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La séance est ouverte. Bonjour à tous.
Bienvenue à la 94e réunion du Comité permanent de la condition féminine de la Chambre des communes.
Notre réunion se déroulera selon une formule hybride, conformément au Règlement. Certains membres y assistent en personne et d'autres nous joignent au moyen de l'application Zoom. Je ne vais pas lire l'intégralité des consignes, mais je tiens à vous rappeler que si vous n'utilisez pas votre microphone, mettez‑le en sourdine. Assurez-vous aussi de ne pas déposer votre oreillette à côté du microphone.
Vous pouvez sélectionner le canal anglais ou français pour l'interprétation. Je sais que certaines questions seront posées en français.
Les membres présents dans la salle peuvent lever la main pour demander la parole, et c'est la même chose dans l'application Zoom.
C'est un grand bonheur de vous retrouver pour poursuivre nos travaux. Conformément à l'article 108(2) du Règlement et à la motion que le Comité a adoptée le jeudi 21 septembre 2023, nous reprenons notre étude sur l'autonomisation économique des femmes.
Je vais maintenant présenter notre premier groupe de témoins. Chacune disposera de cinq minutes pour sa déclaration liminaire. Mme Karen Campbell est la directrice principale, Initiatives communautaires, au sein de la Fondation canadienne des femmes. Mme Campbell comparaîtra par vidéoconférence. Par ailleurs, nous accueillons en personne Mme Jamie McMillan, la fondatrice de l'organisme Made in the Trades, ainsi que Mme Caitlin Morrison, la directrice des opérations et des communications du Projet Prospérité.
Les cinq premières minutes seront réservées à Mme Campbell, qui nous joint en ligne.
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Bonjour. Je m'appelle Karen Campbell et je représente la Fondation canadienne des femmes, une fondation publique qui milite pour la justice et l'équité entre les genres au Canada. Je me trouve actuellement à London, en Ontario, sur les territoires traditionnels des Attawandarons, des Anishinabes, des Lunaapéewaks et des Haudesnosaunees.
Merci de m'avoir invitée à prendre la parole sur la pressante question de l'autonomisation économique des femmes. Les femmes, et en particulier les femmes noires, racisées, migrantes et à faible revenu, ont été les plus durement touchées par les pertes économiques liées à la pandémie. La relance incertaine n'annonce rien de bon pour la stabilité et la sécurité. Les pressions liées au coût de la vie ont des conséquences disproportionnées pour les personnes les plus marginalisées.
Depuis près de 30 ans, nous finançons des organismes qui viennent en aide aux femmes et aux personnes de diverses identités de genre dans le secteur du développement économique communautaire. Nous avons investi plus de 17 millions de dollars dans des programmes qui aident ces personnes à entreprendre une carrière lucrative dans les secteurs des métiers et des technologies, à envisager un travail indépendant et à intégrer l'écosystème de finance sociale.
Même si elles sont de plus en plus scolarisées, beaucoup d'obstacles présents dans les années 1990 continuent d'entraver l'accès des femmes au travail et leur avancement. Elles restent nettement sous-représentées dans les secteurs des technologies et des métiers. L'écart salarial entre les genres perdure. Les phénomènes de la violence et du harcèlement sexuel en milieu de travail prennent une ampleur alarmante. Encore trop peu de milieux de travail offrent des horaires souples, qui tiennent compte des obligations liées à la prestation de soins, et la culture sexiste reste bien enracinée dans les milieux de travail. Tous ces facteurs nuisent à l'autonomisation économique des femmes.
À la Fondation, nous savons à quel point le financement de programmes communautaires axés sur l'accès au marché du travail est primordial. Cependant, ce financement ne règle pas tous les problèmes auxquels les femmes issues de la diversité et les personnes de diverses identités de genre font face dans des environnements de travail structurés de manière à les exclure. Des changements transformateurs dans la culture des secteurs à prédominance masculine et des politiques axées sur les changements systémiques seront nécessaires pour assurer l'autonomisation économique des femmes.
Ces dernières années, nous avons vu à l'œuvre un exemple très inspirant de ce genre de changement transformateur. Depuis 10 ans, nous versons un soutien financier à l'organisme Women Unlimited, qui a noué un partenariat avec le Nova Scotia Community College afin d'offrir des formations préparatoires à l'apprentissage et des services de soutien complets à des femmes qui entreprennent une carrière dans un métier spécialisé. En 2021, le programme a été officiellement intégré au système collégial et un fonds de soutien complet a été mis sur pied afin de permettre aux femmes de participer pleinement à leur programme éducatif. L'intégration de Women Unlimited au système collégial témoigne de l'engagement de l'établissement à offrir aux étudiantes des services de soutien sexospécifiques dont elles ont besoin pour suivre des formations et accéder à un domaine à prédominance masculine.
La Fondation a noué divers partenariats stratégiques afin de favoriser les changements transformateurs. Ainsi, en 2018, nous avons travaillé en partenariat avec la YWCA, Catalyst Canada et Plan International Canada dans le cadre du projet En Bonne Compagnie, ou EBC. Ce projet de coopération avec un petit groupe d'entreprises très motivées des secteurs des métiers spécialisés et des technologies visait à promouvoir des pratiques axées sur la diversité, l'équité et l'inclusion afin d'ériger un modèle des conditions à réunir pour rendre le milieu de travail plus inclusif et plus accueillant pour les femmes issues de la diversité et les personnes de diverses identités de genre.
Depuis des dizaines d'années, nous constatons que les femmes et les personnes de diverses identités de genre se tournent souvent vers le travail indépendant en raison des obstacles et des diverses formes de discrimination qu'elles rencontrent sur le marché du travail. Beaucoup de ces entrepreneures sont motivées par des objectifs de justice sociale et n'ont aucun désir de reproduire les obstacles et les défis qui ont nui à leur autonomisation économique.
L'an dernier, nous avons reçu une aide financière dans le cadre de la Stratégie pour les femmes en entrepreneuriat du gouvernement du Canada. Ce financement nous a permis de soutenir des entrepreneures noires, autochtones et racisées, de même que des entrepreneurs de diverses identités de genre dans leur projet de création d'entreprises mettant de l'avant des pratiques d'affaires féministes qui favorisent l'inclusivité des milieux de travail et la création d'économies locales équitables. Le soutien continu du fédéral à la Stratégie pour les femmes en entrepreneuriat recèle un véritable potentiel de transformation.
Depuis 2019, dans le cadre du Programme de préparation à l'investissement soutenu par Emploi et Développement social Canada, nous avons investi dans 90 entreprises sociales qui sont axées sur la diversité et qui sont dirigées par des femmes et des personnes de diverses identités de genre. Le programme nous permet d'aider des entrepreneurs novateurs à intégrer l'écosystème de l'innovation sociale. Le renforcement de ces organisations favorise leur essor et leur permet de poursuivre leur travail bénéfique pour les communautés à l'échelle du pays. Ce programme particulièrement efficace cessera à la fin de mars 2024. Nous espérons qu'il sera renouvelé et qu'il sera prolongé pour les 10 années d'application du Fonds de finance sociale.
Il convient de souligner que les investissements de la Fondation canadienne des femmes, même s'il s'agit de la plus importante fondation pour l'équité des genres au Canada, ne suffiront pas pour assurer l'autonomisation économique des femmes et des personnes de diverses identités de genre.
Cette autonomisation sera impossible sans changements systémiques comme la mise en place d'un régime national de services de garde abordables, l'abolition de l'écart salarial entre les genres grâce à des politiques efficaces sur l'équité salariale et la création de logements abordables pour les femmes et leurs familles. Ces stratégies et diverses mesures de lutte à la violence et au harcèlement en milieu de travail seront d'une importance capitale pour assurer l'efficacité des programmes et des efforts individuels d'autonomisation.
Merci.
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D'accord. C'est une toute nouvelle expérience pour moi, mais je tiens néanmoins à vous remercier.
Mon point de vue est celui d'une femme qui travaille dans le domaine des métiers. Par là, j'entends que je suis une travailleuse contractuelle, ce qui est très différent d'une employée à temps plein. Je suis très fière d'être une femme dans le domaine des métiers et de donner mon appui à celles qui sont dans la même situation que moi. Cela dit, je veux que tous les gens de métier soient mis en valeur. Je milite pour l'égalité, l'inclusion et la diversité.
Le recrutement est très facile. Je participe à une initiative de Made In the Trades qui vise à recruter la prochaine génération des travailleurs dans le domaine des métiers spécialisés. Je suis conférencière professionnelle pour KickAss Careers et Made in the Trades, et je suis aussi éducatrice auprès des enfants de tous âges qui veulent bien m'écouter, à partir de la prématernelle et même jusqu'à l'âge adulte.
