:
Bonjour, chers collègues. La séance est ouverte.
Conformément à l'article 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le jeudi 24 octobre 2024, le Comité entreprend son étude des enjeux et des possibilités liés aux entreprises ferroviaires dans le contexte de l'agriculture.
Comme vous le savez, nous recevons aujourd'hui cinq témoins. Nous avons décidé de les rassembler en un seul groupe. Nous allons échanger avec eux pendant environ une heure et demie. Nous débutons donc sans plus tarder.
Tout d'abord, de la Fédération de l'agriculture de l'Ontario, nous accueillons Drew Spoelstra, président, et Jason Bent, directeur de la recherche sur les politiques, qui sont ici avec nous. Messieurs, merci beaucoup de votre travail et bienvenue au Comité.
De Pulse Canada, nous accueillons Terry Youzwa, qui en est le président. Je suis également heureux de vous voir dans la salle.
[Français]
De l'Union des producteurs agricoles, nous recevons en personne Mme Stéphanie Levasseur, deuxième vice-présidente générale, et par vidéoconférence, M. David Tougas, coordonnateur, Économie et commerce.
Je vous souhaite la bienvenue.
[Traduction]
Enfin, nous avons Wade Sobkowich, directeur général de la Western Grain Elevator Association, qui se joint à nous par vidéoconférence.
Collègues, vous connaissez notre mode de fonctionnement. Nous allons commencer par des remarques liminaires de cinq minutes de la part de chaque témoin, puis nous passerons aux questions. Je pense que nous devrions pouvoir faire environ deux tours complets, avec trois séries de questions pour les conservateurs, trois pour les libéraux et deux pour le NPD et le Bloc.
J'aimerais également saluer Mme Sidhu, qui se joint au Comité. C'est un plaisir de vous avoir parmi nous.
[Français]
Monsieur Boulerice, je vous souhaite la bienvenue en remplacement de M. Cannings.
Finalement, je souhaite la bienvenue à M. Epp, qui remplace M. Lehoux.
[Traduction]
D'accord. Nous allons partir le bal en commençant par la Fédération de l'agriculture de l'Ontario.
Monsieur Spoelstra, vous disposez de cinq minutes. À vous la parole.
Bonjour, monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire. Je vous remercie de me donner l'occasion de m'adresser au Comité dans le cadre de votre étude des enjeux et des possibilités liés aux entreprises ferroviaires.
Je m'appelle Drew Spoelstra et je suis le président de la Fédération de l'agriculture de l'Ontario, ou FAO. J'exploite une ferme près de Hamilton avec ma famille. Je suis accompagné aujourdhui de Jason Bent, directeur de la recherche sur les politiques pour la Fédération. Nous avons à cœur de défendre les intérêts des quelque 38 000 familles d'agriculteurs de l'Ontario que nous représentons et de l'ensemble de l'industrie agroalimentaire.
Les agriculteurs de l'Ontario sont confrontés à des difficultés de taille du fait que les entreprises ferroviaires cherchent à leur refiler une partie de leurs coûts. Ces difficultés s'articulent autour de deux grands axes. Il y a, d'une part, les coûts liés à l'amélioration de la sécurité aux passages à niveau privés et, d'autre part, la question de l'infrastructure de drainage.
De nombreux agriculteurs ontariens ont besoin de passages à niveau privés pour accéder à leurs champs. Ces passages essentiels au transport de l'équipement, des fournitures et des fruits et légumes permettent aux propriétaires d'atteindre les parcelles qui ont été séparées de leurs autre terres lorsque le chemin de fer a été construit.
La sécurité est cruciale, aussi bien pour les utilisateurs des chemins de fer que pour ceux qui doivent traverser les voies ferrées. Cependant, le Règlement sur les passages à niveau prévoit de nouvelles règles de sécurité que les chemins de fer devront mettre en œuvre d'ici le 28 de ce mois‑ci, et qui imposeront un fardeau financier énorme à certains agriculteurs. Les coûts de mise à niveau varient grandement en fonction des améliorations requises pour chaque passage à niveau.
Certains de nos membres qui possèdent des passages à niveau privés ont récemment reçu une lettre du CN les informant qu'à moins qu'une exemption aux exigences réglementaires ne soit accordée, leurs passages à niveau devront obligatoirement faire l'objet d'une actualisation qui comprendra l'installation d'un système d'avertissement automatisé avec barrières. Dans cette lettre, le CN indique que les mises à niveau nécessaires coûteront entre 600 000 $ et 2 millions de dollars à chaque propriétaire de passage à niveau privé, selon le coût d'installation de chaque système de barrières automatisées, en plus de frais d'entretien annuel de 9 685 $ pour l'équipement.
Les coûts excessifs de ces mises à niveau obligatoires entraîneront la fermeture de certains passages à niveau privés. Sans solution de rechange, certains propriétaires n'auront d'autre choix que de renoncer à l'accès aux parties enclavées de leur propriété.
Nous croyons savoir que le CN examine actuellement avec l'organisme de réglementation la possibilité de demander une exemption au titre de certains passages à niveau pour lesquels le CN estime que des solutions de rechange moins coûteuses pourraient être mises en œuvre tout en assurant le même degré de sécurité. Bien que nous appuyions les efforts déployés par le CN en ce sens, la question demeure de savoir qui paiera pour les améliorations apportées.
Pour certains passages à niveau, l'entreprise ferroviaire oblige les agriculteurs à assumer les coûts de mise à niveau en leur imposant de nouvelles ententes. Non seulement ces accords unilatéraux transfèrent-ils les coûts aux agriculteurs, mais ils menacent également de bouleverser des arrangements de longue date. Dans certains cas, les agriculteurs reçoivent même un avis de 30 jours pour la fermeture de leurs passages à niveau ou, pire encore, constatent que ces passages à niveau ont été enlevés sans qu'on les ait avisés.
