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Je déclare la séance ouverte.
Bonjour à toutes et à tous. Je vous souhaite la bienvenue à la 38e réunion du Comité permanent de la condition féminine de la Chambre des communes. Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et à la motion adoptée le mardi 1er février, le Comité reprend son étude sur la santé mentale des jeunes femmes et des filles.
La réunion d'aujourd'hui se déroule selon une formule hybride, conformément à l'ordre adopté par la Chambre le 23 juin 2022. Des députés sont présents dans la salle et d'autres participent à distance à l'aide de l'application Zoom.
J'aimerais faire quelques observations à l'intention des témoins et des membres du Comité.
Veuillez attendre que je vous nomme avant de prendre la parole. Si vous participez par vidéoconférence, cliquez sur l'icône du microphone pour activer votre micro. Veuillez le mettre en sourdine lorsque vous ne parlez pas. En ce qui concerne l'interprétation, si vous participez à la réunion par l'application Zoom, vous avez le choix, au bas de votre écran, entre le parquet, l'anglais et le français. Si vous participez en personne, vous pouvez utiliser l'oreillette et sélectionner le canal que vous voulez.
Je vois que nous avons des spécialistes qui participent à la réunion aujourd'hui. Nous devrions tous savoir comment les choses fonctionnent, donc tout devrait bien aller.
Je vous rappelle que tous les commentaires doivent être adressés à la présidence. Pour les députés qui sont dans la salle, si vous souhaitez prendre la parole, veuillez lever la main. Pour ceux qui sont sur Zoom, veuillez utiliser la fonction « lever la main ». La greffière et moi-même ferons de notre mieux pour respecter l'ordre des interventions, et nous vous sommes reconnaissantes de votre patience et de votre compréhension à cet égard.
Conformément à notre motion pour affaires courantes, j'informe le Comité que tous les témoins ont effectué les tests de connexion requis avant la réunion.
Avant d'accueillir nos témoins, j'aimerais faire une mise en garde: cette étude sera difficile. Nous allons traiter d'expériences liées à la santé mentale qui pourraient provoquer des réactions chez les téléspectateurs, les députés ou le personnel ayant vécu des expériences similaires. Si vous vous sentez bouleversé ou si vous avez besoin d'aide, veuillez en informer la greffière.
J'aimerais maintenant souhaiter la bienvenue à nos témoins.
Au sein de notre premier groupe de témoins, nous accueillons, à distance, l'honorable Marci Ien, ministre des Femmes et de l'Égalité des genres et de la Jeunesse. Du ministère, j'aimerais souhaiter la bienvenue à Frances McRae, sous-ministre, et à Lisa Smylie, directrice générale, Recherche, résultats et livraison. Merci de votre présence.
Madame la ministre, vous disposerez de cinq minutes pour votre déclaration liminaire. Vous saurez que votre temps est écoulé lorsque vous me verrez faire ce signe de la main.
Madame la ministre Ien, la parole est à vous pour cinq minutes.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
[Traduction]
Merci, chers collègues, de me donner l'occasion de m'adresser à vous aujourd'hui dans le cadre de votre importante étude sur la santé mentale des jeunes femmes et des filles.
Je tiens d'abord à souligner que je m'adresse à vous depuis le territoire traditionnel de nombreuses nations, notamment les Mississaugas de Credit, les Anishinabes, les Chippewas, les Haudenosaunee et les Wendats.
J'ai la chance de rencontrer régulièrement des jeunes personnes extraordinaires des quatre coins du pays qui, je vous le dis, sont plus diversifiées, plus engagées socialement et plus instruites que jamais auparavant.
[Français]
Ces jeunes personnes remarquables me remplissent d'un espoir profond pour un avenir brillant et prospère. Elles ne sont pas seulement les leaders de demain, elles sont les leaders d'aujourd'hui.
[Traduction]
Pour les jeunes, la santé mentale est un sujet de tous les jours. Elle n'est pas séparée du travail, de la communauté, de l'école ou de la famille: elle fait partie de leur quotidien. À l'aide de leurs voix, nous allons créer un Canada plus sain et plus inclusif.
Comme vous le savez, la responsable de la santé mentale est ma collègue, la ministre Bennett, que vous entendrez plus tard aujourd'hui. Je travaille avec la ministre Bennett et tous mes collègues du Cabinet pour faire en sorte que le soutien en santé mentale soit accessible et que nos jeunes soient protégés. En ce qui concerne le volet jeunesse de mon portefeuille, ainsi que sur le plan personnel, je tiens à m'assurer que nous réfléchissons à ce que nous pouvons faire de manière globale pour améliorer la vie des jeunes au Canada.
La pandémie a perturbé et touché plusieurs aspects de notre vie. Les fermetures d’écoles et les perturbations, l'isolement social, l'augmentation du temps passé en ligne pour rester en contact, l'accroissement du stress au sein des familles et la diminution des options pour les victimes de violence fondée sur le sexe sont autant de facteurs qui ont amené un plus grand nombre de jeunes à éprouver des problèmes de santé mentale.
Parallèlement, les inégalités systémiques aggravent les problèmes de santé mentale et leurs symptômes pour les jeunes ayant des expériences vécues croisées. De leur côté, les jeunes 2ELGBTQI+ déclarent des taux remarquablement élevés de problèmes de santé mentale — tandis que 60 % d'entre eux déclarent une anxiété qui varie de modérée à grave, 41 % déclarent des symptômes de dépression et près de 30 % déclarent des idées suicidaires.
[Français]
Il est impératif que les jeunes aient accès à des services en santé mentale et au soutien dont ils ont besoin.
[Traduction]
Les jeunes femmes et les filles qui ont subi de la violence fondée sur le sexe courent un plus grand risque de connaître de la détresse et des problèmes de santé mentale immédiats ou à long terme, notamment de la dépression, le trouble de stress post-traumatique, des problèmes de consommation de substances ou des idées suicidaires. À cette fin, et pour contribuer à la sensibilisation à la violence fondée sur le sexe, mon ministère a élaboré récemment la campagne « Ce n'est pas juste » qui s'adresse à l'ensemble des jeunes. Cette campagne aidera les jeunes à établir et à remettre en question les points de vue et les gestes qui sont posés autour d'eux qui contribuent à la violence fondée sur le sexe.
S'il est clair qu'il y a des défis, il existe aussi des occasions et des réussites que nous devons continuer à mettre à l'avant-plan. Je n'insisterai jamais assez sur le rôle important que les organismes communautaires jouent dans l'espace du mieux-être et de la santé mentale. Des programmes comme la Stratégie emploi et compétences jeunesse, Emplois d'été Canada et Service jeunesse Canada offrent des services de soutien complets intégrés, comme le mentorat et l'encadrement, pour aider les jeunes, non seulement à naviguer à travers les possibilités d'emploi et de bénévolat, mais à découvrir le monde du travail et à faire la transition vers l'âge adulte pendant cette période charnière de leur vie.
Durant les premiers jours de la pandémie de COVID‑19, a pris le temps de parler de la santé mentale et d'évoquer des ressources comme Jeunesse, J'écoute. Les représentants de cet organisme nous disent que ce jour‑là, Jeunesse, J'écoute a connu le plus haut niveau d'engagement jamais enregistré. Le Conseil jeunesse du premier ministre, dont je suis la vice-présidente, est un groupe diversifié de jeunes Canadiens qui donne des conseils non partisans au premier ministre et au gouvernement du Canada sur des enjeux qui sont importants pour la jeunesse et pour tous les Canadiens.
Le monde a tellement changé, et les défis et pressions uniques auxquels les jeunes sont confrontés dans leur vie sont importants. En tant que gouvernement, il nous incombe de les soutenir et de réduire les obstacles dans la mesure du possible. Cela passe par un soutien concret, comme l'investissement de 30 millions de dollars dans les lignes d'écoute téléphonique dans tout le Canada, dont 14,8 millions de dollars précisément pour Jeunesse, J'écoute, la lutte contre les préjudices en ligne et l'adoption de mesures visant à réduire la pression financière sur les étudiants, comme le gel permanent des intérêts sur les prêts étudiants fédéraux.
Les actions et les investissements que j'ai décrits ne peuvent à eux seuls mettre fin aux impacts continus sur la santé mentale vécus par les jeunes femmes et les filles. Nous le savons.
[Français]
L'étude du Comité est prometteuse et elle contribuera à chercher des solutions à plus grande échelle qui permettront d'aborder les causes profondes et les défis qui touchent la santé mentale des jeunes.
