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La séance est ouverte. Bienvenue à la 56
e réunion du Comité permanent de la santé de la Chambre des communes.
Nous accueillons aujourd'hui des témoins dans le cadre de notre étude sur la santé des enfants. Nous passerons ensuite aux travaux du Comité dès 12 h 30. Nous examinerons le projet de loi ainsi que les autres enjeux dont le Comité sera saisi.
La réunion d'aujourd'hui a lieu en format hybride conformément à l'ordre de la Chambre du 23 juin 2022.
La personne qui comparaît par vidéoconférence aura probablement remarqué qu'au bas de son écran, elle peut choisir d'écouter l'interprétation du parquet en anglais ou en français. Les personnes qui sont dans la salle pourront utiliser leur écouteur et choisir le canal qu'elles désirent.
Il est interdit de prendre des captures d'écran ou des photos de votre écran.
Les délibérations d'aujourd'hui seront affichées au site Web de la Chambre des communes.
Conformément à notre motion de régie interne, j'informe le Comité que tous les témoins ont effectué les tests de connexion requis avant la réunion.
Nous souhaitons maintenant la bienvenue aux témoins qui sont avec nous cet après-midi.
[Français]
Nous accueillons la Dre Anne Monique Nuyt, directrice et cheffe du Département de pédiatrie, Faculté de médecine, Université de Montréal et Centre hospitalier universitaire Sainte‑Justine, ainsi que la Dre Caroline Quach‑Thanh, pédiatre et microbiologiste infectiologue, Université de Montréal et Centre hospitalier universitaire Sainte‑Justine.
[Traduction]
Nous accueillons Mme Cindy Blackstock, directrice générale de la Société de soutien à l'enfance et à la famille des Premières Nations du Canada.
Merci à tous de nous consacrer de votre temps pour comparaître aujourd'hui.
Chaque témoin aura cinq minutes pour présenter sa déclaration préliminaire.
[Français]
Docteure Nuyt, je vous souhaite la bienvenue.
Vous avez la parole.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour à tous.
Je vais faire ma présentation en français, mais je pourrai répondre aux questions en anglais ou en français.
Je vous remercie de m'avoir invitée à comparaître devant vous pour parler de sujets particulièrement importants pour nous et notre pays. Je suis pédiatre spécialisée en soins intensifs du nouveau-né et clinicienne chercheuse. Je suis aussi titulaire d'une chaire de recherche du Canada de niveau 1. Comme vous l'avez dit, monsieur le président, je me présente devant vous comme cheffe et directrice du département de pédiatrie à la Faculté de médecine de l'Université de Montréal et au CHU Sainte‑Justine.
Je suis aussi la présidente de l'organisme Directeurs de pédiatrie du Canada. Nous représentons 17 départements de pédiatrie universitaires au Canada. Notre mission est de former tous les pédiatres du pays et, pour un certain nombre de nos départements, de former les professionnels de la santé que l'on appelle des « surspécialistes », comme les pédiatres-cardiologues et les pneumologues. Notre mission est aussi de créer de nouvelles connaissances grâce à la recherche, d'établir les pratiques exemplaires en médecine pédiatrique et de nous assurer de la qualité des soins dans nos hôpitaux.
J'aimerais vous parler plus précisément de trois questions déterminantes pour les enfants et pour lesquelles nous avons besoin de votre engagement.
Premièrement, il s'agit du nombre de médecins surspécialisés en pédiatrie. Je sais que mes collègues se sont déjà présentés devant vous et vous ont parlé du problème majeur que constitue l'accès aux soins de proximité donnés par les infirmières, les médecins de famille et les pédiatres généraux. Toutefois, même si cela était réglé, de nombreux enfants continueraient d'avoir besoin de soins spécialisés et surspécialisés. Contrairement à la médecine adulte, la majorité de ces soins surspécialisés sont donnés dans des hôpitaux universitaires pédiatriques, car ce sont souvent des petites équipes de médecins dont il faut concentrer l'expertise pour assurer et maintenir une prise en charge de haut niveau. En tant que directeurs de département, nous devons donc trouver, recruter et retenir ces spécialistes.
La majorité de nos hôpitaux pédiatriques doivent relever des défis majeurs pour remplir ce mandat. Il faut comprendre que les places dans les programmes de formation en surspécialisation pédiatrique sont de compétence provinciale. Or ce sont quelques programmes répartis dans quelques provinces qui forment les médecins surspécialisés pour tout le pays. Sans plan de main-d'œuvre national, concerté et collaboratif, nous ne pouvons espérer former assez de spécialistes pour les besoins de tous les enfants du pays. Nous nous tournons donc fréquemment vers l'international pour recruter ces « surspécialistes ».
Par exemple, actuellement, 25 % des médecins surspécialisés de mon département, à Sainte‑Justine, ont été recrutés à l'international. En soi, cela permet des échanges de connaissances et d'expériences qui sont très enrichissants et qui profitent à tous. Cependant, la reconnaissance des diplômes peut varier d'une province à l'autre, même dans des pays offrant des formations respectées, comme la Belgique, la France ou les États‑Unis. Globalement, on le sait, les procédures en matière d'immigration sont lourdes et longues. Ainsi, il serait important d'adopter une approche concertée et interprovinciale, sous un leadership national.
Deuxièmement, au nom de toute la communauté pédiatrique universitaire canadienne, j'aimerais vous faire part du fait que nous reconnaissons l'importance d'avoir accès à des données de qualité pour remplir nos missions. Nous avons besoin de données pour soutenir la recherche sur les maladies pédiatriques. Nous avons besoin de données pour établir les priorités en soins pédiatriques, notamment en ce qui concerne le taux de vaccination, l'obésité, les difficultés de développement et la santé mentale chez des adolescents. Enfin, nous avons besoin de données pour surveiller la qualité de nos soins spécialisés et surspécialisés.
En effet, chaque centre doit se comparer à d'autres, bien entendu, pour assurer le maintien et la progression de ses soins. Comme nous sommes un petit nombre d'hôpitaux pédiatriques et que le nombre d'enfants que chaque spécialité traite est faible, la comparaison n'est souvent pas possible à l'échelle provinciale, même pour les provinces les plus peuplées. L'accès aux données nationales nous apparaît donc prioritaire, particulièrement pour des soins pédiatriques de qualité.