Notre fédération estime urgent d'imposer un moratoire immédiat sur la fermeture unilatérale des passages à niveau privés. De plus, les entreprises ferroviaires doivent continuer d'honorer leurs obligations de longue date d'assurer à leurs frais l'entretien et les mises à niveau. Nous appuyons les efforts des entreprises comme le CN pour trouver des solutions de rechange raisonnables en matière de sécurité aux passages à niveau.
Parlons maintenant du drainage. Le transfert des responsabilités quant aux coûts ne se limite pas aux passages à niveau. Les entreprises ferroviaires se soustraient maintenant aux obligations qui leur incombent en vertu de la Loi sur le drainage de l'Ontario, laquelle répartit les coûts de drainage en fonction de la superficie des terres drainées. Un bon drainage est essentiel pour les terres agricoles. Il permet que les sols demeurent productifs en empêchant l'engorgement des terres et les inondations. Les entreprises ferroviaires ont toujours payé les évaluations des drains municipaux, mais refusent maintenant de le faire, invoquant le fait qu'elles sont assujetties à la réglementation fédérale comme motif d'exemption. Ce refus pourrait faire en sorte que des millions de dollars en coûts de drainage soient refilés aux agriculteurs et aux municipalités rurales.
Nous sommes d'avis que les chemins de fer devraient continuer à assumer ces coûts de drainage, conformément à leurs obligations historiques en vertu de la Loi sur le drainage de l'Ontario. À cette fin, la FAO a demandé à obtenir la qualité d'intervenant dans une contestation judiciaire opposant la municipalité de Chatham-Kent et le Chemin de fer Canadien Pacifique. Nous voudrions en outre que le gouvernement fédéral modifie la Loi sur les transports au Canada afin de préciser que les entreprises ferroviaires sont tenues de respecter les lois provinciales en la matière.
En conclusion, ces changements soudains et unilatéraux dans le partage des coûts sont tout simplement inacceptables. Les agriculteurs sont déjà soumis à d'énormes pressions financières en raison de la hausse du coût des intrants, des défis climatiques et de l'instabilité des marchés. L'imposition d'une telle charge financière imprévue mine la stabilité des accords sur lesquels les agriculteurs comptent, ce qui peut avoir une incidence sur leur santé mentale, leur productivité et, en fin de compte, leurs moyens de subsistance.
La Fédération demande instamment au gouvernement fédéral d'agir sans tarder en prenant les mesures suivantes:
Imposer un moratoire immédiat sur la fermeture des passages à niveau privés.
Confirmer la responsabilité des compagnies de chemin de fer à l'égard des coûts des mises à niveau et de l'entretien nécessaires aux passages à niveau privés, comme cela a toujours été le cas.
Interdire les accords unilatéraux imposant de nouveaux contrats qui transfèrent les coûts d'entretien et de modernisation aux propriétaires fonciers.
Financer entièrement à même les fonds publics le Programme d'amélioration de la sécurité ferroviaire afin d'aider les agriculteurs à assumer les coûts de conformité liés aux mises à niveau de sécurité. Comme la date limite approche à grands pas, il faut agir immédiatement pour éviter que les agriculteurs aient à éponger ces coûts.
Apporter des modifications à la Loi sur les transports au Canada pour empêcher les entreprises ferroviaires de transférer les coûts qu'elles ont toujours assumés.
Les agriculteurs de l'Ontario fournissent des services essentiels en soutenant notre économie et en nourrissant les Canadiens. Nous exhortons le Comité à appuyer les politiques qui garantissent des conditions équitables et stables aux agriculteurs, leur permettant de continuer à produire des aliments tout en préservant leur bien-être financier et mental.
Je vous remercie de l'attention que vous portez à ces questions urgentes. Nous sommes impatients de travailler ensemble pour trouver une solution viable pour les agriculteurs et les collectivités rurales de l'Ontario.
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Merci, monsieur le président.
Je tiens à remercier le Comité de son invitation à comparaître ce matin.
Je m'appelle Terry Youzwa. Je suis le président de Pulse Canada,une association nationale représentant plus de 26 000 producteurs de légumineuses, ainsi que les transformateurs et les exportateurs de légumineuses canadiennes, y compris les pois, les lentilles, les pois chiches, les haricots secs et les féveroles. Je suis un agriculteur de Nipawin, en Saskatchewan, où je cultive, avec mon fils, du canola, du blé, de l'avoine, des pois, des féveroles et des graines à canaris.
Le Canada est le plus grand exportateur de légumineuses au monde. Chaque année, nous exportons des milliards de dollars de légumineuses vers plus de 120 marchés dans le monde. Pour y parvenir de manière rentable, l'industrie canadienne des légumineuses — tout comme l'ensemble de l'agriculture canadienne — doit pouvoir compter sur une chaîne d'approvisionnement qui fonctionne bien. Pour que des produits comme ceux que je cultive se rendent aux ports et se retrouvent dans les assiettes des consommateurs dans les marchés du monde entier, il faut d'abord un service ferroviaire rapide et prévisible. Le manque de concurrence fait toutefois en sorte que les expéditeurs ont plutôt droit à un service peu fiable et imprévisible.
