:
Je déclare la séance ouverte.
Bienvenue à la réunion no 11 du Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire.
Je vais commencer par faire quelques rappels.
La réunion d'aujourd'hui se déroule selon une formule hybride conformément à l'ordre adopté par la Chambre le 25 novembre 2021. Les délibérations sont diffusées sur le site Web de la Chambre des communes. À titre d'information, la diffusion Web montrera toujours la personne qui parle plutôt que l'ensemble du Comité. Il est interdit de faire des captures d'écran ou de prendre des photos de son écran.
[Traduction]
J'invite les députés présents dans la salle à garder à l'esprit les directives du Bureau de régie interne concernant le port du masque et les autres mesures sanitaires.
Les témoins qui participent à la séance en mode virtuel n'en sont pas, si je ne m'abuse, à leur première comparution devant le Comité. Vous avez accès à l'écran aux différentes options pour l'interprétation. Assurez-vous que votre casque est prêt à fonctionner lorsque vous prenez la parole.
Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le lundi 31 janvier 2022, nous entreprenons notre étude de l'apport environnemental du secteur agricole.
Nous souhaitons la bienvenue à notre premier groupe de témoins. Ils sont des nôtres aujourd'hui par vidéoconférence.
Nous accueillons d'abord les deux coprésidents de l'Agriculture Carbon Alliance, soit MM. Dave Carey et Scott Ross.
Sont aussi avec nous les représentants de la Fédération canadienne de l'agriculture, M. Keith Currie, premier vice-président, et M. Frank Annaum, directeur, Politiques environnementales et scientifiques.
[Français]
Nous accueillons aussi les représentants de l'Union des producteurs agricoles, ou UPA, soit Martin Caron, qui est président général, et Daniel Bernier, qui est conseiller en matière de recherches et de politiques agricoles en environnement.
[Traduction]
Chaque organisation dispose de cinq minutes pour nous présenter ses observations préliminaires.
J'inviterais M. Carey ou M. Ross à partir le bal au nom de l'Agriculture Carbon Alliance.
:
Merci, monsieur le président.
Merci de nous avoir invités à comparaître aujourd'hui à titre de représentants de l'Agriculture Carbon Alliance (ACA).
Je m'appelle Dave Carey et je suis coprésident de l'Alliance au même titre que mon collègue, Scott Ross, avec lequel je vais partager le temps à notre disposition.
L'ACA est une coalition sans précédent qui regroupe 14 organisations nationales représentant collectivement plus de 190 000 entreprises agricoles produisant toute la variété des denrées alimentaires de base pour des revenus qui totalisaient 76 milliards de dollars en 2021. Notre alliance a été créée pour veiller à ce que les pratiques écologiques des agriculteurs canadiens soient reconnues au moyen d'un cadre stratégique qui protège leur gagne-pain tout en mettant à profit leur capacité à offrir des solutions à la crise climatique.
Il est impératif que les politiques climatiques soient élaborées en collaboration avec les agriculteurs afin que le gouvernement puisse comprendre leurs réalités, et de telle sorte que les producteurs puissent bel et bien mettre en œuvre les politiques et les programmes au bénéfice de l'environnement, sans toutefois que cela mine leur capacité concurrentielle.
Nous avons fondé l'Alliance en 2021 parce qu'Environnement et Changement climatique Canada, ou ECCC, ne considérait pas les groupes agricoles comme des intervenants pertinents, et ce, même si l'élaboration d'une politique agroenvironnementale est un objectif important, aussi bien pour ce ministère que pour le gouvernement dans son ensemble.
Nous demandons l'établissement d'un groupe de travail réunissant des représentants des deux ministères, Agriculture et Agroalimentaire Canada, ou AAC et ECCC, et du secteur agricole primaire pour voir à la conception de politiques applicables dans la pratique.
Tout comme le gouvernement, nous cherchons à rendre le secteur agricole plus écologiquement viable. Nous constatons toutefois un désengagement des principaux intéressés. C'est ainsi que les instances réglementaires en viennent à ébaucher des politiques que les agriculteurs et les éleveurs ne peuvent pas raisonnablement mettre en œuvre dans le cadre de leurs efforts constants pour produire à faible coût des denrées alimentaires de haute qualité afin de nourrir le Canada et le reste du monde.
Je vais maintenant céder la parole à Scott Ross pour le reste du temps qui nous a été alloué.
Notre alliance intervient en outre de façon proactive au nom de l'industrie agricole canadienne pour préconiser l'adoption de politiques environnementales constructives et fondées sur des données probantes. Jusqu'à maintenant, nos efforts ont surtout visé trois objectifs prioritaires.
Les protocoles de crédits compensatoires pour le carbone doivent permettre la prise en compte des mesures scientifiques pertinentes. Ils doivent avoir la flexibilité voulue pour tenir compte des améliorations déjà apportées, ou à venir, dans les pratiques agricoles, tout en favorisant le perfectionnement des techniques de vérification en vue de produire davantage de mesures fondées sur les résultats.
L'ACA voit d'un bon œil la possibilité de participation ciblée des agriculteurs dans le cadre du protocole pour l'augmentation de la matière organique des sols. Nous nous réjouissons également à la perspective de contribuer à la mise en œuvre d'autres protocoles pour gérer l'alimentation du bétail, éviter la conversion des prairies, appliquer les mécanismes de compensation climato-compatibles 4B et gérer le fumier du bétail.
Nous comprenons bien que les protocoles de crédits compensatoires proposés ne s'appliqueront pas aux exploitations agricoles qui ont entrepris leurs activités en ce sens avant 2017. Nous ne croyons cependant pas que cela devrait empêcher le secteur de reconnaître la contribution de ceux qui ont été les premiers à adopter ces méthodes. Il conviendrait plutôt de mettre en place des protocoles et des programmes de soutien pour les agriculteurs qui ont été des pionniers dans l'utilisation des pratiques de gestion bénéfiques. Des protocoles ou des mécanismes de paiement direct pour la séquestration du carbone à long terme permettraient de mieux s'assurer que la précieuse contribution de ce service essentiel à l'écosystème est reconnue à sa juste valeur dans le cadre des efforts environnementaux déployés dans nos exploitations agricoles.
Parlons maintenant de la recherche et des mesures de remboursement. Le Fonds d'incitation à l'action pour le climat retournait aux petites et moyennes entreprises une partie des recettes de la tarification du carbone sous forme de remboursements et de financement des rénovations permettant de réduire les émissions de carbone. Les agriculteurs ont été les plus nombreux à présenter une demande, ce qui témoigne bien de leur engagement à lutter contre les changements climatiques. Malheureusement, aucune nouvelle demande n'a pu être soumise dans le cadre de ce fonds depuis 2019, et nos membres aimeraient bien savoir à quoi s'en tenir quant à l'avenir de ce programme.
L'Alliance se réjouit en outre de la poursuite du programme Solutions agricoles pour le climat. Le gouvernement devrait veiller à établir des laboratoires vivants dans l'Ouest du pays, une des régions où la fréquence accrue des conditions climatiques extrêmes a de graves conséquences pour les agriculteurs.
