Bienvenue à la réunion no 120 du Comité permanent de la santé de la Chambre des communes.
Avant que nous ne commencions, j'aimerais demander à tous les députés et à tous les témoins qui participent en personne de bien vouloir consulter les cartons sur la table afin de connaître les directives sur la prévention des incidents acoustiques.
Sachez que les mesures préventives suivantes ont été mises en place afin de protéger la santé et la sécurité de tous les participants, y compris les interprètes. Utilisez seulement une oreillette noire approuvée. Vous ne devez plus utiliser les anciennes oreillettes grises. En tout temps, évitez d'approcher votre oreillette des micros. Si vous n'utilisez pas votre oreillette, placez‑la face à l'envers sur l'autocollant sur la table prévue à cette fin. Merci de votre coopération.
Conformément à la motion de régie interne, j'informe le Comité que tous les témoins qui participent à distance ont réussi les tests de connexion requis avant la réunion.
Nous avons eu avec M. Powlowski un problème que nous essayons de régler. Pendant que nous faisons cela, nous ne retarderons pas les travaux, si possible.
Conformément à l'article 108(2) du Règlement et à la motion adoptée le 8 novembre 2023, le Comité reprend son étude sur l'épidémie d'opioïdes et la crise des drogues toxiques au Canada.
J'aimerais souhaiter la bienvenue à nos témoins. Les témoins suivants témoignent à titre personnel: M. Bohdan Nosyk, professeur et titulaire de la chaire CANFAR/St. Paul's Hospital de la recherche sur le VIH/SIDA, Faculté des sciences, Université Simon Fraser; M. Benjamin Perrin, professeur, Faculté de droit Peter A. Allard, Université de la Colombie-Britannique; et M. Julian Somers, psychologue clinicien et professeur distingué, Faculté des sciences de la santé, Université Simon Fraser.
[Français]
Finalement, nous recevons Mme Catherine Jutras, consultante en prévention des surdoses. Elle agit à titre de représentante pour Arrimage Jeunesse et pour le Mouvement de la relève d'Amos-région.
[Traduction]
Tous nos témoins sont avec nous aujourd'hui par vidéoconférence. Nous allons leur demander de présenter une déclaration préliminaire de cinq minutes, dans l'ordre respectant l'avis de convocation.
Nous allons commencer par M. Nosyk.
Bienvenue au Comité. Vous avez la parole.
Bonjour.
Je m'adresse à vous aujourd'hui depuis le territoire non cédé des nations Musqueam, Squamish et Tsleil-Waututh.
Une grande partie de mon travail a été d'évaluer les traitements pour les troubles liés à la consommation d'opioïdes. J'aimerais donc vous faire part de certaines données à jour et de certains points de vue sur le sujet, en m'attachant aux opioïdes en particulier.
De manière générale, il existe trois options de traitement: la pharmacothérapie ambulatoire, c'est‑à‑dire le traitement par agonistes opioïdes, ou TAO, la désintoxication à court terme et les soins de longue durée en établissement. Ces deux dernières options peuvent aussi comprendre une pharmacothérapie. Des rapports sont produits de manière systématique et sont accessibles aux chercheurs indépendants comme moi, à des fins d'analyse, seulement pour une seule de ces trois options de traitement, le TAO. La pharmacothérapie comprend l'utilisation de la méthadone, de la buprénorphine, de la morphine à libération lente prise oralement, etc., qui sont prescrites dans des cliniques externes et délivrées en pharmacie dans la collectivité.
En date de mars 2024, un peu plus de 24 000 personnes avaient eu accès à une forme ou une autre de TAO en Colombie-Britannique. Malheureusement, le nombre de personnes qui ont poursuivi leur traitement a chuté au cours des 12 dernières années. Même s'il s'agit d'une situation complexe, un aspect fondamental est que nous n'avons pas augmenté nos doses quotidiennes pour répondre à la tolérance élevée de nos clients, qui consomment aujourd'hui du fentanyl plutôt que de l'héroïne. Depuis tout récemment, les médecins utilisent la pharmacothérapie en même temps qu'ils diminuent les doses de benzodiazépine de leurs patients. L'élimination de la quote-part pour les traitements et le fait de combiner une ordonnance d'hydromorphone à la pharmacothérapie, comme nous l'avons appris par hasard dans le cadre du programme d'approvisionnement plus sécuritaire, ont mené à une augmentation du nombre de patients qui poursuivent leur pharmacothérapie, même s'il reste encore beaucoup de choses à faire pour améliorer cette forme de traitement.
La désintoxication à court terme, en soi, ne repose sur aucune donnée probante. Il s'agit plutôt d'un moyen de stabiliser le patient et de l'aiguiller vers des soins continus après qu'il a reçu son congé de l'hôpital. Les données sont récoltées par les autorités sanitaires, mais elles ne sont pas systématiquement reliées aux autres ensembles de données provinciaux. J'ai participé à un projet où, en 2017, nous avons pu faire des liens entre les données, et les résultats pour les patients ayant une dépendance aux opioïdes étaient médiocres. Les taux de réadmission en cure de désintoxication ou d'admission aux urgences étaient élevés, et seulement environ 40 % des patients ayant une dépendance aux opioïdes ont eu accès au TAO après avoir reçu leur congé de l'hôpital. Je crois qu'il s'agit des seules données publiées sur les résultats des traitements de désintoxication au Canada. Je vous invite tous et toutes à vérifier.
Les données sur les établissements de traitement résidentiel spécialisé en Colombie-Britannique sont également recueillies en vase clos. Elles sont détenues soit par les autorités sanitaires, soit par les cliniques privées à but lucratif. Nous savons qu'il y a plus de 3 600 places dans les centres de traitement financés par les fonds publics en Colombie-Britannique, même si ces places ne sont pas exclusivement réservées aux personnes ayant une dépendance aux opioïdes. Nous savons très peu de choses quant aux résultats pour les patients qui ont accès à cette forme de soins en Colombie-Britannique, que ce soit au moment où ils reçoivent leur congé ou après. Il est important de surveiller les résultats après le congé, car nous avons constaté que la période de transition dans la collectivité peut être difficile et que nous avons probablement besoin de plusieurs échelons de soutien, y compris des logements et d'autres soutiens sociaux, une fois que les patients reçoivent leur congé.
Mais que savons-nous des résultats des patients ayant une dépendance aux opioïdes, qui ont été pris en charge par un centre de soins en établissement? Il y a eu deux études systématiques publiées en 2019, l'une par l'Agence canadienne des médicaments et des technologies de la santé et l'autre par la revue scientifique Drug and Alcohol Dependence. Même si les deux études ont conclu qu'il y avait des résultats positifs, ces études ne portaient que dans une mesure très limitée sur les gens ayant une dépendance aux opioïdes. Les résultats étaient contradictoires pour cette population, et aucun patient ne consommait du fentanyl.
Nous avons donc plus de questions que de réponses. Nous devons connaître les résultats à court terme et à long terme concernant les gens qui ont reçu des soins en établissement pour une dépendance aux opioïdes ainsi que disposer d'une définition mesurable de la réadaptation. Nous avons besoin de recueillir des données sur les patients qui obtiennent des résultats positifs grâce à ces services, de comprendre quel pourcentage de la population a recours à ces services et de veiller à ce que l'accès soit équitable, au moins du point de vue géographique, de l'origine ethnique et économique. Nous devons connaître quels sont les besoins en personnel et quel est le niveau de financement nécessaire pour sensibiliser notre population cible. Est‑il possible de fournir un accès à l'échelle du pays? Enfin, nous devons évaluer et adapter continuellement notre approche à mesure que les besoins de nos clients évoluent.
