Bienvenue à la réunion numéro 119 du Comité permanent de la santé de la Chambre des communes.
Avant de commencer, j'aimerais demander à tous les députés et aux autres participants en personne de consulter les cartes qui se trouvent sur leur table et qui contiennent des consignes à suivre pour éviter les incidents liés aux retours de son.
Veuillez prendre note des mesures préventives suivantes mises en place pour protéger la santé et la sécurité de tous les participants, y compris des interprètes. N'utilisez que les oreillettes noires homologuées. Les anciennes oreillettes grises ne doivent plus être utilisées. Tenez votre oreillette éloignée de tous les microphones à tout moment. Lorsque vous n'utilisez pas votre oreillette, placez‑la face vers le bas sur l'autocollant placé sur la table à cet effet.
Merci à tous pour votre coopération.
Conformément à notre motion de régie interne, tous les témoins qui participent à distance ont effectué les tests de connexion requis avant la réunion. Nous avons encore deux personnes en ligne qui ont des problèmes de connexion, mais nous allons poursuivre la réunion de toute façon et nous espérons que le problème sera résolu avant qu'elles ne soient appelées à s'exprimer. Nous avons quelques problèmes avec M. Powlowski et Mme Sidhu. Comme je l'ai dit, j'espère que nous pourrons les résoudre et qu'ils pourront participer pleinement.
Conformément à l'article 108(2) du Règlement et à la motion adoptée le 8 novembre 2023, le Comité poursuit son étude sur l'épidémie d'opioïdes et la crise des drogues toxiques au Canada.
Avant d'accueillir notre groupe de témoins, je souligne que vous participez tous par vidéoconférence. Si vous n'en avez pas encore été informés, sachez que vous avez accès à la traduction simultanée. En bas de votre écran, vous pouvez choisir l'audio du parquet, le français ou l'anglais pour entendre ce qui se dit dans la langue de votre choix.
Je souhaite la bienvenue à notre groupe de témoins.
Nous accueillons, à titre personnel, le Dr Paxton Bach, professeur adjoint d'enseignement clinique à l'Université de la Colombie-Britannique, et la Dre Bonnie Henry, administratrice de la santé provinciale de la Colombie-Britannique. De la Direction régionale de santé publique de Montréal, la Dre Mylène Drouin, directrice régionale de la santé publique, et la Dre Carole Morissette, médecin principale, Réduction des méfaits et prévention des surdoses. Earl Thiessen, directeur exécutif, représente la Oxford House Fondation.
Merci à tous nos témoins d'être présents.
Nous allons maintenant entendre les observations liminaires dans l'ordre indiqué sur l'avis de convocation. Vous disposez de cinq minutes.
Docteur Bach, bienvenue au sein du Comité. Vous avez la parole.
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Merci, et merci de m'accueillir aujourd'hui. Je vous suis reconnaissant de me donner l'occasion de m'adresser au Comité aujourd'hui, et je tiens à remercier toutes les personnes présentes pour le temps et l'attention qu'elles consacrent à cet enjeu crucial.
Je me trouve aujourd'hui à Vancouver, où je vis et travaille. Je travaille à plein temps dans le domaine de la toxicomanie et de la dépendance. J'occupe différentes fonctions. Je suis médecin. Je suis éducateur dans le cadre de notre programme de bourse. Je suis chercheur. J'occupe des postes de direction. Je me ferai un plaisir de répondre aux questions du Comité sur l'un de ces domaines. Je peux vous parler des activités que nous menons actuellement en matière de traitement, de réduction des méfaits, de recherche, d'éducation, etc.
Cependant, en tant que clinicien qui travaille en première ligne de la crise des surdoses, j'aimerais commencer par parler de sa complexité et du fait qu'elle doit être envisagée comme un enjeu pernicieux. En d'autres termes, il s'agit d'un problème qui compte d'innombrables aspects complexes et évolutifs. Il faut l'aborder comme tel.
Je travaille à l'hôpital St. Paul, qui est malheureusement l'un des épicentres de la crise des surdoses en Amérique du Nord. Mes collègues et moi‑même pouvons témoigner de l'ampleur, de la complexité et du caractère impitoyable de ce problème, et de son évolution ces dernières années. Nous voyons des gens qui sont touchés par tous les aspects de ce problème, de tous les horizons et de tous les secteurs de la société, et nous sommes témoins des terribles dégâts que cause l'offre actuelle de drogues toxiques. Nous voyons l'incertitude que nous ressentons tous. Nous savons que les choses évoluent rapidement et que nos moyens sont limités, et nous nous adaptons à cette situation.
En pratique, cela signifie que je vois des interventions de réduction des risques sauver des vies en temps réel. Je vois aussi des gens qui n'y ont pas accès et qui en subissent les conséquences, ou à qui l'on demande de résoudre des problèmes qu'ils ne peuvent pas résoudre. Je vois notre système de traitement et j'aide les gens à s'y retrouver. Je vois les résultats positifs et je vois les personnes qui n'ont pas réussi à accéder à nos programmes de traitement ou à en tirer parti, c'est‑à‑dire qui n'ont pas trouvé ce qu'ils cherchaient dans nos systèmes de traitement actuels. Et surtout, mes collègues et moi‑même sommes confrontés quotidiennement aux réalités de l'inégalité et à l'incapacité de notre système dans son ensemble à s'attaquer aux causes profondes de la consommation de substances psychoactives et à certains des moteurs de la crise actuelle.
Je suis tout à fait conscient que toutes les ordonnances et tous les programmes de traitement du monde ne peuvent pas remplacer les soins primaires, une prévention appropriée, et une prise en charge adéquate de la douleur physique et mentale et des besoins fondamentaux, comme ceux liés au logement et à la communauté.
Compte tenu de ces expériences et de cette réalité, mes collègues et moi‑même — et, je pense, toute personne qui travaille en première ligne dans ce domaine — sommes convaincus qu'il n'existe ni approche ni solution unique pour répondre à tous les besoins très spécifiques et en évolution rapide de chacune de ces personnes et de ces communautés. Nous ne pouvons pas formuler notre approche de manière aussi simpliste.
Je suis certain que le Comité a déjà entendu ce que je décris aujourd'hui et qu'il en était déjà conscient. La nécessité d'envisager notre réponse à la crise des surdoses comme un continuum de ressources et d'approches répondant simultanément à tous ces besoins et adaptées au grand nombre de contextes et de variations que nous observons dans un pays aussi diversifié que le nôtre sur le plan géographique et culturel est incontestable et, selon moi, ne prête pas à controverse.
En résumé — comme je l'ai dit, je me ferai un plaisir de parler en détail de nos activités ou de nos recherches aujourd'hui —, mon témoignage devant le Comité, et mon plaidoyer au nom des 20 Canadiens qui vont mourir d'une surdose aujourd'hui consiste à demander que l'on envisage collectivement cette crise comme un problème pernicieux, et qu'on lui applique l'approche complexe et sophistiquée qu'elle mérite. Il ne s'agit pas d'une question partisane et ce problème nous touche tous.
La situation est urgente et il s'agit de l'un des problèmes majeurs de notre époque, mais nous pouvons y remédier. Nous disposons de solutions fondées sur des données probantes et d'avis d'experts pour chacun de ces contributeurs individuels. Nous pouvons en parler et y donner suite si nous nous mettons tous d'accord sur un grand nombre de ces questions difficiles. Pour ce faire, nous devons envisager une réponse ambitieuse, émergente, large et complète, et reconnaître qu'elle doit être adaptée et personnalisée à de nombreux contextes, à de nombreuses communautés et à de nombreuses populations.
Si nous ne reconnaissons pas cette complexité et si nous ne l'abordons pas avec ce niveau de sophistication, nous continuerons de tourner en rond. Je crains que nous ne réalisions pas tous les progrès possibles.
