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Je déclare la séance ouverte.
Je vous souhaite la bienvenue à la 53e réunion du Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire.
Pour commencer, je vais faire quelques rappels.
La réunion d'aujourd'hui se déroule selon une formule hybride. Les délibérations sont diffusées sur le site Web de la Chambre des communes. À titre d'information, la diffusion Web montrera toujours la personne qui parle plutôt que l'ensemble du Comité. Les captures d'écran ou la prise de photos de votre écran ne sont pas autorisées.
Conformément à l'article 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le mercredi 5 octobre 2022, le Comité reprend son étude sur l'inflation du prix des aliments.
J'aimerais maintenant souhaiter la bienvenue au premier groupe de témoins.
[Traduction]
Aujourd'hui nous accueillons trois témoins. Nous éprouvons des difficultés avec les représentants de l'Assemblée des Premières Nations, mais nous avons la chance de recevoir dans la salle, de la Daily Bread Food Bank, Neil Hetherington, président-directeur général.
Monsieur Hetherington, je vous souhaite la bienvenue au Comité.
De Deuxième récolte Canada, nous accueillons Mme Lori Nikkel, directrice générale. Elle a déjà comparu devant ce comité et elle connaît bien notre travail.
Bienvenue de nouveau au Comité. Nous avons hâte de vous entendre.
Chers collègues, si nous arrivons à accueillir nos invités de l'Assemblée des Premières Nations en ligne, nous leur accorderons cinq minutes. J'aimerais toutefois commencer avec les témoins qui sont dans la salle.
Nous allons commencer avec M. Hetherington.
La parole est à vous. Vous disposez d'un maximum de cinq minutes.
Je m'appelle Neil Hetherington, et j'ai l'immense privilège d'être le PDG de la Daily Bread Food Bank, la plus grande banque alimentaire du Canada, basée à Toronto, dont la mission est de veiller à ce que chaque personne puisse se prévaloir de son droit à la nourriture.
Je suis ici pour soulever trois points. Je veux d'abord vous parler de ce que nous observons sur le terrain dans le secteur des banques alimentaires. Ensuite, je veux formuler quelques recommandations et enfin, j'aimerais vous demander de veiller à ce que le droit de chacun à l'alimentation soit concrétisé.
Tout d'abord, ce que nous voyons sur le terrain est sans précédent. 5,8 millions de Canadiens souffrent d'insécurité alimentaire. À Toronto, dans les banques alimentaires desservies par Daily Bread, nous avions l'habitude d'accueillir quelques 65 000 clients par mois. La pandémie a fait passer ce chiffre à 120 000, et entre janvier 2021 et aujourd'hui, nous avons enregistré 270 000 visites par mois. Nous sommes donc passés de 65 000 à 270 000 clients par mois. Si vous ne retenez qu'une chose de mon témoignage d'aujourd'hui, j'espère que ce sera ce chiffre étonnant et effarant.
Le fait est que nous assistons à une croissance de la clientèle à un rythme considérable. Avant la pandémie, nous avions environ 400 nouveaux clients par mois. Pendant la pandémie, ce chiffre est passé à un peu moins de 2 000 par mois, et le mois dernier, nous avons accueilli 12 400 nouveaux clients. Il s'agit de personnes qui n'avaient jamais eu recours à une banque alimentaire et qui venaient à la Daily Bread Food Bank pour la première fois.
Vous avez entendu le témoignage d'économistes et de producteurs, fournisseurs et détaillants de l'industrie alimentaire, qui ont tous donné leur avis sur les causes de l'inflation alimentaire sans précédent qui nous touche tous. Je n'aborderai donc pas ces facteurs complexes. Je vous parlerai plutôt de l'incidence de l'inflation alimentaire à l'échelle communautaire. Une grande proportion des gens qui se présentent encore aux banques alimentaires touchent un revenu fixe, mais ce qui est nouveau, c'est que des gens qui travaillent à temps plein ont maintenant recours aux banques alimentaires. En effet, environ un tiers des clients des banques alimentaires occupe un emploi à temps plein. Ce chiffre a doublé au cours de la dernière année. Ainsi, avoir un emploi ne garantit pas que vous n'aurez pas besoin de recourir aux banques alimentaires.
Nous avons commencé à examiner les liens qui existent entre la fréquentation des banques alimentaires et divers indicateurs économiques. Nous nous sommes penchés sur l'emploi et les loyers du marché. La corrélation directe entre le recours aux banques alimentaires et l'inflation est la seule corrélation réelle qui puisse expliquer cette croissance sans précédent. Il ne faut pas se leurrer. L'inflation alimentaire de 11,6 % et l'indice des prix à la consommation supérieur à 6 % ont une incidence directe et profonde sur l'insécurité alimentaire au Canada.
Même s'il est important d'examiner les causes de l'augmentation rapide des prix des aliments, nous devons également nous demander ce qui nous a menés à cette situation; une situation où des gens sont obligés de recourir à la charité alimentaire, car ils ne disposent pas de 30 à 50 $ supplémentaires chaque mois. Nous devons commencer par nous demander comment nous en sommes arrivés là.
Bien que le taux de pauvreté au Canada ait diminué au cours des dernières années, quelque deux millions de Canadiens vivent toujours dans une situation de grande pauvreté. Cela signifie que leur revenu est inférieur à 75 % du seuil de pauvreté officiel. Qu'est‑ce que cela veut dire concrètement? À Toronto, si vous vous tournez vers une banque alimentaire, cela veut dire qu'il vous reste en moyenne 8,01 $ par jour après avoir payé votre loyer et vos factures des services publics. Il s'agit de huit dollars, et à Toronto, un client de banque alimentaire sur cinq ne possède rien. Ces gens ont utilisé la totalité de leur revenu pour payer leur loyer et les services publics, et ils dépendent entièrement des organismes de bienfaisance, de la famille et des amis pour combler leurs autres besoins.
Il y a de l'espoir, et il y a de l'espoir avec les recommandations que je vous présente. Nous sommes heureux de constater que le projet de loi , sur la prestation canadienne pour les personnes handicapées, a été adopté à l'unanimité à la Chambre des communes et qu'il se trouve maintenant au Sénat. Ce projet de loi aura une forte incidence sur de nombreux Canadiens.
Nous sommes heureux de disposer d'un certain nombre de programmes de soutien au revenu, tels que l'Allocation canadienne pour enfants, la Sécurité de la vieillesse et le Supplément de revenu garanti, qui sont tous indexés à l'inflation. Ces mesures sont positives, mais nous devons reconnaître qu'il existe des lacunes importantes dans notre filet de sécurité sociale. La lacune la plus importante concerne les personnes célibataires en âge de travailler, qui représentent près de la moitié des clients des banques alimentaires et la moitié des personnes qui vivent dans une grande pauvreté au Canada. Ces gens disposent de très peu de mesures de soutien au revenu à part l'aide sociale et je tiens à préciser que l'aide sociale, du moins en Ontario, représente environ un tiers du seuil de faible revenu.
Si nous voulons protéger les Canadiens des effets de l'inflation, nous devons nous attaquer à la précarité financière qui est la réalité de tant de ménages. Il est temps de combler l'écart pour les adultes célibataires dans notre filet de sécurité sociale, comme nous l'avons fait pour les enfants et les personnes âgées.
Nous recommandons de transformer l'Allocation canadienne pour les travailleurs en un supplément canadien pour les personnes en âge de travailler, dont le seuil d'admissibilité est plus bas et le niveau de prestation maximal plus élevé, et de l'indexer, ainsi que toutes les futures mesures de soutien au revenu, à l'inflation.