Pour un agriculteur de la Saskatchewan, il n'y a qu'un seul transporteur ferroviaire qui dessert la région, ce qui crée une situation de monopole. En fait, 94 % des élévateurs à grains sont dépendants d'un seul et unique transporteur. C'est pourquoi Pulse Canada préconise des mesures qui non seulement rendraient notre système plus efficace, mais aussi favoriseraient une concurrence accrue. La principale de ces mesures est l'interconnexion étendue et réglementée. Pulse Canada milite depuis une décennie en faveur de cette politique. Il a été positif de voir des partis de toutes les allégeances reconnaître la valeur proconcurrentielle de l'interconnexion étendue et les avantages économiques qu'elle procure.
Nous, agriculteurs, devons faire les frais d'une chaîne d'approvisionnement qui ne fonctionne pas. Il suffit de visiter nos installations pour le constater. Le mauvais fonctionnement de la chaîne d'approvisionnement se traduit pour moi par des niveaux d'inventaire plus élevés, des coûts d'entreposage accrus, des frais d'intérêt supplémentaires, des écarts plus marqués et des prix plus bas pour mes produits.
Le problème ne se limite cependant pas au coût d'entreposage d'une plus grande quantité de céréales sur de plus longues périodes. Une grande partie de notre production de légumineuse est transportée par conteneur. Lorsque la chaîne d'approvisionnement qui assure le transport de ces produits de la Saskatchewan vers les installations de transbordement de Vancouver est défaillante, il y a une incidence encore plus importante sur nos résultats financiers. Une quantité de wagons ne correspondant pas à ce que nous avons commandé et l'imprévisibilité du service à destination de Vancouver créent des retards. Ces retards entraînent souvent des frais de surestarie et de détention de conteneurs. Si les wagons et les conteneurs ne sont pas déchargés et chargés à temps au port, nous manquons le navire que nous avions réservé pour expédier nos légumineuses au client à l'étranger. Les fenêtres d'expédition ainsi ratées entraînent des pénalités au titre du prix qui sont intégrées dans les contrats standard.
Comme il n'est que trop courant pour notre secteur de connaître ce genre de problèmes, les entreprises doivent souvent se tourner vers des modes de transport plus coûteux ou élargir leurs fenêtres d'expédition afin d'atténuer les risques, ce qui ne fait que réduire davantage la rentabilité et augmenter les coûts. Ces coûts supplémentaires ne peuvent pas être refilés à nos clients parce que nous sommes en concurrence avec les Australiens et les nouveaux producteurs de la région de la mer Noire. La plupart de ces coûts doivent être assumés par les producteurs sous la forme de prix réduits pour leurs légumineuses et de primes de risque plus élevées.
L'essentiel pour moi, en tant que producteur, c'est que nous ayons accès à un système offrant une plus grande quantité de wagons, de meilleurs tarifs et un meilleur service. Pour y arriver, il faut qu'il y ait de la concurrence. Le projet pilote mené de 2014 à 2017 et celui qui est en cours montrent tous les deux que l'interconnexion étendue fonctionne. Même lorsque l'expédition n'est pas prise en charge par un autre transporteur, tout indique que l'interconnexion étendue incite le transporteur d'origine à faire le nécessaire pour décrocher le contrat. Il offre alors le nombre de wagons souhaité à un prix correspondant à celui demandé par l'autre transporteur. C'est ça, la concurrence. Nous ne devrions jamais nous attendre à rien de moins au sein de notre système de transport ferroviaire des marchandises.
La concurrence permettra de déployer la bonne quantité de wagons au bon endroit, au bon moment et au bon prix. Lorsque cela se produira, nous aurons moins souvent à absorber des pénalités et à payer pour des solutions de rechange coûteuses, comme choisir un autre mode de transport ou prolonger la fenêtre d'expédition. C'est toute la chaîne d'approvisionnement canadienne qui en bénéficiera, ce qui se traduira par de meilleurs résultats pour les agriculteurs comme moi.
Il est temps de rendre permanent le projet pilote d'interconnexion étendue de 160 kilomètres. En fait, pour que tous les producteurs des Prairies puissent bénéficier pleinement de la concurrence accrue, il faudrait envisager une distance d'interconnexion de 500 kilomètres. Il n'y a aucune raison d'étudier la question plus avant. Agissons dès maintenant pour pouvoir continuer à contribuer à la croissance de notre économie.
Je vous remercie et je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Mesdames et messieurs les membres du Comité, je vous remercie de nous accueillir aujourd'hui.
Je m'appelle Stéphanie Levasseur. J'ai le plaisir d'être ici en tant que productrice de pommes à Frelighsburg, dans le Sud du Québec, et à titre de deuxième vice-présidente générale de l'UPA, soit l'Union des producteurs agricoles.
L'UPA regroupe plus de 42 000 producteurs et productrices agricoles, qui exploitent près de 29 000 entreprises dans toutes les régions du Québec. Elle représente tous les secteurs de production agricole, et ses membres sont actifs sur les marchés tant locaux que nationaux et internationaux.
Comme vous le savez, l'apport économique de l'agriculture et de la foresterie est indéniable. En 2023, ces entreprises agricoles ont généré des recettes totales de 13 milliards de dollars, ce qui fait de l'agriculture la plus importante activité du secteur primaire au Québec. De plus, selon une étude produite par nos économistes en 2022, le potentiel de croissance du secteur agricole est évalué à 23 % d'ici 2030, soit 4 % de plus que l'économie québécoise dans son ensemble. Ces quelques chiffres démontrent bien l'importance à accorder à l'agriculture et les conséquences que peuvent avoir certaines décisions sur ce secteur névralgique de notre économie.
Le premier sujet dont je veux vous entretenir est la mise aux normes des passages à niveau. Comme l'a dit mon collègue M. Spoelstra, le 28 novembre prochain, soit dans moins de trois semaines, tous les passages à niveau de compétence fédérale devront être conformes au Règlement sur les passages à niveau.