Bonjour, je suis la Dre Bonnie Henry. J'occupe le poste d'administratrice de la santé provinciale de la Colombie-Britannique.
Je tiens également à souligner que je m'adresse à vous aujourd'hui depuis les territoires traditionnels non cédés des peuples de langue lək̓ʷəŋən, les Premières Nations d'Esquimalt et des Songhees. Je suis très heureuse de pouvoir m'adresser à vous aujourd'hui.
Je tiens tout d'abord à rappeler qu'il s'agit de notre peuple, de nos communautés, de nos frères, de nos oncles, de nos enfants, de nos collègues et de nos voisins. Les dirigeants des Premières Nations, des Inuits et des Métis m'ont dit de façon très poignante qu'un trop grand nombre de jeunes de leurs communautés étaient victimes de cette crise. Nous savons que les peuples autochtones sont touchés de façon disproportionnée en raison des effets cumulés continus des pratiques et structures racistes coloniales, notamment des pensionnats et des traumatismes intergénérationnels.
Nous ne devons pas oublier que ce traumatisme, cette crise, touche des personnes réelles dans nos foyers et dans nos communautés. Nous ne devons pas l'oublier lorsque nous débattons et discutons de ces questions dans des contextes parfois déconnectés.
J'aimerais parler un peu de ce que reflètent les enjeux auxquels nous sommes actuellement confrontés face à ce « problème pernicieux », comme vient de le décrire le Dr Bach.
Nous savons que le nombre de décès a augmenté de façon spectaculaire en 2020 en raison de l'effet cumulé d'une multitude de facteurs: l'isolement et l'anxiété provoqués par la pandémie; les facteurs de stress supplémentaires auxquels nos communautés sont actuellement confrontées en raison de l'inflation, de l'insécurité alimentaire, de l'itinérance visible et de la pauvreté; et les perturbations majeures du commerce mondial de la drogue qui ont engendré l'évolution constante de la toxicité des drogues que l'on trouve dans la rue.
Je tiens à souligner que la cause immédiate de cette crise est l'augmentation de la puissance et de l'imprévisibilité des drogues que l'on trouve dans la rue. C'est très différent de ce à quoi nous étions confrontés avant cette crise. La puissance de ce qui se trouve actuellement dans la rue est due au fait que le fentanyl ou les opioïdes synthétiques ont remplacé les opioïdes d'origine végétale comme l'héroïne — qui étaient auparavant à l'origine des problèmes — parce qu'ils sont bon marché et faciles à produire.
Nous ne devrions pas appeler « fentanyl » les substances que l'on trouve dans la rue, car ce n'est pas ce dont il s'agit. Il s'agit d'une drogue synthétique fabriquée à la hâte dont les propriétés sont semblables à celles du fentanyl, mais qui est produite dans des conditions non contrôlées et mélangée à des adultérants. Ces derniers changent radicalement presque tous les jours ou toutes les semaines.
Nous savons aujourd'hui que la concentration moyenne de ces substances, c'est‑à‑dire des drogues vendues dans la rue, a augmenté et que l'augmentation de la puissance des drogues accroît le risque d'intoxication et de décès, même lorsqu'une personne en consomme pour la première fois.
La puissance de ces drogues est également très imprévisible en ce moment. Elle change. Il n'y a ni étiquettes ni contrôle de qualité, et les adultérants actuels rendent ces drogues beaucoup plus toxiques, notamment des substances comme la benzodiazépine, la xylazine, qui, comme nous le savons, est un autre sédatif utilisé comme tranquillisant, et les opioïdes synthétiques autres que le fentanyl, comme les nitazènes, que l'on trouve de plus en plus dans les drogues.
Nous savons également que les stimulants utilisés sont aujourd'hui contaminés beaucoup plus fréquemment que par le passé, et nous constatons que les opioïdes synthétiques autres que le fentanyl sont... Il s'agit parfois d'une contamination intentionnelle, parfois d'une erreur au moment de la production de ces médicaments. Des substances comme la cocaïne et la MDMA sont aujourd'hui beaucoup plus souvent contaminées par ces opioïdes synthétiques fabriqués dans des conditions non contrôlées. C'est la cause immédiate des décès actuels.
J'aimerais également axer mes brèves remarques sur certaines des préoccupations que nous avons constatées dans ce qui est devenu un processus très polarisé et, malheureusement, politisé.
Tout d'abord, je pense qu'il est très important de souligner que la réduction des méfaits, le rétablissement et le traitement ne sont pas des objectifs concurrents. Ce n'est pas l'un ou l'autre. Tous ces éléments sont essentiels et nécessaires dans le continuum allant de la prévention et de la compréhension des drogues que l'on trouve dans la rue à la réduction des méfaits, au traitement et à la guérison. Ce continuum couvre tous les aspects du problème, de la naloxone à la vérification des drogues, en passant par les services de prévention des surdoses et les médicaments prescrits à certaines personnes afin de les éloigner des drogues toxiques de la rue, avec des solutions de rechange et un traitement médicalement assisté.
J'aimerais renvoyer le Comité au rapport que j'ai publié en février de cette année qui examine nos solutions de rechange prescrites ou notre programme d'approvisionnement plus sûr ici en Colombie-Britannique. Il a été remis à la greffière, mais pas à temps pour être traduit. Il est également accessible au public. Il contient de nombreuses nuances qui, je pense, sont importantes pour comprendre certains des problèmes auxquels nous sommes confrontés.
Il contient également un examen éthique de la situation actuelle et des raisons pour lesquelles ces programmes sont si importants.
Je tiens également à souligner que le rétablissement est un spectre. Je sais que de nombreux membres de la communauté du rétablissement et de nombreux cliniciens assimilent le rétablissement à l'abstinence. De nombreux foyers de rétablissement n'acceptent pas, par exemple, les personnes qui suivent une thérapie médicalement assistée.
Je pense qu'il s'agit également d'une fausse dichotomie. Nous parlons à des personnes qui ont consommé des drogues. Le terme « rétablissement » n'est pas un terme médical. Il ne s'agit pas d'abstinence, mais d'un processus. C'est un processus par lequel les gens améliorent leur santé.
Je remercie infiniment les membres du Comité, notamment le député Luc Thériault, du Bloc québécois, de m'avoir invitée à participer à cette réunion.
Tout le monde sait que l'ensemble du Canada est touché par une crise sans précédent en ce qui a trait aux drogues toxiques. C'est pourquoi il faut exercer un leadership à tous les ordres de gouvernement pour coordonner une réponse efficace à tous les niveaux.
Puisque cette crise touche en particulier les grandes villes canadiennes, je me suis associée avec mes homologues directeurs de santé publique et les médecins de santé publique de Vancouver et de Toronto pour vous présenter, aujourd'hui, un mémoire comportant des pistes de solution. Certains leviers fédéraux pourraient effectivement nous aider, dans nos provinces et surtout dans nos villes, à affronter cette crise. Dans mon allocution, j'ai choisi de me concentrer sur la région de Montréal, où je vis et travaille.
Comme nous le savons, depuis la pandémie, les réseaux d'approvisionnement se sont grandement modifiés à Montréal, qui, auparavant, n'était pas tout à fait dans la même situation. Pour vous donner un ordre de grandeur, actuellement, il y a chaque mois 86 interventions d'urgence dans nos centres de consommation supervisée. C'est six fois plus qu'en 2020. Nous avons plus que doublé la distribution de la naloxone en trois ans. Il y a également une hausse mensuelle des décès, dont le nombre n'est en rien comparable à celui dans l'Ouest canadien, mais c'est quand même 17 décès par mois, contrairement à 12 il y a trois ans et à quatre en 2010.
Cette tendance est donc très préoccupante. Je pense qu'il ne faut pas cacher le fait qu'il y a une crise qui sous-tend cette situation. Je parle de la crise du logement, qui s'ajoute à la crise des drogues toxiques et qui génère à son tour une crise liée à l'itinérance. La combinaison de ces crises donne lieu à un cocktail dangereux dans nos quartiers.
