Bienvenue à la 91e réunion du Comité permanent de la santé de la Chambre des communes. La réunion se déroulera en mode hybride, conformément au Règlement.
J'ai quelques rappels à l'intention des personnes qui participent à la réunion au moyen de l'application Zoom. Cliquez sur l'icône du microphone pour l'activer, et désactivez‑le quand vous n'avez pas la parole. Pour entendre les interprètes, vous pouvez sélectionner le parquet, l'anglais ou le français au bas de votre écran. Il est interdit de faire des captures ou des photos de votre écran.
Conformément à notre motion de régie interne, j'informe les membres du Comité que toutes les personnes qui nous joignent en ligne ont effectué les tests de connexion requis avant la réunion.
Conformément à l'article 108(2) du Règlement et à la motion adoptée le 16 mai 2022, le Comité entreprend son étude sur la santé des femmes, enfin.
Avant de commencer, je voudrais souhaiter la bienvenue aux fonctionnaires qui seront avec nous aujourd'hui. Ils sont assez nombreux.
Nous recevons des porte-parole des Instituts de recherche en santé du Canada, soit Mme Tammy Clifford, la présidente intérimaire, et Mme Angela Kaida, la directrice scientifique de l'Institut de la santé des femmes et des hommes, qui nous joint par vidéoconférence. Pour représenter le ministère de la Santé, nous accueillons M. Ed Morgan, le directeur général de la Direction des politiques, de la planification et des affaires internationales; Mme Cindy Moriarty, la directrice générale du Programme de santé et des initiatives stratégiques, ainsi que Mme Suki Wong, la directrice générale de la Direction de la santé mentale.
[Français]
De l'Agence de la santé publique du Canada, nous recevons Annie Comtois, directrice exécutive du Centre de prévention des maladies chroniques et de l'équité en santé, Shannon Hurley, directrice associée du Centre de la santé mentale et du bien-être, ainsi que Mark Nafekh, directeur général du Centre pour la promotion de la santé.
[Traduction]
Merci à vous tous de prendre du temps pour comparaître devant le Comité.
Nous allons entendre vos déclarations liminaires de cinq minutes, en commençant avec celle du ministère de la Santé.
Qui d'entre vous va nous présenter la déclaration du ministère de Santé?
Madame Moriarty, merci de vous joindre à nous. J'ai entendu dire que vous n'étiez pas au sommet de votre forme et que des mesures d'adaptation quasi héroïques ont été nécessaires pour vous permettre de témoigner. Nous sommes ravis de vous accueillir.
Vous avez la parole pour cinq minutes.
:
Merci beaucoup, monsieur le président, et merci, distingués membres du Comité.
Merci d'avoir mis en place des mesures d'adaptation de dernière minute.
Comme vous m'avez déjà présentée, je ne vais pas répéter mon nom. Je vais me contenter de dire que je suis directrice générale des Programmes de santé et des initiatives stratégiques au sein de la Direction générale de la politique stratégique de Santé Canada.
[Français]
Nous sommes ici pour discuter de la santé des femmes. Avant de commencer, je tiens à préciser que de nombreuses personnes trans et non binaires sont touchées par les problèmes de santé des femmes.
[Traduction]
Je suis accompagnée aujourd'hui, comme vous le savez, de fonctionnaires qui pourront vous parler de sujet comme la santé sexuelle et reproductive, la violence conjugale, la santé mentale et le bien-être des femmes, les femmes et le vieillissement, la recherche sur la santé centrée sur les femmes, de même que de divers enjeux touchant les personnes de diverses identités de genre et les femmes trans.
Au Canada, le domaine de la santé des femmes, la recherche sur ce sujet et la mise en œuvre de programmes ont fait des pas de géant. Je peux citer en exemple, l'Initiative nationale de recherche sur la santé des femmes, qui fait la promotion d'un programme de recherche coordonné sur des secteurs hautement prioritaires de la santé des femmes. Du financement a aussi été versé pour faire avancer d'autres domaines. Au titre du budget de 2021, un financement de 7,6 millions de dollars sur 5 ans a été versé à Statistique Canada pour l'élaboration et la mise en œuvre d'une initiative d'acquisition de données sur la santé sexuelle et reproductive à l'échelle nationale.
[Français]
Malgré ces efforts, des lacunes subsistent dans notre compréhension des problèmes de santé des femmes. Par rapport aux hommes, les femmes et les personnes trans ou non binaires ont de moins bons résultats en matière de santé, et ce, en raison de diagnostics manqués, de symptômes minimisés, d'un fardeau plus lourd de maladies spécifiques et de traitements mal ciblés. Ce problème touche particulièrement les femmes racisées et autochtones ainsi que les femmes ayant une incapacité.