J'adore parler aux enfants. J'ai la chance de le faire partout en Amérique du Nord, mais surtout en Ontario. Je parle aussi à des employeurs. Le message que je donne aux enfants est toujours le même. Je fais la promotion des métiers spécialisés et je leur explique qu'ils offrent des choix de carrière valable pour tous, sans égard aux différences.
Le recrutement, selon mon expérience, n'est pas vraiment un enjeu. En fait, le recrutement est assez facile. C'est de retenir les gens qui est compliqué. Plutôt que de porter sur les personnes qui entament une carrière dans les métiers, les statistiques devraient se centrer sur les personnes qui quittent ce secteur. Je crois que les chiffres seraient très différents.
Le manque de possibilités liées aux métiers spécialisés nuit au recrutement d'une nouvelle génération. Il n'y a pas suffisamment de financement pour les programmes coopératifs et de possibilités offertes aux étudiants d'accéder à ces programmes. Les possibilités d'apprentissage sont très rares, et très peu de celles qui existent cadrent avec les programmes des écoles. Les employeurs sont souvent réticents à engager des apprentis en première année ou moins expérimentés, même s'il y a une pénurie de main-d'œuvre.
Les défis et les obstacles dans le secteur des métiers sont très difficiles à surmonter, mais ils ne sont pas exclusifs à ces milieux de travail. Le harcèlement, l'intimidation et tous les autres problèmes existent ailleurs. Ce sont des problèmes liés à la nature humaine et ne sont pas plus de l'apanage du domaine des métiers que d'un autre domaine de travail. Je tiens à ce qu'il soit bien clair que les problèmes que nous rencontrons dans les métiers spécialisés sont les mêmes que partout ailleurs. De plus, les femmes ne sont pas les seules à devoir se débattre avec ces problèmes. Ils touchent aussi les hommes.
L'autre jour, j'ai entendu quelque chose de très vrai à mon avis: si nous ne sommes pas volontairement inclusifs, nous sommes involontairement exclusifs. Il y a tellement d'efforts déployés pour valoriser les femmes et les groupes sous-représentés dans ce secteur.
Comme je suis moi-même travailleuse contractuelle, je peux affirmer que ce n'est pas du tout bénéfique pour la carrière des femmes comme moi dans le domaine des métiers est beaucoup plus difficile. Nos problèmes sont différents de ceux des femmes qui ont un emploi à temps plein dans la construction. Les problèmes des travailleuses contractuelles de la construction sont uniques et je crois qu'il faut en parler davantage. Très peu de personnes parlent de ces problèmes très différents. Il faut discuter davantage avec les travailleurs sur le terrain, donner moins de poids au point de vue des employeurs. Je pense que vous devez parler avec les employés.
Un changement de paradigme s'impose dans le domaine des métiers spécialisés. Les hommes ont dominé ce domaine pendant des années et le balancier s'est retrouvé entièrement de leur côté. J'ai l'impression que nous vivons actuellement un changement de culture et que le balancier est reparti en sens inverse. Cela peut entraîner son lot de mauvais côtés pour les travailleuses.
Je crois qu'il faut encourager la sécurité en milieu de travail en assurant l'accès à de l'équipement de protection individuelle et à outils adaptés. Par contre, comme je l'ai dit, il faut éviter d'en faire un problème exclusivement féminin. Tout le monde est concerné. Tous les travailleurs devraient avoir accès à de l'équipement de protection individuelle et à des vêtements de travail adaptés et sûrs, ainsi qu'à des salles de bain propres sur les chantiers. Cela peut être problématique pour les entrepreneurs parce qu'ils ne savent pas toujours si des femmes vont venir travailler sur un chantier de construction et, dans certains cas, c'est impossible de fournir les vêtements et l'équipement de protection individuelle dans toutes les tailles, surtout s'il est très peu probable qu'il y ait des femmes dans les équipes. En fait, la plupart du temps, l'équipement de protection individuelle n'est pas confortable pour les hommes non plus. Ils ont aussi beaucoup de problèmes avec cet équipement.
J'aurais beaucoup de sujets à aborder et je pourrais en parler toute la journée, mais je veux surtout insister sur une chose. Je crois que pour changer la culture du travail, il faut faire de la sensibilisation dès la petite enfance. Il faut offrir plus de formation aux étudiants et leur permettre d'élargir leurs connaissances. Il faut parler davantage de ces possibilités et cesser de donner l'impression que la réussite passe forcément par des études collégiales ou universitaires. Je parle d'expérience. L'école a loin d'avoir été facile pour moi. J'ai eu des difficultés d'apprentissage et j'ai un trouble déficitaire de l'attention avec hyperactivité. J'ai passé le plus clair de mon temps dans des classes d'éducation spécialisée. Les métiers spécialisés m'ont sauvé la vie, et je souhaite à tout le monde d'entendre le même message que moi.
Merci de m'accorder votre temps.
Des députés: Bravo!
[Traduction]
Merci, madame la présidente, de m'accueillir aujourd'hui.
Je représente l'organisme Le Projet Prospérité, pour qui la réussite des femmes est directement liée à la prospérité économique du Canada et qui cherche à éradiquer les obstacles à cette réussite.
Notre organisation salue la décision du Comité de mener une étude sur l'autonomisation économique des femmes. Il s'agit à nos yeux d'une importante étape pour les femmes et pour l'économie canadienne.
Beaucoup de témoins ont insisté sur l'importance de soutenir les entrepreneures. Cette idée a du mérite, mais il s'agit selon nous d'une solution partielle au problème de l'iniquité entre les genres. La question de l'avancement des femmes au sein des entreprises canadiennes est tout aussi névralgique.
Un des volets phares de notre travail consiste à recueillir et à analyser les données liées à l'équité entre les genres et à la diversité. Dans notre rapport annuel, nous présentons une analyse des données sur le genre recueillies auprès de 500 des grandes entreprises canadiennes et ventilées en fonction du revenu. Plus précisément, nous recensons le nombre de femmes noires, autochtones, de couleur, handicapées ou de personnes bispirituelles, lesbiennes, gaies, bisexuelles, transgenres, queers, en questionnement, intersexuées, asexuelles et autres, ou 2ELGBTQQIA+, à quatre échelons de direction.
Notre rapport pour 2023 a été transmis au Comité. Les membres pourront constater qu'il s'en dégage des tendances inquiétantes. Notamment, il en ressort une baisse annuelle considérable du nombre de femmes en voie d'accéder à un poste de direction, ce qui pourrait laisser entrevoir un renversement de la tendance en matière d'équité entre les genres au cours des prochaines années. Il y a lieu de se demander qui prendront les décisions d'ici 5 à 10 ans. Les statistiques sur les femmes noires, autochtones, de couleur, handicapées, ainsi que sur les membres de la communauté 2ELGBTQQIA+ sont encore plus troublantes. Ces groupes restent très largement minoritaires aux échelons de la haute direction des entreprises canadiennes. Et malheureusement, selon notre rapport pour 2024 qui sera publié plus tard ce mois‑ci, certains de ces groupes de femmes restent largement sous-représentés. Bref, nos données indiquent qu'au Canada, la direction des entreprises continue d'être la chasse gardée des hommes blancs. Pourquoi en est‑il ainsi?
Selon notre rapport Point de vue des ménages canadiens, énormément de femmes souffrent d'épuisement professionnel. Elles ne sentent pas soutenues à la maison, et guère plus dans leur milieu de travail. Elles ont le sentiment d'avoir été évincées du processus d'avancement et d'être sous-payées, et elles ne sentent pas aussi confiantes que leurs collègues masculins quand vient le moment de se mettre en valeur pour obtenir une promotion. En un sens, cela n'a rien d'étonnant. Les femmes ne faisaient pas partie de l'équation quand les entreprises canadiennes ont été créées, et encore moins les femmes racisées. C'est pourquoi le modèle de l'entrepreneuriat semble si attrayant. Il peut sembler plus facile de bâtir quelque chose à partir de rien que de changer les pratiques établies. N'empêche, nous croyons que le Canada doit lutter contre les inégalités en mettant en avant des pratiques qui favoriseront l'autonomisation économique des femmes sur une grande échelle.
Je lance au Comité et au gouvernement le défi de soutenir un modèle d'entreprise qui met toutes les femmes en valeur et qui favorise leur avancement.
Premièrement, il faut encourager et soutenir la collecte de données ventilées selon le genre à tous les échelons de la direction au Canada, y compris dans les postes menant à la direction. Nous sommes l'un des rares organismes qui recueillent ce genre de données et nous savons à quel point c'est un travail difficile, mais néanmoins essentiel. Pour éradiquer les inégalités, il faut avoir un portrait exact de la situation des femmes au sein des entreprises canadiennes en recueillant des données qui ne tiennent pas compte seulement du genre. Il faut aussi mieux connaître la situation des femmes des groupes sous-représentés. Il sera impossible d'éradiquer les inégalités sans savoir où les problèmes se trouvent.
