:
Je vous remercie, chers collègues.
Monsieur Riel, je vous remercie de votre patience. Je vous en suis très reconnaissant. Malheureusement, nous ne contrôlons pas le fonctionnement de la Chambre. Même avec l'application qui nous permet de voter, tout n'est pas toujours parfait.
Chers collègues, avant de passer à nos témoins, nous devons régler un point d'ordre administratif. Vous avez tous reçu le rapport du Sous-comité. Nous aurions besoin d'une motion pour approuver ce rapport, qui, essentiellement, précise le calendrier de nos travaux à partir de maintenant jusqu'à la fin de la présente session.
Monsieur MacGregor, pourrions-nous avoir une motion à cet effet? Sommes-nous tous d'accord?
(La motion est adoptée)
Je m'adresse maintenant à nos témoins. Par souci de temps, nous allons regrouper les deux groupes de témoins, et vous prononcerez vos déclarations préliminaires l'un après l'autre. Ensuite, nous aurons deux séries de questions de la part des membres du Comité.
Très bien. Je déclare la séance ouverte.
Bienvenue à la 56e réunion du Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire de la Chambre des communes.
Je commencerai par formuler quelques rappels.
La réunion d'aujourd'hui se déroule selon une formule hybride. Les délibérations seront diffusées sur le site Web de la Chambre des communes. À titre d'information, la diffusion Web montrera toujours la personne qui parle, plutôt que l'ensemble du Comité. Les captures d'écran ou la prise de photos de votre écran ne sont pas autorisées.
Les députés et les témoins peuvent s'exprimer dans la langue officielle de leur choix. Des services d'interprétation sont disponibles. Si jamais il y a une interruption de service, je vous demanderai de vous arrêter et nous nous assurerons de rétablir le service d'interprétation avant de vous redonner la parole.
Veuillez attendre que je vous nomme avant de parler. Si vous participez par vidéoconférence, cliquez sur l'icône du microphone pour désactiver le mode sourdine. Bien entendu, les microphones des participants qui se trouvent dans la salle seront contrôlés par l’agent des délibérations et de la vérification.
Je m'adresse à nos témoins, en particulier à ceux qui participent par vidéoconférence. Je vous demanderais de parler lentement et clairement pour aider nos interprètes. Les députés adresseront toutes leurs observations et questions à la présidence.
J'aimerais maintenant souhaiter la bienvenue à nos témoins à cette réunion qui porte sur l'inflation du prix des aliments, conformément à l'article 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par ce comité le 5 octobre 2022.
De Costco Wholesale Canada Limited, nous accueillons Pierre Riel, vice-président exécutif et chef des opérations pour Costco Wholesale International et Canada. Je vous remercie de votre présence. De 1km Foods Incorporated, nous accueillons Paul Sawtell.
:
Je suis désolé. Je vous remercie, monsieur Turnbull. J'essaie d'aller aussi vite que possible.
Du Centre canadien de politiques alternatives, nous accueillons David Macdonald, économiste principal. Enfin, de Financement agricole Canada, nous recevons Justine Hendricks, présidente-directrice générale, et Jean-Philippe Gervais, économiste en chef.
Chaque groupe disposera de cinq minutes pour sa déclaration liminaire.
Monsieur Riel, je crois que nous allons vous accorder un peu plus de temps, soit six minutes. Je pense que nous pouvons nous en tenir à cela. Nous allons commencer avec votre déclaration préliminaire. La parole est à vous.
:
Bonsoir, monsieur le président et membres du Comité.
Je m'appelle Pierre Riel. Je suis vice-président exécutif et directeur des opérations chez Costco Wholesale Canada et Costco Wholesale International.
Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de m'adresser à vous aujourd'hui à propos de l'inflation du prix des aliments. Il s'agit d'un sujet très important pour les Canadiens et pour Costco.
J'aimerais d'abord vous parler de qui nous sommes, de notre mission, de notre modèle d'affaires unique et de notre code d'éthique. Nous sommes fiers d'être au Canada depuis 38 ans. Nous comptons 107 entrepôts accessibles à nos membres et qui sont situés dans neuf provinces, et nous employons près de 50 000 Canadiennes et Canadiens. Notre siège social au Canada est situé ici même, à Ottawa.
Je suis né et j'ai grandi à Maniwaki. J'ai commencé à travailler chez Costco en tant que placeur à temps partiel il y a près de 37 ans. Mon cas n'est pas rare puisque 99 % des gérants et du personnel de direction chez Costco sont promus à l'interne et ont commencé leur carrière en tant qu'employés à taux horaire dans l'un de nos entrepôts.
Notre mission est d'offrir à nos membres des biens et des services de la meilleure qualité qui soit et au meilleur prix possible grâce à un modèle d'affaires unique en matière de vente au détail. Notre présence offre une option différente aux consommateurs canadiens. Notre modèle d'affaires nous permet non seulement d'offrir un avantage direct à nos membres grâce à nos bas prix, mais de faire profiter l'ensemble des consommateurs canadiens des prix concurrentiels que nous offrons.
Nous exploitons des entrepôts pour les membres, que les gens appellent habituellement des magasins, et un site Web de commerce électronique. Nos membres paient des frais d'adhésion annuels de 60 $ en tant que titulaires d'une carte de membre Privilège et de 120 $ s'ils optent pour la carte de membre Exécutif.