Troisièmement, j'aimerais vous parler de l'accès aux médicaments pour les enfants. Comme l'ont bien démontré les travaux du Centre de formulations pédiatriques Goodman, sous la direction scientifique de la Dre Litalien, le Canada accuse un retard important dans son arsenal réglementaire favorisant l'accès aux médicaments pour les enfants du pays, par rapport à des autorités comme la United States Food and Drug Administration, ou FDA, et l'Agence européenne des médicaments. Le Centre de formulations pédiatriques Goodman et l'Institut pour la sécurité des médicaments aux patients du Canada ont d'ailleurs déposé un document à ce propos pour votre comité.
Il y a deux problèmes. Le premier concerne l'accès aux médicaments, nouveaux ou anciens, qui pourraient servir à traiter des enfants. Pour que ces médicaments soient accessibles aux enfants, il faut que les entreprises en fassent la demande à Santé Canada. On comprend que la lourdeur administrative de ce processus, couplée au petit marché que représentent les enfants, n'est pas très attrayante pour ces entreprises.
Pour pallier cette réalité, les agences comme la FDA ou l'Agence européenne des médicaments ont mis en place, depuis plus de 10 ans, des règlements obligeant la présentation d'une demande pour usage pédiatrique ou la réalisation d'études chez l'enfant quand l'on dépose une demande pour un nouveau médicament qui pourrait aussi, bien entendu, avoir un usage pédiatrique.
Nous tenons à souligner le fait que Santé Canada, à l'heure actuelle, a établi comme prioritaire la mise en place d'un plan d'action pour les médicaments pédiatriques et nous lui en sommes très reconnaissants. Nous espérons ardemment que l'expérience de nos collègues internationaux sera mise à profit pour les enfants canadiens.
Le deuxième problème concernant les médicaments porte sur l'accès aux formulations pédiatriques — les sirops, si vous voulez —, de médicaments par ailleurs déjà approuvés pour les enfants.
On comprend tous l'importance d'avoir accès à des formulations pédiatriques quand on veut soigner des enfants. On comprend aussi que, s'il est important que le médicament lui-même soit approuvé par Santé Canada, il est tout aussi important que sa formulation pédiatrique qui valide, par exemple, la concentration du médicament dans le sirop et sa stabilité, le soit aussi.
Le Canada accuse, ici aussi, un net retard concernant son approbation de formulations pédiatriques. Pour vous donner un exemple de l'ampleur du problème, la pharmacie de notre hôpital, le CHU Sainte‑Justine, doit faire une formulation maison pour près de la moitié des médicaments, c'est-à-dire qu'elle doit écraser le comprimé dans un sirop. Une telle formulation existe déjà commercialement et elle est approuvée par la FDA ou l'Agence européenne des médicaments.
La communauté pédiatrique demande donc que la voie réglementaire qui s'appuierait sur des décisions venant de pays de confiance, et qui est d'ailleurs étudiée actuellement par Santé Canada, soit considérée prioritaire pour les médicaments pour enfants et, en particulier, pour les formulations pédiatriques. Les besoins en médicament des enfants diffèrent de ceux des adultes, et ils méritent une attention spécifique en matière de réglementation et la mise en place rapide de règlements.
Je vous remercie de nouveau de votre invitation, de votre écoute et surtout de l'attention que vous porterez à cette question dans la poursuite de votre étude. Nous pensons qu'il est essentiel que la communication soit ouverte et franche entre les décideurs que vous êtes et la communauté pédiatrique des soins de première ligne et des soins spécialisés. À l'heure actuelle, la santé et les soins des enfants ont particulièrement besoin de votre attention. Nous, les cliniciens et les chercheurs, ne visons qu'à vous faire part de notre réalité et à vous fournir des données probantes pour que les décisions soient les plus éclairées et judicieuses possible.
Je vous remercie.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je remercie les membres du Comité permanent de la santé de m'avoir invitée à comparaître dans le cadre de l'étude sur la santé publique et la prévention des maladies dans l'enfance.
Je suis pédiatre, microbiologiste-infectiologue et clinicienne-chercheuse au Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine. Je suis professeure titulaire en microbiologie et en pédiatrie à l'Université de Montréal. Je suis également titulaire de la Chaire de recherche du Canada en prévention et contrôle des infections: de l’hôpital à la collectivité, une chaire de niveau 1.
Je suis la directrice du réseau POPCORN, que les Instituts de recherche en santé du Canada ont financé en 2022 pour une période de deux ans. Ce réseau a pour buts de permettre le suivi en recherche d'un enfant au cours de sa trajectoire de soins dans les 16 hôpitaux pédiatriques du pays, de renforcer à l'échelle nationale l'infrastructure, l'expertise et le capital humain en recherche pédiatrique, et d'étudier les répercussions d'interventions ou d'événements sur la santé mentale et le développement des enfants au Canada.
Les Instituts de recherche en santé du Canada avaient demandé que le réseau étudie l'effet de la COVID‑19 chez les enfants, et une première conférence nationale est prévue pour mai 2023 afin de communiquer les résultats préliminaires et de prévoir les prochaines étapes.
J'ai acquis mon expertise, tant en clinique qu'en recherche, dans le domaine de la prévention des infections et de la vaccination. Je me concentrerai donc sur ces domaines, au risque d'entendre mes enfants me dire: « Stay in your lane, mom ».
Bien que nous tenions tous la vaccination pour acquise et que nous ayons l'impression que les maladies évitables par la vaccination sont chose du passé, il faut quand même réaliser à quel point notre monde regorge encore de maladies que nous croyions disparues.
Prenons l'exemple de la poliomyélite. Jusqu'à l'an dernier, personne n'aurait pu penser qu'un cas surviendrait dans l'État de New York. La surveillance des eaux usées avait alors démontré, ici comme ailleurs, qu'on excrétait du virus et qu'en l'absence de vaccination, les individus étaient encore exposés à un risque d'être infectés. Nous sommes tous, pour la plupart, trop jeunes pour nous souvenir des dégâts causés par la polio, des décès et de la paralysie qui touchaient les enfants auparavant en parfaite santé.
