police, de vérifier l'état de l'animal et, quand la police reçoit un appel d'intervention en cas de violence familiale, de demander s'il y a de la violence envers les animaux.
Si l'affaire est portée devant les tribunaux, il s'agit de veiller à ce que les accusations de cruauté envers les animaux ne soient pas abandonnées en faveur d'une entente de plaidoyer, parce que cela se produit souvent, malheureusement, surtout s'il y a d'autres accusations sur la table.
Malheureusement, il faut beaucoup de formation pour comprendre où se situent les nombreuses facettes de la violence envers les animaux dans le spectre de la violence entre partenaires intimes et de la violence familiale.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Je remercie les témoins de nous présenter leurs témoignages pour faire avancer cette étude importante du Comité sur le comportement coercitif malgré ce que cela peut leur faire revivre.
C'est toujours frappant de voir à quel point, en 2024, cette violence perpétrée envers les femmes, particulièrement dans un contexte conjugal, est aussi présente, et qu'il faut encore autant la dénoncer. En tant que femme, c'est difficile à accepter et à imaginer.
Madame Dhillon, dans vos remarques d'ouverture, vous avez parlé de l'importance de la formation. Vous avez expliqué que votre agresseur a pu quitter le pays.
Je vais faire des liens avec de récents événements qui ont eu lieu ici, au Parlement, et au Québec, où le rapport « Rebâtir la confiance » a d'abord été déposé. Il y a maintenant un projet pilote sur les bracelets électroniques a été mis en place.
En quoi une reconnaissance du comportement coercitif, jumelée avec des moyens comme le bracelet électronique, aurait-elle pu vous aider?
Comme je l'ai dit, j'avais 18 ans et je ne connaissais rien aux relations amoureuses. Dès le lendemain de notre mariage, j'ai été déposée aux urgences parce qu'il m'avait brutalement violée et sodomisée.
Il était beaucoup plus âgé que moi, et je crois qu'il m'avait choisie pour pouvoir me manipuler parce que j'étais innocente. Je ne savais pas du tout ce qui m'attendait. J'ai subi diverses formes de violence: physique, sexuelle, financière, émotionnelle et psychologique, entre autres. Il y a aussi eu la maltraitance culturelle.
J'espère que cela répond à votre question.
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Oui, merci, madame Dhillon.
Pour terminer, je vais parler d'un angle mort, une facette qui a été moins abordée par le Comité.
J'ai pensé à cette étude il y a longtemps. Finalement, le projet a fait son chemin dans le processus législatif, et il est actuellement à l'étude au Sénat. On en a très peu parlé ici, mais, au Québec, beaucoup d'articles sur ce projet de loi ont été publiés la semaine dernière. Le projet de loi vise la criminalisation des comportements coercitifs.
Avez-vous eu l'occasion de lire brièvement le projet de loi, ou en avez-vous entendu parler? Si oui, avez-vous des recommandations à formuler en vue de le bonifier? Notre étude, je la vois surtout comme une étude complémentaire. Il y a un projet de loi, mais pourrait-on faire autre chose en attendant que le projet de loi soit adopté et que le comportement coercitif soit criminalisé?
Je tiens à remercier tous les témoins. Je comprends qu'il est très difficile pour vous de livrer ces témoignages.
Je vais commencer par Mme Thomson.
Félicitations! Je veux d'abord mentionner que le projet de loi a été amendé de manière à y inclure les mauvais traitements envers les animaux.
C'est un enjeu important. C'est vrai que beaucoup de personnes qui ont un animal de compagnie le considèrent comme un membre de la famille. Elles ne veulent pas les quitter parce qu'ils sont leur principal soutien, surtout dans les situations de violence. Elles peuvent parler à leur animal, et il ne dira rien. C'est leur seule forme de soutien.
Convenez-vous qu'il est nécessaire que les refuges acceptent les animaux de compagnie des personnes fuyant la violence?
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C'était la durée de vie du projet. Merci beaucoup.
Je vais maintenant m'adresser au témoin 2. Je tiens d'abord à vous remercier de nous raconter courageusement votre histoire. Je sais que c'est très difficile.
Vous avez parlé de camps de réunification familiale. Nous en avons beaucoup entendu parler. J'ai fait quelques recherches sur ces camps, en particulier ceux des États‑Unis, et je suis de plus en plus inquiète. Même le film dont vous parliez, l'exercice « yeux bleus, yeux bruns », n'est pas vraiment un film approprié pour des enfants dans cette situation, pour tout dire. Cela me semble totalement inapproprié.
