Bonjour à tous et bienvenue à la septième réunion du Comité permanent de la condition féminine. Je suis ravie de vous voir tous ici. Certains membres participent aujourd'hui avec l'application Zoom et d'autres sont présents dans la salle.
Je rappelle à tous que, conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et à la motion adoptée le mardi 1 février, le Comité reprend aujourd'hui son étude sur la violence entre partenaires intimes et sur la violence domestique au Canada.
Dans le contexte pandémique et à la lumière des recommandations des autorités de la santé publique et de la consigne du Bureau de régie interne du 19 octobre 2021, il est recommandé que tous ceux qui participent à la réunion en personne suivent les règles que j'énoncerai pour veiller à la santé et à la sécurité de tout un chacun. Quiconque présente des symptômes devrait participer à la réunion par Zoom et non pas en personne. Tous doivent maintenir une distance physique de deux mètres avec les autres, qu'ils soient assis ou debout. Tous doivent porter un masque non médical lorsqu'ils se déplacent dans la salle. Il est fortement recommandé que les membres du Comité portent leur masque en tout temps, même lorsqu'ils sont assis. Les masques non médicaux sont plus pratiques pour la compréhension que les masques en tissu, et vous en trouverez à votre disposition dans la salle. Toutes les personnes présentes dans la salle doivent maintenir une bonne hygiène des mains en utilisant le gel antiseptique pour les mains à l'entrée de la salle. Les salles de comité sont nettoyées avant et après chaque réunion. Dans cet esprit, chacun est invité à nettoyer les surfaces telles que les bureaux, les chaises et les micros avec les lingettes désinfectantes fournies lorsqu'ils prennent place autour de la table ou lorsqu'ils quittent les lieux.
J'aimerais énoncer quelques règles à suivre pour ceux qui participent à la séance virtuellement. Vous pouvez vous exprimer dans la langue officielle de votre choix. Les services d'interprétation sont offerts pour cette réunion. Au bas de votre écran, vous pouvez choisir l'option parquet, anglais ou français. Si vous n'entendez pas l'interprétation, veuillez m'en aviser immédiatement et nous veillerons à ce que le problème soit réglé avant de poursuivre les délibérations du Comité.
Veuillez attendre que je vous nomme avant de prendre la parole. Si vous participez à la réunion virtuellement, veuillez cliquer sur l'icône du micro pour l'activer. Pour ce qui est des participants dans la salle, sachez que votre micro sera contrôlé comme d'habitude par l'agent des délibérations et de la vérification. Tout fonctionne parfaitement aujourd'hui. C'est parfait. Je vous rappelle que toutes les interventions doivent se faire par l'entremise de la présidence. Veuillez parler lentement et clairement lorsque vous vous exprimez. Lorsque vous ne parlez pas, votre micro devrait être en sourdine.
Avant d'accueillir nos témoins, j'aimerais vous donner un avertissement. Nous allons discuter d'expériences de violence et d'agressions. Cela pourrait s'avérer difficile pour ceux à l'écoute qui auraient vécu des expériences semblables. Si vous vous sentez bouleversé ou si vous avez besoin d'aide, veuillez en informer la greffière.
Je vous informe aussi que j'ai fabriqué ce magnifique petit carton qui sera votre préavis d'une minute. Je voudrais dire à nos témoins qu'ils auront cinq minutes pour faire leurs déclarations préliminaires et que lorsque quatre minutes seront écoulées, ce carton leur indiquera qu'ils ont une minute pour conclure. Ce rappel s'appliquera également à tous les intervenants et à tous les députés.
Commençons donc sans plus tarder notre réunion. J'aimerais souhaiter la bienvenue à notre premier groupe de témoins. Nous accueillons deux représentants de l'Ontario Federation of Indigenous Friendship Centres: Mme Gertie Mai Muise, directrice générale, et M. Sean Longboat, directeur des programmes. Nous accueillons également Mme Gerri Sharpe, présidente par intérim de Pauktuutit Inuit Women of Canada.
Nous entendrons d'abord les déclarations préliminaires de cinq minutes de nos témoins et j'invite les représentants de l'Ontario Federation of Indigenous Friendship Centres à prendre la parole.
Je m'appelle Gertie Mai Muise. Je suis Micmaque de St. George's, à Terre-Neuve, et je suis directrice générale de l'Ontario Federation of Indigenous Friendship Centres.
Je suis accompagnée aujourd'hui de mon respecté collègue Sean Longboat, un Cayuga de Hamilton, le directeur des programmes de notre organisation. M. Longboat est un « Kind Man », un terme qui désigne un ardent défenseur de la protection des femmes, des enfants et des familles autochtones. Je lui ai demandé de se joindre à moi aujourd'hui pour vous parler des pratiques exemplaires utilisées par les centres d'amitié pour mettre fin à la violence.
Nous sommes très honorés de rencontrer le Comité cet après-midi. Je vous remercie de votre invitation. Notre exposé présentera quelques points saillants du mémoire plus approfondi que nous avons présenté au Comité.
Notre organisation soutient 29 centres d'amitié en Ontario depuis cinq décennies, ainsi que d'autres sites de prestation de services. Nous avons toujours veillé à ce que la culture et la communauté soient au cœur de tous nos programmes et services.
Mettre fin à la violence a toujours été un pilier de notre travail qui reconnaît le taux disproportionné de violence faite aux femmes et aux filles autochtones ainsi qu'aux membres de la communauté LGBTQQIA bispirituelle. Nous n'oublions jamais non plus les conséquences qu'ont la violence et les traumatismes sur les hommes et les garçons autochtones dans nos communautés. Nos efforts ont contribué à la mise en place de cadres et d'initiatives qui ont influencé le contenu du rapport final de l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées et, en particulier, le Plan d'action pour les Autochtones en milieu urbain.
En m'appuyant sur les données probantes fournies par l'enquête nationale et plusieurs rapports et travaux de recherche antérieurs, j'aimerais vous communiquer de l'information sur deux aspects clés afin d'éclairer votre étude. Le premier porte sur trois initiatives dirigées par des Autochtones et mises en œuvre par les centres d'amitié de l'Ontario pour lutter contre la violence entre partenaires intimes et la violence domestique. J'aimerais ensuite recommander de nouvelles approches que le gouvernement fédéral pourrait adopter afin d'apporter de réels changements et d'avoir un impact positif au sein de la génération actuelle.
Je vais donc commencer par aborder les trois grandes initiatives. La première initiative est la Stratégie de ressourcement pour le mieux-être des Autochtones adoptée par la province en 1994 afin de contrer l'augmentation de la violence entre partenaires intimes et la violence domestique dans les collectivités autochtones. Cette stratégie permet d'offrir des programmes et des services régis par des Autochtones afin de rétablir le parcours de guérison selon une approche holistique axée sur l'obtention des meilleurs résultats au niveau communautaire. Depuis 2019, les centres d'amitié ont accompagné plus de 12 000 clients, ce qui reflète le besoin continu de programmes conçus pour guérir et prévenir la violence.
La deuxième initiative est le programme Kizhaay Anishinaabe Niin mis en œuvre par notre fédération. Il s'agit d'une sage pratique qui encourage les hommes et les jeunes autochtones à participer à la lutte contre la violence en se réappropriant leurs rôles et responsabilités traditionnels à titre de protecteurs de leurs communautés. Ce programme offre des soins globaux aux hommes et aux jeunes autochtones qui s'identifient comme tels et qui veulent s'engager sur la voie de la guérison ou devenir des défenseurs de leur communauté afin de mettre fin à la violence sous toutes ses formes.
Enfin, la fédération offre un programme de justice communautaire autochtone. Adaptée à la culture, cette solution de rechange au système de justice traditionnel favorise la prévention de la violence en misant sur la déjudiciarisation. Dans le cadre de ce programme basé sur les principes juridiques autochtones, les membres de la communauté, les victimes, les survivants de violence entre partenaires intimes et les aînés participent à l'élaboration de plans qui visent la guérison, le rétablissement d'un équilibre et l'atténuation de tout autre préjudice. Le programme permet à la personne de demeurer ancrée dans la communauté, stable et centrée sur la guérison à long terme, ce qui réduit ensuite le risque de récidive.