Nous reconnaissons qu'en raison de l'inflation galopante, le gouvernement sera prudent en matière de dépenses et de stimulation de l'économie, mais nous proposons une mesure qui vise à soutenir les plus démunis.
La Daily Bread Food Bank et les banques alimentaires partout au pays ont déjà atteint le point de rupture. Nous nous préparons à une nouvelle augmentation du nombre de visites dans les banques alimentaires. De fait, en avril dernier, Statistique Canada a indiqué qu'un Canadien sur cinq avait déclaré qu'il allait devoir compter sur la communauté, les organismes de bienfaisance alimentaire, la famille et les amis pour joindre les deux bouts.
Les organismes de bienfaisance ne peuvent pas répondre à ce besoin. Tous les paliers de gouvernement doivent travailler ensemble pour faire en sorte que les Canadiens aient les moyens de se nourrir.
Nous avons dit que nous allions rebâtir en mieux...
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Je vous remercie, monsieur le président et chers membres du Comité, de me donner l'occasion de me présenter devant vous pour discuter de la question cruciale de la sécurité alimentaire et des répercussions de l'augmentation du prix des aliments sur les Canadiens.
Tout d'abord, j'aimerais dire que je suis entièrement d'accord avec tout ce que M. Hetherington vient de dire.
Vous savez peut-être, par ma dernière comparution devant ce comité, que Deuxième récolte Canada est la plus grande organisation de récupération d'aliments au Canada. Nous sommes une sommité mondiale en matière de redistribution des denrées périssables. Nous nous efforçons de développer un réseau efficace de récupération des aliments pour nourrir les gens et réduire l'impact environnemental de la perte volontaire de nourriture.
Cette mission est d'autant plus importante en période de difficultés et d'incertitudes économiques. Comme nous le savons tous, nous sommes au beau milieu d'une de ces périodes. Le secteur alimentaire fait face à des difficultés sans précédent.
L'augmentation des prix — la raison pour laquelle nous sommes ici aujourd'hui —, les pénuries de main-d'œuvre et les changements climatiques représentent un fardeau considérable pour les producteurs et les entreprises dans l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement. Il est très compliqué de trouver une solution à ces problèmes. Même si les entreprises alimentaires innovent, investissent dans de nouvelles technologies et tentent de réaliser des économies, la résolution de ces problèmes ne sera pas facile et ne se fera pas rapidement.
En attendant, la population canadienne subit les contrecoups de ce paysage économique éprouvant.
Alors que les pressions inflationnistes entraînent la hausse des prix des produits alimentaires, le recours aux organismes d'aide alimentaire au Canada a considérablement augmenté, et les mesures de soutien offertes aux Canadiens devraient encore augmenter de 60 % en 2023, selon un récent sondage réalisé par Deuxième récolte Canada. Ces organismes, au nombre de 61 000, font de leur mieux dans cette crise de l'abordabilité qui touche des ménages partout au pays. Chaque jour, les Canadiens sont contraints de choisir entre une alimentation saine et nutritive et d'autres besoins essentiels tels que le logement, le chauffage, l'eau et le transport. La nourriture est un coût discrétionnaire, alors le prix des aliments empêche non seulement les gens d'acheter suffisamment de nourriture, mais il les force aussi à acheter les aliments les moins nutritifs et les plus transformés, parce que c'est ce qu'ils peuvent se permettre, si tant est qu'ils puissent se permettre d'acheter quoi que ce soit.
Comme tout le monde ici le sait, une mauvaise alimentation entraîne de nombreux effets néfastes sur la santé, notamment des maladies cardiaques, des accidents vasculaires cérébraux, certains cancers et le diabète de type 2, sans parler de l'incidence de l'insécurité alimentaire sur la santé mentale et le comportement cognitif. Chez les enfants, une mauvaise alimentation se traduit par de moins bons résultats scolaires et des problèmes de développement physique, émotionnel et psychologique qui les accompagneront tout au long de leur vie. L'augmentation du prix des aliments plonge davantage de Canadiens dans l'insécurité alimentaire à court terme, mais les conséquences de l'impossibilité d'acheter des aliments sains dureront bien plus longtemps que la pression inflationniste à laquelle nous faisons face aujourd'hui. Bien que nous ayons cruellement besoin de solutions à long terme, nous devons agir dès maintenant pour que les Canadiens aient accès aux nutriments dont ils ont besoin pour vivre en santé.
Je ne saurais trop insister sur le désespoir que ressentent les Canadiens partout au pays, alors que les gens essaient simplement de survivre et n'ont pas les moyens de joindre les deux bouts. Comme l'a dit Neil, bon nombre de gens se retrouvent dans cette situation pour la première fois, et il s'agit de gens qui occupent un emploi à temps plein.
Ce comité se heurte à une question très difficile: comment notre gouvernement peut‑il remédier à cette situation?
En plus des recommandations que j'ai formulées en octobre pour rétablir le Fonds d'urgence pour la sécurité alimentaire et le Programme de récupération d'aliments excédentaires, je recommande que ce comité étudie l'incidence que l'élimination des dates de péremption aurait sur les Canadiens. Les dates de péremption sont souvent mal comprises. Il ne s'agit pas de dates d'expiration. Ces dates font référence à la fraîcheur maximale d'un produit. Alors que les Canadiens peinent à mettre de la nourriture sur la table, ils sont également convaincus que les dates de péremption sont une question de sécurité et jetteront de la bonne nourriture pour se protéger et protéger leur famille. L'élimination des dates de péremption permettrait d'éviter que des aliments sûrs et consommables soient jetés et permettrait aux Canadiens d'économiser de l'argent sur leur facture d'épicerie.
Bien que les problèmes liés à l'abordabilité des aliments et à l'insécurité alimentaire croissante soient complexes et nécessitent des solutions à long terme, nous pouvons faire davantage dès maintenant pour veiller à ce que des millions de Canadiens vulnérables puissent manger à leur faim. Actuellement, pour chaque épicerie, il y a quatre organismes à but non lucratif qui nourrissent les Canadiens et comblent les lacunes législatives. Je demande à tous les membres du Comité de déployer leurs efforts et d'apporter leur soutien pour s'attaquer de front à cette crise.
Merci.
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Merci beaucoup, madame Nikkel.
On me dit que le chef Louis est en ligne.
Chef Louis, si vous êtes là, vous pouvez allumer votre caméra et nous pouvons vous donner la parole.
Si vous m'entendez, chef Louis, la parole est à vous. Vous disposez d'un maximum de cinq minutes. Nous devrons peut-être faire un petit test de son.
Avons-nous déjà fait ce test, madame la greffière?
Chef Louis, je vous cède la parole. Nous allons commencer par là.
Vous êtes en sourdine, monsieur. En bas de votre écran, dans le coin gauche, vous verrez peut-être un bouton sur lequel vous pouvez cliquer pour activer votre microphone.
Très bien. Nous vous entendons dans la salle. Nous ferons de notre mieux pour aider nos interprètes. Si des problèmes surviennent,chef Louis, j'interviendrai. Vous pouvez y aller.
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Je m'appelle Byron Louis. Je suis le chef de la bande indienne d'Okanagan. C'est un honneur d'être ici aujourd'hui pour présenter les perspectives de l'Assemblée des Premières Nations concernant l'inflation du prix des aliments et ses effets dévastateurs sur les Premières Nations.
Étant donné le peu de temps alloué pour les remarques préliminaires, je me concentrerai sur trois aspects: le contexte historique de la sécurité et de l'insécurité alimentaires chez les Premières Nations au Canada, les répercussions de l'inflation du prix des aliments sur les Premières Nations et nos recommandations.
