:
J'aimerais remercier notre président et les membres du Comité de m'avoir invitée à venir ici aujourd'hui. J'ai préparé quelques notes, deux ou trois choses qui me sont venues à l'esprit.
Avant de commencer, j'aimerais présenter deux extraordinaires fonctionnaires canadiens qui m'accompagnent. Je crois que tous les Canadiens savent aujourd'hui qui est Steve Verheul. J'allais dire qu'il est le négociateur en chef de l'AECG, puisque c'est vrai, mais il est aujourd'hui, principalement, le négociateur en chef de l'ALENA. Merci d'être venu avec nous, Steve.
David Morrison est aussi venu avec moi. Il vient d'être nommé sous-ministre délégué des Affaires étrangères. David s'est occupé de manière phénoménale d'un certain nombre de dossiers, mais il est surtout un expert de l'Amérique latine, et il a orienté les efforts que nous déployons au Venezuela.
Muchas gracias, David.
Je souligne, à l'intention des Albertains ici présents, qu'il vient de Lethbridge.
[Français]
Monsieur le président, honorables députés, je vous remercie de m'avoir invitée à prendre la parole devant le Comité permanent des affaires étrangères et du développement international afin de parler de la façon dont notre gouvernement donne suite à ses priorités en matière de politique étrangère. En juin dernier, à la Chambre des communes, j'ai présenté les priorités du Canada en matière de politique étrangère. L'essence même de ces priorités, c'est qu'elles sont fondées sur l'importance du maintien d'un ordre international stable et fondé sur les règles.
Notre gouvernement tire parti de la présence mondiale du Canada, tradition de longue date, afin de parler d'une voix forte pour défendre l'intolérance et le nativisme, tout en répondant aux préoccupations légitimes des personnes qui se sentent dépassées par la mondialisation. Cela signifie qu'il faut faire preuve d'un leadership constructif dans l'ordre international établi et avec nos partenaires pour promouvoir la paix, la sécurité et la prospérité aux quatre coins du monde.
Monsieur le président, c'est exactement ce que fait notre gouvernement.
[Traduction]
Au sein des Nations unies, du G7, du G20, de l'OEA, de l'Organisation mondiale du commerce, du Commonwealth, de la francophonie et de l'OTAN, pour n'en nommer que quelques-uns, le Canada participe de façon créative pour composer avec dans la complexité du monde d'aujourd'hui.
Et c'est ce que nous faisons, monsieur le président, non seulement en paroles, mais aussi en actes. Nous avons prouvé que le Canada pouvait réunir et diriger ses partenaires afin de trouver des solutions aux problèmes mondiaux les plus pressants.
En octobre, à Toronto, j'ai présidé la troisième réunion du Groupe de Lima sur le Venezuela. Les ministres des Affaires étrangères de plus d'une dizaine de pays se réunissaient pour discuter des mesures à prendre afin d'assurer le rétablissement pacifique de la démocratie et de soulager les terribles souffrances du peuple vénézuélien. J'ai réitéré ce message il y a deux semaines, au Chili, à la quatrième réunion du Groupe de Lima en soulignant également l'importance des sanctions prises par le Canada contre le Venezuela dans nos efforts pour atteindre ces buts.
Il a encore été largement question du Venezuela à la réunion des ministres des Affaires étrangères de l'Amérique du Nord, vendredi dernier, à Mexico. Il se peut qu'il se tienne une autre réunion du Groupe de Lima à Lima la semaine prochaine. La décision n'a pas encore été prise. Il y a quelques heures seulement, je parlais de cette possibilité avec le ministre des Affaires étrangères du Pérou.
Le Canada a également coprésidé récemment, avec les États-Unis, la Réunion des ministres des Affaires étrangères sur la sécurité et la stabilité dans la péninsule coréenne, qui avait lieu à Vancouver. La communauté internationale a donc eu une occasion précieuse de manifester sa solidarité et son opposition aux actes dangereux et illégaux commis par la Corée du Nord et de collaborer au renforcement des efforts diplomatiques visant à faire de la péninsule coréenne un endroit sûr, prospère et dénucléarisé.