En conclusion, les agriculteurs et les éleveurs continuent à produire des denrées alimentaires en devant composer avec des coûts à la hausse, particulièrement pour les intrants et le transport. La tarification du carbone fait augmenter ces coûts encore davantage. Les agriculteurs et les éleveurs doivent sécher leur grain, et chauffer ou climatiser leurs étables et leurs serres pour nourrir les Canadiens et alimenter nos marchés d'exportation. Ces mesures sont essentielles pour atténuer les impacts des changements climatiques, y compris les sécheresses et les pluies torrentielles. Comme il n'y a pas de combustible de remplacement accessible, ces pratiques essentielles sont sanctionnées par une tarification accrue du carbone. Il faudrait donc apporter des changements à la Loi sur la tarification de la pollution causée par les gaz à effet de serre en vue d'étendre les exemptions pour les combustibles admissibles au gaz naturel et au propane commercialisables, en incluant l'équipement utilisé pour le séchage, l'irrigation, et le chauffage et la climatisation des étables et des serres.
Les agriculteurs sont des environnementalistes qui écologisent leurs activités depuis des décennies en misant sur l'innovation et les pratiques de gestion bénéfiques. Au moment où le prix du carburant atteint des niveaux sans précédent, les agriculteurs ont déjà toutes les raisons d'investir dans l'efficacité énergétique. Ils doivent cependant avoir accès aux capitaux nécessaires pour pouvoir améliorer leurs activités, car cela exige des investissements souvent très coûteux pouvant se chiffrer en centaines de milliers de dollars.
En adoptant des politiques qui renforcent la capacité concurrentielle, le gouvernement permettra aux agriculteurs d'investir davantage dans la viabilité de leur exploitation en tirant parti des possibilités de réduction des émissions et de séquestration du carbone qu'offre ce secteur. C'est dans cette optique que l'ACA et ses membres appuient sans réserve le projet de loi et demandent à tous les députés d'en faire autant et d'en accélérer l'étude à l'étape du Comité.
Merci à tous pour le temps que vous nous consacrez. Nous serons ravis de répondre à vos questions.
Je m'appelle Keith Currie et je suis le premier vice-président de la Fédération canadienne de l'agriculture. Nous représentons quelque 200 000 agriculteurs, éleveurs et familles agricoles de toutes les régions du pays. Je suis accompagné de Frank Annau, notre directeur responsable des politiques environnementales et scientifiques.
Nous sommes ravis de pouvoir discuter avec vous des moyens à prendre pour que nos agriculteurs puissent continuer à mettre les bouchées doubles en vue de réduire leurs émissions tout en améliorant la santé des sols. Les agriculteurs sont les gardiens de la terre; ils gèrent de vastes puits de carbone qui jouent un rôle clé dans la santé des sols et la lutte contre les changements climatiques.
Ces puits sont maintenus grâce à une variété de pratiques agricoles régénérant la matière organique des sols, ce qui permet d'accroître la séquestration du carbone et son stockage à long terme dans les sols agricoles. On a recours à cette fin à un large éventail de pratiques pouvant inclure les cultures intercalaires, les cultures de couverture et le pâturage en rotation, autant d'activités pouvant être financées dans le cadre du Fonds d'incitation à l'action pour le climat.
Comme le Canada est un pays d'une grande superficie, l'efficacité de ces approches peut varier une région à l'autre, et il est essentiel que des initiatives, comme celle des laboratoires vivants, soient étendues à l'Ouest canadien de telle sorte que les innovations en matière de santé des sols puissent être adaptées aux réalités des régions durement touchées par les récents épisodes d'inondation et de sécheresse.
Les agriculteurs sont également bien au fait des avantages environnementaux et économiques d'une gestion efficiente des intrants essentiels comme les fertilisants, les combustibles et les produits antiparasitaires.
Comme vous le savez peut-être, des approches mises en oeuvre à l'initiative de l'industrie, comme la gérance des nutriments 4B, aident les agriculteurs à sélectionner la bonne source de fertilisants et à en utiliser la bonne quantité au bon endroit et au bon moment.
Les études démontrent que l'utilisation appropriée de cette méthode permet de réduire les émissions d'oxyde nitreux dans une proportion de 15 à 25 %. Ces résultats peuvent être grandement améliorés par le recours aux technologies agricoles de précision, comme les capteurs de culture et de sol qui permettent d'optimiser l'application des fertilisants, des pesticides et des désherbants. Lorsqu'elles sont combinées à des pratiques de régénération de la matière organique des sols, ces techniques contribuent à prévenir une application excessive d'intrants, ce qui protège la biodiversité des sols et améliore leur santé.
Les technologies agricoles de précision permettent en outre d'accroître l'efficacité énergétique grâce à l'analyse de la flotte et aux systèmes de navigation automatique qui réduisent le nombre de passages nécessaires pour la pulvérisation, le labour et la récolte. Une étude américaine a démontré que cela pourrait diminuer la consommation de carburant dans une proportion pouvant atteindre 6 %, soit l'équivalent de 18 000 envolées aériennes. La même étude concluait que la baisse de consommation pourrait encore être réduite de 16 % si cette technologie était utilisée à plus grande échelle.
Au Canada, différents facteurs font obstacle à une telle expansion, y compris le manque d'un accès fiable en milieu rural aux services Internet à large bande qui sont nécessaires à l'utilisation des équipements requis, et le fait que les taux d'adoption chutent considérablement pour les exploitations agricoles de moins de 500 acres ou ayant un revenu annuel inférieur à 75 000 $. Il est donc recommandé que le gouvernement s'emploie en priorité à améliorer l'accès à Internet en milieu rural et à rendre ces technologies accessibles à plus petite échelle pour que ces gains d'efficacité énergétique puissent être réalisés.
Pour ce qui est de la réduction des émissions de gaz à effet de serre, la plus importante étude sur la réduction des émissions de méthane issues de l'élevage bovin a été réalisée en Alberta en 2020. Elle a révélé que ces émissions pourraient être réduites de 30 à 80 % en ajoutant un additif à différentes combinaisons pour l'alimentation du bétail. Cet additif, le 3‑NOP, a été mis au point par DSM Technologies qui a demandé son homologation dans différents pays en vue de sa commercialisation en 2022.
Malheureusement, il faudra peut-être attendre des années pour que ce produit puisse se retrouver sur le marché canadien étant donné que Santé Canada l'a classé parmi les médicaments vétérinaires. Notre pays va ainsi accuser du retard dans ses efforts pour l'écologisation de l'élevage par rapport à d'autres régions du monde, comme l'Union européenne, la Chine et le Brésil, où le produit a été homologué à titre de nutriment animal. Nous recommandons que le gouvernement emboîte le pas à nos partenaires commerciaux et à nos concurrents en veillant à ce que le 3‑NOP soit accessible dès que possible sur les marchés canadiens.
Toutes ces solutions sont efficaces, mais sont synonymes d'investissements et de coûts considérables pour les agriculteurs. Il est par conséquent essentiel de nous assurer qu'ils peuvent disposer des ressources nécessaires pour investir dans ces solutions et partager les coûts avec le gouvernement lorsque cette option est offerte. Les ressources à leur disposition sont considérablement réduites en raison du coût élevé des intrants, comme le carburant et les fertilisants, qui atteint un niveau sans précédent dans la foulée de l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Cette crise expose en outre les agriculteurs canadiens à une pression accrue du fait qu'ils doivent produire plus que jamais auparavant pour atténuer les répercussions d'une pénurie alimentaire mondiale causée par la guerre. Nous devons nous assurer que nos agriculteurs disposent des ressources financières suffisantes pour profiter de cette occasion, et pour le faire dans une optique de viabilité écologique.