Le CN a trouvé un nombre restreint de passages à niveau privés qui nécessitent encore des investissements de mise aux normes importants pour respecter ce règlement.
Conformément à la réglementation en vigueur, ces coûts devront être assumés par les producteurs et productrices qui utilisent ces passages. Comme on l'a déjà dit, les coûts estimés sont de 600 000 à 2 millions de dollars pour chacun de ces passages à niveau. S'ajoute à cela un coût annuel qui peut s'élever à 10 000 dollars pour l'entretien de l'équipement.
Vous comprendrez que ces montants excèdent largement la capacité financière des agriculteurs concernés. En l'absence de solutions viables, la seule option pourrait être la fermeture de ces passages, ce qui rendrait complètement inaccessible une partie des terres agricoles et forestières des propriétaires concernés. Une telle situation serait inacceptable et causerait un préjudice considérable aux producteurs touchés.
Le CN nous informe avoir trouvé, à l'aide d'experts en la matière, des mesures de remplacement ayant des avantages équivalents en matière de sécurité et dont les coûts seraient substantiellement moins élevés dans le cas de plusieurs passages à niveau en milieu agricole. À la lumière de ces informations, l'Union des producteurs agricoles, tout comme la Fédération de l'agriculture de l'Ontario et, plus largement, la Fédération canadienne de l'agriculture, soutient l'initiative du CN visant à obtenir des exemptions réglementaires pour ces passages à niveau.
Ces exemptions sont d'autant plus critiques que le Programme d'amélioration de la sécurité ferroviaire, ou PASF, n'accepte plus de nouvelles propositions depuis 2022 pour des projets visant à améliorer la sécurité ferroviaire aux passages à niveau et le long des voies ferrées. Bien que nous encouragions vivement le gouvernement du Canada à recapitaliser le PASF pour couvrir les coûts de mise à niveau, d'entretien et de modification des passages à niveau privés, nous sommes bien conscients que tout nouveau financement ne sera pas disponible à temps pour respecter l'échéance de la fin du mois, stipulée dans les règlements, d'où l'importance d'accorder des exemptions réglementaires.
Je voulais aussi attirer votre attention sur l'importance cruciale de maintenir des services ferroviaires efficaces et fluides pour le transport de produits agroalimentaires, incluant les intrants à la production agricole comme les semences, les fertilisants et les équipements. Les perturbations ferroviaires représentent un enjeu stratégique pour le secteur agricole et agroalimentaire. Des retards dans la livraison de nos produits agricoles entraînent des conséquences graves pour les entreprises agricoles et, par le fait même, pour l'ensemble de l'industrie agroalimentaire, et c'est sans compter l'impact direct sur le consommateur.
La crise du propane agricole, qui a eu lieu en novembre 2019, est un exemple concret. À l'époque une grève avait entraîné l'interruption du transport ferroviaire au Québec et ailleurs au Canada. En conséquence, l'approvisionnement en propane, essentiel pour plusieurs usages agricoles, notamment pour le séchage des grains en période de récolte, avait été gravement affecté. Cette pénurie de propane a particulièrement touché les agriculteurs québécois. Cette crise a révélé la dépendance importante de l'agriculture québécoise au transport ferroviaire pour l'approvisionnement en propane, entre autres, et a soulevé des questions sur la résilience de la chaîne d'approvisionnement.
Nous avons observé, lors de la pandémie, à quel point notre résilience repose sur une chaîne logistique stable et fiable. Le secteur agricole, déjà confronté à des défis financiers et climatiques, ne peut pas se permettre de voir son accès au transport ferroviaire compromis. La situation actuelle appelle à des mesures urgentes pour garantir que le transport des biens essentiels, particulièrement ceux qui sont liés à l'agriculture, soit protégé et priorisé.
En conclusion, nous saluons le fait que les membres de ce comité ont pris l'initiative de s'intéresser à cette question. Nous espérons que les recommandations qui émaneront du Comité permettront d'adapter la réglementation et les programmes en vigueur à la réalité de la société canadienne d'aujourd'hui.
Merci.
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Bonjour. Merci d'avoir invité la Western Grain Elevator Association, ou WGEA, à comparaître sur ce sujet très important.
La WGEA est une association nationale de sociétés céréalières qui manutentionnent plus de 95 % des exportations de céréales en vrac du Canada. Les expéditions de grain représentent environ 20 % des revenus des entreprises ferroviaires. Autrement dit, pour chaque tranche de cinq dollars gagnés par les principaux transporteurs du Canada, un dollar provient du secteur céréalier. Nos membres représentent une part encore plus importante du volume total de fret dans les plus grands ports du Canada, y compris ceux de Vancouver, Thunder Bay, Hamilton et Montréal.
Un service ferroviaire rentable et efficient est essentiel au bon fonctionnement de la chaîne d'approvisionnement du grain du Canada. De concert avec bon nombre de ses partenaires agriculteurs et transformateurs de grains, la WGEA réclame depuis des décennies que des améliorations soient apportées aux lois régissant le transport ferroviaire. Je suis personnellement à l'emploi de la WGEA depuis 27 ans, et nous avons travaillé à l'amélioration de ces lois pendant tout ce temps.