Comme l'ont dit les témoins précédents, on assiste à un phénomène qui n'est pas uniquement lié à une crise des surdoses. Elle est aussi liée à une crise de drogues contaminées, soit de drogues modifiées lors de l'approvisionnement. Cette situation ne découle pas du fait que les gens ont mal calculé la quantité à consommer ou de l'augmentation du nombre de consommateurs. Elle découle du fait que les drogues comportent des substances toxiques, comme le fentanyl, des substances dérivées de nitazènes ou encore des benzodiazépines non commercialisées.
Cela touche évidemment les populations vulnérables, mais je pense qu'il faut garder en tête que cela touche aussi toutes les couches de la société. Les trois quarts des gens qui succombent à une surdose sont des gens qui sont morts à domicile, et non des gens qui sont dans la rue. Les gens qui sont décédés de cette façon comptent pour la moitié des décès à Montréal. De plus, il y a aussi beaucoup d'utilisateurs occasionnels. Ce phénomène est donc très vaste, et il ne touche pas que les populations marginalisées, même si celles-ci sont plus représentées.
À Montréal, depuis des décennies, nous réagissons à ce problème en travaillant main dans la main avec le milieu communautaire, le milieu de la santé, la police ou la sécurité publique, et le milieu municipal pour en arriver à un continuum d'interventions qui va de la vigie à la prévention et à la réduction des méfaits, jusqu'au traitement. Comme on l'a dit précédemment, le traitement ne peut pas être la seule option. Évidemment, c'est ce continuum de services et cette capacité de prévenir et de rester au fait des changements quant aux modes de consommation sur le terrain et aux types de drogues qui nous permettent d'adapter rapidement nos plans d'action et nos stratégies avec nos partenaires.
En outre, le traitement doit être couplé avec des stratégies importantes de réduction des méfaits. Nous le savons, nous ne serons jamais capables de traiter l'ensemble des consommateurs, car il y a beaucoup de barrières à l'accès et de délais. C'est pourquoi il y a des gens qui ne suivent pas de traitement. Évidemment, la toxicomanie peut être vue comme une maladie chronique. Il y a des périodes de rechute, et, lorsqu'une personne subit une rechute, elle est encore plus exposée à risque de surdose.
Finalement, nous savons que, même dans les traitements pharmacologiques, il y a certaines drogues pour lesquelles il y a peu d'options thérapeutiques. Nous avons donc besoin de plus de recherche-développement pour continuer à avancer et à accroître notre capacité de traiter.
Quant à l'arsenal de réduction des méfaits, les preuves sont très claires concernant la réduction des surdoses et des risques d'infection. À Montréal, au cours des dernières décennies, nous avons pu constater une réduction de la prévalence du VIH et du virus de l'hépatite C chez les consommateurs de drogues grâce à nos stratégies.
De plus, nos services de réduction des méfaits permettent de réduire la consommation de même que la présence de matériel souillé dans les rues. Nous avons des services de consommation supervisée, auxquels il sera impératif d'ajouter la consommation par inhalation, parce que c'est une pratique devenue beaucoup plus fréquente au cours des dernières années.
Il faut accroître nos services de distribution relativement à la naloxone et au matériel d'injection. Il est également essentiel d'élargir tous les services en matière de dépistage ou d'analyse des drogues. D'une part, cela permet à la personne de juger du risque associé à ce qu'elle va consommer et, d'autre part, cela nous permet d'évaluer les drogues qui circulent sur le territoire.
Il faut aussi prévoir des sites mobiles pour effectuer des tests dans les festivals. On sait qu'il peut y avoir, dans des contextes festifs, de jeunes consommateurs occasionnels qui peuvent être exposés à des drogues mortelles.
Sur le plan du traitement, comme je l'ai dit, il faut quand même être conscients que c'est une minorité de consommateurs, actuellement, qui ont accès à des traitements. Il faut donc revoir la possibilité d'élargir ceux-ci.
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Merci, et merci à tous pour vos commentaires précédents. C'est un honneur pour moi d'être ici.
J'apporte une perspective différente, celle de l'expérience vécue. Je suis un homme autochtone en rétablissement à long terme depuis 16 ans. J'ai créé des logements de prétraitement et des foyers de rétablissement autochtones soutenus par les pairs et la culture. Nous offrons des logements de transition à long terme, soutenus par les pairs, sans date limite.
Je suis ici, avec d'autres professionnels, pour faire part de mon expérience vécue de la lutte contre l'itinérance et la toxicomanie, ce qui, pour beaucoup d'entre nous, y compris moi, est synonyme de guérison. Je suis ici pour vous faire part de mes réflexions sur la manière de résoudre la crise de la dépendance.
Les traumatismes non résolus de mon enfance m'ont conduit à la rue, à être sans-abri pendant sept ans, à refuser d'affronter mes démons et à consommer de l'alcool et des drogues, y compris des opioïdes pharmaceutiques. Il s'agissait d'une réponse émotionnelle aux traumatismes de mon enfance, qui étaient très puissants. La honte d'avoir été victime d'abus sexuels est si intense que de nombreux hommes et femmes perdent la vie des suites de la dépendance ou par suicide, car ils refusent d'en parler.
Nous acquérons des connaissances en enseignant par la parole et l'action. Nous guérissons de la même manière. La première fois que j'ai parlé des abus sexuels que j'avais subis, j'étais en traitement et je suivais les étapes du programme avec une aînée. J'ai pleuré pendant deux heures et demie en lui parlant des traumatismes de mon enfance. Lorsque je suis sorti de la salle, j'étais un homme différent. J'avais gardé ces traumatismes en moi pendant 25 ans, et c'est ce qui continuait d'alimenter ma dépendance. Ces traumatismes me replongeaient sans cesse dans le même cercle vicieux qui a abouti à la situation que nous connaissons aujourd'hui.
Après avoir entamé mon cheminement de rétablissement et avoir surmonté les traumatismes de mon enfance, j'ai renoué avec mon héritage. Il a joué et joue encore un rôle important dans mon cheminement vers la guérison.
Je vais brièvement vous faire part d'une expérience vécue. Je veux vous raconter l'histoire d'un jeune garçon qui a connu de nombreuses difficultés et de nombreux traumatismes dans sa vie. Ce garçon est devenu un jeune homme à qui l'on a appris à ne pas montrer ses vraies émotions, qui avait subi tellement de traumatismes qu'il s'est cru seul et a choisi de vivre une grande partie de sa vie de cette façon, seul.
Ce jeune homme a été victime d'abus sexuels, de violences physiques, de traumatismes mentaux et émotionnels ainsi que de traumatismes spirituels. Ce mécanisme d'adaptation lui a coûté les 20 années suivantes de sa vie. Il lui a coûté sa famille. Ses amis ne voulaient plus le fréquenter en raison de son alcoolisme et de ses tendances à la tromperie. Il a fini par tout détruire et par faire tellement de mal à sa famille que tout le monde l'a abandonné. On a fini par le déposer dans un refuge pour sans-abri parce que personne ne pouvait lui faire confiance.
Cet homme-enfant terrifié avait enfin trouvé un endroit où il était accepté sans jugement, sans préjugé, et il pensait que là était sa place. Il n'avait aucune estime de soi, aucun amour propre. Cet homme a décidé que c'était son destin.
Ses traumatismes non résolus l'ont conduit à vivre sept ans comme un sans-abri alcoolique et toxicomane, une vie sans sens ni but, sans aspirations ni objectifs, sans amour pour lui‑même ni pour les autres. Après l'une des plus grandes pertes de sa vie à l'époque, l'assassinat de la compagne qu'il fréquentait depuis deux ans et demi, il est arrivé à un point où il avait perdu tout ce qu'il était prêt à perdre en raison de sa dépendance et de ses traumatismes non résolus.