[Traduction]
Historiquement, l'approche étroite du système de santé a fait en sorte que les données sur la santé et les résultats de recherche sont issus d'études et d'essais cliniques dont les sujets étaient uniquement des hommes. Heureusement, les choses changent. Aujourd'hui, on porte davantage attention à la santé des femmes et la compréhension générale des enjeux de santé propres aux femmes s'est considérablement élargie par rapport à ce qu'elle était il y a 10 ans à peine.
Ainsi, depuis 2007, Santé Canada a versé 50 millions de dollars par année environ au Partenariat canadien contre le cancer, qui mobilise et soutient le réseau canadien de dépistage du cancer du sein. Le Partenariat a aussi travaillé de concert avec les milieux de la radiologie et du dépistage du cancer du sein pour mettre au point le cadre pancanadien pour optimiser les taux de rappel pour anomalie dans le dépistage du cancer du sein.
Par ailleurs, l'Agence de la santé publique fournit du financement et du soutien au Groupe d'étude canadien sur les soins de santé préventifs, constitué d'experts indépendants chargés d'établir des lignes directrices rigoureuses et fondées sur les données probantes en matière de médecine préventive contre l'hypertension, certains cancers et d'autres affections. Le Groupe d'étude procède actuellement à la révision accélérée des lignes directrices de 2018 sur le dépistage du cancer du sein. Les recommandations seront fondées sur des analyses des données scientifiques disponibles et les suggestions de nombreux experts et patients.
[Français]
Toutefois, pour combler l'écart entre les sexes en matière de santé, il faut davantage de recherche axée sur les priorités en matière de santé qui touchent uniquement les femmes de manière disproportionnée ou différemment. Cela inclut de la recherche avec les personnes trans et non binaires, ainsi que de meilleures données.
[Traduction]
Au Canada, nous avons la chance de pouvoir compter sur un réseau de santé public solide, qui bénéficie du soutien de personnel infirmier, de médecins et d'autres professionnels de la santé dévoués. Cela dit, nous sommes tout à fait conscients des défis de ce réseau, qui ont été mis en lumière récemment dans le rapport du Comité sur les effectifs du secteur de la santé.
[Français]
Toutefois, nous sommes conscients du fait qu'il reste un grand besoin d'aborder la question de la santé des femmes, de prendre des initiatives et de jouer un rôle de chef de file dans ce domaine.
[Traduction]
Je suis heureuse de dire que le gouvernement a déjà commencé à s'attaquer à plusieurs de ces enjeux. Au titre du budget de 2016, un montant de 5 millions de dollars sur 5 ans a été affecté à la Fondation des maladies du cœur et de l'AVC afin d'appuyer la recherche centrée sur la santé cardiovasculaire et cérébrale des femmes, et de promouvoir la collaboration entre les instituts de recherche à l'échelle du pays.
Dans le budget de 2019, 10 millions de dollars sur 5 ans ont été affectés aux efforts pour combler les lacunes dans les connaissances sur la prévention, le dépistage et les options de traitement efficaces du cancer de l'ovaire. Parallèlement, le gouvernement soutient un vaste éventail d'initiatives et d'organismes en vue de promouvoir et d'améliorer la santé des femmes.
[Français]
C'est pourquoi le budget de 2021 a alloué 45 millions de dollars sur trois ans pour améliorer l'accès à une gamme complète de soutien, d'information et de services en matière de santé sexuelle et reproductive pour les Canadiennes confrontées aux plus grands obstacles à l'accès. Le budget de 2023 a renouvelé cet investissement à hauteur de 36 millions de dollars sur trois ans supplémentaires.
[Traduction]
Ce financement aide des organismes partenaires à concevoir et à offrir des programmes axés sur les besoins particuliers des femmes en matière de santé.
[Français]
De nombreux progrès ont été réalisés ces dernières années en matière de santé des femmes. Les comportements évoluent, et notre approche en recherche et en prestation de programmes et en analyse des politiques se transforme et continue de se transformer.
[Traduction]
Notamment, l'analyse comparative fondée sur le sexe et le genre est désormais appliquée à toutes les activités du gouvernement pour nous assurer que les politiques et les programmes sont élaborés en tenant compte des enjeux qui touchent les femmes et les personnes de diverses identités de genre. Cette pratique nous assure d'offrir des initiatives de santé sensibles et inclusives, qui favorisent l'équité.