La tarification du carbone devient un incitatif commercial à faire la transition vers des carburants moins polluants et à améliorer son efficacité énergétique. Ce signal est éclipsé par l'alarme stridente que fait retentir le prix actuel de l'essence. Si l'essence et le diesel sont exemptés de la tarification du carbone dans une exploitation agricole, ce n'est pas le cas du gaz naturel et du propane utilisés pour les séchoirs à grain et les systèmes de chauffage et de climatisation des étables. Ce sont pourtant des mesures essentielles pour atténuer les impacts des conditions climatiques extrêmes, comme les pluies torrentielles et les sécheresses.
Nous vous recommandons par conséquent d'appuyer le projet de loi déposé à la Chambre des communes. En exemptant ces combustibles de la tarification du carbone, on mettra des ressources financières additionnelles à la disposition des agriculteurs pour qu'ils puissent investir dans l'optimisation de leurs intrants dont les prix atteignent des niveaux sans précédent. C'est ainsi que l'on pourra aider les agriculteurs canadiens à nourrir la planète.
Nous vous remercions de votre attention.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Le président de l'UPA ne semble pas présent à la réunion; il a peut-être eu des problèmes de connexion. C'est donc moi qui vais faire la présentation.
Cinq minutes pour parler d'un aussi vaste sujet, c'est bien peu de temps. Je vais donc m'en tenir à l'essentiel.
D'entrée de jeu, je dirai que la protection de l'environnement est un enjeu prioritaire pour l'UPA depuis une trentaine d'années. L'adoption d'une première stratégie agroenvironnementale remonte à 1994.
Malgré trois décennies de progrès, tant en matière de saine gestion des fumiers que de fertilisation raisonnée, d'adoption de pratiques de conservation des sols et d'amélioration de l'usage des pesticides, nous faisons encore face à de nombreux défis. Les phénomènes en cause sont très complexes et les demandes sociétales sont en partie contradictoires.
En effet, l'agriculture doit répondre aux besoins d'une population en croissance à la recherche d'une alimentation saine et bon marché, produite avec un minimum d'intrants, comme les engrais et les pesticides, tout en réduisant son empreinte sur les écosystèmes. Nous devons donc produire plus, mais de façon moins intensive, le tout au plus bas prix.
Cela dit, de nombreux gestes peuvent être posés en faveur d'une plus grande protection de l'environnement en milieu agricole. L'un des plus importants est certainement la santé des sols. Une meilleure santé des sols contribue à répondre simultanément à de nombreux enjeux: l'amélioration de la fertilité des sols, la réduction de l'usage des engrais et des pesticides, une résilience accrue aux effets des changements climatiques, l'amélioration de la qualité de l'eau et la lutte contre les changements climatiques par le stockage du carbone.
L'amélioration de la santé des sols exige la mise en œuvre d'un ensemble de bonnes pratiques, en particulier une plus grande diversité de culture dans la rotation, l'introduction d'engrais vert et de cultures de couverture et l'évitement impératif de la compaction.
En ce qui concerne l'adoption de ces pratiques, l'introduction de cultures moins lucratives réduit potentiellement la rentabilité à court terme, alors que la santé des sols procure des bénéfices à moyen et à long termes. Selon le contexte propre à chaque entreprise, la période transitoire peut être difficile, voire impossible, à surmonter.
C'est pourquoi l'État un a rôle important à jouer pour accompagner les producteurs lors de cette transition, en préconisant le versement d'une rétribution pour les biens et services environnementaux que procurent ces pratiques.
Concernant la compaction des sols, il faut savoir que, de nos jours, compte tenu de la taille des fermes et de la pénurie de main-d'œuvre, de nombreux agriculteurs optent pour de la machinerie de grande taille. Souvent, la charge par essieu de ces équipements excède ce qui est recommandé par les experts. Les dommages au sol sont insidieux, mais bien réels. Il reste encore de la sensibilisation à faire auprès des producteurs à ce sujet.
Je vais donner un exemple. Pour éviter ce problème, les producteurs pourraient opter pour deux tracteurs de taille moyenne plutôt qu'un seul de taille plus importante, mais cela implique le recours à un deuxième chauffeur. La pénurie de main-d'œuvre peut donc être un obstacle à la santé des sols.
En ce qui concerne les pesticides, on doit miser sur la lutte intégrée contre les ennemis des cultures, la formation des producteurs ainsi que la disponibilité et la rentabilité des solutions de rechange. Là aussi, l'État a un rôle important à jouer en assurant le financement de la recherche de solutions et le transfert des connaissances. Il doit également favoriser l'accessibilité des solutions de rechange dont le coût est généralement plus élevé. Un meilleur partage du risque est donc nécessaire.
Enfin, j'aborderai un enjeu incontournable de notre époque, celui de la réduction des gaz à effet de serre. Au Canada, les émissions liées à l'agriculture représentent 8,1 % des gaz à effet de serre. Si nous pouvons convenir qu'une certaine réduction de l'intensité des émissions par unité de production est possible en changeant nos pratiques, il faut garder à l'esprit que nous ne pourrons pas totalement les éliminer.
Les émissions d'origine agricole ont ceci de particulier: elles sont liées à des processus biologiques. Les activités d'élevage, la gestion des fumiers, les champs en culture, la fertilisation et le chaulage des terres produisent des gaz à effet de serre.
Toutes les tonnes de gaz à effet de serre émises ne s'équivalent pas. Nourrir la population est une activité fondamentale. L'émission des gaz à effet de serre qui en résulte est une contrepartie inévitable. En revanche, les émissions liées à un voyage en avion pour des vacances, c'est non nécessaire. Il faudra établir nos priorités.
Si le secteur agricole est un émetteur de gaz à effet de serre, il est aussi potentiellement un puits de carbone. Les sols agricoles peuvent stocker du carbone sous forme de matière organique.
En terminant, je tiens à souligner que l'UPA, à titre de bénéficiaire du Fonds d'action à la ferme pour le climat, d'Agriculture et Agroalimentaire Canada, élaborera un programme qui permettra de rétribuer les agriculteurs du Québec qui adoptent des pratiques de gestion bénéfiques en ce qui concerne les cultures de couverture et la gestion de l'azote, ce qui contribue à réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Je vous remercie.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci à nos témoins d'être avec nous aujourd'hui pour nous fournir tous ces précieux renseignements.
Je veux d'abord m'adresser aux gens de l'Agriculture Carbon Alliance. Je trouve vraiment formidable de voir ainsi des représentants du secteur agir proactivement pour faire valoir le rôle que pourra jouer notre agriculture dans la saine intendance de notre environnement. C'est assurément pour nous l'occasion de souligner certains des accomplissements incroyables que notre industrie agricole a déjà à son crédit. Félicitations d'avoir formé cette alliance.
Je ne sais pas lequel de vous deux voudra répondre à cette question. Vous avez indiqué être favorables au projet de loi . Je sais que mes collègues d'en face vont plutôt vouloir parler du projet de loi et des remboursements de la taxe sur le carbone, mais nous avons déjà pu prendre connaissance du rapport du directeur parlementaire du budget qui révèle que ces remboursements ne permettent pas de réduire les émissions en plus d'avoir une incidence sur les revenus gouvernementaux. De fait, le barème de 1,70 $ par 1 000 $ de dépenses admissibles ne représente qu'une fraction de ce que les agriculteurs vont dépenser en raison de la tarification du carbone.