Le 13 novembre 2007, il a été arrêté pour ivresse et inconduite au centre-ville de Calgary. Les policiers qui l'ont arrêté l'ont brutalement battu dans une ruelle. Son pied était cassé, son œil était tuméfié et son corps était couvert d'ecchymoses. Ils ont découvert qu'il faisait l'objet de 11 mandats d'arrêt, et il a donc été placé en cellule de dégrisement pour être entendu par le juge de paix. Il a eu l'occasion de s'entretenir avec le juge de paix ce matin‑même. Pour la première fois depuis qu'il était toxicomane, il s'est montré honnête. Il a expliqué qu'il voulait de l'aide, de l'aide pour surmonter ses traumatismes et ses problèmes de toxicomanie et de l'aide pour surmonter le meurtre de sa compagne.
Le juge de paix lui a demandé son nom. Il a répondu: Jackie Crazybull. Le juge de paix a déclaré qu'il avait entendu parler du meurtre et lui a présenté ses condoléances. Il s'est ensuite entretenu avec cet homme dévasté et vaincu. Il lui a dit: « Je vais vous libérer sur votre propre engagement. Je veux que vous alliez chercher l'aide dont vous avez désespérément besoin, et je veux que vous effaciez toutes ces accusations criminelles. »
Ce matin‑là, après avoir été libéré, cet homme s'est rendu en boitant au centre de désintoxication médicale pour entamer son cheminement vers la guérison. Après presque une année entière de traitement et de reconnexion avec lui‑même, sa culture et sa communauté, il s'est fixé de petits objectifs qui se sont transformés en d'immenses réalisations. Aujourd'hui, ce petit garçon qui avait subi tous ces traumatismes, ce jeune homme qui s'était tourné vers la drogue et l'alcool comme mécanisme d'adaptation, ce jeune homme qui s'était retrouvé sans-abri pendant sept ans, a changé de vie et est aujourd'hui le directeur exécutif de l'organisme qui a sauvé sa vie.
Je m'appelle Earl Thiessen, et je suis un guérisseur blessé.
Je vais maintenant passer à la partie professionnelle.
En tant que chef autochtone en Alberta, en ce qui concerne le rétablissement, le logement axé sur le rétablissement et le soutien de notre continuum de soins, je suis à même de constater directement les dommages causés par la consommation d'opioïdes. En fait, j'élève la fille de ma belle-sœur, morte d'une surdose.
À mon avis, les options de la décriminalisation et de l'approvisionnement sécuritaire qu'on nous présente font fausse route. Elles ne font qu'aggraver les problèmes. Elles prolongent les traumatismes et maintiennent les gens dans un état perpétuel de consommation. À mon avis, l'approvisionnement sécuritaire s'apparente à une colonisation pharmaceutique.
Il existe d'autres méthodes, mais pour les personnes que je sers, la voie à préconiser est celle du rétablissement. À mon avis, l'élément sur lequel il faut mettre l'accent est la désintoxication médicale. Les sevrages sont horribles. J'en ai fait l'expérience, je me suis jeté à terre, j'ai mâché ma langue, j'ai eu deux crises d'épilepsie, puis j'ai suivi un traitement et je me suis rétabli. Pour parvenir à un rétablissement à long terme, les gens ont besoin de tous ces éléments, à commencer par la cure de désintoxication et le traitement. C'est dans ce contexte que le modèle de logement de prétraitement est entré en jeu, car il y a des listes d'attente. Les toxicomanes ont besoin du soutien de leurs pairs, d'un emploi et d'un logement axé sur le rétablissement.
Il n'y a qu'un seul moyen sûr à cent pour cent d'éviter la surdose et c'est de ne pas consommer. Cela étant dit, je comprends parfaitement qu'il y a un processus à suivre pour en arriver là. Dire qu'il faut comprendre... Le désir et le besoin sont à des années-lumière l'un de l'autre. Toute personne souffrant d'une dépendance doit chercher de l'aide, mais ce sont les personnes qui veulent obtenir de l'aide qui peuvent réellement se rétablir et qui y parviennent.
À ceux qui ne veulent pas se rétablir, nous devons fournir un renforcement positif et leur montrer, par le truchement de cas vécus et d'exemples de réussites, que le rétablissement est possible pour eux aussi et qu'ils peuvent s'en sortir. Nous prions pour eux. C'est tout ce que je pouvais faire pour ma belle-sœur. Elle a perdu la vie.
De nombreuses personnes et de nombreux organismes se concentrent sur les aspects biologiques, psychologiques et sociaux du traumatisme et du rétablissement...
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Il n'y a pas de normes ou de règlements à cet égard.
Je vais faire un parallèle avec la légalisation du cannabis. Lorsque nous réfléchissions à cette question, nous nous sommes souvent demandé à quel endroit il fallait situer les sites de vente.
Si on demande qu'un centre d'injection supervisée soit situé à environ 200 ou 500 mètres des garderies ou des écoles, un problème se pose. En effet, des garderies et des écoles, il y en a partout à Montréal. Il faudrait donc que les sites de consommation supervisée soient situés dans des champs ou le long de voies ferrées, par exemple. Toutefois, si on veut atteindre la clientèle et faire en sorte qu'une stratégie de réduction des méfaits fonctionne, il faut que les sites soient situés aux bons endroits.
Cela dit, je suis tout à fait d'accord sur le fait qu'il faut réfléchir en amont quand on décide d'ouvrir un tel site. Il ne faut pas seulement penser aux garderies et aux écoles, il faut aussi tenir compte du voisinage.
Il faut réfléchir à la façon de mettre en place des mesures d'atténuation pour assurer que la cohabitation va bien se passer. Il faut aussi penser à avoir plusieurs sites afin d'éviter les attroupements.
Le problème actuel, c'est qu'il n'y a pas assez de ressources pour accueillir le nombre de personnes qui ont besoin de services en itinérance. Ces gens convergent donc vers les mêmes lieux.
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Je pense que la stratégie du Québec visant à prévenir les surdoses présente très bien les preuves et les éléments qu'il faut mettre en place. Évidemment, tout le système de vigie est important. Il faut collaborer avec nos partenaires pour comprendre ce qui se passe sur le terrain. C'est une composante essentielle pour nous permettre d'ajuster notre offre de services.
Tout à l'heure, j'ai parlé de la réduction des méfaits près des sites de consommation. On sait que ces sites ont une incidence importante non seulement sur le phénomène de surdoses, mais aussi sur les risques infectieux. Ce qui est intéressant, à Montréal, c'est que nos sites de consommation supervisée assurent des liens avec les soins préventifs ainsi qu'avec les services de traitement ou de réintégration sociale.
Je n'ai pas eu le temps d'en parler tout à l'heure, mais, si l'on veut examiner le problème de manière plus large, il sera aussi très important de s'occuper de tout ce qui touche le logement, l'emploi et la réintégration des personnes ayant des problèmes de consommation.
Il faut aussi penser à tout l'aspect préventif. Je n'ai pas eu le temps d'en parler tout à l'heure non plus, mais un des témoins a abordé le sujet du développement de l'enfance sous l'angle des traumas vécus dans l'enfance. Il faut assurer la protection de la jeunesse. Nous connaissons très bien la trajectoire de certains jeunes qui, en raison de leur parcours et de leurs traumatismes de l'enfance, sont les plus exposés à un haut risque de consommation abusive de drogues ou d'itinérance. Ces problèmes se recoupent souvent. On se doit de travailler à fermer ces robinets, si je peux m'exprimer ainsi.
À nos yeux, c'est ce continuum qui doit être examiné dans son ensemble. Il ne faut pas miser sur une composante du continuum plus que sur une autre. Cela implique évidemment qu'un ensemble de partenaires travaillent avec la même vision et des moyens ambitieux, parce que la crise est importante.