[Traduction]
Merci, madame la présidente et chers collègues. Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
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Je vous remercie, madame la présidente.
Je souhaite le bonjour à chacun et à chacune.
Madame la ministre, je vous remercie d'être des nôtres ce matin.
Pour faire suite à ce que nous avons entendu ici, je relisais la lettre de mandat que le premier ministre vous a adressée au moment de votre nomination. Vous avez énormément de pain sur la planche.
Une des tâches que le premier ministre vous a confiées nous intéresse particulièrement. Il s'agit de « l'élaboration d'un plan d'action national décennal pour mettre fin à la violence fondée sur le sexe ». Dans cette lettre, il vous a aussi demandé d'« entreprendre d'ici un an des négociations avec les provinces et les territoires, et [d']accélérer la mise sur pied d'un secrétariat dédié » à la lutte contre la violence faite aux femmes.
L'année étant bientôt écoulée, où en êtes-vous dans l'accomplissement de ces trois tâches que vous a confiées le premier ministre?
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Je vous remercie de votre question.
[Traduction]
Il s'agit d'une excellente occasion de parler de ce sujet.
La semaine dernière, le mercredi 9 novembre, j'étais si heureuse de me tenir aux côtés de mes homologues provinciaux et territoriaux, de qui nous avons obtenu le feu vert, je dirai, après nous être entretenus pendant deux jours à Pictou, en Nouvelle-Écosse, pour lancer notre Plan d'action national pour mettre fin à la violence fondée sur le sexe. C'était l'occasion de parler avec mes homologues, de les écouter et de les entendre, car chaque province est unique en ce qui concerne ce qu'elles observent et la façon dont la violence fondée sur le sexe est traitée.
Au début de cette réunion, le premier jour, ce sont les dirigeants et les représentants autochtones nationaux qui étaient autour de la table. Voici ce que j'aimerais vous dire: nous nous sommes tous assis en cercle. Les dirigeants et représentants autochtones nationaux nous ont parlé de leurs luttes, de leurs défis et, franchement, de l'aide que nous avons tous apportée. C'était une expérience d'écoute et d'apprentissage. Les deux jours suivants, nous avons fait de même avec les provinces et les territoires.
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C'est une bonne question.
[Traduction]
Quatre-vingts pour cent des recommandations pour le Plan d'action national pour mettre fin à la violence fondée sur le sexe proviennent des provinces et des territoires, car nous savons, comme je l'ai dit plus tôt, qu'ils sont uniques. Ils savent ce dont ils ont besoin. Ils connaissent les organismes communautaires qui aident les femmes et les filles et fournissent les services complets. Chaque province et chaque territoire est unique.
Nous sommes maintenant rendus à l'étape où nous allons commencer nos négociations — bilatérales, province par province — pour entendre tous les témoignages que chaque province a reçus de la part de ceux qui subissent de la violence fondée sur le sexe. C'est sur cela que ce plan d'action a été construit: les survivants, ceux qui sont sur le terrain, les experts. Nous n'aurions pas pu y arriver sans eux. C'est sur cela que ce plan est fondé.
Maintenant, tout se met en place et se dessine avec les provinces et les territoires, à tour de rôle. Nous allons continuer à faire avancer ce plan.
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Merci, madame la présidente.
Je vais partager mon temps de parole avec Mme Lambropoulos.
Merci, madame la ministre Ien, d'être des nôtres aujourd'hui. Je sais que vous travaillez très fort sur le terrain pour les femmes et les filles de tout le pays.
Madame la ministre, les témoins nous ont dit que l'intervention précoce est importante pour les jeunes femmes et les filles qui ont des identités croisées et qui sont confrontées à des problèmes de santé mentale uniques.
Je sais que vous êtes également la ministre de la Jeunesse. Pouvez-vous expliquer l'importance d'avoir des mesures de soutien adaptées à la culture et à quel point l'intervention précoce est importante pour les jeunes femmes et les filles?
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Merci de votre question, madame Sidhu.
[Traduction]
C'est très important. Une intervention précoce est importante.
Les jeunes sont bombardés par les médias sociaux de nos jours. Ils sont confrontés à de nombreux problèmes à l'école dans leurs espaces, et il faut donc les rencontrer là où ils sont.
Avant tout, je veux mettre en lumière Jeunesse, J'écoute. Pourquoi ne pas commencer là? Quand je dis de rencontrer les jeunes là où ils sont, les 14,8 millions de dollars qui ont été versés à Jeunesse, J'écoute ont permis aux jeunes de texter. C'est ce qu'ils font. Ils pourraient entrer en contact. Ils peuvent décrocher le téléphone où qu'ils soient.
Lorsque nous parlons de l'intersectionalité — les personnes racialisées, autochtones et noires —, nous devons savoir qu'il est utile d'offrir ce service 24 heures sur 24 heures. Jeunesse, J'écoute assure ce service. C'est ce que font les lignes d'aide en cas de crise. Pourquoi est‑ce important? Parce que, si les jeunes sont confrontés à un agresseur dans leur foyer ou dans l'espace où ils se trouvent, ils peuvent envoyer un message texte. Ils peuvent appeler — j'ai vu les chiffres — au milieu de la nuit quand ils ont accès à un service 24 heures sur 24 pour obtenir l'aide dont ils ont besoin.
J'ajouterai une dernière chose sur l'intersectionalité et la communauté 2SLGBTQ. Il y a environ un an, j'ai rencontré Berkha Gupta. Elle gère la ligne d'aide aux jeunes LGBTQ. C'est une ligne d'assistance. Berkha voulait offrir ce qui faisait défaut, car lorsqu'elle n'était plus la bienvenue dans sa famille, elle n'avait pas vraiment d'endroit vers lequel se tourner. Elle a créé cette ligne pour que les jeunes puissent appeler. Elle a bénéficié d'un financement de 20 millions de dollars. Elle a été en mesure d'utiliser ce financement pour étendre le service aux régions rurales et à d'autres endroits en dehors des régions urbaines de ce pays. Quand on parle d'intersectionalité, Berkha est aux premières lignes. Elle entend tout. La ligne compte des conseillers en matière de traumatisme pour aider tous ceux qui appellent, peu importe le moment où ils appellent ou envoient un message texte.
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Merci, madame la présidente.
Merci, madame Sidhu.
Madame la ministre, merci d'être des nôtres aujourd'hui pour répondre à nos questions. Nous savons que c'est un sujet important pour vous aussi. Nous entendons dans votre voix que vous êtes passionnée par ce sujet, alors merci du travail que vous faites.
Très tôt dans le cadre de cette étude, nous avons entendu directement le témoignage d'une jeune femme qui a tenté de s'enlever la vie à plusieurs reprises et qui ne connaît que trop bien la lutte contre la dépression. Elle nous a parlé de la nécessité d'inclure les jeunes dans l'élaboration d'un plan d'aide aux jeunes qui souffrent de santé mentale, car ce sont eux qui savent mieux que quiconque ce dont ils ont besoin.
Que faisons-nous pour que les jeunes filles aient accès à des services de santé mentale? Consultons-nous nos jeunes au moment d'élaborer un plan visant à apporter un soutien supplémentaire à cette population?
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« Rien ne se fait pour nous sans nous »: c'est ce que j'ai entendu dans tout le pays.
Je suis la vice-présidente du Conseil jeunesse du premier ministre et je dois dire que le conseil ne mâche pas ses mots. La santé mentale était et est la priorité. Il y a eu un rapport sur l'état de la jeunesse qui en fait la priorité absolue pour les jeunes, les femmes et les filles d'un bout à l'autre du pays.
Quand on examine ce qu'il faut faire, il est important de ne pas commencer lorsque les jeunes femmes et les filles ont 14, 15 et 16 ans. Il est également important — et c'est ce que me disent le conseil jeunesse et les jeunes à qui je parle dans tout le pays — d'inclure les hommes et les garçons. Une aînée m'a dit il y a quelque temps qu'un aigle ne peut pas voler avec une seule aile. Elle parlait de la violence fondée sur le sexe et de la nécessité d'inclure les garçons et les hommes, ainsi que les jeunes femmes et les filles.
Je tiens à souligner à quel point il est important de disposer de programmes et de services qui traitent de la violence fondée sur le sexe et de la santé mentale dès le plus jeune âge, non seulement pour les jeunes femmes mais aussi pour les garçons et les hommes.