Il y a un certain nombre d'éléments que nous préconisons et dont nous souhaiterions l'inclusion dans la Loi sur les transports au Canada. Premièrement, il faudrait faire en sorte que les compagnies de chemin de fer paient des pénalités réciproques lorsqu'elles ne livrent pas les marchandises dans les délais prévus. À l'heure actuelle, elles facturent les sociétés céréalières lorsqu'elles ne parviennent pas à charger les trains dans un délai de 24 heures ou une période équivalente, mais les entreprises ferroviaires ne font l'objet d'aucune mesure disciplinaire lorsqu'elles ne rendent pas un train disponible ou ne livrent pas son chargement à destination au moment où elles sont censées le faire. Nous pensons que la réciprocité est nécessaire dans ce domaine.
Deuxièmement, il conviendrait de maintenir le revenu admissible maximal afin d'éviter que les tarifs ferroviaires ne retombent en fin de compte sur les épaules des exploitations agricoles. Troisièmement, il faut transformer les plans pour le transport du grain et les plans de prévoyance pour l'hiver en mécanismes de reddition de comptes utiles. Je pourrai vous en dire davantage à ce sujet, si la chose vous intéresse. Quatrièmement, il faut mettre fin à la pratique de la soi-disant sous-traitance, qui permet aux entreprises ferroviaires d'amener les expéditeurs à renoncer aux droits que leur confère la Loi sur les transports au Canada. C'est une pratique qui a cours au moment où l'on se parle. Cinquièmement, il y aurait tout lieu d'améliorer les recours actuellement lourds et inefficaces qui sont offerts par l'entremise de l'Office des transports du Canada.
Voilà autant d'avenues stratégiques importantes qui méritent d'être prises en considération, mais il y en a une sixième, dont je parlerai pendant le temps qu'il me reste, et c'est l'interconnexion étendue. M. Youzwa vous a déjà expliqué de quoi il s'agit. C'est le meilleur exemple qui soit d'une solution à portée de la main. L'interconnexion étendue assure une concurrence véritable quant aux tarifs et aux services ferroviaires offerts aux expéditeurs qui sont captifs de l'un des deux principaux réseaux ferroviaires.
L'interconnexion étendue est l'un des seuls outils stratégiques qui permettent vraiment de faire en sorte que les deux monopoles ferroviaires du Canada — nous parlons d'un « monopole double », plutôt que d'un « duopole », parce qu'une entreprise située sur le trajet d'une ligne ferroviaire n'a pas le choix entre l'un ou l'autre — se livrent concurrence pour faire affaire avec les expéditeurs. Non seulement on permet ainsi l'accès à un autre fournisseur de services, mais on incite aussi le transporteur d'origine à offrir un meilleur service ou un meilleur prix qu'il ne le ferait autrement.
Le Canada a institué l'interconnexion étendue de 2014 à 2017, à la suite de ruptures de service catastrophiques dans le secteur ferroviaire en 2013. À l'époque, les compagnies de chemin de fer du Canada ont exprimé de vives objections à l'interconnexion étendue au motif qu'elle leur causerait d'importantes difficultés opérationnelles et économiques. Nous avons finalement pu constater, à la lumière de leurs ratios d'exploitation, que la rentabilité des transporteurs ferroviaires de catégorie I au cours de cette période de quatre ans a été meilleure qu'au cours de la décennie précédente. Nous savons pourtant que ces entreprises militent très activement contre le renouvellement de l'interconnexion étendue ou le prolongement de la distance couverte.
Plus récemment, un projet pilote visant à augmenter la limite d'interconnexion réglementée dans les Prairies a été approuvé dans le cadre du budget de 2023. Il est en place depuis septembre 2023, mais il ne s'étendra que sur une très courte période de 18 mois, ce qui, pour diverses raisons que je pourrai vous expliquer, le rend très difficile à utiliser.
Essentiellement, l'interconnexion étendue donne aux expéditeurs desservis par une seule ligne ferroviaire la possibilité d'avoir recours à une autre compagnie de chemin de fer pour acheminer leurs produits vers les marchés à l'intérieur de la distance étendue, qui est de 160 kilomètres dans le cadre du projet pilote. Le mauvais service ferroviaire est souvent le résultat d'un sous-investissement de la part des compagnies de chemin de fer. Cependant, pour pouvoir se livrer concurrence, ces entreprises devront déployer plus de ressources, ce qui signifie qu'elles devront embaucher plus de gens. Le fait est que l'interconnexion étendue créera de l'emploi au Canada.
La menace de perdre des contrats incite les sociétés ferroviaires à revoir leurs tarifs marchandises qui influent sur le coût des produits pour les Canadiens et qui nuisent à notre compétitivité à l'échelle mondiale. Dans le cadre de l'interconnexion réglementée, l'Office des transports du Canada veille à ce que les chemins de fer soient pleinement indemnisés pour leurs coûts réels en plus d'avoir droit à une marge de profit. L'interconnexion étendue offre aussi d'autres options. Elle permet notamment de trouver des voies plus rapides et plus directes pour la circulation des marchandises. Cela réduit les coûts pour les expéditeurs et, par le fait même, pour les consommateurs. Cela libère également de la capacité ferroviaire de telle sorte qu'il devient plus facile d'acheminer les produits aux clients dans les délais prévus.
L'interconnexion étendue transforme essentiellement un marché monopolistique en duopole. Ce n'est pas l'idéal, mais c'est tout au moins préférable à un monopole. Même en l'absence d'une interconnexion dans les faits, l'accès à une autre option change le comportement des transporteurs ferroviaires. C'est là que se situe la valeur véritable de l'interconnexion étendue. Le transporteur principal n'a d'autre choix que de négocier.
Le but de l'interconnexion étendue est d'offrir à tous les expéditeurs captifs au moins une option concurrentielle. Pour que cela se produise dans le secteur céréalier, comme M. Youzwa l'a mentionné, la distance d'interconnexion étendue devrait être de 500 kilomètres pour permettre aux régions agricoles de la rivière de la Paix et de la rivière Carrot d'en bénéficier.