Pourquoi est‑il important que les agriculteurs puissent profiter d'une exemption pleine et entière au titre de la tarification du carbone, comme le prévoit le projet de loi C‑234, de préférence au programme de remboursement proposé dans le projet de loi C‑8?
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M. Carey et moi en avons parlé plus tôt ce matin. Je m'en remettrai à lui pour ce qui est des détails concernant le secteur des céréales et des oléagineux, étant donné qu'il y travaille de plus près.
Je pense que ce que nous entendons, c'est que ce n'est pas une technologie qui fonctionne pour tout le monde partout au pays. Il y a des problèmes sur le plan de l'adaptabilité en raison de la taille de l'exploitation dans certaines des plus grandes fermes de l'Ouest canadien, par exemple. Il y a des coûts de main-d'œuvre associés à l'approvisionnement en biomasse qui ont soulevé certains problèmes là‑bas.
Je ne dis certainement pas qu'il n'y a pas, ou qu'il n'y aura jamais, de solutions de rechange viables, mais si nous devons explorer ces solutions de rechange viables, nous voulons nous assurer que dans l'intervalle, les agriculteurs ne sont pas pénalisés pour des technologies qui ne sont pas encore viables sur le plan commercial pour leurs activités.
Monsieur Carey, voulez-vous en dire un peu plus?
:
Pour vous répondre brièvement, monsieur Drouin, je pense que c'est une évolution de la technologie, la capacité de recourir à la granulation du bois. Cela s'accompagne d'une intensité en carbone également.
Auparavant, la plupart des biodigesteurs faisaient en sorte que les agriculteurs devaient augmenter le nombre de passages dans leurs champs, enlever les chaumes et les matières supplémentaires après la récolte, ce qui nécessite davantage de passages en brûlant de l'essence ou du diesel. Ensuite, si la matière n'est pas sèche, elle doit être séchée d'une manière ou d'une autre. Il faut ensuite faire le stockage, ce qui peut entraîner un risque d'incendie, et disposer de l'espace nécessaire.
Nous avons entendu que la gestion d'un biodigesteur peut nécessiter l'embauche d'une personne supplémentaire, ce qui a des répercussions sur la rentabilité et, encore une fois, pourrait avoir un effet défavorable si la granulation du bois est adaptable pour avoir les BTU nécessaires, si l'on fait plus de passages sur le terrain avec le tracteur.
Concernant ce que vous dites, je pense que cela témoigne d'une évolution de la technologie, et c'est pourquoi nous voulons voir ce continuum. Le continuum de la durabilité est quelque chose que l'ACA soutient grandement.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je vais d'abord poser une question aux représentants de l'Agriculture Carbon Alliance.
Monsieur Carey, dans votre déclaration préliminaire, il y a une phrase qui m'a frappé. Vous avez dit que vous vouliez qu'il y ait un accord de collaboration entre ECCC et AAC.
J'ai regardé ce que font d'autres pays. En Australie — je vais reformuler la stratégie nationale sur les sols de ce pays —, on dit avoir élaboré une stratégie sur 20 ans qui définit comment l'Australie valorisera, gérera et améliorera ses sols. De plus, la stratégie a été élaborée en collaboration avec les gouvernements des États et des territoires, le National Soils Advocate et d'autres intervenants majeurs de la science des sols et de la gestion des terres.
L'objectif est de restaurer et de protéger les sols à l'échelle nationale. Les Australiens souhaitent que cela résulte d'un effort de collaboration et de coordination dans les actions menées sur le terrain, la recherche, l'information, la surveillance et la gouvernance. Ils affirment que tous les ordres de gouvernement, l'industrie, les établissements de recherche, les praticiens privés de la science des sols et les gestionnaires des terres ont un rôle à jouer.
Qu'en pensez-vous lorsqu'on vous dit qu'un gouvernement étranger comme celui de l'Australie se lance dans une telle stratégie? Voyez-vous des parallèles pour le Canada et des leçons que nous pouvons tirer de l'exemple australien?
:
Je vous remercie de la question. Je verrai si M. Ross a quelque chose à ajouter.
L'un des principaux moteurs de la création de l'ACA, c'est le fait qu'après décembre 2020, le plan pour Un environnement sain et une économie saine comportait environ 65 points, dont bon nombre étaient axés sur l'agroenvironnemental. Peu de temps après, un grand webinaire a été organisé par ECCC. Il portait sur les solutions climatiques fondées sur la nature. Des centaines de personnes y ont participé et il y avait peut-être deux ou trois intervenants du secteur agricole.
Nous aimons être permissifs plutôt que d'imposer des normes, mais les groupes actuels — groupes de travail ou tables rondes — ne fonctionnent pas. Nous devons être en mesure de participer de manière pragmatique, proactive et collaborative en amont. Quand j'entends parler de ce type de collaboration... C'est exactement ce que nous voulons. Il nous faut pouvoir collaborer directement avec Agriculture et Agroalimentaire Canada et Environnement et Changement climatique Canada — avec les gens qui ont suffisamment d'ancienneté au sein de ces deux ministères —, et les bons groupes d'agriculteurs et de producteurs doivent être à la table, pour veiller à ce que les politiques mises en œuvre soient applicables. Nous nous retrouvons souvent dans cet esprit de réglementation à Ottawa ou à Gatineau — et j'en fais partie —, mais cela ne peut s'appliquer aux 20 millions d'acres de canola ni aux exploitations bovines et laitières du Canada.
Il nous faut un moyen de participer de manière significative à l'élaboration de politiques. Nous ne sommes pas là pour parler de réalités politiques, mais bien pour parler de la façon dont les objectifs du gouvernement peuvent concorder avec ceux des agriculteurs, et de la façon d'en arriver à une politique pragmatique. Je pense que c'est quelque chose que nous n'avons pas actuellement.
Nous nous en remettons au gouvernement sur la façon dont il veut mettre cela en œuvre. Il a été question de la possibilité qu'Agriculture Canada et ECCC assument conjointement un rôle. L'Agence canadienne d'inspection des aliments et Agriculture Canada ont une position commune. Je vais m'arrêter là et voir si M. Ross a quelque chose à ajouter, monsieur MacGregor, mais c'est formidable de voir cela. C'est ainsi que nous allons atteindre nos objectifs.
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Merci, monsieur MacGregor.
Je pense que M. Carey a très bien répondu à votre première question. En fin de compte, ce que nous voulons, c'est que les politiques soient applicables sur le terrain. Nous regardons ce que les gouvernements ont fixé comme objectifs au cours des 25 dernières années au chapitre de la lutte contre les changements climatiques. La plupart ne sont même pas venus près de les atteindre, parce qu'ils ne se sont pas penchés sur ce qui est facile à mettre en œuvre sur le terrain.
Voilà ce que nous demandons: travaillez avec nous pour que nous puissions élaborer ces programmes ensemble et véritablement faire avancer les choses, sans que ce fardeau financier soit imposé aux agriculteurs.