À votre avis, devrait‑on éliminer les camps de réunification familiale, en particulier ceux à l'extérieur du pays?
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Merci, madame la présidente.
Je tiens à remercier tous les témoins. D'après ce que j'entends, tout ce système est défaillant, et nous avons bien du travail à faire.
Je vais y aller rapidement parce que je n'ai pas beaucoup de temps.
Je vais m'adresser à Mme Dhillon.
Je vous remercie d'être aussi courageuse et d'avoir pris la parole non seulement pour vous et votre famille, mais aussi pour toutes les autres victimes.
Je voudrais vous poser quelques questions et j'espère qu'elles ne sont pas trop personnelles. S'agissait‑il d'un mariage arrangé?
Mon temps est limité, et j'aimerais maintenant m'adresser à Mme Kerri.
Je veux vous faire part de mon expérience. J'ai secouru un chien de Dog Tales, un chien d'appât. Je ne sais pas si le public sait ce que c'est. Un chien d'appât est un chien utilisé pour accroître l'agressivité des chiens de combat.
Ce chien avait été battu, tailladé, ses côtes étaient fracturées, mais je dois vous dire une chose: j'ai choisi de l'adopter parce que j'avais le sentiment d'avoir des choses à apprendre de lui. Vous avez dit que les animaux de compagnie devraient être autorisés dans les refuges. Ces animaux jouent un rôle crucial auprès des survivants de la guerre. Je sais qu'on s'en sert aussi pour réconforter les patients en phase terminale. L'Armée du Salut et la Croix-Rouge les utilisent également.
Je vous remercie d'avoir mentionné cela. J'abonde dans le même sens que vous, à savoir qu'ils devraient être autorisés dans les refuges, parce qu'ils aident les gens à guérir. Mon chien avait subi beaucoup de traumatismes, mais il était gentil, aimant et affectueux.
Madame Kerri, je vous remercie d'avoir porté cela à notre attention.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Pendant mon deuxième tour de questions, je vais m'adresser à Mme Thomson.
Avant cette réunion, j'ai assisté à une rencontre où j'ai eu l'occasion de discuter de la place importante qu'occupent les animaux de compagnie dans la vie des familles. Lorsqu'un incident ou une tragédie survient, on se demande également ce que l'on doit faire des animaux. C'est donc un des sujets qui ont été abordés.
Ma collègue Mme Gazan a parlé du fait qu'un faible pourcentage des refuges pour femmes victimes de violence acceptent les animaux. C'est problématique, puisque les animaux font parfois partie du continuum de reconstruction de la victime. De plus, si on criminalise le comportement coercitif, plus de situations pourront être dénoncées et donc plus de femmes pourront se prévaloir de leur droit de recourir aux services d'un organisme d'aide pour se reconstruire. On sait aussi que les animaux constituent souvent une forme de thérapie. J'ai déjà eu l'occasion de parler avec une dame qui se servait, entre autres, de l'équithérapie, c'est-à-dire la thérapie assistée par les chevaux, pour aider les femmes victimes de violence à se reconstruire. J'aimerais donc explorer les pistes de solution avec vous.
Avez-vous des solutions concrètes pour répondre au besoin des femmes et des familles d'avoir leur animal avec elles à la suite d'une dénonciation, par exemple? S'agit-il de faire plus de place dans les refuges, sachant les difficultés que cela peut entraîner d'un autre côté?
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En gros, ce que nous aimerions voir comme solution, c'est tout ce qui permet de garder ensemble les familles et les animaux, afin de réduire le traumatisme lié à la séparation d'avec les animaux, et on comprend que ce n'est pas toujours possible. Le problème, c'est que les refuges n'ont pas assez d'espace pour loger les femmes et les enfants qui ont besoin de leurs services, à plus forte raison leurs animaux.
Ce qui importe le plus pour nous, c'est de garder les victimes, les survivants et leurs animaux ensemble. Il n'y a pas de solution facile, car les besoins sont nombreux. Nous avons besoin de plus de logements abordables, nous avons besoin de plus de refuges qui acceptent les animaux. Dans ce cas, toutefois, il faut qu'il y ait aussi des places pour les personnes allergiques aux animaux. Trouver une solution ne sera pas facile et ne sera pas bon marché, mais cela doit être reconnu.
Vous avez aussi mentionné d'autres tragédies, comme les situations d'urgence. Les gens ne pensent pas toujours aux animaux de compagnie, qui sont abandonnés à leur sort. Lors de l'ouragan Helene la fin de semaine dernière, beaucoup de gens ne voulaient pas partir.
J'espère que cela répond à votre question et que je ne me suis pas écartée du sujet.