Chez Costco, nous nous concentrons sur les ventes et nous nous efforçons de réduire les frais d'exploitation.
Trois questions essentielles ont été soulevées par le Comité dans le cadre des demandes adressées aux détaillants. J'aimerais commenter brièvement chacune d'entre elles.
En premier lieu, parlons de l'inflation du prix des aliments. Nos entrepôts offrent de la marchandise alimentaire et non alimentaire ainsi que des produits pharmaceutiques, des produits d'optique, des produits auditifs, de l'essence et une aire de restauration où nous proposons notre fameux hot‑dog à 1,50 $. Le prix final que nos membres paient pour les aliments dépend de plusieurs facteurs à chaque étape de la chaîne d'approvisionnement alimentaire, qui comprend les agriculteurs, les transformateurs, les distributeurs et les détaillants. Ce prix dépend aussi des marchés mondiaux de matières premières, des taux de change, des événements mondiaux, des pénuries de main-d'œuvre et de la réglementation gouvernementale. Nous travaillons chaque jour avec nos fournisseurs dans le but de réduire les coûts. Notre rôle, c'est de maintenir les prix bas. C'est ce que nos membres attendent de nous.
En deuxième lieu, j'aborderai la question de notre profit.
Selon son modèle d'affaires, Costco est un club avec des membres qui paient pour magasiner chez Costco et auxquels nous devons d'offrir la meilleure qualité au meilleur coût. À l'échelle mondiale, au cours des trois dernières années, 58,5 % de nos profits avant impôts provenaient des frais d'adhésion. Au cours des trois dernières années, si nous excluons les revenus tirés des frais d'adhésion, notre profit avant impôts serait de 1,43 % de nos ventes de marchandises. Je tiens à préciser que Costco n'a pas cherché à augmenter ses profits compte tenu des défis actuels.
Plus de 15 millions de Canadiens ont une carte de membre Costco dans leur portefeuille. Ils reconnaissent la valeur de magasiner chez nous. En fait, plus de la moitié des Canadiens âgés de 18 ans et plus sont membres de Costco. Au Canada et aux États‑Unis, nos membres titulaires d'une carte de membre Exécutif représentent 57 % de l'ensemble de nos membres et ils reçoivent une remise de 2 % sur tous leurs achats admissibles. Le taux annuel de renouvellement de l'adhésion de nos membres au Canada et aux États‑Unis se chiffre à 93 % et a obtenu un point de plus cette année. Cela signifie que nos membres reconnaissent notre proposition de valeur.
En troisième lieu, je dirai quelques mots au sujet de l'importance que nous accordons à nos employés.
En tant que l'un des détaillants les plus respectés au Canada et dans le monde, nous devons notre succès à notre capacité à attirer et à retenir les meilleurs employés du secteur de la vente au détail. Nous nous engageons à verser à nos employés des salaires compétitifs et à leur offrir un régime de soins de santé payé entièrement par Costco. Notre salaire horaire de départ s'élève à 17,50 $, un taux supérieur au salaire minimum dans les provinces où nous sommes présents, et il est régulièrement réévalué. En 2019, notre taux horaire moyen était de 27,63 $ et il est maintenant de 29,76 $. Nous croyons fermement que ces salaires sont parmi les plus élevés du secteur de la vente au détail au Canada.
Permettez-moi de vous donner une idée de ce que cela signifie en matière de salaires annuels. Une caissière ou un caissier, qui a travaillé à temps plein chez Costco pendant 7 ans, gagne un salaire de plus de 70 000 $ par année.
Nous savons que le fait d'offrir de bons salaires et des avantages sociaux aux employés nous aide à réduire le taux de roulement et à maximiser l'engagement. Les employés le méritent.
Nous respectons rigoureusement notre code d'éthique, qui consiste à respecter la loi, à prendre soin de nos membres et de nos employés, à respecter nos fournisseurs et à récompenser nos actionnaires. En restant fidèle à son modèle d'affaires unique et à sa culture, Costco a continué de tirer son épingle du jeu, malgré des conditions commerciales parfois difficiles.
En conclusion, nous pensons que, pour avoir un impact important sur les prix que les Canadiens paient à l'épicerie, chaque intervenant, à chaque étape de la chaîne d'approvisionnement, a un rôle à jouer. Je vous assure que Costco prend vos travaux au sérieux et s'engage à ce que ses membres canadiens bénéficient d'aliments de qualité aux prix les plus bas possible.
Merci.
:
Je vous remercie. Je pense que notre travail serait beaucoup plus difficile si nous travaillions dans un rayon de 1 kilomètre, alors je vais m'en tenir à 100.
Je vous remercie de votre invitation à témoigner dans le cadre de votre étude sur l'inflation du prix des aliments au Canada.
Je m'appelle Paul Sawtell. En 2008, ma femme et moi avons fondé l'organisme 100km Foods, une entreprise locale de distribution de produits alimentaires primée. Nous avons créé cette entreprise pour combler le fossé entre les petites et moyennes exploitations agricoles du Sud de l'Ontario et les restaurants, les petits détaillants indépendants, différents établissements et maintenant les cuisiniers amateurs. Nous mettons en relation un réseau régional de plus de 130 fermes et producteurs agricoles ontariens avec plus de 500 clients du Sud de l'Ontario, allant des restaurants et cafés aux champions de la NBA de 2019, les Raptors de Toronto. Les Maple Leafs de Toronto devraient en prendre note.
