Bienvenue à la 13e réunion du Comité permanent de la santé de la Chambre des communes.
Aujourd'hui, nous nous réunissons pendant deux heures pour entendre des témoins au sujet de notre étude sur les effectifs de la santé au Canada.
Avant de présenter les témoins d'aujourd'hui, je dois faire les rappels habituels concernant les réunions hybrides.
La réunion d'aujourd'hui se déroule en mode hybride, conformément à l'ordre de la Chambre adopté le 25 novembre 2021. Certains députés sont présents dans la salle et d'autres participent à distance à l'aide de l'application Zoom. Nos témoins utilisent, bien sûr, l'application Zoom.
Je profite de l'occasion pour rappeler à tous les participants qu'il est interdit de faire des captures d'écran ou de prendre des photos de votre écran. Les délibérations seront diffusées sur le site Web de la Chambre des communes.
Conformément à notre motion pour affaires courantes, je peux informer les membres du Comité que tous les témoins d'aujourd'hui se sont prêtés aux tests de connexion requis avant la séance.
Les témoins suivants seront avec nous cet après-midi pendant deux heures. À titre individuel, nous avons Sylas Coletto, infirmier autorisé, et Brenda Payne, infirmière d'expérience, éducatrice, cadre de direction et consultante en milieu rural et urbain. Nous avons le Dr Martin Champagne, hémato-oncologue et président de l'Association des médecins hématologues et oncologues du Québec. De l'Association canadienne des ergothérapeutes, nous avons Giovanna Boniface, présidente et ergothérapeute, et Hélène Sabourin, chef de la direction. Nous accueillons également Cynthia Baker, directrice générale de l'Association canadienne des écoles de sciences infirmières, et Bradley Campbell, président de Corpus Sanchez International Consultancy Inc.
Merci à tous nos témoins d'avoir pris le temps d'être avec nous aujourd'hui.
Nous allons commencer par les déclarations préliminaires des témoins dans l'ordre où ils figurent dans l'avis de convocation. Commençons donc par M. Coletto.
Pour les cinq prochaines minutes, la parole est à vous, monsieur. Bienvenue au Comité.
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Merci beaucoup, honorables membres, de me recevoir.
Je suis un homme hétérosexuel blanc, cisgenre et colon. Je suis infirmier autorisé en soins intensifs et j'ai un baccalauréat spécialisé en kinésiologie et un baccalauréat en sciences infirmières. À l'heure actuelle, j'étudie à temps plein en vue de l'obtention d'une maîtrise en sciences infirmières.
J'ai travaillé en tant qu'infirmier depuis janvier 2018. [Difficultés techniques] aux soins intensifs cardiaques, à l'urgence et, pendant les principales vagues de la pandémie de COVID‑19, aux soins intensifs généraux, en Saskatchewan et en Ontario.
Il y a un dicton qui circule parmi mes collègues: « Les soins de santé, c'est détruire ma vie pour sauver la vôtre ».
J'ai choisi d'aborder trois thèmes: la violence, l'équilibre et la valeur.
D'abord, sur le thème de la violence — que j'ai subie aussi récemment que la semaine dernière —, j'ai été agressé sexuellement, physiquement et verbalement. On m'a tripoté et caressé diverses parties de mon corps. J'ai reçu des coups de poing et des coups de pied. On m'a insulté et menacé de me suivre chez moi et de faire du mal à ma famille. J'ai reçu des éclaboussures de sang dans la bouche. On m'a craché dessus et on m'a jeté des excréments. La liste est longue. J'ai été agressé à plusieurs reprises.
Ce n'est rien de rare. Ces patients sont parfaitement conscients de ce qu'ils font, bien souvent, et c'est souvent bien pire pour mes collègues féminines. Comme beaucoup d'infirmiers et d'infirmières, j'ai cessé de signaler ces incidents. Rien n'est fait aux agresseurs. Les gens continuent à en profiter. De plus, je n'ai pas de poste permanent. Je n'ai pas l'avantage de prendre des congés de maladie payés ou de chercher personnellement un soutien psychologique. Cependant, le fait d'être constamment agressé affecte ma santé mentale et ma vie de famille.
En ce qui concerne ma santé mentale, je suis fréquemment témoin de la mort. Cela a été exacerbé pendant les vagues de COVID. J'ai mis de nombreuses personnes décédées dans des sacs mortuaires pour leur transport à la morgue. Pendant les vagues de COVID, je n'avais pas assez de temps pour métaboliser mentalement tous ces décès. J'ai eu un accès limité à des soutiens, et ma santé mentale en a pâti.
Par exemple, j'avais deux patients qui mouraient en même temps. C'était la dernière fois que les membres de la famille voyaient leurs proches vivants. Je tenais une caméra FaceTime pour l'un d'entre eux, et j'ai dû dire à la famille de mettre fin à l'appel — encore une fois, c'était la dernière fois qu'ils voyaient leur proche vivant — parce que je devais aller le faire avec un autre patient en même temps. Je voulais qu'ils puissent dire au revoir une dernière fois. C'était une de mes journées les plus difficiles.
Sur le plan de l'équilibre, le travail posté est une chose à laquelle il est très difficile de s'habituer, avec l'alternance jours-nuits et le travail par postes de 12 heures ou plus. J'ai peu de temps à consacrer à ma famille. Je dois me reposer afin d'être en parfaite forme au travail. J'ai l'habitude de donner le meilleur de moi-même. J'ai représenté le Canada en aviron au niveau international. Mais dans ce cas, si je ne suis pas en forme tous les jours au travail, des gens meurent, comme nous le voyons actuellement démontré au Tennessee, aux États-Unis. Pendant la COVID, je travaille dans des chambres avec les patients les plus malades 12 heures à 16 heures ininterrompues, en espérant que mon masque reste scellé et que je ne perds pas ce sceau, et en ayant peur de contracter sans le savoir la COVID et de la ramener à la maison dans ma famille.
J'ai deux diplômes. Je travaille à un troisième. J'ai une formation considérable en cours d'emploi. Vous auriez de la chance d'être près de moi si quelque chose devait arriver et que vous aviez besoin de mon aide. Mais je n'ai pas accès à beaucoup d'aide, que ce soit sur le plan de mes finances, de mon horaire de travail ou de mes études. J'ai dû mettre en pause de nombreux aspects de ma carrière ou compromettre mon travail, ne pouvant pas vraiment combiner les deux. Il s'agit soit de renoncer à mon revenu pour subvenir aux besoins de ma famille, soit aller à l'école pour essayer de rehausser la prestation des soins de santé, me perfectionner moi-même ou perfectionner la profession pour améliorer la vie des gens. C'est très difficile de concilier les deux.
Sur le thème de la valeur accordée à la profession chez les groupes décideurs ou conseils, je n'en ai pas vu beaucoup tout au long de la pandémie de COVID‑19. Des personnes qui n'ont jamais fait mon travail me disaient quoi faire. Par exemple, le conseil consultatif sur la COVID‑19 en Ontario compte 33 membres. Il y a 3 dirigeants et une seule infirmière autorisée au sein du groupe, mais 22 médecins. Ce sont les infirmiers qui mettent en œuvre ce que ces conseils consultatifs proposent. Je suis persuadé qu'il y a beaucoup d'infirmiers intelligents et bien formés qui auraient pu avoir une contribution. Cela me dit que la profession infirmière ne compte pas et que notre contribution n'a aucune valeur. Nous n'avons aucune valeur dans la prise de décision.
Sur le thème de la valeur financière, j'ai 13 ans d'études et de formation postsecondaires. En Ontario, je gagne 36,53 $ l'heure. En Saskatchewan, je gagne 6,20 $ de plus par heure, et ce montant augmentera au début d'avril. Cela aide, mais je suis encore sous-payé. En Ontario, il y a le projet de loi 124, l'augmentation salariale de 1 %. J'ai travaillé de plus en plus fort pour sauver la vie des gens, surtout pendant la COVID. Je crois que je vaux bien plus que 1 %.