De la même façon, la rougeole fait encore des ravages, et ce, même dans les pays développés, lorsque la couverture vaccinale tombe en deçà de 95 %. Près de 20 000 personnes viennent d'être exposées à un cas de rougeole au Kentucky. Le risque d'importation d'un cas existe, et les jeunes enfants sont ceux qui sont les plus exposés à un risque de maladie grave.
Les couvertures vaccinales sont-elles donc si faibles? En 2019, l'enquête sur les couvertures vaccinales de l'Institut national de santé publique du Québec révélait qu'à l'âge de 15 mois, près de 95 % des enfants avaient reçu toutes leurs doses de vaccin contre la poliomyélite, la rougeole et les pneumocoques. Cependant, dans les registres de vaccination, la couverture vaccinale contre la rougeole se situe plutôt autour de 85 %. On estime que la réalité est quelque part entre ces deux valeurs, mais que l'évaluation de l'effet de la pandémie sur les couvertures vaccinales reste encore à faire.
On a l'impression que les préoccupations concernant l'efficacité et l'innocuité des vaccins contre la COVID‑19 ont probablement émoussé la confiance de certains parents envers des vaccins utilisés depuis des décennies. Il faudra rebâtir cette confiance, sinon, nous risquons de voir revenir ces maladies évitables par la vaccination et leurs lots de complications: méningite, encéphalite, surdité, séquelles à long terme et décès. De plus, les maladies infectieuses sont démocratiques: elles toucheront tout le monde, mais avec des conséquences plus importantes au sein des groupes vulnérables du point de vue médical et sociodémographique. Les iniquités en santé se perçoivent aussi en maladies infectieuses.
On s'attend à ce qu'un enfant qui fréquente une garderie contracte en moyenne 8 à 12 rhumes par an. La pandémie a entraîné une recrudescence de multiples virus respiratoires dans son sillage, avec pour conséquence une augmentation notable des surinfections bactériennes, par exemple cellulite orbitaire, mastoïdite, abcès pulmonaire, méningite ou abcès intracrânien.
Jusqu'à présent, la résistance de ces bactéries aux antibiotiques demeure relativement stable au Canada, mais une utilisation inappropriée de ces antibiotiques, une difficulté à diagnostiquer une infection virale ou une infection bactérienne et à les différencier l'une de l'autre, ainsi que la mondialisation pourraient mettre en péril ces traitements que nous tenons aussi pour acquis.
La résistance aux antibiotiques est potentiellement la prochaine pandémie à laquelle nous devrons faire face. Par ailleurs, de plus en plus d'études commencent à faire un lien entre l'exposition à divers contaminants environnementaux et une diminution de la réponse immunitaire. Ces recherches devront être poursuivies en gardant en tête le concept d'une seule santé, qui fait la promotion d'une approche intégrée, systémique et unifiée de la santé humaine, animale et environnementale.
On cherche présentement à comprendre si l'augmentation récente de l'incidence des infections virales n'est due qu'à un effet de cohorte et si les infections bactériennes graves ne sont la conséquence que du grand nombre d'infections virales en circulation, ou plutôt la conséquence de l'émergence de clones bactériens plus virulents.
Il est donc primordial de mettre en place des programmes de surveillance, y compris la surveillance génomique, des maladies infectieuses à l'échelle canadienne.
Une des pierres angulaires de la prévention des infections est de s'assurer que les mesures mises en place n'entraînent pas de dommages collatéraux importants. Ces nuances sont souvent difficiles à communiquer au public. La recherche et l'évaluation sont donc primordiales afin de soutenir les décisions de santé publique. La plateforme POPCORN pourra répondre à ces questions, mais, ce qui aurait été l'idéal, c'est que la santé des enfants soit prise en compte et évaluée plus tôt au cours de la pandémie.
Pour conclure, je dirai que l'on ne saurait trop insister sur l'importance de la prévention des infections ainsi que des données et de la recherche qui devrait la soutenir afin de maintenir les acquis en santé chez les enfants. Des investissements adéquats dans ce secteur clé permettront de sauver des vies et d'épargner des fonds publics.
Il nous faudra comprendre et mesurer l'effet de la pandémie sur les couvertures vaccinales ainsi que restaurer la confiance des parents, s'il y a lieu, en utilisant des données ouvertes et valides.
Il faudra s'assurer que des programmes de surveillance performants, y compris la surveillance génomique, permettent de mesurer le fardeau des maladies infectieuses et des maladies évitables par la vaccination, et faire en sorte que les résultats sont accessibles à tous.
Il est nécessaire de s'assurer que la santé des enfants est considérée dans les priorités de recherche et que les réseaux financés ne le sont pas que pour de courtes périodes.
Il faudra prévoir les ressources et les mesures nécessaires pour prévenir l'émergence de la résistance aux antibiotiques.
Il faut s'assurer que le concept « Une seule santé » est mis en valeur au moment de la prise de décisions et dans la recherche en santé concernant les enfants.
Je vous remercie de votre attention.
[Traduction]
Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
:
Merci. Bonjour, monsieur le président et membres du Comité. Je tiens à souligner que ce témoignage a lieu sur le territoire non cédé et non abandonné de la nation algonquine.
En 2008, l'Organisation mondiale de la Santé a affirmé que l'inégalité tue à grande échelle. Les marchés capitalistes et d'autres institutions créent toutes sortes d'inégalités. Toutefois, certaines inégalités découlent directement des décisions prises à la Chambre et au Sénat. Voilà de quoi je veux parler aujourd'hui. Je vais me concentrer sur l'inégalité qui a causé la mort de nombreux enfants des Premières Nations et qui en tue encore beaucoup à l'heure actuelle. Je tiens surtout à souligner ce que vous pouvez tous faire pour y remédier.