Notre réseau de fournisseurs compte un ensemble de fermes et de producteurs qui varient en taille, dans les produits qu'ils cultivent et dans les méthodes de production qu'ils emploient. Aucun membre de notre réseau et nous, en somme, n'avons été à l'abri des difficultés qui alimentent l'inflation du prix des denrées alimentaires au Canada. Nous avons tous été exposés à des hausses importantes du prix du carburant, des emballages et d'autres intrants au cours des deux dernières années. Les agriculteurs se sentent pris dans un étau, comme vous avez pu l'entendre lors d'autres témoignages.
Selon nos propres données, le prix moyen des légumes a augmenté de 8 % en 2022 par rapport à l'année 2021, ce qui est inférieur à la moyenne nationale de 11 %. Cela peut être attribuable en partie à un circuit plus court, qui maintient l'inflation sur l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement aussi faible que possible.
Même si nous observons les premiers signes d'une baisse des niveaux actuels d'inflation dans le secteur alimentaire, les changements climatiques seront inextricablement liés à l'inflation alimentaire et à l'insécurité alimentaire à l'avenir. Cela mettra en péril la vision de l'avenir de l'alimentation de la Politique alimentaire pour le Canada, qui dit que « Toutes les personnes vivant au Canada peuvent avoir accès à une quantité suffisante d’aliments salubres, nutritifs et culturellement diversifiés. Le système alimentaire du Canada est résilient et novateur, protège notre environnement et soutient notre économie. »
Il convient de noter que les Canadiens autochtones, noirs et de couleur, continuent de subir les répercussions de cette situation de manière disproportionnée. La Ville de Toronto signale que les Torontois noirs sont trois fois et demie plus susceptibles de souffrir d'insécurité alimentaire que leurs homologues blancs. Les solutions au système alimentaire doivent être élaborées dans une optique d'équité.
Le changement climatique et l'augmentation de la température, les sécheresses, les inondations, les vagues de chaleur et les changements dans les systèmes de précipitations qui y sont associés menacent d'avoir un impact sur l'agriculture plus que sur tout autre secteur d'activité et risquent d'accroître l'inflation et l'insécurité alimentaire à l'échelle mondiale. Il est largement admis qu'un tiers des émissions mondiales de gaz à effet de serre est lié à l'alimentation et à notre système alimentaire. Lors de la récente COP 27, les dirigeants mondiaux ont reconnu que la crise climatique ne pouvait être résolue sans s'attaquer aux problèmes touchant notre système alimentaire. Cependant, bien que la production et la distribution des aliments aient contribué aux changements climatiques, nous avons l'occasion de mettre en œuvre des solutions fondées sur l'alimentation qui ont des avantages de grande portée pour les atténuer, ce qui aidera le Canada à respecter ses obligations dans le cadre de l'Accord de Paris et à enrayer l'inflation alimentaire et l'insécurité alimentaire futures liées au climat.
Il a été démontré que les pratiques agricoles régénératives permettent de séquestrer le gaz carbonique atmosphérique dans le sol, et l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture cite d'autres modèles holistiques, tels que l'agroécologie, comme étant la clé d'une transition mondiale de l'agriculture. De plus en plus de données révèlent que les systèmes alimentaires régionaux peuvent accroître la résilience et l'autonomie des systèmes alimentaires et apporter des solutions locales aux changements climatiques. Nous devons agir maintenant.
Nous soumettons les deux recommandations suivantes à votre attention.
Tout d'abord, pour atténuer une future crise de l'inflation alimentaire, nous devons opérer une transition vers des pratiques agricoles et des systèmes alimentaires régionaux qui apportent des solutions aux changements climatiques et améliorent la sécurité alimentaire. Les programmes fédéraux tels que la Stratégie pour une agriculture durable et le Fonds d'action à la ferme pour le climat devraient être pleinement financés, de manière permanente, afin d'aider les agriculteurs à passer à de meilleures pratiques de production et à investir dans les systèmes alimentaires régionaux.
En second lieu, les aliments nutritifs et durables doivent être abordables et accessibles à tous les Canadiens, et notre droit à l'alimentation doit être codifié. Des améliorations apportées aux filets de sécurité sociale, comme le revenu de base universel, peuvent être des outils précieux pour atteindre cet objectif.
Je vous remercie. J'ai hâte de prendre part à la discussion.
:
Très bien. Merci beaucoup de m'avoir invité à témoigner aujourd'hui.
Les Canadiens veulent blâmer les épiceries d'avoir fait grimper le prix des aliments. S'il y a une part de vérité là‑dedans, il convient toutefois de brosser un portrait global de la situation. J'aimerais prendre le temps qui m'est imparti aujourd'hui pour examiner les données financières des épiceries ainsi que la situation plus générale de l'inflation par rapport aux bénéfices des sociétés au Canada.