Je vous donne un exemple. Durant les vagues de COVID, nous manquions tellement d'infirmiers aux soins intensifs que nous avons fait appel à des résidents, des médecins en formation, pour travailler sous notre direction, en assistance. Ils n'avaient aucun droit de prescription et ne pouvaient pas administrer de médicaments à moins que je ne sois là avec eux. Nous gagnions toujours le même salaire, mais les résidents étaient payés 100 $ l'heure. Je me sentais sous-évalué.
La même chose se passait dans les cliniques de vaccination contre la COVID. Les médecins gagnaient 170 $ l'heure le jour et 215 $ l'après-midi. Nous faisions le même travail, mais je gagnais toujours le même salaire. Je me sentais sous-évalué.
Ce travail me prive de temps avec ma famille, détruit ma santé mentale par de mauvais traitements — physiques, émotionnels et financiers — et me fait sentir dévalorisé. Je me demande constamment pourquoi je choisis de continuer à faire ce travail, même si je crois que je fais du bon travail.
C'est ce que j'avais à dire. Je vous remercie.
J'aimerais tout d'abord remercier le Comité permanent de la santé de me donner l'occasion de présenter mon point de vue sur cette question vraiment importante, à savoir ce que le gouvernement fédéral peut faire pour s'attaquer, comme nous venons de l'entendre, aux problèmes aigus et très graves de recrutement et de maintien en poste ainsi qu'aux problèmes liés au milieu de travail pour de nombreux fournisseurs de soins de santé dans tout le pays, en particulier dans les collectivités urbaines et rurales.
Je ne représente pas un point de vue particulier, mais un point de vue global, en ce sens que mon point de vue a été influencé par mes connaissances cliniques, ma formation et mes antécédents d'infirmière. J'ai à la fois des connaissances et une vaste expérience de nombreux aspects de notre système de santé, ce qui m'a permis de voir vraiment une perspective globale, qui inclut le fait d'être fonctionnaire provinciale de la santé publique, ainsi que patiente.
Ce que j'espère apporter au débat, c'est une compréhension des expériences liées à cette question. Dans tout le pays, nous entendons — pas aussi éloquemment que le premier témoin — de la part de tous les fournisseurs, du public, des patients, des clients, des résidents et de leurs familles que nous sommes dans une situation critique en ce qui concerne le recrutement et la rétention.
J'aimerais pouvoir dire que c'est la première fois que nous entendons, ou que j'entends dans ma carrière, qu'il y a des problèmes de recrutement et de maintien en poste des travailleurs, mais je suis ici pour dire qu'en fait, ce n'est rien de nouveau. C'est un problème auquel nous nous attaquons depuis de nombreuses années et, grâce au travail qui a été effectué précédemment... Le gouvernement fédéral a accompli un travail extraordinaire en amenant les provinces et les territoires, à partir de 2000, à s'attaquer à cette même question.
Le problème pour nous aujourd'hui, cependant, est encore aggravé par le fait que nous savions que cela allait arriver. Nous avions prédit — c'était un facteur connu — que le départ à la retraite des baby-boomers laisserait un grand vide dans le système, et une étude réalisée en 2009 prévoyait une pénurie de 60 000 infirmières et infirmiers autorisés. Et ce, sans tenir compte d'une pandémie, qui a vraiment eu un effet délétère sur nos fournisseurs de soins de santé.
Avant d'aborder ce que le gouvernement fédéral peut faire, il faut reconnaître que dans nos systèmes de santé — et nous les avons étudiés, à l'échelle provinciale ou nationale, chaque fois que nous en avons eu l'occasion —, notre réponse initiale est très réactive. Nous avons eu tendance à considérer les problèmes comme s'il s'agit d'événements uniques qui se produisent en dehors du système.
Mes connaissances et ma vaste expérience m'ont montré que, pour régler ce problème, nous devons travailler en collaboration et en coopération, en reconnaissant que tous les groupes de direction au Canada — les provinces, les territoires, nos peuples autochtones et d'autres groupes sous-représentés, notre système d'éducation, nos employeurs dans les professions de la santé et d'autres intervenants pertinents — peuvent en fait s'unir pour aider à résoudre ce problème.
Après avoir examiné ce que le gouvernement fédéral a accompli, nous avons en fait effectué un travail approfondi sur les effectifs du secteur de la santé, et la stratégie qui a été élaborée peut continuer à servir de fondement à partir duquel on peut commencer à travailler.
Ce qui me préoccupe le plus, c'est qu'en ce moment même, les provinces et les territoires doivent faire face à la pénurie de personnel essentiel pour fournir des soins. Par conséquent, ils proposent une foule d'idées très novatrices. Nous venons d'en entendre parler en ce qui concerne l'augmentation de la rémunération, bien qu'elle soit de 1 %. Je crains qu'à moins que le gouvernement fédéral ne joue un rôle de facilitateur pour réunir toutes les parties, nous nous retrouvions avec un système encore plus fragmenté et des provinces qui fonctionnent très différemment les unes des autres. Comme cela a été fait par le passé, je recommande que nous réunissions les gens. Nous pouvons faire un certain nombre de choses.
L'autre point que j'aimerais souligner, c'est qu'en ce qui concerne le système de santé, si nous nous concentrons sur un seul point, nous ne réussirons pas à régler les problèmes auxquels sont confrontés les fournisseurs, les patients et les familles. Je recommande une approche pancanadienne. Il y a un certain nombre de choses que nous pouvons faire ensemble pour régler... La première consiste à confirmer, du côté de la demande, ce qu'est la vision pancanadienne de la santé. Nous pouvons commencer à examiner, à repérer et à partager les très bonnes stratégies pour non seulement recruter, mais aussi retenir nos fournisseurs actuels.
En abordant certains des principaux problèmes liés au milieu de travail qui ont déjà été abordés par notre premier témoin...
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L'Association des médecins hématologues et oncologues du Québec regroupe 350 membres dont la moyenne d'âge est de 47 ans. Le recrutement pour cette spécialité est en pleine explosion, car les besoins en matière de cancérologie augmentent tout le temps. Nous avons 55 résidents et 22
fellows en surspécialités médicales puisqu'il faut faire face au vieillissement de la population canadienne. Comme vous le savez, on s'attend à ce qu'environ un Canadien sur deux soit atteint du cancer au cours de sa vie.
Les gens qui étudient dans le domaine ont la responsabilité clinique du diagnostic et du traitement d'une variété de maladies hématologiques, qu’elles soient cancéreuses ou non, ainsi que des soins liés au cancer. Ces gens pratiquent essentiellement en milieu hospitalier. Contrairement à ce qui se passe dans le Canada anglais, au Québec, nous assumons également la responsabilité des activités de laboratoire. Les gens qui sont dans ce milieu doivent assimiler une explosion de connaissances, ce qui a des répercussions majeures.
La pandémie a eu des répercussions sur la cancérologie parce que, comme il a été souligné, le système de santé a été sursaturé et parce que l'on a délesté énormément d'activités. Au Québec, par exemple, 100 000 personnes attendaient de subir une coloscopie avant la pandémie, le test utilisé pour faire le diagnostic du cancer du côlon. Maintenant, plus de 150 000 personnes sont en attente pour ce test. Nous estimons par conséquent qu'un nombre important de cas de cancer n'ont pas encore été diagnostiqués et qu'environ un cancer du côlon sur cinq n'a pas encore été diagnostiqué.
Pour mettre les choses en perspective, je dirai qu'un programme de dépistage du cancer du côlon doit diminuer la mortalité d'environ 20 %. On estime que, au Canada, en 2021, 28 400 Canadiens ont reçu un diagnostic de cancer du côlon et que 9 400 en décéderont. Si le délestage a eu des répercussions considérables, cela veut dire que beaucoup plus de gens vont décéder. De plus, en raison du retard pour ce qui est du diagnostic, les maladies sont plus avancées et elles nécessitent des thérapies plus intensives. Cela occasionne plus de morbidité, plus de complications et plus de mortalité chez les patients.