[Français]
D'une manière plus générale, la prise de conscience de l'importance des questions liées à la santé des femmes ne cesse de croître, ce qui nous offre plusieurs possibilités de combler les lacunes mentionnées précédemment et de lutter contre les inégalités entre les sexes dans les soins de santé.
[Traduction]
L'étude que vous amorcez contribuera à faire avancer cette importante réflexion. Nous avons très hâte d'échanger avec vous et de répondre à vos questions.
Merci.
[Français]
À titre de présidente intérimaire des Instituts de recherche en santé du Canada, ou IRSC, je suis heureuse de m'adresser à vous pour discuter de la recherche sur la santé des femmes, aux côtés de mon estimée collègue, la Dre Angela Kaida, directrice scientifique de l'Institut de la santé des femmes et des hommes des IRSC, qui prendra également la parole aujourd'hui.
[Traduction]
Aux IRSC, l’organisme de financement de la recherche en santé du Canada, nous savons que la recherche a le pouvoir d’améliorer la santé et le bien-être de la population canadienne, y compris celle des femmes et des filles. Nous savons aussi que le sexe et le genre influent sur le risque de contracter certaines maladies, la réaction aux traitements médicaux et le recours aux soins de santé. Pourtant, aussi récemment qu’en 2010, moins de 20 % et de 25 % des chercheurs dans les domaines de la science fondamentale et des systèmes de santé, respectivement, et seulement le tiers des chercheurs cliniques et des chercheurs en santé des populations tenaient compte du sexe dans leurs études au Canada. Ce constat indique que les conclusions de recherche découlaient souvent d’études et d’essais cliniques dont les participants étaient uniquement des hommes, ce qui limitait notre compréhension de la santé des femmes et des personnes de diverses identités de genre et influait, bien entendu, sur la qualité des soins qu’elles recevaient.
C’est dans ce contexte qu’au cours des 10 dernières années, les IRSC ont pris des mesures afin de promouvoir l’intégration du sexe et du genre dans les propositions de recherche. Ils ont notamment offert des modules de formation aux candidats à leurs possibilités de financement ainsi qu’aux pairs évaluateurs, en plus d’exiger que les chercheurs intègrent les notions de sexe et de genre dans leurs plans de recherche, le cas échéant.
Grâce à l’esprit d’initiative des IRSC et aux investissements fédéraux dans la science sur le sexe et le genre, plus de 90 % des propositions de recherche en santé au pays en tiennent compte dorénavant, et le genre est pris en compte dans la majorité des travaux portant sur des sujets humains. Désormais, le Canada est reconnu comme un chef de file mondial en science du sexe et du genre. Un rapport publié dans le journal Science place les IRSC au premier rang mondial au chapitre de l'intégration des considérations de sexe, de genre et d'intersectionnalité dans les politiques de financement.
Les IRSC impulsent également la recherche dans des secteurs prioritaires liés à la santé des femmes.
[Français]
Je vais maintenant céder la parole à ma collègue la docteure Kaida, qui nous parlera plus en détail de ces fascinantes initiatives.
[Traduction]
Je vais maintenant céder la parole à Mme Kaida.
:
Merci, docteure Clifford.
Comme ma collègue l'a mentionné, les changements que les Instituts de recherche en santé du Canada ont apportés à leurs politiques ont considérablement accru l'intégration des notions de sexe et de genre dans la recherche en santé.
[Traduction]
Ils ont par ailleurs accentué la rigueur et le caractère inclusif des travaux financés par les IRSC, permettant ainsi d’accroître la portée de la recherche.
En tant que directrice scientifique de l’Institut de la santé des femmes et des hommes des IRSC, je suis déterminée à faire progresser la recherche visant à réduire les disparités en santé entre les sexes. C’est pourquoi je suis ravie de contribuer à la réalisation de travaux de recherche sur la santé des femmes découlant d’un investissement de 20 millions de dollars dans le budget de 2021.
Grâce à cet investissement d’envergure, les IRSC dirigent l’Initiative nationale de recherche sur la santé des femmes en partenariat avec Femmes et Égalité des genres Canada et en consultation avec des chercheurs, des cliniciens, des membres de la communauté et des stagiaires de partout au pays. Cette initiative vise à soutenir un programme de recherche coordonné dans les secteurs sous-étudiés et hautement prioritaires liés à la santé des femmes et des personnes de diverses identités de genre. C’est en favorisant la mobilisation de la communauté et le respect des droits des Autochtones ainsi que des principes d’équité, de diversité et d’inclusion que l’Initiative appuiera la création de données probantes susceptibles d’améliorer les soins, les politiques et les pratiques liés à la santé des femmes au Canada.