Deuxièmement, il faut inciter les entreprises canadiennes à publier des données ventilées selon le genre. Des actionnaires ont déjà demandé des vérifications axées sur l'équité raciale. Nous sommes d'avis que ce genre d'encouragement amènera les entreprises à s'assurer que leurs politiques et leurs milieux de travail favorisent l'inclusivité et l'équité.
Troisièmement, il faut encourager et soutenir les initiatives comme le programme de mentorat Rosie du Projet Prospérité. Le programme Rosie vise à encourager les mesures qui font en sorte que les femmes de tous les horizons se sentent soutenues dans leur milieu de travail et qu'elles acquièrent l'assurance nécessaire pour exprimer leurs aspirations en matière d'avancement professionnel.
Nous savons que de telles mesures sont importantes pour favoriser l'autonomisation économique des femmes. Quand les femmes réussissent, tous prospèrent. C'est la devise de notre organisme.
Merci.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Ce dont les témoins d'aujourd'hui nous ont fait part est très intéressant. Malheureusement, nous n'apprenons pas grand-chose, dans la mesure où nous savons que l'autonomisation des femmes et l'équité pour les femmes dans le monde économique accusent du retard. C'est un problème que nous observons et que nous souhaiterions voir régler beaucoup plus facilement.
Les données qui nous viennent d'Innovation, Sciences et Développement économique Canada nous apprennent que les petites ou moyennes entreprises dont des femmes sont propriétaires ont moins de chance de survie que des entreprises de même taille dont les gestionnaires ou propriétaires sont des hommes.
Madame Morrison, puisque vous vous intéressez à la compilation de données, avez-vous des informations à ce sujet?
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Merci, madame la présidente. Je remercie également les témoins.
Je crois que je vais simplement vous demander de nous en dire un peu plus à ce sujet, madame Morrison.
J'ai aussi été très intéressée par ce que vous avez dit, madame McMillan. J'ai adoré votre témoignage. Pour les enfants qui entendent ces paroles et qui ne se sentent pas à la hauteur… En tant que mère d'enfants qui ont des différences avérées en matière d'apprentissage, je peux dire que votre témoignage sonne tout à fait juste pour moi. C'est d'autant plus intéressant pour les jeunes filles, chez qui les problèmes passent souvent inaperçus. Vous avez livré un vibrant témoignage, et je vous en remercie. C'était formidable.
Puis‑je vous demander tout d'abord, madame McMillan, si vous avez des enfants?
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Je souhaite la bienvenue aux témoins.
Madame McMillan, nous nous sommes rencontrées à plusieurs reprises. Je suis très heureuse de voir que vous avez pu vous libérer aujourd'hui. Votre passion est toujours aussi communicative. Vos témoignages sont toujours personnels et ils viennent tout droit du cœur, à notre plus grand bonheur.
Nous nous sommes rencontrées autour de tables rondes sur les façons de rendre les métiers plus attrayants pour les femmes. Nous avons beaucoup discuté du fait que les milieux de travail ne favorisent pas la participation des femmes. Elles ne sont pas encouragées à y travailler. J'ai avez piqué ma curiosité quand vous avez dit que vous aimeriez voir des chiffres sur les personnes qui quittent le domaine des métiers, et que le recrutement est facile, mais qu'il est beaucoup plus difficile de retenir les travailleurs.
Pouvez-vous nous expliquer un peu plus en détail ce qui en est et ce que vous avez observé?
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Oui. Je fais énormément de promotion dans ce milieu et, selon ce que je vois, ce n'est pas vraiment difficile de susciter l'intérêt pour les métiers spécialisés. Il y a tout de même beaucoup de problèmes dus au fait que les métiers spécialisés ne sont pas perçus comme un choix de carrière valable ou lucratif. Il y a beaucoup d'idées fausses. Les gens ont l'impression que ce n'est pas un bon travail et que c'est terriblement difficile. Pour beaucoup de raisons, c'est difficile de retenir les gens après qu'ils ont commencé à exercer un métier spécialisé.
Une fois que tous les défis et tous les obstacles ont été surmontés et que nous avons réussi à convaincre des gens que c'est un travail lucratif, d'autres problèmes surgissent. C'est un fait que les femmes sont sous-représentées dans ce secteur. Parce que les problèmes concernent tous les humains, pas seulement les femmes… Il faut que les femmes se fassent une carapace et qu'elles aient un bon sens de l'humour pour tenir tête devant cette animosité. Pour ma part, j'aime le défi. Je pense que la réussite est la meilleure revanche. Si quelqu'un me dit que je ne peux pas faire quelque chose, je vais le faire encore mieux…
Des voix: Bravo!
Mme Jamie McMillan: … ou je vais certainement essayer. Quel que soit le résultat, il m'arrive de rencontrer des personnes qui ont des personnalités vraiment difficiles. Une fois que j'ai fait mes preuves, ces personnes me serrent la main et me disent que j'ai fait mes preuves comme femme dans les métiers spécialisés. Je me fais un plaisir de leur répliquer que je ne m'identifie pas comme une femme dans les métiers spécialisés quand je suis sur un chantier. Je m'identifie comme monteuse de charpentes métalliques, comme soudeuse, comme chaudronnière, bref comme une professionnelle dans le domaine des métiers spécialisés. C'est de cette façon que je préfère m'identifier.
Il faut changer la culture du travail. Il faut régler les problèmes d'immaturité et de dysrégulation émotionnelles qui imprègnent cette culture. Je pense qu'il faut vraiment encourager les gens à assumer la responsabilité de leurs actes en milieu de travail. Nous devons réfléchir à des solutions. Si nous voulons créer une culture qui favorise la diversité et l'inclusivité en milieu de travail, il faut que tout le monde participe à la discussion. Nous devons faire en sorte que les hommes deviennent des alliés et qu'ils participent à la discussion. On peut même leur laisser croire que l'idée vient d'eux si c'est préférable.
Des voix: Oh, oh!
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Je faisais allusion à un programme que la Fondation canadienne des femmes gère depuis 2019, le Programme de préparation à l'investissement. Plusieurs programmes de préparation à l'investissement sont offerts à l'échelle du pays grâce au financement d'Emploi et Développement social Canada. Notre Programme de préparation à l'investissement vise à aider des femmes et des personnes de diverses identités de genre à intégrer l'écosystème de l'innovation sociale. Elles exploitent des entreprises à vocation sociale. Nous leur fournissons du soutien à la préparation en vue de l'accès au Fonds de finance sociale du gouvernement fédéral.
Depuis 2019, nous avons collaboré avec 90 entreprises sociales toutes plus remarquables les unes que les autres. Leurs réalisations sont incroyables. Elles mettent l'accent sur les résultats liés au bien commun et à l'équité entre les genres comme moyens de bâtir une économie plus inclusive. Elles font tomber des obstacles courants à l'entrepreneuriat, comme les difficultés d'accès au financement et tout ce qui empêche les femmes et les personnes de diverses identités de genre de bâtir des entreprises et d'en assurer la survie ainsi que la croissance. Nous les aidons à trouver leur place dans l'écosystème de l'innovation sociale.
C'est un programme très efficace. Nous leur offrons du soutien pour l'établissement de plans d'affaires et de stratégies de marketing. Nous les aidons aussi à comprendre comment avoir accès au financement, ce qui peut être assez compliqué, notamment pour les entrepreneures noires, autochtones et racisées.
Ce programme a beaucoup de succès. Comme je l'ai dit, le financement tire à sa fin et nous ne pourrons plus soutenir ces entreprises sociales. Nous espérons que le Programme de préparation à l'investissement d'Emploi et Développement social Canada sera renouvelé. Pour l'instant, c'est incertain, mais nous craignons de ne plus pouvoir offrir de soutien à ces organisations.
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Merci beaucoup, madame Campbell.
Je vois qu'il me reste une minute, madame la présidente.
Ma prochaine question s'adresse à vous, madame McMillan. Ce que vous avez dit touche particulièrement les femmes dont le métier est non traditionnel ou spécialisé.
Au Québec, nous avons une belle campagne qui m'a sensibilisée comme jeune femme à m'ouvrir à d'autres perspectives d'emplois. En fait, il s'agit d'un concours qui s'appelle « Chapeau, les filles! ». Ce concours a eu beaucoup d'effets pour les femmes, qu'il a encouragées à se diriger vers des métiers non traditionnels ou des métiers spécialisés.