L'Ontario a récemment désigné le programme de justice communautaire autochtone comme le programme de lutte contre la violence entre partenaires intimes pour les Autochtones. Cet important jalon confirme qu'il est possible de lutter contre les comportements délinquants grâce à des approches juridiques adaptées à la culture qui réduisent la présence des Autochtones dans le système de justice.
J'aimerais maintenant recommander de nouvelles approches que le gouvernement fédéral pourrait adopter. Premièrement, il faut établir avec les peuples, les communautés et les organisations autochtones une nouvelle relation qui reflète vraiment la réalité de la vie dans nos communautés. L'absence d'une stratégie fédérale soutenant directement les communautés autochtones urbaines nuit à l'amélioration des résultats pour tous les déterminants sociaux de la sécurité et de la santé.
Deuxièmement, il faut établir un programme national pour faire en sorte que les intervenants de l'aide aux victimes soient intégrés aux réseaux de fournisseurs de services communautaires autochtones en milieu urbain et qu'ils travaillent dans des organisations telles que les centres d'amitié.
Troisièmement, le Canada doit mettre en œuvre un programme national sur le revenu de base garanti afin de s'attaquer aux réalités socioéconomiques profondément enracinées qui restent des obstacles à la sécurité, à la santé, au bien-être et aux relations communautaires.
Enfin, il faut accroître la capacité d'innovation, de conception et d'évaluation des programmes pour les Autochtones vivant en milieu urbain afin de soutenir la recherche créative de nouvelles pratiques sages visant à mettre fin à la violence et à réduire les conflits grâce à des stratégies de prévention fondées sur la culture et éclairées par les personnes les plus touchées.
Voilà qui termine notre exposé. Je vous remercie de votre attention.
Nous répondrons avec plaisir à toutes vos questions.
Wela'lin.
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Ubalaguk et bonjour, madame la présidente ou madame
isivauta, et distingués membres du Comité.
C'est un honneur et un plaisir de comparaître devant vous aujourd'hui.
Depuis 1984, Pauktuutit Inuit Women of Canada est la voix nationale des femmes inuites de notre pays. Par le biais d'initiatives de sensibilisation, d'élaboration de politiques et de projets communautaires, Pauktuutit fait connaître les besoins uniques des femmes inuites dans de nombreux domaines, notamment la prévention de la violence et de la maltraitance, la justice et les services de police, la santé et le bien-être, ainsi que le développement social et économique.
Lutter contre la violence entre partenaires intimes et la violence domestique est la grande priorité de Pauktuutit, et pourtant le problème n'a cessé de prendre de l'ampleur au cours des 30 dernières années.
Permettez-moi d'abord de vous présenter un aperçu de la gravité du problème. Le taux de violence touchant les femmes inuites est 14 fois plus élevé que celui des autres groupes de femmes au Canada. Les enfants inuits sont parfois victimes de violence et de maltraitance à un taux 10 fois supérieur à celui des autres enfants canadiens. Au Nunavut, une femme inuite sur deux est victime de sévices sexuels graves pendant son enfance. On estime que le taux de suicide chez les Inuits est de 9 à 20 fois celui de la moyenne nationale.
Ces quelques statistiques ne font qu'effleurer le problème. La réticence à signaler la violence domestique est amplifiée par la barrière linguistique, le manque d'endroits ou de refuges sûrs et la méfiance générale à l'égard des services de police.
Des facteurs historiques, sociaux et économiques sous-jacents contribuent à ce que les Inuits connaissent le taux de violence le plus élevé au pays. Les Inuits sont toujours aux prises avec les traumatismes intergénérationnels causés par les pensionnats, le racisme institutionnalisé et systémique, les conditions de logements surpeuplés, la pauvreté et l'insécurité alimentaire.
La violence domestique doit être traitée à la fois comme un problème de santé physique et un problème de santé mentale. Nous savons que les traumatismes psychologiques, en particulier ceux qui ne sont pas traités, ont des effets dévastateurs.
Les coûts associés à la violence physique, y compris les services d'urgence, les traitements, la réadaptation et les fréquentes évacuations sanitaires, sont élevés, et pourtant les investissements actuellement faits pour réduire la violence fondée sur le sexe sont insuffisants. Beaucoup de femmes inuites vivent dans de petites collectivités uniquement accessibles par avion. La plupart des collectivités de l'Inuit Nunangat sont confrontées à une pénurie de logements et on n'y trouve aucun refuge. Trop souvent, il n'y a tout simplement pas d'endroit sûr où les femmes peuvent se réfugier et aucune ressource n'est offerte.
Les femmes inuites doivent se débrouiller dans un système complexe et parcourir de longues distances sans moyens de transport ni ressources financières. Elles sont obligées de quitter leur collectivité pour chercher refuge ailleurs, laissant derrière elles des enfants et les systèmes de soutien qu'elles avaient sur place.
Alors que les femmes inuites connaissent les taux de violence familiale les plus élevés au pays, le financement, les ressources et un siège à la table pour les voix des femmes inuites exerçant un leadership dans la prise de décisions font cruellement défaut.
Une approche sexospécifique propre aux Inuits doit être appliquée à toutes les politiques et initiatives visant à lutter contre la violence domestique et la violence entre partenaires intimes dont les femmes inuites sont victimes. Les solutions doivent être dirigées et éclairées par des femmes inuites, car ce sont les expertes qui détiennent les connaissances nécessaires pour faire face à ce problème qui les touche directement. Pauktuutit a demandé que des investissements coordonnés, sexospécifiques et fondés sur la distinction soient faits dans les refuges et les maisons de transition. Ces investissements doivent être durables et soutenir les efforts déployés pour accroître l'accès aux programmes de counselling et de traitement des toxicomanies qui masquent des traumatismes sous-jacents ou provoquent la violence.
Les professionnels de la santé, les policiers et les fournisseurs de services doivent être plus sensibilisés à l'histoire, à la culture, à la violence sexospécifique et à notre langue inuites. La rupture du lien de confiance qui s'est produite dans le passé explique la méfiance envers les personnes en position de pouvoir, comme la police. Les femmes inuites ont dit qu'elles s'étaient senties revictimisées après avoir tenté d'obtenir l'aide des systèmes de justice et de police.
Pauktuutit a signé un protocole d'entente et collabore avec la GRC afin d'établir des services de police communautaires axés sur l'amélioration de la sécurité des femmes inuites, de nos familles et de nos collectivités.
Les besoins en matière de soutien et de ressources se sont accrus pendant la pandémie de COVID‑19. Plusieurs services ont été réduits ou transférés en ligne, alors que l'accessibilité à Internet est un problème permanent dans les collectivités inuites. Les problèmes de santé mentale et de toxicomanie se sont aussi aggravés, les familles demeurant confinées dans des logements, déjà surpeuplés, pour respecter les directives sanitaires. Plaider pour obtenir des refuges et des maisons de transition pour les Inuites et leurs enfants doit être une priorité absolue pour Pauktuutit.
Je vous remercie de m'avoir invitée à témoigner au sujet de l'important enjeu de la violence entre partenaires intimes. Ce problème continue de victimiser et de traumatiser nos femmes et nos personnes de sexe féminin et d'avoir des répercussions intergénérationnelles dévastatrices sur les enfants, les familles, les communautés et la culture. Nous sommes impatients de travailler avec le gouvernement fédéral pour trouver des solutions à cette tragédie moderne qui touche tant de personnes.
Je répondrai avec plaisir à vos questions.
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Avec plaisir. Je suis heureuse d'avoir l'occasion de le faire, car peu importe les politiques et les lois qui existent, il ne faut pas oublier où nous sommes situés. Lorsque nous parlons de petites collectivités accessibles uniquement par avion, ce n'est pas une blague. C'est la réalité dans laquelle nous vivons.
Je suis à Yellowknife, en milieu urbain, alors je ne suis pas dans l'Inuit Nunangat. Il ne faut pas oublier que dans les petites collectivités comme Pauktuutit et Sachs Harbour, les victimes de violence entre partenaires intimes doivent utiliser le système de soins de santé pour se rendre à Inuvik. Elles sont traitées comme si elles étaient là pour une visite médicale, ce qui est absurde.