Présentement, on entend parler des listes d'attente qui se sont beaucoup allongées pour les chirurgies orthopédiques. Or, contrairement aux patients qui subissent une chirurgie orthopédique, les patients atteints du cancer sont dans le système de santé pendant des années. Ce n'est donc pas un investissement ponctuel qui permettra de résoudre le problème, et il sera nécessaire de faire des investissements sur une longue période. On a déjà fait allusion à la pénurie de personnel. Dans certains secteurs clés comme la pathologie, il sera essentiel que le personnel soit bien soutenu pour ne pas limiter la capacité de reprise en oncologie.
La pandémie a eu d'autres répercussions majeures. Avant la pandémie, on avait sondé les membres hématologues et oncologues du Québec. Plus de 80 % d'entre eux disaient bénéficier du soutien et de la reconnaissance de leurs collègues de travail. Cependant, on constatait un taux élevé d'épuisement professionnel. Parmi les répondants, 11 % rapportaient de la dépersonnalisation, 40 % rapportaient de l'épuisement émotionnel et 16,5 % rapportaient des problèmes psychosomatiques, ce qui donnait un taux global d'épuisement professionnel de l'ordre de 57 %. Ces statistiques datent d'avant la pandémie, et, à ce moment, les gens manifestaient malgré tout un engagement à l'égard de la profession. Nous avons d'ailleurs senti la passion de M. Coletto durant son intervention. Les gens sont encore passionnés et ils s'accomplissent encore dans leur travail.
Cependant, nous sommes très inquiets, car la pandémie a eu pour effet de diminuer les contacts physiques avec les patients et entre collègues, et cela aura probablement une incidence importante sur l'épuisement professionnel de l'ensemble du personnel de la santé. Selon une étude menée au Québec auprès de 153 médecins, le niveau de stress que ces derniers subissent est inégalé: il est de l'ordre de 61 % alors qu'il était de 35 % avant la pandémie.
Quelles sont les solutions?
Les normes diagnostiques de traitement et d'encadrement existent déjà en oncologie. Nous n'avons donc pas besoin de nouvelles normes. Par contre, nous avons besoin de ressources. Cela veut dire qu'il faut faire des investissements en santé pour améliorer les infrastructures, former du personnel et faciliter l'automation dans les laboratoires. Je pense que le gouvernement fédéral pourra augmenter sa contribution en santé, non seulement de façon ponctuelle, mais de façon récurrente pour répondre aux besoins en hématologie et en oncologie.
On doit axer le système de santé sur la valeur, et non sur une simple réduction des coûts, afin de maximiser les résultats pour les patients compte tenu des ressources disponibles. Cela veut dire avoir un continuum de soins organisés et intégrés. On a besoin de systèmes d'information. Actuellement, on est à l'âge de pierre. On a encore des systèmes non complémentaires et difficiles à consulter. Il faut donc faciliter l'intégration des données par l'intelligence artificielle.
Cela prend des incitatifs, notamment des incitatifs financiers, qui visent l'alignement des objectifs des établissements de santé sur la valeur. Il faut donc des investissements dans l'intelligence artificielle et dans les réseaux informatiques.
De plus, il faut faciliter l'accès aux professions médicales chez les nouveaux immigrants dûment qualifiés pour faciliter le recrutement et les intégrer dans une démarche d'accueil et de socialisation.
Finalement, je veux souligner la détresse des gens qui travaillent dans le domaine de la santé. Il faut augmenter le soutien aux organismes d'aide aux professionnels, comme le Programme d'aide aux médecins du Québec. Je fais allusion aux médecins, mais cela s'applique à tous les secteurs de la santé. Cela nous apparaît essentiel pour lutter contre la détresse psychologique observée chez les professionnels de la santé.
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Nous aimerions parler de deux choses aujourd'hui: les problèmes et les défis liés à la main-d’œuvre en ergothérapie, et la nécessité de défendre l'accès universel à l'ergothérapie.
La main-d’œuvre en ergothérapie au Canada est passée de quelque 7 500 thérapeutes en 1997 à plus de 20 000 en 2021. Bien qu'il y ait eu une bonne croissance, ce n'est absolument pas suffisant. Les ergothérapeutes sont un élément essentiel de l'équipe de soins primaires, ils aident les personnes âgées à vieillir chez elles, ils fournissent des services de santé mentale essentiels, ils soutiennent les enfants atteints d'autisme, ils aident à lutter contre la crise des opioïdes, ils soutiennent les communautés autochtones et ils fournissent des services de réadaptation pour la COVID de longue durée, pour n'en citer que quelques-uns.
Seulement 3,7 % de notre main-d’œuvre se trouve en milieu rural, ce qui ne concorde pas du tout avec les 20 % de Canadiens qui vivent en milieu rural. Quatre-vingt-cinq pour cent de notre main-d’œuvre est constituée de professionnels de première ligne, qui fournissent des soins vitaux dans les hôpitaux, les établissements de santé communautaire et les établissements de soins de longue durée.
La demande continue de croître de façon exponentielle, et l'offre n'a tout simplement pas suivi la cadence. L'enquête nationale menée en 2013 auprès de 60 000 médecins canadiens a révélé que plus de 70 % d'entre eux ont dit avoir de la difficulté à orienter leurs patients vers des ergothérapeutes financés par l'État. De plus, le Système de projection des professions au Canada du gouvernement du Canada valide le fait que l'ergothérapie est l'une des catégories professionnelles où la demande dépassera l'offre jusqu'en 2028 au moins. Pendant cette période, on s'attend à ce que les ouvertures de postes d'ergothérapeute dépassent la main-d’œuvre d'au moins 20 %. Les associations provinciales et territoriales d'ergothérapeutes nous confirment également que nous avons de la difficulté à recruter des thérapeutes pour des postes essentiels. Par exemple, plus tôt cette année, rien qu'à Edmonton, plus de 70 postes d'ergothérapeute ont été annoncés et n'ont pu être pourvus.
Dans un rapport de 2021, l'administratrice en chef de la santé publique du Canada a déclaré que la COVID offre la possibilité de combler des lacunes de longue date dans le système de soins de santé, et nous ne pourrions être plus d'accord. Les ergothérapeutes, en raison de leur formation, de leurs compétences et de leur champ d'activité, peuvent avoir une contribution inestimable dans la transformation du modèle de soins actuel qui est coûteux et axé sur les hôpitaux en un modèle de soins moins coûteux, axé sur la santé et le mieux-être des patients et de la communauté. Ce dernier, qui met l'accent sur la promotion de la santé, la prévention et la gestion des maladies et des blessures, s'inscrit parfaitement dans le cadre de la pratique de l'ergothérapie axée sur la fonction et l'occupation. La COVID a également fait ressortir le besoin crucial de modèles de soins primaires interprofessionnels et fondés sur le travail d'équipe qui incluent les ergothérapeutes.
Alors, quel est le problème? Les services d'ergothérapie ne sont pas largement couverts par les régimes publics et privés d'assurance maladie complémentaire, seules cinq grandes compagnies d'assurance offrant la couverture de l'ergothérapie comme une option « flexible », ce qui signifie qu'elle n'est pas automatiquement incluse dans les régimes. De nombreux employeurs, y compris le gouvernement du Canada, ne couvrent pas les services d'ergothérapie dans leurs régimes d'assurance maladie. Avec une si faible couverture, les Canadiens doivent payer « de leur poche » des services d'ergothérapie pour leur enfant autiste, leur adolescent aux prises avec des idées suicidaires ou leurs parents qui veulent vivre à la maison et ont besoin de modifications à leur domicile, pour ne citer que quelques scénarios.