En guise de première phase de l’Initiative, le a annoncé, en août 2023, un investissement de 8,3 millions de dollars à l’appui de la création de 10 pôles pour la santé des femmes. Ces pôles seront axés sur la mobilisation des données de recherche dans des domaines prioritaires liés à la santé des femmes, notamment la santé sexuelle et génésique, les soins contre le virus de l'immunodéficience humaine, le VIH, la prévention de la violence et l’équité dans les services de santé. Par exemple, le pôle sur la santé cardiovasculaire des femmes, dirigé par Mme Kerri-Anne Mullen, la Dre Thais Coutinho et leur équipe à la Société de recherche de l’Institut de cardiologie d’Ottawa, mettra à profit des réseaux pancanadiens qui se pencheront sur les maladies cardiovasculaires, considérées comme la principale cause de décès et d’hospitalisation chez les femmes au pays.
Au cours de la prochaine phase de l’Initiative, les IRSC financeront un centre de coordination des pôles, la recherche biomédicale exploratoire, la recherche translationnelle sur les diagnostics, les produits thérapeutiques et les appareils médicaux ainsi que la recherche sur la mise en œuvre afin d’éliminer les obstacles à l’accès aux soins. L’Initiative s’inscrit dans les investissements des IRSC dans la recherche libre sur la santé des femmes, qui ont dépassé les 60 millions de dollars au cours de l’exercice 2021‑2022 seulement.
À titre d’exemple, j’aimerais souligner les travaux de la Dre Gina Ogilvie et de son équipe à l’Institut de recherche en santé des femmes de la Colombie-Britannique, qui portent sur la vaccination contre le virus du papillome humain, le VPH, et les méthodes de dépistage du cancer du col de l’utérus. Le programme de recherche de calibre mondial de la Dre Ogilvie contribue à ce que le Canada devienne le premier pays au monde à éradiquer le cancer du col de l’utérus.
Comme vous pouvez le constater, les IRSC sont résolus à faire avancer la recherche visant à améliorer la santé des femmes et les soins qui leur sont prodigués. J’attends avec enthousiasme les résultats de votre étude, et je serai heureuse d'y contribuer dans toute la mesure possible.
Merci.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie les témoins de contribuer à cette étude d'une grande importance. Je suis très contente qu'elle ait lieu enfin. Ce n'est vraiment pas trop tôt.
Je m'adresse à vous depuis Fredericton, au Nouveau-Brunswick, sur le territoire non cédé des Wolastoqiyik.
Je vais commencer avec Mme Moriarty.
Vous avez parlé de santé sexuelle et reproductive. C'est un sujet qui m'importe particulièrement. Je viens du Nouveau-Brunswick, une province malheureusement réputée pour le non-respect de ses obligations en vertu de la Loi canadienne sur la santé pour ce qui a trait à l'accès, sans égard à l'endroit dans la province, à des services et à des soins de santé reproductive.
Une étude de recherche est en cours dans la province. Je crois qu'elle est près de se conclure. Elle nous donnera un portrait chiffré de la situation au Nouveau-Brunswick et de certaines incidences du manque d'accessibilité. La province s'inquiétait du fait que les données disponibles étaient trop anecdotiques et ce projet de recherche sera primordial pour remédier à cette lacune.
Le résultat de cela a été le retard dans le versement de paiements de transfert en santé à l'échelle de la province du Nouveau-Brunswick. C'est apparemment le seul argument qui peut être invoqué, mais il ne semble pas vraiment convaincant, surtout dans une province qui enregistre des excédents budgétaires.
Pouvez-vous nous indiquer ce que le gouvernement du Canada peut faire? Existe-t‑il d'autres mécanismes, ou devrait‑il exister d'autres mécanismes d'application de la Loi canadienne sur la santé pour ce qui concerne les soins de santé reproductive et l'accès à ces soins?
Ici, à Fredericton, nous avons la Clinic 554, qui est souvent au centre de ce débat. C'était avant tout un centre d'excellence pour les soins adaptés aux personnes trans et axés sur l'affirmation de genre. Selon le dernier recensement, Fredericton est la quatrième ville au pays au chapitre de la diversité de genre par habitant, et nous en sommes très fiers. Toutefois, comme je l'ai dit, nous savons qu'il y a des problèmes liés à l'accessibilité.
J'aimerais encore une fois vous demander votre avis sur ce qui pourrait être fait pour améliorer les résultats en matière de santé des personnes bispirituelles, lesbiennes, gaies, bisexuelles, transgenres, queers et autres, ou 2SLGBTQ+, à l'échelle du pays, y compris dans les petites provinces comme le Nouveau-Brunswick.