J'aimerais souligner, à ce sujet, qu'il n'existe pas de services adaptés à tous les besoins. Grâce à la subvention que nous avons obtenue dans le cadre du Programme sur l'usage et les dépendances aux substances de Santé Canada, nous avons constaté que le besoin insatisfait le plus important concerne peut-être les personnes enceintes ayant une dépendance aux opioïdes. Jusqu'à ce que l'hôpital St Paul's ouvre, plus tôt cette année, un service de traitement périnatal pour les personnes ayant un trouble lié à l'usage d'une substance psychoactive, il n'y avait que 13 places en unité périnatale pour les personnes ayant un TUS en Colombie-Britannique, et je ne parle même pas seulement de la dépendance aux opioïdes, mais bien de tous les troubles liés à l'usage d'une substance psychoactive. Douze de ces 13 places étaient à Vancouver, il n'y en avait aucune dans le Nord, où la prévalence de la dépendance aux opioïdes chez les femmes enceintes est 2,7 fois plus élevée qu'à Vancouver. Cette information provient d'un article actuellement soumis à un comité de lecture.
Pour que ce soit clair, il n'y a aucun territoire en Amérique du Nord qui a, jusqu'ici, réussi à intervenir contre l'arrivée du fentanyl dans le marché de la drogue illicite. Ni la Colombie-Britannique, ni l'Alberta, les provinces aux prises avec la prévalence la plus élevée de consommation de fentanyl, n'ont réussi. Je crois fermement que les décisions doivent s'appuyer sur les données probantes, et que le système de santé doit constamment apprendre. Cela veut dire que nous devons apprendre de nos réussites et de nos échecs.
Dans l'intérêt des sept personnes de plus qui mourront d'une surdose aujourd'hui seulement en Colombie-Britannique, je vous implore de mettre de côté vos idéologies, vos croyances politiques et vos ambitions et de vous concentrer sur la véritable ampleur de ce problème ainsi que sur les besoins de ces gens. L'une des mesures constructives que votre comité peut prendre est de recommander — idéalement, d'exiger — la divulgation systématique des résultats pour toutes les formes de traitement de TUS, même si je reconnais, bien sûr, que cela soulève des questions juridiques complexes. Nous devons apprendre les uns des autres pour intervenir adéquatement contre cette crise qui ne faiblit pas et qui continue d'évoluer.
J'ai mis à la disposition du Comité chacune des références que j'ai utilisées dans ma déclaration.
Merci beaucoup.
:
Merci, monsieur le président.
Bonjour. Je m'appelle Benjamin Perrin, et je suis professeur de droit à l'Université de la Colombie-Britannique.
Il y a 10 ans, j'étais conseiller principal en matière de justice pénale et de sécurité publique pour le premier ministre conservateur Stephen Harper. J'ai appuyé le programme de répression du crime et la guerre contre la drogue, mais j'ai fini par comprendre que ce point de vue reposait sur un mélange toxique d'ignorance et d'idéologie. Mon cœur était dur, et mon esprit, fermé.
Qu'est ce qui a changé? J'ai rencontré des gens qui ont été profondément touchés par la crise de la drogue sans précédent et anarchiste que nous traversons présentement. J'ai rencontré des gens qui consomment de la drogue et des familles qui avaient perdu un être cher. J'ai rencontré des groupes comme Moms Stop the Harm, qui ont demandé plusieurs fois de rencontrer certaines personnes comme , le chef de l'opposition officielle, lequel refuse pourtant de même écouter ce genre de parents courageux. J'ai visité des sites de prévention des surdoses et des cliniques qui fournissent des substances réglementées pour remplacer les drogues produites par le crime organisé, des endroits que, à ma connaissance, certains membres de votre comité refusent de même visiter. J'ai lu personnellement des études et des articles révisés par les pairs. J'ai questionné des policiers, des procureurs, des avocats de la défense, des juges, des agents des services frontaliers, des chefs autochtones, des experts en santé publique, des organismes à but non lucratif, des pairs et des médecins spécialisés en toxicomanie.
Ma foi en Jésus Christ a ouvert mon cœur aux personnes qui souffrent dans notre société: les marginaux, les opprimés, les stigmatisés et les parias. Je rappellerais à ceux qui partagent ma foi, ou qui le prétendent, que Jésus est venu trouver et sauver les âmes perdues, et non pas pour les condamner et les punir. Il a dit: que celui qui n'a jamais péché lance la première pierre.
Mon cheminement, cette incroyable transformation, m'a amené à changer complètement d'opinion sur ces questions. Je recommande à présent, depuis de nombreuses années, une approche empathique, axée sur les données probantes. J'aimerais mettre en relief cinq besoins urgents. Il y a aussi de nombreuses autres recommandations pour le moyen et le long terme, mais je vais insister sur ces cinq dans le peu de temps qui m'a été accordé.
Premièrement, la naloxone, l'antidote temporaire contre l'empoisonnement aux opioïdes, doit être généralement accessible, et les gens doivent être formés pour l'utiliser. La naloxone sauve des vies.
Deuxièmement, nous devons faire en sorte que tous les Canadiens aient accès à un lieu sûr où ils peuvent consommer des substances, où ils peuvent recevoir des soins médicaux d'urgence sans craindre de poursuites pénales. De janvier 2017 à janvier 2024, plus de 400 000 Canadiens ont eu recours à ces services vitaux de consommation supervisés, où le personnel est intervenu dans plus de 55 000 cas de surdose. Aucune personne n'est décédée. Au total, 470 000 renvois ont été faits à ces endroits vers des services de santé et de soutien social. Comme l'a déclaré la Cour suprême du Canada dans un arrêt unanime en 2011, les sites de consommation supervisés sauvent des vies, et leurs bienfaits ont été démontrés.
Toutes les sources que j'ai mentionnées ont été transmises à la greffière du Comité.
Troisièmement, il faut que des substances réglementées remplacent les substances toxiques, contaminées et non réglementées qui tuent des Canadiens. Plus de 42 000 personnes sont mortes au pays entre 2016 et septembre 2023, durant la crise, mais à présent, la mésinformation et les mensonges ne peuvent plus dissimuler la vraie raison de ces décès. Le fentanyl illicite, produit par le crime organisé, y compris ici au Canada, en est la cause principale. Le fentanyl est détecté dans 82 % des analyses toxicologiques post-mortem. Un approvisionnement réglementé pourrait comprendre de prescrire des substances de remplacement, des clubs de compassion ou une consommation supervisée sans frais, des substances de remplacement réglementées, avec paiement exigé si la personne l'emporte ainsi que d'autres options. Ceux qui s'opposent aux solutions de remplacement réglementées condamnent les Canadiens à risquer leur vie en consommant des drogues non réglementées produites par le crime organisé. Les substances de remplacement réglementées sauvent des vies.
Quatrièmement, nous devons traiter ces problèmes comme une urgence de santé publique. Il ne s'agit pas seulement d'un problème de justice pénale. Criminaliser les personnes qui consomment des drogues est cruel, inefficace et mortel. Le risque pour une personne ayant un trouble lié à la consommation d'opioïdes est 50 fois plus élevé en détention. Pour beaucoup d'entre eux, c'est donc l'équivalent d'une condamnation à mort.
Cinquièmement, les Canadiens ont besoin d'options de traitement et de réadaptation qui répondent à cinq exigences clés. Ces options doivent être fondées sur les données probantes, être rapidement accessibles, être financées par l'État, être réglementées, et, enfin, être adaptées aux traumatismes et à la culture. D'un point de vue médical, un traitement uniquement fondé sur l'abstinence n'est pas recommandé. Les études, y compris celle dans le British Medical Journal, montrent que le risque de décès est plus élevé chez les personnes qui ont suivi un programme de désintoxication de 28 jours, parce qu'il s'agit, encore une fois, d'une maladie chronique récurrente et que leur tolérance a diminué rapidement pendant la période de désintoxication forcée ou volontaire, ce qui fait qu'une rechute peut être mortelle.
Ce faux débat entre la réduction des méfaits et le traitement n'est qu'un faux-fuyant. Les deux sont nécessaires. Les gens doivent être en vie pour suivre un traitement.
Pour conclure, je conviens qu'aucune province ni aucun territoire au Canada n'a complètement mis en œuvre toutes ces recommandations fondées sur les données probantes.
