Bienvenue à cette 103e séance du Comité permanent de la santé de la Chambre des communes. La réunion d'aujourd'hui se déroule en mode hybride, conformément au Règlement.
Comme nous avons quelques témoins sur Zoom aujourd'hui, je veux simplement leur dire qu'ils ont accès à l'interprétation. Au bas de l'écran, ils peuvent choisir entre le parquet, l'anglais ou le français. Veuillez ne prendre aucune capture d'écran ni aucune photo de votre écran.
Je tiens à informer le comité que toutes les personnes qui participent à distance ont effectué les tests de connexion requis avant la réunion, comme le prévoit notre motion de régie interne.
Conformément à l'article 108(2) du Règlement et à la motion adoptée le 16 mai 2022, le comité reprend son étude sur la santé des femmes. Je souhaite la bienvenue à nos témoins. Nous accueillons aujourd'hui, à titre personnel, Dre Ghadeer Anan, oncologue médicale, qui se joint à nous par vidéoconférence; Dre Ambreen Sayani, scientifique; et Dre Andrea Simpson, gynécologue obstétricienne, de l'hôpital St. Michael's de Toronto, qui se joint à nous également par vidéoconférence. Nous accueillons aussi deux représentantes de la Société canadienne du cancer: Helena Sonea, directrice, Défense de l'intérêt public, et Ciana Van Dusen, gestionnaire de la défense des droits, Prévention.
Nous tenons à remercier tous nos témoins de leur présence aujourd'hui. Vous disposerez de cinq minutes pour présenter votre déclaration préliminaire. Nous allons commencer par la Dre Anan.
Docteure Anan, soyez la bienvenue. Vous avez la parole.
:
Bonjour. Je vous remercie, monsieur le président.
Bonjour, chers membres du comité.
Je vous remercie de me donner l'occasion de m'adresser à vous aujourd'hui.
Je dois préciser que, lorsque j'ai reçu l'invitation, on m'a seulement demandé de parler des femmes et du cancer; on ne m'a pas donné d'autres détails sur le sujet précis qui intéressait le comité. J'ai préparé mes notes en fonction de ma propre expérience dans ma pratique, mais je serai très heureuse de répondre à toutes les questions.
Je suis oncologue médicale et j'exerce depuis plus de 13 ans à Fredericton, au Nouveau‑Brunswick. Les patientes atteintes d'un cancer du sein représentent l'essentiel de ma pratique.
Fredericton est une ville de plus de 60 000 habitants. Cependant, la zone que nous desservons compte plus de 170 000 habitants; la majeure partie de la population de cette zone vit donc en milieu rural. Le taux de croissance annuel de la population dans ma région est de 6,2 %, selon Statistique Canada. Or, nos données locales montrent que la hausse du nombre de patients atteints de cancer est de 8,2 %. Le Nouveau‑Brunswick a connu une augmentation sans précédent de cette population depuis la pandémie de COVID.
J'aimerais vous parler aujourd'hui des différences dans le parcours des femmes qui reçoivent un diagnostic de cancer du sein, selon l'endroit où elles vivent. Comme vous le savez, le cancer du sein est fréquent et peut toucher une Canadienne sur huit. Lorsqu'une femme reçoit un diagnostic de cancer du sein, elle subit généralement une intervention chirurgicale, avec ou sans radiothérapie, avec ou sans chimiothérapie, suivie ou non d'un traitement endocrinien sous forme de comprimés. Le problème n'est pas d'avoir accès à la chirurgie, à la chimiothérapie ou à la radiothérapie, mais d'avoir accès à un soutien supplémentaire, qui est tout aussi important. Heureusement, le taux de guérison est élevé, mais il y a un prix à payer. C'est là que le lieu de résidence peut changer les choses. C'est à ce moment-là que le fait de vivre en milieu urbain ou en milieu rural change la donne.
Après un tel diagnostic, une femme peut avoir besoin de physiothérapie après son opération, sinon, elle pourrait se retrouver avec des limitations à long terme des mouvements du bras et de l'épaule, ce qui affecterait évidemment sa qualité de vie. Certaines femmes peuvent développer un lymphœdème, une complication faisant suite à la chirurgie et à la radiothérapie qui peut entraîner des douleurs, des gonflements, et même une déformation de la poitrine et du bras du côté touché. L'accès à un physiothérapeute ayant reçu une formation spéciale pour le traitement du lymphœdème est essentiel pour atténuer cette complication. Un physiothérapeute ayant reçu une telle formation peut fournir un traitement, équiper la femme touchée d'un manchon ou d'un gant de compression adéquat, ou même le fabriquer sur commande. Les femmes vivant dans les régions rurales du Nouveau‑Brunswick ont un accès limité à ces services.
Un diagnostic de cancer du sein et tous les traitements qui l'accompagnent, y compris les traitements endocriniens qu'une femme peut suivre pendant cinq à dix ans, peuvent avoir des conséquences importantes sur la santé mentale. L'accès à des services de santé mentale peut grandement améliorer les choses. Comme je l'ai dit, les femmes qui vivent dans les régions rurales du Nouveau‑Brunswick ont un accès limité à ces services.
Contrairement à la chirurgie, qui est nécessaire une ou deux fois, à la radiothérapie, généralement prescrite pendant trois à six semaines, ou même à la chimiothérapie, prescrite pour une période de trois à six mois, la physiothérapie et le soutien en santé mentale sont généralement nécessaires pour une période beaucoup plus longue et comportent un volet de suivi.
Ce qui rend la situation encore plus difficile, c'est que non seulement nous constatons une augmentation du nombre de femmes qui reçoivent un diagnostic de cancer en général, mais nous remarquons également qu'elles reçoivent le diagnostic plus jeunes. L'âge moyen auquel une femme se voit généralement diagnostiquer un cancer du sein est de 60 à 65 ans, mais nous constatons que davantage de femmes reçoivent ce diagnostic dans la quarantaine et même dans la trentaine, alors qu'elles ont un travail et une jeune famille dont elles doivent s'occuper. Elles doivent aussi vivre plus longtemps avec les complications liées aux traitements.