Lorsqu'il s'agit de la recherche en cours au Canada ou de ce qui est nécessaire... En définitive, je pense que la pièce importante du casse-tête qu'il nous manque, ce sont les données. Quel est notre point de départ? Il est très difficile de savoir où l'on va si l'on ne sait pas d'où l'on part. C'est une pièce importante que nous devons trouver. Comment mesurons-nous la teneur en carbone des sols? Nos données sont-elles précises? Comment déterminer quelles technologies peuvent être adoptées pour améliorer la séquestration du carbone? Nous avons vraiment besoin de faire de la recherche sur la façon d'obtenir et d'utiliser ces données au mieux de nos capacités à l'avenir.
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Je vous remercie beaucoup de cette excellente question.
C'était certainement [difficultés techniques] en ce qui concerne le 3‑NOP utilisé dans les aliments pour le bétail.
En ce qui concerne la différence dans le processus d'approbation par Santé Canada, le fait qu'il est considéré comme un médicament plutôt que comme un aliment pour le bétail, nous croyons comprendre que le processus d'évaluation est plus long et qu'il y a plus d'étapes à franchir avant qu'il puisse se retrouver sur les marchés.
En ce qui a trait aux critères d'évaluation concernant cette différence dans l'Union européenne, je pense qu'il faudra peut-être se pencher sur les raisons pour lesquelles l'Union européenne classe plus rapidement ce produit parmi les aliments pour le bétail et qu'elle le rend plus vite accessible sur le marché.
L'étude de l'Alberta indique que l'utilisation de différents mélanges d'aliments pour le bétail — que le mélange contienne du maïs ou de l'orge —, permet d'atteindre une réduction de plus de 80 % des émissions de méthane par tête, et généralement une réduction minimale de 30 %. On parle évidemment d'un impact très important, surtout si l'on tient compte de la place de plus en plus importante accordée au méthane au cours de la dernière année dans les rapports du GIEC.
Je remercie tous les témoins. La séance est très instructive. Il est évident qu'il faut faire beaucoup plus de recherches dans ce domaine.
Ma première question porte sur l'affirmation de M. Bernier — et peut-être de M. Caron, puisqu'il n'a pas pris la parole à ce sujet —, selon laquelle les émissions de gaz à effet de serre du secteur agricole sont nécessaires et ne seront probablement pas réduites.
En ce qui concerne la carboneutralité, compte tenu des autres aspects dont vous avez parlé, comme la séquestration du carbone dans le sol, pouvez-vous envisager que le secteur atteigne la carboneutralité, plutôt que d'éliminer toutes les émissions de gaz à effet de serre?
Mes prochaines questions s'adressent aux représentants de l'Agriculture Carbon Alliance.
La première concerne la tarification de la pollution — la tarification du carbone — et le remboursement. Vous avez mentionné que le fait que le remboursement a lieu à la fin de l'année, le décalage dans le temps, entraîne une réduction des investissements réalisés par le secteur agricole. Est‑ce que l'on améliorerait la situation si ces remboursements étaient accordés quatre fois par année, plutôt que sous forme de crédit d'impôt?
Ensuite, j'aimerais savoir quels sont les investissements qui, selon vous, ne sont pas réalisés. S'agit‑il d'investissements qui permettraient de réduire les émissions de carbone ou de gaz à effet de serre?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Monsieur Bernier, je vais commencer avec vous.
Je vous ai écouté avec intérêt lorsque vous avez parlé des effets du compactage dans votre déclaration préliminaire. Grâce à ma femme, j'en ai appris beaucoup à ce sujet et aussi sur les conditions anaérobies qui en résultent, sur les conséquences sur l'écologie des sols et sur l'élimination des micro-organismes utiles. Pourriez-vous nous en dire plus au sujet des conséquences du compactage sur l'écologie des sols et de ce que les agriculteurs doivent faire pour rectifier la situation?
Vous avez dit que vous aviez acheté deux tracteurs dont l'empreinte était moins importante, plutôt qu'un seul tracteur plus lourd, afin de réduire les effets du compactage. Vous pourriez peut-être nous en dire davantage à ce sujet. Je crois que vous avez parlé de la disponibilité des fonds pour procéder à ces achats, et du stress que cela avait engendré. J'aimerais que vous nous en disiez plus à ce sujet, pour aider les membres du Comité à mieux comprendre la situation.
Merci.
La compaction des sols est effectivement un problème important, particulièrement au Québec et dans l'Est du Canada. En fait, ce problème existe partout où les sols sont plutôt argileux et où le climat est plutôt humide. Lorsque ces deux éléments sont présents, les risques de compaction sont importants.
Il faut d'abord agir de manière préventive en évitant de passer sur le sol avec de la machinerie trop lourde. La charge par essieu est très importante et il ne faut pas dépasser les limites recommandées. Comme je vous le mentionnais, malheureusement, la taille de la machinerie utilisée de nos jours augmente constamment pour répondre aux besoins des producteurs et leur permettre de faire leur travail. Le poids de la machinerie est un véritable problème.
La compaction des sols déstructure les sols. Puisqu'il y a moins d'infiltration d'eau, les sols sont plus vulnérables aux périodes de sécheresse et le réseau racinaire a plus de difficulté à se propager dans l'entièreté du sol pour s'approvisionner en éléments minéraux et s'hydrater. À partir du moment où la structure est compactée, l'air circule moins dans le système et cela a des répercussions négatives sur l'activité biologique et la vie microbienne. C'est un phénomène important de dégradation et tout le système se met à moins bien fonctionner.
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Difficultés techniques]... et fondées sur la science, de sorte que nous puissions continuer de renforcer le développement durable de l'agriculture. Plusieurs ministères sont chargés de la surveillance réglementaire de l'agriculture et une approche pangouvernementale doit être préconisée à cet égard.
Deuxièmement, il faut adopter des mesures incitatives à l'intention des agriculteurs canadiens et les récompenser pour leurs efforts. Nos agriculteurs sont des chefs de file mondiaux en matière d'adoption de technologies qui permettent la séquestration du carbone. Toutefois, à l'heure actuelle, ces efforts ne sont pas reconnus par les politiques gouvernementales.
Troisièmement, il faut promouvoir et défendre le développement durable au Canada. Nous aimerions que le gouvernement diffuse les réussites des agriculteurs canadiens sur la scène internationale et qu'il veille à ce qu'elles soient reconnues sur toutes les tribunes et dans le cadre de toutes les négociations internationales.
Quatrièmement, il faut favoriser l'exportation. Nous demandons au gouvernement de mieux utiliser les institutions et mécanismes internationaux afin d'établir des règles commerciales fondées sur la science, prévisibles et transparentes en matière d'agriculture. À l'heure actuelle, des décisions non scientifiques pourraient être prises dans les marchés d'exportation, ce qui aurait une incidence sur l'innovation au Canada et pourrait freiner nos progrès en matière de développement durable.
[Conformément à une motion adoptée par le Comité le 31 mars 2022, les notes d'allocution de Justine Taylor ont été jointes au procès-verbal de la réunion. Voir l'annexe Discours de Justine Taylor]
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Bonjour à tous. Je tiens d'abord à vous dire que Tom Bruulsema est un expert en science du sol. Si vous avez des questions techniques au sujet de l'oxyde nitreux ou de la santé des sols, je vous invite à les lui poser.