Je vous recommanderais instamment, si vous avez comme objectif d'être réélus et de conserver le pouvoir, de consulter les données des sondages. Si votre objectif est de sauver des vies, je vous recommande fortement de lire les études et d'écouter les gens qui sont le plus touchés par cette crise.
Merci.
Je m'appelle Julian Somers. Je suis moi-même en rétablissement à long terme. Je suis psychologue clinicien agréé et professeur émérite distingué à l'Université Simon Fraser. J'ai commencé ma carrière de clinicien à l'hôpital Riverview de Colombie-Britannique en 1987, où j'ai fait ma formation dans le domaine de la recherche sur la toxicomanie et de la pratique clinique auprès des psychologues Bruce Alexander et Alan Marlatt.
J'ai été responsable de la formation clinique dans des services de psychologie et de médecine et j'ai dirigé trois centres universitaires de recherche clinique et appliquée. J'ai réalisé des études principalement sur la réduction des méfaits et sur la guérison des toxicomanies, un problème souvent associé aux maladies mentales chez les jeunes ainsi que chez les personnes itinérantes, qui ont souvent des démêlés avec le système de justice. J'ai aussi dirigé des programmes de soins primaires et de télésanté à l'échelle de la Colombie-Britannique, de l'Alberta et du Nord.
Je suis ici aujourd'hui pour témoigner au sujet de l'approche dangereuse et déséquilibrée que la Colombie-Britannique a adoptée relativement à ses politiques en matière de dépendance: elle priorise la libéralisation et la légalisation des drogues, tout en mettant largement de côté la prévention et la guérison de la toxicomanie. Cette approche a été soutenue par un groupe influent d'anciens et d'actuels fonctionnaires du domaine de la santé, dont les intérêts financiers et ce qu'ils défendent se recoupent.
Comme l'ont rapporté plusieurs journalistes, les politiques de la Colombie-Britannique relativement à la drogue ont été façonnées durant de nombreuses années par un réseau de fonctionnaires et de chercheurs universitaires qui, précédemment, avaient étudié de près les interventions pharmaceutiques contre le VIH-sida.
Les principaux acteurs étaient notamment l'ancien responsable provincial de la santé, le Dr Perry Kendall, et le directeur scientifique de la Fondation Michael Smith, le Dr Martin Schechter, le cocréateur du fournisseur d'héroïne Fair Price Pharma. L'ancien vice-responsable provincial de la santé, le Dr Mark Tyndall, a créé la MySafe Society, qui vend des opioïdes dans des machines distributrices. Le Dr Evan Wood a lancé une entreprise pharmaceutique et a dirigé le Centre on Substance Use de la Colombie-Britannique — le BCCSU — qui était une entité du Centre for Excellence in HIV/AIDS. Le directeur actuel du BCCSU, le Dr Thomas Kerr, a récemment été impliqué dans un stratagème pour bloquer et réduire au silence certains conférenciers lors d'un congrès où j'ai pris la parole. Le BCCSU fournit annuellement un financement important au Vancouver Area Network of Drug Users — le Réseau des consommateurs de drogue dans la région de Vancouver ou VANDU — et d'autres groupes alliés. Il a aussi participé à la recherche du Drug User Liberation Front — le Front de libération des consommateurs de drogue, ou DULF — relativement aux activités d'achat, d'analyse et de vente de drogues illégales de cette organisation. Une affaire judiciaire opposant DULF et VANDU au gouvernement fédéral est en attente d'une décision. Dans cette affaire, DULF et VANDU ont demandé une exemption au titre de l'article 56 afin de pouvoir acheter et distribuer légalement des drogues, y compris de l'héroïne, de la cocaïne et de la méthamphétamine. L'année dernière, la police de Vancouver a effectué une descente chez DULF et a fermé l'organisation. Selon les rapports, le Dr Kendall avait discuté avec DULF afin de fournir de l'héroïne à cette organisation. L'actuelle responsable provinciale de la santé de la Colombie-Britannique, la Dre Bonnie Henry, est la protégée du Dr Kendall et collabore à ces mesures malavisées. Dans son rapport défendant la décriminalisation, elle a écrit: « Alors que le nombre de surdoses augmente à l'échelle du pays et dans le monde entier, les gouvernements se tournent vers la Colombie-Britannique pour son leadership et ses conseils. La province est prête à se montrer à la hauteur de la situation ».
Le BCCSU a une influence considérable sur les politiques publiques, lesquelles sont axées de manière dangereuse et déséquilibrée sur les produits pharmaceutiques. Les substances représentent une part relativement petite des politiques et des services visant à réduire les méfaits liés aux dépendances. De plus, le BCCSU semble avoir comme priorité la légalisation des drogues. Le Dr Kendall a été le codirecteur général du BCCSU après avoir pris sa retraite en tant que responsable provincial de la santé. Malgré certains rapports publics concernant des conflits d'intérêts apparents, je ne suis au courant d'aucune mesure qui aurait été prise pour enquêter sur la façon dont les politiques actuelles représenteraient un avantage pour les personnes concernées.
Mes efforts visant à présenter des données pertinentes ont suscité une vive opposition dans ma province natale de la Colombie-Britannique. En 2022, j'ai codirigé une revue rapide à propos de l'approvisionnement sécuritaire soulignant la faiblesse des données, les risques probables, y compris le détournement des drogues, et les interventions de rechange qui s'appuient sur des données solides. Le BCCSU a réagi en tenant une conférence de presse et en envoyant une lettre ouverte nous accusant de mener des recherches de piètre qualité, ce qui est tout à fait faux. Ils ont aussi attaqué mon intégrité et ont commandité des plans visant à perturber des événements où je prenais la parole et à me faire expulser en tant que conférencier. Il s'agit là des méthodes employées par des militants et non pas par des scientifiques.
En mars 2021, j'ai présenté aux sous-ministres de la Colombie-Britannique des données probantes concernant la toxicomanie. Une semaine après, j'ai reçu une lettre m'ordonnant de détruire immédiatement l'intégralité de notre base de données, contenant plus de 20 années d'étude sur des centaines de milliers de personnes en Colombie-Britannique. Fait encore plus étonnant, le gouvernement de la Colombie-Britannique a ensuite menti au sujet de ce qu'il avait fait.
Je continue de prendre la parole, parce que j'estime avoir une responsabilité. Dans certaines régions du pays, les programmes publics empirent la souffrance plutôt que de la calmer. Nous devons rediriger nos efforts vers la prévention et la guérison de la toxicomanie.
Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de témoigner.
Merci.
Je voudrais tout d'abord vous remercier de m'avoir invitée à comparaître devant vous. Je n'ai pas l'habitude d'avoir une telle tribune. En effet, ça fait près de 20 ans que je travaille avec les gens sur le terrain et j'ai été travailleuse de rue pendant 12 ans, côtoyant au quotidien des gens qui vivent les problèmes dont on parle aujourd'hui. Je n'ai donc pas l'habitude de faire ce genre d'intervention et je suis un peu stressée, mais je vais faire de mon mieux.
On m'a invitée à comparaître aujourd'hui parce que j'ai fait une recherche pendant un an et demi. J'ai commencé cette recherche à la fin de l'année 2021 et je l'ai terminée en 2023. Dans le cadre de mes travaux de recherche, je suis allée sur le terrain pour documenter la réalité des personnes qui utilisent les substances, dans le but de faire rayonner l'humain qui se trouve derrière ce problème. On parle souvent de ce problème avec des chiffres des données probantes, notamment, mais j'ai souvent l'impression qu'on oublie l'humain qui est derrière. Tout ce phénomène est extrêmement complexe. Je voulais donc faire ressortir ce point. Comme j'ai eu la chance de côtoyer des gens pour mettre en lumière ce phénomène, j'ai donc eu accès à leur histoire et j'ai pu nouer des liens de confiance avec eux.
Dans les études qui sont menées, j'ai vraiment l'impression qu'on n'arrivera jamais à obtenir les données réelles tant qu'il y aura autant de tabous autour de ce problème. Ces tabous et la stigmatisation sont des éléments qui ont été relevés, et qui viennent cacher, comme de grosses œillères, la réalité qu'on côtoie, qu'on ne côtoie pas ou qu'on côtoie en parallèle.