Le taux d'inflation annuel sera d'environ 3 % d'ici juin. Les plus fortes hausses de prix d'un mois à l'autre ont eu lieu entre février et mai l'année dernière, soit en 2022. Au fur et à mesure que nous traverserons ces mois cette année, ces fortes hausses seront exclues des taux annuels, ce qui fera automatiquement baisser l'indice des prix à la consommation d'une année à l'autre. Les prix des denrées alimentaires constitueront la principale exception. Leur plus forte hausse mensuelle s'est produite au cours de l'automne, la plus importante ayant eu lieu en janvier 2023. Ce n'est qu'à l'automne que le taux diminuera, mais les prix resteront élevés pendant un certain temps.
Selon les données de Statistique Canada sur l'industrie, les trois dernières années ont été une période faste pour les magasins d'alimentation et pour l'industrie. Les bénéfices nets avant impôt se situaient juste en dessous de 3 milliards de dollars par an pendant plusieurs années avant la pandémie, mais en 2022, ils ont atteint 6,5 milliards de dollars, soit plus du double des chiffres observés en 2019. Les marges bénéficiaires nettes avant impôt ont suivi une évolution semblable. Elles s'élevaient à 2,1 % en 2019, mais en 2022, elles avaient bondi à 3,6 %. En d'autres termes, les épiceries avaient l'habitude de conserver 1 $ sur chaque tranche de 50 $ en bénéfices. Aujourd'hui, elles conservent 1 $ sur chaque tranche de 28 $.
Les coûts des intrants ont augmenté de 21 % depuis la fin de 2019, un argument que l'industrie a fait valoir haut et fort. Le problème réside dans le fait que les revenus du secteur ont augmenté de 27 % au cours de la même période. Il convient de préciser qu'il est tout à fait possible de répercuter la hausse des coûts — et même plus — sur les consommateurs, ce qui se traduit par des bénéfices plus élevés.
Lorsque nous parlons de l'inflation du prix des aliments, nous ne devons pas seulement nous intéresser aux épiceries, approche que nous observons dans une étude du Bureau de la concurrence qui sera bientôt publiée. Il vaut la peine d'examiner l'ensemble de la chaîne alimentaire. L'examen du prix des aliments dans une chaîne alimentaire rudimentaire doit certainement prendre en compte les épiceries, mais aussi les producteurs alimentaires et les agriculteurs.
Les marges des fabricants de produits alimentaires étaient plus élevées en 2020 et 2021, mais en 2022, ces marges s'étaient stabilisées au niveau où elles se trouvaient avant la pandémie. Les secteurs forestier, de l'agriculture, de la pêche et de la chasse, en revanche, ont vu leurs marges s'effondrer pendant la pandémie. Elles sont passées de 14 % en 2017 à 3 % l'année dernière. Alors que les épiceries ont réussi à maintenir des marges plus élevées, les fabricants de produits alimentaires, et en particulier les agriculteurs, ne profitent pas de la hausse du prix des aliments.
Les dollars supplémentaires que déboursent les consommateurs à cause de l'inflation vont quelque part, et il convient de les suivre dans l'ensemble de l'économie, et de ne pas exclusivement se tourner vers le prix des aliments ou la chaîne d'approvisionnement alimentaire. Quatre secteurs — l'extraction pétrolière et gazière, le raffinage du pétrole, l'immobilier et les banques — ont retenu la moitié de tous les revenus dus à l'inflation sous forme de bénéfices. Par rapport à ces grands acteurs, les marges plus élevées dans les épiceries sont plutôt anodines. Le secteur plus large du commerce de détail contribue peu à l'inflation globale au Canada. Pour le comprendre, il suffit de penser au prix élevé du diésel qui frappe l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement alimentaire, depuis le ravitaillement des tracteurs jusqu'aux camions de long parcours qui transportent les aliments jusqu'aux magasins.
Que doit‑on faire? Les prix des aliments ne sont pas près de baisser. Même si le taux d'inflation des aliments diminue d'ici la fin de l'année, il est peu probable qu'il devienne négatif. Par conséquent, les prix resteront élevés et les Canadiens continueront à avoir du mal à se nourrir. Le supplément au crédit de TPS, rebaptisé « remboursement des frais d'épicerie » dans le budget 2023, est une bonne approche ponctuelle. Un meilleur soutien aux banques alimentaires est essentiel. Bien que nous soyons un pays riche, il n'est tout simplement pas nécessaire de forcer les Canadiens à aller chercher leur nourriture dans les banques alimentaires. Des mesures de soutien au revenu adéquates devraient être en place pour que les Canadiens à faible revenu puissent faire leur épicerie, comme tout le monde.
Le gouvernement fédéral a imposé aux banques une surtaxe liée à la pandémie dans son budget de l'année dernière. Cette surtaxe pourrait facilement s'étendre à toutes les entreprises afin de mieux bénéficier de tous les revenus découlant de l'inflation qui se déversent dans les profits des sociétés. Ces recettes pourraient aider à compenser l'incidence de la hausse des prix sur les Canadiens par le biais d'un meilleur soutien au revenu.
Je vous remercie. Je serai heureux de répondre à vos questions.
:
Je partagerai le temps de parole avec M. Gervais.
Je vous remercie, monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du Comité, de nous accueillir ce soir.
[Français]
J'aimerais remercier le Comité de nous avoir invités à présenter les conclusions du Rapport FAC sur le secteur des aliments et des boissons 2023, qui met en lumière la performance financière du secteur.