J'étais en Nouvelle-Écosse la semaine dernière, et il y a une organisation appelée Guys Work. Elle regroupe des élèves de la 6e à la 12e année dans des écoles de partout en Nouvelle-Écosse. Elle fait un excellent travail. Voici ce que m'ont dit les garçons de 6e année qui y participent: « C'est un endroit sûr où je peux être qui je suis. » Les jeunes parlent de masculinité, de ce qu'elle signifie, de la façon d'aider les filles et les jeunes femmes et de s'engager auprès d'elles. C'est incroyable. Vous ne pouvez pas avoir l'un sans l'autre: « Rien pour nous sans nous. »
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Merci, madame la présidente.
Madame la ministre, merci aussi à vous d'être des nôtres aujourd'hui.
C'est un triste jour, par contre, puisque je rappelle qu'un quatorzième féminicide a eu lieu au Québec, près de chez moi, à Saint‑Jean‑sur‑Richelieu. J'offre mes sincères condoléances et tout mon soutien à la famille de Donna Callahan.
Ce féminicide se produit alors que nous commencerons bientôt les journées d'action contre la violence faite aux femmes. Durant cette période, nous commémorons le 6 décembre les tristes événements de Polytechnique, où des femmes ont été tuées parce qu'elles étaient des femmes.
Nous disons tout cela parce que nous savons que cela a des répercussions sur la santé mentale des femmes et des filles. Des témoins nous l'ont dit aujourd'hui.
Des questions précédentes ont abordé le Plan d'action national pour mettre fin à la violence fondée sur le sexe. Vous avez tenu la semaine dernière une réunion avec les provinces et les territoires, qui l'ont évidemment approuvé, sauf le Québec. En effet, le gouvernement du Québec a déclaré qu'il appuyait les objectifs du Plan d'action, mais qu'il ne le signerait pas parce qu'il veut conserver sa pleine responsabilité dans ses champs de compétence. Le gouvernement du Québec s'attend à une pleine compensation financière d'Ottawa pour ses propres programmes et services.
Votre gouvernement et votre ministère s'engagent-ils à compenser pleinement le Québec?
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J'ai également l'intention de rencontrer prochainement Mme Biron pour des discussions, tout comme je l'avais fait avec sa prédécesseure.
Je vous ai parlé de ce que nous avons vécu pendant la pandémie. Je vous ai posé cette question précisément parce que vous savez que l'empiétement du gouvernement fédéral dans les champs de compétence du Québec et des provinces retarde toujours les versements aux provinces de sommes cruciales pour accroître leurs moyens d'action et leurs ressources sur le terrain.
Je vous donne un exemple concret vécu pendant la pandémie. En communiquant avec le Secrétariat à la condition féminine et le ministère de la Sécurité publique du Québec, j'ai appris que le transfert des sommes avait eu jusqu'à six mois de retard. Trouvez-vous cela acceptable?
Le Québec possède déjà les structures et l'expertise pour agir en matière de santé mentale des femmes et des filles. Il a été un modèle et a produit un rapport intitulé Rebâtir la confiance, qui comporte une centaine de recommandations.
Pendant la pandémie, vous avez pris en otage des femmes victimes de violence.
Allez-vous donner dès maintenant aux provinces les moyens d'agir en augmentant les transferts en santé? Cette demande des provinces et du Québec est unanime.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Merci, madame la ministre. Je suis ravie de participer à la réunion d'aujourd'hui pour cet important dossier. Je veux d'emblée transmettre les excuses de ma collègue, la , qui est malheureusement dans l'incapacité d'assister à la réunion, mais qui, j'en suis persuadée, visionnera minutieusement l'intégralité des échanges.
Ma première question porte sur le 20 novembre, la Journée du souvenir trans. Je crois qu'il importe que nous en discutions dans le cadre de notre étude sur la santé mentale des jeunes femmes et des filles. Nous savons que les jeunes trans s'exposent à des risques et des taux de problèmes de santé mentale plus élevés que les jeunes en général. La section ontarienne de l'Association canadienne pour la santé mentale, par exemple, a relevé que les jeunes 2ELGBTQIA+ sont 14 fois plus susceptibles de se suicider et de souffrir de dépendance aux substances que leurs pairs hétérosexuels, les jeunes trans représentant 77 % de ceux qui envisagent sérieusement de s'enlever la vie.
Ces chiffres sont absolument effroyables et inquiétants. Je voulais faire état de ces chiffres, madame la ministre, parce que je sais qu'un plan d'action pour les personnes 2ELGBTQIA+ vient d'être annoncé. L'initiative doit être accueillie favorablement, bien entendu, pour souligner les efforts dans la bonne direction. Toutefois, le Centre canadien pour la diversité des genres et de la sexualité, la directrice générale de Wisdom2Action, Mme Fae Johnstone, et le réseau Enchanté font état de graves lacunes, de problèmes et du manque de financement intégré dans le plan pour les difficultés propres aux personnes transgenres, non binaires et de genre non conforme. On relève aussi des lacunes quant à la nécessité de disposer de données non regroupées pour mieux comprendre les expériences uniques des jeunes transgenres.
Madame la ministre, je me demande si vous pourriez nous décrire comment votre gouvernement et vous prévoyez de remédier aux graves lacunes cernées par les personnes 2ELGBTQIA+ qui ont pour conséquence de délaisser les personnes queer et transgenres. J'aimerais aussi que vous expliquiez pourquoi ce plan d'action n'a pas été élaboré plus tôt.
Merci.
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Merci énormément de la question, madame Barron.
C'est précisément l'objectif du plan d'action 2ELGBTQIA+. Il a été élaboré par les organisations communautaires et populaires et totalisait 100 millions de dollars. Je suis tellement contente de vous entendre mentionner les données non regroupées parce que c'est un outil que je prône en tout temps.
Soixante-quinze millions de dollars prévus dans le plan ont été versés aux organisations sur le terrain — comme Enchanté et d'autres — et 25 millions de dollars serviront aux données non regroupées et à l'appui au secrétariat 2ELGBTQIA+. Nous savons que les données nous manquent.
Je vous remercie de mentionner la Semaine de la sensibilisation aux personnes transgenres, qui commence aujourd'hui et dont la grande journée, comme vous l'avez dit, sera le 20. Je représente fièrement Toronto—Centre. En tant que députée de Toronto—Centre, je représente le village Church and Wellesley, le quartier gai historique; le plan d'action et le fait de bien servir la communauté revêtent une grande importance pour moi sur le plan personnel.
Voici ce que je vous répondrai. Samedi, je me trouvais à l'organisme The 519. Au nom du , le secrétaire parlementaire M. et moi nous sommes tenus aux côtés d'un jeune homme ayant fui la Jamaïque, son pays natal. Il a le statut de réfugié au Canada, et il occupe maintenant un des postes de cadres de l'organisme The 519. Nous nous trouvions à l'organisme pour annoncer une somme de près de 1 million de dollars. Cette somme servira à aider les personnes transgenres aux prises avec des problèmes juridiques, et son discours a très bien décrit l'importance d'avoir accès à des mentors et des conseillers comprenant les traumatismes. Il a très bien exprimé à quel point la communauté transgenre, comme vous l'avez mentionné, doit composer avec la violence, la brutalité policière et les problèmes de santé mentale dans une mesure beaucoup plus grande que quiconque, bien honnêtement. La somme de près de 1 million de dollars que nous avons annoncée aidera à remédier à cette situation. L'investissement fournira du soutien en matière de justice, d'aide et d'appui global.
J'entends trop souvent que, après avoir été blessés de quelque façon que ce soit, les membres de la communauté trans craignent de se rendre à l'hôpital parce qu'ils ne savent pas quel genre de traitement on leur réservera. Ces problèmes sont systémiques, et nous ne pouvons assainir les systèmes du jour au lendemain. Nous pouvons toutefois nous attaquer à un problème, puis à un autre, tout en nous démenant au quotidien pour améliorer la réalité.
J'ai vraiment adoré votre question.
:
Merci de votre question.
[Traduction]
Je suis vraiment reconnaissante de pouvoir me prononcer sur ce sujet.
Pour veiller à la santé mentale des jeunes, il importe que les personnes qui s'occupent des jeunes — les parents, les tuteurs, les aidants de toutes sortes — reçoivent l'appui nécessaire.
Voici ce que je sais, en tant que mère de deux enfants. Si je vis du stress, de quelque façon que ce soit, et si ma santé mentale est affaiblie de quelque façon que ce soit — ce qui est déjà arrivé — mes enfants le ressentent aussi.