En 1907, les manchettes dénonçaient partout au pays une « inattention totale aux besoins fondamentaux de la santé » et une « liste affolante de décès ». De quoi s'agissait‑il? L'inspecteur médical du ministère des Affaires indiennes du Canada avait constaté que le gouvernement fédéral sous-finançait les soins de santé aux enfants des Premières Nations dans ces écoles. De combien, me demandez-vous? Eh bien, on versait trois fois plus de financement aux soins de santé des résidants d'Ottawa qu'à ceux de tous les « Indiens » du pays. Cette inégalité flagrante, conjuguée à de mauvaises pratiques de santé, a provoqué des taux de mortalité de 25 % par année, puis de 50 % trois ans plus tard.
Le gouvernement du Canada a passé sur ces statistiques sans lever le petit doigt pour corriger cette inégalité.
D'où vient cette inégalité? Elle découle de la Loi sur les Indiens, qui charge le gouvernement fédéral de financer les services publics dans les réserves — approvisionnement en eau, santé, éducation et services de garde — et qui charge les provinces de financer ces services pour le reste de la population. Depuis l'établissement de la Confédération, le gouvernement fédéral a sous-financé ces services, ce qui a créé une cascade de problèmes de santé chez les enfants des Premières Nations.
Maintenant, cette décision du Canada — c'était une décision et non une négligence — de ne pas corriger ces inégalités a malheureusement percolé dans les manchettes des années 2021 et 2022 sur les enfants retrouvés dans des tombes anonymes.
En 2005, Jordan River Anderson était à l'hôpital de Winnipeg. Comme il n'avait que deux ans, il serait normalement rentré chez lui. Son pédiatre l'aurait autorisé, mais comme Jordan était un enfant des Premières Nations, le gouvernement du Canada et celui du Manitoba ne s'entendaient pas sur le financement de ses soins à domicile. Ne vous y trompez pas: s'il avait été non autochtone, il serait rentré chez lui. Il est mort à l'hôpital parce qu'il était autochtone. Il n'avait jamais passé même une journée dans un cadre familial.
En 2007, les députés de la Chambre des communes — et je tiens à remercier les députés de tous les partis — ont appuyé à l'unanimité le principe de Jordan, qui exige que les enfants des Premières Nations obtiennent l'aide dont ils ont besoin quand ils en ont besoin. Tous les Canadiens appuient ce principe, mais il a fallu 16 ans de litiges et 25 ordonnances de non-conformité pour que le gouvernement du Canada en détermine le libellé. Par la suite — pendant la période de non-conformité —, deux enfants de 12 ans se sont suicidés. Il s'avère que le gouvernement canadien avait refusé de leur fournir des soins de santé mentale. Nous ne savons pas si ces précieux enfants ne se seraient pas suicidés s'ils avaient reçu ce soutien.
Le principe de Jordan est un principe fondamental de la santé au Canada. Nous parlons de soins de santé universels, mais en fait, les soins de santé ne sont pas universels au Canada.
Avec l'aide du tribunal et des dirigeants des Premières Nations, nous avons cerné les corrections à apporter au principe de Jordan. Oui, il génère environ deux millions de dollars de soutiens en santé, en éducation et en services sociaux, ce qui est excellent. Cependant, nous avons remarqué qu'il finance aussi les lacunes de services sous-financés, car depuis l'établissement de la Confédération, personne n'a calculé le coût de ces inégalités afin d'y remédier entièrement.
Nous savons que les gouvernements sont en mesure de le faire. En fait, le Canada et ses alliés ont effectué ces calculs à la suite de la Deuxième Guerre mondiale dans le cadre du plan Marshall. Nous avons reconstruit l'Europe en créant un plan multidisciplinaire. Nous pourrions faire la même chose dans ce cas‑ci en appliquant le plan de Spirit Bear. Nous voulons que le public comprenne ce calcul. Nous voulons que le directeur parlementaire du budget calcule les coûts de toutes ces inégalités. Nous pourrons ainsi taire à jamais le système public d'apartheid qui a causé les mauvais résultats de santé des enfants des Premières Nations.
Dans le cas du principe de Jordan, la grande majorité des demandes reçues ne coûtent pas bien cher. Ces soutiens ont une immense valeur pour les familles qui les reçoivent, mais ils ne coûtent que très peu au gouvernement. Cependant, une demande de 150 $ pour acheter de la préparation pour nourrissons est assujettie aux mêmes formalités administratives qu'une demande de 5 millions de dollars. Il s'agit là d'une très mauvaise utilisation du travail des fonctionnaires.
Nous voudrions que ce processus soit modifié de façon à ce que, comme partout ailleurs, les services dont le coût ne dépasse pas un certain seuil monétaire soient automatiquement approuvés s'ils sont recommandés par un professionnel de la santé. Ce processus comprendrait un système de vérification, mais il permettrait de réaliser d'énormes économies.
L'autre chose que nous voudrions... Le litige est en cours, mais nous ne savons toujours pas ce qui arrivera au principe de Jordan au‑delà de sa cinquième année. Il est bon de conclure une entente de principe, mais il faut que l'on nous garantisse qu'à l'avenir, aucun enfant ne subira cette discrimination au Canada.
Lorsque nous avons vu les tombes anonymes des enfants, nous avons tous porté des T‑shirts orange afin de promettre aux survivants des pensionnats que leurs petits-enfants ne subiraient jamais ce qu'ils avaient enduré. Nous avons des solutions théoriques pour remédier à cette situation. Il existe une solution à ce problème, mais jusqu'à présent, il n'y a eu aucune volonté politique de la mettre en œuvre. Grâce à vous tous, je suis sûre que nous réussirons à régler ce problème.
Merci.
:
Je remercie les témoins d'être ici aujourd'hui.
[Traduction]
Merci à vous trois d'être venus aujourd'hui.
Docteure Nuyt, je n'aurai pas le temps de vous poser des questions, mais je vous remercie pour vos recommandations. Elles font écho à celles de témoins qui ont comparu plus tôt dans le cadre de cette étude ainsi que de l'étude importante que nous menons sur la crise de la main-d'œuvre.
Madame Blackstock, je suis heureux de vous rencontrer. Je sais que vous êtes souvent venue au Yukon. Je sais que vous ne mâchez jamais vos mots et j'apprécie beaucoup votre franchise dans cette salle.