:
Je vous remercie de la question.
[Traduction]
Vous avez tout à fait raison. Le cancer du col de l'utérus est une priorité pour nous en tant que Canadiens, et c'est certainement une priorité pour les IRSC de promouvoir la recherche innovatrice pour lutter contre la hausse des cas. Comme je l'ai dit tout à l'heure, nous sommes très fiers et très privilégiés de financer les travaux de la Dre Gina Ogilvie au sein de l'Institut de recherche en santé des femmes ici, en Colombie‑Britannique. Elle a travaillé pendant des dizaines d'années sur la vaccination contre le VPH, l'accroissement des taux de vaccination et la transition entre le dépistage du cancer du col de l'utérus et le dépistage du VPH pour éradiquer ce cancer au Canada.
Le Partenariat canadien contre le cancer, qui est financé par le gouvernement du Canada et ses partenaires, a établi un plan d'action visant à éradiquer le cancer du col de l'utérus au Canada. C'est important de souligner que le plan d'action mobilise des partenaires à l'échelle du pays, y compris des femmes et des personnes de diverses identités de genre qui ont eu ou qui ont actuellement un cancer du col de l'utérus, et qui font partie des priorités du plan. Pour renforcer les efforts, les priorités englobent l'accroissement des taux de vaccination contre le VPH chez les jeunes filles, les jeunes garçons et les jeunes femmes; le dépistage primaire du VPH et l'intensification du suivi des résultats d'examen anormaux.
Le Partenariat canadien contre le cancer soutient également un réseau de dépistage pancanadien du cancer du col de l'utérus chargé de surveiller le rendement du système de rapports sur le cancer du col de l'utérus et d'appuyer l'élaboration de mécanismes de mise en commun des meilleures pratiques de dépistage et de traitement.
Je tiens à répéter que c'est un domaine prioritaire sur les plans de la recherche, de la programmation et de la pratique, et que l'objectif est de faire un réel changement quant à l'incidence du cancer du col de l'utérus et de ses effets chez les femmes et les personnes de diverses identités de genre au Canada. Merci.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Vous avez sans doute remarqué mon arrivée tardive ce matin. En raison des aléas de l'horaire de la Chambre, a dû s'y rendre pour prononcer un discours sur le très important appel à l'action no 6 de la Commission de vérité et de réconciliation, qui porte sur les châtiments corporels infligés aux enfants. J'ai par conséquent le privilège de consacrer un peu de temps à ce sujet très important.
Je sais que d'autres membres du Comité ont déjà souligné que cette étude a trop tardé. J'espère vraiment que le Comité va inclure dans le mandat de son étude sur la santé des femmes le sujet de l'inégalité de l'accès aux soins de santé liés à l'affirmation de genre pour les femmes transgenres et les personnes de diverses identités de genre.
Cela dit, je vais m'attarder au sujet qui revient le plus souvent dans ma circonscription quand il est question de la santé des femmes, soit l'accès aux services de santé mentale, particulièrement pour les jeunes femmes et les filles partout au Canada — et comme le territoire de ma circonscription comprend une partie urbaine et une partie rurale, dans les régions rurales notamment — et l'insuffisance de l'offre.
Plus tôt cette année, en mars plus précisément, le comité de la condition féminine de la Chambre des communes a réalisé une étude sur la santé mentale des jeunes femmes et des filles. Madame Wong, puis‑je vous demander où en est le gouvernement dans sa réponse aux recommandations du comité et les efforts accomplis pour assurer une offre équitable de services de santé mentale aux femmes et aux filles?
:
Merci de cette question.
Pour le moment, il n'y a pas de plan pour renouveler la Stratégie pour la santé des femmes. Ce qui différencie beaucoup le Canada d'autres pays, comme vous le savez, j'imagine, ce sont les défis liés aux champs de compétence. Ce sont les provinces et les territoires qui sont responsables de la prestation des services de santé. Il y a donc une limite au pouvoir et à l'influence du gouvernement fédéral.
J'aimerais aussi mentionner que j'ai travaillé sur la Stratégie pour la santé des femmes, à l'époque, à Santé Canada, et que la question de la santé des femmes concernait surtout ceux et celles qui en étaient responsables. On considérait cela comme un élément à part. Ce n'était pas quelque chose qui était intégré dans tous les programmes, les services et les politiques dont nous sommes responsables actuellement.