Évidemment, cette question relève davantage du domaine de l'éducation, donc des provinces. Toutefois, quel rôle pourrait jouer le gouvernement fédéral pour sensibiliser les femmes et les encourager à faire preuve d'ouverture envers les métiers qui sortent parfois du modèle traditionnel de l'emploi chez les femmes?
Je suis tout à fait d'accord avec vous, et je veux qu'il soit inscrit au compte rendu que j'appuie sans réserve les droits des personnes trans en tant que droits de la personne.
Je vais me tourner vers vous, madame Morrison. Vous avez évoqué le sujet des garderies. Hier, à la Chambre, j'ai affirmé que si nous voulons mettre en place une stratégie globale et efficace en matière de garde d'enfants, il faudra appuyer et garantir des transferts gouvernementaux qui assureront aux éducateurs de la petite enfance des salaires et des régimes d'avantages sociaux et de retraite décents. J'ai moi-même été éducatrice de la petite enfance et j'ai décidé que je ne voulais pas passer le reste de ma vie à gagner le salaire minimum. J'ai donc quitté mon emploi et je suis devenue enseignante pour avoir droit à des avantages sociaux et à des congés, même si j'adore les tout-petits.
Convenez-vous avec moi qu'un des principaux obstacles à l'offre de places en garderie à 10 $ par jour est l'absence de mesures incitatives qui permettront aux éducateurs de la petite enfance de vivre dans la dignité?
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Merci, madame la présidente.
Je suis heureuse de vous revoir, madame Campbell.
Madame McMillan, je vous remercie énormément de nous avoir parlé de votre parcours avec autant de franchise. C'est important que de plus en plus de gens réalisent qu'il est possible de surmonter les incapacités et les difficultés si on met l'énergie nécessaire. Vous en êtes la preuve vivante.
Je me rappelle qu'au premier cycle du secondaire, nous avions un programme d'économie domestique et un programme d'arts industriels. Au milieu de l'année, nous changions de programme. Les filles passaient du programme d'économie domestique au programme d'arts industriels, et vice versa pour les garçons. Nous apprenions les bases et les garçons en faisaient autant. Soyons honnêtes. Une fois qu'on déménage pour aller à l'université, on doit apprendre à cuisiner.
Une des choses intéressantes était qu'à la fin du semestre — nous étions en huitième année, et donc encore assez jeunes —, on nous donnait un projet à faire. À la fin de l'année, nous étions notés pour déterminer qui avait présenté le meilleur projet. Le prix — c'était une horloge ou quelque chose du genre, j'ai oublié — a été remporté par une fille. Elle a été meilleure que les garçons et elle a gagné le concours. Le plus intéressant est que c'est un garçon qui a remporté le concours de cuisine. C'était un choc pour nous.
Comment la société peut-elle mettre fin à cette stigmatisation? Je vais être franche avec vous. Mon frère et moi cuisinons beaucoup ensemble, et il est bien meilleur que moi. Que faut‑il faire pour changer les choses? Je ne crois pas que les provinces ont rétabli l'ancien système. Apparemment, il faut aller de l'avant. Je suis d'accord, mais c'est quand même quelque chose qui fonctionnait bien à l'époque.
Recommanderiez-vous aux provinces de rétablir ce programme pour encourager non seulement les filles, mais les garçons aussi?
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C'est une question complexe. Je peux dire beaucoup de choses sur le sujet, et j'essaie de réfléchir à la façon de l'aborder.
Les syndicats et les universités ont deux voies différentes. Lorsqu'une personne fait des études postsecondaires, elle paie pour ses études, généralement d'avance, et elle acquiert son expérience par la suite, de sorte qu'elle cherche un employeur pour la parrainer dans son apprentissage à sa sortie de l'université. Je pense toujours que l'université est une bonne voie pour les personnes qui ont un penchant pour les études. Elle les aidera à apprendre et à gravir rapidement les échelons de l'entreprise, et c'est une bonne façon d'aborder la question.
Pour quelqu'un qui entreprend directement un apprentissage syndiqué à la sortie de l'école, la théorie n'est pas aussi importante, mais la pratique est au rendez-vous. C'est là que l'on trouve beaucoup de gens comme moi dans les métiers spécialisés, des gens qui apprennent par la pratique. L'action d'étudier nous est difficile. Ce sont ces personnes que vous voudriez probablement recruter et reconnaître comme étant de bonnes candidates pour les filières d'apprentissage des métiers spécialisés.
Pour les femmes, ou pour tout autre groupe sous-représenté, il est essentiel de promouvoir davantage ces filières et de faire comprendre aux gens la différence entre la filière universitaire et la filière syndicale.
À mon avis, il est important que nous nous entendions tous et que nous comprenions que c'est un choix personnel et que les gens ont le droit de choisir ce qu'ils veulent faire. Que nous voulions aller à l'université ou travailler en milieu syndiqué ou non, nous avons tous le droit d'entreprendre une carrière qui nous rend heureux et de la mener comme nous le voulons.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Madame Morrison, je vais revenir à ce qui m'a touchée dans votre présentation. Vous avez parlé d'une tendance inquiétante, soit la diminution du nombre de postes d'influence occupés par des femmes.
À ce sujet, vous avez dit que l'épuisement professionnel, mais aussi la charge mentale, étaient des facteurs pouvant contribuer à la baisse du nombre de femmes sur le marché du travail.
Quelles mesures pourrait prendre le gouvernement fédéral pour faciliter l'allégement de cette charge mentale chez les femmes? Je pense ici à une journée pour le travail invisible, par exemple. Comment peut-on se donner des mesures, collectivement, pour mieux reconnaître le travail invisible? Comment cela pourrait-il avoir un effet sur le nombre de femmes occupant des postes d'influence?
Merci aux merveilleuses témoins d'aujourd'hui. J'ai beaucoup aimé cette réunion.
J'aimerais revenir sur les environnements inclusifs et le sentiment d'appartenance des femmes. Je constate une tendance très inquiétante dans le pays. Il y a une attaque directe contre l'autonomie corporelle, qu'il s'agisse des droits reproductifs ou de la diversité de genres, qui est filtrée en temps réel à la Chambre des communes.
Je m'inquiète du fait que cela pourrait nous faire reculer dans le soutien aux environnements de travail inclusifs et aux choses pour lesquelles les femmes — ma mère et les personnes de diverses identités de genre — se sont certainement battues.
Que devons-nous faire en tant que parlementaires — vous avez parlé de modèle — dans notre propre environnement de travail pour soutenir des environnements de travail inclusifs sur le terrain?
Je pose la question à Caitlin Morrison. Merci.
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Bien sûr. C'est une excellente question.
Je pense que souvent, lorsque nous voyons un élan de changement sociétal bénéfique, lorsque nous voyons un mouvement vers des initiatives d'EDI comme nous l'avons vu en 2020 et les années subséquentes, il peut parfois y avoir un ressac, une sorte de mouvement qui défait ce qui a été fait. Je pense que c'est ce que nous constatons à bien des égards dans les conversations sur l'EDI et l'efficacité de l'EDI.
Mme Leah Gazan: Qu'est‑ce que l'EDI?
Mme Caitlin Morrison: Je suis désolée. Ce sont les initiatives d'équité, de diversité et d'inclusion.
En tant qu'organisation, nous constatons que ces initiatives fonctionnent. Plutôt que de se retirer de ces initiatives, de parler de leurs échecs et de diaboliser toutes les personnes qui en ont bénéficié, nous pensons que le moment est venu d'évaluer ce qui a été fait correctement là où l'inclusion a été bien établie dans les organisations, au gouvernement et dans le secteur privé, et d'améliorer ce que nous faisons — de doubler la mise sur l'équité, la diversité et l'inclusion, si vous voulez, et d'améliorer sa capacité à faire du Canada un pays plus inclusif.
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Nous passons maintenant à notre deuxième groupe de témoins.
Je souhaite la bienvenue à Catherine Miller, mairesse du canton de Pelée qui se joint à nous par vidéoconférence. Nous accueillons également par vidéoconférence Andrea Hannen, directrice générale de l'Association of Day Care Operators of Ontario, et Peter Maddox, président de l'Association canadienne de ventes directes du Canada.
Vous disposez chacune de cinq minutes pour votre déclaration liminaire. Lorsque vous voyez ma main s'agiter ainsi, cela signifie qu'il est temps de conclure.
Nous allons commencer par Catherine Miller. Vous avez cinq minutes, madame Miller.
Allez‑y, je vous en prie.
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Merci, madame la présidente, et merci aux membres du Comité de me donner l'occasion de m'adresser à vous aujourd'hui.
Je vais présenter un point de vue un peu différent aujourd'hui, je pense. Je viens de la neuvième plus petite municipalité de l'Ontario, le canton de Pelée. J'ai l'honneur d'être la première mairesse du canton, aux côtés d'un conseil majoritairement féminin, soutenu par une équipe de direction entièrement féminine.