Quelle est la solution? L'ergothérapie doit faire partie du panier de services de soins de santé publics offerts universellement. Le statu quo n'est absolument pas acceptable et l'inaction n'est plus une option. Le Canada a besoin d'une stratégie complète et intégrée en matière de soins primaires, qui inclut les ergothérapeutes dans toutes les équipes de soins primaires du Canada. Cela aura une incidence positive sur le système de soins de santé en améliorant l'expérience du patient: des soins de bonne qualité, au bon moment, par le bon membre d'une profession de la santé réglementée, dans les collectivités où les Canadiens vivent, étudient, travaillent et jouent. Cela permet également d'obtenir des résultats positifs en matière de santé, tout en réduisant le coût des soins de santé par habitant.
Jamais l'impact de la perturbation sur la vie quotidienne et le fonctionnement n'a été aussi évident qu'avec la COVID. Tout le monde en a été touché. Les ergothérapeutes sont des professionnels réglementés axés sur la fonction et l'occupation. C'est dans notre ADN. S'assurer que les Canadiens ont accès à ce service essentiel est indispensable pour leur santé.
Le moment est venu d'agir. Les ergothérapeutes ne doivent plus être considérés comme une option agréable à avoir dans les soins de santé. Les ergothérapeutes sont des professionnels de la santé indispensables qui peuvent aider à transformer le système de soins de santé pour mieux répondre aux besoins des Canadiens.
Merci beaucoup de m'avoir donné l'occasion de présenter un exposé au comité permanent aujourd'hui.
Je m'appelle Cynthia Baker. Je suis la directrice générale de l'Association canadienne des écoles de sciences infirmières.
J'aimerais reconnaître respectueusement que le bureau national de l'ACESI est situé sur un territoire algonquin non cédé.
Je vous remercie de me donner l'occasion de parler au nom de nos membres, les 95 écoles de sciences infirmières membres au Canada qui offrent des programmes de baccalauréat ou de deuxième cycle en sciences infirmières.
[Français]
L'Association canadienne des écoles de sciences infirmières, ou ACESI, est la voix nationale de la formation en soins infirmiers. Notre mission est de promouvoir une formation en soins infirmiers de grande qualité dans tous les territoires et toutes les provinces du Canada, et ce, dans les deux langues officielles.
[Traduction]
Les préposées aux soins personnels, les infirmiers auxiliaires, les infirmiers psychiatriques autorisés, les infirmiers autorisés et les infirmiers praticiens sont tous des membres importants de l'équipe de soins infirmiers.
Comme les infirmiers autorisés forment le plus grand groupe de professionnels de la santé au Canada et que le taux de vacance pour cette catégorie monte en flèche dans tout le pays, je concentrerai ma présentation sur eux.
La COVID‑19 occupe les lits d'hôpitaux. Le nombre de personnes âgées nécessitant des soins augmente, et les infirmiers d'expérience quittent la profession en grand nombre. Les écoles de sciences infirmières de toutes les provinces et de tous les territoires répondent aux demandes du gouvernement d'augmenter le nombre de places, d'ouvrir de nouveaux locaux ou d'offrir d'autres programmes de soins infirmiers.
Cette situation fait suite à une période de deux ans de perturbations répétées des programmes d'études, la pandémie ayant entraîné la fermeture...
L'ACESI mène une enquête annuelle auprès des étudiants et des enseignants en sciences infirmières. Le nombre de nouveaux infirmiers autorisés qui entrent dans la main-d’œuvre des soins de santé a augmenté de façon constante depuis un creux de 4 816 en 2000. Au cours des cinq dernières années, les écoles de sciences infirmières ont diplômé plus de 12 000 infirmiers autorisés par an, un nombre plus élevé que jamais.
Pour cela, il faut des enseignants qualifiés, des instructeurs cliniques d'expérience, des laboratoires de simulation bien équipés, de bonnes ressources documentaires et des sites de placement clinique appropriés. Les enseignants en sciences infirmières ont été poussés à la limite et les sites de placement clinique, qui sont essentiels à la formation en sciences infirmières, sont saturés. Pour augmenter le nombre de places et de programmes en sciences infirmières, il faut plus d'enseignants, de ressources et de lieux de stages cliniques qu'il n'en existe actuellement.
[Français]
Les écoles de sciences infirmières canadiennes subissent donc d'importantes pressions et elles doivent faire face à de nombreux défis.
[Traduction]
La qualité de la formation en sciences infirmières est pourtant essentielle à la santé et au bien-être des Canadiens. La profession d'infirmière est complexe et exigeante sur le plan émotionnel. Elle exige des bases théoriques et scientifiques approfondies, de solides compétences en matière de raisonnement clinique, un jugement clinique solide, des compétences techniques affûtées, de la compassion, de l'attention et de la résilience émotionnelle. L'incompétence ou l'erreur d'une infirmière peut mettre en danger la vie d'un patient.
La qualité de la formation en sciences infirmières est également essentielle pour la rétention des infirmiers. Des études démontrent que les diplômés en sciences infirmières qui n'ont pas la formation appropriée et qui ne bénéficient pas d'un soutien de transition adéquat lorsqu'ils commencent à exercer sont susceptibles d'abandonner la profession au bout d'un an ou deux. Faire des économies pour augmenter le nombre de diplômés en sciences infirmières ne permet pas d'obtenir une main-d’œuvre infirmière sûre et durable.
Il est urgent d'augmenter le nombre d'infirmiers autorisés compétents sur le plan clinique et aptes à rester en poste dans toutes les provinces canadiennes. Il est également urgent de surmonter des obstacles importants si l'on veut y parvenir.
[Français]
Compte tenu de la complexité de la formation en soins infirmiers, les membres de la direction des écoles de sciences infirmières doivent prendre part aux discussions.
[Traduction]
Il est essentiel d'investir dans la formation en sciences infirmières et d'inclure le personnel enseignant dans l'élaboration de stratégies visant à résoudre la crise actuelle des effectifs du secteur de la santé.
Les domaines de la formation en sciences infirmières qui offrent des solutions potentielles pour une main-d'œuvre infirmière durable seront exposés.
La première solution consiste à augmenter le nombre de nouveaux infirmiers autorisés sans sacrifier la qualité grâce à des programmes de baccalauréat en sciences infirmières de niveau avancé pour les personnes qui ont déjà un diplôme dans une autre discipline. Ces programmes se déroulent toute l'année, avec quatre trimestres au lieu de deux, et sont donc achevés en deux ans sans aucune réduction dans le programme d'études. La demande d'admission à ces programmes est élevée. Les infirmiers diplômés issus de ces programmes excellent généralement.
Le deuxième objectif est d'augmenter le nombre d'infirmiers formés à l'étranger entrant sur le marché du travail, en augmentant le nombre de programmes de transition participatifs et normalisés offerts par les établissements postsecondaires.
Troisièmement, il faut accroître la compétence clinique et le maintien en poste des diplômés en sciences infirmières en favorisant leur transition vers l'exercice de la profession au moyen de programmes de résidence de 6 à 12 mois. De multiples études menées aux États-Unis et en Australie ont montré que de tels programmes augmentent la sécurité, les compétences cliniques et la satisfaction professionnelle des nouveaux diplômés, tout en réduisant le coût du roulement pour les employeurs.
En conclusion, avec des investissements dans l'enseignement des sciences infirmières, une collaboration entre les écoles de sciences infirmières, les gouvernements et les services de soins de santé, et un engagement national à conserver la qualité élevée de la formation en sciences infirmières qui fait la réputation du Canada dans le monde, la crise des effectifs de soins infirmiers peut être résolue. L'Association canadienne des écoles de sciences infirmières s'engage fermement à contribuer aux solutions.
Pour terminer sur une note positive, malgré des conditions de soins de santé de plus en plus complexes, les demandes d'admission aux programmes de baccalauréat en sciences infirmières sont très nombreuses dans tout le pays. C'est un témoignage de la ténacité éventuelle de nos futurs infirmiers.
[Français]
Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de mettre en lumière certains problèmes quant à la formation en soins infirmiers en lien avec la pénurie d'infirmières ainsi que de vous offrir des pistes de solution.
[Traduction]
Je vous remercie de votre attention.