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Merci pour la question. Je suis plus qu'heureux de pouvoir parler de l'initiative Road to Recovery.
Pour ce qui est de l'autre partie de votre question concernant les options, comme tous les intervenants l'ont mentionné, le fait est que chaque personne entretient avec les substances une relation bien à elle qui diffère de celle des autres. Les causes et les besoins sont différents et cela change avec le temps. Il est vraiment important que nous reconnaissions cette diversité et le fait qu'à tout moment, chaque personne aura des besoins différents et des attentes différentes. Il est important de faciliter l'accès à cela.
L'initiative est un nouveau programme de traitement coordonné que nous avons lancé à l'hôpital St. Paul de Vancouver. Il est axé sur le traitement de la toxicomanie en particulier, mais il s'agit en fait de faciliter l'accès au traitement. Il est déjà assez difficile pour une personne souffrant d'un trouble lié à l'utilisation de substances et aux nombreux autres facteurs qui accompagnent la consommation de chercher de l'aide et de naviguer dans le système. Il est impératif que nous, en tant que personnes travaillant dans le système, rendions l'accès et la navigation aussi faciles que possible.
Or, cela n'a jamais été le cas, du moins, pas dans notre province — et je pense que c'est probablement la même chose dans la plupart des endroits en Amérique du Nord. Il n'a jamais été facile d'accéder à ces systèmes ou d'y naviguer. Ils ont souvent été cloisonnés et il est difficile de s'y retrouver.
Le système Road to Recovery consiste à regrouper tous les aspects d'un traitement sous un même toit afin de permettre aux patients de se concentrer sur eux-mêmes plutôt que sur tout le côté navigation d'un éventuel rétablissement. Qu'il s'agisse d'accéder à une clinique ambulatoire, à un centre de désintoxication, à un traitement à court terme ou à un logement avec suivi à long terme, le système veille à ce que tous ces services fonctionnent avec cohésion afin d'éviter que les personnes n'aient pas à passer leur temps à essayer d'assembler ses différentes parties.
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Le traitement ne peut évidemment pas être la seule solution. Les gens ont des besoins très diversifiés et des parcours de consommation très variables. Ils doivent parfois faire face à des délais ou à des barrières pour accéder aux services, ou encore ils ne sont pas prêts. Pendant ce temps, il faut avoir des stratégies de réduction des méfaits pour les protéger, pour leur donner un environnement sécuritaire et pour réduire les risques de décès, d'infection ou de complications diverses.
Il faut voir la toxicomanie un peu comme une maladie chronique. Cela prend parfois plusieurs tentatives de réhabilitation et de traitement, ainsi que plusieurs rechutes, avant qu'une personne soit capable de s'en sortir. Pendant ces périodes de rechute, il faut avoir des stratégies de réduction des méfaits.
De plus, pour ce qui est du traitement, il n'y a pas de substances ou d'options pharmacologiques pour remplacer l'ensemble des drogues qui sont actuellement sur le marché.
Dans ces conditions, il peut être beaucoup plus difficile, pour certaines personnes, d'obtenir un traitement ou d'arrêter leur consommation. Il existe très peu de solutions de rechange pour elles, et nous devons alors les protéger.
L'un des mandats de la santé publique, c'est de protéger la santé de l'ensemble de la population. Par conséquent, il faut aussi protéger ces personnes. Il est impossible de penser que cent pour cent de la population consommatrice de drogues va entreprendre en même temps une démarche de traitement.
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Tout d'abord, je tiens à remercier tous les témoins pour leurs importants témoignages et pour le travail fort utile qu'ils font tous.
Nous avons entendu la coroner en chef de la Colombie-Britannique. Docteure Bonnie Henry, vous êtes également la médecin-cheffe de cette province.
Les chefs de police de la Colombie-Britannique, l'Association canadienne des chefs de police, l'autorité sanitaire des Premières Nations de la Colombie-Britannique, le conseil de justice des Premières Nations de la Colombie-Britannique ainsi que le groupe de travail d'experts de Santé Canada disent tous qu'il s'agit d'une question complexe qui exige une réponse globale. Toutes les organisations et les personnes que j'ai citées ont clairement indiqué que nous devions remplacer l'offre de drogues de rue toxiques par des substances plus sécuritaires, mettre un terme à la criminalisation des personnes qui consomment, créer un système de traitement sur demande et investir massivement dans le rétablissement, la prévention et l'éducation.
Docteure Henry, le modèle de décriminalisation en Colombie-Britannique est entré en vigueur en janvier 2023. Le mois précédent, le nombre de décès quotidiens par 100 000 habitants était de 7,5. Au cours des deux derniers mois, ce nombre est descendu à 6,1 et 6,2.
Pensez-vous que la décriminalisation tentée en Colombie-Britannique fonctionne et a fonctionné?
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Je vous remercie de la question.
Vous avez tout à fait raison de dire que nous devons nous concentrer sur ce que cette expérience signifie. Elle fait partie d'une série de mesures qui nous ont été présentées comme étant nécessaires. La décriminalisation des personnes — c'est ce qui est important — consiste à supprimer les sanctions pénales pour la possession de petites quantités de substances contrôlées. Il ne s'agit pas d'une loi ou d'une porte ouverte aux comportements violents ou menaçants. Ce n'est pas la solution dans son entier, mais c'est un outil important qui vient nous prêter main-forte, et ce, pour un certain nombre de raisons.
L'une de ces raisons, c'est que nous voyons les gens qui sont visibles pour la police, et c'est sur eux que se concentre une grande partie de l'attention. Il est désagréable pour nous de voir des sans-abri dans la rue qui n'ont pas d'endroit où ils peuvent consommer de la drogue en toute sécurité ou entrer en contact avec d'autres personnes. C'est également important pour ceux qui ne sont pas visibles et qui sont, eux aussi, en train de mourir, comme nous l'avons entendu ce matin. Il peut s'agir de jeunes qui « expérimentent » ou qui sont des consommateurs occasionnels. Il peut s'agir d'un jeune homme qui exerce un métier et dont la famille me parle tout le temps, ignorant qu'il s'était remis à consommer ou qu'il avait rechuté, chose qu'il avait cachée aux siens à cause de la honte, de la stigmatisation et de la peur de se retrouver avec un casier judiciaire. Cette crainte d'être fiché empêche les gens de parler de leur consommation de drogue et de demander de l'aide.
En ce sens, oui, la décriminalisation des personnes ici en Colombie-Britannique a uniformisé les règles du jeu dans toute la province, de sorte qu'on a supprimé le caractère discrétionnaire de savoir qui se fait saisir ses drogues ou qui aura un casier judiciaire. C'est quelque chose que les statistiques sur les saisies de drogues et les inculpations de personnes qui consomment des drogues nous ont montré.
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Certainement. Ce sont deux excellentes questions.
J'ai déjà brièvement parlé du modèle Road to Recovery utilisé à l'hôpital St. Paul, et nous avons été très heureux d'y accueillir certains des membres du Comité. Encore une fois, nous parlons d'un modèle de soins coordonnés dans le cadre duquel, essentiellement...
Il y a déjà eu une question ici au sujet du traitement forcé ou contraint. Jusqu'à maintenant, les efforts déployés au Canada n'ont pas été particulièrement efficaces pour ce qui est de faciliter l'accès et la participation à des traitements en misant sur la souplesse, la coordination et les soins axés sur le patient. Avant de nous pencher sur la question de savoir s'il faut forcer les gens à suivre un traitement, je dirais que nous devrions commencer par essayer de rehausser l'image de ces services, tout en tenant compte des besoins, des objectifs et de la situation de chaque personne. Facilitons donc l'accès au traitement.