Notre petite collectivité insulaire isolée est voisine du comté d'Essex, qui est dirigé pour la première fois par une femme. Les services de police provinciaux de la région ouest sont dirigés par une femme. Le réseau de soins de santé qui soutient notre île est dirigé par une femme. Une femme, qui se trouve à être capitaine, est à la tête de la société d'État qui fournit des services de traversier à notre île. Le seul magasin général et la seule station-service de notre île sont tenus par des femmes. La plus grande exploitation agricole et vinicole privée de notre île, et en fait de tout le Canada, est dirigée par une femme.
La présence de femmes aux postes de direction n'est qu'un premier pas. Imaginez le paysage si c'était le cas pour les 100 prochaines années, ou si c'était le cas pour les 100 dernières. Lorsque les femmes se sentent soutenues, en bonne santé et capables, elles peuvent cesser de se préoccuper de leur sécurité ou de se battre pour se faire entendre, et faire avancer la création d'environnements prospères pour nous tous.
Les femmes de notre île et celles qui la soutiennent n'ont pas peur du travail. Elles travaillent dur dans leurs tâches quotidiennes. Dans notre municipalité rurale, ce sont généralement elles qui s'occupent des soins à domicile. En l'absence de services de garderie, d'aide aux personnes âgées ou de personnel soignant sur l'île, de nombreuses femmes de l'île Pelée rentrent chez elles à la fin de la journée et s'occupent de leur famille et de leurs voisins, jeunes et vieux. Les femmes de ma collectivité ne contribuent pas seulement à l'économie; elles sont l'épine dorsale des soins dans la collectivité. Mais elles ont besoin d'aide.
Je me dois de rendre hommage à certaines amies et voisines qui recueillent des fonds sur notre île à l'occasion de la marche annuelle « Hell on Heels » qui a lieu à la mi‑octobre. Une vingtaine d'entre nous marchent en talons hauts — pour la plupart d'entre nous, c'est l'unique fois dans l'année où nous portons des talons hauts — le long d'une route battue par les intempéries, la fin de semaine précédant la chasse au faisan annuelle d'automne de l'île Pelée. La fin de semaine précédant une tradition fraternelle très appréciée, qui en est à sa 93e année, a été choisie pour une raison bien précise.
En 2021, nous avons recueilli des fonds pour fournir gratuitement des produits hygiéniques dans toutes les toilettes publiques. En 2022, nous avons recueilli des fonds pour organiser des ateliers et des services de santé mentale sur l'île. En 2023, nous avons recueilli des fonds pour créer un fonds pour l'eau potable afin d'aider les familles de l'île à compenser le coût très élevé de l'acheminement d'eau potable à leurs foyers. Ces questions socioéconomiques ont été choisies pour sensibiliser à certains des filets de sécurité en matière de bien-être qui font défaut et pour sensibiliser nos collectivités voisines et certains de nos propriétaires de résidences secondaires bien dotés sur l'île, qui pourraient être en mesure d'apporter leur aide.
Par ailleurs, notre conseil a porté son attention sur les politiques qui soutiennent les familles et le bien-être. Je suis heureuse que notre conseil ait soutenu une politique clé en matière de congés familiaux et ait adopté une politique de lutte contre le harcèlement destinée à protéger notre personnel contre le harcèlement et l'intimidation qui semblent se multiplier.
En outre, en partenariat avec le Programme d'amélioration de la connectivité en Ontario, ou PACO, et le Fonds pour la large bande universelle, le conseil soutient l'administration dans la mise en place d'un câble sous-marin qui reliera l'île Pelée aux services Internet à large bande d'ici 2025, libérant ainsi plus de potentiel, de commodité et de soutien pour les femmes de l'île Pelée, de nouvelles façons que nous sommes tous impatients de voir se concrétiser.
Si les femmes de ma collectivité ne peuvent pas trouver de garderie, ne peuvent pas inscrire leurs enfants à l'école près de chez elles, ne peuvent pas trouver d'aide pour leurs parents âgés, ne se sentent pas à l'abri d'un partenaire ou d'un voisin violent et ne peuvent pas consulter un médecin sans devoir aller passer une journée entière sur le continent, leur émancipation économique n'est pas possible; elle est hors de portée. Je suis ici pour souligner que l'éducation primaire, les soins aux personnes âgées, les soins de santé, les garderies et le maintien de l'ordre sont des questions d'égalité économique pour les femmes. Le canton de Pelée n'a qu'un accès limité, voire inexistant, à de nombreux organismes de soutien des femmes. Il n'y a pas de programmes de mentorat. Il n'y a pas de programmes de formation professionnelle. Il n'y a même pas une banque sur notre île. Il n'y a pas de refuges pour femmes ni de groupes de réseautage.
Si ces organismes ne sont pas mandatés et financés pour soutenir notre collectivité, ils ne pourront pas le faire et ne le feront pas. L'autonomisation économique des femmes n'est pas une question purement financière dans ma collectivité. Les femmes de l'île Pelée ont besoin d'être soutenues là où elles vivent afin de s'épanouir et d'aller au‑delà des rôles traditionnels du travail à la maison.
Les femmes de l'île s'entraident. Elles apportent des repas aux personnes âgées. Elles hébergent les enfants de leurs voisins lorsqu'ils sont à l'école secondaire. Elles surveillent les enfants sur le traversier si leurs parents ne peuvent pas les accompagner. Elles font du bénévolat, elles rendent la pareille et elles ne cessent d'avancer. Je suis fière d'essayer d'être utile ici aussi aujourd'hui, d'être leur voix.
Je vous remercie de m'avoir invitée.
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Bonjour. Merci de m'avoir invitée, et merci d'avoir un comité aussi charmant, constructif et convivial.
Je travaille pour l'Association of Day Care Operators of Ontario, qui représente des programmes de garderie indépendants et agréés, qu'ils soient commerciaux ou à but non lucratif. Je travaille avec des organisations de garde d'enfants depuis 1993, et l'aspect de l'autonomisation économique des femmes que je connais le mieux est donc la garde d'enfants et, plus particulièrement, l'entrepreneuriat dans ce domaine.
C'est au détriment de toutes les femmes que la nationalisation du secteur canadien de garderies menace d'extinction les exploitantes de garderies. Je suis ici aujourd'hui pour vous demander de m'aider à faire en sorte que les exploitantes de garderies aient un avenir au Canada pour les générations à venir.
Cela est important pour un certain nombre de raisons. La grande majorité des garderies sont exploitées par des femmes; les garderies sont l'un des seuls secteurs de l'économie où les femmes ont toujours été équitablement représentées en tant que propriétaires et gestionnaires; et les exploitantes de garderies fournissent non seulement un service vital aux familles, mais elles servent également de modèle et de mentor pour d'autres femmes et pour les enfants dont elles ont la charge.
Permettez-moi de vous parler un peu des entrepreneures qui sont des exploitantes de garderies.
Elles ne dirigent pas toutes des garderies agréées. Nombre d'entre elles commencent par travailler à domicile, sans être agréées, et elles sont souvent à la maison avec leurs propres enfants en bas âge. Certaines possèdent déjà un diplôme en éducation de la petite enfance, d'autres l'obtiennent plus tard.
Deuxièmement, les exploitantes de garderies se lancent rarement dans les affaires dans le but de gagner beaucoup d'argent. Ce n'est pas surprenant, car que ce soit une garderie agréée ou une microentreprise à domicile, s'occuper d'enfants demande énormément de travail.
Souvent, la principale motivation des exploitantes de garderies est d'offrir le genre de services qu'elles auraient aimé trouver pour leurs propres enfants. Beaucoup d'entre elles disent également avoir eu un déclic en constatant les difficultés qu'ont les grandes structures d'accueil à aider les enfants en difficulté. Elles se sont alors dit qu'il devait y avoir une meilleure solution.
Toutes les exploitantes de garderies ne se lancent pas dans la création d'une société: certaines créent des organisations indépendantes à but non lucratif. Il peut s'agir d'un groupe de parents issus d'une collectivité religieuse, culturelle ou linguistique qui souhaitent que l'éducation de leurs enfants pendant la petite enfance renforce certaines traditions.
Ma dernière remarque sur les exploitantes de garderies est qu'elles ont non seulement jeté les bases sur lesquelles repose la quasi-totalité des services de garde d'enfants existants au Canada, mais qu'elles continuent à montrer la voie sur le plan de l'innovation et de la souplesse. Elles ne cherchent pas à créer un système national. Elles s'attachent simplement à répondre à un éventail de besoins familiaux en constante évolution, jour après jour.
À l'heure actuelle, la question que se posent de nombreuses exploitantes de garderies canadiennes est de savoir si elles ont leur place dans le programme national de garderies du Canada ou si elles ont un avenir dans le secteur de la garde d'enfants tout simplement.