Financement agricole Canada, ou FAC, qui est le plus important prêteur aux filières agricole et agroalimentaire du Canada, possède un portefeuille de prêts de première qualité de plus de 47 milliards de dollars. Nous diffusons nos prévisions et connaissances économiques pour aider l'industrie à atteindre ses objectifs.
Je vais maintenant céder la parole à M. Gervais.
[Traduction]
Il passera en revue nos principales conclusions concernant les pressions inflationnistes globales sur les denrées alimentaires.
Monsieur Gervais, la parole est à vous.
:
Merci, madame Hendricks.
[Traduction]
Les revenus dans le secteur de la fabrication des aliments et des boissons ont augmenté de plus de 10 % en 2022. Cette croissance est presque entièrement due à des hausses de prix compte tenu des coûts plus élevés. Les marges de profit dans le secteur sont minces et encore plus minces pour les petites entreprises. Il est donc difficile d'éviter de tenter de refiler les augmentations de coûts.
Les pressions sur les coûts ont été multiples. La sécheresse de 2021 en Amérique du Nord a réduit la production agricole et fait grimper les prix des principaux produits de base. La guerre en Ukraine a eu une incidence sur le transport des céréales dans cette région, entraînant des pénuries d'approvisionnement et une hausse des prix des produits de base à l'échelle mondiale. Par exemple, le prix du blé et du canola, deux intrants essentiels dans le secteur, a plus que doublé entre le début de l'année 2020 et le milieu de l'année 2022.
[Français]
Les pressions sur les coûts n'ont pas touché seulement les matières brutes. Le marché du travail a connu un resserrement en 2021 et en 2022, ce qui a fait baisser le taux de chômage à des planchers sans précédent et a fait grimper les salaires. Le resserrement du marché du travail a été encore plus marqué dans le secteur de la fabrication de produits alimentaires. Les salaires ont augmenté plus rapidement dans ce secteur que dans l'ensemble de l'économie, même si la croissance de l'emploi y a été inférieure à ce que l'on a observé généralement dans l'économie.
D'ailleurs, toute la chaîne d'approvisionnement alimentaire doit faire face à des pressions accrues liées à la main-d'œuvre. Cela touche les fournisseurs d'intrants en production primaire, les producteurs primaires eux-mêmes, les fabricants, les services alimentaires ainsi que les industries connexes, comme le camionnage.
Malgré tous les efforts déployés pour contenir les coûts et les prix, les pressions exercées sur les marges de profit ont forcé les entreprises à augmenter leurs prix. Par le passé, les fabricants ont toujours eu du mal à transférer à leurs clients les hausses de coûts, et l'année 2022 n'a guère été différente. Au bout du compte, les marges brutes en pourcentage des ventes pour l'industrie de la transformation ont connu un recul important en 2022. Si les fabricants avaient refilé à leurs clients toutes les hausses de coûts subies en 2022, les prix des produits alimentaires seraient probablement encore plus élevés aujourd'hui.
[Traduction]
Les consommateurs ont réduit leurs dépenses discrétionnaires en raison de l'inflation, de l'effritement de leurs économies et de l'augmentation du coût du service de la dette. L'inflation a entraîné des changements dans les décisions de consommation alimentaire, ce qui s'est traduit par une diminution des achats et une modification des sources d'approvisionnement. Par exemple, on estime que les Canadiens ont augmenté leur consommation de produits alimentaires importés en 2022. Cela après avoir consacré une part plus importante de leurs achats alimentaires à des produits locaux pendant la pandémie de 2021.
Bien que les tendances varient en fonction de la volatilité du secteur, nous sommes plutôt optimistes quant à l'amélioration des taux de marge brute et des flux de trésorerie pour les fabricants de produits alimentaires en difficulté, car les pressions sur les coûts commencent maintenant à s'atténuer. Nous avons déjà constaté que les prix des produits de base ont baissé par rapport aux sommets qu'ils ont atteints récemment, mais il est normal que ces prix plus bas ne se traduisent pas immédiatement par une baisse des prix des aliments pour les consommateurs. Il peut s'écouler jusqu'à un an avant que les prix industriels ne reflètent les récents prix au comptant des produits de base et la baisse des coûts des matières premières. L'énergie, la main-d'œuvre et les matériaux d'emballage sont autant d'intrants qui peuvent représenter une part importante des coûts des fabricants de produits alimentaires. Dans l'intervalle, la baisse des prix des produits agricoles pourrait poser des problèmes de rentabilité aux agriculteurs canadiens.
Madame Hendricks, c'est à vous.
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Je remercie également les témoins d'être avec nous ce soir.
Les épiciers et les consommateurs canadiens subissent des pressions en raison de la hausse spectaculaire des prix des aliments, malgré un ralentissement de l'inflation générale au cours des derniers mois. En fait, on signale que l'augmentation des prix des aliments est presque deux fois plus élevée que le taux d'inflation.
Tout au long de cette étude, j'ai souvent dénoncé les piètres pratiques commerciales des grandes épiceries, qui offrent des prix ridiculement bas à nos agriculteurs et à nos producteurs. Ces pratiques maintiennent les coûts à un niveau élevé et réduisent les exploitations agricoles familiales canadiennes à la faillite.