De la même façon, dans le dossier du Myanmar, je suis fière du leadership que le Canada exerce et du fait que tous les partis ont donné leur appui. Il arrive trop souvent, en diplomatie, que l'on dise que les mots n'ont pas d'importance, mais pourtant ils en ont une. Il est important de souligner que le Canada a été l'un des premiers pays à dénoncer les crimes contre l'humanité et le nettoyage ethnique dont sont victimes les Rohingyas.
Depuis le début de 2017, le Canada a versé 37,5 millions de dollars pour aider à répondre aux besoins des personnes touchées au Myanmar et au Bangladesh. Cette somme comprend un montant de 12,5 millions de dollars que le gouvernement a versés pour égaler les dons de Canadiens généreux et préoccupés. Je tiens à remercier et féliciter sincèrement tous les Canadiens qui ont fait ce geste. C'est pour cette raison que nous avons nommé Bob Rae, un ami et un Canadien exemplaire, à titre d'envoyé spécial. Il est particulièrement important que le Canada, en tant que pays à majorité non musulmane, prenne la défense de cette minorité musulmane persécutée.
Parlons de l'Ukraine; j'ai eu le grand plaisir de me rendre à Kiev, en décembre, et de rencontrer le président Poroshenko, le premier ministre Groysman et le ministre des Affaires étrangères Klimkin.
J'ai fait part de notre soutien indéfectible à l'intégrité territoriale et à la souveraineté de l'Ukraine et mentionné que nous avons récemment ajouté l'Ukraine sur la liste des pays désignés pour les armes automatiques, ce dont les Ukrainiens m'ont remerciée.
En juin dernier, j'ai également affirmé que nous allions prendre des mesures énergiques pour faire en sorte que tous les êtres humains soient traités avec dignité et respect, conformément à notre engagement inébranlable à l'égard du pluralisme, des droits de la personne et de la primauté du droit. Depuis cette date, nous avons adopté la Loi sur la justice pour les victimes de dirigeants étrangers corrompus — je remercie toutes les personnes ici présentes d'avoir appuyé cette mesure — pour permettre au Canada d'agir contre les personnes qui commettent de graves violations des droits de la personne et celles qui participent à des actes importants de corruption, n'importe où dans le monde.
Je tiens à remercier tous les membres du Comité de leur important travail relativement à cette loi. En vérité, elle n'aurait pas pu voir le jour sans votre leadership et votre très importante contribution.
[Français]
Nous continuerons à dénoncer fermement toute forme d'injustice et d'intolérance aux quatre coins du monde, comme nous l'avons fait notamment au Yémen, en Tchétchénie et en Iran au cours des derniers mois.
Vous m'avez également entendue parler des femmes et des filles. Comme je l'ai affirmé en juin, il est important qu'un premier ministre et un gouvernement s'autoproclament fièrement comme étant féministes. Cela a d'ailleurs marqué un jalon historique.
Les droits des femmes sont des droits de la personne et ils sont au coeur de notre politique étrangère. C'est pourquoi nous sommes déterminés à faire la promotion d'une politique étrangère féministe et ambitieuse. Cet engagement est au coeur de la Politique d'aide internationale féministe du Canada, qui a été lancée en juin par ma collègue Marie-Claude Bibeau, ministre du Développement international et de la Francophonie, et au coeur du nouveau Plan national d'action du Canada consacré aux femmes, à la paix et à la sécurité, dont j'ai fait l'annonce en novembre dernier.
Je sais que la contribution de plusieurs membres du Comité ici présents a été précieuse pour élaborer ces politiques. Je voudrais donc les remercier une fois de plus.
À l'occasion de la conférence des ministres de la Défense sur le maintien de la paix des Nations unies tenue en novembre à Vancouver, le Canada a lancé l'Initiative Elsie sur la participation des femmes aux opérations de paix, qui vise non seulement à faire en sorte que les femmes puissent pleinement participer aux opérations de maintien de la paix dans le monde entier, mais également à garantir que les bonnes conditions sont en place pour leur participation à long terme. L'Initiative Elsie est conçue pour améliorer l'efficacité globale des opérations des Nations unies. Nous accueillerons des experts d'un certain nombre de pays ce mois-ci pour établir les prochaines étapes.
[Traduction]
Nous avons une solide réputation de pays ayant des valeurs démocratiques claires qui lui sont chères et qui défendent les droits de la personne. Le Canada doit continuer d'agir comme un chef de file à l'échelle mondiale et de travailler à protéger ces valeurs et ces droits.