L'industrie des engrais est un levier économique au pays dont la contribution se chiffre à 24 milliards de dollars par année, et qui compte 76 000 travailleurs. Nous exportons nos produits dans plus de 75 pays et contribuons à l'économie agricole internationale. Nous aidons à nourrir le monde. En fait, sans les fertilisants, la production alimentaire mondiale serait réduite de moitié. Notre programme de gérance des nutriments 4B aide les agriculteurs à accroître leur productivité durable, preuve qu'il existe une solution qui favorise à la fois l'économie et l'environnement.
Pour ceux qui ne le connaissent pas, le programme de gérance des nutriments 4B est centré sur l'application de la bonne source selon le bon taux, au bon endroit et au bon moment. Ainsi, les agriculteurs peuvent optimiser leur utilisation d'engrais pour maintenir leur rendement tout en réduisant la perte de nutriments dans l'environnement. La gestion 4B permet de réduire de manière significative la conversion des engrais azotés en oxyde nitreux, qui est un important gaz à effet de serre.
La gestion des nutriments 4B permet un équilibre entre les rôles des agriculteurs, de l'industrie et du gouvernement en vue d'améliorer l'économie sur la ferme, la productivité des récoltes et l'efficacité des engrais, tout en aidant l'environnement. Ce n'est pas nouveau pour Fertilisants Canada. Nous travaillons avec nos partenaires de l'industrie, des universités et du gouvernement et nous aidons les agriculteurs à connaître et à mettre en œuvre le programme de gérance 4B depuis plus de 15 ans. En date d'aujourd'hui, plus de six millions d'acres ont été vérifiés en vertu du programme de gérance des nutriments 4B et des millions d'acres supplémentaires sont gérés selon les meilleures pratiques. Je tiens aussi à souligner que l'industrie du canola et le gouvernement de la Saskatchewan ont fixé des objectifs très ambitieux pour accroître le recours à la gérance des nutriments 4B.
Aujourd'hui, le programme de gérance des nutriments 4B est reconnu à l'échelle internationale et a été traduit dans plusieurs langues. Il peut s'appliquer à une ferme de l'Ouest canadien comme à une petite exploitation en Afrique de l'Ouest.
On s'attend à ce que la population mondiale augmente de deux milliards de personnes d'ici 2050. La production agricole mondiale devra augmenter de 50 % par rapport au taux de 2005 pour nourrir toutes ces personnes. Les bouleversements géopolitiques dans le monde — comme la guerre récente en Ukraine — exercent des pressions supplémentaires sur la chaîne d'approvisionnement. Les fertilisants jouent un rôle important en matière de sécurité alimentaire dans le monde et pour offrir aux Canadiens des aliments abordables et nutritifs. Les agriculteurs utilisent des engrais à base de nitrogène pour accroître leur production et ainsi nourrir la population du Canada et d'ailleurs.
Dans l'ensemble, la consommation d'engrais a augmenté au cours des 20 dernières années au Canada, puisque les agriculteurs les ont utilisés pour accroître leur rendement. Ils ont réussi à le faire tout en assurant une utilisation efficace des nutriments. L'augmentation du rendement est nécessaire pour répondre à la demande croissante à l'égard des cultures canadiennes, qui est appuyée par l'objectif du gouvernement d'atteindre 75 milliards de dollars d'exportation dans le domaine agroalimentaire d'ici 2025.
Le Canada a aussi fixé des objectifs ambitieux en matière de réduction des émissions provenant de l'oxyde nitreux d'ici 2030. Pour atteindre ces objectifs, nous croyons que le recours au programme de gérance des nutriments 4B est essentiel. Nous avons été très heureux de la reconnaissance du programme à titre de solution novatrice pour réduire les gaz à effet de serre et accroître la production alimentaire par Agriculture et Agroalimentaire Canada, dans le document de travail sur l'initiative de réduction des émissions publié en mars.
La situation est urgente. Il ne reste que huit saisons de culture avant la fin de la récolte de 2030. Nous devons travailler ensemble pour accélérer l'adhésion des agriculteurs canadiens au programme. L'atteinte de la cible de 30 % exige du gouvernement qu'il travaille en étroite collaboration et de façon urgente avec la communauté des agriculteurs pour accroître le recours aux 4B. Si nous plaçons le programme de gérance au cœur de la stratégie fédérale de réduction des émissions provenant des engrais, les agriculteurs pourront continuer de produire plus d'aliments, accroître leurs exportations, augmenter les revenus de leur ferme et améliorer la sécurité alimentaire au pays comme à l'étranger.
Je tenais aussi à souligner que nous sommes très heureux du processus de consultation annoncé par le gouvernement. En effet, bien que cet enjeu soit souvent associé à l'industrie des engrais, il vise surtout les agriculteurs et leur moyen de subsistance.
Nous aimerions faire quelques recommandations précises pour appuyer...
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie de m'avoir invité.
Il est important que je vous dise qui je suis, que je vous parle de la compagnie que je représente et de ce que nous faisons.
Je suis fondateur, propriétaire et vice-président, Agronomie, de Logiag, qui offre des services en agroenvironnement depuis 1999. Nous développons nos propres technologies, nos propres logiciels. Environ 6000 agriculteurs utilisent aujourd'hui nos services agroenvironnementaux. La plupart d'entre eux sont au Québec, mais il y a 500 ou 600 agriculteurs dans les Maritimes et 150 ou 200 autres aux États‑Unis.
Ma présentation est différente de celles que j'ai entendues ce matin. Nous sommes des praticiens de la transition climatique. Nous avons commencé à nous y intéresser en 2019. Nous avons développé une technologie au laser pour faire les analyses de sol et nous avons gagné l'Indigo Carbon Challenge de Indigo Ag en 2021, c'est-à-dire l'année dernière. Nous avons démontré notre habileté à mesurer le carbone organique ou les stocks de carbone organique qu'il y a dans les sols. De plus, nous avons commencé à mettre sur pied un service d'accompagnement de la transition climatique.
J'aimerais vous présenter cela de la façon suivante.
Nous travaillons avec les agriculteurs, pour qui nous faisons le scénario de référence, c'est-à-dire les émissions actuelles et les stocks de carbone qui se trouvent actuellement dans leur sol. Nous les accompagnons et leur présentons des scénarios de transition climatique, comme l'adoption de certaines pratiques et la transformation de leur entreprise pour diminuer les émissions et augmenter les stocks de carbone.
À l'autre extrême, les tonnes de carbone générées par les agriculteurs doivent être valorisées par un acheteur potentiel. J'ai donc fait le tour des transformateurs agroalimentaires. Je suis d'avis que les réductions de carbone issues de la ferme doivent rester à l'intérieur du système agroalimentaire. Nous avons en ce moment un des plus gros transformateurs alimentaires en Amérique du Nord qui s'intéresse à la réduction que font nos agriculteurs. Il s'y intéresse dans le but de s'en servir pour compenser l'ensemble de sa chaîne agroalimentaire.
Entre les deux, nous avons développé une méthodologie de comptabilité et un système de comptabilité carbone qui facilitent la collecte des données, les calculs faits à partir de modèles scientifiques et le suivi des changements pour ce qui est des émissions et des stocks de carbone dans le sol.
Permettez-moi de vous donner un exemple très concret, car il ne me reste que deux minutes. Dans une ferme laitière typique, la moitié des émissions provient des animaux, tandis que l'autre moitié provient des champs.