Je le répète, le programme Road to Recovery consiste à coordonner toute une gamme de services sous un même toit afin que les patients puissent y participer à différents stades de leur cheminement et progresser d'une manière qui tient compte de leurs besoins particuliers et de leurs trajectoires, qui sont rarement linéaires, comme nous le savons. Ensuite...
Comme j'interviens à mi‑parcours de la réunion, je vous prie de m'excuser si je répète des thèmes qui ont déjà été abordés. Je suis très heureux d'être ici.
Mes questions s'adresseront à vous, docteure Henry. Je suis content de vous revoir.
Puisque nous parlons de consommation en public et de décriminalisation, j'aimerais vous donner un peu plus de temps pour démêler les choses, car je crois qu'il y a une certaine confusion entre l'idée de décriminalisation et celle de consommation en public.
Je vois la consommation en public tous les jours au centre-ville d'Ottawa, par exemple, où il n'y a pas encore de décriminalisation. Nous savons que c'est un fléau qui afflige tous nos centres-villes, et ce problème existait dans le quartier Downtown Eastside de Vancouver et ailleurs en Colombie-Britannique bien avant que nous en arrivions à cette approche qui vise à éliminer la stigmatisation associée à la criminalisation de la possession de drogues à des fins personnelles.
Je vais vous accorder une minute pour vous permettre de nous en dire plus à ce sujet, si vous le voulez bien.
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Lorsque nous avons déclaré l'état d'urgence — c'est mon prédécesseur qui l'a fait en 2016 —, c'était vraiment pour sensibiliser les gens à ce problème qui évoluait rapidement et qui entraînait des décès à un niveau sans précédent. Cela nous a permis de rassembler de l'information et de commencer à travailler à la réduction des méfaits. Quand on y pense, à l'époque, la naloxone était un médicament qui n'était disponible que sur ordonnance; nous avons donc fait beaucoup de chemin. Nous savons que le programme de naloxone à emporter, qui a été lancé ici en Colombie-Britannique en tant que mesure de réduction des méfaits, a sauvé des milliers de vies.
Nous avons fait des progrès en améliorant la coordination, en approfondissant notre compréhension de la voie de traitement pour les personnes souffrant d'un trouble lié à la consommation de substances et en les sensibilisant à la toxicité et à la nature changeante des drogues de rue. Lorsque la pandémie a frappé, malheureusement, bon nombre des mesures de soutien que nous avions mises en place et qui avaient amélioré la situation en 2019... Lorsque la transmission du virus a commencé à soulever des préoccupations, les choses se sont considérablement aggravées, mais il faut aussi souligner que le commerce international des drogues a radicalement changé pendant cette période.
L'importation de petites quantités d'opioïdes synthétiques a vraiment pris le dessus dans les rues, et cela demeure très répandu. Nous avons fait des progrès, même si les niveaux sont encore très élevés — trop élevés. Il y a maintenant plus de sensibilisation. Nous avons des systèmes en place. Nous disposons de programmes comme Hope to Health.
Je crois que nous déployons enfin des efforts dans notre système de santé pour essayer d'obtenir plus de soutien interprovincial pour les gens qui doivent y recourir, parce que nous connaissons la stigmatisation et la honte que subissent les toxicomanes au sein de notre système de santé.
Voilà autant de mesures que nous avons prises, mais il faut rassembler le tout. Nous devons travailler de façon coordonnée.
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Je vous remercie, et j'espère que tout le monde m'entend bien maintenant.
Docteure Henry, je vais reprendre là où je m'étais interrompu.
Je pense que le problème avec le Dilaudid est qu'il est devenu une sorte de stupéfiant d'entrée de gamme à Vancouver parce qu'il est bon marché. D'après ce que j'ai compris en discutant avec des personnes qui travaillent dans la communauté, le prix d'un comprimé de Dilaudid était de 20 $ avant la mise en place d'un système d'approvisionnement sécuritaire. Aujourd'hui, c'est un dollar seulement. Un psychiatre m'a révélé qu'il a déjà demandé à ses propres enfants pourquoi ils prennent du Dilaudid. Ils lui ont répondu qu'un joint coûte cinq dollars sur le marché noir, alors qu'ils peuvent obtenir cinq comprimés de Dilaudid pour le même prix. Dans ce contexte, le choix n'est pas compliqué.
Le problème, c'est que les gens commencent avec du Dilaudid, mais que, comme vous le savez, le principe même d'une drogue est de créer de l'accoutumance. Comme le toxicomane ne parvient éventuellement plus à obtenir le même genre d'effet euphorisant, il est tenté de passer au fentanyl. Un psychiatre qui travaille avec cette clientèle m'a dit que parmi les enfants qu'il connaît et qui sont sous [difficultés techniques], la moitié consomme du Dilaudid, alors que l'autre moitié consomme d'autres types de drogues, mais ont commencé par le Dilaudid.
Bien sûr, il y a la question de la sécurité de l'approvisionnement. Je ne sais pas si vous voulez faire un commentaire à ce sujet. Selon un article rédigé par le Dr Nguyen et paru dans la revue JAMA Psychiatry, l'approche axée sur l'approvisionnement sécuritaire est susceptible d'engendrer certains préjudices collectifs.
Je ne sais pas si vous voulez faire un commentaire à ce sujet, mais je voudrais passer au deuxième volet de ma question, à savoir qu'il existe de bonnes preuves pour l'IOAT, traitement supervisé par agonistes opioïdes injectables, un modèle testé en Suisse qui permet aux toxicomanes de recevoir de l'héroïne par voie intraveineuse.
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Je passerai d'abord à la deuxième question, car je pense qu'il s'agit d'un élément très important en rapport avec l'une des recommandations principales de mon rapport.
Oui, la thérapie par injection fonctionne pour certaines personnes. Il est très difficile d'y accéder. Il y a un très petit nombre de personnes qui ont accès aux programmes, mais nous savons aussi que la consommation de drogues a changé au fil du temps et que les gens ne s'injectent plus aussi fréquemment. Nous savons que fumer est la façon la plus courante de consommer de la drogue aujourd'hui, et nous devons donc avoir des formulations que les gens peuvent consommer de cette façon. Les toxicomanes nous ont dit que c'était aussi ce dont ils avaient besoin. Pour pouvoir contrer le marché noir des drogues toxiques, nous devons donc améliorer ces programmes. Je recommande de commencer par des programmes de thérapie en observation directe, mais il faut que les gens puissent y avoir accès.
L'autre problème que nous rencontrons est que nous ne pouvons pas nous en sortir par la prescription. Nous devons trouver des moyens pour que les gens puissent développer ces relations avec une clinique. Je pense que la clinique Hope to Health en est un bon exemple. Les gens peuvent obtenir les médicaments dont ils ont besoin pour rester sur la bonne voie, en évitant autant que possible de consommer des drogues de rue, et ce dans les formulations dont ils ont besoin.
Pour commencer, il faut être témoin de la situation. Ensuite, on développe cette relation au fil du temps et cette confiance avec les gens, car nous savons aussi qu'il est très difficile pour les gens de rester dans ces programmes de traitement lorsqu'ils doivent s'y rendre plusieurs fois par jour ou tous les jours. S'il arrive qu'ils doivent être avec leur famille, qu'ils manquent le bus ou qu'il se passe quelque chose de dramatique ce jour-là et qu'ils n'ont pas leur dose, nous savons que c'est à ce moment-là que les gens recommencent à se tourner vers ce qu'ils peuvent trouver dans la rue, par exemple.
Je pense que ce sont des éléments que nous... Et j'ai recommandé que nous examinions comment élargir l'accès aux substances prescrites dont les gens ont besoin et qu'ils utiliseront. C'est une autre façon d'aborder la déjudiciarisation, qui est un symptôme de besoins non comblés.
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Je peux commencer à vous répondre.