Je vois de plus en plus de femmes qui ne peuvent pas reprendre leur travail et une vie normale à la fin de leur traitement. Elles doivent même demander des prestations d'invalidité en raison des effets à long terme du traitement, des effets dont on ne s'occupe pas adéquatement à cause du manque de ressources dans les régions rurales.
En résumé, je crois que les femmes vivant dans les régions rurales du Nouveau‑Brunswick ont un bon accès à un traitement, une fois qu'elles ont reçu un diagnostic de cancer du sein, au même titre que les femmes vivant dans les centres urbains. Par contre, elles devraient avoir un accès égal aux services de soutien pendant et après leur traitement.
Merci.
Bonjour, monsieur le président, chers membres du comité et collègues témoins. Je suis la Dre Ambreen Sayani, scientifique au Women's College Hospital et professeure adjointe à l'Université de Toronto.
Je dirige un programme de recherche centré sur la personne et axé sur la promotion de la prévention du cancer, le dépistage précoce et l'accès à des soins de grande qualité pour tous. Je supervise notre prochaine génération d'apprenants, y compris les étudiants en médecine et les étudiants diplômés. En tant qu'experte-conseil en matière d'équité en santé auprès du Partenariat canadien contre le cancer, je guide les efforts du partenariat pour assurer un accès équitable à des soins de qualité contre le cancer pour tous les Canadiens. En 2020, j'ai cofondé un groupe appelé EMPaCT, qui s'adresse directement aux membres de la collectivité issus de populations mal desservies afin d'influer directement sur leurs décisions en matière de soins de santé. Je suis également diplômée en médecine à l'étranger. J'étais chirurgienne oncologiste avant de m'installer au Canada.
En me fondant sur mon travail dans la communauté, je vais vous donner un aperçu des expériences vécues par trois femmes ayant été atteintes d'un cancer au Canada.
La première est une femme de 65 ans atteinte d'un cancer du côlon. Appelons-la Audrey. Elle m'a dit: « Vous n'avez pas idée à quel point il faut beaucoup de temps pour prouver qu'on est pauvre; on consacre énormément de temps à obtenir des photocopies de documents. En plus, je dois faire face au fait que je suis en train de mourir. C'est terrible. »
La deuxième est une jeune adulte qui a survécu à un cancer des os et du poumon. Nous l'appellerons Fatima pour aujourd'hui. Elle a déclaré: « En tant que nouveaux arrivants au Canada, mes parents ne connaissaient personne et ne connaissaient pas le système. Notre médecin traitant n'a pas pris mes symptômes au sérieux, et nous ne savions pas comment nous défendre. »
La troisième, Maria, est une femme de 71 ans qui est décédée depuis d'un cancer du col de l'utérus. Elle a dit: « Je suis allée à l'hôpital et j'ai été très mal traitée. Je ne veux pas y retourner. Je ne veux plus jamais revivre cela. »
Monsieur le président et chers membres du comité, au Canada, nous sommes censés avoir un accès universel aux soins contre le cancer, mais ces soins ne sont pas accessibles à tous. Une femme sur cinq chez qui on a diagnostiqué un cancer en mourra. L'an dernier, 40 200 femmes sont mortes du cancer au Canada. Cela représente en moyenne 110 femmes par jour, mais le risque de mourir d'un cancer n'est pas le même pour toutes les femmes. La vie ou la mort des personnes cancéreuses dépend souvent de facteurs tels que le racisme, le sexisme, le capacitisme, le classisme et l'âgisme, qui peuvent être déterminants.
Pour les femmes, le sexe biologique a une incidence sur la prédisposition à certains types de cancer, tandis que les rôles sexospécifiques socialement et culturellement construits ont un impact sur l'issue du cancer chez les femmes en influant sur leurs connaissances en matière de santé, leurs comportements en matière de recherche de soins de santé et l'accès aux soins de santé. Les problèmes liés aux obstacles financiers, aux défis géographiques, au manque de moyens de transport et à l'accès limité aux services appropriés sur le plan de la culture et de la langue contribuent directement aux retards dans les diagnostics de cancer, aux traitements inadéquats et à la piètre qualité des soins.
Pour les peuples autochtones, les communautés racisées, les personnes à faible revenu et les personnes de diverses identités de genre, les problèmes de racisme et de discrimination systémiques entraînent des expériences de soins médiocres, l'évitement des soins et l'absence de diagnostic. Cela peut se produire en partie à cause d'un manque de compétences en matière de soins de santé axés sur l'équité au sein de la main-d'œuvre et de services qui ne sont pas conçus pour répondre à leurs besoins.
Au Canada, nous avons fait des progrès sur le plan de la prévention et de la détection du cancer, ainsi que de la survie au cancer. Nos efforts comprennent la mise en œuvre et la coordination de mesures préventives, le dépistage organisé du cancer et la conception de modèles de soins innovants. Cependant, comme je l'ai dit aujourd'hui, les lacunes en matière de soins sont évidentes. Elles nécessiteront des efforts concertés et multiformes dans tous les secteurs pour nous attaquer aux causes profondes des inégalités sociales, afin que nous puissions améliorer les résultats de santé pour toutes les femmes en rehaussant leurs conditions de vie et de travail.
En conclusion, je voudrais recommander trois domaines d'action fondés sur les expériences vécues dont je vous ai fait part aujourd'hui.
Pour les femmes comme Audrey, qui subissent la toxicité financière, nous devons réduire la charge administrative liée à l'accès aux ressources nécessaires pour soutenir les soins contre le cancer. De manière plus générale, cela implique que nous devons investir des ressources pour comprendre les expériences réelles des patients et répondre à leurs besoins, en mettant l'accent sur la participation des personnes marginalisées et mal desservies.