J'ai transmis les données de mon étude à la greffière pour que vous puissiez en prendre connaissance. Je parle d'une étude et de recherches, mais c'est vraiment en toute humilité. J'ai mené mes recherches dans le milieu communautaire, pas en lien avec une université.
Qu'est-ce qui m'a poussé à mener cette étude? J'ai commencé mon étude en allant rejoindre les gens sur le terrain. J'ai participé à 29 discussions dirigées, pas vraiment des entrevues, avec des gens qui consomment des substances. J'ai rencontré toutes sortes de gens, autant des sans-abri que des gens de la vie courante qui consomment des substances. J'ai parlé à un conseiller municipal, à des familles monoparentales et à des personnes travaillant dans les mines. Il y a toutes sortes de profils de gens qui consomment des substances. Or, une personne m'a dit une phrase qui m'a marquée, et c'est d'ailleurs ainsi que je commence mon étude. Cette personne m'a dit qu'elle ne voulait pas devenir une statistique, le numéro qu'on devient si on meurt d'une surdose. C'est vraiment cette phrase qui a donné le coup d'envoi à mon étude.
Qu'est-ce qui ressort de cette étude? J'ai rejoint directement 29 personnes. J'ai parlé avec 14 intervenants de 11 services différents en Abitibi—Témiscamingue, qui est la région d'où je viens. J'ai rejoint plus d'une centaine de personnes aussi par l'entremise de différents sondages. Ce qui ressort de cette étude, c'est évidemment la complexité du phénomène.
J'ai envie de vous inviter à examiner ce phénomène sous un autre angle. La consommation de substances peut être perçue comme une situation problématique en soi. Toutefois, on voit beaucoup de gens sur le terrain consommer ces substances pour traiter un autre problème. Quand on parle de la complexité de ce phénomène, il s'agit d'examiner l'ensemble du problème. Plutôt que de s'arrêter au fait que la substance cause tel problème, il faut se demander et essayer de comprendre pourquoi les gens consomment ces substances. Pour ce faire, il faut les écouter. Dans le fond, les experts de cette réalité, ce sont ces gens qui consomment ces substances. Ce sont eux qui pourraient vous expliquer pourquoi ils les consomment. On ne peut pas faire de généralisation, car chaque individu a sa raison de consommer ces substances.
Il faut travailler sur ce problème en amont. À mon avis, il y a deux sphères: il y a la prévention, dont on parle beaucoup, et la réduction des méfaits. Il faut aborder les deux en parallèle, parce qu'elles ne répondent pas au même objectif. Cela dit, au bout du compte, la vision et les visées sont les mêmes, mais le travail doit être fait en parallèle.
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Le temps passe vite, monsieur le président. Je vais donc conclure mon allocution, mais ça me fera plaisir de préciser ma pensée en répondant aux questions des membres.
Le message que je veux vous transmettre, c'est de tenir compte de la complexité de la question et de respecter le rythme de chaque personne. J'ai souvent l'impression qu'on souhaite régler une situation en casant les personnes dans un horizon prédéterminé, mais le rythme individuel est très important pour chaque personne souhaitant un rétablissement. En effet, il faut garder en tête le fait que ce ne sont pas toutes les personnes qui consomment des substances qui ont des problèmes.
On peut agir assez simplement en matière de réduction des méfaits en facilitant l'accès à l'analyse des substances. Selon moi, le problème, c'est que les personnes ne savent pas ce qu'elles consomment et qu'elles subissent les effets de la toxicité ou de la contamination, ce qui augmente les cas de surdose. Faciliter l'accès à l'analyse des substances pourrait être un pas dans la bonne direction.
Je vais m'arrêter ici, mais j'invite les membres à me poser des questions.
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Le cœur du problème demeure le même. Il s'est même aggravé, surtout ici en Colombie-Britannique, comme vous l'avez laissé entendre. Si vous consultez des graphiques dans les rapports de coroner de la Colombie-Britannique, vous verrez que non seulement nous continuons d'avoir des niveaux élevés et persistants de fentanyl illicite selon les analyses toxicologiques post-mortem, mais que le niveau de benzodiazépines a continué d'augmenter de façon régulière et de plus en plus vite.
C'est un élément important à prendre en considération quand nous examinons les raisons pour lesquelles le taux de décès reste constant, comparativement, malgré certaines des mesures prises.
Je crois que ce qui a surtout changé, depuis 2020-2021, c'est que nous assistons présentement à un grand mouvement d'opposition contre les mesures fondées sur les données probantes qui, nous le savons, sauvent des vies. Il s'agit plus précisément des sites de consommation supervisés, de l'approvisionnement plus sécuritaire réglementé et de la manière dont on traite les personnes ayant un troublé lié à la consommation de substances: il faut les traiter comme des personnes plutôt que comme des criminels.
Quand j'ai écrit Overdose, pour être très honnête, je me suis même dit que je perdais mon temps avec quelques-uns des chapitres dans ce livre où je défendais les raisons pour lesquelles nous avons besoin de sites de consommation supervisés et pourquoi nous avons besoin de substances de remplacement aux drogues toxiques. À l'époque où j'ai écrit cela, je croyais que cela allait de soi, et que c'était la direction que nous avons prise. Aujourd'hui, nous voyons les choses aller directement dans le sens inverse.
Ce qui me préoccupe au plus haut point, présentement, ce sont la mésinformation et les mensonges qui bloquent les interventions pouvant sauver des vies.
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Merci, monsieur le président.
Madame Jutras, vous n'avez pas à rougir ni à vous excuser de votre gêne. Je trouve important que nous puissions avoir la vérité du terrain, en plus des témoignages des experts que nous avons reçus, au-delà du mélange toxique d'ignorance et d'idéologie dont parlait justement M. Perrin. Cette vérité est subjective, bien sûr, mais il est important que nous puissions, par votre voix et votre travail, entendre et écouter ce que ces êtres humains ont à nous dire, afin que nous puissions en tirer des leçons et ajuster nos pratiques face à cette souffrance.
Monsieur le président, si Mme Jutras le permet, au bénéfice du Comité, j'aimerais qu'elle dépose son étude qualitative pour que nous puissions nous y référer. Si elle accepte de le faire, j'aimerais que ce soit un document de référence au Comité.
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J'ai un exemple qui est assez marquant. Quand je cherchais des témoins qui voulaient bien me parler de leur vécu, il y en a eu un, un parent que je ne connaissais pas, qui m'a confirmé que ça n'avait pas de sens et qu'il fallait en parler. C'était une personne monoparentale avec deux enfants, dont un demandait beaucoup d'attention. Ce parent-là avait une peur vraiment incroyable. Ce n'est pas pour rien que je dis « ce parent-là », parce qu'il m'a transmis un peu sa peur. Je ne peux pas dire si c'est une maman ou un papa, parce que j'ai trop peur de l'identifier. Je respecte donc son anonymat. Pourtant, ce parent-là pourrait être représentatif de beaucoup de parents dans la même situation.
Ce parent-là a, dans sa famille, des intervenants et des policiers. Personne de sa famille ou de son entourage ne sait qu'il consomme des substances et prend de 8 à 10 comprimés d'amphétamine par jour dans le but d'être un bon parent. Cependant, cette personne n'y arrive pas, elle n'est pas capable, elle n'a pas l'énergie, et elle ne réussit pas sous cette espèce de pression sociale démesurée d'être le meilleur parent possible, pression que vous devez connaître aussi. Or, cette personne qui consomme de 8 à 10 comprimés d'amphétamine par jour ne va pas chercher de services. Cette personne m'a dit que, si on lui enlevait ses enfants, ce serait la fin pour elle. Elle a donc une peur incroyable d'aller demander des services, une peur de parler. Je sentais le tremblement dans sa voix quand cette personne-là me parlait, elle qui se prive d'un paquet de services par peur.