Lorsque vous parlez de quelque chose qui vient du Royaume-Uni, cela ne conviendra pas à la réalité du Nord. Le Nord n'existe que depuis les 60 dernières années. Chez les Inuits, la solution à la violence entre partenaires intimes doit être communautaire et tout le monde doit y participer.
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Merci, madame la présidente.
Je tiens d'abord à souligner que c'est aujourd'hui la Journée zéro discrimination des Nations unies et le premier jour du Mois de l'histoire des femmes. Nous pouvons tous reconnaître que nous travaillons à bâtir un avenir où les femmes de tous les milieux sont à l'abri de la discrimination. Merci beaucoup pour ces éloquents témoignages.
Ma première question s'adresse à l'Ontario Federation of Indigenous Friendship Centres. Madame Muise, vous avez parlé d'obstacles à la sécurité et d'une stratégie fondée sur la culture. Nous avons entendu parler de l'augmentation générale de la violence domestique pendant la pandémie. Si nous considérons le manque de confiance général envers les services de police, comment serait‑il possible d'atténuer les problèmes linguistiques dont vous avez parlé? Quels sont les obstacles particuliers à l'accès aux services?
Madame Muise, vous pouvez répondre en premier et Mme Sharpe pourra ajouter quelque chose.
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D'accord, je comprends.
Les obstacles aux services de soutien pour les femmes et les filles autochtones, les personnes bispirituelles et LGBTQIA, ainsi que pour les hommes et les garçons de notre communauté sont intersectoriels. Les différents domaines de travail, les déterminants de la santé, tous ces facteurs qui ont une incidence sur la vulnérabilité des gens... Il y a des obstacles dans chaque système qui tente de répondre et d'aider. Nous avons constaté qu'une façon d'aider à améliorer les disputes sur le partage des compétences et le manque de coordination intersectorielle — toutes ces choses —, c'est d'avoir des équipes communautaires qui connaissent le fonctionnement de ces systèmes et qui peuvent encourager la coordination et vraiment promouvoir les interactions avec les ressources basées sur la culture, notamment avec les détenteurs du savoir traditionnel, les enseignants traditionnels, les réseaux de familles et d'enfants, et des personnes ont connu ces systèmes et qui ont survécu.
Il est vraiment essentiel de comprendre les obstacles, parce que la façon dont la communauté perçoit les obstacles est très différente de ce que les systèmes et les structures de services de l'Ouest considèrent comme des obstacles pour aider nos communautés. C'est pourquoi il est si important que les investissements soient réalisés au sein des communautés avec des organisations dirigées par des Autochtones, gouvernées par des Autochtones et éclairées par des Autochtones. Il y a maintenant une meilleure compréhension des véritables obstacles, surtout depuis la pandémie. Je pense que nous avons observé une nouvelle perception chez les intervenants sur le terrain. Il pourrait y avoir un peu de formation à ce sujet. Je crois qu'il est toujours utile que nous comprenions ce qui maintient le racisme systémique, comment y mettre fin et comment créer de nouvelles façons d'assurer la sécurité et le bien-être.
Nous avons beaucoup de choses à dire à ce sujet, et je pense que nous avons abordé certains de ces obstacles dans notre mémoire plus élaboré. En fait, notre mémoire comporte certaines mesures législatives que nous recommandons pour appuyer le projet de loi , Loi concernant l'élaboration d'un cadre national sur le revenu de base garanti suffisant. C'est l'une des mesures législatives que nous avions et dont nous faisons actuellement la promotion.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Je remercie les témoins de leurs témoignages vraiment éclairants et intéressants sur la violence fondée sur le genre et sur la violence conjugale, des sujets extrêmement importants.
Mesdames Muise et Sharpe, je vous remercie.
J'ai pris beaucoup de notes pendant vos remarques préliminaires. D'abord, vous avez beaucoup parlé de la question culturelle, sujet sur lequel j'aimerais vous entendre davantage. L'une ou l'autre d'entre vous pourra répondre à ma question.
Je crois beaucoup au dialogue de nation à nation. Quand vous parlez de nouvelles approches et de nouvelles relations, faites-vous allusion au fait de mieux tenir compte des spécificités culturelles propres à vos communautés pour pouvoir aborder la question de la violence conjugale différemment?
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Non. Je voulais dire qu'à mon avis, nous devons accorder du temps à notre collègue inuite.
Je tiens à dire rapidement que ce n'est pas de cela que je parlais. L'immense majorité des membres des Premières Nations, des Inuits et des Métis vivent dans des régions urbaines, rurales ou éloignées, en dehors des réserves et des territoires ancestraux. Bien qu'il soit très important d'avoir ces discussions et de dialoguer avec les signataires des traités, de nation à nation, il n'y a pas beaucoup de solutions politiques à ce problème social complexe.
En fait, à cause des querelles de compétences et de la politisation des peuples autochtones dans ce pays, une approche de nation à nation ne nous permettra jamais de mettre fin à la violence entre partenaires intimes.
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Vous avez parlé de retards en ce qui a trait aux transferts de sommes et de l'importance de faire des investissements, notamment en matière de santé. Vous avez toutes les deux parlé du fait que ce problème relevait vraiment de la santé publique, et vous avez également abordé le problème du logement.
Nous avons vécu ce problème de logement au Québec. En raison de ces retards, les femmes se retrouvent parfois plus longtemps dans des refuges, et, après, elles ont besoin d'un logement sûr et sécuritaire. Selon vous, il est important d'investir davantage à la fois en santé, pour prévenir ces problèmes, et en logement, pour permettre aux femmes de se sortir du cycle de la violence conjugale. C'est ce que je déduis de vos propos. Est-ce exact?
Encore une fois, ma question s'adresse à vous deux, mesdames Muise et Sharpe. Vous avez toutes deux parlé de l'importance de se sortir de ce cycle de violence et de rebâtir la confiance des femmes à l'égard du système.
Je vous remercie.
Je tiens à dire que le logement est certainement un facteur pour les femmes inuites lorsqu'elles sont mal logées. Les logements sont très souvent surpeuplés dans l'Inuit Nunangat.
Je veux revenir au cadre communautaire. Quand j'ai parlé d'un cadre correspondant à la culture des Inuits, je ne voulais pas dire seulement des Inuits, mais un cadre qui corresponde à l'environnement ici, dans le Nord. Aujourd'hui, par exemple, à Yellowknife, le festival Snowking a ouvert son château de neige. Vous entendez peut-être les tambours dénés. C'est un festival communautaire local gratuit. Je voulais vous le montrer parce que tout ce à quoi participe la collectivité sera bon pour elle. Il faut faire participer les hommes, les enfants, les aînés et la collectivité tout entière, et cela peut être aussi simple qu'une danse du tambour. Cela peut être aussi simple de que la couture. Pas besoin que ce soit quelque chose d'énorme, même s'il nous faut quelque chose d'énorme pour résoudre le problème en général.
Aujourd'hui, l'absence de centres de traitement dans le Nord est un des autres obstacles auxquels nous nous heurtons. Quand une femme doit signaler de la violence entre partenaires intimes, elle doit se demander si elle va quitter son foyer ou en faire éloigner la personne. Si elle doit quitter son foyer, elle quittera aussi sa collectivité.
La question n'est pas seulement de savoir où elle va passer la nuit. En fait, elle va plus devoir se demander si elle veut quitter la communauté, pas seulement pour aller à Yellowknife ou chez sa sœur à côté. C'est un problème communautaire. Ce n'est pas seulement un problème de logement. C'est un problème pour toute la collectivité et c'est pourquoi c'est à la collectivité de le résoudre.
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Je vous remercie, madame la présidente.
Un grand merci à nos deux témoins du travail essentiel qu'elles accomplissent.
Vous avez toutes deux mentionné la nécessité d'un revenu de base garanti suffisant. En fait, c'est moi qui ai présenté le projet de loi en réponse à l'appel à la justice 4.5, afin de mettre en place un revenu de subsistance garanti pour aider à atténuer la crise de la violence contre les femmes et les filles autochtones. La sénatrice Kim Pate a présenté le projet de loi , qui est débattu actuellement au Sénat. Le même projet de loi, mot pour mot, est étudié dans les deux chambres du Parlement. Autrement dit, nous travaillons ensemble sur cette initiative.