C'est un outil essentiel pour les expéditeurs canadiens qui a accru la concurrence tout en réduisant les coûts pour les expéditeurs et les consommateurs. Ce devrait être un droit permanent pour tous les expéditeurs canadiens.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Avant de poser mes questions, j'aimerais donner avis d'une motion dont j'espère que nous pourrons discuter mardi. La motion est la suivante:
a) le ministre de l’Agriculture a confirmé qu’il ne savait pas que la hausse de l’impôt sur les gains en capital était prévue dans le budget de 2024;
b) le ministre de l'Agriculture n'a mené aucune consultation auprès du secteur agricole;
c) le Comité a entendu des témoignages inquiétants et déchirants sur l’impact que la hausse du taux d’imposition des gains en capital aura sur les familles d’agriculteurs;
Que le Comité tienne au moins quatre réunions supplémentaires dans le cadre de son étude sur le transfert intergénérationnel des exploitations agricoles et nouveaux entrants.
J'espère que nous pourrons en discuter mardi. À la lumière des témoignages que nous avons entendus jusqu'à présent sur cette question, je pense qu'elle mérite d'être étudiée plus en profondeur.
Pour en revenir à l'étude en cours, monsieur Spoelstra, merci beaucoup de votre témoignage, ainsi que du vôtre, monsieur Youzwa, sur les passages à niveau.
Lorsque Transports Canada a modifié le Règlement sur les passages à niveau en 2022, il n'y avait essentiellement aucune différence entre un passage à niveau privé et un passage à niveau public. Le ministère a‑t‑il consulté la Fédération de l'agriculture de l'Ontario ou Pulse Canada?
:
Il n'y en a pas eu à ma connaissance.
Effectivement, ces passages à niveau sont situés sur des terres privées. Ils sont utilisés seulement par les propriétaires qui sont producteurs, ou leurs employés, qui les traversent pour faire les travaux dans les champs ou les boisés de l'autre côté.
Au cours des années 1800, ces terres étaient probablement boisées et n'étaient pas utilisées. Il y avait beaucoup moins de problèmes à cette époque, mais, depuis, les terres ont été mises en culture et, maintenant, ces passages à niveau servent uniquement aux producteurs pour accéder à leurs champs qui sont de l'autre côté.
Je n'ai pas entendu parler de problèmes liés à des accidents ou des incidents impliquant des propriétaires ou d'autres personnes.
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Je sais que le CN essaie d'obtenir une exemption, et je pense que M. Bent a communiqué avec Transports Canada.
Je comprends que, aux passages à niveau publics, il peut y avoir 100 voitures par minute, mais à la ferme, il y a peut-être 5 ou 10 passages par année. Évidemment, le niveau de sécurité n'a pas besoin d'être le même. Il suffit peut-être qu'un train siffle pour indiquer qu'il s'en vient.
De toute évidence, il est tout à fait inacceptable de transférer les coûts de 600 000 $ à 2 millions de dollars aux agriculteurs. Je vous remercie donc de votre présence. Nous essayons de trouver une solution raisonnable, parce que, encore une fois, refiler la facture est inadmissible.
En ce qui concerne l'interconnexion, la seule façon de changer la situation est de modifier la loi. Depuis six semaines, rien ne bouge à la Chambre. Je vous exhorte à appeler vos députés locaux. Je ne veux pas faire de partisanerie, mais vous pouvez leur dire que nous avons écouté tous les députés qui ont parlé de TDDC et que nous les avons entendus haut et fort. La Chambre doit revenir à ses travaux, car si nous n'avons pas assez de temps pour légiférer sur l'interconnexion, il y aura un hiatus après le mois de mars. J'aimerais en limiter la durée. Si nous ne pouvons pas le faire dans l'énoncé économique de l'automne, nous serons coincés. La devra présenter un projet de loi à la leader du gouvernement à la Chambre. Cela prend du temps, et le temps est extrêmement précieux à la Chambre. Je vous demande donc d'envoyer des lettres.
Le deuxième appel que je vous lance porte également sur l'interconnexion. Je ne vous ai pas entendu dire si l'interconnexion fonctionne bien, mais c'est une bonne nouvelle. J'en entends seulement parler lorsqu'il y a des problèmes. Je vous exhorte, vous et vos organisations, à envoyer une lettre à la pour expliquer les avantages de l'interconnexion pour vous, car il est certain que l'autre partie envoie des lettres décrivant pourquoi l'interconnexion ne devrait pas être prolongée. C'est le conseil que je vous donne.
Monsieur Youzwa, vous avez mentionné dans votre déclaration préliminaire que l'interconnexion fonctionne bien. Pouvez-vous expliquer au Comité pourquoi? Vous parlez aux expéditeurs. Vous parlez aux agriculteurs. Depuis que cette mesure a été mise en œuvre, le service ferroviaire s'est amélioré. Est‑ce exact?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'être avec nous, aujourd'hui, dans le cadre de cette étude importante.
D'emblée, je dois avouer que je suis un député de Montréal. Je représente Rosemont—La‑Petite‑Patrie. Pour moi, les passages à niveau, c'est quelque chose dont j'ai besoin pour assurer la sécurité des citoyens que je représente près du métro Rosemont. C'est une tout autre réalité.
Je trouve l'étude du Comité fascinante parce que j'apprends beaucoup de choses. La mise aux normes des passages à niveau sur les terres agricoles, ainsi que la responsabilité financière qui en découle, repose sur les épaules des gens que vous représentez, tout cela à cause de vieilles ententes et d'un vieux règlement qui datent du XIXe siècle et qui n'ont jamais été actualisés. En matière de pouvoir des compagnies de chemin de fer au Canada, c'est assez hallucinant.