Ambarish Chandra, chercheur en économie à l'Université de Toronto, abonde dans le même sens lorsqu'il dit ce qui suit:
Pour parler franchement, au cours des années, nous avons observé des comportements répréhensibles chez les épiciers, que ce soit par l'entremise d'ententes sur les prix ou d'autres pratiques scandaleuses, par exemple la coordination en vue de réduire les salaires des employés à la caisse pendant la pandémie. Toutes ces choses découlent du fait qu'il n'y a tout simplement pas assez de concurrence.
Comme les Canadiens le savent, Costco n'est pas une entreprise canadienne, mais c'est une entreprise beaucoup plus grande que les autres épiceries canadiennes et elle peut être une cheffe de file en matière de comportement concurrentiel adéquat. J'ai posé la même question à d'autres exploitants d'autres chaînes d'épiceries.
Je vous regarde, monsieur Riel, car j'ai quelques questions très rapides à vous poser. Je vous serais reconnaissante de répondre simplement par oui ou par non.
Monsieur, facturez-vous des frais d'inscription?
:
Je vous remercie beaucoup.
Les réponses que vous donnez aujourd'hui contrastent fortement avec celles données par les représentants d'autres grandes épiceries qui ont comparu devant notre comité, en ce sens que vous n'imposez aucun de ces frais supplémentaires. Cependant, vous êtes tout de même une entreprise qui mène ses activités commerciales, qui entretient de bonnes relations avec ses fournisseurs et qui continue de faire des profits et d'exploiter ses magasins. Je vous remercie de votre témoignage aujourd'hui.
Il semble que vous montriez la voie en matière de traitement équitable des agriculteurs, des producteurs et des fournisseurs. D'après mes conversations avec des agriculteurs et mes expériences passées, je peux vous dire qu'ils accordent une grande importance aux relations qu'ils entretiennent avec votre entreprise et, dans l'ensemble, qu'ils sont heureux de traiter avec votre entreprise. Je vous remercie de soutenir l'industrie agricole.
J'aimerais maintenant m'adresser au représentant de 100km Foods.
J'ai quelques questions à vous poser, monsieur. Je suis simplement curieux, car dans votre déclaration préliminaire, vous avez parlé des agriculteurs, et je crois comprendre que vous souhaitez les soutenir. J'aimerais donc savoir si vous prélevez un pourcentage sur le prix de vente des fournisseurs. Autrement dit, prélevez-vous des frais pour l'inscription et la manutention de leurs produits?
[Français]
Je tiens à remercier tous les témoins d'être avec nous aujourd'hui.
Mes questions s'adressent à M. Riel.
Monsieur Riel, vous avez mentionné des statistiques et je pense que certains députés sont membres de Costco. Je tiens à vous remercier, parce que je sais que votre entreprise traite les employés avec respect. Vous êtes vous-même un exemple positif du modèle d'affaires de Costco, puisque vous avez une longue expérience dans cette entreprise.
Nous sommes ici pour discuter essentiellement de la confiance du public dans la chaîne d'approvisionnement alimentaire. Les gens se posent des questions. Évidemment, ils voient les prix grimper dans les marchés partout au Canada. Je ne suis pas un spécialiste en la matière, à savoir quelle devrait être votre marge de profit sur la vente d'aliments. En revanche, le Bureau de la concurrence au Canada a le mandat d'étudier cette question.
Avez-vous fourni les états financiers de Costco au Bureau de la concurrence?
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'être avec nous, en particulier M. Riel, qui a été très patient. Nous sommes désolés pour les difficultés techniques qui sont survenues.
Monsieur Riel, je vais être bien honnête avec vous. Quelques-unes de vos réponses me surprennent un peu, compte tenu de celles que nous avons reçues jusqu'à maintenant, notamment en ce qui concerne les frais.
Je veux juste m'assurer que nous avons bien compris. Chez vous, il n'y a pas de frais de retard, il n'y a pas de pénalité pour les invendus et il n'y a pas d'obligation de reprendre les produits ou quoi que ce soit, c'est bien cela?
:
D'accord. Merci beaucoup, monsieur Riel.
Madame Hendricks, nous avons entendu beaucoup de choses à propos de la fixation des prix. Comme vous avez beaucoup de clients dans le secteur agroalimentaire, vous avez sûrement entendu des histoires, que nous ne connaissons peut-être pas.
Des maraîchers nous ont notamment dit avoir vendu de la laitue à une épicerie, pour la voir en réclame dans cette même épicerie, la semaine suivante, à quatre fois le prix qu'ils l'avaient vendue.
Des témoins nous ont suggéré la tenue d'une enquête, ou du moins la réalisation d'une étude, sur le mécanisme de fixation des prix. Pensez-vous que ce soit pertinent?
:
Je vous remercie beaucoup, monsieur le président.
Je remercie tous les témoins d'aider notre comité tout au long de cette étude.
Monsieur Riel, tout d'abord, j'aimerais vous féliciter, car lorsque j'ai demandé au PDG de Walmart Canada quel était le salaire moyen de ses employés, il n'a pas pu répondre. Je vous suis donc reconnaissant de votre déclaration préliminaire, car vous connaissez non seulement le salaire de départ, mais aussi le salaire moyen de vos employés. Je vous suis reconnaissant d'avoir ces renseignements à portée de main.