Elles sont heureuses de voir que le gouvernement reconnaît le rôle important que jouent les garderies dans l'égalité des chances des femmes sur le marché du travail, et elles sont heureuses de voir qu'il s'engage à fournir un financement constant aux familles qui, autrement, auraient du mal à payer les services de garde, mais les exploitantes de garderies du Canada ont passé la majeure partie des trois dernières années à entendre leur gouvernement accorder à leur travail de toute une vie si peu de valeur qu'il veut limiter l'expansion de leurs services.
Le projet de loi l'a exprimé, bien que dans un langage plus doux, mais la plupart des accords entre le gouvernement fédéral et les provinces et les territoires le précisent très clairement. En outre, le rapport déposé par le comité sénatorial qui a examiné le projet de loi C‑35 termine en recommandant au gouvernement de « se concentr[er] sur le financement de la création d'un système public d'éducation préscolaire et de garde d'enfants de haute qualité ».
En résumé, nous avons un secteur de l'économie qui a été créé en grande partie par des femmes. Il est essentiel à l'égalité des femmes sur le marché du travail. C'est l'un des seuls secteurs économiques du pays où les femmes sont équitablement représentées en tant que propriétaires et gestionnaires, et il est non seulement sous-évalué par le gouvernement, mais voué à être remplacé par un système géré par l'État.
Les exploitantes de garderies savent par expérience à quel point ce nouveau système sera coûteux et lent à mettre en place, qu'il faudra augmenter les impôts pour le maintenir et qu'il n'y a aucune garantie d'un meilleur résultat. Au Québec, 25 ans plus tard, la province est toujours aux prises avec des listes d'attente, ainsi que des problèmes de personnel et de qualité, ce qui est prétendu être la raison pour laquelle il faut arrêter la croissance des garderies privées agréées au Canada. Pendant ce temps, la demande de services de garderie monte en flèche dans tout le pays.
Je m'adresse à vous aujourd'hui en toute sincérité et avec respect pour vous dire qu'il doit y avoir un meilleur moyen, et je demande au Comité de nous aider à le trouver.
Merci.
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Je m'appelle Peter Maddox, et je suis le président de l'Association de ventes directes du Canada.
Je remercie la présidente et les membres du Comité de m'offrir l'occasion de m'exprimer aujourd'hui.
L'AVD du Canada est une association nationale fondée en 1954. Nous comptons plus de 65 membres à travers le Canada, dont des marques connues et respectées comme Cosmétiques Mary Kay, les batteries de cuisine Pampered Chef, les cosmétiques Avon et les couteaux Cutco.
Chaque année, la vente directe représente environ 3,4 milliards de dollars de ventes au détail au Canada, génère 1,4 milliard de dollars de recettes fiscales et permet à plus d'un million de Canadiens qui participent en tant que conseillers aux ventes indépendants, dont 84 % sont des femmes, de gagner 1,5 milliard de dollars de revenus personnels
De même, bon nombre de nos entreprises membres ont des femmes fortes à la tête de leur équipe de direction au Canada. Depuis plusieurs dizaines d'années, la vente directe a autonomisé les femmes en leur offrant une formation en commerce et des possibilités d'acquérir de nouvelles compétences et de devenir indépendantes.
Tout d'abord, comme introduction à l'entrepreneuriat et à la propriété d'une entreprise, la vente directe est une voie inclusive qui permet à tous les Canadiens d'acquérir d'importantes compétences transférables dans le milieu des affaires et au quotidien, notamment en matière de vente et de marketing, de leadership, de réseautage et de gestion financière. Nos entreprises membres consacrent chaque année des millions de dollars à la formation de femmes pour qu'elles acquièrent des compétences qui leur seront utiles dans leur carrière dans la vente directe et dans leur vie professionnelle en général.
Ensuite, l'éthique et la confiance sont au cœur de tout ce que l'AVD du Canada défend, et chaque année, nos membres et leurs équipes de vente apprennent notre code d'éthique et s'engagent à le respecter.
Enfin, la vente directe aide à bâtir et à entretenir des réseaux sociaux solides, en tissant des liens entre les habitants des collectivités locales, surtout les femmes et les personnes âgées, et se révèle bénéfique pour le bien-être mental et social.
Chaque année, l'AVD du Canada et ses membres célèbrent la « Journée des conseillers en vente directe » pour reconnaître les histoires positives et les personnes inspirantes de notre secteur. J'aimerais saluer brièvement deux lauréates de l'année dernière.
Wendy Castillo Varela, de MONAT Global, est une mère célibataire qui a immigré au Canada et dont la langue maternelle est l'espagnol. Elle a lancé avec succès une entreprise de construction, mais lorsque la COVID a frappé, elle a été contrainte de rester chez elle avec un revenu limité. Lorsqu'elle a découvert les produits MONAT, elle a obtenu beaucoup de succès en les faisant connaître à sa communauté hispanophone. En 2023, elle a remporté le prix de la conseillère en vente directe de l'année de l'AVD du Canada.
Camilla Eves, d'Arbonne Canada, est une actrice qui a commencé sa carrière dans la vente directe il y a 15 ans pour traverser les périodes creuses. Elle n'a pas tardé à tomber amoureuse de la vente directe et à aider les autres à réaliser leur potentiel. En 2023, Camilla a reçu notre prix de distinction pour l'ensemble de sa carrière.
J'espère que ces deux histoires vous donnent un aperçu de l'autonomisation que notre secteur peut créer.
Afin d'aider les femmes à surmonter les obstacles et à s'autonomiser grâce au commerce, l'AVD du Canada soumet les recommandations suivantes au Comité.
Premièrement, nous demandons au gouvernement de continuer à soutenir le statut d'entrepreneure indépendante. Nos conseillères sont considérées comme des entrepreneures indépendantes et ont la liberté de consacrer des niveaux variables de temps et d'effort à ce rôle. Il est important que les discussions sur la politique publique relative à l'économie à la demande et à la réalité changeante des travailleurs canadiens tiennent compte de l'effet que toute modification législative ou réglementaire pourrait avoir sur les véritables possibilités de travail indépendant.
Deuxièmement, l'accès à l'Internet haute vitesse est crucial. Sans un accès universel aux technologies de communication à haute vitesse, les entreprises de vente directe et d'autres possibilités d'entrepreneuriat pour les femmes sont compromises. Cela se répercute sur la santé économique générale des collectivités canadiennes. Le gouvernement doit continuer à investir dans cet outil qui démocratise les possibilités. Nous saluons les efforts en cours, mais il faut maintenant plus d'argent et de détermination pour connecter rapidement les Canadiens.
Troisièmement, la réglementation fédérale ne doit pas entraver la capacité des entrepreneurs à fonctionner avec succès. Par exemple, Santé Canada propose actuellement d'imposer des frais importants sur les produits de santé naturels du type de ceux vendus par un grand nombre de nos entreprises membres. Non seulement ces frais semblent excessifs, mais ils réduiront probablement la gamme des produits commercialisés au Canada, ce qui réduira le choix des consommateurs et les possibilités d'entrepreneuriat pour les femmes canadiennes.
Alors que le gouvernement s'efforce d'autonomiser les femmes et de stimuler l'activité économique, il doit tenir compte de l'effet des frais et de la bureaucratie sur les possibilités et la participation.
Le secteur de la vente directe joue un rôle important, mais souvent méconnu dans la croissance de l'économie canadienne et la réussite des femmes. Nous nous réjouissons de continuer à travailler avec le gouvernement fédéral afin d'assurer la poursuite de cette relation mutuellement bénéfique.
Je vous remercie de votre attention, et je serai heureux de répondre à vos questions.
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Merci, madame la présidente.
Merci à nos témoins. Vos témoignages sont très révélateurs alors que nous étudions l'autonomisation économique des femmes au sein du Comité permanent de la condition féminine.
Ma première question s'adresse à Mme Hannen.
Votre témoignage sur les services de garde est très judicieux et constructif. Vous n'avez pas mâché vos mots en disant que la nationalisation du secteur de la garde d'enfants au Canada menace d'extinction les entrepreneurs en services de garde. C'est une affirmation assez marquante, et ces derniers mois, nous avons vu dans les journaux des titres effrayants sur les conséquences de l'échec du programme.
Pour commencer, je vous pose la question suivante: en quoi le programme libéral de garde d'enfants nuit‑il à l'autonomisation économique des femmes?
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J'aurais quelques points à soulever.