Il y a aussi la stigmatisation, qui va encore plus loin avec l'autostigmatisation. À un moment donné, on intègre ces discours-là. Je pense à une autre personne, qui était très impliquée dans la communauté, une intervenante qui a aidé plein de gens, mais dont la vie a basculé. Maintenant, elle consomme des substances par injection et elle s'est fait traiter en pleine rue de déchet humain. C'est une personne qui a tant aidé la communauté, mais qui a intégré ces discours-là: quand on lui ouvre des portes et qu'on lui dit de venir, elle répond qu'elle ne le mérite pas.
Il y a aussi le cas d'une autre personne qui a demandé de l'aide un moment donné. Dans mon étude, je parle du fait qu'il n'y a pas de mauvaise porte à laquelle aller frapper pour demander de l'aide. Or, cette personne connaissait un centre de réadaptation, mais ne connaissait pas toute la bureaucratie en jeu. À un moment donné, pendant une soirée où elle consommait, elle s'est dit qu'elle n'était plus capable et qu'il fallait qu'elle arrête, que ça n'avait pas de sens. Elle est donc allée frapper à la porte du centre, parce qu'elle savait que c'était là où des amis étaient allés. On lui a répondu qu'elle ne pouvait pas venir là, qu'il fallait qu'elle suive le processus habituel et qu'elle aille à l'accueil du centre local de services communautaires. Cette personne-là n'a pas critiqué le système. Elle s'est plutôt dit qu'elle ne méritait même pas d'être soutenue par un organisme qui s'occupe de dépendance et qu'elle ne valait vraiment rien. Puis, elle est partie consommer. Voilà un exemple d'intégration des messages de stigmatisation.
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Il y en avait beaucoup, au comité d'experts sur l'usage de substances. Tout à fait. Nous parlons de gens qui ont reçu une formation en matière de dépendance.
Vous avez aussi soulevé la question du conflit d'intérêts. Vous vous en êtes pris au Dr Perry Kendall, le fondateur de Fair Price Pharma, un organisme à but non lucratif, et aussi au Dr Tyndall, qui a créé MySafe, un autre organisme à but non lucratif.
J'aimerais des explications. Il s'agit de fournisseurs de produits pharmaceutiques qui essaient de créer un approvisionnement de substances plus sécuritaires, mais vous avez dit qu'il s'agissait d'entreprises à but lucratif.
Aussi, nous avons entendu que 50 experts distingués avaient écrit une lettre pour exprimer leur désaccord avec votre article sur le logement.
Qu'avez-vous à dire à ces experts qui ont rédigé cette lettre, dont M. Nosyk, qui est avec nous en tant que témoin présentement, fait partie?
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Vous avez formulé plusieurs allégations dans le préambule à votre question, mais je vais me concentrer sur la dernière question que vous avez posée.
Nous avons rédigé une étude. Nous n'avons pas, contrairement à ce qu'affirme M. Nosyk, évité de discuter des faits que nous avons constatés. D'autres personnes qui ont réalisé des études en même temps que nous sont arrivées à la même conclusion, c'est-à-dire qu'il n'y a aucune donnée qui montre que ces pratiques sont sécuritaires ou efficaces.
D'ailleurs, si vous allez sur le site Web du BCCSU et que vous consultez les documents qu'il fournit, vous verrez ce même avertissement aujourd'hui: aucune donnée ne montre que ces pratiques sont sécuritaires ou efficaces pour — et il y a de nombreuses pratiques, faites votre choix vide — réduire les risques associés au fentanyl et aux autres drogues de rue.
C'était notre principale conclusion. Quelle a été leur méthode d'évaluation? Ils ont utilisé le système d'évaluation de la qualité méthodologique des examens systématiques, ou AMSTAR. J'y arrive. Le système AMSTAR est conçu pour...
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Merci, monsieur le président.
Mes questions vont s'adresser à M. Somers, mais j'ai aussi un commentaire rapide à faire à M. Perrin.
Je tiens à dire, monsieur, que je respecte votre sincérité et vos convictions. J'ai lu votre livre. Je crois, en toute bonne foi, que vos commentaires mettent en relief le risque de combiner une bonne théologie avec de la mauvaise science. Je suis d'accord avec vous: l'amour et la compassion devraient définir la nature de notre approche, y compris l'amour qu'on exprime au moyen d'une dissuasion efficace contre le danger et de mesures de soutien pour le rétablissement, mais comme l'a démontré M. Somers, l'approche des néo-démocrates et des libéraux quant à leurs politiques sur les drogues sème le désastre dans nos collectivités. Les drogues sont détournées, et l'approche est soutenue même sans données crédibles; elle est poussée à l'extrême par des groupes de l'industrie qui servent leurs propres intérêts.
Ma première question s'adresse à M. Somers.
Beaucoup de gens souffrent en raison de la crise des stupéfiants, qui se poursuit et s'aggrave, mais certaines personnes en profitent aussi. Je parle de ceux qui produisent et qui vendent les substances qui alimentent la crise des opioïdes et qui font de l'argent à partir de la souffrance d'autrui. Certains portent des capuchons et se tiennent dans les allées sombres, d'autres portent le veston et la cravate et fréquentent les coulisses du pouvoir, mais ce sont tous des trafiquants de drogue qui profitent de la souffrance des gens les plus vulnérables.
Vous avez parlé de certains responsables de la santé publique, comme le Dr Perry Kendall, qui, après avoir occupé des postes en lien avec les politiques sanitaires où ils ont fait la promotion de la décriminalisation et de l'approvisionnement soi-disant sécuritaire, se sont lancés en affaires en vendant des drogues dures de qualité pharmaceutique.
Croyez-vous qu'il devrait y avoir des règles en place pour empêcher que les anciens responsables de la santé publique, plus tard, s'enrichissent grâce à leurs anciens postes?
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Oui, il devrait absolument y avoir de telles règles. Ce type de relations devraient être transparentes. La Commission Stanford-
Lancet a fortement recommandé cela.
D'ailleurs, quand elle a évalué quelles étaient les sources de la crise des opioïdes en Amérique du Nord, au Canada et aux États-Unis, le premier thème qu'elle a souligné était les conflits d'intérêts et les gens — malheureusement, comme le Dr Kendall — qui, après avoir occupé de hautes fonctions dans la santé publique et dans l'administration — dans ce cas‑ci, le BCCSU —, sont ensuite allés occuper des postes au sein d'organisations comme le Centre for Disease Control de la Colombie-Britannique, lequel a été signalé comme étant un bailleur de fonds justement pour l'entreprise que Dr Kendall et Dr Schechter avaient lancée.
C'est une chose de se demander s'il serait logique de passer à un approvisionnement pharmaceutique en drogues. C'en est toute une autre de promouvoir cela, puis de s'organiser pour devenir le fournisseur. Donc, oui, la transparence est nécessaire.
Vous y avez fait allusion. C'est Purdue Pharma qui est à l'origine de la crise des opioïdes. L'entreprise a favorisé la libéralisation du commerce des médicaments afin de commercialiser vigoureusement son nouveau produit contenant des opioïdes, l'OxyContin, dans les années 1990 et au début des années 2000. C'est ce qui a déclenché la première crise des opioïdes, et il y avait certainement un conflit d'intérêts latent à l'époque, puisque les gens allaient d'une entreprise et d'un organisme réglementaire à une autre, etc.
Aujourd'hui, Purdue en rajoute. Son propre produit de marque contenant de l'hydromorphone, le Dilaudid, semble être l'option privilégiée dans ce programme subventionné par l'État de distribution de drogues dures.
Je trouve étrange que les gens responsables de la crise des opioïdes qui travaillent chez Purdue fassent maintenant encore plus d'argent en vendant des médicaments et en faisant la promotion d'un accès plus facile et de la libéralisation du commerce des médicaments comme solution au problème.
Savez-vous pourquoi ce produit spécifique de Purdue est devenu le choix de prédilection? Savez-vous ce qu'a fait Purdue pour mobiliser le gouvernement et la société civile et obtenir ce résultat qui est très avantageux financièrement pour l'entreprise?