Je pense que vous avez expliqué un modèle d'affaires qui est assez différent de celui de certains de vos concurrents dont nous avons entendu les témoignages. Cela dit, Costco est une grande entreprise qui a beaucoup d'influence sur le marché.
Lorsque vous vous procurez des produits pour remplir les étagères de vos magasins, vous suivez un code d'éthique qui guide vos relations avec les fabricants et les producteurs de denrées alimentaires. En règle générale, leur indiquez-vous un prix auquel vous souhaitez acheter ou les laissez-vous se faire concurrence pour vous proposer la meilleure option?
Je me demande simplement dans quelle mesure votre processus de prise de décisions tient compte de certains facteurs, tels que l'endroit où les aliments sont produits, les types de retombées économiques que vos magasins pourraient apporter à une collectivité et la distance parcourue par les produits alimentaires. Pourriez-vous donner au Comité un aperçu de la manière dont ces éléments sont pris en compte dans votre processus décisionnel?
:
Oui. Je vous remercie beaucoup de votre question.
Je sais que le Comité se penche sur l'inflation des prix des aliments, qui est une partie bien précise de l'inflation dans son ensemble. Il est difficile d'examiner l'inflation des prix des aliments sans examiner d'autres sources situées à l'extérieur de la chaîne d'approvisionnement alimentaire directe qui pourraient faire augmenter les prix. Il s'agit ainsi de regarder au‑delà des fabricants d'aliments et des agriculteurs, par exemple, pour considérer d'autres facteurs importants comme le prix de l'énergie, qui joue un rôle tout au long de ce processus.
Dans certains de mes travaux plus généraux sur l'inflation, j'ai tenté de déterminer, dans le contexte canadien, quelle part de chaque dollar d'inflation va aux profits, aux salaires ou à d'autres coûts financiers, et dans quelles industries. Je crois que c'est l'étude à laquelle vous faites référence, c'est‑à‑dire celle qui se penche sur la répartition des dollars d'inflation.
Quarante-sept cents de chaque dollar d'inflation que nous dépensons — non pas pour les aliments, mais pour tous les éléments de l'économie canadienne — génèrent des profits dans seulement quatre secteurs, soit l'extraction pétrolière et minière, le secteur manufacturier — en particulier la fabrication de produits pétroliers et le raffinage du pétrole —, le secteur bancaire et le secteur de l'immobilier. Ces quatre secteurs reçoivent environ la moitié de chaque dollar d'inflation que nous dépensons.
Je passe maintenant à Financement agricole Canada.
Madame Hendricks, merci beaucoup d'être ici. J'admire beaucoup votre organisation. Ma femme travaillait pour FAC avant que nous soyons élus. Vous êtes un employeur formidable à Regina.
J'ai ici le Rapport annuel sur les prix alimentaires 2023. J'aimerais vous en lire un extrait et savoir ce que vous entendez des agriculteurs à ce sujet.
D'ici 2030, une exploitation agricole typique de 5 000 acres pourrait voir ses taxes dépasser les 150 000 $, ce qui pourrait compromettre sa capacité à réaliser des bénéfices. Les frais supplémentaires d'une taxe sur le carbone augmenteront les coûts de production et de transport associés aux aliments, ce qui incitera les producteurs à transférer ces frais aux consommateurs, dans le but de maintenir leur rentabilité.
J'ai grandi dans une ferme familiale. Beaucoup de mes amis sont toujours agriculteurs. Financement agricole Canada doit disposer de certaines données et visiter fréquemment des exploitations agricoles.
Combien de vos clients pourraient se permettre d'absorber une taxe sur le carbone de 150 000 $ d'ici 2030?
Je remercie tous les témoins de leur présence et je félicite tout particulièrement Mme Hendricks. C'est un plaisir de vous voir occuper ces fonctions.
J'ai remarqué que les témoignages de M. Macdonald et de Mme Hendricks menaient à des conclusions différentes sur les bénéfices des grandes chaînes de distribution. Nous menons cette étude depuis un certain temps déjà et avons entendu de nombreux témoins. Il semble y avoir un manque de transparence dans les chiffres.
L'un des témoins, M. Martin Caron, président général de l'Union des producteurs agricoles, a parlé d'un organisme consultatif qui a été créé en France pour suivre le prix des produits agricoles aux stades de la production, de la transformation et de la vente au détail. Je ne sais pas si vous le connaissez.
Je me demandais ce que vous penseriez, monsieur Macdonald et madame Hendricks, de l'idée de mettre en place un organisme comparable au Canada, afin de mettre davantage en lumière d'où viennent les augmentations de prix, qui en bénéficie et qui n'en bénéficie pas.
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Le rapport s'en tient aux marges des transformateurs alimentaires. Pour notre part, nous établissons un indice parce que nous n'avons pas nécessairement accès à des données primaires. Nous voyons cependant les tendances fondées sur des indices que nous pouvons obtenir de Statistique Canada. Nous voyons qu'en règle générale, la diminution des marges brutes par rapport aux revenus a été de l'ordre de 10 % en 2022.