Dans les champs, on retrouve deux sources principales d'émissions: l'azote et l'utilisation des énergies fossiles pour le travail de sol — le propane utilisé pour sécher les grains, par exemple. Dans la grange, on retrouve le méthane, qui est généré à partir de la digestion des fibres par les animaux.
Du côté des champs, pour diminuer les émissions et augmenter le carbone, il faut augmenter les stocks de matière organique dans le sol. C'est le nerf de la guerre; 1 % d'augmentation de carbone organique sur 30 centimètres va retirer de l'atmosphère 150 tonnes de CO2.
Du côté des animaux, cela se résume essentiellement à favoriser leur santé et à augmenter leur longévité, ce qui se traduit presque automatiquement en diminution d'émissions de gaz à effet de serre.
C'est ainsi que se termine ma présentation.
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Je vais tenter d'être aussi bref que possible.
Nous sommes extrêmement heureux qu'Agriculture et Agroalimentaire Canada et Environnement Canada aient tous deux reconnu très clairement l'importance des principes de gestion des nutriments 4B pour les objectifs en matière de réduction des effets du changement climatique. Nous pensons que ces ministères doivent maintenant aider à passer de la parole aux actes en intégrant pleinement les 4B dans leurs programmes, leurs politiques et leurs efforts en matière de diplomatie climatique internationale.
De plus, nous recommandons à Agriculture et Agroalimentaire Canada de concentrer davantage ses investissements futurs dans les principes de gestion des nutriments 4B. Cela va au‑delà des 200 millions de dollars actuels du Fonds d’action à la ferme pour le climat.
Nous ne devrions pas limiter la boîte à outils mise à la disposition des agriculteurs pour favoriser une utilisation plus efficace de l'azote et une meilleure réduction de l'oxyde nitreux. Nous pensons qu'AAC doit élargir ses futurs programmes afin d'explorer pleinement un large éventail de technologies émergentes dans la boîte à outil de la gestion des nutriments 4B, par exemple les engrais à efficacité améliorée, les applications à taux variable, les biostimulants et les produits biologiques.
Nous sous-estimons également le pouvoir des conseillers agricoles certifiés à aider les agriculteurs à s'adapter aux nouvelles pratiques de gestion. Après tout, ce sont les conseillers de confiance des agriculteurs.
En outre, on doit accorder une priorité plus élevée aux protocoles ou aux programmes de compensation qui visent l'oxyde nitreux.
Enfin, comme M. Bruulsema l'a mentionné, l'inventaire national présente quelques problèmes. En effet, nous pensons qu'il faut améliorer l'inventaire national des émissions de gaz à effet de serre, afin qu'il reflète mieux la réalité actuelle du secteur agricole au Canada.
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Je peux commencer, et je céderai ensuite la parole à M. Affleck s'il souhaite faire des commentaires.
Tout d'abord, nous ne sommes pas des experts du sol. M. Bruulsema pourra vous en dire plus à ce sujet. Ce qui est important pour nous, c'est que nos outils permettent d'accroître la productivité des terres, ce qui permet ensuite de conserver une plus grande partie des terres dans leur état naturel.
Manifestement, ces terres laissées à l'état naturel ont une capacité accrue de soutenir la biodiversité, du niveau du sol jusqu'aux oiseaux, aux insectes, etc. De plus, comme on l'a mentionné, elles ont également une capacité accrue de séquestrer le carbone.
Pour sensibiliser les agriculteurs à l'importance de ces terres sur leurs exploitations, il faut trouver un moyen efficace d'attribuer une valeur aux biens environnementaux et sociaux fournis par ces terres.
Ce n'est certainement pas une question facile. Je suis certaine que de nombreuses personnes plus expérimentées pourraient proposer d'autres solutions, mais nous devons être en mesure d'attribuer une valeur à ces terres, afin que les agriculteurs ne se contentent pas de cultiver leurs champs, mais qu'ils s'occupent également de leurs espaces naturels.
Monsieur Affleck, avez-vous quelque chose à ajouter?
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J'aimerais seulement raconter une anecdote.
J'ai grandi sur une exploitation de pommes de terre de l'Île‑du‑Prince-Édouard. Récemment, j'étais chez moi et l'Université de l'Île‑du‑Prince-Édouard a effectué son survol de la province. Depuis le début du siècle, la province a constaté que ses forêts ont augmenté d'environ 30 % par rapport à ce qu'elles étaient auparavant. Cette augmentation est attribuable à l'innovation, à la mécanisation, aux engrais et aux meilleures variétés, ce qui permet aux agriculteurs de consacrer leurs terres les moins productives à la création de forêts, tout en produisant plus sur les terres qu'ils cultivent déjà.
Il s'agit de reconvertir une plus grande partie des terres en espaces verts, car tous ces outils, lorsqu'ils sont utilisés ensemble, permettent de cultiver les terres le plus efficacement possible.
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Je vous remercie de cette question.
En fait, c'est exactement ce que nous faisons auprès des agriculteurs. Nous avons pris le temps de développer un service et, aujourd'hui, il y a plus d'une centaine d'agriculteurs au Québec qui achètent ce service de transition climatique, qui comprend trois étapes. La première est d'établir le scénario de référence, donc le point de départ. Nous avons développé un système informatique dans lequel nous avons intégré des équations qui provenaient du logiciel Holos et de certains autres modèles pour compenser les faiblesses d'Holos.
Nous avons conçu des modèles de calcul des émissions. Certains témoins ont nommé certaines de ces émissions, entre autres, celle de protoxyde d'azote. Donc, nous faisons ces calculs et, ensuite, nous échantillonnons les sols jusqu'à 30 centimètres de profondeur et nous évaluons les stocks de carbone en utilisant la technologie que nous avons développée.
Ce scénario de référence, ou point de départ, nous permet de définir la situation du sol de la ferme au départ. Nous présentons un plan de transition, donc une série de pratiques que l'agriculteur pourrait adopter ou adapter pour améliorer cette situation. Je tiens à dire que tout cela ne donne absolument rien si, à l'autre bout, il n'y a pas un acheteur qui reconnaît qu'il s'agit d'une réelle amélioration.
Tantôt, un des témoins a dit que c'était difficile pour les petites fermes, que c'était compliqué, que c'était coûteux, et ainsi de suite. Personnellement, je m'inscris en faux au sujet de ce discours. Nous avons réussi, nous-mêmes, en tant que petite compagnie, à développer une méthodologie que nous sommes en train de faire certifier selon la norme ISO. Elle est en train d'être reconnue par de grands transformateurs nord-américains. Nous avons un système informatique qui tient la comptabilité carbone, mais nous ne chargeons pas plus cher à l'agriculteur pour ce service. Nous établissons son point de départ et nous l'accompagnons dans sa transition.
En générant des réductions et en ayant déjà à l'avance un acheteur qui est prêt à les reconnaître, celui qui fait les améliorations peut assez facilement comprendre comment il va en bénéficier. Cela ne veut pas dire que tout le poids de cette transition lui incombe. Je pense qu'il est important qu'il reçoive un soutien gouvernemental pour le faire.