Madame Sharpe et madame Muise, pouvez-vous expliquer brièvement pourquoi vous êtes favorables à un revenu de base garanti suffisant?
À mon avis, un revenu de base garanti est important si on comprend ce qu'est la violence entre partenaires intimes et la violence conjugale [difficultés techniques]. La Commission de vérité et réconciliation explique bien les causes profondes de cette violence. Il s'agit du colonialisme et des couches d'expériences intergénérationnelles vécues par notre peuple. Le revenu de base permet aux femmes et à d'autres personnes genrées et à leur famille de trouver un lieu sûr. Comme nous le constatons maintenant, c'est un élément essentiel pour éviter d'autres mauvais traitements.
Je vais laisser la parole une minute à mon collègue Sean Longboat pour qu'il parle du logement et explique en quoi le revenu de base et le logement sont liés.
Monsieur Longboat, vous voulez bien parler un peu de ce que nous apprenons avec nos nouvelles initiatives?
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Nous savons que lorsqu'on fournit les ressources nécessaires aux collectivités autochtones qui entretiennent une relation et qui connaissent bien leurs propres besoins, elles font le travail.
Ces nouvelles voies dont je parle et ces nouvelles relations visent, au fond, à éliminer en partie les querelles de compétences qui surviennent quand nous essayons de lutter contre les risques très graves que courent les femmes autochtones dans nos collectivités.
Nous parlons de relations de financement direct entre les organismes de services fédéraux et provinciaux qui ont pour mandat de faire le travail, qui le font déjà, et ce depuis des décennies. Nous parlons de nous débarrasser des lourdeurs administratives, le « white tape », d'éliminer bon nombre des obstacles et d'avoir beaucoup de latitude.
Nous parlons de peu d'obstacles et de beaucoup de souplesse. Nous parlons d'une communauté interne de ressources destinées aux personnes et aux collectivités qui en ont besoin, aux familles, afin qu'elles puissent même trouver leurs propres solutions et que nous puissions les aider à le faire.
Ce sont des exemples. Nous avons quantité d'idées sur le sujet, parce que nous essayons beaucoup de choses. Le programme Homeward Bound dont vient de parler M. Longboat est nouveau. Il manque de fonds. En fait, il n'est même pas financé. Ce programme novateur offre une gamme de services complets. Cette approche tout à fait nouvelle fonctionne et nous serions ravis de vous en parler davantage.
Le programme Homeward Bound est offert dans ma circonscription, dans Peterborough-Kawartha. Je suis la première à en vanter les mérites. C'est un programme tout à fait remarquable qui devrait retenir l'attention à l'échelle nationale. Je suis donc heureuse que vous en parliez.
Si vous pouvez envoyer au Comité des précisions sur ce qui marche, je crois que ce serait très utile. Nous pourrions entrer dans les détails du programme.
J'aimerais poser une question à Mme Muise.
Madame Muise, vous témoignez avec passion devant le Comité, et nous vous en sommes très reconnaissantes. Je crois que nous devons vraiment ajouter le mot-clic « white tape ». Quelle expression fantastique de Mme Muise!
Madame Muise, vous parlez de ce en quoi je crois, c'est-à-dire du fait que seul on va plus vite, mais ensemble on va plus loin, et sincèrement, la base communautaire de... Vous avez mentionné combien c'est difficile parce qu'on ne quitte pas seulement le partenaire, mais aussi la collectivité.
Vous avez dit qu'il faut renforcer la confiance, qu'il y a beaucoup de méfiance à l'égard de la police. Quelle est la meilleure façon de s'y prendre?
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Il y avait une chose que je voulais vraiment essayer de faire, et ce d'abord ici, à Yellowknife. C'était que les nouveaux policiers soient obligés de suivre une sorte de formation communautaire.
Je suis également artiste. J'apprends à d'autres à fabriquer des choses comme des mitaines en peau de phoque. Parmi les projets sur lesquels je travaillais avec la GRC de Yellowknife, il y avait l'organisation d'ateliers sur le travail des peaux de phoque. Pour quatre policiers, il y aurait eu quatre membres de la collectivité et les conversations se seraient nouées naturellement.
C'est un type d'activité communautaire dont ne profiterait que la collectivité. Les policiers y seraient dans un endroit sûr pour demander, par exemple, pourquoi nous haussons les sourcils pour dire oui et pourquoi nous plissons le nez pour dire non. Ils se sentiraient peut-être gênés de poser ce genre de questions dans la collectivité, mais les ateliers seraient un endroit sûr où les poser.
La GRC de Yellowknife était très intéressée par le projet. Malheureusement, la COVID m'a empêchée de le mettre sur pied. Je pense qu'on devrait organiser ce genre de projets dans toutes les collectivités parce qu'ils permettent aux policiers de s'immerger dans la collectivité et renforcent la confiance.
Quand je vivais à Inuvik et que les policiers participaient au Muskrat Jamboree, même si ce n'était qu'en prenant part à une des courses avec tout leur équipement, toute la collectivité s'en réjouissait et applaudissait.
Pour protéger la collectivité, les policiers doivent en faire partie. Sinon, ils ne peuvent pas empêcher des choses de se produire. Ils doivent vraiment en faire partie.
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Je vous remercie, madame la présidente.
Je tiens à remercier les témoins de leurs témoignages très convaincants.
Je commencerai par les centres d'amitié. Je connais bien le travail très important que vous faites, ce que vous mentionniez aussi à propos de fonder ce travail sur l'expérience vécue et le fait qu'en tout cas en Ontario, la plupart des Autochtones vivent en milieu urbain. Dans ma circonscription, j'ai un conseil consultatif des jeunes Autochtones et certaines des histoires ressemblent beaucoup à celles des jeunes Inuits ou des jeunes Autochtones qui viennent à Ottawa en fuyant des foyers violents et qui n'arrivent pas à trouver un endroit sûr où vivre, un endroit où ils ne seront pas exposés au même genre de violence. Je sais que des efforts de sensibilisation ont conduit à notre annonce d'une enveloppe de 720 millions de dollars pour l'Initiative de maisons d'hébergement et de logements de transition pour les Autochtones. Une de ces maisons se trouvera ici même, à Ottawa, et elle sera réservée aux femmes inuites.
Quelle est l'importance de cette initiative et est‑il important que des personnes puissent vivre au sein de leur communauté culturelle, mais en ayant aussi un logement sécuritaire? Vous avez mentionné qu'il y a une lacune dans la politique gouvernementale relative aux Autochtones en milieu urbain, selon moi, surtout pour les jeunes et pour les jeunes femmes. Que pouvons-nous faire de plus? Devrions-nous élargir ce projet? Comment réglons-nous ce problème?
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C'est une question complexe.
Il est essentiel de mettre l'accent sur l'expérience vécue parce que beaucoup, beaucoup de femmes, de filles et leurs familles sont pour ainsi dire invisibles en milieu urbain. Il arrive beaucoup de choses en milieu urbain. Je crois vraiment que, quoi que nous fassions dans le pays, il faut une approche particulière au milieu urbain.
J'aimerais aussi inviter mon collègue, Sean Longboat, à faire quelques remarques sur le lien avec les maisons d'hébergement et sur cet aspect de votre question.
Monsieur Longboat.
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Les interventions en situation de crise sont un aspect important du travail des centres d'amitié. Les femmes en situation de crise, qui fuient la violence d'un partenaire intime ou d'autres formes de violence font beaucoup appel à nos services. Les maisons d'hébergement et les logements de transition sont donc des moyens d'intervention immédiate importants. Nous avons bien dans toute la province un certain nombre de partenaires qui jouent un rôle important à cet égard, mais cela dit, il faut souligner que le réseau de refuges même ne suffit pas à régler le problème de la violence et que, dans bien des cas, il peut représenter un environnement hostile pour des Autochtones.