Les transformateurs ont donc absorbé des hausses de coûts. En outre, comme l'indice des prix des produits industriels, c'est-à-dire les produits de transformation alimentaire, a grimpé aussi, une partie de l'augmentation des coûts a été refilée aux transformateurs. Ils ont dû absorber une partie de ces coûts, étant donné que les marges de profit sont au plus bas niveau depuis les 20 dernières années. Nous n'avons pas pu reculer davantage dans le temps, mais il est évident que, au cours des 20 dernières années, il n'y a pas eu un indice de marge de profit aussi bas que celui que nous connaissons actuellement.
Il est vrai que beaucoup d'information est véhiculée, mais je précise qu'on parle ici des marges brutes, c'est-à-dire que, des revenus bruts, on soustrait les dépenses en intrants primaires et en main-d'œuvre.
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J'ai une brève question à poser avant la fin de mon temps de parole.
Votre objectif principal, bien sûr, est d'être une institution financière favorisant l'avancement des intérêts agricoles. Beaucoup d'exploitations agricoles dépendent de Financement agricole Canada pour passer l'année, mais vous avez aussi de temps en temps des conversations très difficiles avec celles qui sont en difficulté.
Qu'est‑ce que Financement agricole Canada entend de la part des agriculteurs au sujet de leurs relations avec les chaînes de vente au détail? Des agriculteurs nous ont dit qu'ils avaient toutes sortes de difficultés et que, parfois, des détaillants leur imposent des amendes injustes.
Pouvez-vous nous donner des détails sur les commentaires que vous recevez lorsque vous avez des conversations difficiles avec les agriculteurs en difficultés financières ou les mettre en contexte?
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Merci beaucoup, madame Hendricks et monsieur MacGregor.
Je vois que vous levez la main, monsieur Lehoux, mais avant de vous donner la parole, j'aimerais remercier nos témoins. Voilà qui conclut les délibérations d'aujourd'hui. Merci beaucoup pour vos témoignages, vos commentaires et les mémoires que vous nous avez soumis dans le cadre de cette étude. Vous pouvez maintenant partir.
Pour mes collègues, nous avons quelques rappels à faire ici, après quoi nous entendrons M. Lehoux.
N'oubliez pas que les listes de témoins pour l'étude sur la biosécurité animale doivent être remises demain, à 16 heures au plus tard. Si vous n'avez pas encore remis vos listes de témoins, veuillez les envoyer à la greffière. Par ailleurs, nos analystes nous rappellent que la date limite pour soumettre nos recommandations découlant de l'étude qui nous occupe sur l'inflation du prix des aliments est le 20 avril. Je sais que nous avons encore un ou deux groupes à entendre dans le cadre de cette étude, mais si vous pouviez commencer à rédiger vos recommandations et les remettre à nos analystes d'ici le 20 avril, ce serait très utile.
Monsieur Lehoux, vous avez la parole.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'avoir été avec nous aujourd'hui.
J'aimerais informer les membres du Comité du fait que vendredi dernier était une journée assez sombre pour ma région. En effet, on a annoncé la fermeture de l'entreprise de transformation de porc Olymel, qui embauchait 1 000 personnes.
L'annonce a été faite vendredi avant-midi. À compter de décembre 2023, l'usine ne sera plus en exploitation, et les activités vont ralentir à compter de septembre. On va enlever le quart de travail de soir et, par la suite, ce sera la fin. C'est vraiment un dur coup pour les employés. Il y a aussi toute la question de la production. Au-delà de 30 % du porc du Québec est produit dans ma circonscription et dans les municipalités environnantes. Cet événement majeur va aussi avoir des répercussions sur certains collègues producteurs du côté de l'Ontario. Les usines d'Olymel, au Québec, abattaient de 700 000 à 800 000 porcs. L'impact se fera sentir non seulement dans ma circonscription, mais aussi partout au Québec et en Ontario.
Plusieurs facteurs, dont le manque de main-d'œuvre, ont contribué à la prise de cette décision la semaine dernière. La concentration de l'ensemble des installations de transformation et la réglementation fédérale ont toujours été une grande source d'inquiétude. Dans notre rapport de 2021, nous avions formulé certaines recommandations sur la capacité de transformation. Or il n'y a eu aucun changement depuis ce temps.
Les producteurs de ma circonscription et de plusieurs autres circonscriptions du Québec sont très inquiets, parce que la fermeture de cette usine va se traduire par la nécessité de prévoir plus de distance à parcourir en ce qui a trait à l'abattage de porcs, des distances pouvant s'allonger de plusieurs centaines de kilomètres. Plusieurs producteurs ont communiqué avec moi pendant la fin de semaine, et j'ai constaté que leur état de santé mentale était très précaire. Ce sont des facteurs qui sont quand même très importants.
Je porte donc tout cela à votre attention. J'ai l'intention de présenter une motion lors d'une prochaine rencontre, afin que nous fassions une étude rapide sur cette question. Jusqu'à présent, il n'y a pas de changement quant à l'analyse sur la capacité de consommation qui a été faite en 2021. Je serais heureux que nous puissions discuter de cette situation particulière.
On parle de l'insécurité alimentaire au Canada et sur la planète. À mon avis, il faut vraiment prendre le temps de discuter de la fermeture de cette usine du secteur de l'agroalimentaire, qui embauchait 1 000 personnes en région.
Lors d'une prochaine rencontre, je vais déposer une motion pour que nous fassions le tour de la question. Je crois que c'est vraiment important.