Concernant votre autre question, c'est celui qui est déjà bon. Sur les 100 fermes avec lesquelles nous avons fait affaire, il y en a environ cinq qui ont réussi leur transition climatique, c'est-à-dire que leurs émissions sont extrêmement faibles, peu importe comment vous les mesurez, soit en tonnes d'équivalent CO2par hectare ou en kilos de CO2 par litre de lait. Ils ont réussi à augmenter les taux de matière organique jusqu'à 2 à 3 % au-dessus de ce que nous nous attendions à retrouver normalement, par exemple, en Montérégie‑Est ou Montérégie‑Ouest.
Pour nous, il est relativement facile de voir la différence, parce que nous avons une énorme base de données de 6 000 clients. Donc, nous avons les analyses de sol de 6000 fermes, et nous pouvons voir, régionalement, des moyennes de taux de matières organiques. Donc, il est possible de voir que ces cinq fermes se distinguent. Ces cinq fermes ont réussi leur transition climatique. À partir de là, c'est plus difficile pour elles de continuer à s'améliorer parce qu'elles sont déjà très avancées. D'une certaine façon, il y a une question d'équité et d'éthique, car elles ont commencé il y a 20 ans, sans aucun incitatif. Elles se sont inscrites en faux par rapport au modèle dominant, et elles ont réussi à intégrer des pratiques et à réussir économiquement leur transition.
Il y a deux façons dont nous pouvons rétribuer ces fermes. La première, c'est d'utiliser une base de référence générique avec laquelle elles se comparent. Donc, comme elles ont déjà de l'avance, il y aurait une équation qui permettrait de comparer leur performance actuelle à la performance générique de leur région ou de leur industrie. La deuxième, c'est...
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Notre association de l'industrie représente des fabricants d'engrais azotés de l'Alberta, de toutes les provinces, de l'Ontario, ainsi que d'importantes activités d'extraction de potasse en Saskatchewan.
Nous nous efforçons depuis des décennies d'améliorer l'efficacité de nos activités.
Le gaz naturel, un combustible très propre, est essentiel au fonctionnement du processus de fabrication de l'azote et à l'extraction et au traitement de la potasse pour en faire de l'engrais. Au fil des ans, notre industrie a réduit l'intensité de ses émissions, c'est‑à‑dire la quantité de gaz naturel nécessaire pour produire 1 tonne d'engrais azoté ou de potasse.
Au fil des années, nous avons entretenu une relation de travail très positive avec Environnement et Changement climatique Canada. Avec ce ministère, nous nous sommes sérieusement penchés sur les facteurs qui limitent notre capacité à réduire nos émissions de manière plus agressive, et ces limites sont en grande partie fondées sur la chimie de nos processus et la technologie existante.
Nous nous efforçons certainement de mettre au point des méthodes qui favorisent une production plus verte, mais comme je l'ai dit, la technologie actuelle limite un peu notre capacité à cet égard.
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Je vous remercie, monsieur Graham.
J'aimerais vous poser une autre petite question.
C'est le premier jour de notre étude, et nous nous sommes beaucoup concentrés sur les émissions, mais j'aimerais aussi parler de la qualité de l'eau, car c'est une partie importante de notre étude.
Pouvez-vous nous parler des efforts que vous avez déployés en matière de qualité de l'eau? Nous savons que les eaux de ruissellement ont déjà été catastrophiques pour les plans d'eau, et des efforts importants sont déployés pour assainir certains des principaux lacs du Canada. Ces plans d'eau peuvent être touchés par l'eutrophisation, c'est‑à‑dire une croissance excessive des algues.
Pouvez-vous nous parler des tendances observées au cours des dernières décennies? Je sais que la gérance des nutriments 4B joue un rôle important à cet égard, mais pouvez-vous nous dire autre chose à ce sujet au cours de la prochaine minute?
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Certainement. Je vous remercie de votre question.
Voici un excellent exemple. Récemment, le gouvernement de la Saskatchewan a investi 300 000 $ avec l'Institut mondial pour la sécurité alimentaire pour favoriser une utilisation plus efficace de l'azote.
C'est l'outil dont M. Graham a parlé, c'est‑à‑dire lorsque des variétés de plantes peuvent être combinées aux principes de gestion des nutriments 4B pour aider au bon endroit et au bon moment et contribuer à l'atteinte des objectifs.
Au fil de nos recherches pour trouver des plantes plus résilientes au changement climatique — il s'agit d'accroître la productivité par hectare et de protéger ainsi les espaces verts —, nous constatons que la pratique de la sélection végétale consiste à offrir de meilleures variétés aux agriculteurs, et la manipulation génétique n'est qu'un outil de plus dans la boîte à outils qui va aider les phytogénéticiens à continuer d'offrir ces variétés aux agriculteurs.
J'aimerais brièvement ajouter que nous faisons, avec le gouvernement du Canada, de grands progrès pour préciser les directives concernant ces produits. Les choses ont ralenti un peu à la toute fin. En effet, la politique est terminée, mais elle n'a pas encore été publiée. Elle devait l'être le 8 décembre, et nous attendons encore, mais c'est l'occasion de libérer un plus grand nombre de ces outils là où ils peuvent continuer à contribuer à l'atteinte des objectifs environnementaux.
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En fin de compte, l'agriculture régénératrice vise à amender le sol, tous nos moyens sont… C'est d'abord un objectif agricole, comme l'a dit M. Falk. Ses adeptes cherchent tous à bonifier le sol qu'ils ont pris en charge.
Le danger — et je crois que ça s'applique à la discussion au sens large — est que si l'idéologie prend le pas sur la science, on peut commencer à appliquer à l'agriculture régénérative des systèmes qui risqueraient de ne pas aboutir aux résultats escomptés.
On peut ainsi établir un rapport avec la politique européenne de la fourche à la fourchette. Elle s'est donné de beaux objectifs à atteindre en améliorant le monde, mais, si on se laisse conduire par l'idéologie plutôt que la science, l'ensemble aura tôt fait de s'effondrer. Nous avons vu, avec l'instabilité en Europe, que l'Ukraine a hésité à instaurer cette politique, puis qu'elle est revenue à certaines de ses pratiques antérieures, parce que les nouvelles n'étaient pas fondées sur la science qui tenait compte de l'élément productivité mentionné plus tôt.
Nos objectifs climatologiques et écologiques ne doivent pas nous faire oublier cet élément de productivité, comme M. Graham l'a dit. Sinon, nous risquons d'être paralysés par tout écart qui surviendra en cours de route, que ce soit sur les marchés mondiaux, les sécheresses, etc.
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Dans le cas des sécheresses, par exemple, ce pourrait être le mode de croissance du système racinaire; ce peut également être la réponse du feuillage aux hautes températures. La fermeture des stomates empêche les déperditions d'humidité.
Ensuite, deux facteurs entrent également en ligne de compte: la résistance à la sécheresse, puis l'efficience de l'eau. En système irrigué, il faut moins d'eau, à production égale ou pour simplement relever la résistance à la sécheresse dans la chaleur ambiante tout en pouvant encore obtenir une bonne récolte, ce qui, en quelque sorte, stabilise la production alimentaire générale.
Pendant tout ce temps, grâce à des techniques comme l'édition génétique, etc., pour bénéficier des résultats de l'amélioration génétique végétale traditionnelle, les rendements augmentent à coup de 2 à 4 % par année. C'est l'intérêt composé qui se traduit par les efficacités dont nous avons parlé plus tôt dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre par kilo d'aliments produits, si vous voulez.