Madame Levasseur, vous avez parlé de cinq cas non résolus au Québec qui représentent des coûts pouvant aller de 600 000 $ à 2 millions de dollars chaque fois. Qu'est-ce que cela représente pour vos membres? Quelles répercussions cela a-t-il sur la survie même de certaines fermes ou de certaines productions agricoles de membres que vous représentez?
:
Si vous avez un silo en plein milieu de la Saskatchewan et que le CN ou le CPKC passe là, vous êtes dépendant d'un monopole. Vous devez expédier vos produits selon les conditions imposées par la compagnie de chemins de fer.
Ce que nous voulons, ce sont des mesures législatives qui visent à rééquilibrer la relation sur le plan commercial, pour avoir le type de relation qui serait en place s'il y avait de la concurrence. On parle des chaînes d'approvisionnement, et les chaînes d'approvisionnement sont liées à l'économie. Il est maintenant plus important que jamais de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour acheminer les produits à nos clients en temps opportun. Sinon, cela engendre des coûts supplémentaires et notre réputation en souffre. Nous ne tirons pas parti de toutes les possibilités, et nous ne sommes pas en mesure de réinjecter dans l'économie canadienne autant de dollars étrangers que nous pourrions obtenir pour les produits que nous cultivons et exportons. La relation est très asymétrique à l'heure actuelle.
L'interconnexion élargie serait un outil, mais nous en avons besoin d'autres aussi. Nous avons besoin de sanctions réciproques. Nous avons besoin d'autres mesures dans la Loi sur les transports au Canada pour que le pouvoir de négociation dans notre relation avec les chemins de fer soit réparti plus équitablement. Lorsque les chemins de fer et les exploitants de silos discutent pour s'entendre sur les conditions de service, ils devraient le faire en tant que partenaires égaux dans cette relation commerciale, et non pas que ce soient les chemins de fer qui imposent les conditions, en gros, aux compagnies céréalières.
J'espère que cela répond à votre question.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'être ici aujourd'hui.
En tant qu'ancien producteur de tomates destinées à la transformation, j'ai eu l'occasion d'aller en Californie à de nombreuses reprises. Il y a une expression qui vient de cet État: on boit le whisky et on se bat pour l'eau. La province de l'Ontario existe depuis longtemps et s'attaque au même type de problème, bien que du point de vue opposé — non pas l'accès à l'eau, comme en Californie, mais plutôt le drainage de l'eau. La Loi sur le drainage de l'Ontario est la plus ancienne loi de la province. Depuis 100 ans, les deux compagnies de chemin de fer ont respecté cette loi.
J'aimerais d'abord m'adresser à la Fédération de l'agriculture de l'Ontario.
Monsieur Spoelstra, pourquoi pensez-vous qu'au cours des cinq dernières années, les deux compagnies de chemin de fer semblent contester une loi qu'elles respectent depuis plus de 100 ans? Ma municipalité de Chatham-Kent est celle qui compte le plus de ponts, en grande partie sur des canalisations. Dans la municipalité de Perth East, le CN fait l'objet de poursuites. Ma municipalité poursuit CPKC. Pourquoi?
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Merci, monsieur le président.
Je tiens à remercier tous les témoins d'être avec nous.
Nous parlons du chemin de fer en tant qu'infrastructure, et les infrastructures sont très importantes dans Kitchener—Conestoga, en particulier les routes et les ponts.
Nous avons parlé d'infrastructures qui ne sont pas très utilisées, comme les passages à niveau, certaines routes et certains ponts. C'est important parce que j'ai une communauté mennonite dans ma circonscription qui utilise des chevaux et des charrettes. Lorsqu'un pont ou une route doit être fermé et que les gens doivent faire un détour, c'est plus compliqué pour notre communauté mennonite que pour les autres de le faire.
Je suis heureux que nous ayons cette conversation. Nous essayons de trouver un équilibre entre sécurité et commodité. Je tiens à souligner que nous parlons de passages à niveau privés, et non publics, et que ces passages à niveau sont utilisés par les agriculteurs eux-mêmes et le sont peu souvent.
Mes questions s'adressent à M. Spoelstra, de la Fédération de l'agriculture de l'Ontario.
Vous avez parlé des coûts qui pourraient être refilés aux agriculteurs, soit de 600 000 $ à 2 millions de dollars par ferme dans ce cas. Les agriculteurs n'ont pas les moyens de payer une telle facture. Soit cela leur coûtera de l'argent, soit ils devront faire un détour, ce qui est aussi coûteux pour eux, car le temps est de l'argent. Dans ma région, Waterloo, il y a 15 passages à niveau privés dans des fermes sur la ligne du CN, et 12 sur la ligne du CP, et nous en avons même 9 sur une petite ligne à Elmira. Cela nous touche donc beaucoup.
Pouvez-vous nous expliquer comment faire pour que les compagnies de chemin de fer paient la facture, ou comment modifier le processus de passage d'un train sur des terres privées? Quel type de mécanisme pourrait s'appliquer?
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Le grain fait très rarement l'objet d'une interconnexion. Pour ce qui est des répercussions opérationnelles, elles sont minimes. Lorsque le projet pilote a été mené de 2014 à 2017, moins de 1 % des marchandises faisaient l'objet d'une interconnexion, et moins de 0,6 % de cela était du grain.
Les répercussions opérationnelles sont négligeables, voire inexistantes. Les compagnies de chemin de fer vont utiliser cet argument. Elles sont contre parce que cela crée de la concurrence, et cela leur déplaît. C'est un non-sens.