Il faut tout d'abord appuyer les personnes qui appuient nos jeunes, et c'est exactement ce que nous faisons. En matière de logement, le soutien au logement pour les personnes aux plus faibles revenus est inestimable. La mesure fait une différence.
Je suis née dans St. James Town, qui fait partie de la circonscription que je représente. On n'y trouve que des immeubles d'habitation. La population du quartier est surtout composée de familles immigrantes qui font de leur mieux; la majorité des résidants, soit dit en passant, sont des travailleurs de première ligne. Le soutien au logement aide grandement ces résidants. Le soutien pour les soins dentaires garantissant que les enfants de moins 12 ans peuvent consulter un dentiste aide les moins nantis. Il est utile...
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Madame Sudds, je vous remercie énormément de la question.
C'est tout un exploit que toutes les provinces et tous les territoires adhèrent à une telle initiative. Ce n'est pas une mince affaire: c'est une réalisation monumentale, comme vous l'avez relevé. Les répercussions prendront d'énormes proportions, tout comme le plan. Pendant la pandémie, nous avons vu qui subit de la violence de façon disproportionnée: les femmes et les filles — puis, on applique l'optique intersectionnelle sur ces données — se sont retrouvées au haut de la liste. C'est la raison pour laquelle notre gouvernement a réagi ainsi, soit en versant un demi-milliard de dollars pour éliminer la violence fondée sur le sexe.
Je dois réitérer que l'idée a vu le jour et que nous n'aurions pas atteint ce stade... La communauté — les organisations populaires et les survivants — s'est unie et nous a dit: « Voici mon récit. Comment pouvons-nous faire mieux? » Les provinces ont affirmé être grandement satisfaites de l'orientation des discussions, mais qu'elles devaient s'adresser aux leaders autochtones dans leurs administrations respectives puisque l'initiative mise sur l'inclusion. Nous voulons bien faire les choses. Nous voulons bien faire les choses et sauver des vies. Il me faut souligner à grands traits à quel point le plan d'action viendra en aide aux femmes, aux filles, aux hommes et aux garçons de notre pays.
Si vous me le permettez, j'aimerais donner l'exemple de Velma's House, dans Winnipeg—Centre, la circonscription de Mme . Lorsque j'ai visité l'organisme l'été dernier, des femmes se trouvaient sous le porche, sur le porche, et il n'y avait plus aucune place à l'intérieur. Il s'agit d'un refuge très accessible qui accepte tout le monde. Que les femmes souffrent de dépendance, de problèmes de santé mentale ou de tout autre problème, elles sont acceptées. Le hic, c'est que le centre était plein.
Il y a des semaines de cela, Mme Gazan a été d'une aide déterminante, ainsi que d'autres personnes. Nous avons pu débloquer 1 million de dollars de notre ministère pour que le refuge poursuive ses activités pour l'instant. Puis, la a versé 2 millions de dollars à Velma's House pour acheter un Manoir Ronald McDonald, plus spacieux, afin d'aider un plus grand nombre de femmes et offrir des services et l'expertise de conseillers tenant compte des traumatismes.
Le refuge va bientôt déménager. Nous avons fait l'annonce dans le nouveau Manoir Ronald McDonald, le centre où le refuge emménagera. Des vies seront sauvées. Le jour de l'annonce, des survivantes ont pris la parole; ces survivantes vivaient dans la rue, ont trouvé Velma's House et y sont maintenant des conseillères.
Voilà un des nombreux endroits qui tirera profit de ce plan d'action. La liste d'organismes est longue, mais je suis heureuse d'en parler.
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Encore faut-il être certain que tout cela ne retarde rien, ce qui arrive trop souvent.
J'aimerais revenir sur les violences sexuelles, parce qu'il y a un lien entre la violence conjugale et la santé mentale.
Lorsque vous êtes venue témoigner devant le Comité dans le cadre de son étude sur la violence entre partenaires intimes, je vous ai mentionné que beaucoup de témoins revendiquaient un financement stable et récurrent pour répondre aux problèmes. Encore une fois, plusieurs organisations en santé mentale ont fait les mêmes revendications.
Au Québec, des organismes communautaires en santé mentale reçoivent déjà un financement du gouvernement du Québec. En augmentant les transferts en santé du fédéral vers le Québec et les provinces à la hauteur demandée, est-ce que cette hausse permettrait également à ces organismes d'augmenter leur aide aux victimes sur le terrain?
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Merci, madame la présidente, et merci, madame la ministre.
J'étais contente de vous entendre parler de Velma's House, dans la circonscription de ma collègue , Winnipeg Centre. Je tiens à vous dire à quel point je me réjouis de ce travail, car depuis des années, la communauté réclame des ressources pour les femmes et les personnes de sexe différent. C'est grâce au leadership et aux revendications de la société civile que ce projet a pu voir le jour, donc je suis heureuse de voir les mesures qui en découlent et le financement qui en découle: je vous en félicite chaleureusement.
Je voudrais vous poser une question sur les femmes, les filles et les personnes bispirituelles autochtones disparues et assassinées. Je vous mets un peu en contexte, et je sais que ce n'est vraiment pas une histoire isolée. Mon amie, une femme autochtone locale de Nanaimo, Lisa Marie Young, a disparu en 2002 à l'âge de 21 ans. Je vous dirai que sa famille et ses proches continuent de la rechercher, d'organiser des marches et de sensibiliser les gens à son sujet. C'est tellement triste de voir qu'il n'y a toujours pas de réponses sur ce qui lui est arrivé. Il y a tellement d'histoires comme celle‑là, vous le savez. Je suis sûre que vous entendez parler d'autres femmes et filles qui disparaissent sans que l'on ne sache ce qui leur est arrivé.
Je voudrais savoir si vous pouviez nous parler des 724,1 millions de dollars qui ont été alloués dans le cadre de l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées et qui, comme vous le savez certainement, n'ont pratiquement pas été utilisés jusqu'à présent. Comme l'a dit ma collègue, il reste de l'argent dans les tiroirs alors que des femmes, des filles et des personnes 2SLGBTQIA+ continuent de mourir. Je me demande si vous pouvez fournir un calendrier et des engagements précis quant au moment où cet argent sera dépensé et à la façon dont il le sera.
Merci beaucoup, madame la ministre.
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Je pense que ce que les gens ont besoin d'entendre en ce moment, madame Ien, c'est que nous pouvons faire mieux. C'est ce que les gens ont vraiment besoin d'entendre de votre part. Je sais que vous vous souciez des gens. Je sais que vous êtes une mère. Je sais que c'est important pour vous, mais je pense que les gens ont besoin d'en entendre un peu plus.
Les banques alimentaires n'ont jamais été aussi sollicitées qu'en ce moment. Nous avons reçu M. Owen Charters, PDG du Boys and Girls Club. Le coût de la vie et l'inflation constituent des facteurs de stress énormes pour nos enfants. Ils se répercutent sur eux. Cela a un impact sur leur santé mentale.
Par ailleurs, vous dites que personne ne sera tenu responsable dans votre régime de soins dentaires, qu'il n'y aura pas de vérifications dans ce régime. C'est un chèque qui sera remis aux parents et qui augmentera les dépenses inflationnistes. C'est un problème. Le 20 novembre est la Journée nationale de l'enfant.
Madame la ministre, je vous regarde travailler, et c'est difficile d'avoir cette conversation, mais les gens ont besoin de vous entendre...
[Traduction]
Je vous remercie infiniment de cette question.
En Nouvelle-Écosse, la semaine dernière, nous avons octroyé 700 000 $ aux lignes d'écoute téléphonique et, bien sûr, la province fait sa part en contrepartie, avec mon homologue provinciale, la ministre MacFarlane. Mais le plus important, dans cette annonce, c'était d'entendre les gens sur le terrain, ceux qui travaillent pour ces lignes d'écoute et qui sont là pour leur répondre quand les gens appellent.
Anna est l'une de ces personnes. Anna m'a dit, après la conférence de presse, que cela signifie qu'il y aura quelqu'un qui sera là à l'autre bout du fil 24 heures sur 24. Elle ne pouvait pas le souligner assez, parce qu'il n'y avait pas assez de personnel, il n'y avait pas assez de personnes en poste pour répondre aux appels dans les régions rurales. Ils ont constaté qu'un grand nombre d'appels arrivaient au milieu de la nuit, quand il n'y avait pas nécessairement de personnel sur place, du personnel spécialisé dans les traumatismes, et ce financement contribuera à rectifier le tir.