À ce sujet, j’aimerais aborder directement une question qui a fait couler beaucoup d’encre au Canada: les exportations d’armes. L’été dernier, nous avons eu connaissance de reportages dans les médias concernant l’utilisation potentiellement détournée de véhicules fabriqués au Canada dans le cadre d’opérations de sécurité dans la province orientale de l’Arabie saoudite. J’ai alors demandé à des représentants d’Affaires mondiales Canada de mener une enquête rigoureuse au sujet de ces reportages. Je peux confirmer aujourd’hui qu’ils n’ont trouvé aucun élément de preuve concluant indiquant que des véhicules fabriqués au Canada ont servi dans le cadre de graves violations des droits de la personne. Il s’agit là de l’opinion indépendante et objective de notre fonction publique ainsi que des conseils qui m’ont été donnés en ma qualité de ministre.
Cette expérience m’a cependant incitée à prendre le temps de réexaminer le système canadien de délivrance de licence d’exportation. J’en suis venue à la conclusion que le Canada peut faire mieux. Le Canada n’est pas le seul pays du monde à se questionner sur le fonctionnement et la surveillance des exportations d’armes et sur les aspects à prendre en considération au moment de prendre des décisions en cette matière. J’ai parlé à mes homologues en Allemagne, en Suède et aux Pays-Bas, notamment. Ces pays ont tous récemment, d’une façon ou d’une autre, remis en question la façon dont les armes sont exportées.
Je suis fière de l’important engagement que notre gouvernement a pris en déposant le projet de loi , lequel vise à modifier la Loi sur les licences d’exportation et d’importation de manière à permettre au Canada d’adhérer au Traité sur le commerce des armes. C’est le premier traité à s’attaquer au commerce illégal d’armes conventionnelles, et il établit des normes essentielles pour la communauté internationale.
Le Canada aurait dû il y a longtemps, comme l’ont fait bon nombre de ses partenaires de l’OTAN et du G7, adhérer au Traité sur le commerce des armes. Nous savons que la société civile, les ONG et les Canadiens et Canadiennes soutiennent le Traité sur le commerce des armes. Nous savons également qu’il existe un désir réel de faire mieux. Nous devons être ambitieux et renforcer le projet de loi . Nous avions au départ l’intention d’inclure dans les dispositions réglementaires les critères en vertu desquels les exportateurs sont évalués, notamment les droits de la personne, mais certains membres du Comité et de la société civile nous ont fait savoir qu’ils souhaiteraient que les critères associés au Traité sur le commerce des armes soient directement intégrés dans les dispositions législatives. Ces critères comprennent notamment la prise en compte d’éléments comme la paix et la sécurité, les droits de la personne ainsi que la violence sexiste. Je peux affirmer aujourd’hui que nous accueillons favorablement cette idée.
Allant encore plus loin, notre gouvernement annonce aujourd’hui qu’il appuie l’inclusion dans la loi canadienne d’une disposition relative au risque substantiel. Une telle disposition ferait en sorte que notre gouvernement, et les gouvernements subséquents, n’autoriserait pas l’exportation d’une marchandise contrôlée s’il existait un risque substantiel qu’elle puisse servir pour attenter aux droits de la personne. En vertu d’une disposition relative au risque substantiel, Affaires mondiales Canada serait tenue, avant l’exportation d’une marchandise contrôlée, de s’assurer que nous sommes convaincus que cette marchandise contrôlée, une fois exportée, ne servira pas pour attenter aux droits de la personne.
[Français]
Il s'agit là d'une décision importante puisqu'elle aura une incidence sur la façon dont le Canada réglemente la vente des armes, mais c'est la bonne chose à faire. Les Canadiens et Canadiennes attachent une très grande importance aux droits de la personne pour tous, et ils s'attendent, à juste titre, à ce que les marchandises exportées ne soient pas utilisées pour porter atteinte aux droits de la personne.
Je veux que les choses soient bien claires. Je veux que, dorénavant, nous nous soumettions à une norme plus élevée au sujet de l'exportation de marchandises contrôlées au Canada.