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Nous savons que des représentants de Fair Price Pharma ont eu beaucoup de rencontres avec le gouvernement actuel, qu'ils ont rencontré de nombreuses fois en personne l'ancienne ministre de la Santé mentale et des dépendances et qu'ils ont eu, je crois, 12 réunions en deux ans avec des fonctionnaires.
Monsieur Somers, j'ai présenté une motion au Comité des opérations gouvernementales pour demander que ces soi-disant contrats d'approvisionnement sécuritaires soient rendus publics. Je crois que les parlementaires et le public devraient connaître le genre d'ententes que ces sociétés à grand budget, comme Purdue Pharma, ont signées avec le gouvernement fédéral.
Les libéraux ont tenté de bloquer cette motion du Comité des opérations gouvernementales afin d'empêcher la publication de ces contrats. Ils ont dit d'une part qu'ils ne croyaient pas que de tels contrats directs entre le gouvernement fédéral et ces sociétés existaient, mais, d'autre part, ils ont fait de l'obstruction pour empêcher leur publication.
Pensez-vous que ces contrats devraient être rendus publics? Si oui, pourquoi?
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Ce n'était pas une question de propriété intellectuelle.
En fait, nous avions convenu avec le gouvernement de poursuivre le travail sur la base de données pour une autre période. Cela avait été fait officiellement avec le ministère de la Santé et nous la remettions sur pied en tenant compte d'une étude supplémentaire sur la dépendance et les décès durant la COVID. Il n'y avait pas de justification.
Le gouvernement a menti en disant qu'il planifiait de le faire de toute façon, ce qui n'est clairement pas vrai. Si c'était vrai, nous aurions eu de l'information à ce sujet avant cela. Il a dit des choses qui ne tenaient vraiment pas debout, que nous pourrions obtenir les données d'ailleurs, ce qui est clairement faux. Il n'y a pas d'autres façons d'obtenir ces données.
La seule raison qui tient debout, selon moi, et l'un des députés qui était présent me l'a confirmé, c'était que mes remarques ont déplu à certains sous-ministres, qui avaient l'impression que je disais que leurs politiques relatives à la dépendance et à l'itinérance n'étaient pas efficaces.
Monsieur Perrin, vous avez parlé de votre foi chrétienne et je suis d'accord avec plusieurs de vos prises de position sur la réduction des méfaits.
Que dites-vous aux gens irrités par le fait que quelqu'un fume du crack à côté d'eux, sur la plage, lorsqu'ils sont avec leurs enfants? Que dites-vous aux petites bonnes femmes ou à vos parents qui voudraient aller en ville, à Ottawa ou en Colombie-Britannique, mais qui ont peur de le faire parce que des gens consomment des drogues au vu et au su de tous?
Les gens consomment de la drogue et nous avons entendu dire que les amphétamines provoquent parfois des épisodes psychotiques. Le fait que beaucoup de centre-ville sont devenus, disons, des lieux de perdition… et cela concerne des choses comme les sites d'injection supervisés. Je suis sûr — ou je penserais — que vous avez de la sympathie pour ces gens tout en croyant à la réduction des méfaits. Comment faire pour trouver le bon équilibre? L'avons-nous trouvé?
Tout d'abord, il se consommait de la drogue en public au Canada avant le projet pilote de décriminalisation, qui est maintenant essentiellement annulé en Colombie-Britannique et dans d'autres villes. Quand je me déplace dans le pays, je vois ce dont vous parlez. Cela ne se limite pas à la Colombie-Britannique ou à Vancouver. Je veux cependant parler brièvement de la Colombie-Britannique.
Le service de police de Vancouver, il s'agit d'une citation de l'inspecteur Phil Heard, qui est responsable de l'Unité de drogue du service de police de Vancouver, a déclaré le 23 mars 2024: « Nous avons en fait observé une diminution des plaintes du public au sujet de la consommation en public. » Ce sont ses mots.
On a demandé au chef de police Adam Palmer s'il existait des statistiques, quelles qu'elles soient, au sujet des déclarations de la police selon lesquelles elle n'avait aucun recours dans le type de situations dont vous parlez. Voici une citation de l'article dont je parle: « M. Palmer a dit que le service de police de Vancouver n'a pas conservé de statistiques ou de chiffres sur les incidents où une personne consommait de la drogue sur la place publique et où la police n'a pas pu intervenir. »
En réalité, ce que nous voyons, ce sont beaucoup de préoccupations en amont, mais les données ne le reflètent pas. Comment pouvons-nous bien faire les choses?
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Je vais être honnête. Je suis assez frustré par les distractions que j'ai entendues aujourd'hui dans le Comité. Je regardais les réseaux sociaux, à l'instant, et l'un des membres du Comité a déjà publié des clips pour prendre en défaut l'audience même du Comité. Voulez-vous avoir des données probantes sur la façon de sauver des vies ou voulez-vous alimenter vos comptes sur les médias sociaux? Est‑ce que l'on veut être populaire ou sauver des vies? En fait, je suis dégoûté; vraiment dégoûté.
Les vies qui seront perdues… Nous savons que l'opposition aux centres d'injection supervisés tue des gens, et le Comité fédéral consultatif spécial sur la crise des surdoses d'opioïdes avait des prévisions datant de décembre 2023. Il prévoyait que des centaines de personnes supplémentaires mouraient si ces mesures relatives à la réduction des méfaits n'étaient pas appliquées partout au pays, et leurs prévisions étaient justes. Cela ne fera qu'empirer si un gouvernement conservateur fédéral limite ou met un terme à ces interventions médicales qui sauvent des vies ou ne les finance pas.
En ce qui concerne les politiques que je ne recommanderais pas d'adopter, pour commencer, on nous dit que notre but devrait être que les gens rentrent chez eux sevrés. L'un des autres témoins parle souvent de dépendance. Il ne parle pas de sauver des vies. Il renvoie toujours à des données probantes au sujet de la dépendance, non pas aux façons de sauver des vies.
Nous ne vivons pas une crise de dépendance. Nous vivons une crise de stupéfiants toxiques non réglementés. Encore une fois, les recherches montrent que, si nous nous concentrons simplement sur la désintoxication et le sevrage des gens, si c'est l'objectif principal, le risque de décès est plus élevé. Lorsque votre traitement concerne exclusivement la désintoxication, ce n'est pas recommandé sur le plan médical. Je ne recommanderais pas ce genre de traitement et de méthode de rétablissement.
Ensuite, l'idée que nous pouvons arrêter le fentanyl aux frontières s'est retournée contre nous. Ce produit est maintenant fabriqué ici au Canada. C'est ce que nous a dit la GRC. De plus, on nous a dit « la prison, pas la caution ». Dans le contexte de cette crise, un meilleur slogan serait « la prison, c'est la mort à tout coup ». Cela concerne les gens qui ont des troubles liés à la consommation d'opioïdes.
Lorsque nous regardons les données, qui meurt? En Alberta, l'ancien premier ministre, Jason Kenney, a dit que pour chaque Albertain qui est décédé après avoir consommé des stupéfiants non réglementés, la moitié avait été détenue en Alberta au cours des deux années précédentes. En Colombie-Britannique, cela concerne le deux tiers des gens. Nous devons arrêter d'emprisonner les gens et de nous enfoncer dans cette guerre contre les drogues perdue d'avance, qui ne fait qu'aggraver les choses.
Cela a commencé il y a quelque temps. Nous avons été bloqués au moment d'accéder à des données supplémentaires pour établir un lien avec les bases de données dont nous disposions déjà. Il s'agissait des mesures prises par la province et le Centre de contrôle des maladies de la Colombie-Britannique, ou BCCDC. Cela est devenu encore plus clair lorsque nous avons publié la revue rapide.
Je ne comprends pas la remarque de M. Nosyk. Il n'est clairement pas intéressé par le dialogue. Il a signé une lettre qui calomniait publiquement notre travail. La seule fois où je lui ai parlé, il m'a dit que notre travail le mettait en colère parce qu'à l'époque, il avait la responsabilité de mener des recherches sur un approvisionnement sûr. Presque tous les signataires — enfin, tous les signataires de cette lettre que je connais — ont des intérêts financiers dans le sujet même que nous examinions. Nous n'avons rien conclu d'inhabituel à l'époque. En fait, il y avait une absence de données probantes. M. Nosyk l'a même confirmé aujourd'hui en affirmant que les choses ne faisaient que commencer.