Deuxièmement, pour les femmes comme Fatima, qui sont confrontées à de multiples obstacles en matière de soins, nous avons besoin de voies d'accès aux soins sur le plan culturel et linguistique. Pour y parvenir plus largement, nous devons renforcer les soins de proximité et nous attacher à diversifier le personnel de la santé afin qu'il soit représentatif des populations qu'il sert.
Enfin, pour les femmes qui, comme Maria, sont victimes de discrimination, nous devons miser sur la formation et la sensibilisation dans l'ensemble du secteur de la santé et des services sociaux relativement aux facteurs historiques et systémiques qui ont une incidence sur la santé. Des soins adaptés à la réalité culturelle peuvent conduire à de meilleurs résultats en matière de santé.
Je vous remercie de m'avoir invitée à vous faire part de mon point de vue.
Je tiens à remercier les membres du Comité permanent de la santé de la Chambre des communes de me donner l'occasion de parler aujourd'hui des femmes et du cancer dans le cadre de leur étude sur la santé des femmes.
Je suis ici pour plaider en faveur de la prévention du cancer de l'endomètre, qui est le type de cancer de l'utérus le plus courant, pour proposer des stratégies simples qui peuvent être mises en place par le gouvernement pour un diagnostic précoce, et pour assurer un accès équitable au traitement pour toutes les femmes canadiennes atteintes d'un cancer de l'endomètre.
Je m'appelle Dre Andrea Simpson. Je suis gynécologue-obstétricienne et je pratique des chirurgies à effraction minimale à l'hôpital St. Michael's de Toronto. Je suis professeure adjointe à l'Université de Toronto. Je suis également chercheuse, et mes travaux sont axés sur l'accès équitable aux soins de santé.
L'un de mes domaines d'expertise clinique et de recherche est la prestation de soins chirurgicaux aux femmes atteintes d'un cancer de l'endomètre, y compris celles souffrant d'obésité, qui se heurtent à des obstacles dans l'accès aux soins de santé et à la chirurgie. Je suis l'un des quatre chirurgiens-gynécologues de l'hôpital St. Michael's à diriger une clinique spécialisée pour les femmes atteintes d'un cancer de l'endomètre au stade précoce, ce qui permet de simplifier les soins et d'offrir un traitement par chirurgie laparoscopique et robotique — au lieu d'une grande incision abdominale — qui leur offre les meilleurs résultats possibles.
Notre mission est de veiller à ce que les femmes souffrant d'obésité ou d'un indice de masse corporelle élevé reçoivent les mêmes excellents soins que les femmes dont l'indice de masse corporelle se situe dans la fourchette normale. Nous nous efforçons d'éliminer les obstacles géographiques aux soins. Nous recevons des patients de partout en Ontario.
Le cancer de l'endomètre est le quatrième cancer le plus courant chez les femmes. Environ 8 500 Canadiennes reçoivent un tel diagnostic chaque année. L'incidence du cancer de l'endomètre est en hausse depuis plus de 10 ans. Le cancer de l'endomètre peut être évité grâce à la sensibilisation du public aux facteurs de risque tels que l'obésité, le syndrome des ovaires polykystiques et la génétique, et grâce à la disponibilité de thérapies hormonales financées, comme celles qui sont offertes en Colombie‑Britannique.
Les signes précoces du cancer de l'endomètre sont souvent méconnus du public. Il s'agit notamment de saignements utérins anormaux, tels que des règles abondantes ou irrégulières, ou de saignements vaginaux après la ménopause. Le diagnostic peut être posé par une biopsie de l'endomètre, une petite intervention qui peut être réalisée dans un cabinet de consultation externe.
Nos lignes directrices nationales recommandent une biopsie pour toute femme de plus de 40 ans présentant des saignements anormaux et pour les femmes plus jeunes qui présentent des facteurs de risque de cancer de l'endomètre. Ces dernières années, le cancer de l'endomètre a été diagnostiqué chez des femmes de plus en plus jeunes. L'augmentation de l'obésité, qui est un facteur de risque important, contribue largement à cette hausse de l'incidence.
Malheureusement, nos recherches ont montré que les femmes souffrant d'obésité sont victimes de discrimination dans les établissements de soins de santé, ce qui peut souvent les amener à éviter les soins de santé. Cela peut entraîner un retard dans le diagnostic. Lorsqu'on leur diagnostique un cancer de l'endomètre, en raison de la complexité de l'intervention chirurgicale, elles subissent également des retards dans l'accès aux soins chirurgicaux. Les hôpitaux et les chirurgiens ne sont pas tous à l'aise avec la prise en charge des patientes obèses. Ces retards systémiques font des Canadiennes obèses un groupe marginalisé qui n'a pas accès à des soins de santé équitables.
Le traitement chirurgical du cancer de l'endomètre consiste en l'ablation de l'utérus, du col de l'utérus, des ovaires et des trompes de Fallope. La chirurgie à effraction minimale ou micromanipulation chirurgicale est la norme de soins. Elle permet d'obtenir les meilleurs résultats possibles pour les patientes, mais elle est plus difficile à réaliser chez les personnes souffrant d'obésité. La technologie assistée par la robotique peut aider à surmonter de nombreux défis chirurgicaux pour les femmes obèses qui subissent une chirurgie pour le cancer de l'endomètre.
Je tiens à saluer et à féliciter le ministère de la Santé de l'Ontario, qui a récemment financé la chirurgie robotisée pour les femmes atteintes d'un cancer de l'endomètre et d'obésité, ce qui constitue un grand pas en avant dans l'accès équitable à la chirurgie pour les femmes souffrant d'obésité. La prochaine étape consistera à inciter les chirurgiens et les hôpitaux à pratiquer ces opérations.
Je recommande que les mesures suivantes soient prises pour garantir aux femmes atteintes d'un cancer de l'endomètre un accès équitable et en temps opportun aux soins anticancéreux.
Premièrement, il faut créer des initiatives visant à sensibiliser davantage le public aux facteurs de risque et aux signes précoces du cancer de l'endomètre. Les initiatives de sensibilisation du public comprennent le dépistage systématique des anomalies menstruelles et des saignements post-ménopausiques dans le cadre des soins primaires, ainsi que la diffusion d'un message public invitant à consulter un médecin en cas d'apparition de ces anomalies.