[Traduction]
Il s’agit là d’une décision importante puisqu’elle aura une incidence sur la façon dont le Canada réglemente la vente d’armes. C’est la bonne chose à faire. Les Canadiens et les Canadiennes attachent une très grande importance aux droits de la personne pour tous, et ils s’attendent à juste titre à ce que les marchandises exportées ne soient pas utilisées pour porter atteinte aux droits de la personne.
Que ce soit bien clair: je veux que, dorénavant, nous respections des normes plus élevées s’appliquant à l’exportation par le Canada de marchandises contrôlées.
J’aimerais également clarifier une chose: par principe, le Canada honorera les contrats existants dans la mesure du possible. Nous pouvons tous comprendre et apprécier à quel point il est important que le Canada inspire confiance. Nous comprenons également qu’il est important d’assurer la stabilité et la certitude. Le Canada est un partenaire de confiance partout dans le monde, et les gens doivent continuer d’avoir la certitude que nous n’avons qu’une parole et que nous tenons nos engagements. Ils doivent savoir qu’une entente conclue avec le Canada perdure au-delà des élections. Et c’est important non seulement pour nos partenaires internationaux, mais également pour les entreprises canadiennes et les travailleurs canadiens qui doivent savoir qu’ils pourront poursuivre les projets dans lesquels ils investissent du temps et des ressources.
Ces deux modifications fourniront également des précisions aux intervenants du secteur en énonçant les attentes du gouvernement, et des Canadiens et Canadiennes, à l’égard de notre processus de surveillance des exportations. Nous collaborerons avec l’industrie canadienne afin de continuer à lui offrir l’orientation appropriée.
Monsieur le président, permettez-moi de vous parler maintenant du commerce.
En ce qui concerne l’ALENA, nous ne ménageons aucun effort à la table de négociation pour ce qui concerne les enjeux commerciaux de base. Nous avons pour objectif d’accroître la compétitivité et la croissance en Amérique du Nord et de rassurer les investisseurs.
Lors de la plus récente ronde de négociations, à Montréal, nous avons mis de l’avant certaines idées créatives en vue d’établir un dialogue constructif sur certaines questions importantes, notamment en ce qui concerne les règles d’origine, le règlement des différends en matière d’investissement et la modernisation continue de l’accord. D’importants défis subsistent, plus particulièrement en ce qui a trait aux propositions non conventionnelles des États-Unis. Comme l’a dit le hier à Chicago, notre objectif est de conclure un bon accord, pas n’importe lequel.
À la table de négociation, le Canada adopte toujours une approche fondée sur les faits. Nous sommes toujours polis et nous sommes habiles pour trouver des solutions créatives et des compromis satisfaisants pour toutes les parties. Mais nous sommes également déterminés: le Canada n’acceptera un accord que s’il est dans son intérêt national et qu'il respecte les valeurs canadiennes.
Enfin, monsieur le président, permettez-moi de vous parler brièvement de l’une des priorités phares du Canada pour la prochaine année: notre présidence dans le cadre du G7. Cette présidence nous donne l’occasion de parler d’une voix forte sur la scène internationale.
[Français]
Au cours de sa présidence du G7 en 2018, le Canada mobilisera ses homologues au sujet d'enjeux mondiaux qui exigent une attention pressante, notamment, investir dans la croissance économique qui profite à tout le monde, se préparer aux emplois de l'avenir, travailler ensemble à l'égard des changements climatiques, des océans et de l'énergie propre, et construire un monde plus pacifique et plus sûr. Surtout, nous ferons la promotion de l'égalité des sexes et de l'autonomisation des femmes, et nous veillerons à ce qu'une analyse comparative des sexes soit réalisée en lien avec chacun des aspects de notre présidence.
Monsieur le président, je conclurai en affirmant que, au sein du G7 et de la communauté internationale dans son ensemble, le Canada continue de se porter à la défense d'un ordre international fondé sur les règles et de chercher des moyens de le renforcer. Nous le faisons chaque fois que nous en avons l'occasion, et ce, en tenant explicitement compte du lien qui existe entre la paix, la prospérité commune, le commerce ouvert et les droits de la personne.
Je vous remercie.
:
Merci, monsieur le président.