Il serait plus efficace, selon nous, de créer des options de logement sûr et abordable pour les Autochtones et leur famille, y compris pour les femmes victimes de violence de la part d'un partenaire intime, afin de leur donner les moyens de se remettre de la violence qu'elles ont vécue. Depuis des années, l'OFIFC demande au gouvernement fédéral d'investir dans une stratégie nationale de logement pour les Autochtones en milieu urbain, rural et nordique. Nos études nous montrent qu'un logement sûr et abordable constitue un facteur de protection qui fait contrepoids aux facteurs de risque, en réalité, de toute forme de violence.
Nous fournissons volontiers plus de détails sur les aspects précis de notre demande. Je crois que nous donnons des renseignements généraux dans notre mémoire, mais c'est avec plaisir que nous vous communiquerons des détails sur la nature de cette approche particulière.
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Ce doit être moi. En ce qui concerne les cas de violence intime intergénérationnelle, je suis une femme de 53 ans qui vit à Yellowknife. J'étais élève d'un pensionnat indien, ce qui était aussi le cas de beaucoup de personnes plus jeunes que moi. Ma mère a été élève du même pensionnat indien que moi.
Quand j'étais à Akaitcho Hall, il y avait un surveillant qui était déjà là quand ma mère était pensionnaire dans la même école. Donc, le traumatisme intergénérationnel que j'ai ressenti, c'est la colère de ma mère et son incapacité à dire pourquoi elle était en colère [difficultés techniques], avec pour résultat qu'elle est morte des suites de trois cancers parce qu'elle ne faisait pas confiance aux médecins blancs. Elle ne faisait pas confiance aux hommes.
Ensuite, mon frère et moi avons été la cible d'un langage très vulgaire. J'ai fait tout mon possible pour que mes enfants ne subissent pas le même sort et je crois avoir réussi. Mes petits-enfants ne sauront pas ce que j'ai entendu en grandissant. Ce n'est encore que quatre générations et il en faut encore trois avant que cela ne se reproduise jamais. Le traumatisme intergénérationnel est donc réel.
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Merci, madame la présidente, et merci, madame Sharpe, de nous avoir fait part de votre histoire.
La question du financement fédéral est très importante. Nous avons les résultats de l'enquête nationale. Nous n'avons pas de calendrier, pas de financement expressément réservé aux femmes, aux filles et aux personnes 2SLGBTQQIA autochtones. Il y a deux semaines, Marion Buller et le réseau APTN ont déclaré que le gouvernement fédéral a lamentablement échoué dans sa réponse à l'enquête nationale.
Ainsi, et j'espère avoir les bons chiffres, madame Sharpe, seules 13 des 51 collectivités de l'Inuit Nunangat ont des maisons d'hébergement pour les personnes qui fuient la violence.
Pouvez-vous nous dire quelles sont les conséquences du manque d'accès à des maisons d'hébergement pour ce qui est de protéger les femmes, les filles et les personnes 2SLGBTQQIA?
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J'ai témoigné à ce sujet aussi à l'enquête, quand elle a fait étape à Yellowknife.
À mon avis, les femmes qui doivent fuir des relations violentes partent dans des centres urbains. Quand elles vont dans des centres urbains, elles finissent à Edmonton, Vancouver, Ottawa, Winnipeg et Montréal ou encore en Nouvelle-Écosse. C'est là que nous perdons nos tantes, nos soeurs, nos bébés et nos grands-mères parce qu'elles sont complètement coupées de leurs réseaux de soutien. Elles tombent dans le cercle vicieux de la victimisation.
C'est un énorme problème.
Nous arrivons à la fin du temps pour notre premier groupe.
Au nom du comité de la condition féminine, je tiens à remercier Mme Muise, M. Longboat et Mme Sharpe. Merci infiniment de votre présence aujourd'hui et de vos témoignages passionnés.
Nous allons faire une pause d'environ une minute, puis passer au deuxième groupe. Nous demandons au premier groupe de témoins de quitter la réunion, Appuyez sur le bouton Quitter en bas de votre écran. Ce serait fantastique, et nous reprendrons.
Madame Sudds, vous avez une question?
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Nous reprenons la réunion.
Je suis très heureuse d'accueillir le prochain groupe de témoins aujourd'hui.
Je vais me tromper. Je demande donc à tout le monde de corriger ce que je dirai.
Je souhaite la bienvenue à Angela Brass, coordonnatrice du programme UMatterm de Ka Ni Kanichihk. Nous avons aussi Angie Hutchison, directrice exécutive de Wahbung Abinoonjiiag Inc. Représentant les femmes de la nation métisse, nous avons Melanie Omeniho, présidente des Femmes Michif Otipemisiwak.
Nous allons commencer par cinq minutes chacune. Je vous servirai de chronomètre. Quand il vous restera une minute, je vous montrerai mon carton de la minute pour que vous commenciez à conclure.
Je vais laisser la parole à Mme Brass pour cinq minutes.
Le programme UMatter se concentre sur la prévention de la violence dans les fréquentations amoureuses à l'adolescence, en y ajoutant les enseignements autochtones pour sensibiliser les jeunes au sujet. Pour l'instant, tout se passe très bien, l'aîné communique les enseignements aux jeunes et aux jeunes adultes. C'est très positif.
Beaucoup de jeunes s'ouvrent à nous de choses qu'ils ont vues et vécues, ce qui est une étape importante, mais je sens qu'ils ont pris confiance depuis que l'aîné leur transmet les enseignements autochtones.
Jusqu'ici, notre programme est très positif pour les quartiers défavorisés du centre-ville de Winnipeg.
C'est tout ce que j'ai à dire aujourd'hui. Si vous avez des questions...
Je vous remercie, madame la présidente et mesdames les députées, de me donner l'occasion de témoigner devant le Comité aujourd'hui.
Je vous parle de Winnipeg, territoire du Traité no 1. Les nations Anishinabe, Crie, Dakota et Oji-crie veillent sur ce territoire depuis des milliers d'années, et il est la mère patrie de la nation métisse.
Je reconnais aussi le territoire du Traité no 3 et je salue la Première Nation de Shoal Lake. Le lac Shoal est la principale source d'eau de Winnipeg.
Je m'appelle Angie Hitchison et je suis la directrice exécutive de Wahbung Abinoonjiiag.
Wahbung Abinoonjiiag est un organisme autochtone à but non lucratif créé afin de donner aux enfants et aux familles les moyens de mettre fin au cycle de la violence. Wahbung Abinoonjiiag offre des possibilités de guérison holistique et apporte un soutien aux enfants, aux jeunes, aux personnes et aux familles afin qu'ils s'épanouissent avec l'appui de programmes et de services qui reposent sur les voies autochtones du savoir.
Nos programmes visent à répondre aux besoins exprimés de la collectivité rassemblée dans le cadre de conseils et par des liens communautaires. Il s'agit fondamentalement d'un lien fondé avec la collectivité sur les relations.
Wahbung Abinoonjiiag a pour vision un endroit et un temps où les enfants et leur famille pourront vivre à l'abri de la violence et sans être bridés par ses conséquences. Pour concrétiser cette vision, Wahbung Abinoonjiiag crée une communauté qui entoure les enfants et leur famille afin de favoriser leur guérison et le bien-être pour qu'ils puissent prendre leur juste place dans le monde et dans le futur.
Les appels à l'action de la Commission de vérité et réconciliation parlent de restauration, de revitalisation et de renforcement des cultures autochtones par et pour les peuples autochtones moyennant des services adaptés à leur culture pour des questions telles que la violence familiale et des programmes de services aux victimes particuliers pour les Autochtones.
La Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones confirme que les peuples autochtones ont le droit à l'autodétermination, y compris en ce qui concerne le développement social et culturel. Les peuples autochtones ont le droit de revivifier, d'utiliser, de développer et de transmettre aux générations futures leur histoire, leur langue, leurs traditions orales et leur philosophie.
Les appels à la justice de l'enquête nationale appuient la revitalisation des pratiques de soins de santé et de bien-être autochtones par des enseignements et des cérémonies inspirés de la terre et le soutien à des initiatives dirigées par des Autochtones pour que les personnes, les familles et les collectivités aient accès à des connaissances culturelles comme méthode fondée sur les forces pour encourager la valorisation et la revitalisation culturelle.