L'autre aspect, monsieur Serré, c'est que 8 % des personnes qui appellent ces lignes sont maintenant des hommes et des jeunes hommes. Ils disent : « Je ne me sens pas bien. Je pense que je pourrais faire du mal à ma partenaire. Je pense que je pourrais blesser quelqu'un. J'ai besoin d'aide. » Ils appellent à l'aide. C'est dire l'importance des lignes de crise, non seulement pour les jeunes femmes et les filles, mais aussi pour les hommes et les garçons. Nous voyons les chiffres, et nous voyons déjà la différence que cela va faire.
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La séance reprend. Merci beaucoup.
Pour la deuxième heure, aujourd'hui, j'aimerais souhaiter la bienvenue à l'honorable Carolyn Bennett, ministre de la Santé mentale et des Dépendances; nous accueillons également, du ministère de la Santé, Heather Jeffrey, sous-ministre déléguée, et Eric Bélair, sous-ministre adjoint délégué, Direction générale de la politique stratégique. Enfin, nous recevons Candice St‑Aubin, vice-présidente, Direction de la promotion de la santé et de la prévention des maladies chroniques à l'Agence de la santé publique du Canada.
Je donnerai les cinq premières minutes à la ministre Bennett.
Madame Bennett, la parole est à vous.
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Je vous remercie, madame la présidente.
Avant de commencer, j'aimerais rappeler que nous nous trouvons sur le territoire traditionnel non cédé du peuple algonquin, le gardien de la terre et des eaux depuis des temps immémoriaux.
Je suis heureuse d'être ici pour participer à l'étude visant à examiner les facteurs qui contribuent à la santé mentale des jeunes femmes et des filles, une étude qui vient à point nommé.
Comparativement aux hommes, les femmes et les filles sont beaucoup plus susceptibles de faire état d'une faible satisfaction envers leur vie, d'avoir une utilisation plus problématique des médias sociaux et d'être hospitalisées plus souvent pour des problèmes d'anxiété, de dépression et des troubles alimentaires.
[Traduction]
Il y a plus de 70 ans, le Dr Brock Chisholm, ancien combattant canadien et premier directeur général de l'OMS, a déclaré — et j'ai entendu une entrevue vraiment intéressante avec lui en fin de semaine — que « sans santé mentale, il n'y a pas de véritable santé physique ».
Je crois que nous sommes vraiment confrontés à un problème de stigmatisation, de sorte que beaucoup trop de personnes ont des problèmes de santé mentale, et je ne parle que de santé mentale ici. Cependant, je pense qu'il y a de l'espoir parce que la pandémie de COVID‑19 a fait en sorte que plusieurs d'entre nous sont devenus un peu plus à l'aise de parler de notre propre santé mentale et d'admettre qu'en période difficile, nous avons peut-être tendance à consommer un peu plus de substances qu'à l'habitude. Cela permet de réduire la stigmatisation, qui est encore un obstacle à l'obtention de soins. Cela dit,comme vous l'avez déjà entendu depuis le début de ces audiences, les soins doivent être disponibles lorsque les gens en ont besoin. Malheureusement, alors qu'un plus grand nombre de Canadiens avaient besoin de soutien, celui‑ci était trop souvent absent de notre cher système de soins de santé public.
Depuis 2015, nous avons fait des investissements historiques pour appuyer la santé mentale: 5 milliards de dollars aux provinces et aux territoires pour accroître la disponibilité des soins de santé mentale; 600 millions de dollars de plus pour la mise en place d'une stratégie en matière de santé mentale et de bien-être fondée sur les distinctions visant les Autochtones; 270 millions de dollars pour le portail Espace mieux-être; 45 millions de dollars pour l'élaboration de normes nationales et plusieurs autres investissements ciblés dans le domaine de l'innovation pour la promotion de la santé mentale et la sensibilisation à la consommation de substances. L'investissement de 5 milliards de dollars par l'entremise d'ententes bilatérales provinciales et territoriales prévoit actuellement 600 millions de dollars en fonds supplémentaires annuels jusqu'en 2027.
De plus, vous devez savoir que nous demeurons entièrement déterminés à investir un montant supplémentaire de 4,5 milliards de dollars par l'entremise du Transfert canadien en matière de santé mentale. Nous travaillons avec le Conseil canadien des normes et nos partenaires provinciaux et territoriaux pour élaborer des normes nationales concernant les services de santé mentale et de toxicomanie fondés sur des données probantes dans les secteurs prioritaires désignés par nos collègues provinciaux et territoriaux. Nous sommes particulièrement encouragés par les premiers progrès, incroyables, dans l'élaboration de normes nationales concernant les services intégrés pour les jeunes.
La semaine dernière, lors de la réunion des ministres FPT de la Santé, nous avons visité The Foundry, à Vancouver, qui a lancé le mouvement lié aux services intégrés pour les jeunes au Canada. Je dois vous dire que j'ai eu la chance d'y rencontrer une jeune femme, réfugiée de l'Arabie Saoudite, qui a trouvé confiance en elle, une seconde famille et tous les services de soutien sociaux et en santé mentale nécessaires pour transformer pour le mieux la façon dont elle perçoit son avenir en tant que lesbienne. Voilà un bon exemple du pouvoir transformateur de services intégrés pour les jeunes.
C'était un plaisir le lendemain, mercredi dernier, de me joindre aux représentants de toutes les provinces et de tous les territoires, alors que le mouvement lié aux services intégrés pour les jeunes ne cesse de croître afin d'offrir aux jeunes de moins de 25 ans des services individuels multidisciplinaires et fondés sur des données, qui tiennent compte des traumatismes et sont respectueux des valeurs culturelles, et qui sont conçus pour et par les jeunes d'un océan à l'autre.
Je suis également heureuse de souligner que le portail en ligne Espace mieux-être Canada associé à Jeunesse, J'écoute, et son application connexe, Mieux-être, ont aidé des milliers de jeunes Canadiens à obtenir l'aide dont ils ont besoin, que ce soit directement ou indirectement, en les redirigeant vers d'autres ressources pour accéder à des soins plus spécialisés.
Nous accueillons bien sûr favorablement la décision du CRTC d'approuver la nouvelle ligne téléphonique de prévention du suicide à trois chiffres — le 988 — et nous travaillons à assurer la capacité nécessaire pour un lancement réussi à l'automne. Nous voulions vous dire que vous pouvez aider, dès maintenant. Le numéro est le 1‑833‑456‑4566. Nous voulons montrer aux Canadiens que nous partageons leurs préoccupations. Nous avons écouté ceux qui ont des expériences de vie dans ce domaine, les experts, les travailleurs de première ligne, mais nous avons besoin de données ventilées pour être certains de ne laisser personne derrière.
[Français]
Je suis impatiente de vous en dire davantage en réponse à vos questions réfléchies.
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Le plan d'action vise la transformation. Il vise à changer notre façon de faire et à considérer la santé mentale à titre de partie intégrante de nos services sociaux.
Le contrôle des coûts a donné lieu au déplacement des travailleurs sociaux, des ergothérapeutes et des psychologues en dehors des hôpitaux, vers le secteur privé et le secteur des services sociaux. Nous voulons les réintégrer au système... Il faut faire ce travail, écouter les gens qui travaillent aux premières lignes pour veiller à ce que l'investissement de 4,5 milliards de dollars fasse partie du changement, comme c'est le cas pour les services intégrés pour la jeunesse.
C'est très inspirant, madame Ferreri. J'espère que tout le monde pourra visiter un centre de services intégrés pour la jeunesse. L'Ontario et le Québec ont joué un rôle de premier plan à cet égard, en s'inspirant du travail de Foundry et du Dr Steven Mathias, en Colombie-Britannique.
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Ce qui est intéressant, madame Vandenbeld, c'est que tout a commencé il y a cinq ou six ans seulement, avec le guichet unique de VanGran; nous en sommes aujourd'hui à 25 sites. Ils représentent l'avenir, parce qu'il s'agit d'un modèle de soins par étapes. Les gens reçoivent les soins les plus appropriés, à l'endroit le plus approprié, par les fournisseurs les plus appropriés et au moment le plus approprié, notamment de façon virtuelle.