Tout d'abord, de nombreuses garderies agréées sont détenues et gérées par des femmes. La façon dont le programme a été mis en œuvre... Cela s'est fait avec peu de consultations et sans tenir compte du fait qu'il y a toutes ces petites entreprises. De plus, en Ontario en tout cas, une limite stricte s'applique à l'expansion des services de garde qui appartiennent à des propriétaires indépendants en tant qu'entreprises agréées. Par conséquent, même si vous souhaitez prendre de l'expansion, il se peut que cela vous soit impossible.
En ce qui concerne la création d'entreprises, beaucoup de nouveaux programmes en Ontario ne sont pas en mesure de rejoindre le système national parce qu'ils doivent prouver qu'ils sont financièrement viables. S'il s'agit d'un nouveau programme, comment prouver qu'il est financièrement viable?
Il y a tellement d'obstacles à la participation des femmes. La manière dont le système a été mis en place n'offre pas vraiment de possibilités d'entrepreneuriat. Le programme ne comporte pas de voie d'accès ou de sortie. C'est tout ou rien. C'est un véritable défi.
Si vous disposez de ces données, pouvez-vous nous dire quel serait l'impact économique pour le Canada si nous éliminions progressivement ces entrepreneures?
Nous avons vu hier, dans le Financial Post, je crois, que le Canada a l'un des taux d'insolvabilité des petites entreprises les plus élevés au monde. Il a augmenté de 34 %. Les petites entreprises de ma collectivité tombent littéralement comme des mouches. Elles ne peuvent pas survivre et s'effondrent.
Qu'est‑ce que cela signifie pour notre pays, notre PIB et notre économie lorsque les entreprises détenues par des femmes...? Cela rejoint ce que notre autre témoin, M. Maddox, disait à propos des conseillers en vente directe. Qu'est‑ce que cela signifie?
L'un ou l'autre d'entre vous dispose‑t‑il de ces données, si vous souhaitez intervenir? Sinon, pourriez-vous nous les transmettre?
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Merci, madame la présidente.
Je remercie les témoins de leurs témoignages. Ceux-ci vont permettre d'enrichir les connaissances du Comité.
Ma première question s'adresse à Mme Miller, mairesse du Canton de Pelee.
Au cours de ses études, le Comité se penche, entre autres, sur l'aspect économique. Par le passé, nous avons aussi mené des études sur la participation des femmes à la vie politique. Selon vous, que pourrait faire le gouvernement fédéral pour encourager plus de femmes à se lancer en politique? Il y a aussi un côté rural.
Je veux aussi vous féliciter pour votre élection, en 2022. Dans plusieurs articles parus dans les journaux, on mentionnait que beaucoup de femmes avaient délaissé la politique municipale lors des dernières élections provinciales tenues en Ontario, notamment à cause de l'environnement toxique.
J'aimerais que vous nous fassiez part de vos recommandations pour encourager plus de femmes à se lancer en politique.
Je dirai d'emblée que j'ai pu me présenter à la mairie de cette petite municipalité parce que je n'ai pas à prendre soin d'enfants chez moi, sur l'île Pelée, et je n'ai pas de parents dont je dois prendre soin. Je peux donc y consacrer tout mon temps.
Vous avez demandé ce que le gouvernement fédéral pourrait faire pour encourager davantage de femmes à se lancer en politique, que ce soit en milieu rural ou dans les grandes villes. Ma réponse est largement anecdotique et elle est simplement fondée sur mes observations. Je peux vous dire que les attaques extrêmement partisanes ou personnelles qui peuvent commencer à l'échelle fédérale et se produire dans la grande politique finissent par atteindre la petite politique. Les choses que les gens voient dans les gros titres, des propos agressifs ou toxiques, ou qui n'ont aucun lien avec les enjeux, ont tendance à se répercuter et à toucher les femmes de différentes manières. Les attaques personnelles que les gens voient dans les nouvelles et les gros titres concernant leurs députés fédéraux ou provinciaux finissent par être reprises par les citoyens locaux à l'endroit des élus municipaux dans notre petit milieu.
Nous ne sommes pas à l'abri. Les femmes de ma municipalité ont dû faire face à des propos diffamatoires et à de l'intimidation de la part de membres du public, tout comme certains de nos employés, et c'est la raison pour laquelle nous avons établi ces politiques. D'une manière générale, il est extrêmement important de montrer l'exemple à cet égard, car cela se répercute sur les femmes des municipalités rurales.
Je vais maintenant m'adresser à Mme Andrea Hannen, de l'Association of Day Care Operators of Ontario.
Vous avez fait référence au fait qu'il y avait d'importants problèmes en lien avec le programme du Québec, programme duquel le fédéral s'est inspiré. J'aimerais rappeler que, au Québec, le taux de participation des femmes au marché du travail est très élevé comparativement à celui du reste du Canada. Bien sûr, certaines choses pourraient être améliorées, mais bien des gens trouvent que le programme du Québec est un succès.
Pour ce qui est du programme fédéral, le taux de participation est plus élevé et se situe au-dessus de 2,4 %. De plus en plus de femmes sont sur le marché du travail et le programme a été mis en place il y a quelques années seulement. On prévoit que le taux de participation des femmes s'élèvera à près de 86 ou 87 %, en 2027. Il faut donc tenir compte de plusieurs éléments.
Je comprends qu'il faut tenir compte du secteur privé. Tantôt, nous avons entendu les représentantes de la Fondation canadienne des femmes et de Projet Prospérité parler de la qualité des services ainsi que du salaire qui doit être donné aux femmes et aux hommes qui prennent soin des enfants.
Selon vous, pourquoi devrait-il y avoir seulement un système d'entrepreneurs privés au lieu d'un système public? Je vous laisse l'occasion de nous expliquer, encore une fois, la différence entre les deux. Je précise que plusieurs données démontrent que nous sommes sur la bonne voie.
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Merci, madame la présidente.
Je tiens d'abord à remercier les témoins de leur participation à cette étude importante.
En ce qui concerne la dernière question de M. Serré, les effets positifs d'un programme de services de garde ne sont plus à démontrer. Ce n'est pas seulement moi qui le dis, mais aussi des économistes au Québec. Je pense à Luc Godbout, de l'Université de Sherbrooke, qui a prouvé qu'on avait besoin de cela pour permettre aux femmes de retourner sur le marché du travail. Je ne poserai donc pas de question à ce sujet.
Je vais poursuivre dans la même veine que M. Serré. Au Québec, les chiffres ne sont pas très encourageants. Depuis 2021, 741 élus municipaux ont démissionné.
Madame la mairesse, vous comprenez qu'on mène une étude sur l'autonomisation économique des femmes. Pour moi, encourager les femmes à choisir des métiers non traditionnels, comme la politique, qui est encore un clan masculin, fait partie des moyens d'avoir l'autonomisation économique des femmes. Celles-ci doivent pouvoir pratiquer les métiers qu'elles veulent faire. Or, en ce moment, c'est plutôt décourageant. Certes, ces 741 élus ne sont pas tous des femmes. Je ne veux pas généraliser. Dans ma circonscription, un des élus municipaux masculins m'a dit que l'intimidation était un facteur qui avait contribué à sa démission comme maire. Toutefois, des femmes aussi ont nommé l'intimidation et le harcèlement comme des raisons de leur démission.
Madame la mairesse, mon collègue vous a demandé quels moyens on pourrait prendre pour diminuer le nombre de ces démissions. Pour ma part, j'aimerais vous amener vers une piste de solution, mais vous pouvez en donner d'autres: comment peut-on contrer les commentaires haineux en ligne?
À mon avis, tant qu'on ne s'attaquera pas à ces violences, on contribuera à décourager les femmes d'entrer en politique, parce qu'elles ne voudront pas s'exposer à cette violence en politique.
Je suis une femme en politique, et je suis de la « génération sandwich ». J'ai une fille de deux ans que je ne veux pas exposer à des commentaires haineux. Éventuellement, j'aurai aussi à prendre soin de parents vieillissants. Tout cela impose une charge mentale.
Comment cela peut-il contribuer à réduire la participation des femmes en politique ou leur accès à des postes importants? Tout à l'heure, on parlait de la diminution de la proportion de femmes occupant des postes en gestion d'entreprise, pour les mêmes raisons.
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Que pouvons-nous faire pour lutter contre l'intimidation ou la haine que nous voyons dans les médias sociaux ou en ligne à l'endroit des élus, en particulier des femmes? Je peux vous dire qu'au cours de mon mandat, une conseillère de municipalité m'a dit à quel point elle était surprise du degré d'exposition qu'elle avait reçu. Une conseillère d'une municipalité voisine a été la cible d'intimidation parce qu'elle voulait revoir un certain règlement et que cela soulevait des questions concernant le contrôle des armes à feu.