Je vais commencer par l'histoire des Premières Nations. Historiquement, nous avons fait l'objet de discrimination systémique et de colonialisme, ce qui a contribué à l'insécurité alimentaire, à la perte de la culture et à la violation de nos droits. À titre d'exemple, la récente décision concernant la Première Nation de Yale, dans le Nord-Est de la Colombie-Britannique, est liée aux effets cumulatifs qui touchent 97 % de son territoire traditionnel. Vous pouvez donc imaginer l'incidence que cela peut avoir pour les aliments que nous définissons comme nos aliments traditionnels...
En tant que membres des Premières Nations, nous avons une relation unique, sacrée et réciproque avec la Terre mère et tous les êtres vivants. Par conséquent, l'intendance environnementale est au cœur de nos cultures, de nos traditions, de notre santé et de notre souveraineté alimentaire. Toutefois, la dégradation de l'environnement et les politiques coloniales continuent d'endommager notre environnement et de miner notre souveraineté alimentaire.
Les taux d'insécurité alimentaire sont extrêmement élevés chez les Premières Nations au Canada. De nombreux ménages des Premières Nations ont de la difficulté à avoir suffisamment de nourriture. Des études récentes ont montré que les Premières Nations connaissent des taux d'insécurité alimentaire disproportionnés, de l'ordre de trois à cinq fois plus élevé que ceux de la population canadienne en général. Les familles avec enfants sont encore plus touchées.
Au cours du dernier siècle, les Premières Nations ont connu une profonde transition nutritionnelle, passant d'une alimentation traditionnelle à une dépendance accrue aux systèmes alimentaires du marché, ce qui a aggravé l'insécurité alimentaire.
Durant la pandémie, les membres des Premières Nations sont retournés aux modes traditionnels de chasse, de pêche et de piégeage, seulement pour se retrouver en concurrence avec plus de chasseurs autorisés que jamais, alors que les populations de poissons et d'animaux sauvages sont en baisse. Nous assistons, de notre vivant, à la disparition du saumon au Yukon et à une pauvreté inimaginable qui s'étend dans l'ensemble de l'écosystème. Pour les Premières Nations, il s'agit d'une crise de la sécurité alimentaire. En effet, les aliments traditionnels, autrefois si abondants, ont disparu, et sont remplacés par des produits d'épicerie hors de prix.
En Colombie-Britannique, lorsqu'on regarde les statistiques sur le saumon chinook — une partie importante de notre alimentation, ici sur la côte Ouest —, on constate que 13 des 14 populations sont en péril et doivent être inscrites sur une liste quelconque.
Si vous regardez les répercussions de l'inflation du prix des aliments sur la sécurité et la souveraineté alimentaires des Premières Nations, le prix des denrées alimentaires au Canada a augmenté de 10,4 % en janvier 2023, la hausse plus forte depuis 1980.
Pour n'importe quelle collectivité nordique, on parle de la capacité... À titre d'exemple, le transport de marchandises en passant par un pont de glace revient à environ 60 ¢ la livre, contre 60 $ la livre pour le transport par avion. Vous pouvez donc imaginer l'impact que cela a sur le pouvoir d'achat de tout le monde.
Selon l'indice des prix à la consommation de Statistique Canada, le prix du panier d'épicerie a augmenté de 9 %. Pour les collectivités des Premières Nations, toutefois, les prix sont encore plus élevés — jusqu'à 2,5 fois plus que la moyenne nationale —, de sorte que les aliments ne sont pas abordables pour beaucoup de familles des Premières Nations. J'ai constaté, lorsque j'étais à Old Crow, la collectivité la plus septentrionale du Yukon, qu'un petit morceau de saumon coho — une portion individuelle — coûtait 26 $. Pour une famille de cinq personnes... faites le calcul. Donc, pour cette famille, un repas de saumon coûte bien plus de 100 $. Imaginez les conséquences, lorsqu'on a un revenu fixe, et imaginez le coût réel du transport.
Quant au prix des aliments, l'inflation a des répercussions particulières et considérables sur les Premières Nations, qui doivent déjà composer avec des problèmes liés à l'insécurité alimentaire et à l'accès à des aliments sains. Le revenu moyen d'un ménage des Premières Nations est de 22 000 $ par année, ce qui est correspond au seuil de la pauvreté au Canada.
Par le passé, cela nous suffisait pour vivre, car nous avions accès à nos aliments traditionnels, mais n'est plus le cas aujourd'hui.
Les aliments traditionnels demeurent essentiels à nos systèmes alimentaires. L'inflation du prix des aliments rend la pratique de la chasse et de la pêche plus onéreuse pour les membres des Premières Nations, ce qui crée des obstacles supplémentaires à l'accès aux aliments traditionnels.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie tous les témoins de leur présence.
Je participe à la réunion à distance, depuis ma circonscription de Kitchener—Conestoga, sur le territoire traditionnel des peuples anishinabe, haudenosaunee et neutre. Chef Louis, pendant que j'ai l'occasion de discuter avec vous, j'espère pouvoir avoir des précisions sur certains points que vous avez soulevés.
Vous avez parlé du prix des aliments sains et du fait qu'ils sont beaucoup plus élevés dans les collectivités des Premières Nations qu'ailleurs au Canada. Vous avez parlé du coût du transport des aliments, des changements climatiques qui exacerbent les problèmes plus on monte vers le Nord, et des taux de pauvreté et de chômage plus élevés qui compliquent davantage l'accès à des aliments sains. Vous avez parlé des coûts et des défis qui pourraient accroître l'insécurité alimentaire et la prévalence de problèmes de santé liés à l'alimentation.
On entend parler de méthodes novatrices... On tente de trouver des solutions locales au lieu de transporter des aliments. Il y a des exemples de méthodes novatrices qui permettent la culture de légumes à l'année, même lorsque les températures sont inférieures au point de congélation.
Avez-vous des exemples de collectivités autochtones qui ont établi des partenariats avec des entités ou entreprises pour le développement de choses comme les jardins hydroponiques en conteneur, les serres ou l'agriculture verticale?
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Cela se fait dans certaines communautés au Canada, à certains endroits, mais ce n'est pas la norme.
Les serres et autres technologies que vous évoquez nécessitent certaines choses, et cela a une incidence. La dépendance au diésel pour la production d'électricité, ou la technologie en soi, ont leurs limites.
Cela dit, beaucoup de communautés ont maintenant des jardins communautaires. Dans mon enfance, nous comptions beaucoup sur nos aliments traditionnels et sur les jardins. On y revient tranquillement. C'était chose courante il y a une trentaine d'années, probablement, et on tente d'y revenir aujourd'hui. Cela prendra du temps.
Gardez à l'esprit qu'il faut tenir compte du réchauffement climatique, qui se poursuivra probablement pendant 50 à 100 ans.
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Je vous remercie de votre temps.
Je vais maintenant poser quelques questions aux autres témoins.
Je vais maintenant me tourner vers M. Hetherington, de la Daily Bread Food Bank. Je vous remercie du travail que vous faites et de vos efforts pour amplifier la voix des gens qui vivent l'insécurité alimentaire.
J'ai été témoin du travail que vous avez accompli avec la banque alimentaire de la région de Waterloo, dans notre circonscription de Kitchener—Conestoga. Je sais que l'aide ne vient pas seulement d'un seul organisme. Il existe dans chaque communauté — dans les villes et les petites localités — des programmes et des organismes partenaires qui fournissent de la nourriture et des liens avec d'autres services de soutien indispensables.