Lorsqu'un jeune franchit la porte de ces guichets, il est accueilli par un pair aidant, quelqu'un qui a un vécu et une expérience dans le domaine. Il a accès à des fournisseurs de soins primaires. S'il a besoin d'un travailleur social, d'un psychologue ou d'un spécialiste en traitement des dépendances, même de façon virtuelle ou en ligne, ou s'il a besoin de trouver un logement, d'aide à l'éducation ou à l'emploi, tout cela est intégré au système. Si la personne s'est rendue aux urgences un vendredi soir, son fournisseur de soins primaires le saura. C'est ce que nous devons faire.
Comme vous le savez, madame Vandenbeld, notre amie la Dre Karen Breeck, qui est médecin pour les Snowbirds, m'a déjà demandé pourquoi nous n'offrions pas un tel service à nos anciens combattants. J'espère qu'un jour, nous pourrons offrir un tel soutien global à tous.
Ce qui est intéressant, aussi, c'est que les services sont offerts aux jeunes de 12 à 25 ans, ce qui signifie qu'il y a déjà un consensus voulant qu'on ne puisse abandonner les jeunes une fois qu'ils atteignent l'âge de 18 ans. Les services sont offerts jusqu'à l'âge de 25 ans. Ils les aident à relever les défis qui arrivent après le secondaire ou d'autres défis auxquels ils font face, notamment en ce qui a trait à l'identité sexuelle.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Madame la ministre, je vous remercie d'être venue témoigner aujourd'hui au Comité. Les témoignages que nous avons entendus dans le cadre de cette étude sur la santé mentale sont terrifiants.
Les groupes demandent un soutien et je reviens donc sur la question financière, parce que vous parlez beaucoup de sommes que le gouvernement fédéral veut investir en santé mentale. Or, je veux vous rappeler que le domaine de la santé relève du Québec et des provinces.
À vous entendre parler d'argent, je me dis que celui-ci serait beaucoup mieux investi dans le cadre de transferts, auxquels le gouvernement du Québec veut qu'aucune condition ne soit rattachée, comme il l'a dit.
Dans votre lettre de mandat, vous parlez d'un plan d'action national et de normes nationales. Le Québec n'en veut pas.
Par-dessus tout, madame la ministre, je me demande quelles sont les compétences que vous avez, mais que n'ont pas le ministre et le ministère de la Santé du Québec, qui gèrent quotidiennement les hôpitaux, le système de santé et les groupes qui offrent des services sociaux. Qu'avez-vous comme compétences que nous n'avons pas, nous, au Québec?
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À mon avis, la question n'est pas là. Il est primordial d'échanger sur les meilleures pratiques et de bien écouter les provinces et les territoires concernant leurs défis et les solutions. Le Québec est un chef de file dans le domaine des garderies et des services intégrés pour les jeunes.
Mercredi passé, il y a eu une réunion des réseaux de services intégrés pour les jeunes, et le Québec y était. Avec son programme ACCESS Esprits ouverts, il fait preuve d'un leadership tellement important.
Cependant, les subventions qui servent à financer les services intégrés pour les jeunes au Québec sont aussi très importantes pour tout le pays. Cela fait partie des accords qui ont été conclus avec les provinces en 2017 pour 10 ans. C'est donc un partenariat.
La santé et les soins de santé relèvent de tous les ordres de gouvernement, mais les services de santé relèvent de la compétence du Québec.
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Madame la ministre, vous êtes consciente du fait qu'on a tenté d'imposer des normes alors que vous savez très bien que le Québec et les provinces n'en veulent pas. D'ailleurs, la semaine dernière, le gouvernement fédéral a tenté de négocier des ententes bilatérales avec chaque province et avec le Québec pour essayer de diviser pour mieux régner. Or, la réponse a été unanime, le front commun tient toujours et les demandes demeurent.
Vous êtes également consciente de la hausse des cas. Le Québec pourrait investir cet argent dans son système de santé et essayer de réduire la longueur des listes d'attente. En outre, les groupes communautaires au Québec ont déjà leur plan pour travailler sur le terrain avec les victimes.
Ce que vous êtes en train de faire, c'est de tenir en otage des gens qui souffrent profondément. Je suis extrêmement inquiète de voir cette attitude paternaliste de la part du gouvernement fédéral, qui pense que ces normes vont régler les problèmes du système de santé, notamment en santé mentale.
Madame la ministre, je vous le demande à nouveau: quand allez-vous accepter de transférer des sommes au Québec et aux provinces, et ce, sans condition? Je répète qu'on m'a confirmé récemment que le Québec n'accepterait pas de conditions au nom de normes nationales en santé mentale. Ce que le Québec veut, c'est une hausse substantielle des transferts en santé, jusqu'à 35 % des coûts du système — c'est la demande qui tient —, pour avoir un coup de pouce qui lui permettra d'aider les gens concrètement sur le terrain.
Lors de mon prochain tour de parole, nous reviendrons sur ce que vous pourriez faire comme gouvernement fédéral. Pour l'instant, par contre, j'aimerais entendre votre point de vue sur cette demande puisque, la semaine dernière, vous n'avez pas écouté les demandes du Québec et des provinces.
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Merci, madame la ministre.
Malheureusement, des gens meurent. Nous ne cessons de l'entendre dans la salle, et je suis certaine que, dans votre fonction, vous en êtes également très consciente. Il s'agit d'une crise. Il faut que des fonds soient affectés aux provinces et aux territoires pour que les gens puissent obtenir l'aide dont ils ont besoin.
La situation est urgente, et je suis donc curieuse de savoir pourquoi nous devons attendre pour accorder ce financement si nécessaire. Je comprends qu'il faut faire ce travail, mais que diriez-vous de débloquer immédiatement les fonds pour que les gens puissent obtenir l'aide dont ils ont besoin, tout en poursuivant le travail visant à mieux comprendre la situation? Nous avons vu cela pendant la pandémie. Quand la pandémie a frappé, nous avons aidé les gens — je ne devrais pas dire « nous », car c'est le gouvernement qui a aidé les gens, grâce au travail du NPD qui a fait pression pour que les gens obtiennent cette aide — et les fonds ont été versés.
Pourquoi ne pouvons-nous pas envisager le même modèle en ce qui concerne les mesures de soutien en santé mentale?
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C'est au début de la pandémie de COVID que nous avons créé Espace mieux-être Canada, puis en janvier nous avons annoncé l'application Mieux-être. Nous faisons ce que nous pouvons, de concert avec les provinces et les territoires, pour atténuer la pression.
Cependant, je pense qu'il est très clair que nous devons faire les choses différemment. Mettre de l'argent là où nous ne voyons pas de transformation, là où nous ne voyons pas le recours aux services de soutien par les pairs, le recours aux infirmières et aux travailleurs sociaux... Comme vous l'avez entendu lors du témoignage de la Dre Vigod, selon son étude, seulement 2 des 40 personnes ayant besoin d'un soutien en psychiatrie et en santé mentale périnatale ont eu besoin d'un psychiatre ou de cette capacité très spécialisée. Les autres ont reçu de l'aide à tous les autres niveaux du modèle de soins par étapes.
Nous voulons pouvoir garantir la prestation des soins les plus appropriés, par le fournisseur le plus approprié, au moment le plus approprié, comme pour les services intégrés pour les jeunes, la santé mentale périnatale et l'enseignement postsecondaire, notamment au milieu de la nuit grâce à Espace mieux-être et à la possibilité d'obtenir de l'aide 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.
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Merci, madame la ministre.
Je suis vraiment sensible à votre désir de veiller à ce que le financement soit approprié. Je suis d'accord; cela doit se faire avec les provinces et les territoires. Des gens meurent, et les fonds doivent être attribués. J'aimerais donc réitérer les préoccupations des électeurs de ma circonscription — et celles que j'entends partout au Canada, bien sûr — à savoir que ce financement est très en retard et qu'il faut procéder à sa mise en œuvre.
Par ailleurs, j'aimerais aborder la crise des substances toxiques que nous constatons. En Colombie-Britannique, rien qu'en septembre, 171 personnes sont mortes. J'entends beaucoup de promesses de la part du gouvernement libéral concernant la crise des drogues toxiques qui circulent. Malheureusement, aucune solution concrète n'est proposée et les fonds ne sont pas attribués comme il se doit.
Par exemple, le projet de loi de mon collègue, le — dont le titre exact est et que les libéraux n'ont malheureusement pas appuyé — a récemment été déposé, et ce sont des recommandations...
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Bonjour, madame la ministre, et merci d'être des nôtres aujourd'hui.