Avec l'évolution de l'analyse comparative entre les sexes, notre approche a changé. Au lieu de mettre en place une stratégie spécifique, nous nous attendons à ce que chaque activité, chaque politique et chaque loi, quelles qu'elles soient, prennent en considération les besoins des femmes, des personnes non binaires ou trans, entre autres, ainsi que les différences entre tous les groupes.
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Je vais revenir sur quelque chose que Mme Kaida a mentionné sur le traitement du VIH-sida et la possible éradication du VIH-sida.
Le gouvernement a adopté, il y a plusieurs années, des objectifs. Cependant, dans le dernier budget fédéral, aucun financement nouveau n'est prévu et, en fait, il n'y est même pas fait mention du VIH-sida. Je me demande comment nous allons atteindre les objectifs que le Canada s'est fixés pour ce qui est d'éradiquer le VIH et si nous sommes vraiment conscients que le profil des personnes aujourd'hui atteintes du VIH-sida a évolué.
En tant qu'homosexuel d'un certain âge, je sais que le VIH-sida a toujours été associé avec les homosexuels d'un âge mûr, mais nous constatons aujourd'hui une incidence beaucoup plus importante chez les femmes et, en particulier, chez les femmes autochtones. Où en sommes-nous par rapport aux objectifs que nous nous sommes fixés relativement à l'éradication du VIH-sida?
:
Encore merci de cette excellente question. Je parlerai du point de vue de la recherche, puis j'inviterai mes collègues à parler du point de vue des politiques et de la prestation de services.
Du point de vue de la recherche, je pense qu'au cours des 30 à 40 dernières années, nous avons assisté à une transformation complète de ce à quoi ressemble le VIH-sida pour les personnes qui vivent au Canada. La base de recherche, la contribution scientifique à ce changement, est, je dirai, tout à fait remarquable.
Je suis tout à fait d'accord avec vous. Je pense qu'en ce qui concerne le VIH, nous constatons aujourd'hui des disparités extrêmes entre les personnes qui vivent avec le VIH ou qui risquent de le contracter. Nous avons certainement constaté des progrès remarquables pour les homosexuels, notamment ceux qui vivent en milieu urbain, alors que les progrès sont beaucoup moins importants et que certaines tendances sont très inquiétantes en ce qui concerne les femmes et les personnes transgenres, en particulier celles qui vivent dans les provinces des Prairies, en Saskatchewan et au Manitoba.
Pour ce qui est d'atteindre nos objectifs, les résultats ne sont certainement pas uniformes. Certaines communautés et populations, dans tout le Canada, ont dépassé les objectifs fixés par le gouvernement fédéral et par les organisations communautaires elles-mêmes. Il est certain que nous continuons de constater des écarts liés au genre en ce qui concerne la réalisation de ces objectifs.
Je suis très heureuse de dire que l'un des pôles de l'Initiative nationale de recherche sur la santé des femmes qui ont été financés plus tôt cette année cherche précisément à améliorer l'accès aux services de soins, de traitement et de prévention pour les femmes et les personnes de diverses identités de genre vivant avec le VIH et affectées par le virus. En mobilisant cette base de données scientifiques, nous avons bon espoir, je le répète, de voir cette initiative contribuer à réduire les écarts que nous constatons aujourd'hui.
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Je suis surpris que M. Ellis n'ait pas parlé de ce dont je vais parler.
À propos des lignes directrices sur le dépistage du cancer du sein. Je pensais commencer, comme Mme Moriarty et, il me semble, Mme Comtois voulaient en parler, par souligner que les recommandations actuelles émanent du groupe de travail sur le dépistage du cancer du sein et qu'elles ont été publiées en 2018, selon le site Web du gouvernement. En juin 2023, elles étaient encore en cours de révision. Je me demande où l'on en est à ce sujet.
Je constate que ces recommandations suscitent beaucoup d'inquiétude, exprimée notamment par Dense Breasts, groupe composé de spécialistes du dépistage du cancer du sein qui estiment que les recommandations actuelles sont inadéquates. Actuellement, nous ne recommandons aucune mammographie pour les femmes de moins de 50 ans. Chose certaine, le pic d'incidence du cancer du sein chez les femmes noires et asiatiques arrive généralement 10 ans plus tôt que chez les femmes blanches, d'où l'inquiétude. En outre, le cancer du sein est généralement plus agressif chez les femmes qui en sont atteintes plus jeunes.
Aux États-Unis, la Preventative Task Force préconise aujourd'hui dans ses recommandations préliminaires que les femmes passent des mammographies à partir de 40 ans, puis tous les deux ans jusqu'à 76 ans. Encore une fois, nous commençons à 50 ans.