Au Yukon, le mois dernier, nous avons célébré le 50e anniversaire de la présentation du Livre blanc intitulé Together Today for our Children Tomorrow. Cet ouvrage a lancé le processus des traités modernes non seulement au Yukon, mais dans tout le pays. Au cours des décennies qui ont suivi, 11 des 14 Premières Nations ont obtenu leur autonomie gouvernementale. Je pense que les progrès que nous avons réalisés jusqu'à maintenant au Yukon en matière de santé et de bien-être des enfants coïncident avec notre autonomie gouvernementale.
J'aimerais parler un peu plus du principe de Jordan. Pour vous donner un exemple des nombreux progrès réalisés depuis l'adoption du principe de Jordan — il est vrai que les tribunaux sont à l'origine de cette initiative, mais au moins nous l'avons maintenant —, j'étais à Haines Junction la semaine dernière, dans le cadre du programme de soutien au rétablissement Shäwthän Näzhi, un incroyable programme de soutien familial qui aide les adultes à se rétablir. On m'a dit que ce programme n'aurait pas été possible sans le principe de Jordan.
Dans le cadre de vos recommandations sur le plan de Spirit Bear, considérez-vous que le principe de Jordan et son prolongement constituent une transition vers un processus plus complet et durable qui continuera à réparer les torts?
Je remercie l'interprète pour son excellent travail. Je sais que je parle vite.
Pour vous donner un peu de contexte, la résistance aux antibiotiques se produit lorsqu'un type de bactérie que nous avons réussi à traiter avec un antibiotique ordinaire n'y réagit plus. Dans certains pays, cette résistance cause toujours plus de décès. Il arrive souvent qu'une infection urinaire, qui est relativement courante, ne réagisse plus aux antibiotiques et que la personne en meure. Cela ne devrait pas se produire à notre époque.
Nous avons pris des mesures politiques, qu'il faut absolument maintenir, pour recueillir avant tout des données sur les types d'antibiotiques administrés et sur la résistance aux différentes infections. Comme la Dre Nuyt l'a souligné, il n'est pas facile d'accéder aux données des différentes régions du pays.
Il y a quelques programmes au niveau fédéral. Le Programme canadien de surveillance des infections nosocomiales en est un. Il vise les infections liées aux soins de santé. Nous sommes en mesure de suivre l'utilisation des antibiotiques et la résistance aux antimicrobiens. Cependant, ce programme se limite à 65 hôpitaux sur les 600 ou plus que nous avons au Canada. Donc comme la Dre Nuyt l'a souligné, pour pouvoir comparer des données, surtout en pédiatrie, il nous faut un programme national et non uniquement un programme provincial. C'est la première étape.
La deuxième étape a trait au concept « Une seule santé », qui indique que tout ce que l'on utilise et tout ce que l'on observe chez les animaux finira par se transmettre aux humains, soit par la nourriture, soit par l'exposition. Lorsque nous voyons apparaître des organismes résistants aux antibiotiques dans, disons, des élevages de poulets, il est très possible que les gens qui travaillent auprès de ces poulets acquièrent ces organismes. Ils finiront par se transmettre chez les humains, et nous ne pourrons plus les traiter. Il est donc crucial de surveiller le monde vétérinaire autant que le monde humain. Il faut que nous puissions utiliser la génomique pour savoir si les souches sont reliées les unes aux autres.
À l'heure actuelle, ces programmes existent, mais on les utilise dans des laboratoires spécialisés, dans des laboratoires de santé publique. Il nous faut un meilleur accès à ces programmes. Il faut qu'ils soient bien financés partout au pays, tant au niveau fédéral que dans les provinces ainsi que dans le laboratoire national de microbiologie.
Enfin, il faut promouvoir l'innovation dans le domaine des antibiotiques. Nous ne verrons pas beaucoup de nouveaux antibiotiques. Les fabricants et les industries pharmaceutiques ne tiennent pas à lancer de nouveaux antibiotiques sur le marché, car cela leur coûte trop cher. Il faut beaucoup de main-d'œuvre pour le faire. De plus, lorsqu'un nouvel antibiotique est mis au point, la pédiatrie est la dernière communauté qui y ait accès. Nous revenons donc à ce que disait la Dre Nuyt au sujet de la disponibilité des médicaments.
:
Merci, monsieur le président.
Nous sommes privilégiés d'avoir parmi nous des témoins aussi compétents, ce matin. Il serait très intéressant de discuter plusieurs heures avec eux, mais je n'ai que six minutes.
D'abord, docteure Nuyt, mon collègue M. Ellis vous a posé des questions que je vous aurais posées. Je reviendrai, si j'ai le temps tout à l'heure, sur vos recherches sur les conséquences des naissances prématurées, notamment sur la santé des enfants.
Docteure Quach‑Thanh, vous avez prononcé une phrase qui m'a frappé. Vous avez dit que la résistance aux antibiotiques était potentiellement la prochaine pandémie à laquelle nous devrons faire face. C'est quand même un énoncé qui fait un peu frissonner.
Pourriez-vous nous en parler davantage? Je sais qu'il doit y avoir des réalités sur les plans clinique, sociodémographique et socioéconomique qu'il faut connaître.
Que devrions-nous faire pour prévenir cela?
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Merci de la question, monsieur Thériault.
Je pense y avoir répondu en partie précédemment, mais j'ajouterais que l'Organisation mondiale de la santé, ou OMS, a quand même mis la résistance aux antimicrobiens sur sa liste des 10 principales menaces pour la santé mondiale. Quand un être humain ou un animal est exposé à des antibiotiques, les « bonnes bactéries », entre guillemets, peuvent développer une résistance et transmettre ces gènes à des agents pathogènes que nous ne pourrons peut-être plus traiter.
Prenons l'exemple des enfants, notamment ceux qui ont des infections urinaires à répétition parce qu'ils ont un système urinaire un peu tortueux et complexe et qu'il y a des reflux de la vessie vers les reins. Ces enfants ont tendance à être traités de façon récurrente pour des infections urinaires. Dans le décours de leurs soins, souvent même pendant leur première année de vie, ils vont être aux prises avec une bactérie qui ne pourra pas être traitée par les antibiotiques usuels administrés par la bouche. Une infection urinaire qui, somme toute, devrait être banale requerra alors une hospitalisation et l'administration d'antibiotiques intraveineux à très large spectre pendant 10 à 14 jours, et ceux-ci pourront continuer de favoriser la résistance aux antimicrobiens.