Je félicite le Comité d'avoir entrepris cette étude sur l'aide aux Canadiens en difficulté offerte par le gouvernement. C'est la première fois, à mon souvenir, qu'on entreprend une telle étude, et je crois que mes souvenirs remontent probablement à plus loin que ceux de la plupart des gens. Une étude approfondie des affaires consulaires revêt aussi plus d'importance à la lumière des changements survenus dans la composition de la société canadienne, qui comprend de plus en plus de personnes nées à l'extérieur du Canada; les renseignements fournis par Statistique Canada nous le confirment année après année. Aussi, un nombre croissant de Canadiens mentionnent que les déplacements à l'étranger constituent un élément important de leur vie quotidienne.
Je suis à la retraite depuis si longtemps que je ne connais plus beaucoup des députés qui siègent ici, mais assurément, avant mon départ à la retraite, c'était très rare que je ne reçoive pas de demandes de députés ou de leur personnel à propos de citoyens qui étaient en difficulté à l'extérieur du Canada. Heureusement, la plupart des problèmes étaient faciles à régler, mais il y avait toujours un petit nombre de cas dont le dénouement était très tragique ou qui prenaient des mois ou des années à régler.
Bon nombre de ces cas, si on devait établir une liste de noms, évoqueraient des souvenirs pour la plupart d'entre vous. Parmi les personnes qui ont été en difficulté, nommons Alison Azer; Christine Lamont et David Spencer; Nguyen Thi Hiep, qui est morte de façon tragique, exécutée par le gouvernement du Vietnam il y a un certain nombre d'années; Zahra Kazemi, une affaire qui traîne toujours dans notre système judiciaire; Bill Sampson; Maher Arar; Omar Khadr; Ahmad Abou El-Maati; Abdullah Almalki; Muayyed Nureddin; James Loney; Harmeet Sooden; Suaad Mohamud; Mellissa Fung; M. Abdelrazik; Amanda Lindhout; Robert Fowler; Louis Guay; John Ridsdel; Robert Hall; et, plus récemment, Joshua Boyle.
Au-delà des personnes qui restent gravées dans nos mémoires pour ces raisons, chaque année, il se produit des événements importants partout dans le monde qui touchent directement des Canadiens à l'étranger. Cela arrive maintenant presque chaque année, d'après moi, selon nos documents. Bien entendu, il est toujours important de se souvenir de ce qui s'est produit à la fin juin 1985, quand des centaines de Canadiens ont été tués par d'autres Canadiens en raison de l'explosion survenue à bord d'un vol d'Air India, près des côtes de l'Irlande.
Aux fins de cette étude, je mentionnerais trois facteurs à garder à l'esprit, qui, je crois, vous aideront à orienter vos travaux.
Premièrement, on ne peut s'attendre à ce que le contexte international devienne moins dangereux ou qu'il s'apaise dans les années à venir. Sans être trop pessimiste, je crois qu'on peut affirmer avec justesse que la situation se dégradera.
Deuxièmement — et c'est presque contraire à l'intuition en raison de ce qui précède — on ne peut s'attendre à ce que les Canadiens voyagent moins à l'étranger en raison du contexte international de plus en plus inhospitalier.
Troisièmement, il faut garder à l'esprit qu'il n'y a aucune initiative en cours — ni de volonté d'en créer de nouvelles — qui augmentera la coopération internationale en matière d'affaires consulaires, et ce, en dépit du fait que presque deux milliards de personnes se déplacent à l'étranger chaque année et que l'industrie du voyage, à l'échelle internationale, est évaluée à des billions de dollars.
Je dirais que le gouvernement du Canada pourrait et devrait mettre sur pied un certain nombre d'initiatives afin d'améliorer le sort des Canadiens en difficulté à l'extérieur du Canada.
La première, serait de créer une mesure législative établissant l'obligation du gouvernement du Canada de fournir des services consulaires à tous les Canadiens. Je mettrais l'accent sur le mot « tous ». Depuis la création des services consulaires, après la Deuxième Guerre mondiale, la prestation de tels services se fait à la discrétion du gouvernement et est considérée comme une prérogative de la Couronne. Autrement dit, puisqu'il n'y a rien d'enchâssé dans les lois canadiennes, le gouvernement au pouvoir peut décider qui reçoit de l'aide ou pas. Il va sans dire qu'un tel pouvoir discrétionnaire appartenant au gouvernement a, à l'occasion, mené à de la discrimination, ce qui a entraîné des conséquences graves pour les Canadiens concernés.