La Commission royale sur les peuples autochtones souligne qu'il faut savoir que les inégalités et les déséquilibres de pouvoir reposent non seulement sur les relations, mais aussi sur la violence structurelle.
On ne peut lutter contre le problème de la violence familiale isolément. Il faut, en fait, s'attaquer aux causes profondes de l'inégalité, ce qui comprend le racisme et le patriarcat comme facteurs contribuant à la violence familiale, en plus de s'attaquer à la dynamique de la violence et aux comportements violents dans les relations.
Les conséquences insidieuses du processus colonial et des colons sur toute l'île de la Tortue sont désastreuses pour les familles, les collectivités et les nations autochtones. La destruction intentionnelle et systématique de la souveraineté et de l'autodétermination autochtone a été menée en détruisant les familles et les collectivités en leur enlevant leurs enfants avec le système des pensionnats indiens, avec la rafle des années 1960 et avec le désastre constant qu'est le système d'aide à l'enfance. Ces systèmes d'oppression historiques et continus visent à faire disparaître un sentiment d'appartenance et une force, à déstabiliser les familles et les collectivités, et ils continuent d'avoir des répercussions négatives et préjudiciables sur le bien-être des collectivités autochtones.
Wahbung Abinoonjiiag crée une communauté de soutien pour les personnes, les familles et les collectivités qui se remettent de violences pour les générations actuelles et futures.
Les modes de guérison autochtones sont holistiques et inclusifs. Wahbung Abinoonjiiag reconnaît que les participants sont les experts dans leurs propres expériences et comprend que le parcours de guérison d'une personne n'est pas un processus linéaire ou soumis à un calendrier précis, mais un processus de réflexion, souple et adapté aux expériences. Guérir requiert de l'humilité, de la patience et de la sagesse.
Le lien avec le renforcement des relations, la collectivité et les liens de parenté constituent un aspect commun à beaucoup de nations autochtones. En sachant cela, on comprend que les enfants ne peuvent pas guérir si les familles et les collectivités ne guérissent pas elles aussi. Les programmes doivent dépasser des critères étroitement définis pour être en mesure de s'adapter et pour s'appuyer sur des approches fondées sur les relations. Nous devons voir l'enfant comme étant le centre des familles et des collectivités, et les possibilités de guérison pour les enfants sont étroitement liées à la guérison de tous ceux et celles qui les entourent.
Kinanâskomitin. Merci.
Je m'appelle Melanie Omeniho et je suis la présidente des Femmes Michif Otipemisiwak. Je vous transmets les salutations de mon conseil d'administration et de mes collaboratrices. Je me trouve en ce moment sur les terres du Traité no 6, mère patrie des Métis, et je suis pour l'heure à Edmonton.
Nous mettons en œuvre notre vision et notre mandat en plaidant à l'échelle nationale pour des politiques fondées sur les distinctions et adaptées sur le plan culturel qui visent à améliorer la vie et le bien-être des femmes, des enfants, des familles et des collectivités métisses. Nous appliquons une approche intersectionnelle et genrée des points de vue et préconisons un accès équitable pour une égalité des résultats dans une perspective métisse genrée, en tenant compte de nos rôles historiques et contemporains en tant que femmes métisses et en reconnaissant que le genre et la culture sont inséparables.
C'est également en suivant cette approche que nous avons défini l'analyse comparative entre les sexes avec laquelle nous travaillons. Depuis la création même de leur organisme, Les Femmes Michif Otipemisiwak ont pour priorité la prévention de la violence et des mauvais traitements à l'égard des femmes, des enfants et des personnes bispirituelles et de diverses identités de genre métis. En plus de participer régulièrement à des activités qui encouragent le leadership des femmes métisses, Les Femmes Michif Otipemisiwak mènent de nombreuses activités pour mettre fin à la violence sexiste et à la violence entre partenaires intimes.
De notre point de vue, la violence sexiste n'est pas un problème de femmes, mais une dure réalité à laquelle il ne sera pas mis fin si la société ne réagit pas vraiment. Ces dernières années, notre travail a porté en grande partie sur la préparation de notre rapport que nous avons intitulé « Weaving Miskotahâ ». Il explique le cheminement de la nation métisse pour mettre fin à la violence et pour qu'il n'y ait plus de femmes, de filles et de personnes 2SLGBTQQIA+ qui disparaissent ou qui soient assassinées.
Nous entreprenons actuellement la définition du plan d'action de la nation métisse pour mettre en oeuvre notre plan. En plus de notre travail continu sur les femmes, les filles et les personnes 2SLGBTQQIA+ portées disparues ou assassinées, nous avons entrepris de créer une boîte à outils contre la violence sexiste. Elle repose sur des forces et prend en compte les principes de gentillesse latérale. En partant de ce point de vue, nous reconnaissons nos difficultés tout en célébrant notre résilience et notre force, caractéristiques positives qui nous aident depuis des générations à surmonter l'adversité et à continuer d'avancer et de nous épanouir. C'est un travail sans relâche, mais notre mission restera toujours de voir un monde où les femmes de la nation métisse dans toute la mère patrie sont en sécurité, respectées, connectées et plus autonomes, et où elles peuvent travailler avec les gouvernements, les organismes et les organisations métis du Canada pour aider à créer les conditions nécessaires à des collectivités dynamiques, productives et en bonne santé.
Le manque de connaissance de l'identité métisse et la représentation erronée des femmes autochtones transparaissent dans les portraits stéréotypés qu'en font les médias, ce qui conduit à leur déshumanisation continue dans la société canadienne et aux mauvais traitements qu'elles y subissent. La violence sexiste, y compris la violence entre partenaires intimes, contre les femmes métisses n'est pas un phénomène qui existe en vase clos. Elle est une réaction qui résulte de la colonisation, de la masculinité toxique et de valeurs et de normes patriarcales imposées. La culture populaire, y compris les émissions télévisées, les films et les jeux vidéo, présente les femmes et les filles métisses comme étant peu civilisées, hypersexualisées et insignifiantes.
Dans leurs contacts avec les services, les femmes, les filles et les personnes de diverses identités de genre métisses se heurtent continuellement à un racisme qui est distinct de celui que subissent les femmes, les filles inuites et les personnes de diverses identités de genre des Premières Nations. Le racisme tient souvent à un manque d'information sur le vécu des femmes métisses. Pour mettre fin à la violence avec respect, Les Femmes Michif Otipemisiwak utilisent notamment la campagne intitulée « She is Indigenous », et nous allons continuer de travailler avec nos grands-mères et nos aînées pour faire en sorte que des programmes et des piliers familiaux et communautaires soient en place pour guérir.
Nous allons grandir en mettant l'accent sur l'éducation et la sensibilisation... Pour aider à changer cette situation, nous devons faire participer les hommes et les garçons à ces conversations, et nous continuerons de le faire d'une manière qui soit adaptée à la culture.
Je vous remercie de m'avoir donné cette occasion de m'exprimer.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Je salue mes collègues.
Mesdames, je vous remercie de votre présentation de très grande qualité.
Madame Brass, vous nous avez un peu laissés sur notre faim. Évidemment, je m'intéresse beaucoup au programme que vous avez mis en place, soit au programme uMatter. Ce que je trouve intéressant, c'est que vous avez joint des générations, c'est-à-dire que les aînés accueillent les plus jeunes afin de transmettre leur savoir et leur science.
Comment cela se passe-t-il? Comment est-ce organisé? Qui y participe? La participation se fait-elle sur une base volontaire?
Je vous donne la possibilité de nous expliquer plus en détail ce qui se passe chez vous. C'est important et intéressant. Toutes les initiatives qui sont présentées à l'intérieur de notre étude doivent être, ou peuvent être, exportables. C'est ce que je veux vérifier auprès de vous.
Je vous remercie de nous avoir mis l'eau à la bouche, mais il faudrait nous donner un peu plus de détails sur cette expérience.
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Bonjour. Merci de vous montrer aussi intriguée. Je suis désolée de ne pas vous avoir donné plus de détails.