Il faut donc comprendre quand utiliser les antibiotiques et quand on ne devrait pas les utiliser parce qu'il ne s'agit que d'une infection virale. Il faut avoir accès à des outils de diagnostic, et ce, même de façon délocalisée, dans les bureaux de médecins de famille et dans les cliniques, afin de pouvoir différencier une infection bactérienne d'une infection virale. Les médecins de première ligne sont très bons, mais ils sont obligés de se fier à leur expérience clinique. Ils peuvent penser qu'il s'agit d'une infection bactérienne, alors qu'il ne s'agit que d'une infection virale. Comme je le disais, les enfants peuvent faire de la fièvre de 8 à12 fois par année, parce qu'ils vont contracter de 8 à 12 virus par année pendant leurs premières années à la garderie.
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C'est tout à fait cela.
Dans ce contexte, il faut vraiment pouvoir s'appuyer sur des données pour expliquer et pour faire comprendre les répercussions de nos recommandations.
Je prends l'exemple du Québec. Le 13 mars 2020, on a décidé de fermer toutes les écoles, et la plupart d'entre nous se sont demandé si c'était la chose à faire. On comprend que, à cette époque, on n'avait pas le choix. On n'avait pas de données; il n'y avait aucune donnée probante permettant de savoir si cela allait être grave ou pas, et on a donc fermé les écoles.
Cependant, si nous ne connaissons pas les répercussions de la fermeture des écoles sur les élèves, combien de temps peut-on les fermer? Comment peut-on rattraper les retards scolaires par la suite?
La plateforme POPCORN inclut les 16 hôpitaux pédiatriques du Canada, sauf celui de Thunder Bay. Les membres de ce réseau sont en mesure de regarder les données administratives pour voir les répercussions des mesures de santé publique sur la santé mentale des enfants à la suite de la pandémie.
Éventuellement, ils pourront donc fournir des données probantes et formuler des recommandations à l'intention des décideurs. Ces derniers pourront alors prendre des mesures pour que, lors d'une prochaine pandémie — parce qu'il y en aura une —, quand on aura des questionnements, on puisse évaluer les risques et les avantages. En se fondant sur cette évaluation, on pourra décider ce qu'il faut faire pour à la fois prévenir la transmission, parce qu'il est certain que nous ne voulons pas engorger les hôpitaux, et remédier aux conséquences possibles des mesures.
Par exemple, concernant l'aspect scolaire, le tutorat semble être une option très efficace pour ce qui est du rattrapage des retards scolaires. La professeure Catherine Haeck vous en a peut-être parlé.
Le fait d'avoir la possibilité de comprendre ce qui se passe nous permettra de faire ces recommandations.
Docteure Nuyt, vous avez parlé des retards d'approbation des médicaments pédiatriques qui ne sont pas approuvés ici mais qui le sont déjà par la Food and Drug Administration, la FDA, et je crois que vous avez dit que l'Agence européenne des médicaments, l'EMA, est l'organisation comparable en Europe. Vous avez aussi parlé de l'accès aux formulations pédiatriques.
Dans le contexte de la COVID‑19, des administrations partout dans le monde ont dû décider elles-mêmes d'approuver différents vaccins et traitements, ce qui me semble un processus plutôt inefficace. Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais l'une des choses merveilleuses que j'ai découvertes au sujet de la médecine dans ma pratique médicale, c'est que la médecine est universelle. Les gens de partout dans le monde souffrent essentiellement des mêmes problèmes. Lorsqu'on ouvre quelqu'un, c'est exactement la même chose.
Je vais maintenant vous poser une question politique.
Compte tenu des retards d'obtention de l'approbation, et des retards dans les petits pays comme le Canada, qui sont distancés par les grands... La FDA, par exemple, a de plus grands effectifs et est probablement plus en mesure d'évaluer rapidement les médicaments à approuver. Est‑il logique que chaque pays ait son propre processus de réglementation? Pensez-vous que nous devrions envisager une approche plus globale pour un système de réglementation international pour tester et approuver les nouveaux vaccins et médicaments, de telle sorte que, lorsque nous serons frappés par une nouvelle COVID‑19 ou que nous aurons de nouveaux cas de résistance aux antimicrobiens, la planète sera mieux en mesure de réagir rapidement?
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Merci, monsieur le président.
Je suis vraiment impressionné. Le groupe de témoins d'aujourd'hui est tout simplement extraordinaire. Ses réponses sont tellement succinctes et claires que le Comité leur en est très reconnaissant.
Par où commencer dans une étude sur la santé des enfants? Il y a tellement d'avenues à explorer. Comment pouvons-nous y arriver?
J'espère pouvoir poser quelques questions.
Docteure Quach, je vous remercie de votre travail au sein du CCNI et des exposés que vous avez présentés au Comité par le passé. Nous vous en sommes très reconnaissants.
Au fil des ans, depuis le début de la COVID‑19, beaucoup de choses se sont passées. Aujourd'hui, vous avez abordé un point qui m'intéresse.
Vous avez parlé du retour de la polio aux États-Unis, pour la première fois. Je suis allé au centre de lutte contre la poliomyélite à Islamabad, au Pakistan, et j'ai vu l'excellent travail qu'on y fait et l'excellent travail que font tous les Rotariens au Canada pour contribuer au financement de certains de ces programmes de vaccination contre la poliomyélite. Nous avons la rougeole. Nous voyons des parents dont les enfants ne sont pas vaccinés contre la rougeole. La tuberculose est de retour au Canada, et c'est quelque chose que beaucoup de Canadiens ne comprennent même pas. Dans ma ville, Estevan, nous avons eu des cas de tuberculose dans le Sud-Est de la Saskatchewan. La plupart des gens pensent que c'est seulement dans le Nord, et qu'ils n'ont donc pas à s'en soucier; c'est là, et nous devons aborder ces questions.