C'est exactement de cela qu'il est question quand nous parlons du continuum de services. Pour les organismes communautaires, qui font du travail de rue, il est important de créer des liens de confiance et de faire comprendre ce que sont les services de consommation supervisée. Dans les centres de consommation supervisée, on trouve aussi des pairs aidants.
Les services de consommation supervisée sont des services communautaires auxquels s'ajoutent des services infirmiers. Ces services permettent d'aller un peu plus loin et de parler de soins de santé. Comme nous le savons, au-delà des problèmes liés aux surdoses, cette clientèle n'a pas l'habitude de demander d'autres types de soins, par exemple pour traiter des plaies ou des infections, et ils ne savent pas en quoi consistent les services préventifs.
Il y a donc sur place, dans ces centres, des gens qualifiés avec qui la clientèle peut développer une relation de confiance. Ces personnes qualifiées font le lien avec des services spécialisés en réadaptation et des services qui offrent des solutions de traitement.
Cela dit, une fois que le lien de confiance est établi, ces intervenants peuvent, au besoin, diriger les personnes vers des services qui offriront des options de traitement. Ils peuvent aussi les diriger vers des services offrant du soutien en santé mentale. Ils font aussi le lien avec les services communautaires en matière de logement et de réinsertion sociale. Il faut que tout cela soit lié.
Par ailleurs, nous avons développé des expertises dans notre équipe qui se consacre à la vigie. Nous avons des anthropologues qui s'impliquent sur le terrain et qui vont à la rencontre des gens pour comprendre l'évolution des habitudes de consommation, les pratiques, les besoins, les problèmes d'ordre culturel, les nouveaux consommateurs ou diverses particularités, ce qui nous permet de bien outiller nos équipes.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je comprends que Mme Sidhu veuille proposer cette motion. Il y a seulement deux ou trois choses qu'il me semble important de souligner.
Premièrement, et c'est le plus important, il était prévu aujourd'hui de donner des instructions de rédaction au sujet de l'étude sur la santé des femmes. Je pense qu'il y a des choses incroyablement importantes que nous devons faire, au nom de toutes les femmes du Canada, dans le cadre de cette étude. Il y a des enjeux qui, je pense que nous pouvons tous en convenir, doivent être exprimés haut et fort. Je ne sais pas exactement pourquoi, au sein du Comité, nous semblons avoir du mal à terminer les rapports sans que de plus en plus de motions soient présentées.
L'autre problème, monsieur le président, est lié au fait que nous n'avons pas vraiment tenu de réunion de planification pour essayer de mieux comprendre ce que nous allons faire ensuite. Comme il y a pas mal de nouveaux membres ici, ce que nous avons fait, par le passé…
Je sais que les choses sont devenues un peu confuses en raison de certaines études entreprises, mais cela dit, nous avions une tradition. J'utilise ici le mot « tradition », même si cela nous porterait à croire qu'il en est ainsi depuis des décennies. La tradition ici est relativement récente. Des traditions datent d'il y a longtemps, et d'autres non. Nous avons une tradition selon laquelle chaque parti propose une étude, peut-être de façon proportionnelle à sa représentation ici, puis nous les faisons à tour de rôle.
Nous devrions tenir une réunion de planification pour revenir à cette approche et examiner de façon plus approfondie les études dont le Comité est saisi. Évidemment, s'il y a des études qui sont plus urgentes que d'autres, nous en parlerions certainement en groupe pour déterminer, au nom des Canadiens, quel ordre nous devrions suivre.
L'autre chose qui est vraiment importante, c'est que ma collègue, Mme Goodridge, a proposé une étude sur le cancer du sein, qui est, bien sûr, un peu mentionnée dans l'étude sur la santé des femmes, mais il y a des renseignements supplémentaires qui sont sortis aujourd'hui.
Si vous me le permettez, voici ce qu'on peut lire dans un récent article de Global News:
Les lignes directrices du Canada sur le dépistage routinier du cancer du sein resteront inchangées, malgré la pression croissante des experts médicaux qui les ont qualifiées de « dangereuses ».
Le Groupe d'étude canadien sur les soins de santé préventifs a publié jeudi la mise à jour de ses lignes directrices qui recommande aux personnes dans la quarantaine de ne pas subir de mammographies de routine, mais d'en demander une si elles le souhaitent.
Selon les lignes directrices actuelles établies par le groupe de travail, le dépistage routinier du cancer du sein doit commencer dès l'âge de 50 ans.
« La première et la plus importante recommandation découlant de cette ligne directrice est que le dépistage du cancer du sein est un choix personnel et que les gens méritent d'être informés afin de pouvoir faire le bon choix pour eux, » […]
« Nous recommandons que les femmes âgées de 40 à 74 ans soient informées des avantages et des inconvénients du dépistage afin de prendre une décision qui correspond à leurs valeurs et à leurs préférences », a‑t‑elle déclaré lors d'un point de presse jeudi.
Elle a ajouté que cette information devrait couvrir des facteurs comme les antécédents familiaux, la race ou l'ethnicité et la densité mammaire. Si une personne est au courant de ces facteurs et souhaite faire l'objet d'un dépistage, on devrait lui offrir une mammographie tous les deux ou trois ans.
Le groupe de travail a dit qu'il maintient fermement sa position de ne pas réduire l'âge recommandé en raison de préoccupations liées à des diagnostics excessifs et à des biopsies inutiles.
Les nouvelles lignes directrices sur le dépistage du cancer du sein publiées aujourd'hui par le Groupe d'étude canadien sur les soins de santé préventifs sont « dangereuses et nuisibles pour les Canadiens », a déclaré jeudi la directrice générale de Dense Breasts Canada, Jennie Dale […]
« Nous sommes plus que déçus des recommandations », a déclaré Mme Dale. « Les lignes directrices devraient refléter les données les plus récentes et donner la priorité à la vie des Canadiens. Le groupe de travail nous a laissé tomber et nous demandons aux Canadiens de dire au ministre Holland de suspendre ces lignes directrices et d'utiliser les données scientifiques à jour pour sauver des vies. »
Et ainsi de suite. Les gens disent qu'ils sont très préoccupés, qu'il y a de bonnes preuves et que les lignes directrices sont désuètes et imparfaites. Je ne fais que paraphraser pour essayer d'accélérer un peu les choses.
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Absolument, monsieur le président.
C'est la raison pour laquelle, quand je me suis engagé dans cette voie, j'ai commencé... Je ne m'étais pas rendu compte que l'article était aussi long.
Ce que j'essaie de dire, c'est que c'est de l'information. D'après moi, il y a deux choses à retenir. Premièrement, c'est arrivé aujourd'hui. Deuxièmement, l'article souligne que s'il y a une voie par laquelle il serait possible de porter cet enjeu d'une importance capitale à l'attention du , nous sommes les mieux placés au pays pour le faire, étant donné notre proximité physique et notre voix forte.
Cela étant dit, il s'agit d'une question urgente qui a déjà été inscrite à l'ordre du jour et qui se rapporte directement aux instructions pour la rédaction que nous devions examiner aujourd'hui.
Je ne comprends tout simplement pas. Ce n'est pas la première fois que le Comité s'embourbe ainsi. D'abord, l'étude sur les ressources humaines en santé a été retardée, je crois, d'un an. Nous ne rendons pas service à la population canadienne.
Ensuite, pendant l'étude sur la santé des enfants, la composition du Comité a tellement changé qu'au bout du compte, nous étions probablement trois, quatre ou cinq à avoir entendu la majorité des témoignages à ce sujet. Il est très difficile de préparer un rapport ayant la moindre utilité pour la population canadienne quand la plupart des membres n'étaient même pas présents durant les témoignages.
Je pense aussi que pendant une discussion précédente, nous avons parlé d'essayer de régler une partie de nos dossiers en suspens. Il aurait été logique de consacrer les 30 minutes que nous avions aujourd'hui à cela. Ensuite, je le répète, nous aurions pu tenir des réunions de planification pour nous pencher sur les autres sujets d'une importance capitale pour la population canadienne.