Si l'on en croit Dense Breats, ce pourrait être un gros problème. En effet, le cancer d'un certain nombre de femmes n'est pas diagnostiqué aussi tôt qu'il le devrait. Les lignes directrices sont en cours de révision, mais jusqu'à quand? Quand aurons-nous de nouvelles recommandations?
Je vous pose la question à l'une ou à l'autre, madame Moriarty, madame Comtois, et j'espère que l'une de vous pourra me répondre.
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Je remercie tous les témoins de leur présence aujourd'hui. Merci beaucoup. Je sais que nous avons le ministère de la Santé et l'Agence de la santé publique du Canada, l'ASPC, ainsi que des chercheurs, ce qui est fantastique.
Nous nous intéressons à la santé des femmes et à la façon dont nous la traitons, au fond. Il y a beaucoup d'inquiétudes, et je vais aller directement à ce que disent les patientes. En fait, une de leurs préoccupations est qu'elles ne trouvent pas de médecin femme. Lorsque j'ai fait mes études, il y a 39 ans, il y avait plus d'hommes que de femmes qui exerçaient. Aujourd'hui, c'est plus de 50 %.
D'après ma dernière recherche, au Canada, en 2022, 49,7 % des médecins étaient des femmes. Dans le cas des gynécologues, un peu moins de 60 % sont des femmes, ce qui est très bien, et parce que ces connaissances existent, une interaction est possible.
Cependant, ce que craignent de nombreuses patientes, c'est de ne pas avoir accès à un praticien qui leur parle ou à une praticienne à laquelle elles peuvent s'adresser. Cette question est pour tous les témoins, et je commencerai peut-être par Mme Clifford. Que devons-nous faire au Canada premièrement pour avoir plus de femmes médecins et, deuxièmement, pour nous assurer qu'elles sont là pour que les patientes aient une chance de les consulter?
:
Je vous remercie infiniment de la question.
J'aimerais vraiment aussi avoir une réponse à vous donner. J'espère que l'autre étude sur les ressources humaines dans le domaine de la santé pourra nous éclairer sur ce sujet. En fait, si elle suit une approche fondée sur l'analyse comparative entre les sexes plus, ou ACS+, cette question devrait également en faire partie.
Du point de vue des IRSC, je peux vous dire ce que nous faisons en ce qui concerne les chercheurs qui s'identifient comme étant des femmes, parce que nous sommes certainement conscients de l'importance de cette question non seulement pour ce qui est des chercheurs, mais aussi pour les types de questions qu'ils étudient. Il existe un lien entre ce qui est enseigné aux médecins et, bien sûr, ce qui est pratiqué.
Depuis quelques années maintenant, nous avons décidé dans les IRSC d'équilibrer les taux de réussite, en quelque sorte, dans notre plus grand programme de subventions, c'est-à-dire le programme de subventions Projet, parce que nous nous sommes aperçus que, malgré leur nombre croissant, les chercheuses principales qui font des demandes ne voient pas autant leur projet retenu, pour diverses raisons. C'est pourquoi, depuis quelques années, nous disons, par exemple, que si 40 % des demandes de subvention viennent de chercheuses, 40 % des subventions que nous accordons iront également à des chercheuses.
C'est une mesure. Je sais que cela ne répond pas précisément à votre question, mais en ce qui concerne la contribution de la recherche aux soins cliniques, nous avons estimé qu'il était important de la prendre, étant donné les leviers dont nous disposons.
:
Merci beaucoup de me donner l'occasion d'ajouter quelque chose sur ce sujet.
Du point de vue de la recherche, il s'agit sans aucun doute d'une priorité pour nous. Un des centres de mobilisation du savoir que nous avons financés en août 2023 est celui d'un groupe de l'Université de Calgary qui se concentre sur le centre de santé périnatale des Inuits. Il s'agit en fait de créer et de renforcer des ressources et un soutien particuliers aux Inuits pour les Inuites du Nunavut. Je pense qu'il s'agit là d'un exemple de communauté très particulière et de mobilisation de données de recherche axées sur la santé périnatale.
J'ajouterai qu'une table ronde ministérielle a été organisée, le 9 mars 2022, avec certains groupes d'intervenants clés dans le domaine de la santé mentale périnatale, dont des spécialistes, des médecins et des personnes qui vivent ou qui ont déjà vécu une expérience. La table ronde portait sur l'examen de l'accès à la santé mentale périnatale. Nous en attendons avec impatience les résultats.