Ce qui nous préoccupe, c'est que lorsque la COVID‑19 est arrivée, malheureusement, il y a malheureusement eu beaucoup de confusion. Il y a eu tellement de désinformation à l'époque, et il y a eu tellement de décisions prises à la hâte qui ont ensuite été annulées, etc. Par exemple, l'Agence de la santé publique du Canada a proposé certaines mesures, puis les a modifiées.
La question que je vous pose, docteure Quach, est la suivante: que pouvons-nous faire pour rétablir la confiance? Quelle serait l'une des premières mesures à prendre pour rétablir la confiance des Canadiens? Ils ont besoin de cette confiance pour commencer à reconnaître la grande valeur de la vaccination.
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C'est la question à un million de dollars. Si j'avais la réponse, je vous la donnerais.
Il faut d'abord que les gens comprennent quelles décisions ont été prises en fonction de données scientifiques et quelles décisions ont été prises pour des raisons politiques. Je ne sais pas à quel point c'est facile. Je ne sais pas comment rétablir la confiance, si ce n'est en commençant à discuter et à parler, et en étant capable de dire qu'il y a des choses que nous ne savons pas, mais qu'il y a d'autres choses pour lesquelles nous disposons de preuves solides.
Une chose qui n'a rien à voir avec la confiance, c'est la narration. Comme vous l'avez dit, vous avez vu des cas de polio, mais la plupart d'entre nous n'en ont pas vu. Les grands-parents qui allaient à la piscine l'été et qui ne revenaient pas à l'école à l'automne ne sont plus là. Comment pouvons-nous nous assurer que les parents comprennent que nous avons les données pour prouver que les vaccins sont sûrs, mais qu'en plus, ils sont très bénéfiques pour notre santé et qu'en fait, ils la protègent?
Je pense qu'avec la pandémie, nous avons vu de plus en plus de cas de méningite et d'autres maladies bactériennes. Certaines sont évitables grâce à la vaccination, d'autres ne le sont pas. Il s'agit simplement de comprendre que nous faisons toujours face à des maladies infectieuses. Vous dites que la rougeole est de retour, ainsi que la syphilis. Nous voyons des cas de syphilis congénitale que nous n'avions pas auparavant. Ce n'est pas une maladie évitable par la vaccination, mais il s'agit simplement de comprendre que ces maladies sont de retour et que si vous ne maintenez pas une bonne couverture vaccinale, elles seront de retour et auront des conséquences mortelles.
Je ne sais pas par où commencer pour rétablir la confiance, si ce n'est en discutant et en demandant aux médecins et aux infirmières de première ligne de parler avec leurs patients, et de s'assurer que ceux qui sont en contact avec les parents sont en mesure d'avoir toutes les connaissances dont ils ont besoin pour avoir cette conversation. Il faut aussi s'assurer que, dans les écoles de médecine et de soins infirmiers, nous avons ces conversations et des cours pour nous assurer que les gens se sentent bien équipés, ou outillés, dirais‑je en français, pour être en mesure de répondre aux questions que les parents poseront, parce qu'au bout du compte, les gens que, nous les parents, écoutons le plus, sont ceux qui s'occupent de nos enfants.
Je fais confiance à mon médecin. Lorsque mon médecin me demande si j'ai lu sur ceci ou cela pour mon enfant, je réponds: « Non, je vous fais confiance. Si vous me dites que mon enfant a besoin de tel ou tel médicament, je vais vous faire confiance. » La confiance commence auprès des travailleurs de la santé.
Merci beaucoup aux témoins.
Il est regrettable, compte tenu de leur expertise, que nous n'ayons eu qu'une heure et demie à consacrer aux témoins, mais la qualité des témoignages a compensé leur brièveté. Merci beaucoup d'avoir été là. Je suis sûr que vous pouvez sentir à quel point ceux qui sont présents vous sont reconnaissants de votre expérience et de vos compétences, de vos réponses à leurs questions. Votre contribution nous sera certainement très utile. Je crois que nous avons un autre groupe de témoins. Je me trompe?
Une voix: Il nous en reste un.
Le président: Il reste un autre groupe de témoins avant que nous ne donnions les instructions aux rédacteurs. Le travail touche à sa fin.
Merci à tous. Vous êtes libres de partir.
Mesdames et messieurs les députés, nous avons une demi-heure prévue pour régler d'autres questions. Nous allons donc suspendre la séance sans doute pendant trois ou quatre minutes.
Encore une fois, merci beaucoup aux témoins.
La séance est suspendue.
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Une motion visant à contester une décision de la présidence ne peut faire l'objet d'un débat. Nous allons passer directement au vote. Pour que tout le monde comprenne bien sur quoi nous votons, je résume: j'ai décidé que la motion n'a pas été adoptée et que M. Thériault doit avoir la parole pour proposer son amendement. Cette décision a été contestée.
Le vote porte sur le maintien ou non de la décision de la présidence.
Devons-nous tenir un vote par appel nominal sur une question de ce genre? Non?
Par un vote à main levée sur la décision de la présidence selon laquelle M. Thériault est maintenant autorisé à présenter un amendement et que la motion n'a pas encore été adoptée, le Comité souhaite‑t‑il maintenir la décision de la présidence?
Tous ceux qui sont en faveur du maintien de la décision de la présidence... Un, deux, trois, quatre, cinq.
Tous ceux qui sont contre... Un, deux, trois, quatre, cinq.
Madame Sidhu, avez-vous voté pour ou contre?
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Avec tout le respect que je dois à mon collègue, la solution la plus simple, c'est de rappeler que la seule, l'unique la principale raison qu'il avance pour refuser d'entendre M. Clark est inexacte. M. Clark a été là tout le temps. En fait, il est toujours là.
M. Clark a donné avis de sa démission. Il a travaillé au CEPMB tout au long du processus. Il est là aujourd'hui, et vous pouvez lui téléphoner. Sa démission entre en vigueur en juin. Je me trompe peut-être sur ses fonctions actuelles, mais il a été, tout au long de l'échange de documents et de lettres, le directeur exécutif du Conseil d'examen du prix des médicaments brevetés, ou CEPMB.