C'est très utile pour nous, parce que si la compagnie ne nous fournit pas un train ou ne le fait pas à un prix concurrentiel, aujourd'hui, en tant qu'exploitant d'un silo ou qu'expéditeur, nous devons attendre. Nous n'avons pas vraiment de pouvoir. Je ne devrais pas dire « aujourd'hui », parce que l'interconnexion étendue nous donne un certain pouvoir pour dire que si elle ne nous fournit pas le service, nous allons nous prévaloir de notre droit d'utiliser le transporteur concurrent. Le transporteur principal nous revient alors pour nous dire que, finalement, il pense pouvoir nous fournir un train la semaine prochaine.
L'efficacité de l'interconnexion étendue ne réside pas dans l'interconnexion comme telle. C'est le pouvoir de négociation que cela nous donne dans les discussions. Ce n'est vraiment pas un problème.
En ce qui concerne les emplois et les trains qui vont aux États-Unis, il ne faut pas oublier que les deux principaux transporteurs au Canada sont présents des deux côtés de la frontière. Ils ont des employés et de vastes réseaux des deux côtés de la frontière. Ils transportent constamment des marchandises de l'autre côté de la frontière.
Nous exportons beaucoup de grain aux États-Unis, mais la grande majorité de notre grain est transporté sur la ligne est-ouest. Le grain est acheminé à l'un des ports au Canada pour être expédié à l'étranger. Le grain qui est envoyé aux États-Unis est destiné à ce pays et non pas à être expédié ailleurs. Dans ce cas, il traverse la frontière et peut être transporté sur une certaine distance avant que la compagnie de chemin de fer ait besoin de passer d'un équipage canadien à un équipage américain. Ensuite, le trajet se poursuit. Cela n'a pas vraiment d'incidence sur les emplois canadiens non plus, si ce n'est que les compagnies de chemin de fer...
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En fait, le programme ne sert pas seulement aux producteurs agricoles, il sert aussi aux municipalités et à l'ensemble de la société. Il s'agit d'un programme important. Je pense qu'il y aura toujours des mises à niveau ou des travaux à faire à ces passages à niveau, qu'ils soient publics ou privés. Il est donc important qu'il y ait un programme de soutien, d'où la demande de le renflouer.
Il est probablement trop tard pour que ce soit fait d'ici la fin du mois et pour respecter l'échéance du 28 novembre. C'est la raison pour laquelle nous demandons aussi des exemptions réglementaires, pour arriver à faire quelque chose rapidement et à moindre coût pour les producteurs, de façon à répondre à cette exigence avant la fin du mois. Les exemptions réglementaires sont aussi importantes.
À mon avis, il faut évaluer ou analyser la différence de risque entre les passages à niveau en milieu urbain, dans les municipalités ou sur les routes publiques et les passages à niveau qui sont en zone privée, où il y a très peu, ou pas du tout, d'accès au public et qui sont peu utilisés.
Je pense qu'il est possible d'équilibrer tout cela et de faire en sorte que la mesure réglementaire ne soit pas la même partout, puisque le risque n'est pas le même partout.
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Merci. Je suis heureuse d'avoir la chance de poser des questions.
La tarification du carbone est une bonne façon de réduire les émissions de gaz à effet de serre au Canada. Le régime doit être conçu de manière efficace, et je pense que des travaux sont en cours dans ce domaine. Jusqu'à présent, la tarification de la pollution au Canada a permis d'abaisser les émissions de gaz à effet de serre au pays en deçà de ce qu'elles auraient été autrement et de ce qu'elles étaient auparavant. Nous devons imposer un tarif sur la pollution par le carbone. Nous sommes toutefois toujours ouverts aux commentaires des représentants de l'industrie et d'autres personnes sur la manière de le faire le plus habilement possible afin de ne pas imposer un fardeau inutile sur une entité en particulier. Cela dit, il nous faut un régime de tarification du carbone, et nous vous invitons à nous faire part de vos commentaires sur la façon de procéder.
Les compagnies de chemin de fer ont déclaré que les distances d'interconnexion étendues entraîneraient des retards, ce qui coûterait cher aux expéditeurs et aux agriculteurs. Elles menaceraient la rentabilité du transport.
Ma question s'adresse à chacun des témoins. En avez-vous tenu compte? Êtes-vous d'accord avec ces énoncés? Comment cela pourrait‑il fonctionner?
J'essaie de voir où se trouvent ces renseignements. Les compagnies de chemin de fer disent que l'interconnexion étendue risquerait de ralentir la chaîne d'approvisionnement et nuirait aux producteurs. Que répondez-vous à cela?
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Oui. Je pense que ce serait utile. C'est important. Évidemment, comme on l'a mentionné, une affaire judiciaire est en cours, mais il serait important d'avoir un peu de certitude entre les lois provinciales et fédérales.
Je remercie infiniment nos témoins. Au nom de tous mes collègues, je vous remercie de votre travail dans le secteur agricole et de votre contribution à cette étude.
Chers collègues, à notre retour, nous accueillerons des représentants des deux principales compagnies ferroviaires et de l'Association des chemins de fer du Canada. Il sera important de dialoguer avec eux également.
Je dois demander aux partis de proposer des témoins pour l'étude que nous entreprendrons sur la protection des terres agricoles. Si votre parti n'a pas proposé de témoins à la greffière, veuillez le faire le plus rapidement possible afin que nous soyons en bonne posture.
J'espère que vous profiterez tous de votre semaine de relâche avec vos électeurs.
La séance est levée. Nous nous reverrons dans deux semaines.