Bon après-midi, monsieur le président, membres du Comité et distingués invités.
Je suis très heureux d'être ici aujourd'hui pour vous parler de la question cruciale des ressources humaines en santé et du travail particulier que ce comité entreprend en vertu du paragraphe 108(2) du Règlement, qui demande au Comité d'entreprendre une étude sur la façon dont le gouvernement fédéral peut faciliter le recrutement et le maintien en poste de médecins, d'infirmiers, d'infirmiers praticiens et d'autres prestataires de soins dans le système de santé public, et notamment dans les collectivités rurales et nordiques.
Il s'agit d'un dossier incroyablement important. C'est aussi un sujet qui n'a rien de nouveau. L'appel à des stratégies globales pour répondre au besoin d'un approvisionnement durable en ressources humaines dans le secteur de la santé a fait l'objet de nombreuses commissions et groupes d'experts à l'échelon fédéral depuis des décennies, y compris le rapport Lalonde en 1974, qui s'est poursuivi avec les rapports Romanow et Kirby en 2002, et des travaux supplémentaires lancés avec Santé Canada en 2005 pour poursuivre des stratégies dans quatre domaines clés: un, l'approvisionnement en fournisseurs de soins de santé; deux, l'utilisation efficace des compétences; trois, la création de milieux de travail sains, favorables et propices à l'apprentissage; et quatre, une planification et des prévisions plus efficaces.
Je crois que tous nos témoins ont abordé certains de ces points ici aujourd'hui.
La poursuite de ces objectifs crée une intersection idéale entre les mandats fédéraux, provinciaux et territoriaux, et ce, de plusieurs façons.
Premièrement, les gouvernements fédéraux antérieurs, quel que soit le parti au pouvoir, ont cherché à éliminer les obstacles au recrutement de professionnels formés à l'étranger, souvent par des initiatives visant à soutenir l'immigration simplifiée ou les visas de travail.
J'ai eu le privilège de participer à des tables rondes de planification, tant ici qu'à l'étranger, et j'ai souvent entendu des préoccupations concernant l'éthique du recrutement international. La principale préoccupation est que nous, Canadiens, ne devrions pas poursuivre agressivement des stratégies dans d'autres pays simplement pour répondre à nos propres besoins en professionnels de la santé au détriment de la durabilité du système dans d'autres pays. Il est clair que nous devons être conscients de cette préoccupation.
Parallèlement, plusieurs pays forment délibérément plus de personnes qu'ils n'en ont besoin afin d'aider leurs citoyens à poursuivre des carrières à l'étranger, de sorte qu'ils puissent à leur tour envoyer de l'argent chez eux pour soutenir les membres de leur famille élargie. Dans ces circonstances, le recrutement mondial peut aider toutes les parties à atteindre leurs objectifs.
Deuxièmement, de nombreuses provinces ont déjà mené des travaux à l'échelle provinciale pour retenir les professionnels de la santé dans la main-d'œuvre, en mettant au point des solutions intégrées pour permettre des équipes de soins véritablement interprofessionnelles.
J'ai, moi-même, eu l'occasion de travailler avec les gouvernements de la Nouvelle-Écosse et de l'Île‑du‑Prince-Édouard dans le cadre de tels efforts et je peux confirmer que les solutions mises en œuvre par les provinces aident à surmonter les obstacles ancrés dans les silos et les cultures organisationnelles individuelles.
Le gouvernement fédéral peut aider à coordonner ces efforts à l'échelle nationale, en établissant des partenariats avec les provinces et les territoires pour comprendre les besoins locaux, tout en favorisant une stratégie pancanadienne globale en matière de ressources humaines en santé. Cela ne signifie pas que toutes les solutions seront applicables dans tous les domaines, mais la cohérence des objectifs peut permettre de créer des solutions locales dans un contexte global.
Plus tôt aujourd'hui, lorsque nous avons entendu le témoin de l'ACE, nous avons entendu parler de la façon dont différents milieux, y compris la collectivité, ont des solutions qui sont très différentes de celles instituées dans les hôpitaux.
En fin de compte, toutes les solutions doivent permettre de répondre aux besoins particuliers de la population desservie. Cela est particulièrement vrai lors de la conception de solutions pour les collectivités nordiques ou éloignées, qui n'ont pas toujours le même accès aux services qui sont couramment disponibles dans les milieux plus urbains.
Troisièmement, je crois que le gouvernement fédéral a une occasion unique de s'associer aux collectivités autochtones pour élaborer des solutions qui fonctionnent pour elles.
Dans ma carrière, j'ai eu le privilège de travailler avec certaines collectivités autochtones pour aider à la création de voies et de modèles dirigés par les Autochtones qui permettent l'accès à l'éducation et aux soins quand, où et comment ils veulent les recevoir. Il s'agit notamment de soutenir la formation des Autochtones dans diverses professions de la santé, mais aussi d'aider les fournisseurs non autochtones à mieux se rapprocher des collectivités autochtones en général, et des patients autochtones et de leurs familles en particulier, et à établir des partenariats avec eux afin de soutenir des solutions qui, une fois encore, sont définies par eux et pour eux. Ce que l'on apprend grâce à ce travail essentiel contribuera à définir des solutions pour toutes les personnes qui vivent dans les collectivités nordiques et éloignées.
En conclusion, je pense qu'il est clair que nous traversons une période difficile. Du point de vue de la prestation des services de santé, il est bien connu que les citoyens plus âgés ont tendance à utiliser le plus les services de santé. Étant donné que le premier baby-boomer aura 76 ans cette année, la nécessité de répondre aux besoins de la génération des baby-boomers et de la génération qui les a précédés, celle de mes parents, devient de plus en plus essentielle au quotidien. Ces générations définissent la société dans laquelle nous vivons aujourd'hui, ainsi que les générations qui les suivent. Elles, ainsi que les générations qui les suivent, ne méritent rien de moins que notre mieux collectif, au fur et à mesure que nous avançons dans ce travail critique pour créer une offre durable de ressources humaines en santé.
Lorsque nous pensons à la main-d'œuvre des fournisseurs de soins de santé, beaucoup d'entre eux sont fatigués, épuisés et frustrés et, comme nous l'avons entendu plus tôt aujourd'hui, subissent quotidiennement, voire constamment, de mauvais traitements aux mains des patients qu'ils essaient de servir.
Le rythme auquel ils quittent la main-d'œuvre augmente tout simplement à un rythme accéléré que nous ne pouvons pas soutenir. La pandémie a exacerbé la situation, mais elle ne l'a pas créée. La tendance va dans ce sens depuis des années. Nous devons faire participer les fournisseurs à la création de nouvelles solutions. Nous devons également comprendre qu'à mesure que de nouveaux professionnels arrivent sur le marché du travail, qu'ils soient formés ici ou recrutés à l'étranger, ils doivent être soutenus pour s'épanouir dans les milieux dans lesquels ils travailleront.
Ma dernière observation est une demande aux personnes représentées à ce comité: il nous faut une participation et d'un accord multipartite pour avancer de manière unifiée. Nous ne pouvons tout simplement pas nous permettre que les stratégies en matière de ressources humaines dans le secteur de la santé deviennent le prochain ballon de football politique. Nous devons travailler ensemble là‑dessus.
Merci beaucoup.
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Tout dépend du modèle privilégié dans chaque province et territoire. À certains endroits, les ergothérapeutes travaillent surtout dans le secteur public, mais suivant la structure du système et sachant qu'elle varie énormément d'un endroit à l'autre, ils fournissent aussi des services à l'extérieur de ce système. Par exemple, si le financement vient d'une société d'État, comme c'est le cas en Colombie-Britannique… Si je prends cet exemple, le financement vient d'un régime d'assurance personnel ou d'un organisme d'indemnisation des accidentés du travail, ou même du ministère des Anciens Combattants, et donc du fédéral. Dans ces régions, des ergothérapeutes sont des travailleurs indépendants en raison de la structure du système et parce qu'il peut y avoir plusieurs sources d'indemnisation.