Je le répète, je pense que le point de départ est d'avoir des femmes dans des postes de direction, car nous nous soutenons les unes les autres, mais pour ce qui est de combattre la négativité dans les médias sociaux, tout ce que je peux vous dire, c'est ce que nous avons fait dans notre petite municipalité, à savoir l'ignorer. C'est très difficile. C'est injuste. En tant qu'élus, nous sommes tenus de respecter un code de conduite dans nos relations avec le public sous ce rapport. Si l'on choisit de se défendre ou d'essayer de remettre les pendules à l'heure, cela semble provoquer un déluge d'attaques. Je suis sûre que certains élus à l'échelle provinciale et fédérale sont confrontés à ce type de négativité et de violence en ligne, voire à des propos diffamatoires de la part d'autres députés.
En ce qui me concerne, je pense qu'une politique ou un mécanisme législatif peut être mis en place. Le public dispose de nombreuses ressources pour dénoncer les mauvaises actions des élus, certes, mais j'ai l'impression qu'en tant qu'élue, j'ai très peu de recours pour contrer les mauvaises actions du public. Des membres du public se sont pointés à ma porte. J'ai dû...
Nous avons instauré ces politiques contre le harcèlement pour une raison, parce que la seule solution que nous pouvions entrevoir à ce problème était d'essayer de signaler légalement que le comportement des gens est inacceptable, mais ces politiques échouent dans les médias sociaux. Votre vie personnelle et votre famille sont exposées d'une manière absolument désagréable.
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C'est parfait. Merci beaucoup.
Mes prochaines questions s'adressent à Mme Miller.
Lorsque vous avez fait votre déclaration, j'ai eu l'impression d'écouter un roman de science-fiction décrivant un monde utopique. L'une des choses que vous avez dites qui m'a frappée — et je suis d'accord avec vous parce que c'est quelque chose avec lequel je me débats en tant qu'élue — c'est que vous avez parlé de donner l'exemple.
Vous savez, ces derniers temps à la Chambre des communes, j'ai pris l'initiative de dénoncer la masculinité toxique, surtout parce que j'estime qu'elle contribue à la normalisation de la violence faite aux femmes, en particulier envers la femme autochtone que je suis. J'estime que j'ai l'obligation morale de mettre fin à la violence et surtout, à la normalisation de la violence faites aux femmes autochtones.
Je me demande si vous pourriez nous faire part de vos réflexions à ce sujet. Vous avez dit que vous voyez beaucoup de choses, même à l'échelle fédérale, qui décourageraient les femmes d'entrer en politique. Pouvez-vous nous en dire plus?
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Merci, madame la présidente.
J'aimerais revenir en arrière, car je pense que c'est au sein de notre comité que nous pourrons peut-être régler certains problèmes. Je pense que nous voulons parler ici de notre étude sur l'autonomisation économique des femmes.
Madame Hannen, vous avez parlé des entrepreneures en services de garde d'enfants et du rôle essentiel qu'elles jouent. Vous avez déclaré publiquement que vous ne parliez pas des mégaentreprises de services de garde, vous parliez de la femme qui dit qu'il devrait y avoir une meilleure façon de prendre soin de son enfant, qu'il devrait y avoir autre chose. C'est l'histoire de tous les entrepreneurs, n'est‑ce pas, le fait qu'ils ont dû résoudre un problème.
Nous ne demandons pas un système purement privé, ce que les conservateurs prétendent parfois. Nous demandons l'équité, afin que ces femmes en particulier jouissent des mêmes chances que les organismes à but non lucratif.
Nous savons que le gouvernement a déclaré, tout comme le Sénat d'ailleurs, qu'il fallait mettre l'accent sur le financement de la création d'un système public d'excellente qualité, de sorte qu'ils ont intentionnellement laissé pour compte ces entrepreneures.
Qu'aurait‑on pu faire différemment pour que le programme national de garde d'enfants fonctionne mieux pour les femmes, à la fois en tant que mères et en tant qu'exploitantes et entrepreneures?
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Madame Hannen, vous avez soulevé aujourd'hui un point qui me semble vraiment essentiel. Je vais vous demander ce que vous en pensez. Ensuite, je soumettrai au Comité une proposition sur laquelle nous pourrions peut-être nous entendre.
Pensez-vous qu'il serait utile que notre Comité entende le président du Conseil national? Cela fait maintenant deux ans que le Conseil est en fonction. Vous avez dit qu'il n'y avait pas eu assez de consultations, mais je suppose qu'il nous serait utile d'entendre directement le Conseil au sujet des réunions qu'il a tenues et de ce qui se passe.
Il y a les articles parus il y a à peine 12 heures sur les parents qui n'ont pas accès à des services de garde d'enfants. Nous sommes le Comité permanent de la condition féminine. Les femmes éprouvent des difficultés. D'après les courriels et les messages que j'ai reçus, elles sont stressées au plus haut point.
Je pense qu'il existe une réelle occasion pour nous d'entendre et de proposer des solutions concrètes à la table de consultation afin de combler ce fossé et d'assurer l'autonomisation économique des femmes.
Pensez-vous qu'il serait utile d'entendre le président national?
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Merci, madame la présidente, je partagerai mon temps avec Mme Vandenbeld.
Ma question s'adresse à Mme Miller.
J'ai beaucoup aimé votre témoignage et j'ai jeté un coup d'œil au canton de Pelée, parce que c'est un endroit où j'envisagerais de m'installer, compte tenu de la description que j'ai entendue.
Je ne représente pas une circonscription rurale, alors quand vous parlez des services de garde d'enfants et que vous dites qu'il n'y a pas d'établissements publics ou privés de garde d'enfants ou de soins aux personnes âgées, je me demande quels sont exactement les obstacles et pourquoi on ne trouve pas de ces établissements dans la collectivité.
Pouvez-vous préciser quels sont précisément les obstacles en jeu? Qu'est‑ce qui vous semble limiter le plus la possibilité que des gens ouvrent une garderie ou de...? Quel est l'obstacle qui vous semble le plus important?
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Je peux parler explicitement du fait que, par exemple, notre équipe de la haute direction est composée de femmes. Actuellement, l'administratrice du canton, appelée DPA dans de nombreuses autres municipalités, est en congé pour raisons familiales. Nous avons communiqué avec toutes les municipalités voisines pour comprendre à quoi pourrait ressembler un congé pour raisons familiales pour une administratrice principale, mais personne n'a pu nous aider. Dans notre région, il n'y a jamais eu de DPA qui soit partie avec un enfant.
Même si elles semblent anodines, ce genre de choses ont une incidence. Lorsque cette personne, dont nous avons grand besoin, souhaitera revenir au travail, nous devrons réfléchir aux types de politiques souples que nous devrons mettre en place pour la soutenir. Nous sommes conscients qu'à notre niveau, ce sont les questions qui se posent, mais elles n'ont jamais été discutées. Le besoin ne s'est jamais fait sentir. Nous n'avons pas accès à ce réseau multigénérationnel de femmes expérimentées à la haute direction sur ces questions qui continuent à se poser. Nous le constatons clairement.
Je dirais que d'autres types de structures sont... En vérité, ce sont les rôles traditionnels des hommes et des femmes que nous connaissons tous, que beaucoup d'entre nous ici présents connaissent, qui posent un problème.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Je remercie encore une fois les trois témoins qui sont parmi nous au cours de cette deuxième heure.
Je vais maintenant me tourner vers M. Maddox.
Dans votre allocution d'ouverture, vous avez parlé de l'incidence des frais liés à la bureaucratie sur les femmes qui possèdent une entreprise de vente directe.
Pourriez-vous nous parler davantage de la flexibilité dans la bureaucratie, plus précisément du manque de flexibilité de certains programmes, qui ne tiennent pas compte de l'entrepreneuriat des femmes, par exemple?
Je pense au compte d'urgence, pour lequel on avait demandé de la flexibilité quant au remboursement. Cela a une incidence sur beaucoup de petites entreprises.
Pourriez-vous me fournir plus de détails sur l'importance d'accroître la flexibilité de certains programmes afin d'aider les femmes à se lancer en affaires?
C'est tout le temps dont nous disposons. Au nom du Comité, j'aimerais vraiment vous remercier tous les trois d'avoir présenté des témoignages aussi fantastiques. Merci beaucoup.
Je rappelle au Comité qu'à partir de jeudi, nous examinerons la deuxième version du rapport de l'étude sur la traite d'humains. Prenez soin d'apporter votre exemplaire du rapport. Il vient d'être mis à jour. Vous devriez l'avoir reçu à votre bureau jeudi.
Si vous ne l'avez pas fait, veillez à envoyer vos suggestions pour l'étude sur l'alerte robe rouge qui aura lieu prochainement. La date limite est fixée au vendredi 16 février pour la liste des témoins dans le cadre de l'étude de l'alerte robe rouge.
Comme il n'y a pas d'autres questions ou observations, la séance est levée.