Pouvez-vous parler de la coopération et de l'interaction entre les banques alimentaires elles-mêmes ainsi que de l'interaction entre les banques alimentaires et les programmes communautaires locaux? Que pouvons-nous faire pour renforcer cette coopération?
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Parlez-vous de l'incidence de la récupération des denrées alimentaires?
Nous savons que les déchets alimentaires qui se retrouvent dans des sites d'enfouissement produisent du méthane en raison de l'absence d'oxygène. La plupart de nos déchets alimentaires y aboutissent, et lorsque nous parvenons à les retirer, nous empêchons les émissions de méthane.
Sur le plan économique, c'est gratuit. Tout est gratuit. Il y a tellement de nourriture au Canada que nous n'avons pas besoin d'en acheter. Nous l'obtenons gratuitement, ce qui permet aux 61 000 organismes caritatifs et à but non lucratif d'utiliser leur argent pour leurs besoins, à savoir des services intégrés. S'ils ont besoin d'un travailleur en santé mentale, d'un travailleur social, d'un responsable des sports... Quels que soient leurs besoins, ils n'ont pas à dépenser leur argent pour de la nourriture. C'est le moteur économique.
Le moteur social, c'est qu'il s'agit de services intégrés. Nous appuyons les banques alimentaires, mais faire appel à notre organisme est facultatif. Nous appuyons tout organisme caritatif ou à but non lucratif qui fournit de la nourriture aux gens dans le besoin. Il n'y a pas de stigmatisation. Enfin, cela dépend de l'endroit où l'on va. L'objectif, que ce soit dans les écoles, les centres communautaires, les églises ou les mosquées, ne se limite pas à donner de la nourriture. Il s'agit de créer un réseau social pour ces gens. Il est remarquable de voir ce qui se passe lorsque les gens se retrouvent réunis, socialement, pour diverses raisons. En général, ils acquièrent cette chose merveilleuse qu'est la confiance en soi, et autres compétences de la vie.
Je suis désolée, monsieur le président. Je vais maintenant m'arrêter.
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Merci beaucoup, monsieur le président, et merci à tous nos témoins de s'être joints à nous aujourd'hui pour nous aider à étudier cet enjeu très important.
Monsieur Hetherington, j'aimerais commencer par vous.
Les données que vous avez présentées au Comité nous sont déjà toutes quelque peu familières, mais vous entendre les énoncer d'une manière aussi concise et ordonnée est un constat accablant de l'état de notre pays, et de la situation préoccupante dans laquelle se trouvent de trop nombreux Canadiens au quotidien.
J'ai été particulièrement frappé par les chiffres que vous nous avez présentés, et qui montrent l'augmentation du nombre de citoyens qui occupent un emploi à temps plein, mais dépendent néanmoins des banques alimentaires pour survivre mois après mois. S'il existe une preuve plus accablante de l'état de notre économie que le fait qu'une personne puisse travailler à temps plein, mais dépende toujours des banques alimentaires, je ne sais pas ce que c'est. Si l'on compare cette situation avec les bénéfices réalisés dans certains secteurs, il s'agit là d'un constat assez troublant.
Vous avez évoqué à plusieurs reprises dans votre déclaration préliminaire le concept de droit à l'alimentation. Au Canada, nos droits sont bien entendu enchâssés dans la Charte. L'un de mes collègues tente de soumettre à la Chambre un projet de loi visant à consacrer le droit à un environnement sain. En parlant du droit à l'alimentation, vous avez fourni quelques exemples de politiques d'aide au revenu, mais pensez-vous qu'un jour ce type de droit pourrait être inscrit dans la loi? En avez-vous déjà discuté? Pourriez-vous nous en dire un peu plus à ce sujet?
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Je vous remercie, et je tiens à dire que j'apprécie la contribution que vous avez apportée au Comité.
Madame Nikkel, j'aimerais maintenant m'adresser à vous pour discuter de votre organisme, Deuxième récolte Canada.
Bienvenue à nouveau au sein du Comité. Nous avons toujours apprécié vos témoignages.
Dans votre déclaration préliminaire, vous avez expliqué qu'en raison du prix élevé des denrées alimentaires, les familles se tournent de plus en plus vers des produits moins dispendieux dans les supermarchés. Ils choisissent donc des aliments fortement transformés qui n'ont pas la même valeur nutritionnelle que, par exemple, les produits situés sur le périmètre du supermarché, où se trouvent les fruits et légumes frais, les produits laitiers et les viandes. Les familles se tournent plutôt vers les aliments transformés. Je pense qu'il serait très important que vous ajoutiez un peu plus de détails que ce que votre déclaration préliminaire le permettait.
Quelles sont les conséquences à long terme d'une telle diminution de l'apport nutritionnel chez une personne? Par exemple, quelles sont les répercussions sur le développement du cerveau d'un enfant?
Les membres du Comité doivent bien comprendre. Cette situation aura des effets à plus long terme sur notre système de soins de santé. Cela aura des répercussions non seulement sur le plan social, mais également sur le plan économique en raison des dépenses en santé que nous allons subir si nous ne nous attaquons pas à ce problème en amont.
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Vous avez raison. Nous devons faire de la prévention une priorité. Une saine nutrition, c'est une forme de prévention. En fin de compte, nous allons tous finir par subir les conséquences économiques de cette situation. Les recherches sont très claires: les résultats en lien avec la santé des enfants sont très négatifs. Nous savons que les enfants de nos jours obtiennent de moins bons résultats scolaires en mathématiques et en anglais, et dans toutes les matières en fait. C'est très simple, les enfants ne sont plus capables de se concentrer. Pensez à ce que vous ressentez lorsque vous avez faim. Vous vous impatientez, vous n'êtes plus en mesure de vous concentrer. C'est ce qui arrive à de nombreux enfants. Ils ne sont plus capables de se concentrer parce que leur cerveau n'est pas suffisamment nourri. Prendre de bonnes décisions repose sur une saine alimentation.
Une alimentation qui se limite à des aliments malsains produit un effet domino. Lorsqu'il ne vous reste plus que huit dollars, vous n'avez pas les moyens d'acheter du brocoli, du lait ou des carottes, car ces produits deviennent risqués. En effet, en situation de précarité vous devez vous limiter à ce que vos enfants mangeront. C'est un risque à prendre. Qui ici pense qu'acheter une pinte de lait représente un risque pour son budget? Personne. Pourtant, cela constitue un risque bien réel pour beaucoup de gens. Ils ne sont pas en mesure de se procurer des aliments sains, parce que leurs enfants ne les mangeront pas, et qu'il ne leur reste que huit dollars.
Nous connaissons les résultats en matière de santé, car nous les observons déjà. Nous constatons en effet l'augmentation dans la population canadienne de cas de diabète de type 2 et de maladies cardiovasculaires. De plus, les accidents vasculaires cérébraux et les cancers sont également en augmentation. De tels phénomènes sont en grande partie liés à l'alimentation. Une amélioration de l'alimentation chez les familles se traduira par une diminution des dépenses en santé.
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Merci, monsieur le président. Je tiens également à remercier les témoins pour leur bon travail.
J'ai la chance de vivre au nord du 42e parallèle, dans un lieu où nous pouvons compter sur un grand nombre de serres. J'ai accès à des fruits et à des légumes frais pratiquement toute l'année, ainsi qu'à des récoltes estivales de toutes sortes de produits.
Je vais commencer en m'adressant à M. Louis.