On trouve les équipes de soins interprofessionnels dans le système public, et surtout en milieu communautaire, et il est clair que les ergothérapeutes ont leur place dans ces équipes. C'est quelque chose qui commence à émerger par vagues, mais pas de façon uniforme. L'approche est loin d'être uniforme, et cela dépend vraiment… Selon les échos que nous en avons, c'est un phénomène très régional et très tributaire des décisions prises dans les communautés.
Les ergothérapeutes ont certainement un rôle à jouer. Comme je l'ai mentionné tout à l'heure, notre souhait est que tous les Canadiens aient accès à des services d'ergothérapie. Une personne qui a un accident d'auto ou qui se blesse au travail ou dans un autre contexte devrait avoir accès à ce genre de services quand elle en a besoin, sans délai et sans avoir à faire des démarches sans fin pour trouver ces services. Dans certains cas, il n'y en a pas. Selon le système, l'accès à des services d'ergothérapie n'est tout simplement pas une option pour certaines personnes.
Il faut que les choses changent et que les ergothérapeutes fassent partie des équipes de soins primaires, aux côtés d'autres professionnels importants de la santé comme le personnel médical ou infirmier. Ils forment tous une équipe.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci à nos témoins de participer à notre réunion. Merci de votre travail, merci de votre résilience, et merci du soutien que vous avez offert à un très grand nombre de Canadiens durant la période la plus difficile qu'ils ont jamais vécue. En tout cas, cette période a certainement été la plus difficile pour les travailleurs de la santé du Canada.
J'ai deux questions. La première sera pour M. Coletto. Je ne vous ai pas choisi seulement parce que nous avons tous les deux fait de la course en bateau. Vous nous avez donné un témoignage vraiment poignant et je tenais à vous interroger sur les besoins des travailleurs de la santé et la manière dont nous pouvons y répondre pour rendre la profession infirmière attrayante pour les jeunes. C'est essentiel.
Il est tout aussi essentiel que le milieu de travail soit sûr. Après vous avoir entendu, vous et d'autres témoins avant vous, il est clair que ce n'est pas toujours le cas. J'en profite au passage pour souligner l'adoption récente du projet de loi , qui propose quelques mesures prometteuses. Notamment, il crée une infraction pour entrave ou empêchement de l'accès à des services de santé, ainsi qu'une infraction si une personne empêche un soignant de fournir ces services, notamment dans un contexte de prestation de soins.
Vous avez mentionné qu'il était difficile d'obtenir un congé de maladie. Je ne sais pas quelle était votre situation d'emploi à ce moment, mais le projet de loi ajoute 10 jours de congé de maladie par année civile.
Que pensez-vous de l'adoption de ce projet de loi? Que devrons-nous faire pour convaincre les jeunes de choisir la profession infirmière et rendre les milieux de travail sûrs et exempts du genre de harcèlement que vous nous avez décrit?
Encore une fois, je vous remercie du travail que vous avez accompli dans des conditions aussi pénibles.
C'est une première pour moi, alors je vous demanderais d'être indulgents si ma réponse n'est pas celle que vous attendez.
Pour ce qui concerne les agressions, il est impossible de les prédire. On ne sait jamais ce qui va se passer. J'ai reçu une formation sur l'intervention non violente en cas de crise, mais, dans une salle d'urgence, la situation peut tourner dans le temps de le dire.
Quand je travaillais à [difficultés techniques], un détenu d'un établissement fédéral s'est emparé de l'arme à feu d'un gardien et il a tiré. On ne s'y attendait vraiment pas. C'était terrifiant. Pour rendre la profession attrayante pour les jeunes… Je n'ai pas encore vu comment le projet de loi s'applique en milieu hospitalier. Les gens peuvent hurler, se mettre en colère et à [difficultés techniques] soudainement. Il faut être très alerte pour anticiper ce genre de comportements.
La réponse simple… Ce serait bien d'avoir toujours à proximité un employé qui interviendrait dès qu'une personne se mettrait à lever la voix ou à hurler. Ce n'est malheureusement pas toujours le cas. Il se peut que les autres infirmiers, médecins ou autres collègues soient trop loin pour intervenir rapidement…
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D'accord. Je serai brève.
En fait, nous n'avons aucune difficulté à trouver des candidats. Le nombre de demandes d'inscription en sciences infirmières est très, très élevé. Comme je l'ai dit, plus de 12 000 personnes ont obtenu leur diplôme depuis 5 ans. C'est du jamais vu. Le problème ne vient donc pas de la capacité d'attirer des candidatures, qui soit dit en passant sont de très grande qualité. Le problème tient à la capacité de les convaincre de ne pas quitter la profession, à l'attrition et au maintien en poste. Il n'est pas rare de voir des personnes quitter la profession après quelques mois seulement d'exercice.
Pour ce qui a trait aux personnes formées en sciences infirmières à l'étranger, la solution doit venir surtout des organismes de réglementation qui délivrent les permis d'exercice. Le processus est lent. L'évaluation prend beaucoup trop de temps. Je n'ai pas les statistiques ici, mais je crois que beaucoup de ceux qui ont reçu leur formation en sciences infirmières à l'étranger souhaiteraient exercer leur profession au Canada.
Je ne peux pas me prononcer sur les processus de réglementation et les exigences en matière d'évaluation. Toutefois, du point de vue de la formation, une solution serait… Il faudrait accélérer et uniformiser les programmes de transition qui sont souvent obligatoires pour le personnel infirmier formé à l'étranger. Je crois que l'Ontario a lancé des initiatives en ce sens, et qu'il y a eu une mesure gouvernementale en appui aux programmes de transition. C'est le genre de mesures qu'il faut prendre en considération pour accroître…
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Actuellement, tous les oncologues en exercice voient des patients qui devront malheureusement être orientés vers des soins palliatifs, alors que s'ils avaient été vus dès l'apparition de leurs symptômes il y a quelques mois, il aurait été possible de les guérir. Nous voyons ces choses-là tous les jours. Nous recevons des patients dont l'état de la maladie est beaucoup plus avancé que ce que nous voyions auparavant.
Cela affecte certainement le moral du personnel soignant, mais je n'ai pas de données à vous fournir à ce sujet.
Cela étant dit, nous sommes tous des professionnels, et nous demeurons réalistes. Nous ne pouvons pas nous attendre, en tant qu'oncologues, à guérir tout le monde. Il s'agit donc de voir ce qu'il est possible de faire. Présentement, nous offrons des traitements. Le problème crucial, c'est encore la porte d'entrée.
Avant la pandémie, au Québec, il y avait 100 000 patients en attente d'une coloscopie, le test de dépistage du cancer du côlon, et il y en a maintenant 150 000. Il faut donc des ressources pour répondre à ces besoins. C'est un défi majeur, mais il existe des solutions.
L'oncologie se trouve dans une situation très particulière. En chirurgie orthopédique, par exemple, le traitement est ponctuel, car il s'agit de remplacer un genou ou une hanche. Il est malheureux que des gens attendent pour subir leur intervention chirurgicale, parce que cela nuit beaucoup à leur qualité de vie, mais, une fois que l'intervention est faite, le problème est résolu. En oncologie, par contre, des études démontrent que, par période de 28 jours d'attente, on augmente de 4 % le taux de mortalité lié a au cancer du côlon. Ainsi, les périodes d'attente qui se prolongent sur plusieurs mois causent des répercussions considérables.
Si le médecin diagnostique un cancer précoce, soit un cancer de stade 1, il peut procéder à une intervention chirurgicale — même endoscopique. Il peut pratiquer une résection de la tumeur, et les chances de guérison sont de 80 %. Si la maladie est à un stade plus avancé, et qu'elle s'est propagée aux ganglions, il s'agit d'un cancer de stade 3. Sans chimiothérapie, les chances de guérison sont de l'ordre de 30 %. Par la chimiothérapie et la radiothérapie, on augmente ce pourcentage de guérison à 65 %, mais c'est au prix de traitements plus lourds. Cela sollicite davantage non seulement le patient, la personne qui souffre le plus, mais aussi les équipes de soins. De plus, la trajectoire de soins va durer des années, et il y aura des répercussions sur les plans économique, social et familial.