Dans le cadre de cette étude sur la santé des femmes, plusieurs témoins ont suggéré la mise en place de programmes d'éducation nationaux, y compris un programme normalisé sur les troubles menstruels dans les écoles secondaires. L'inclusion d'information sur les saignements anormaux dans ce programme pourrait également contribuer à sensibiliser le public.
Deuxièmement, il faut encourager toutes les provinces à financer la thérapie hormonale qui prévient le cancer de l'endomètre, comme on le fait en Colombie‑Britannique.
Troisièmement, on doit améliorer l'accès à des biopsies de l'endomètre pour les femmes présentant des saignements utérins anormaux. En plus d'inciter les médecins de premier recours à offrir ce service dans leur cabinet, la création de cliniques d'accès rapide pour les saignements utérins anormaux permettrait également d'améliorer la rapidité du diagnostic.
Quatrièmement, il faut améliorer l'accès à la chirurgie robotisée au Canada. La chirurgie robotisée permet de surmonter de nombreux défis chirurgicaux auxquels nous sommes confrontés lorsque nous opérons des femmes souffrant d'obésité. L'expansion de la formation et des installations dotées de cette technologie, le financement dans tout le Canada pour l'accès à cette technologie et une rémunération accrue des hôpitaux et des chirurgiens qui pratiquent ces chirurgies complexes amélioreraient l'accès équitable pour les patients.
La mise en œuvre de ces stratégies devrait permettre de prévenir le cancer de l'endomètre, de le diagnostiquer plus tôt, de réduire les délais d'attente et d'obtenir de meilleurs résultats pour les patientes. S'il est diagnostiqué à un stade précoce, le cancer de l'endomètre peut être guéri seulement par la chirurgie dans de nombreux cas. D'après nos recherches, un meilleur accès à la chirurgie robotisée pour les patientes souffrant d'obésité se traduirait par une proportion plus élevée de patientes qui subissent une chirurgie peu invasive plutôt qu'une grande incision abdominale, ce qui leur permettrait de quitter l'hôpital, de se rétablir et de retourner au travail plus rapidement.
Il n'est que juste que toutes les femmes canadiennes, quelles que soient leur province de résidence et leur morphologie, aient le même accès aux mesures de prévention du cancer de l'endomètre, au diagnostic précoce et au traitement.
Je voudrais à nouveau remercier le comité de m'avoir permis de lui parler de ces mesures très importantes qui pourraient être mises en œuvre.
Bonjour. Je m'appelle Helena Sonea, directrice, Défense de l'intérêt public à la Société canadienne du cancer. Je suis accompagnée de Ciana Van Dusen, gestionnaire de la prévention, et de notre collègue Rob Cunningham, conseiller principal en matière de défense des intérêts.
Le cancer est la principale cause de décès au Canada et est responsable de 26 % de l'ensemble des décès. En 2023, des chercheurs ont estimé qu'il y aurait plus de 200 000 nouveaux cas de cancer et près de 87 000 décès attribuables au cancer au Canada, dont environ la moitié chez les femmes.
Le cancer du poumon est la première cause de décès chez les femmes. Environ 72 % des cas de cancer du poumon au Canada et 30 % de tous les décès par cancer sont dus au tabagisme. Une stratégie globale est nécessaire pour réduire le tabagisme chez les femmes et les jeunes filles afin d'atteindre l'objectif du Canada d'atteindre un taux de tabagisme inférieur à 5 % d'ici 2035.
Nous recommandons que les taxes sur le tabac soient augmentées de 6 $ par cartouche; que les dispositions législatives du projet de loi concernant un droit de recouvrement des coûts soient adoptées avec des amendements renforcés et des règlements subséquents afin de couvrir le coût total des initiatives de la stratégie canadienne contre le tabac visant les compagnies de tabac et de vapotage; que la mesure législative sur le tabac soit renforcée en interdisant toute publicité restante sur le tabac et en interdisant les arômes dans tous les produits du tabac; que des mesures soient prises pour réduire le vapotage chez les jeunes, notamment en interdisant les arômes dans les cigarettes électroniques; que les programmes d'abandon du tabac et d'autres programmes soient améliorés; enfin, que des mesures soient prises concernant les pochettes de nicotine, qui peuvent être vendues aux enfants de tout âge et qui sont annoncées dans des endroits où les jeunes y sont exposés.
Le cancer ne touche pas uniquement la personne qui en est atteinte. Il faut une communauté et une société pour s'en occuper, et personne ne le comprend mieux que les aidants. Les aidants apportent un soutien vital, non rémunéré, pratique, physique et émotionnel à leurs proches atteints de maladies complexes, dont le cancer. La moitié des Canadiens seront des aidants au cours de leur vie.
En 2018, les aidants ont fourni 5,7 milliards d'heures de soins, dont la valeur est estimée entre 97 et 112 milliards de dollars par an. Les femmes assument de façon disproportionnée les défis de ce travail.
Le gouvernement du Canada s'est efforcé de reconnaître le rôle considérable des aidants, mais il reste encore des besoins importants à combler. Nous recommandons au gouvernement fédéral d'améliorer le soutien aux aidants actuels et futurs en mettant en place des crédits d'impôt fédéraux accessibles et remboursables afin de dédommager ces familles.
Je vais maintenant céder la parole à Ciana, qui va vous parler du cancer du col de l'utérus.
:
Après avoir connu une baisse de son incidence pendant 30 ans, le cancer du col de l'utérus est maintenant le cancer dont le nombre de cas grimpe le plus vite chez les femmes, la plupart des cas étant observés chez des personnes de moins de 50 ans. Cette hausse s'explique par une diminution de la participation au dépistage et à la vaccination contre le virus du papillome humain, ou VPH.