Ce que nous avons fait, c'est souligner une chose gênante, à savoir que les normes d'introduction d'un produit pharmaceutique dans toute forme de pratique dans notre pays et dans le monde suivent généralement des évaluations rigoureuses concernant leur sécurité et leur efficacité. Dans ce cas, nous avons décidé que nous allions mettre en œuvre une mesure sans aucun des contrôles que nous avons utilisés pour les vaccins contre la COVID — en recherchant les effets positifs, s'il y en avait, et les inconvénients, s'il y en avait. Nous nous sommes simplement lancés là‑dedans.
Comme nous le savons désormais, les études réalisées ont été conçues à la va‑vite. Il n'y avait aucun composant traçable dans les médicaments que nous avons introduits afin de permettre, de manière assez évidente, la capacité de détecter un détournement s'il se produisait. Non seulement nous avons aujourd'hui cet étrange mélange de données probantes, mais fait plus important encore, nous avons clairement adopté deux poids, deux mesures en procédant à cette expérience même. Est‑ce à cause des personnes dont nous parlons?
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Il y en a quelques-uns qui me viennent immédiatement à l'esprit.
L'un d'eux est l'examen de l'approvisionnement sûr, que nous appelons « A Public Supply of Addictive Drugs ». Je pense qu'il est prématuré d'utiliser le mot « sûr » dans l'appellation.
Le deuxième est un examen que nous avons mené sur la décriminalisation. Il permettra de corriger certains des malentendus qui ont été exprimés ici même aujourd'hui. Les chefs de police au Canada et en Colombie-Britannique ont rédigé des rapports sur la décriminalisation, affirmant qu'ils ne la soutiendraient que si des mesures robustes étaient mises en place pour aider les personnes rencontrées par les policiers, ce qui n'a pas été fait.
Le troisième document que je recommanderais est le rapport de la Commission Stanford-Lancet.
Le quatrième est la stratégie nationale antidrogue portugaise, qui est un document riche par sa complexité et ses orientations. Je pense qu'il montre aux autres pays la façon dont nous pouvons nous rassembler autour d'une approche concertée qui ne fait pas vaguement référence à des outils et à des boîtes à outils et qui ne rend pas les choses hyperpolitiques. L'approche est en fait intégrée et ciblée.
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Honnêtement, je n'en suis pas sûr, mais c'est à vous d'en décider.
J'ai été adopté. J'ai grandi avec des expériences traumatisantes et j'y ai été exposé dès mon plus jeune âge et j'ai présenté des symptômes de maladie mentale et de dépendance. Ceux‑ci ont persisté pendant plusieurs années, à partir de l'âge de neuf ans environ. J'ai quitté l'école et j'étais seul au début de l'adolescence. J'ai été transféré dans une autre famille, où j'ai trouvé un début de stabilité.
Lorsque nous examinons la manière dont les gens définissent le rétablissement, celui‑ci comprend plusieurs éléments: la connexion, l'espoir, le sentiment d'identité amélioré, la motivation pour l'avenir et un sentiment d'autonomisation — en reconnaissant que l'une des caractéristiques fondamentales de la dépendance est l'expérience de perte de contrôle sur son comportement tout en étant conscient des préjudices qui en résultent. Ces éléments décrivent l'acronyme CHIME, qui a été produit à partir de méta-analyses et de revues systématiques. Le cadre CHIME a été reproduit. C'est ainsi que les gens décrivent leur expérience de rétablissement.
C'était certainement vrai pour moi. J'ai eu la chance de le trouver grâce aux études et à l'alpinisme et en consacrant mon énergie à ce type d'activités. Je ne suis jamais allé aux réunions en 12 étapes, mais je connais bien sûr beaucoup de gens qui bénéficient d'autres méthodes pour transcender leur perte de contrôle et retrouver ces qualités résumées dans l'acronyme CHIME.
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Ce n'est pas un domaine que j'étudie en particulier, mais je peux parler de ce que je connais dans le contexte du travail du Comité sur la crise des drogues non réglementées.
Tout d'abord, de façon générale, nous savons que la désinformation se propage plus rapidement que la vérité. De même, les corrections ou les réponses sont aussi très lentes à venir, voire inexistantes. Ce qui m'inquiète, c'est de voir une tendance persistante et répétée à la désinformation et aux mensonges propagés par le , qui cherche à devenir le prochain dirigeant de notre pays en s'appuyant sur cette question. Il est absolument répugnant, pendant une urgence de santé publique qui tue des dizaines de milliers de Canadiens, qu'il y ait un quelconque différend, sans parler de la propagation délibérée de faux renseignements sur la cause immédiate de ce problème.
Nous savons de toutes les sources disponibles quelle est la cause des drogues toxiques. Ce sont les drogues illicites fabriquées par le crime organisé, un point c'est tout. Il y a des raisons pour lesquelles les gens prennent des drogues. Nous pourrions emprunter différentes voies avec les politiques. Cependant, si nous ne sommes même pas d'accord sur le problème, nous n'arriverons jamais à sauver des vies. Je pense que c'est le point de départ du travail du Comité: les membres du Comité conviennent-ils que c'est le problème? Le deuxième est le suivant: quel est l'objectif? L'objectif est‑il de sauver des vies, ou bien de suivre les sondages?
Selon la recherche, il y a une corrélation claire entre les politiques qui ne sont pas fondées sur des données probantes, mais qui sont très bien perçues, comme la répression des toxicomanes par un traitement forcé, et celles qui entraînent une augmentation du nombre de décès.
J'ai mentionné plus tôt que l'Autorité sanitaire des Premières Nations de la Colombie-Britannique, l'Association canadienne des chefs de police, notre médecin hygiéniste en chef de la Colombie-Britannique, la Dre Bonnie Henry, le coroner en chef de la Colombie-Britannique, le Groupe d'experts sur la consommation de substances, l'ancien médecin hygiéniste en chef, Perry Kendall, et Mark Tyndall sont maintenant considérés comme des militants rémunérés. Il semble, selon les conservateurs et certains témoins qu'ils font venir, qu'ils fassent allusion à un certain type de complot.
Monsieur Perrin, que pensez-vous lorsque vous entendez que tous ces experts…? On a soulevé plus tôt la question selon laquelle ils ne sont pas des experts de la médecine de la toxicomanie.
Que pensez-vous lorsque l'on juge qu'ils ne sont pas qualifiés, ou que nous ne devrions pas solliciter leurs conseils d'experts concernant la médecine de la toxicomanie?
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C'est une allégation choquante, contraire à l'éthique et fausse. Lorsqu'on lance des calomnies dans un contexte comme celui‑ci, où vous êtes protégés contre toute responsabilité pénale et civile, et que vous ne donnez pas aux personnes contre qui vous faites les allégations l'occasion de répondre, c'est une combinaison très dangereuse. J'ai récemment regardé une baladodiffusion sur le maccarthysme qui me rappelle cette situation... si vous allez commencer à lancer des calomnies au sujet des gens.
Le Comité dispose d'un processus et d'une manière pour explorer ces préoccupations, s'il le souhaite. S'il veut emprunter cette voie, qui n'est pas nécessaire à mon avis, il devrait donner à ces personnes la possibilité de répondre.
Il y a un consensus généralisé entre différents groupes de gens qui travaillent sur cette question, y compris des experts des toxicomanies, selon lequel nous devons nous attaquer à la cause profonde, qui est l'offre de drogues non réglementées.
Vous avez parlé du service des coroners de la Colombie-Britannique. J'encouragerais le Comité à ne pas se contenter de prendre ce titre, mais lorsque vous regardez le rapport qui est à la base de la recommandation du service des coroners de la Colombie-Britannique concernant des solutions de rechange réglementées… Je n'ai même pas compté, mais entre 12 et 18 experts qui travaillent tous dans ce domaine sont énumérés, y compris des experts des dépendances et des médecins.