C'est vraiment une catastrophe dans le milieu de l'oncologie. Il faut s'assurer d'avoir les moyens nécessaires pour gérer la situation. Pour les patients qui peuvent être opérés ailleurs qu'à l'hôpital, par exemple pour une opération du genou ou de la hanche, il faut trouver des ressources médicales à l'externe. Nous gardons à l'hôpital les patients qui ont besoin de soins de santé liés à une chirurgie abdominale, ou encore à une chirurgie du thorax ou du côlon, par exemple.
Ces derniers mois et ces dernières années, nous constatons que la situation a été moins difficile dans le cas de certaines maladies. Les patientes souffrant d'un cancer du sein peuvent subir leur intervention chirurgicale à l'externe, dans une clinique ambulatoire. Il y a beaucoup moins de retards dans ce domaine que dans d'autres. La tendance a été de mettre en attente des cas de cancer chez des personnes âgées, mais ces cancers peuvent être tout aussi foudroyants que chez des sujets plus jeunes.
Nous sommes aussi en retard pour ce qui est du traitement de cancers de lavessie, notamment quant aux cystoscopies. Quant au cancer de la prostate, nous avons recommandé des traitements de radiothérapie à des patients qui auraient pu être opérés. Nous avons changé nos façons de faire, et nous nous sommes adaptés à la pandémie. Il y aura toutefois un prix à payer.
La situation est vraiment dramatique. Ce sont surtout les patients qui en souffrent. S'agissant du cancer du côlon, je vous ai dit plus tôt que, dans 20 % des cas, il y avait des retards de diagnostic en lien avec des chirurgies colorectales au Québec. Je vous ai aussi dit que nous nous attendions à ce que 9 400 Canadiens décèdent d'un cancer du côlon diagnostiqué en 2021. S'il y a une augmentation de la mortalité dans un groupe de population important comme celui-là, nous allons voir des dizaines, des centaines, des milliers de morts découlant de différentes maladies liées au cancer.
J'ai consacré une bonne partie de ma carrière à soutenir des personnes âgées qui choisissent de vieillir chez elles. C'est ce que souhaitent la plupart des personnes âgées que je rencontre.
Nous leur rendons visite à domicile, pour les rencontrer dans l'environnement où elles souhaitent vivre. Nous faisons une évaluation de cet environnement et des facteurs de risque, et nous analysons la manière dont les choses se passent dans le milieu de vie. Tout le monde n'habite pas un appartement à un étage, conçu pour faciliter l'accessibilité ou selon des normes universelles. La plupart du temps, il faut réaménager l'espace. Par exemple, il peut être nécessaire d'installer de l'équipement adapté dans les pièces où les risques de chute sont très élevés, comme la salle de bain, la cuisine ou la chambre.
Dans certains cas, il faut même apporter des modifications architecturales importantes pour que les personnes puissent rester chez elles. Beaucoup d'habitations ont des escaliers. Parfois, il faut installer un élévateur ou apporter d'autres modifications pour faciliter l'entrée. Là encore, nous appliquons des principes de conception universels, ce qui peut nécessiter de l'équipement. L'achat d'équipement doit aussi être pris en compte. Outre l'évaluation elle-même, les coûts englobent aussi l'installation d'équipement et les recommandations à cet égard pour un client.
Nous faisons aussi de l'éducation. Pour aider une personne à rester chez elle, il peut être nécessaire de lui expliquer comment le faire en toute sécurité.
De façon générale et selon mon expérience auprès de ces personnes, il faut faire de l'éducation et installer de l'équipement ou, dans certains cas, faire des modifications architecturales plus importantes, et il faut planifier et réaliser ces interventions dans les lieux où elles habitent.
Les données du gouvernement canadien indiquent que les blessures coûtent près de 27 milliards de dollars par année à notre économie. Selon l'Agence de la santé publique du Canada, les coûts annuels associés aux chutes chez les personnes âgées s'établissent à 2 milliards de dollars environ. Ce type d'interventions en amont… Nous devons être proactifs, faire des visites à domicile plus tôt, rencontrer les gens pour prévenir les chutes et les hospitalisations ou d'autres problèmes, les observer dans le milieu où ils vivent, travaillent, étudient, jouent. La prévention des blessures causées par des chutes représente selon nous la première ligne de défense.
De nombreuses études et publications attestent qu'une somme de 300 $ à 500 $ investie en amont peut faire une grande différence dans la vie d'une personne. Imaginez si nous pouvions nous rendre chez une personne et modifier son espace de vie afin de lui éviter une chute. Il y a aussi beaucoup de travail à faire dans le domaine de la promotion de la santé et du réaménagement du mode de vie.
Comme je l'ai dit, ce genre d'investissements proactifs, d'efforts en amont pour faire de l'éducation, du counselling…
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Je vais aborder la question du point de vue du recrutement dans les régions rurales.
Nous venons de la côte Est, et nous savons qu'il y a beaucoup de communautés rurales et que leur participation est essentielle. Une des choses que nous avons apprises ces cinq dernières années est que le recrutement, surtout dans les régions plus éloignées, exige la collaboration de tous les ordres de gouvernement, y compris les municipalités.
Nous avons compris que les personnes que nous recrutons ne travaillent pas seulement pour nos organismes, mais qu'elles travaillent pour l'ensemble de la communauté. L'expérience nous a appris que si une infirmière est recrutée, nous devons nous assurer que son mari trouvera un emploi. D'un point de vue culturel, les soignants doivent avoir un sentiment d'appartenance. Le recrutement à l'étranger exige de tenir compte de la culture des communautés si nous voulons favoriser le maintien en poste.
Une des expériences que j'ai eue et qui a été extrêmement déterminante pour faire venir et attirer des travailleurs dans les communautés rurales a été, grâce à une aide financière fédérale, de soutenir la mise en œuvre de stratégies novatrices, notamment dans le domaine de la prestation des services. Je pense entre autres au soutien par le fédéral d'un programme pilote de soins palliatifs dans les régions rurales du nord de la Nouvelle-Écosse. Ce projet a été à l'origine d'un excellent modèle de prestation des services en Nouvelle-Écosse et à l'Île-du-Prince-Édouard.
Pour revenir à votre question, il faut mettre à l'essai des solutions novatrices qui sont axées avant tout sur les défis particuliers des communautés rurales du pays.
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D'accord. Je suppose que tous les professionnels de la santé, dans leur travail auprès des gens, ont une valeur et une approche qui leur sont propres. En ergothérapie, un des piliers est la personne: qui elle est, ce qu'elle fait et ce qu'elle veut faire. Au confluent de l'individu, de toutes les activités qui lui importent, du lieu et du contexte où il les pratique.
Pour ce qui est du soutien en santé mentale, les ergothérapeutes appliquent un certain nombre de stratégies en fonction des buts visés par l'individu. On en revient toujours à ce que la personne veut faire, en s'y concentrant vraiment et en travaillant avec elle pour cerner les obstacles qui l'empêchent d'accomplir ces choses.
Essentiellement, les ergothérapeutes souhaitent systématiquement disséquer ces tâches et ces obstacles, pour ensuite chercher à surmonter les entraves. On peut classer leurs interventions en thèmes généraux reliés à l'éducation, au réapprentissage d'habiletés et à l'apprentissage de nouvelles habiletés, encore une fois en privilégiant toujours ce qui compte le plus pour l'individu. Il est absolument essentiel de puiser à la passion et aux désirs de l'individu. Selon l'étape où se situe cette personne dans son parcours de santé mentale, qu'il s'agisse d'un patient hospitalisé ou vivant dans la communauté, tout tourne toujours autour de ce qui compte le plus pour l'individu.