Des membres de notre collectivité se sont associés à une Première Nation, le Grand conseil de Prince Albert, grâce à laquelle ils ont été en mesure d'importer des fruits et des légumes frais.
Pouvez-vous nous parler de l'accès à des fruits et légumes frais dont disposent les Premières Nations en général? Pouvez-vous nous décrire les répercussions d'une saine alimentation sur les membres des Premières Nations?
Chef Louis, j'aimerais continuer avec vous.
Il y a quelques semaines, nous avons entendu devant le Comité de la sécurité publique le témoignage d'un représentant de l'Association des municipalités du Nunavut. Il nous a aussi parlé de la chasse comme bouclier mettant bien des familles à l'abri des prix élevés des denrées alimentaires en plus de souligner cette connexion avec le territoire. Il était alors question des risques que certaines dispositions du projet de loi ne leur permettent plus d'utiliser leurs fusils de chasse, alors même que leur survie en dépend.
Je suis fier de représenter une circonscription de l'île de Vancouver, sur le territoire traditionnel de nombreuses Premières Nations des Salish du littoral, et notamment celles des Nuu-chah-nulth, des Pacheedaht et des Ditidaht.
Compte tenu du peu de temps à ma disposition, j'aurais une seule question pour vous. Comme vous le savez, notre régime alimentaire est en grande partie fondé sur ce que l'océan nous fournit. Si vous pouviez seulement parler de l'accès à une capacité de transformation... Qu'est‑ce que le gouvernement fédéral pourrait faire de plus pour que les Premières Nations aient accès à ces aliments traditionnels, pour les aider à les transformer et peut-être aussi pour s'attaquer au problème que vivent de nombreuses communautés en raison de la flambée des prix des aliments?
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Nous allons pouvoir reprendre avec notre second groupe de témoins.
Merci d'avoir bien voulu patienter pendant que tout le monde s'installait et que notre équipe technique s'assurait que tout était en ordre pour nos interprètes.
Nous accueillons trois témoins pour cette deuxième portion de notre séance.
Par vidéoconférence, nous recevons M. Ian Lee, professeur agrégé à la Sprott School of Business de l'Université Carleton.
Bienvenue, monsieur Lee.
Nous accueillons également M. Ian Boxall, président de l'Association des producteurs agricoles de la Saskatchewan.
Nous sommes ravis de vous revoir, monsieur Boxall. Nous avons eu l'occasion d'échanger avec vous il y a quelques semaines à peine lors des réunions de la Fédération canadienne de l'agriculture. Nous nous réjouissons de vous voir comparaître devant le Comité.
Enfin, nous avons le plaisir d'avoir avec nous ici même M. Franco Terrazzano, directeur fédéral de la Fédération canadienne des contribuables.
Nous allons maintenons entendre vos observations préliminaires, chacun ayant droit à cinq minutes pour ce faire. Je vais d'abord donner la parole à M. Lee.
Nous vous écoutons, monsieur Lee.
Je vous remercie, monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du Comité, de m'avoir invité à vous exposer le point de vue des agriculteurs concernant la hausse du prix des aliments.
Comme vous l'avez indiqué, je m'appelle Ian Boxall. Je suis président de l'Association des producteurs agricoles de la Saskatchewan qui représente quelque 15 000 familles d'agriculteurs et d'éleveurs. Je suis moi-même agriculteur dans la localité de Tisdale, dans le Nord-Est de la Saskatchewan.
Mes observations vont porter principalement sur deux aspects, soit les facteurs inflationnistes touchant notre secteur et l'importance d'établir un code de conduite pour les épiceries afin d'assurer une plus grande certitude et une transparence accrue au sein de notre chaîne d'approvisionnement alimentaire.
Comme vous le savez fort bien, les agriculteurs de la Saskatchewan ne décident pas du prix de leurs produits, pas plus d'ailleurs que du coût des intrants à acheter pour leurs récoltes. Ainsi, l'inflation nous touche sur les deux tableaux, soit lorsque nous achetons nos intrants agricoles et lorsque nous faisons notre épicerie. Cette inflation est attribuable à de multiples facteurs, y compris des enjeux géopolitiques, des événements météorologiques, la pandémie et certains dysfonctionnements de notre système.
Les agriculteurs sont tout à fait conscients de l'impact qu'a sur les consommateurs l'augmentation du prix des aliments. Nous sommes en première ligne de la production alimentaire, et il est souvent facile de pointer du doigt le prix des denrées de base que nous produisons pour expliquer ce qui arrive à la caisse du supermarché.
C'est la raison pour laquelle notre association a lancé une initiative visant à mettre en lumière la part du dollar consacré à l'alimentation qui revient à l'agriculteur. Nous voulons sensibiliser les gens afin qu'ils comprennent mieux dans quelle mesure les agriculteurs influent sur les prix à la consommation actuels. Je m'attends à ce que cette part soit négligeable étant donné la hausse rapide des prix des aliments. Nous devrions avoir terminé ce travail en avril.
Nous voulons également insister sur l'importance d'établir un code de conduite pour les épiceries canadiennes en vue d'accroître les gains d'efficience, la collaboration et la transparence tout au long de la chaîne d'approvisionnement. Ce code nous aidera à veiller à ce que les transformateurs, les grossistes et les détaillants de toutes tailles suivent les mêmes règles, adhèrent aux mêmes normes et voient à l'équité des transactions à toutes les étapes de la chaîne de valeur.
Les producteurs céréaliers et les éleveurs de la Saskatchewan ont connu en 2021 leur année de production la plus coûteuse jamais enregistrée avec des dépenses agricoles totalisant 11,5 milliards de dollars. C'était 11 % de plus qu'en 2020. Et les choses ne se sont pas améliorées en 2022. Les agriculteurs de la Saskatchewan sont préoccupés par le manque de transparence quant aux prix et par le manque de certitude quant aux approvisionnements en intrants agricoles essentiels comme les engrais, le carburant, les semences et les produits chimiques.
Cette inflation des coûts de production se traduit par des risques additionnels pour les agriculteurs. En 2021, les agriculteurs de la Saskatchewan ont dépensé 2,67 milliards de dollars uniquement pour l'achat d'engrais, ce qui correspond à 24 % de leurs frais d'exploitation. C'était également une hausse de 30 % par rapport aux achats d'engrais de l'année précédente. Depuis 2019, le prix du glyphosate a augmenté de 62 % pendant que celui du carburant grimpait de 52 %. Le prix de l'urée a connu une hausse de 112 % depuis mai 2019, alors que l'augmentation a été de 113 % pour l'ammoniac.
Tous ces intrants sont essentiels à la production agricole et à la sécurité alimentaire à un moment où la planète a besoin plus que jamais des produits agricoles canadiens. Nous savons très bien que l'inflation et le coût de la vie sont au cœur des préoccupations d'un peu tout le monde actuellement. Parallèlement à cela, nous devons composer avec d'importantes fluctuations des coûts des intrants agricoles essentiels, lesquels comptent pour une part considérable de nos frais d'exploitation. Le manque de transparence quant aux causes de ces flambées de prix est très préoccupant, et la situation exigerait un examen plus approfondi.
J'aimerais vous soumettre en terminant quelques pistes de réflexion.
Premièrement, nos décideurs devraient toujours garder à l'esprit l'importance de la production agricole et de la sécurité alimentaire. On ne devrait ainsi adopter aucune politique qui limite, restreint ou réduit la production agricole ou la sécurité alimentaire.