Je pense que ma collègue, Mme Moriarty, a également mentionné le travail sur la création d'un guide de pratique clinique national pour la santé mentale périnatale. Je me ferai un plaisir de vous communiquer des détails supplémentaires sur cette recherche et sur ce que nous apprenons.
Je vous remercie.
:
Très bien. Merci pour cette question. De combien de temps disposez-vous?
Tout d'abord, je dois rendre hommage à de nombreuses personnes, dont la Dre Kaida, qui est ici aujourd'hui en sa qualité de directrice scientifique de l'Institut de la santé des femmes et des hommes des IRSC. Elle nous a rejoints il y a environ un an. Avant elle, la Dre Cara Tannenbaum a dirigé cet institut pendant huit ans.
Encore une fois, je dirais que c'est grâce à une combinaison d'efforts que les IRSC ont reconnu très tôt l'importance d'encourager la communauté des chercheurs à prêter attention à l'importance d'incorporer l'étude du sexe et du genre dans leurs projets de recherche. Vous ne serez probablement pas surprise d'apprendre qu'au départ, nous nous contentions de cocher une case dans un formulaire de demande à la question: « Avez-vous tenu compte de cet aspect — oui ou non? » Nous n'avons pas tardé à nous rendre compte que c'était insuffisant, car on peut cocher une case, mais cela ne veut pas dire qu'on l'a fait ou qu'on l'a bien fait.
Au fil des ans, nous avons veillé peu à peu à ce que les personnes qui sollicitent notre financement et les pairs qui évaluent leurs demandes suivent des modules de formation pour garantir qu'ils sont conscients de cet aspect. Lorsque les protocoles de recherche proprement dits sont examinés par la suite, cet aspect fait partie de la discussion.
Le milieu de la recherche universitaire dans son ensemble est beaucoup plus conscient de ces enjeux. Je dois dire que c'est grâce à des championnes comme la Dre Tannenbaum, la Dre Kaida et d'autres qui veillent à ce que tous ceux qui font ce travail ne perdent jamais de vu ce sujet.
Je vous remercie pour votre question.
:
Très bien, ce serait fantastique.
Soyons honnêtes, les femmes se font plus souvent attaquer que les hommes. Comme il peut y avoir un enjeu de santé mentale, il est important que nous leur fournissions les soins de santé mentale dont elles ont besoin.
Personnellement, dans ma vie antérieure, j'étais directrice de succursale, j'ai été cambriolée cinq fois et on m'a tiré dessus une fois. J'ai apprécié les services d'aide psychologique. J'ai la chance d'avoir la couenne dure. Je ne sais pas, c'est peut-être l'Italienne en moi. Il est important que nous nous penchions sur cette question. Lorsque je parle à mes concitoyens, je constate toujours que... J'ai parlé à quelques femmes qui m'ont dit: « Lorsqu'on porte plainte et que les gens en ont vent, on vous demande ce que vous avez fait pour provoquer l'agression. Que portiez-vous? Que faisiez-vous? » C'est un problème dont nous devons être conscients, à mon avis.
Les femmes sont des femmes. Les hommes sont des hommes. Nous leur fournissons les outils dont ils ont besoin pendant leur incarcération pour faire en sorte qu'ils ne récidivent pas. Quelles garanties avons-nous pour les femmes qui ont été victimes de ces infractions et comment pouvons-nous mieux les protéger?
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Nous revenons sans cesse sur le fait que les femmes sont plus exposées à la violence que les hommes. Il nous incombe de nous assurer que nous éduquons nos enfants, surtout nos garçons, au respect des femmes. Comme membre du comité de la condition féminine, je sais que c'est un sujet que nous avons certainement abordé.
Nous avons récemment procédé à l'examen de la gymnastique, dans le cadre duquel le PDG de la Fédération — je l'ai interrogé personnellement— a déclaré que plus de 600 femmes avaient signalé des actes de violence et que rien n'avait été fait. Lorsque je lui ai demandé si ses enfants s'étaient trouvés dans la même situation, s'ils étaient rentrés à la maison et avaient dit: « Voilà ce qui m'est arrivé », il aurait lancé une enquête, il a répondu oui.
Nous devons nous assurer que les hommes comprennent que les femmes sont tout aussi importantes, et nous devons leur fournir ce service pour qu'elles puissent reprendre leur vie normale, car parfois, si vous ne le faites pas, cela les fait reculer et certaines ne s'en remettent pas.
En tant que parlementaires, nous devons nous assurer que les gens comprennent l'importance de la santé mentale dans la violence faite aux femmes. Êtes-vous d'accord?