Les interventions peuvent grandement diverger. Il s'agit toujours d'abolir les barrières, de surmonter les obstacles et d'intégrer l'autonomie fonctionnelle. Si quelqu'un envisage de retourner au travail...
La question du recrutement international est intéressante, parce qu'auparavant le processus était beaucoup plus fluide. Nous avons ensuite passé au modèle réglementaire et fait affaire avec cette unique agence, qui, à ce que je comprends et comme l'a dit Mme Baker, est basée aux États-Unis.
En tant qu'observateur, ce dossier m'a toujours intéressé. J'ai travaillé avec des entités, comme le gouvernement de la Barbade et la University of West Indies, qui sont avides de conclure des partenariats qui leur permettent de faire venir des professionnels formés à l'étranger, qu'il s'agisse de médecins, d'infirmières ou d'autres professionnels, et dont les services sont jugés excédentaires par rapport aux besoins, pour s'associer avec des universités canadiennes afin de créer des voies d'accès spéciales que peuvent emprunter ces professionnels pour venir travailler ici sans affronter tous les obstacles habituels.
Encore une fois, pour répondre au point soulevé par M. Davies, je pense qu'il peut y avoir différentes voies d'accès pour les infirmières formées aux États-Unis, en Angleterre et en Europe, où il existe également de graves pénuries. Notre capacité à recruter ici le personnel infirmier est problématique, alors qu'il existe des entités, comme la University of West Indies, le gouvernement des Philippines ou d'autres encore, qui donnent de la formation. On y suit ce qu'on appelait auparavant les « normes d'agrément des examens », autrefois jugées acceptables. Ensuite, ces professionnels viendraient ici et suivraient un processus plutôt accéléré, comme l'a dit M. Davies, consistant en un programme de transition d'environ six mois prévoyant des cours bien précis.
La question est de savoir comment accélérer le processus de détermination des lacunes, puisqu'à l'heure actuelle il semble très lourd et bureaucratique.
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Merci de votre question. Comme je l'ai mentionné plus tôt, les ergothérapeutes partagent la même approche, soit déterminer ce que la personne a besoin de faire, veut faire et doit faire dans sa vie quotidienne, et surmonter certains des obstacles qu'elle rencontre. Quand on travaille avec des personnes autistes, principalement des enfants mais aussi des adultes autistes, on tient compte du développement. Nous travaillons en fonction d'objectifs adaptés au niveau de développement de l'individu, selon ses activités professionnelles ou autres.
Dans le cas des enfants, nous nous penchons sur leurs objectifs de jeu, ainsi que sur leurs habiletés de socialisation et d'interaction sociale. Sur le plan cognitif, nous examinons l'attention, la motricité et les auto-soins. Encore une fois, il s'agit de considérer les buts et les intérêts personnels.
Comme les autres professionnels de la santé, nous commençons par faire un bilan et une évaluation. Ensuite, nous proposons des interventions par traitement direct basées sur les activités en consultation avec la famille, surtout s'il s'agit d'enfants. Si l'enfant est scolarisé, nous travaillons avec ses éducateurs et, le cas échéant, avec ses aidants. Ces interventions peuvent toucher les besoins physiques, le traitement sensoriel et la santé émotionnelle dans tous les environnements.
Avec cette population, nous travaillons également sur les transitions, c'est‑à‑dire le passage d'une étape de développement à une autre, par exemple du primaire au secondaire, ou encore du secondaire à la vie autonome, au marché du travail ou aux études postsecondaires.
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Cette question recouvre des éléments que d'autres témoins et moi-même avons déjà mentionnés. Une de ces propositions consiste à adopter une approche proactive et préventive, à investir cet argent en amont pour empêcher au départ que les personnes ayant des maladies ou des affections évitables aient à entrer dans le système.
Prenons les chutes comme exemple. Les chutes coûtent cher. Nous en connaissons les coûts, les études abondent à ce sujet. Nous savons qu'il est possible de prévenir les chutes, et combien il faudrait investir en prévention. De nombreux chercheurs britanniques et américains proposent des modèles très novateurs et intéressants qui prônent une intervention dès la salle d'urgence, avant que la personne... Le patient s'est rendu à l'hôpital, mais avant d'obtenir un lit ou d'entrer dans le système, il peut bénéficier d'un triage avec une infirmière et un ergothérapeute. Le patient peut alors rentrer à la maison assez rapidement. Comme je l'ai mentionné, ces investissements préventifs peuvent être effectués dès le début du processus de traitement.
Un autre scénario serait l'adoption d'une approche interprofessionnelle dans ces équipes de soins primaires. Vous l'avez entendu aujourd'hui, il y a une forte demande en ce sens de la part du personnel infirmier, des collègues avec qui je travaille quotidiennement, et des médecins. Une ressource mal exploitée est la contribution à ces équipes des professionnels paramédicaux, y compris les ergothérapeutes. Ces modèles efficaces font l'objet de nombreuses études, qu'il me fera plaisir de vous faire parvenir ultérieurement.
Encore une fois, il se passe des choses vraiment intéressantes au Royaume-Uni. Lorsqu'on est à court d'argent et qu'on affronte tous ces problèmes de main-d'oeuvre, ce besoin peut faire à lui seul émerger tous ces modèles et projets avant-gardistes. Il me fera plaisir de vous envoyer certaines de ces études. Elles abordent également le rapport coûts-efficacité et le rapport coûts-avantages de ces initiatives, ainsi que leur retour sur investissement.
Je pense que le processus est très lent, inutilement lent. Il existe un portail national d'évaluation, le [difficultés techniques] d'évaluation nationale. Il faudrait travailler avec cet organisme national, parce qu'il regroupe toutes les instances de réglementation provinciales et territoriales. Je pense que s'il y avait un meilleur consensus national sur le processus et la façon de l'accélérer [difficultés techniques]. À mon avis, il faudrait commencer par là.
Comme je l'ai dit dans mon exposé, j'aimerais aussi voir une plus grande intervention nationale, pour standardiser et assouplir les programmes de transition. De toute évidence, certains postulants sont issus de réseaux de la santé très peu différents du nôtre, mais je pense que le processus consistant à cerner les lacunes puis à élaborer des programmes particuliers, des programmes flexibles, est un processus très long et très fastidieux qu'il conviendrait de remplacer par un programme de transition standardisé et plus simple.
Le Canada abrite aujourd'hui beaucoup d'expérience, au vu de ses besoins en personnel infirmier formé à l'étranger... L'adaptation doit en bonne partie se faire au niveau de la culture des différents réseaux de santé. On sait déjà beaucoup de choses sur la nature des besoins et la manière de les combler.
Ma réponse est peut-être un peu confuse, mais je pense que c'est un aspect très important.
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J'ignore si les données que nous recueillons permettent spécifiquement de mesurer cet aspect, mais j'en prends note et j'étudierai la situation. Comme dans beaucoup d'autres professions de la santé, notre effectif est à 93 ou 94 % féminin. Par conséquent, pour des raisons culturelles ou autres, ce sont encore largement les femmes qui assument le fardeau de la garde des enfants.
Dans l'emploi des ergothérapeutes, la tendance présente des pics et des creux. On y observe un taux d'emploi à temps partiel supérieur à la moyenne, qui s'explique en partie d'après nous par la garde des enfants, mais également par l'obligation d'aidance à l'autre extrémité du spectre, c'est‑à‑dire prendre soin des parents vieillissants. De plus, cette même population quitte la profession de façon un peu anticipée, pour diverses raisons.
Nous ne recueillons pas de données portant expressément sur la garde des enfants, mais la composition majoritairement féminine de notre profession nous permet certainement de tirer certaines conclusions, donc nous sommes au fait de ces pressions.
D'après mon expérience, dans mon coin de pays, il n'existe aucun programme qui vient en aide à nos grandes régies de la santé, comme la régie de la côte de Vancouver et les autres grandes régies régionales du Nord et de l'Île. Mais nous étudierons de près l'impact sur ce secteur.