Il n'est pas facile de parler de ce sujet et je sens que vous êtes sur la sellette actuellement. Je pense très sincèrement que les 338 députés à la Chambre des communes sont de bonne foi. Nous voulons tous que les problèmes se règlent, et je pense que c'est aussi votre cas. Vous voulez que les choses avancent rondement.
Vous me semblez cependant un peu optimiste. Vous nous avez énuméré une série de chiffres, tellement rapidement que j'ai eu de la difficulté à les prendre en note, une véritable orgie de chiffres, de subventions, de transferts, de programmes.
Vous me contredirez s'il y a lieu, mais je ne crois pas me tromper en disant que, parmi tous les témoins que nous avons reçus depuis le début de cette étude, pas un seul ne nous a dit que les choses allaient très bien. Tous nous ont dit avoir des problèmes d'argent, d'organisation et de ressources humaines, et qu'ils ne sont pas capables de répondre à la demande.
Une dame est venue nous parler d'un organisme qui est ici, à Ottawa, pas dans un champ perdu quelque part. Je n'arrive pas à retrouver le nom de cet organisme, je lui présente mes excuses, mais elle tient seule son organisme à bout de bras.
Je pense que plusieurs services doivent être offerts par les organismes communautaires, car ces derniers sont près de la population, des écoles, des parents, des maisons de la famille, et ainsi de suite.
Vous avez commencé votre témoignage en disant que notre étude venait à point nommé. Pourquoi avez-vous dit cela?
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Merci, madame la présidente.
Je vais partager mon temps avec Sonia Sidhu.
Je vous remercie, madame la ministre Bennett, d'être présente parmi nous aujourd'hui pour répondre à certaines de nos questions sur ce sujet très important.
De nombreux témoins nous ont parlé de la santé mentale périnatale. Une mère dont la santé mentale souffre va transmettre cette souffrance à ses enfants. Il existe un lien entre les mères qui souffrent de dépression post-partum, ou de dépression à n'importe quel moment de la phase périnatale, et les enfants qui souffrent de dépression. Ces enfants deviennent des adolescents qui souffrent de dépression, puis des adultes qui en souffrent. Pour briser ce cycle, il faut notamment prendre soin des mères qui se trouvent dans cette situation.
La Dre Simone Vigod a formulé quelques recommandations. Selon elle, 20 % des grossesses au Canada sont marquées par une maladie mentale périnatale. Cela représente environ 80 000 femmes par an. Entre autres recommandations, elle a dit qu'il faut « financer la formation en soins de santé périnatale et permettre aux fournisseurs d'offrir des psychothérapies périnatales structurées à court terme, afin que les soins de santé mentale périnatale soient intégrés ». Elle a également dit qu'il faut « financer la formation de personnel pour créer de nouvelles équipes spécialisées en santé mentale périnatale qui seront affectées aux régions mal desservies », ce qui rendrait les soins spécialisés plus accessibles à tous les Canadiens, quel que soit leur lieu de résidence.
Madame la ministre, je me demandais si vous appuyez ces recommandations de financement et ces mesures concrètes pour améliorer les soins de santé mentale périnatale. Le gouvernement fédéral fait‑il quelque chose pour les mettre en œuvre?
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Je vous remercie de cette question.
Je dois dire que j'ai beaucoup appris de la Dre Vigod. Le Women's College Hospital est la raison pour laquelle je me suis retrouvée par hasard en politique, à essayer de préserver cet endroit et son indépendance. La Dre Vigod a joué un rôle déterminant dans ce mouvement autour de la santé mentale périnatale, ainsi que dans le projet collaboratif...
Le 9 mars, nous avons organisé une table ronde avec la Dre Vigod. Je pense qu'à la fin de la table ronde, nous avions vraiment le sentiment que ce domaine pourrait très facilement et très rapidement faire l'objet de normes nationales précisant ce à quoi toute femme devrait pouvoir s'attendre, où qu'elle vive.
Je pense que les grappes d'expertise en santé mentale périnatale ne sont pas bien réparties dans tout le pays. Il sera important que le modèle de soins par étapes permette aux femmes très malades et souffrantes d'obtenir le meilleur soutien possible en matière de santé mentale périnatale, quel que soit leur lieu de résidence.
Cela rejoint ce que je disais à l'une de vos collègues du Québec. Cela signifie que nous devons également veiller à ce que la maman de Moncton ou de Sudbury puisse recevoir les meilleurs soins en français, si c'est ce qu'il faut.
Cela signifie que nous avons cette possibilité avec les soins virtuels et l'expertise. Nous pouvons vraiment mettre en place un système où les mères sont suivies convenablement. Encore une fois, les problèmes d'attachement et toutes les choses que vous avez décrites, madame Lambropoulos, sont extrêmement importants. Aucune mère ne devrait passer à travers les mailles du filet parce qu'on ne lui a pas demandé comment elle allait ou parce qu'on n'a pas vraiment compris la profondeur de son désespoir ou de sa psychose.
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Madame Sidhu, je vous remercie de votre leadership dans ce domaine.
Je pense que vous et plusieurs de nos collègues sud-asiatiques avez souligné très clairement l'importance et les effets dévastateurs de la stigmatisation, qui sont plus marqués dans certaines communautés que dans d'autres. Encore une fois, les gens veulent recevoir du soutien, et non pas être stigmatisés ou jugés.
Je pense que nous réalisons qu'il nous faut, en matière de stigmatisation, des approches adaptées qui reposent sur la compréhension de la forme qu'elle prend et de la façon dont elle se manifeste dans certaines communautés. J'ai trouvé très intéressant le réseau des thérapeutes noirs d'Edmonton. Ils savent que la stigmatisation est très répandue dans leur communauté.
Encore là, que pouvons-nous faire pour les Premières Nations, les Inuits et les Métis? L'histoire des pensionnats est que les émotions ont...
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Madame la ministre, je vous remercie à nouveau d'avoir accepté de témoigner.
Avant d'aborder un autre sujet, je vais revenir ce que vous avez dit en répondant aux questions de ma collègue Mme Barron. Vous avez confirmé que votre tentative d'implantation du plan d'action national et des normes retardait l'octroi de l'argent. Or, ces moyens financiers sont ce qui est le plus urgent pour venir en aide aux victimes et aux gens qui souffrent de problèmes de santé mentale. Plus on tente d'ajouter des normes, plus l'argent tarde à venir et plus cela retarde la mise en oeuvre du plan, avec pour résultat que les organismes n'ont pas accès à l'aide nécessaire.
Cela dit, j'aimerais que vous parliez de ce qui relève du gouvernement fédéral pour aider les jeunes filles aux prises avec des problèmes de santé mentale.
Ma collègue Dominique Vien a abordé la cyberintimidation. La semaine dernière, j'ai rencontré un membre de l'équipe qui a produit le documentaire Je vous salue salope et qui mène présentement une campagne de sensibilisation aux cyberviolences, dans le cadre de laquelle on peut signer une pétition électronique. Sa demande au gouvernement fédéral est claire: qu'il se tienne debout devant les GAFAM, soit Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft, et qu'il adopte une loi permettant de contrer la haine en ligne et la cyberviolence.
Ma collègue a demandé ce que le gouvernement fédéral pourrait faire pour contrer la cyberviolence. La demande de ce groupe en est un exemple. Avez-vous eu des discussions avec vos collègues à ce sujet? Qu'en est-il du projet de loi visant à contrer la haine en ligne?
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Merci, madame la présidente.
Merci de votre présence, madame la ministre.
Vous avez parlé de financement, et nous parlons de l'urgence, parce que des gens meurent. Nous parlons de chiffres. Je pense que ma collègue, Mme Ferreri, a mentionné plus tôt, avec la , que nous étions passés du 10e rang au 30e rang sur 38 pays.
Voici ma question. Nous avons entendu des témoins. Mme Chelsea Minhas, de Covenant House Vancouver, nous a notamment parlé des problèmes des jeunes et du travail de rue. Ils n'ont pas assez de refuges de proximité pour aider les jeunes victimes de la traite. Les filles sont trois fois plus à risque et sont laissées pour compte en matière de santé mentale. Les femmes sont victimes de violence. Ses recommandations — encore une fois, j'en ai parlé plus tôt — portaient sur la nécessité de fournir plus de logements et d'aider davantage les sans-abri en investissant dans nos programmes pour les jeunes, la protection de la santé mentale et le transport.