Puisque pratiquement tous les cas de cancer du col de l'utérus sont causés par une infection au VPH, nous pouvons renverser cette tendance et atteindre l'objectif du Partenariat canadien contre le cancer d'éliminer le cancer du col de l'utérus d'ici 2040 grâce à la prévention et à la détection précoce.
Par exemple, le remplacement du test Pap par le test de détection du VPH comme méthode primaire de dépistage du cancer du col de l'utérus, avec la possibilité de faire des autoprélèvements, permettrait de mieux détecter la maladie et de réduire les obstacles liés aux facteurs socioéconomiques ou au manque d'accès aux fournisseurs de soins de santé.
Bien que plusieurs provinces et territoires se préparent à ce changement, les écouvillons utilisés pour le test de dépistage du VPH portent une mention selon laquelle le test doit être effectué par un ou une professionnel de la santé. Santé Canada a l'occasion de modisier cette mention et d'éliminer cet obstacle en offrant des tests à effectuer à la maison. Nous recommandons que Santé Canada procède rapidement à cette mise à jour.
[Traduction]
Enfin, lorsqu'on parle de la prévention du cancer et de la santé des femmes, il faut reconnaître que l'alcool est une substance cancérigène et que, selon les estimations, c'est l'une des trois premières causes de décès par cancer dans le monde. Cependant, plus de 40 % des Canadiens ne savent pas que la consommation d'alcool, même à faible dose, augmente le risque de cancer.
En 2019, près de 20 % des femmes âgées de 15 à 54 ans ont déclaré consommer plus de six verres standard d'alcool par semaine. En raison de facteurs biologiques, ce niveau élevé de consommation d'alcool a des répercussions à long terme sur la santé; il peut notamment causer le cancer du sein.
Nous recommandons au gouvernement fédéral de rendre obligatoire l'étiquetage de tous les produits alcoolisés vendus au Canada afin de permettre à un plus grand nombre de personnes de prendre des décisions éclairées pour leur santé. De plus, le respect de l'augmentation de 4,7 % du droit d'accise fédéral sur l'alcool prévue pour avril 2024 permettrait de maintenir la contribution à notre économie de l'industrie des boissons alcoolisées qui, actuellement, ne compense que partiellement les coûts sociaux et les préjudices directement causés par ses produits.
Nous vous remercions de votre attention et nous sommes impatientes de répondre à vos questions.
:
Merci beaucoup. Je vous suis reconnaissante de vos explications.
Je m'adresse maintenant à la Dre Anan.
Vous avez parlé du Nouveau-Brunswick et de la santé mentale. Quand on pense à une personne qui vient de subir une chirurgie et à son isolement — je pense à une personne que je connais personnellement —, à quelqu'un qui tente de se remettre rapidement, mais qui n'a pas l'impression d'y arriver, le fait d'avoir du soutien en santé mentale joue un rôle crucial. Il y a un écart abyssal entre les régions rurales et urbaines.
J'ai beaucoup de chance, car je suis à 20 minutes du Centre des sciences de la santé de London, qui offre des choses formidables.
Que se passe‑t‑il quand on habite dans une région où il n'y a ni psychologue ni travailleur social ni même d'infirmière?
À quels types de ressources les personnes qui vivent dans des régions rurales au Nouveau-Brunswick ont-elles accès pour obtenir du soutien en matière de santé mentale?
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie l'ensemble des témoins de leurs déclarations préliminaires. C'est toujours très inspirant, bien qu'il s'agisse d'un sujet extrêmement délicat. Je vais donc revenir à ce qui m'a frappée dans ce que chacune d'entre vous a dit.
Madame Sayani, vous avez abordé la question financière, la charge administrative, mais, au-delà de la charge administrative, on sait qu'il faut du temps pour guérir. Cela a des conséquences financières.
Je voudrais aborder la question de l'assurance-emploi et la raison pour laquelle le nombre de semaines dont bénéficient les gens qui souffrent d'un cancer pour se rétablir n'est pas suffisant en ce moment. Le Bloc québécois avait déjà déposé un projet de loi. En effet, 26 semaines ne suffisant pas, nous avions parlé de 50 semaines pour permettre aux gens d'avoir vraiment le temps de se rétablir en cas de maladie grave.
Pouvez-vous nous parler de l'importance d'enlever cette charge mentale et ce stress aux gens qui souffrent?
:
La toxicité financière est un lourd fardeau qu'une personne ayant reçu un diagnostic de cancer ne devrait pas avoir à porter. Je crois que c'est particulièrement important pour les femmes. En raison du rôle qui leur est dévolu dans la société, elles sont déjà plus à risque de perdre leur gagne-pain, d'être sous-payées et sous-employées.
Il faut accorder une attention marquée à leur situation financière au départ, et se demander dans quelle posture les place un diagnostic de cancer. Nous avons eu des patientes atteintes de cancer qui nous ont dit qu'elles avaient un emploi précaire ou qu'elles travaillaient comme contractuelles. Je crois que le marché du travail est de plus en plus incertain. Cette situation touche les femmes de façon disproportionnée.
Il s'agit de prendre dûment en considération la façon dont s'articule la structure des emplois et les répercussions financières d'un diagnostic de cancer pour les femmes. Est‑ce que cela signifie qu'elles se retrouvent au chômage, sans avantages sociaux, qui, comme nous l'avons indiqué plus tôt, sont nécessaires pour avoir accès aux services de soutien dont elles ont besoin pour recevoir des traitements et des soins de bonne qualité et s'en sortir vivantes?
J'ai étudié tout particulièrement les prestations de maladie de l'assurance-emploi. Permettez-moi de citer une de mes patientes au sujet des 15 semaines: « C'est une gifle. » Cela compromet leur qualité de vie, car le traitement du cancer ne dure pas 15 semaines, il dure au moins 26 semaines, qui sont suivies par une année de convalescence. Il faut donc les appuyer tout au long du chemin avec des mesures financières pour qu'elles n'aient pas à choisir entre les médicaments, l'essence et l'épicerie ou à se soucier de ravoir un bon emploi qui les soutient financièrement — avec des avantages sociaux — pendant leur convalescence.