Mon temps est limité, mais je voulais simplement vous remercier, madame Dhillon, de votre témoignage.
Vous avez parlé un peu de votre famille. L'une des choses dont nous avons beaucoup parlé au Comité permanent de la condition féminine, c'est l'importance d'avoir des refuges qui accueillent les femmes de différentes communautés et qui se spécialisent dans différents domaines. Par exemple, dans ma circonscription, il y a eu un mouvement pour ouvrir un refuge pour les femmes de confession musulmane, par exemple.
Pensez-vous que cela aurait aidé, dans votre situation, d'aller dans un endroit où les gens comprennent certaines normes culturelles du pays d'où vous venez et dont vous avez parlé, notamment les mariages arrangés? Cela aurait‑il été plus facile pour vous, afin de ne pas avoir à tout expliquer?
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Je vous remercie, mesdames les témoins, de votre présence ici. Il faut certainement faire preuve de courage pour être avec nous aujourd'hui. Ce que vous nous racontez nous fait mal, très sincèrement, parce que c'est d'une violence inouïe. Je pense à la témoin 2, qui a 17 ans. C'est inacceptable. Elle a aussi un frère qui est encore plus jeune qu'elle et qui est donc encore plus vulnérable.
Madame Dhillon, selon nos petites recherches sur vous, et comme vous l'avez souligné lors de vos remarques préliminaires, vous faites beaucoup d'éducation, et c'est la mission que vous vous êtes donnée aujourd'hui.
Auprès de qui faites-vous de l'éducation et de la sensibilisation? Quels messages véhiculez-vous? Que leur enseignez-vous?
De toute évidence, des gens n'ont pas reçu la consigne, en particulier le tribunal.
Vous êtes conférencière et vous dites que vous faites de l'éducation, alors j'aimerais que vous me disiez qui sont ces gens à qui vous vous adressez, quels messages vous leur donnez et quels résultats vous obtenez.
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Je vous remercie de la question.
Je parle à un large éventail d'organismes. Je vais commencer par la police.
Je prends régulièrement la parole au Justice Institute of British Columbia dans le cadre de la formation offerte aux recrues des services de police municipaux. Tout d'abord, je leur dis comment approcher une victime et comment lui parler. Je leur parle du langage corporel. Je leur dis de ne pas se tenir devant elles, de leur donner de l'espace. Je leur montre mes blessures. Je leur montre des photos, des diapositives.
Voici une question que bon nombre de victimes comme moi se font poser: « Si c'était si grave, pourquoi n'êtes-vous pas simplement partie? » Ma réponse à cette question est la suivante: « Croyez-vous que ce n'était pas si grave? » La violence, même si elle est cachée et qu'il n'y a pas de signes, comme la violence sexuelle, les menaces émotionnelles, etc., demeure de la violence, et elle cause encore beaucoup de tort. Dans toutes les situations, prenez-nous au sérieux. Ne nous abandonnez pas.
Je parle également à différents organismes et à beaucoup de communautés et d'écoles des Premières Nations.
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Madame Dhillon, je ne suis ni psychiatre ni psychologue, et je suis encore moins médecin. Toutefois, des manipulateurs narcissiques, on en connaît. On en a vu. On peut en reconnaître et je ne comprends pas que des gens ne les reconnaissent pas dans les forces de l'ordre.
Quoi qu'il en soit, on ne peut pas blâmer une femme d'être aux prises avec un manipulateur narcissique qui a aussi un comportement coercitif. Il est compliqué, vraiment très compliqué, de sortir d'une telle situation.
Je vous remercie du message que vous véhiculez. Il est extrêmement important. Je vous exhorte à continuer. Allez former ces gens qui reçoivent les victimes dans leur bureau et dans leur poste de police. C'est très important.
J'ai peu de temps, mais suffisamment pour poser une dernière question.
Quels sont les services que vous auriez dû et voulu recevoir comme victime?
Avez-vous reçu des services? Étaient-ils à la hauteur?
Sinon, quels services auriez-vous aimé recevoir? De quoi aviez-vous besoin?
Mesdames et messieurs, cela met fin à notre séance d'aujourd'hui. Au nom de tous les membres du Comité, je tiens à remercier tous les témoins d'avoir été avec nous.
Cela met également fin aux témoignages dans le cadre de l'étude sur les comportements coercitifs. Merci à tous ceux qui ont contribué à cette étude très troublante, mais importante.
Nous allons maintenant libérer nos témoins et suspendre la séance pendant 5 à 10 minutes, le temps de passer à huis clos.
[La séance se poursuit à huis clos.]