Deuxièmement, il est important d'appuyer l'innovation et d'en reconnaître la valeur. Les agriculteurs ont adopté ou créé quelques-unes des technologies les plus novatrices qui soient, ce qui a contribué à améliorer la production alimentaire en assurant une plus grande biodiversité des sols et une empreinte carbone moindre. Nous allons poursuivre dans le même sens.
Troisièmement, il est essentiel, pour réduire les pressions inflationnistes sur les coûts, de pouvoir compter sur des systèmes de transport efficients, responsables et transparents permettant de limiter les ratés de la chaîne d'approvisionnement de telle sorte que les produits agricoles puissent se rendre à destination.
Quatrièmement, un code de conduite pour les épiceries pourrait être un outil stratégique précieux pour réaliser des gains d'efficience et améliorer la collaboration afin de mieux contrôler les coûts des aliments.
D'après nous, ce sont là autant de mesures qui pourraient contribuer à réduire les frictions le long de la chaîne d'approvisionnement et à en améliorer le fonctionnement.
Enfin, les agriculteurs de la Saskatchewan se réjouissent des progrès réalisés vers l'adoption du projet de loi qui vise à accorder une exemption au titre de l'utilisation du gaz naturel et du propane à des fins agricoles. Ce projet de loi aidera à réduire ces coûts que les agriculteurs ne devraient pas assumer et ne peuvent pas refiler à d'autres.
Je vais conclure ainsi mes observations préliminaires.
Merci, monsieur le président, de m'avoir permis de prendre la parole. Je serais ravi de discuter de ces questions avec les membres du Comité.
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Lorsqu'on augmente les coûts que les agriculteurs doivent assumer, la facture d'épicerie des Canadiens grimpe. Lorsqu'on augmente les coûts que les camionneurs doivent assumer, la facture d'épicerie des Canadiens grimpe.
Je m'appelle Franco Terrazzano et je représente la Fédération canadienne des contribuables. Je vous parle aujourd'hui au nom de 235 000 contribuables canadiens qui voudraient que vous mettiez un terme aux hausses de taxes qui font en sorte qu'il devient plus coûteux pour les agriculteurs de produire nos aliments, pour les camionneurs de les livrer et pour les familles de les acheter.
Le gouvernement pourrait très facilement et rapidement rendre nos denrées alimentaires plus abordables en cessant d'augmenter les taxes. Dans moins de deux semaines, il va plutôt majorer la taxe sur le carbone pour la quatrième fois depuis le début de la pandémie.
En raison de cette taxe sur le carbone, l'essence coûtera 14 cents le litre de plus alors que le prix du litre de diésel grimpera de 17 cents.
Tous les produits livrés par camion deviendront plus onéreux, y compris le très prisé chou frisé.
Après cette nouvelle hausse, la part des taxes fédérales sur le carbone, le carburant et les ventes dans le prix du diésel s'établira à environ 29 cents le litre. Ainsi, le conducteur de semi-remorque qui livre des aliments au supermarché paiera environ 260 $ en taxes fédérales à chaque plein de carburant.
Selon la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante, la taxe sur le carbone a entraîné des coûts additionnels moyens d'environ 14 000 $ par agriculteur en 2019. Vu la majoration de cette taxe, il deviendra plus coûteux pour les agriculteurs de sécher le grain, ce qui se traduira par une hausse des prix à la caisse.
La taxe sur le carbone s'appliquant au propane et au gaz naturel va coûter 1 milliard de dollars aux agriculteurs d'ici 2030. C'est le chiffre auquel en est arrivé le directeur parlementaire du budget dans son estimation.
J'aimerais maintenant vous rapporter les propos de Jeff Barlow, un producteur ontarien de maïs, de blé et de soya: « Mes concurrents américains au sud de la frontière n'ont pas de taxe sur le carbone à payer. Ainsi pénalisé, je vois mes coûts augmenter sans avoir d'autre choix que d'accepter mon sort et de régler la note. »
Selon la Banque mondiale, moins du quart des pays du monde imposent une taxe nationale sur le carbone. Pendant la pandémie, Ottawa augmentait notre fardeau fiscal pendant que bon nombre de nos pairs et concurrents bénéficiaient de réductions de taxes. Pas moins de 51 gouvernements nationaux ont procédé à de telles diminutions. C'est le cas notamment de plus de la moitié des pays du G7 et du G20 ainsi que des deux tiers des pays de l'OCDE.
L'Australie, la Nouvelle-Zélande, les Pays-Bas, l'Allemagne, la Corée du Sud, le Royaume-Uni, l'Italie, Israël, l'Inde et le Portugal font partie de ces pays qui ont réduit les taxes sur le carburant. Ottawa imposera pour sa part dès l'été prochain une seconde taxe sur le carbone dans le cadre de la réglementation sur les carburants.
Une deuxième taxe sur le carbone est en vigueur en Colombie-Britannique. Il en résulte des coûts d'environ 16 cents le litre d'essence et 19 cents le litre de diésel.
Plus les Canadiens sont taxés, moins ils ont d'argent pour payer une facture d'épicerie de plus en plus élevée. Si vous croyez qu'il est possible d'augmenter ainsi les taxes en demandant toujours plus d'argent aux contribuables pour leur offrir ensuite des remises afin de compenser le tout, je pense que vous pourriez être intéressés à une propriété que j'ai à vendre à Regina avec vue sur l'océan.
La taxe sur le carbone va coûter entre 402 $ et 847 $ par année à la famille canadienne moyenne, même après les remises. C'est encore là une estimation du directeur parlementaire du budget. Cet argent pourrait permettre de payer quelques semaines d'épicerie pour une famille de quatre personnes, mais il s'envole en taxes.
Selon l'analyse menée par le gouvernement lui-même, les contribuables à revenu faible ou moyen et les ménages vivant dans la précarité énergétique, comme les mères célibataires et les aînés qui ont des revenus fixes, seront les plus touchés par la deuxième taxe sur le carbone.
L'augmentation de la taxe sur le carbone s'ajoute à celle des charges sociales des travailleurs ainsi qu'à la hausse des taxes sur l'alcool. Selon un récent sondage Léger, 74 % des Canadiens estiment que les familles ont trop de taxes à payer.
Il vous est heureusement possible d'alléger le fardeau fiscal de vos commettants. Vous pouvez faire en sorte que la vie et l'épicerie soient plus abordables pour eux. Vous devez tout au moins pour ce faire mettre un frein aux hausses de taxes.
Je vous remercie.
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Merci, monsieur le président.
J'espère que nous pourrons poser nos questions à M. Lee vers la fin de la séance s'il reste quelques minutes.
Merci aux témoins. Je remercie M. Terrazzano d'avoir évoqué la chanson The Last Saskatchewan Pirate, car il y a probablement un drapeau de pirate au large des majestueuses côtes de Regina.
Je vais commencer avec M. Boxall.
Vous avez mentionné que la Saskatchewan avait connu ses récoltes les plus coûteuses de l'histoire. Les dépenses liées à ces récoltes se sont élevées à 11,5 milliards de dollars, soit 11 % de plus que les années précédentes.
Comme M. Terrazzano l'a mentionné et selon les informations fournies par M. Lee, le coût du carburant diésel et le coût des intrants pour les agriculteurs ont augmenté respectivement de 76,5 % et de 65,1 %. Ces données ont été publiées par Statistique Canada. La taxe sur le carbone augmentera encore le 1er avril.
Quelles sont les répercussions de la taxe sur le carbone sur les agriculteurs canadiens et sur leur viabilité financière?
J'ai déjà mentionné que je n'étais pas consultant auprès d'entreprises et que je n'étais pas membre ni partisan d'un parti politique. Je vais aller droit à l'essentiel.