Je ne citerai pas tous les témoins, mais nous en avons eu une autre, Mme Gabrielle Fayant, de l'Assembly of Seven Generations, qui a mentionné que 30 % des jeunes présentent des traumatismes lorsqu'ils sont retirés de leur foyer. Il y a une pénurie de logements. Elle a parlé de la dotation en personnel et en professionnels ayant l'expertise nécessaire pour remédier à notre situation en matière de santé mentale. Elle a parlé de foyers pour les jeunes.
Il y en a beaucoup d'autres. Je ne veux pas passer en revue toute la liste, mais il y a les problèmes de pauvreté et d'inflation, ainsi que le coût de fonctionnement de ces programmes.
Vous avez parlé du financement. Quand quelqu'un est malade ou a une crise cardiaque, il va à l'hôpital et les gens agissent immédiatement. Nous perdons des gens chaque minute.
Pourquoi tardons-nous à accorder le financement alors que nous savons déjà, d'après les témoins, que nous sommes en difficulté?
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Le financement se poursuit pour les programmes qui concernent la consommation de substances et la toxicomanie, ainsi que pour le Fonds d’innovation pour la promotion de la santé mentale. Ces fonds continuent d'être versés. Nous travaillons avec nos partenaires pour sauver ces vies.
Nous travaillons également avec mes collègues, notamment avec le , à l’Initiative pour la création rapide de logements. Lorsqu'il est nécessaire d'avoir des services sociaux et des services d'accompagnement pour ces logements créés rapidement, nous travaillons avec les provinces et les territoires pour nous assurer qu'ils sont là. Nous savons que les jeunes qui ne sont plus pris en charge à cause de leur âge ont des besoins très particuliers en matière de logement. Nous savons que les personnes qui sortent de prison ont des besoins très particuliers en matière de logement. Nous essayons, dans le cadre de la Stratégie nationale du logement, de faire en sorte que les services en santé mentale, les services liés au logement et les services sociaux ne soient pas tous éparpillés.
De plus, comme vous le dites, la politique voulant qu'on retire les enfants de leur milieu a des effets dévastateurs. Les ministres et travaillent à ce dossier. Ils essaient de veiller à ce que cela cesse pour de bon.
Merci à ma collègue.
Madame la ministre Bennett, je vais être très directe. Tout ce que vous venez de dire correspond exactement à la situation actuelle. Tout est compartimenté. Il n'y a pas de services intégrés. C'est pour cela que nous avons échoué. C'est pour cela que nous avons des enfants qui meurent. C'est pour cela que nous sommes 35e sur 38.
Les intentions sont bonnes, mais l'exécution fait cruellement défaut. Il est faux de dire que les gens vont aux urgences le vendredi et que leur médecin de famille est mis au courant le lundi. La plupart des gens n'ont même pas de médecin de famille, donc, non, ce n'est pas le cas.
L'autre question... Ce que j'aimerais voir, parce que je sais que c'est important pour vous, et nous avons une excellente réputation au sein de ce comité... C'est important pour tout le monde ici. Où est le plan d'action dont vous parlez? Pouvons-nous le voir? Quel est l'échéancier? Quand pouvons-nous espérer voir les résultats? Tout le monde ici a entendu cela à répétition.
La stigmatisation... Nous avons largement dépassé cela. Nous avons bien dépassé la question de la stigmatisation. C'est le moment d'agir. Où est le plan d'action? Quand pourrons-nous le voir? Pouvez-vous s'il vous plaît le présenter au Comité?
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Je vous remercie, madame la présidente.
Madame la ministre, je vous remercie de votre travail comme toute première ministre de la Santé mentale, mais aussi lorsque vous étiez la toute première ministre responsable de l'Agence de la santé publique du Canada, il y a plusieurs années. Je vous remercie aussi de vos visites dans le Nord de l'Ontario, à Sudbury, entre autres.
Vous avez manifestement entendu ce que les témoins ont dit au Comité sur le besoin de soins virtuels. Certains de ces témoins représentaient les campus de Sudbury et de Thunder Bay de l'École de médecine du Nord de l'Ontario, deux villes séparées par 11 heures de route, dans une région qui compte près de 110 communautés des Premières Nations.
Madame Bennett, pouvez-vous nous en dire davantage, d'une part, sur les effets qu'a eus la pandémie sur la santé mentale et, d'autre part, sur les soins virtuels de santé mentale?
[Traduction]
La question est de savoir ce que nous faisons pour soutenir les soins virtuels, pour mettre cela en œuvre sur le plan de l'auto-évaluation lorsqu'il s'agit des jeunes, de la communication avec les jeunes et de notre collaboration avec les provinces à cet égard.
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Ce qui est stimulant en ce qui concerne même les enseignements que nous avons tirés d'Espace mieux-être Canada et de ce type d'évaluation, du fait que les gens peuvent simplement explorer les ressources en ligne et trouver ce qui pourrait leur être utile et, ensuite, s'ils ont besoin de parler à quelqu'un, cela peut se faire 24 heures sur 24, sept jours sur sept... Je pense que c'est comme le service de Jeunesse, J'écoute qui, comme nous le savons, aide des milliers de jeunes. C'est l'un des partenaires de la plateforme Espace mieux-être.
C'est quelque chose qui, je pense, a été vraiment accéléré par la COVID. Il y a 20 ans, nous voulions être en mesure de faire plus de choses en ligne. Même les cliniques pour adolescents... Les hôpitaux voulaient pouvoir permettre aux adolescents d'avoir leurs rendez-vous par téléphone. Je pense que c'est ce qui se passe maintenant. Certaines personnes se sentent mieux si elles ont le premier rendez-vous en personne, puis un suivi en ligne par la suite, mais je pense que c'est très stimulant, et même pour les domaines de sous-spécialité, on peut avoir accès à un spécialiste dans le traitement des dépendances qui est vraiment le meilleur dans le domaine.
Je pense également que l'idée que l'on puisse offrir cela aux Autochtones dans les langues des Premières Nations, en michif, en inuktitut... De plus, je pense que le mouvement en faveur d'un permis d'exercice national va toucher les francophones qui, où qu'ils vivent au Canada, pourront obtenir des services de santé mentale dans leur propre langue.
Je tiens vraiment à vous remercier, et à remercier également le et la , pour le leadership dont vous faites preuve au sujet de ce plan, car, comme vous l'avez indiqué, nous devons faire les choses différemment. Le système actuel ne fonctionne pas. Nous avons entendu l'opposition parler de choses qui ne fonctionnent pas, et nous devons vraiment nous pencher, par exemple, sur les services intégrés pour les jeunes de 12 à 25 ans. C'est tellement important. Nous entendons parler de jeunes de 18 ans qui souffrent de troubles de l'alimentation et de la vallée de la mort qui s'ensuit... c'est tout simplement affreux.
Je tiens à vous remercier d'avoir écouté les organismes, car ils veulent qu'il y ait des services intégrés. Nous l'entendons clairement aujourd'hui. Je vais vous donner un bon exemple. Au cours de la dernière heure seulement, trois partis d'opposition ont parlé des provinces. Il y a les centres de consommation supervisée de la Colombie‑Britannique. J'espère que d'autres provinces suivront son exemple et travailleront ensuite avec nous. Nous avons entendu d'autres partis d'opposition dire ici que nous voulons qu'il y ait des centres de consommation supervisée. Or, la Province de l'Ontario ne finance même pas cela. Par exemple, à Sudbury, la municipalité et le gouvernement fédéral ont soutenu le centre de consommation supervisée que vous avez visité avec moi il y a quelque temps. Nous devons vraiment nous assurer d'établir ces normes.
Je vous remercie de collaborer avec les provinces et les organismes communautaires pour veiller à ce que nous disposions d'un plan durable pour aller de l'avant en matière de services intégrés pour la santé mentale et la toxicomanie.
Il se trouve que M. Serré a utilisé tout le temps dont il disposait, mais je pense que c'était sa conclusion après une très bonne réunion. Merci beaucoup.
Merci beaucoup aux témoins. Merci à la ministre Bennett et à toutes les personnes qui sont venues discuter de la santé mentale et du bien-être. C'est tellement important.
J'aimerais simplement rappeler à tous que nous avons une réunion jeudi. Nous sommes encore en train d'essayer de l'organiser. Il y aura une séance d'information sur les traumatismes.
L'une de mes demandes a été adressée à Patrimoine canadien en ce qui concerne la sécurité dans le sport et toutes ces questions. J'essaie toujours d'organiser une séance d'information pour tout le monde. J'y travaille encore. Nous verrons, mais sinon, je vais m'assurer que nous travaillons dur.
À jeudi, tout le monde.
La séance est levée.