Mon organisme, Ka Ni Kanichihk Incorporation, œuvre dans le centre de la ville de Winnipeg. Nous offrons divers programmes axés sur les jeunes et les jeunes adultes. Le plus jeune participant à nos présentations avait 9 ans et les plus vieux avaient, je crois, jusqu'à 26 ans. Ce sont des programmes parascolaires que Ka Ni Kanichihk offre aux personnes autochtones qui vivent au centre-ville de Winnipeg dans des quartiers à forte concentration de personnes à faible revenu.
Dans le cadre de ses programmes, Ka Ni Kanichihk présente… Le programme UMatter existe depuis deux ans mais, à cause de la COVID, nous avons été forcés d'interrompre les présentations. Depuis que nous avons enfin pu reprendre les activités, elles se déroulent presque tous les soirs, du lundi au vendredi. Je travaille avec une personne aînée et nous faisons les présentations ensemble ou nous nous relayons. Elle donne des enseignements autochtones aux jeunes, qui vivent dans un milieu urbain et qui n'ont jamais eu la possibilité d'apprendre les traditions. Nous leur permettons d'acquérir des connaissances auxquelles n'ont pas accès les jeunes urbains. Ils sont comme des éponges. Ils adorent recevoir ces enseignements.
En complément des enseignements de l'aînée, je donne des statistiques et de l'information concernant des aspects très violents dans la musique, les médias sociaux, les films, les jeux vidéo et ce genre de choses. Nous établissons un lien avec les jeunes pour les amener à comprendre à quel point les relations peuvent être empreintes de violence à l'adolescence. C'est malheureusement assez fréquent chez les jeunes Autochtones à cause des traumatismes transgénérationnels. L'éducation que nous transmettons aux jeunes par l'intermédiaire de ces programmes a donné de très bons résultats jusqu'ici.
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Si vous pouvez m'entendre… L'approche globale... J'espère que j'ai bien compris la question, parce qu'il y a eu quelques coupures. L'approche globale est fondamentale. La guérison ne peut pas se faire sur une base individuelle, et elle n'est pas possible non plus si l'intervention est centrée sur un seul traumatisme, comme la violence familiale ou la violence entre partenaires intimes.
Comme l'ont mentionné plusieurs personnes aujourd'hui, il faut tenir compte du contexte élargi des facteurs historiques qui ont mené aux taux actuels de violence au sein des communautés autochtones. La personne est considérée comme faisant partie de la structure plus vaste de l'unité familiale et de l'unité communautaire et, quand cette personne s'engage dans un processus de guérison, l'effet se fait ressentir sur la communauté et la famille. C'est un processus réciproque. Cette compréhension réciproque du lien intime avec la communauté, des relations et des liens de parenté est enracinée dans ce que nous sommes comme personnes autochtones et dans notre façon de vivre dans le monde.
Les mesures de soutien globales et la vision des personnes comme faisant partie intégrante d'unités familiales et communautaires plus vastes sont directement inspirées des modes autochtones de connaissance et d'existence. C'est notre façon de vivre dans le monde, et c'est aussi notre façon d'envisager tous les aspects du processus de guérison.
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Je remercie beaucoup les trois intervenantes de notre deuxième groupe de témoins.
Madame Brass, madame Hutchinson et madame Omeniho, je vais vous poser chacune une question.
D'abord, madame Hutchinson, vous avez abordé, dans vos remarques préliminaires, le rapport final de la Commission de vérité et réconciliation du Canada. J'aimerais savoir si vous avez des recommandations plus précisesà faire.
Vous avez parlé de quelques suggestions, mais, en ce qui concerne le rapport, qu'est-ce qui pourrait être mis en place pour travailler sur cette question de violence domestique et de violence entre partenaires intimes?
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Merci de poser cette question.
Il a été question à plusieurs reprises des programmes élaborés et dirigés par des Autochtones, qui sont offerts à la communauté à la demande de celle‑ci.
Chaque personne est l'experte de sa propre vie et, quand nous travaillons avec une communauté pour mieux comprendre ses besoins, les organismes communautaires comme Wahbung Abinoonjiiag peuvent répondre à ces besoins et fournir [difficultés techniques]. La méfiance envers les systèmes est omniprésente. Les services spécialisés en violence familiale et destinés aux victimes autochtones qui découlent du système de justice, du système policier ou d'autres systèmes du genre n'inspirent pas confiance et ils ne sont pas utilisés. Pour faire appel à un organisme, une personne doit sentir qu'elle a un lien avec les intervenants. C'est ce qu'offrent les organismes communautaires, qui bâtissent des liens au quotidien et qui, par nature, ont une approche individualisée et sont mieux en mesure d'offrir un accompagnement. Ces organismes ne disent pas aux personnes comment elles doivent guérir ou par quelles étapes elles doivent passer pour guérir.
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Si je comprends bien, il est important de travailler à redonner confiance aux victimes pour qu'elles puissent dénoncer leur agresseur. C'est ce que je retiens.
Madame Omeniho, vous avez parlé de l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées. On sait que cela a été très important. J'aimerais vous entendre aussi, encore une fois, sur des recommandations importantes de ce rapport qu'on a vues et entendues à quelques reprises. On parle notamment de financer la mise en place d'opérations à long terme et de ressources culturellement adaptées pour les femmes et les filles autochtones dans les milieux urbains autant que dans les communautés.
Trouvez-vous que le gouvernement fédéral a répondu positivement à cette recommandation, lorsque vous abordez l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées?
Que pourrait-on faire pour améliorer cela?
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Nous avons participé très activement au processus lié aux femmes et aux filles autochtones disparues et assassinées et à l'élaboration d'un plan d'action national. Des actions très concrètes ont été prises dans le dossier des femmes et des filles autochtones disparues et assassinées, mais la mise en œuvre des recommandations reste à ce jour très inachevée.
Beaucoup de recommandations remarquables ont été proposées, de la mise en place de mesures d'aide au rétablissement des familles marquées par la disparition ou l'assassinat d'une femme autochtone ou assassinée aux moyens de prévention afin que ces drames cessent d'être la norme.
Il reste énormément de travail à faire avant que nous puissions compter véritablement sur le système de justice quand nous sommes des victimes, mais aussi à titre de parties prenantes du système de justice criminelle, pour qu'il cesse de nous placer en situation de vulnérabilité.
Ce travail ne peut plus attendre. Il ne se passe à peu près rien actuellement, et c'est ce qui nous désole. Après le branle-bas du début, la situation semble aujourd'hui au point mort.
Je me réjouis de voir des Winnipegois. Je suis contente de vous revoir, madame Omeniho.
J'ai cinq petites minutes, alors je vais essayer de faire un tour de table rapide. Je veux vous entendre toutes les trois parce que je sais à quel point vous êtes toutes extraordinaires.
Je vais commencer avec Mme Brass.
Nous savons notamment que quand les jeunes, et particulièrement les jeunes Autochtones, ont un sentiment d'identité et savent qui ils sont, ils se sentent mieux protégés dans le monde. Je sais que Ka Ni Kanichihk offre d'excellents programmes pour aider les jeunes à mieux comprendre qui ils sont et d'où ils viennent.
De quelle manière cette aide contribue‑t‑elle à atténuer la crise de la violence?
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Merci de cette réponse.
Madame Omeniho, vous avez expliqué votre approche fondée sur la force, ce qu'est l'empathie latérale. J'ai été très touchée, parce que souvent, quand on parle des personnes autochtones, on parle de ce qui ne va pas chez nous, avec une vision centrée sur nos lacunes, mais on oublie à quel point nous sommes résilients. Nous sommes encore ici. Nous étions censés être éradiqués, mais nous sommes encore ici, à cause de notre grande force.
J'aimerais vous entendre davantage sur ce sujet?
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J'ai toujours été frappée de constater que derrière notre réussite se trouvent souvent les femmes autochtones merveilleuses et fortes qui nous entourent. J'ai eu le grand bonheur de grandir parmi mes nombreuses tantes et grands-mères. Elles nous ont toujours enseigné qu'il faut aider les gens à grandir au lieu de les diminuer par tous les moyens possibles.