Dans le cadre du cours de stratégie que je donne depuis 35 ans à l'Université Carleton, mes étudiants et moi analysons les états financiers vérifiés de diverses entreprises, notamment les marges bénéficiaires brutes, les marges bénéficiaires nettes, le rendement du capital investi et le taux de rotation des stocks. J'estime que le nombre d'entreprises qui ont été analysées lors de ces cours que je donne cinq fois par année depuis 35 ans se situe entre 3 000 et 4 000 à raison de 10 à 15 par cours.
Je veux souligner par là que nous examinons les données qui dénotent des tendances. Nous nous sommes également penchés sur Loblaws, Metro et Sobeys. En outre, les comparaisons interindustrielles publiées régulièrement au Canada et aux États-Unis démontrent de façon récurrente que les marges bénéficiaires du secteur de la vente d'aliments au détail sont faibles comparativement à celles de la plupart des autres secteurs.
Toutefois, avant de plonger dans le sujet à l'étude, je voudrais ouvrir une parenthèse sur le discours sur la rentabilité des sociétés qui s'est mis à circuler récemment. En effet, des parlementaires ont émis des critiques sur la rentabilité d'entreprises en particulier. À mon humble avis, ces allégations sont erronées pour deux raisons.
Premièrement, le Canada et les autres pays de l'OCDE ne réglementent pas les salaires ou les prix, et le Parlement ne réglemente pas les marges bénéficiaires. Aucune loi du Parlement ne le permet. Seule la concurrence peut le faire.
Deuxièmement, d'après le regretté Joseph Schumpeter, économiste de Harvard, et le professeur de stratégie Michael Porter, la raison d'être des entreprises est de créer de la valeur. Pour ce faire, celles‑ci doivent générer suffisamment de ressources pour couvrir leurs coûts. Elles doivent être rentables.
Je regarde les choses du point de vue de l'ancien banquier que je suis. Il m'est arrivé de mettre des entreprises en faillite, car elles n'étaient pas rentables. Elles ne pouvaient pas couvrir leurs coûts. Tous les employés étaient mis à pied. Ces situations ne sont pas souhaitables.
Là où je veux en venir... Je comprends vos préoccupations concernant la rentabilité. Certains soulèvent le taux ou le degré de rentabilité. Pour répondre à ces arguments, il faut examiner les états financiers vérifiés fondés sur des données probantes des entreprises mises au banc des accusés.
Pour l'exercice se terminant en 2021, la marge bénéficiaire nette de Loblaws était de 3,7 %. Celle d'Empire-Sobeys était de 2,7 %, et celle de Metro, de 4,5 %. Ces marges bénéficiaires nettes peuvent sembler très élevées pour les personnes qui ne sont pas rompues aux analyses fondées sur des données probantes. En fait, les marges bénéficiaires nettes des épiciers sont incroyablement minces — de façon absolue et relative — comparativement aux marges bénéficiaires dans les deux chiffres des secteurs pharmaceutique, bancaire, des boissons, de la construction automobile, des produits chimiques, de l'informatique, de la construction, de l'électronique, du divertissement et des produits de soins de santé. Je n'ai pas analysé tous ces secteurs.
D'où vient la confusion, alors? Les auteurs des critiques ne regardent que la fin de la chaîne d'approvisionnement alimentaire. Ils voient le prix au détail des épiciers augmenter et concluent tout de suite que les épiciers sont à l'origine des hausses de prix. Ces gens font fausse route, mais comment le savons-nous?
Nous consultons les données empiriques de Statistique Canada. Le document infographique que je vous ai fourni a été publié par Statistique Canada en décembre dernier. Il porte uniquement sur les produits alimentaires à base de blé, mais la plupart des intrants qui y sont énumérés sont utilisés tout au long de la chaîne d'approvisionnement alimentaire. Les coûts du carburant diésel, des pesticides et du transport par camion ont respectivement enregistré des hausses faramineuses de 34 %, de 28 % et de 20 %.
Je vais conclure.
Il y a une autre manière de soumettre à l'épreuve des faits les allégations de « séraphinflation » lancées par les personnes qui ne croient pas aux données de Statistique Canada. Il suffit d'examiner le taux d'inflation du prix des aliments seulement — et non le taux d'inflation général — observé dans les autres pays de l'OCDE. Si les épiciers au Canada augmentaient leurs prix au‑delà de la hausse du coût des intrants provenant des agriculteurs et des grossistes, cela rendrait le taux d'inflation du prix des aliments au Canada supérieur au taux d'inflation des autres pays de l'OCDE.
Heureusement, les données comparatives sur l'inflation du prix des aliments que l'OCDE a publiées il y a deux semaines montrent que le taux d'inflation alimentaire au Canada est en fait inférieur à la moyenne du taux d'inflation des pays de l'OCDE. Il est donc inférieur à l'inflation observée en France, en Allemagne et au Royaume-Uni.
En conclusion, la recherche fondée sur des données probantes tirées des états financiers vérifiés des détaillants alimentaires canadiens, les données de Statistique Canada et les données de l'OCDE sur l'inflation du prix des aliments démontrent l'absence de fondements des allégations de « séraphinflation » ou de celles voulant que la hausse excessive des prix soit causée par les épiciers.
Merci.
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Merci. Ce n'est pas mon point de vue, mais, merci beaucoup. Cela n'explique qu'une petite proportion de la hausse ici, mais il est intéressant de le mentionner.
Je veux également revenir à vous, monsieur Lee, au sujet de l'accent qui est mis sur la marge de profit. À l'épicerie, je n'entends pas les clients parler des marges de profit. Je les entends parler des prix des produits, et lorsque les actionnaires sont rémunérés, ils le sont avec de l'argent qui provient des profits absolus réalisés par les épiceries, par ces chaînes d'alimentation, pas avec de l'argent provenant des marges de profit.
Pour que vous le sachiez, j'ai de l'expérience en finances et en affaires, et je comprends donc la recherche fondée sur les données probantes, mais pourquoi estimez-vous qu'accroître la valeur des actions et mettre uniquement l'accent là‑dessus au détriment des autres intervenants, comme les consommateurs ou les travailleurs d'épicerie, est une manière valable d'exploiter une entreprise?
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Merci, monsieur le président.
Je remercie également les témoins de leur présence.
Monsieur Terrazzano, j'ai bien saisi l'essentiel de votre allocution sur la tarification du carbone. Les États doivent évidemment trouver un équilibre entre imposer des mesures visant à réduire la pollution et, comme vous l'avez bien expliqué, ne pas créer d'inflation en imposant une taxe quand il n'y a pas d'autre solution.
Le Comité s'est penché sur le projet de loi , et ce dernier est présentement à l'étude à la Chambre des communes à l'étape de la troisième lecture. S'il est adopté, il va élargir les exemptions offertes au monde agricole, entre autres pour ce qui est du séchage du grain et du chauffage de certains bâtiments.
Pensez-vous que ce projet de loi va permettre de régler une partie du problème?
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Merci beaucoup, monsieur Terrazzano.
Monsieur Lee, vous avez avancé plusieurs arguments pour expliquer que les profits des épiciers n'étaient pas démesurés, ce que le Comité veut bien croire.