Certains d'entre vous connaissent peut-être une question qui a fait l'objet d'un débat au cours de la dernière législature; on a présenté un certain nombre de projets de loi d'initiative parlementaire afin de modifier cet aspect en particulier des services consulaires, mais ils n'ont jamais été adoptés. Plus récemment, en 2010, la Cour suprême du Canada a réaffirmé que la prérogative de la Couronne était encore un facteur dans le travail sur cet aspect.
Lorsqu'on examine cet aspect particulier des services consulaires, je crois qu'il ne faudrait pas oublier que les Canadiens paient directement les services consulaires par l'entremise de frais qui ont été adoptés en 1996. J'ai participé à ce projet de loi à l'époque. On a recueilli bien au-delà de 1 milliard de dollars avec ces frais, qui sont allés dans les recettes générales du gouvernement. Un examen — et on en a réalisé au fil des ans relativement à l'utilisation de cet argent — montre qu'il y a un écart important entre les frais perçus et les dépenses associées aux services consulaires. Cela contrevenait directement à la loi qui établit les frais.
Le deuxième aspect qui requiert une attention de toute urgence, c'est la politique associée aux négociations relatives à la libération de Canadiens enlevés à l'étranger. À l'heure actuelle, il est absolument interdit, tant par la loi que par la politique, de payer une rançon dans de telles situations. L'an dernier, cette politique a probablement contribué au décès de John Ridsdel et de Robert Hall après leur enlèvement dans le Sud des Philippines en 2016.
Il y a beaucoup d'ambiguïté sur la valeur de cette approche relativement à de tels enlèvements. La semaine prochaine, on publiera un article de l'Institut Rideau qui portera sur ce sujet. Il s'agit d'un article que j'ai rédigé au cours des dernières semaines. Il est intitulé « Political Violence and Kidnapped Canadians ». Cet article décrit en détail les problèmes en question ici. J'ose espérer que le Comité trouvera le temps de l'examiner dans le cadre de votre discussion sur ce sujet.
Le rôle de la GRC est associé à la question de la politique canadienne sur le paiement de rançons dans les cas d'enlèvement. Il est évident que, dans certains cas d'enlèvement récents, la GRC a joué un rôle important. Il n'y a eu aucun examen public de ce rôle, et sa valeur pour le dénouement heureux de tels cas est pour le moins ambiguë. Il serait approprié pour le Comité d'examiner ce rôle et d'établir sa valeur et/ou ses dangers.
Enfin, je soulignerais la nécessité d'établir un mécanisme indépendant pour l'arbitrage des différends en matière de services consulaires entre les Canadiens et le gouvernement. Il y a un certain nombre de mécanismes actifs pour assurer la médiation des différends entre les Canadiens et le gouvernement, et ils ont réussi à régler un éventail de différends. Il n'y a aucun mécanisme pour la médiation ou l'arbitrage de différends liés aux services consulaires, à l'exception des poursuites judiciaires.
Vous connaissez les décisions qu'ont prises les tribunaux au cours des dernières années, dans lesquelles des sommes d'argent étaient accordées aux personnes qui avaient poursuivi le gouvernement. Nous parlons de dizaines de millions de dollars, et il y a encore une affaire devant les tribunaux actuellement dans le cadre de laquelle la somme en jeu dépassera probablement celle de certaines des décisions antérieures dont nous avons entendu parler. Il serait utile pour tous de mettre en place un mécanisme qui aidera à régler ces types de problèmes avant qu'ils ne se retrouvent devant les tribunaux.
Il y a deux ans, j'ai rédigé un article intitulé « Canadians Abroad: A Policy and Legislative Agenda ». Encore une fois, il a été publié par l'Institut Rideau. Il décrit en détail un certain nombre de problèmes consulaires qu'on doit aborder. J'attire votre attention sur cet article. J'espère qu'il vous guidera dans vos discussions à cet égard.
Également, comme le président l'a mentionné dans son introduction, j'ai beaucoup écrit dans les médias sur ces questions. Mes articles peuvent être très utiles aux discussions menées par les membres du Comité. Ces articles figurent dans mon livre Afterwords: From a Foreign Service Odyssey. Je vais laisser un exemplaire à votre greffière. Tous les membres du Comité pourront le consulter.
Merci, monsieur le président.