:
Je vous remercie de votre question.
Nous sommes ravies de pouvoir en parler, car c'est un enjeu de santé bien féminin. Les femmes sont appelées de façon disproportionnée à prodiguer des soins. Je me réjouis d'avoir l'occasion de faire valoir cela aux personnes ici présentes aujourd'hui.
Nous savons que le soutien financier est le besoin le plus pressant signalé par les aidants. La recommandation visant à rendre le crédit d'impôt pour aidants familiaux fédéral remboursable est un pas en ce sens. Toutefois, nous pouvons en faire beaucoup plus.
À la Société canadienne du cancer, nous avons le privilège de côtoyer en permanence des personnes qui ont vécu cette situation ainsi que leurs proches. Un sondage que nous avons mené l'automne dernier nous a démontré que le besoin le plus criant des aidants, outre le soutien financier, est d'avoir des services de soutien en santé mentale. Bien souvent, les gens n'ont pas accès à cela et, bien souvent, les aidants ont un revenu fixe, ou sont sans revenu.
Il y a tellement de choses que nous pouvons faire. Je suis ravie que vous ayez parlé du régime d'assurance-emploi. Celui‑ci offre beaucoup de possibilités et nous pouvons continuer de faire bien des progrès de ce côté, notamment prolonger la prestation de maladie et faciliter l'accès au congé de soignant aux aidants. Même l'élimination de la période d'attente obligatoire d'une semaine avant de recevoir la prestation d'assurance-emploi serait une mesure possible et très concrète.
Nous recommandons aussi fortement d'élaborer des normes nationales. C'est un message que vous entendez peut-être en filigrane dans nos réponses, parce que nous n'avons pas les moyens de repérer et de comprendre où se situent les lacunes qui perdurent de manière à rendre des décisions stratégiques éclairées. Dans le cas du crédit d'impôt pour aidants familiaux, tout particulièrement, nous recommandons d'élaborer des normes nationales que le gouvernement et les employeurs pourront utiliser afin de mesurer et d'évaluer la réussite générale des programmes, des services et des mesures de soutien pour répondre aux besoins des travailleurs aidants.
Par exemple, nous nous sommes réjouies de la prolongation du congé de maladie, l'an dernier. Nous avons hâte d'en savoir un peu plus au cours des semaines et des mois à venir sur la façon dont ce changement de programme a été adopté au pays, par les gens qui habitent au Canada, et...
En fait, je suis ici parce que je suis une survivante du cancer. Honnêtement, une grande partie des témoignages que nous avons entendus jusqu'à maintenant ont fait écho à ce que j'ai vécu en tant que personne qui a reçu un diagnostic de cancer du côlon à l'âge de 45 ans.
Pour moi... Vous avez parlé de détection précoce, d'accès et de capacité de dépistage et de traitement. Je pense que toute la conversation ici porte sur l'accès. J'ai eu beaucoup de chance: je remercie chaleureusement ma médecin. Elle a cru en moi lorsque je lui ai dit que quelque chose n'allait pas. Elle m'a fait passer des tests. J'ai reçu le traitement dont j'avais besoin et je n'ai plus le cancer.
Docteure Sayani, je vous ai écoutée lorsque vous avez parlé de l'accès et de la façon dont il diffère grandement pour les femmes selon les régions du pays où elles se trouvent. Nous n'avons pas de normes nationales, comme vous l'avez mentionné. Les groupes vivant en milieu rural, les Autochtones et les groupes marginalisés n'ont pas le même accès aux soins contre le cancer. À titre de recommandations pour le Comité, docteure Sayani, quelles sont les mesures à prendre pour atteindre l'équité en matière d'accès?
De plus, comment pouvons-nous tenir compte du fait que les soins de santé sont très coûteux et que certaines régions du pays ne peuvent pas offrir le même accès aux services de santé parce qu'elles n'en ont tout simplement pas les moyens? Comment pouvons-nous combler cet écart? Comment pouvons-nous utiliser les ressources dont nous disposons pour nous assurer que les femmes de tout le pays ont accès à des soins de santé?
Je vais commencer par vous, docteure Sayani, puis je céderai la parole aux autres, si cela vous convient.
:
Je vous remercie de cette question.
Je tiens d'abord à saluer les incroyables travailleurs de première ligne qui sont en crise. Il y a beaucoup de gens très bien intentionnés qui font de leur mieux avec des ressources limitées et qui ont besoin de soutien de diverses façons pour renforcer les capacités. Je pense également que nous pouvons faire preuve de créativité dans la façon dont nous bâtissons sur les forces de notre pays. Ces forces peuvent différer d'une région à l'autre.
Je travaille à Toronto, où environ 50 % de la population a une langue maternelle autre que l'anglais ou le français, où 50 % de la population n'est pas née au Canada, où 20 % de la population vit avec un handicap et où environ 15 % a un faible revenu, mais où il y a des forces communautaires sur lesquelles nous pouvons nous appuyer.
Nous connaissons les centres de soins de santé communautaires. Leur modèle global n'est pas uniquement axé sur les médecins de famille. J'ai entendu à maintes reprises des patients dire que leur clinique de médecine familiale n'est pas leur point de service. Il y a d'autres personnes au sein de la collectivité vers qui ils se tournent pour obtenir des connaissances, des ressources et des renseignements. Alors, mettons en place ces champions communautaires. De qui s'agit‑il? Il y a eu un programme très réussi d'ambassadeurs communautaires lié à la vaccination contre la COVID‑19. Comment pouvons-nous tirer parti de certains de ces exemples? Le système de santé est déjà mis à rude épreuve. Comment pouvons-nous le soutenir pour qu'il fonctionne mieux et comment pouvons-nous renforcer la capacité qui l'entoure et la capacité communautaire afin que le système réponde aux besoins locaux des populations?
Il faut investir dans les centres de santé communautaires, s'inspirer d'autres modèles de soins, comme le programme des ambassadeurs communautaires, mettre en place des champions communautaires afin que les gens aient d'autres façons d'accéder à des renseignements et à des cheminements cliniques qui proviennent directement de la collectivité et qui sont intégrés au système de soins de santé.