Je vais répéter les questions que nous avons posées aux dirigeants du secteur alimentaire lors de la précédente réunion. Le Comité n'a pas d'information et se penche sur les chiffres bruts. En tant que professeur d'université, vos connaissances sont plus approfondies que les nôtres. Notre travail est de mener une étude sur le sujet. Toutefois, nous n'avons pas accès aux données. Nous avons demandé à ces dirigeants de fournir au Bureau de la concurrence les chiffres détaillés qu'ils ne peuvent pas communiquer publiquement. Ainsi, ces données seront accessibles et permettront de mener une étude sérieuse. Pensez-vous que cette demande est raisonnable?
Présentement, le Bureau de la concurrence ne peut pas contraindre quelqu'un à lui donner de l'information. Croyez-vous qu'on devrait augmenter ses pouvoirs, afin qu'il puisse obtenir cette information?
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Eh bien, souvenez-vous que la loi exige que toutes les sociétés cotées en bourse, c'est‑à‑dire à la Bourse de Toronto ou au NASDAQ à New York — et elles le sont depuis des décennies —, publient des états financiers vérifiés.
J'ai d'ailleurs consulté ce matin les rapports annuels vérifiés des trois entreprises, Loblaws, Metro et Sobeys, pour 2021 et 2022. Les données sont là. C'est clair comme de l'eau de roche. La marge bénéficiaire nette n'est pas un nombre magique et mystique. C'est un des principaux chiffres utilisés pour comparer les entreprises d'un secteur à celles d'un autre secteur, de pair avec les marges bénéficiaires brutes et le rendement du capital investi. Ces chiffres ne sont pas secrets.
Quand je dis qu'ils sont peu élevés, c'est tout simplement le cas de façon empirique. Il y a la marge bénéficiaire nette, par exemple, des transformateurs d'aliments, des grossistes, et c'est inférieur à 20 % pour les transformateurs. Les banques, les sociétés pharmaceutiques... Un secteur...
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Merci beaucoup, monsieur le président, et merci à nos témoins de nous aider à guider notre comité dans le cadre de cette étude.
Je pense que j'aimerais commencer mes questions par la Fédération canadienne des contribuables. Je veux poursuivre un peu dans la même veine que les derniers points abordés par Mme Taylor Roy.
Parmi les témoins que nous avons déjà entendus, il y avait Jim Stanford, qui a offert à notre comité des graphiques utiles. Je connais votre point de vue sur la tarification du carbone. Quiconque a lu votre mémoire sait à quoi s'en tenir. M. Stanford a toutefois présenté des données qui montrent que depuis 2019, le secteur de l'extraction du pétrole et du gaz a vu ses profits nets augmenter de plus de 1 000 %. Quant aux raffineries de pétrole, leurs profits ont augmenté de 40 % depuis 2019.
Je comprends votre point de vue sur la tarification du carbone, mais ne pensez-vous pas que c'est rendre un mauvais service aux Canadiens que de mettre uniquement l'accent sur la tarification du carbone et ne pas parler de la façon dont ces autres profits nets, ces hausses massives, ont également une incidence sur nos agriculteurs et sur les familles à la pompe? Par égard pour les Canadiens, ne devriez-vous pas élargir la portée de vos propos pour parler avec un peu moins de réserve de ces autres facteurs et du mal considérable qu'ils causent aux familles à la pompe et à l'épicerie?
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Les entreprises parasites... Je suis heureux que nous puissions nous entendre là‑dessus. Je pense que c'est un bon point à aborder pour conclure mes questions. Je vous en suis reconnaissant.
Monsieur Boxall, j'aimerais m'adresser à vous. Merci beaucoup de comparaître devant notre comité et de donner le point de vue de la Saskatchewan. Je vous suis reconnaissant de l'importance que vous avez accordée au code de conduite des épiceries, à la nécessité d'avoir cette reddition de comptes et cette transparence.
Pouvez-vous en dire un peu plus? Nous avons entendu d'autres producteurs et transformateurs, mais j'aimerais également avoir votre point de vue. Nous savons que le secteur de l'alimentation est très concentré au Canada, alors qu'environ 80 % du marché est dominé par seulement cinq entreprises. Vous avez souligné le fait que les agriculteurs sont des preneurs de prix, que vous avez peu de marge de manœuvre à cause du coût des intrants. Je pense qu'il y en a aussi beaucoup qui sont influencés par les prix élevés du carburant dont il a été question dans mes échanges avec la Fédération canadienne des contribuables.
Avez-vous vu des exemples précis de l'emprise exercée par le secteur des épiceries? Avez-vous vu des épiciers en profiter pour influencer injustement leurs transactions avec vous et les autres producteurs?
Nous avons beaucoup parlé de la tarification du carbone, et vous appuyez le projet de loi , monsieur Terrazzano.
Nous nous sommes souvent fait répondre à la Chambre des communes que cela ne s'appliquait pas, particulièrement pour le Québec. Au contraire, je crois qu'il y a un impact direct, parce que nous avons un système de taxation particulier au Québec. Lorsque nous achetons des produits, que ce soit du propane ou du gaz naturel, nous avons une surtaxe qui vient s'ajouter.
Croyez-vous que le Québec va perdre sur toute la ligne, parce que nous allons être doublement taxés?
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Merci, monsieur le président, et merci aux témoins.
Je veux mettre l'accent sur ce qui constitue selon moi un lien entre les propos de M. Boxall et ceux de M. Lee relativement à la chaîne d'approvisionnement. Je vais commencer par M. Boxall et passer ensuite à M. Lee, en utilisant le temps qu'il me reste, pour discuter de l'intégration verticale de certains des systèmes dont nous parlons.
Monsieur Boxall, j'adore l'idée d'un code de conduite pour les épiceries, mais ce n'est qu'un aspect de l'offre globale d'aliments. Vous êtes au tout début de la chaîne d'approvisionnement, et le prix des semences a également augmenté, comme le prix de vos autres intrants. Nous avons ensuite le secteur des transports puis les grossistes et les distributeurs.
Vous avez parlé de certaines des politiques concernant... J'ai discuté avec des agriculteurs de ma région, qui ont dit que certaines des grandes chaînes diffèrent des paiements, payent sur une période de 120 jours, versent des sommes qui réduisent les marges de profit et serrent vraiment la vis à leurs fournisseurs.
Pouvez-vous parler de ce que nous pourrions faire pour améliorer le système d'établissement des prix dans son ensemble?
Merci, chers collègues.
Au nom de tous les membres du Comité, j'aimerais remercier M. Lee, M. Boxall et M. Terrazzano. Je vous remercie de votre témoignage et de votre participation à notre étude.
Avant de lever la séance, chers collègues, je vous informe que la séance de mercredi se tiendra à huis clos et portera sur l'étude sur l'insécurité alimentaire mondiale. C'est la deuxième réunion sur ce rapport. Veillez à être prêts à en discuter.
Notre intention est de poursuivre l'étude en cours lundi prochain. Je crois, madame la greffière, que nous avons confirmé la présence du PDG de Walmart pour la première heure. Pour ce qui est de la deuxième heure, nous passerons à huis clos pour une troisième séance sur le rapport sur l'insécurité alimentaire mondiale, et nous donnerons quelques réflexions à nos analystes afin qu'ils puissent commencer le rapport et à tout le moins progresser à cet égard.
Enfin, avec votre indulgence, étant donné que le budget sera déposé mardi, nous aurons beaucoup à faire en tant que députés. Je propose que nous fassions relâche ce jour‑là et que nous nous replongions sérieusement dans le sujet en avril, à moins que vous ne vous y opposiez véhément. Nous pouvons en discuter d'ici la semaine prochaine, si vous voulez.
Je ne constate pas de vive opposition. Voilà donc ce que nous allons faire. À mercredi.
Je remercie nos témoins d'avoir été parmi nous.
La séance est levée.