Je ne veux pas dire que votre motion n'est pas d'une importance capitale, madame Sidhu; elle l'est peut-être. Il pourrait être utile de la réentendre. Notre attention était focalisée sur un autre enjeu d'une importance capitale, un enjeu d'une actualité brûlante et d'une grande pertinence puisque le gouvernement fédéral s'est associé au gouvernement de la Colombie‑Britannique pour mener un projet expérimental de décriminalisation des opioïdes, qui tuent en moyenne plus de 22 personnes par jour. Je ne vous apprends rien.
Toute notre attention était tournée vers cette étude, qui a été interrompue... Je ne comprends pas pourquoi. Des témoins importants étaient avec nous...
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Merci, monsieur le président.
Je précise que si j'ai dit « en Colombie‑Britannique », je me suis trompé. Je voulais dire au Canada.
Je vous en prie, monsieur Johns. C'est six par jour en Colombie‑Britannique.
Cela étant dit, le fait est que nous n'employons pas le peu de temps à notre disposition de manière judicieuse. Nous avons été saisis d'une autre motion, et je tire mon chapeau à M. Johns. Sa motion était pertinente, et il l'a présentée rapidement. Nous nous sommes vite entendus et nous avons adopté la motion parce que nous devons absolument pouvoir obtenir d'autres réponses sur le budget de la part des ministres avant la fin de la session.
Le message que je veux que le Comité entende, c'est que nous avons du travail à faire et que certains dossiers sont peut-être plus importants que d'autres. Certains — je suis en train de conclure, monsieur le président — revêtent une importance capitale aux yeux de la population canadienne; d'autres sont peut-être moins importants. Je ne vais pas vous dire que c'est moi qui en suis le juge.
Nous avons des dossiers en suspens à régler, et la fin de la session approche. Si les membres du Comité permanent de la santé souhaitent tenir des réunions pendant tout l'été, je pense que les conservateurs seraient heureux de le faire.
Si c'est ce que vous voulez, madame Sidhu, je serai heureux d'être ici pour rendre service à la population canadienne. Je trouve cela très important.
En ce qui concerne précisément l'étude sur les opioïdes... Encore une fois, je vous parle de ce que je vois personnellement comme les priorités. L'étude sur les opioïdes et l'étude sur les lignes directrices pour le dépistage du cancer du sein sont au sommet de ma liste de sujets à examiner en priorité au nom de la population canadienne.
Étant donné les difficultés que nous avons connues dans le passé avec d'autres études... Ce n'est pas la faute des analystes. Ce n'est pas ce que j'essaie de dire. Dans le passé, des études nous ont donné du fil à retordre parce que nous avons trop tardé à les conclure. Les retards et les prolongations causent beaucoup de problèmes, en plus de nuire à la qualité des rapports, que nous signons toutes et tous. Les rapports pourraient être meilleurs s'ils étaient produits plus rapidement.
Voilà ce que je voulais dire. Pour toutes ces raisons, je propose d'ajourner le débat sur la motion de Mme Sidhu.
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Merci, monsieur le président.
Pour ajouter aux propos de mon collègue, M. Ellis, pour moi, la motion que j'ai présentée dans le but d'entreprendre une étude sur les lignes directrices pour le dépistage du cancer du sein n'est pas juste une question de politique. C'est un enjeu qui me tient à cœur. J'avais 21 ans quand ma mère est décédée d'un cancer. Ma mère avait 49 ans. Selon les lignes directrices actuelles, elle aurait été trop jeune pour passer une mammographie. Depuis que j'ai perdu ma mère... Son décès a bouleversé toute ma famille. Il a été la source de traumatismes, de chagrin et de nombreuses difficultés pour tous les membres de ma famille.
Après le décès de ma mère, j'ai vu mon père — la personne la plus forte que j'ai jamais connue — se transformer en un homme brisé. Ma mère était l'amour de sa vie. Elle est morte d'un cancer du sein. Son décès aurait pu être évité si seulement elle avait eu accès à des tests de diagnostic adéquats à un plus jeune âge.
De fait, la Société canadienne du cancer a publié une déclaration aujourd'hui:
La Société canadienne du cancer [...] est déçue des nouvelles lignes directrices sur le dépistage du cancer du sein publiées aujourd'hui par le Groupe d'étude canadien sur les soins de santé préventifs (GECSSP), en particulier de l'absence de recommandation visant à abaisser l'âge de début du dépistage systématique du cancer du sein au pays.
Ces discussions se sont déroulées pendant que le Comité étudiait la santé des femmes. Plusieurs témoins nous ont parlé de l'importance de commencer le dépistage plus tôt, ainsi que des effets de la densité mammaire et de la composition du tissu mammaire sur le dépistage du cancer du sein. Nous avons beaucoup parlé de la santé des femmes, et j'ai compris quelque chose. Moi qui suis la fille d'une victime du cancer du sein, j'ai compris que nous avions la possibilité d'améliorer concrètement et immédiatement la vie de personnes comme ma mère et les membres de ma famille, ainsi que de toutes les familles qui vivent des situations semblables.
Par ailleurs, même dans les meilleures circonstances, trop peu d'études sont menées sur la santé des femmes. La majorité des gens ne veulent pas parler de la santé des femmes. Nous sommes le Comité permanent de la santé, nous avons décidé d'entreprendre une étude sur la santé des femmes, mais nous n'avons même pas parlé du cancer du sein. Nous n'avons pas parlé de l'endométriose. Nous avons littéralement parlé strictement de la santé des femmes, comme s'il était acceptable de réaliser une étude générale sur la santé de plus de la moitié de la population.
Je suis fâchée parce que jamais personne ne proposerait de mener une étude sur la santé des hommes. Personne ne proposerait une étude pareille. On proposerait une étude sur la santé mentale des hommes, sur le cancer de la prostate ou encore sur les lignes directrices.
Je l'ai déjà dit et je vais le répéter pour le compte rendu. Si les hommes devaient placer leurs organes reproducteurs dans un appareil de mammographie pour obtenir un diagnostic, on aurait déjà un autre test. Si les hommes devaient subir la même chose, il y aurait déjà un autre test. Cette situation ne fait que mettre en lumière les problèmes systémiques liés à la santé des femmes.
Le Comité a la possibilité d'étudier la santé des femmes, de discuter avec les analystes et de parler de ces enjeux. À la place...
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Merci, monsieur le président.
À mon avis, mes observations sont tout à fait pertinentes puisque ce n'est pas la première fois que le Comité propose d'entreprendre une étude différente.
Ce que je me demande, c'est pourquoi Mme Sidhu a présenté sa motion maintenant. Elle a mentionné les feux de forêt qui brûlent dans les environs de ma collectivité. J'aimerais dire au Comité que depuis quelques jours, les feux de forêt ne se propagent plus; en fait, ils sont même maîtrisés grâce au travail exceptionnel du service des feux de forêt de l'Alberta et des admirables pompiers forestiers qui risquent leur vie pour protéger nos collectivités et mettre des structures en place. Ce travail a été accompli par le ministère des Forêts de l'Alberta.
Ce sont principalement des groupes provinciaux qui mènent la lutte contre les feux de forêt. L'enjeu particulier des feux de forêt relève probablement davantage des provinces. C'est une tout autre question.
Pour revenir à la motion sur le cancer du sein, qui est tout à fait pertinente, en un mot, on est en train de dire qu'il n'est pas important d'approfondir notre étude sur la santé des femmes et d'en arriver à un point où l'on puisse produire un rapport. C'est le message qu'on est en train de transmettre ici aujourd'hui, en ce moment même.
Je suis heureuse d'avoir cette discussion et j'aimerais que nous la poursuivions à un autre moment, mais je...