C'est une chose de dire que quelqu'un n'est pas d'accord, mais essayer de dire qu'il y a là autre chose est faux, trompeur et contraire à l'éthique.
Au final, pour terminer, je presserais le Comité de bien vouloir se concentrer sur la principale préoccupation. Vous étudiez pourquoi il s'agit de la principale cause de décès non naturelle pour les Canadiens, et ce sera le cas encore longtemps, à moins que nous commencions à nous attaquer aux causes profondes de cette question, à fournir maintenant les interventions d'urgence et à bâtir des mesures de soutien holistiques concernant le logement, en traitant les traumatismes liés à l'enfance, la prévention et tout le reste.
Nous devons nous attaquer de toute urgence à la crise à laquelle nous sommes confrontés.
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Vous avez parlé de faire venir devant notre comité des Canadiens qui ont une expérience vécue à ce sujet. Je ne pourrais être plus d'accord avec vous. Je pense que nous en tirerions beaucoup plus que de voir un ancien membre du personnel dépité diffamer son ancien parti et chef potentiel, le prochain premier ministre du Canada, à chaque intervention.
Monsieur Nosyk, je vous suis très reconnaissant du témoignage que vous nous avez présenté il y a peu de temps. Vous avez apporté beaucoup de renseignements, comme l'ont fait nombre de nos témoins tout au long de cette étude. Il est très frustrant de constater que vous faites venir quelqu'un et qu'il y a une attaque très partisane, alors que je pense que, essentiellement, nous tenons ces discussions au Comité... nous avons tous déjà fait de notre mieux pour comprendre cette question. C'est une question très complexe.
Monsieur Perrin, vous avez dit dans votre commentaire précédent que les conservateurs, y compris notre , ont propagé des mensonges et de la désinformation, y compris que l'approvisionnement sûr est ce qui tue tout le monde. Personne ne dit cela.
Ce que nous disons très clairement aux fins du compte rendu est que le soi-disant approvisionnement sûr constitue une politique peu sécuritaire et irresponsable et que cela contribue à aggraver la crise. Nous ne pouvons pas…
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Encore une fois, monsieur Perrin, c'est mon tour de parole, pas le vôtre.
Le défi que nous avons, ici, c'est que nous perpétuons la dépendance sans convaincre qui que ce soit d'aller suivre une cure de désintoxication ou d'aller suivre un traitement de façon que… qu'ils se rétablissent et qu'ils puissent retourner chez eux. Je sais de quoi je parle, j'ai dit publiquement que ma famille a dû traverser une épreuve, étant donné la dépendance de mon frère et d'autres cas de dépendance dans la vie de notre famille.
J'ai remarqué que quelqu'un parmi vos collègues, ou peut-être que c'était vous pendant votre témoignage, a dit que nous ne nous étions même pas donné la peine d'aller voir. Ce n'est pas parce que cela ne se fait pas en public que cela veut dire que nous ne sommes pas allés nous-mêmes visiter ces sites. Je ne fais pas des choses juste pour les médias sociaux, par exemple. Je fais mon travail, et je suis allé moi-même visiter ces centres. Merci beaucoup.
Monsieur Somers, merci beaucoup de nous avoir raconté votre histoire, ici, aujourd'hui. Je connais le travail que vous avez à faire et je sais ce que vous traversez; le rétablissement, cela prend du temps. Le rétablissement suppose de nombreuses étapes.
J'aimerais le dire encore une fois, si vous pensez que vous auriez aimé donner plus d'information et que vous n'en avez pas eu l'occasion ou que vous voulez communiquer des documents qui nous seraient à votre avis utiles, veuillez le dire dès aujourd'hui puis nous envoyer tout cela, si c'est possible.
Monsieur Somers, avez-vous d'autres commentaires à faire?
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Juste un. C'est une liste de lecture qui ne cesse de s'allonger.
Le Royaume-Uni s'est engagé à mettre en place un système de soins axé sur le rétablissement. Un système de soins axé sur le rétablissement, c'est le cadre le plus couramment utilisé par les gouvernements du monde entier lorsqu'ils veulent intégrer l'ensemble de leurs activités afin de poursuivre un but commun, la prévention des dépendances, ce qui englobe d'ailleurs d'autres maladies mentales, en intervenant rapidement et en faisant la promotion du rétablissement. Cela couvre tout, des interdictions aux relations internationales en passant par les activités menées à l'échelle nationale, lesquelles couvrent également un large éventail.
Vous n'avez pas mentionné, par exemple, le rôle de l'emploi et le fait que 60 % des gens qui s'empoisonnent au Canada n'avaient pas d'emploi et qu'il s'agit surtout de jeunes. L'emploi est un puissant facteur de protection contre le risque de dépendance et c'est aussi un facteur important de promotion du rétablissement.
Une observation connexe, c'est que non seulement l'empoisonnement est la principale cause de décès chez les jeunes, en Colombie-Britannique, mais en outre, 60 % des enfants que nous perdons étaient à la charge du gouvernement. C'est ce que j'essaie de dire: c'est une population faisant face à des risques élevés venant de tous les côtés.
Je ne fournis pas ici des informations fausses, trompeuses et immorales. Votre remarque m'a blessé. Je ne sais même pas pourquoi quelqu'un voudrait dire cela, étant donné le contexte.
Nous pouvons prendre des mesures réalistes, et nous devons les prendre, en faisant intervenir notre jugement psychologique et nos interactions sociales. Je résume cela en une expression: « réinsertion sociale ». Nous tournons le dos à la réinsertion sociale, à nos risques et périls, et nous ajoutons à tout cela des médicaments pharmaceutiques supplémentaires, qui ne font qu'empirer les choses.
Je me ferai un plaisir de vous envoyer ces documents.
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Oui, merci de le proposer.
Si cette question me préoccupe, c'est en raison des recherches que je mène depuis plusieurs années. J'ai passé tout ce temps, et en particulier pour mon dernier projet, à parler à des gens dont la vie avait été bouleversée par le système de justice pénale, par la toxicomanie et par la dépendance. Nous avons tous dans notre vie des personnes qui ont vécu cela.
Quand j'ai écrit mon livre, Overdose, je ne connaissais personne qui avait été tué par un médicament non réglementé; aujourd'hui, j'en connais. Si je suis si préoccupé et si j'ai utilisé des mots si crus, dans mes commentaires, aujourd'hui, c'est que je ne vois nulle part une réaction adéquate, et que pendant ce temps des gens meurent. C'est ce qui me motive. Je vais continuer à dire la vérité sur tout cela, et je vais continuer à dénoncer la situation. Je vais dénoncer la situation, peu importe le parti qui m'écoute.
Si je suis dépité, ce n'est qu'un côté… J'imagine que oui, je suis dépité; bien sûr que c'est le cas. Si des gens ici n'étaient pas… Si nous continuons à voir les gens tomber comme des mouches, et si nous nous en préoccupons vraiment, nous devrions être enragés, mais cela doit nous pousser à l'action.
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Je parlais aussi des personnes qui ont un problème de dépendance. Les gens que nous perdons sont des gens sans emploi, et ils sont disproportionnellement trop nombreux à vivre une vie difficile et à être socialement isolés.
Comme je l'ai dit plus tôt, plus de la moitié des jeunes qui perdent la vie, en Colombie-Britannique, étaient pris en charge par l'État. Il y a là un lien très étroit avec l'isolement social et une perte du sens de la vie, et c'est pourquoi je propose des interventions volontaires comme le logement axé sur le rétablissement. Je ne peux pas le définir mieux.
Quant aux personnes qui ont des démêlés avec le système de justice pénale, les tribunaux de traitement des dépendances et les autres tribunaux spécialisés, lorsque leurs ressources sont adéquates, sont extrêmement efficaces.
En troisième lieu, je mentionne la prévention. Nous devrions en faire bien davantage et plus efficacement pour prévenir le risque associé à la toxicomanie.
Ce serait mes trois priorités.