:
Merci. Je vous en suis reconnaissante.
En fait, à Edmonton, il y a la Sorrentino's Compassion House. C'est un programme vraiment génial. Il s'adresse aux femmes qui suivent un traitement, principalement pour le cancer du sein, mais aussi une variété de cancers. C'est un peu comme le Manoir Ronald McDonald, mais pour les femmes. C'est un endroit tellement spectaculaire. Si quelqu'un n'en a pas entendu parler, je lui recommande fortement de s'informer à ce sujet. Ce centre fait de la magie.
Nous avons eu beaucoup de chance lorsque ma mère a reçu son diagnostic. J'étais encore à l'université, alors elle est venue rester avec moi.
Pour simplifier un peu les choses, docteure Simpson, vous avez parlé de soins robotisés. Pourriez-vous nous dire exactement où se font actuellement les chirurgies robotisées au Canada? Voyez-vous une possibilité d'élargir cette pratique?
:
Merci de votre question.
En ce qui concerne le diagnostic précoce, je pense que c'est l'accès à la biopsie de l'endomètre qui est en jeu. Il faut d'abord sensibiliser le public. Les patientes doivent savoir qu'elles doivent consulter leur médecin si elles présentent des anomalies menstruelles.
En ce qui concerne l'accès à la biopsie, il ne s'agit pas d'une procédure compliquée à réaliser en cabinet, mais je reconnais que de nombreux prestataires de soins primaires ne sont pas à l'aise pour réaliser ce test ou sont confrontés à d'autres obstacles financiers, peut-être, pour l'effectuer. Je pense que nous devrions examiner ces obstacles pour comprendre comment nous pouvons rendre la biopsie plus accessible aux patientes afin qu'elles n'aient pas nécessairement à attendre d'être référées à un gynécologue pour faire le test.
Les cliniques d'accès rapide... Nous n'avons pas de programme organisé pour recevoir rapidement ces patientes afin de leur faire subir une biopsie et déterminer si elles sont atteintes d'un cancer de l'endomètre. Je pense que nous devrions nous inspirer d'autres types de cancer — peut-être le cancer du sein — et de la manière dont ces soins ont été rationalisés pour permettre que ces patientes obtiennent un diagnostic plus rapidement.
En ce qui concerne les aspects psychosociaux et psychologiques de la guérison, j'en vois beaucoup dans ma pratique. Les patientes ont vraiment du mal à accepter le diagnostic lié à leur obésité, car je pense que ce diagnostic s'accompagne d'une grande culpabilité et d'un sentiment qu'elles auraient peut-être dû faire quelque chose pour l'éviter plus tôt.
En général, je n'aborde pas la question de l'obésité avec mes patientes avant l'opération. Nous les traitons d'abord, puis beaucoup d'entre elles m'interrogent plus tard sur l'accès à des ressources de perte de poids pour prévenir d'autres complications de l'obésité et améliorer leur qualité de vie en général. Améliorer l'accès aux traitements de perte de poids serait un autre domaine où je pense que nous pouvons faire mieux.
Merci à tous d'être là. Nous vous en sommes très reconnaissants.
C'est intéressant, surtout avec la présence des représentantes de la Société canadienne du cancer parmi nous et avec les discours que vous tenez. Je vous en remercie. Nous avons parlé des écouvillons et, en particulier, de l'option de l'autodépistage, des difficultés que vous rencontrez avec les écouvillons et du fait qu'il est prescrit que les écouvillons soient utilisés par un professionnel de la santé, quoique cela puisse être modifié, je suppose.
Si l'on se reporte à l'époque de la COVID, nous nous sommes soudainement retrouvés à court d'équipement de protection individuelle, d'écouvillons et ainsi de suite. C'était un énorme défi. Le gouvernement est intervenu en indiquant qu'il allait verser un tas d'argent à un tas d'entreprises au pays pour qu'elles accélèrent leur production, qu'elles fabriquent les produits et les expédient... Voilà qu'on apprend qu'une poursuite est intentée alors que cela ne s'est pas matérialisé.
À ce propos, je voudrais aborder l'aspect de l'écouvillon. Vous dites que Santé Canada devrait s'en charger. Avez-vous discuté de cette question avec Santé Canada?
Je vous encourage à le faire, parce que je pense que c'est une question qui doit être portée à leur attention de manière à ce qu'on puisse y remédier rapidement et à ce qu'on fournisse des trousses d'auto... Comme vous l'avez dit, une personne vulnérable reçoit tout à coup un formulaire et se dit « c'est sûrement... je ne vais pas l'utiliser ». Cela suscite la peur chez ces personnes, en plus d'ajouter aux retards et à l'impossibilité d'effectuer ces autodépistages, alors qu'il serait possible de les faire. C'est un aspect qui permettra de protéger les femmes. Je l'encourage. Voilà une recommandation que nous pourrions éventuellement formuler.
À cet égard, pour ce qui est de la question de la fourniture de ces trousses d'autodépistage, en tant que praticien, j'ai souvent constaté que les patientes sont très craintives. Il s'agit de les sensibiliser. Comment sensibiliser les femmes à une chose simple — peut-être que la Dre Simpson voudra également aborder ce sujet — comme la chirurgie robotisée? Tout à coup, cette nouveauté apparaît. Les gens la voient à la télévision, dans les films et ainsi de suite, mais ils la craignent. C'est le cas de certaines populations. Qu'en pensez-vous? Comment sensibiliser les gens pour faire disparaître leurs craintes?
Commençons par la Dre Simpson.
:
Je vous remercie de votre réponse.