Nous avons déployé beaucoup d'efforts pour incarner cet enseignement, autant dans notre travail que dans notre souci de joindre le geste à la parole. C'est ce qui est si extraordinaire dans notre campagne She is Indigenous. Nous sommes des personnes résilientes. Nous martelons le message que nous ne sommes pas une nuisance au sein de la société. Nous sommes vos médecins. Nous sommes vos avocats. Nous sommes vos enseignants. Nous sommes vos commis d'épicerie. Nous sommes des personnes qui vous côtoient et qui vous aident à grandir et à soutenir notre pays. Nous méritons d'être traités avec ces valeurs en tête et avec respect.
C'est pourquoi nous faisons un travail centré sur la force. Nous nous donnons beaucoup de mal pour célébrer et soutenir les femmes d'un peu partout. Beaucoup de femmes autochtones enseignent dans les universités canadiennes, et elles méritent d'être reconnues et saluées pour leurs contributions.
Nous ne sommes pas une nuisance et nous ne voulons pas être considérées comme des personnes de moindre valeur.
Je vous suis très reconnaissante d'avoir posé cette question, et je suis contente aussi de vous revoir.
Un grand merci à nos témoins. Je suis contente d'entendre parler du travail immense qui est abattu. J'ai trouvé très rafraîchissant d'entendre Mme Omeniho nous expliquer comment les hommes doivent être mis à partie, ce qui est selon moi essentiel, et Mme Hutchinson nous expliquer l'importance de tenir compte des enfants.
Je vais m'adresser à Mme Brass en premier.
J'adore vous voir si enthousiaste, optimiste et passionnée quand vous parlez de ce que vous avez réussi à accomplir. Quand nous parlons de traumatismes systémiques et transgénérationnels, et de la lenteur des changements véritables… Vous avez travaillé avec des enfants et des jeunes de 9 à 27 ans. Avez-vous connu des enfants qui ont réussi à briser le cycle des traumatismes générationnels?
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Merci beaucoup aux témoins de participer à nos travaux.
Ma question s'adresse à Mme Brass. J'ai seulement trois minutes, et le nombre de questions que je pourrai poser est donc limité, mais je m'intéresse surtout au programme UMatter.
Je sais que vous allez dans les écoles et que vous offrez des programmes parascolaires. Je crois que vous avez dit que vous êtes à Winnipeg, et j'imagine que beaucoup d'élèves autochtones fréquentent les mêmes écoles et que vous pouvez leur offrir ce genre de programmes. Qu'en est‑il des enfants qui vivent dans d'autres villes, qui sont plus éparpillés et qui fréquentent une école ordinaire? Quelles seraient vos recommandations pour ces élèves, qui pourraient tirer profit de ce type de programmes, et quel soutien le gouvernement peut‑il offrir?
Nous avons passé un moment merveilleux avec nos témoins. Je tiens vraiment à vous remercier, mesdames Brass, Hutchinson et Omeniho, d'avoir été des nôtres et d'avoir pris part à une discussion fort importante dans le cadre de notre étude. Merci infiniment.
Distingués collègues, nous devons régler quelques questions touchant les travaux du Comité et d'ordre administratif.
Madame Sudds, je vous cède la parole. Nous avons eu quelques échanges aujourd'hui. Voulez-vous présenter votre motion?
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Nous n'allons pas inscrire cela dans une motion officielle, madame Sudds. Nous allons seulement regarder la vue d'ensemble de nos travaux.
Vous devriez avoir reçu le document dans les dernières 24 heures. Il a été préparé par la formidable équipe d'analystes de la Bibliothèque du Parlement. Il donne le nom des personnes inscrites sur notre liste ou que nous avons rencontrées, et le dernier tableau — le document contient quelques tableaux — indique les personnes qu'il serait intéressant de rencontrer. Mmes Annett et Montpetit ont ajouté d'autres informations.
Le tableau 2 indique les personnes inscrites sur vos listes qui ne se sont pas présentées devant le Comité, qui nous ont dit qu'elles ne pouvaient pas venir et qui ont décliné notre invitation.
Nous savons qu'il y a des trous. Aujourd'hui, nous avons eu des discussions fort éclairantes, mais nous avons probablement… J'ai entendu des questions concernant les fréquentations chez les adolescents et ce genre de choses qui étaient directement liées à notre motion.
Je vais lire le document que notre greffière m'a remis. Nous sommes à mi‑chemin dans notre étude et il y a des trous. Je vais demander à chaque équipe d'examiner ces listes et de trouver des solutions pour les combler. Vous pourrez dresser une nouvelle liste de témoins qu'il serait intéressant de rencontrer et la soumettre aux analystes avant 16 heures le 3 mars.
Je suis consciente que nous arrivons à la fin. Si vous voulez avoir des discussions informelles, vous pouvez le faire.
Une des grandes questions — madame Sudds, j'y arrive enfin —est celle de la visite de la ministre. Je crois que c'est confirmé. Nous allons pouvoir discuter avec la ministre le 1er avril, c'est‑à‑dire à la fin de notre étude. La greffière s'est assurée que nous allons remplir toutes les périodes qui restent.
Nous avons d'autres affaires au programme. L'échéance pour le Budget supplémentaire des dépenses est le 23 mars, et nous venons de recevoir les documents pour le Budget principal des dépenses. Le Budget supplémentaire des dépenses a été renvoyé au Comité. Je propose, et j'espère vraiment que vous serez d'accord, de renoncer à l'étude du Budget supplémentaire des dépenses et de nous concentrer sur le Budget principal, parce que nous les recevrons tous en même temps. Je pense qu'il faut utiliser notre temps judicieusement. Nous allons recevoir les gens de Femmes et Égalité des genres Canada durant cette période, et nous aurons donc l'occasion d'en discuter avec la ministre.
Voulez-vous débattre de ma proposition de renoncer à l'étude du Budget supplémentaire et de nous concentrer sur le Budget principal des dépenses ou formuler des objections? Est‑ce que j'ai votre accord unanime?
Madame Vandenbeld, voulez-vous intervenir?
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D'accord, je n'ai aucun problème avec cela. Cela me va.
Devrions-nous inviter un autre groupe de témoins à cette date?
Bien. Nous allons essayer d'avoir un autre groupe de témoins à cette date. La ministre passera la première heure avec nous et nous allons programmer la visite d'un autre groupe de témoins, si tout le monde est d'accord.
Est‑ce que vous êtes tous d'accord pour renvoyer le Budget supplémentaire des dépenses à la Chambre? Avez-vous des questions?
Je vois que tout le monde est d'accord.
Pour ce qui concerne le Budget principal des dépenses, nous allons devoir trouver un moment pour l'étudier. Je sais que nous allons entreprendre notre deuxième étude et que nous aurons des versions préliminaires à préparer. Nous avons beaucoup de pain sur la planche. Il faut trouver un moment pour faire ce travail.
Avez-vous d'autres questions ou des objections?
Madame Gazan, allez‑y.
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Parlez‑en dans vos caucus respectifs, avec vos collègues de votre parti, et revenez-nous avec vos suggestions. Nous sommes liés les uns les autres. Nous avons tous beaucoup de témoins en tête dans le cadre de cette étude. La greffière a fait de son mieux pour établir lesquels inviter, mais je crois que nous devrions donner la priorité à des thèmes qui n'ont pas encore été abordés.
Je vais céder la parole à la greffière, parce qu'elle… Je suis désolée. Je vous ai demandé d'envoyer vos listes aux analystes, mais soumettez-les plutôt à Mme Labelle. C'est elle qui doit s'en occuper.
Avez-vous d'autres questions ou des objections? C'est bon pour vous?
Je vous remercie sincèrement. Ce fut une excellente réunion. Nous reprendrons nos travaux vendredi.
Nous allons recevoir des témoins fort intéressants, qui viendront nous parler au nom du Muslim Resource Centre for Social Support and Integration, du Centre canadien pour l'autonomisation des femmes, de l'Association canadienne contre la violence, de l'Association canadienne des chefs de police, de Changing Ways et du Boys and Girls Club of Peel. On se revoit vendredi. À bientôt.
La séance est levée.