Deuxièmement, s'il est un témoin essentiel, c'est qu'en tant que directeur exécutif du CEPMB, il est le mieux placé pour répondre aux questions que le Comité pourrait poser au sujet de ce qui s'est passé au CEPMB. Il a déjà comparu devant le Comité. Il possède un savoir encyclopédique. Il est extraordinairement juste. Il n'a aucun intérêt à défendre et il serait une ressource précieuse.
Lorsqu'il fait appel à des témoins, le Comité en convoque presque toujours quatre. Il s'agit de ma motion, et ce sont les quatre témoins que je veux entendre.
Il vaut toujours mieux que le Comité entende trop de témoignages plutôt que trop peu. Si mon collègue, M. Thériault, ne veut pas poser de questions à M. Clark, il n'est pas obligé de le faire. Il peut poser ses questions à qui il veut, bien sûr, mais M. Herder et Mme Forcier seront là.
M. Clark est une source indispensable de connaissances sur ce qui se passe au Conseil d'examen du prix des médicaments brevetés. Il serait un témoin indispensable pour tous les membres du Comité.
Une dernière chose: vous avez des opinions contraires sur ce qui s'est passé. À mon avis, il est indispensable que quelqu'un qui a été le directeur général de ce conseil et le responsable des opérations quotidiennes soit là pour répondre aux questions et qu'une personne qui n'est pas intimement mêlée à cette question de changement de titulaires de postes nous aide à résoudre ce problème.
Je rejetterais donc l'amendement et j'inviterais les quatre témoins.
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Je vais me limiter à quelques points.
M. Clark a également démissionné. Nous avons donc trois démissions au CEPMB. Peu importe qu'il ait rendu la lettre publique ou non.
Il y a eu trois démissions très remarquées au CEPMB, et les lettres qui ont été envoyées montrent que nous devons nous intéresser à certaines questions. Il est pertinent d'essayer de savoir pourquoi le directeur exécutif du CEPMB a démissionné dans ce contexte.
Deuxièmement, nous ne sommes pas là pour nous prononcer sur le fond des réformes du CEPMB. C'est à ce sujet que M. Clark est venu témoigner. Ce n'est pas ce que nous examinons dans ce cas-ci; nous examinons le fonctionnement du conseil et les éventuels problèmes d'irrégularité.
Enfin, si sa présence est presque indispensable, c'est qu'il est mentionné deux fois dans la lettre de démission de Mme Bourassa Forcier.
Je suis désolé; je viens de perdre les citations, mais Mme Bourassa Forcier fait précisément allusion à M. Douglas Clark. Il serait donc fondamentalement injuste d'entendre Mélanie Bourassa Forcier lorsqu'elle témoignera au sujet de M. Clark sans que celui‑ci soit là pour l'entendre et lui répondre.
Je vous lis des extraits de sa lettre: « À la suite de ces deux lettres, j'ai demandé au Directeur exécutif, lequel a récemment démissionné de ce poste, si nous avions bien pris le temps de rencontrer ces parties prenantes afin de comprendre leurs préoccupations en lien avec les directives proposées, préoccupations qui n'avaient pas été portées à mon attention à titre de présidente par intérim. Je croyais donc, à tort, que nos directives proposées ne posaient aucune réelle problématique. J'ai alors compris, de la réponse du Directeur exécutif, qu'il avait rencontré des représentants de certaines entreprises pharmaceutiques et qu'il n'avait jamais eu de discussions avec Santé Canada en lien avec les directives proposées. »
Le sujet même dont nous sommes saisis, c'est‑à‑dire la façon dont la décision a été prise — et il s'agissait de savoir si les pressions exercées par l'industrie pharmaceutique avaient joué un rôle ou non —, met le directeur exécutif en cause, car il participe de près aux discussions avec les membres du conseil, et Mme Bourassa Forcier elle-même en parle dans sa lettre de démission. M. Clark est un témoin non seulement pertinent, mais aussi essentiel.
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Y a‑t‑il d'autres interventions au sujet de l'amendement?
Que tous ceux qui sont en faveur de l'amendement visant à retirer M. Clark de la liste des témoins lèvent la main.
(L'amendement est rejeté. [Voir le Procès-verbal])
Le président: Nous allons revenir à la motion principale telle que modifiée par l'amendement de M. van Koeverden seulement. Y a‑t‑il d'autres observations sur la motion principale?
Je vois qu'elle est adoptée à l'unanimité.
(La motion modifiée est adoptée. [Voir le Procès-verbal])
Le président: Cela nous amène au projet de loi .
Après un préavis remarquablement court, un expert est présent en tant que conseiller législatif, au cas où il y aurait des questions d'ordre juridique.
À vous, monsieur Thériault.
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Monsieur le président, nous avons pris du temps, lors de notre dernière séance à huis clos, pour organiser nos travaux. Or nous avons reçu votre avis selon lequel le projet de loi serait à l'ordre du jour à 10 heures ce matin. Trouvez-vous cela normal, qu'on décide, à une heure de préavis, d'inscrire à l'ordre du jour l'étude d'un projet de loi pour 15 minutes, alors qu'une formation politique doit déposer des amendements? Trouvez-vous ce délai normal?
Vous avez présupposé, en vous basant sur l'information de je ne sais qui — ce n'est sûrement pas une instance officielle —, qu'il y avait une entente entre les partis là-dessus, ce qui n'est pas le cas. Ce que je conteste n'est pas le résultat de l'entente, c'est le fait d'inscrire une étude article par article à l'ordre du jour d'une rencontre de comité à une heure de préavis. Je n'ai jamais vu cela.
Il ne s'agit pas de faire de l'obstruction. Je sais que M. Lake tient à ce projet de loi. Je pense que, si nous entamons cette étude mardi, à notre retour de la semaine de relâche, il y aura assez de temps pour qu'il puisse réaliser son objectif, c'est-à-dire faire adopter son projet de loi avant la Journée mondiale de sensibilisation à l'autisme.
Cependant, je n'accepterai pas que nous prenions du temps pour organiser nos travaux et qu'à une heure de préavis, après avoir été contacté par une instance qui n'est pas officielle, vous nous demandiez d'entamer une étude article par article. Ce n'est pas conforme aux pratiques habituelles.