Docteure Anan, je vous suis reconnaissant de vos observations, en particulier d'un point de vue rural. Je viens d'une région très rurale. La plus grande collectivité de ma circonscription, qui s'étend sur 43 000 kilomètres carrés, compte environ 12 000 habitants. Lorsque mes concitoyens sont confrontés à des choses... Lorsque les femmes vont voir leur médecin... pour commencer, quoiqu'ils soient bien renseignés, les médecins de ma circonscription ne sont pas spécialisés dans ce domaine. C'est un énorme défi pour elles lorsque la maladie est diagnostiquée ou, comme nous l'a dit la Dre Sayani, il peut arriver que le médecin ne s'en préoccupe pas, parce qu'il ne pense pas qu'il s'agit d'un problème grave.
Ces défis sont majeurs, non seulement du point de vue du médecin, mais aussi de celui de la rééducation, comme vous l'avez indiqué. Il s'agit de s'assurer que l'on dispose du physiothérapeute spécialisé dans la rééducation dont on peut avoir besoin dans certaines situations ou en cas de cancer du sein et ainsi de suite.
Pourriez-vous nous faire part de vos observations à cet égard?
:
C'est une excellente question. Je vous en remercie.
Je pense qu'il s'agit vraiment d'une question de santé mentale, car on sait que le fait de recevoir un diagnostic de cancer peut bouleverser la vie d'une personne et de sa famille. Nous devons renforcer les services de soutien en santé mentale et veiller à ce que personne ne soit laissé pour compte pendant cette période très difficile, dans l'attente de la prochaine étape du traitement. C'est un rôle qui nous incombe à tous, qu'il s'agisse des différents paliers de gouvernement ou des organisations communautaires comme la nôtre.
La Société canadienne du cancer a la chance de mettre une ligne téléphonique d'information sur le cancer à la disposition du public. C'est un excellent service qui permet de parler à un intervenant, généralement une ancienne infirmière en oncologie ou un ancien travailleur social. Ils sont en mesure d'expliquer tous les aspects de la maladie et d'orienter les patients vers les services de soutien disponibles dans leur communauté, car nous avons déjà discuté de l'importance de recevoir des soins dans son milieu. Ce service est offert dans plus de 200 langues.
C'est un exemple concret de la manière dont nous pouvons tous collaborer. En effet, comme vous l'avez clairement indiqué, l'aspect de la santé mentale est absolument primordial. Nous devons continuer à en parler et à insister sur l'importance de celle-ci, car ce n'est pas un problème qui se règle de lui-même.
Même lorsqu'on a terminé son cheminement thérapeutique, il subsiste toujours une incertitude. Qu'en sera-t-il dans cinq ans ou dans 10 ans? Quelles en seront les conséquences pour mes enfants et quelles peuvent en être les complications? Il y a beaucoup de choses sur lesquelles on peut collaborer.
:
Merci beaucoup d'avoir mis en lumière cet aspect extrêmement important du parcours thérapeutique. Le continuum de soins associés au cancer est particulièrement large. Je pense que le volet santé mentale doit englober le deuil.
Nous savons que les Canadiens atteints d'un cancer sont trois fois plus susceptibles de recevoir des soins palliatifs. Nous pouvons en faire beaucoup plus.
J'apprécie énormément l'occasion qui m'est donnée d'aborder la question des lits en soins palliatifs. Il n'y en a pas assez dans les établissements de notre pays. En octobre dernier, la Société canadienne du cancer a publié un rapport qui met en évidence les lacunes qui existent dans ce domaine dans les provinces et les territoires.
Selon les pratiques exemplaires définies notamment par la vérificatrice générale de l'Ontario, il faudrait sept lits de soins palliatifs pour 100 000 habitants. D'après notre estimation, qui date de la fin mai 2022, il n'y en a environ que quatre pour 100 000 habitants. Cela ne tient absolument pas compte des difficultés que connaissent les communautés rurales et éloignées et les services de soins communautaires dispensés dans le milieu choisi par le patient. Je tiens à préciser, pour être juste envers la Colombie‑Britannique, que les chiffres de cette province à ce chapitre sont bien meilleurs.
Nous sommes très heureux que Santé Canada ait publié, en décembre, un rapport sur les progrès réalisés dans le domaine des soins palliatifs au Canada. Il y a encore beaucoup à faire, notamment en ce qui concerne le deuil.
Nous demandons au gouvernement fédéral de débloquer 7,5 millions de dollars sur trois ans afin d'améliorer les données et les normes nationales en matière de soins palliatifs, d'élaborer un répertoire national permettant de localiser les services de soins palliatifs dans l'ensemble du pays et d'investir dans la recherche, l'éducation et la formation en matière de soins palliatifs.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Les questions sur la recherche qui ont été posées précédemment m'ont fait penser à une nouvelle publiée ce matin.
Ma question s'adresse d'abord à vous, madame Simpson, parce que vous avez beaucoup parlé de la recherche, du syndrome des ovaires polykystiques, de chirurgie robotique et de thérapie hormonale. Tout cela est le fruit de recherche scientifique. Nous nous entendons là-dessus.
Ce matin, Radio-Canada a publié un article, qui s'intitule « Une génération de chercheurs perdue, faute de financement »
On y dit ceci:
Une centaine de chercheurs de tous les horizons ont uni leurs voix dans une lettre envoyée au ministre fédéral François‑Philippe Champagne pour lui demander d’agir immédiatement afin de redonner au Canada sa place parmi les leaders de la recherche scientifique dans le monde.
Une centaine de chercheurs, ce n'est pas rien. Parmi les chercheurs, il y a des gens du domaine de la santé, notamment un neurochirurgien dont le témoignage figure dans la lettre.
Aujourd'hui, on parle de la santé des femmes. On sait que la recherche est cruciale et que certains cancers, notamment le cancer des ovaires, sont encore beaucoup trop mortels. Bref, la recherche est essentielle.
Madame Simpson, quel est votre avis quant à cette lettre ouverte et cette demande faite au ministre de l'Innovation, des Sciences et de l'Industrie, M. François‑Philippe Champagne?
Je commence par Mme Simpson parce qu'elle a abordé la question des nouvelles technologies, toutefois, si quelqu'un d'autre veut répondre à ma question, je l'invite à le faire.