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C'est très bien. Merci beaucoup.
Comme la motion nous a été présentée oralement, il est très important qu'elle soit déposée par écrit pour qu'Andréanne Larouche en prenne connaissance… Nous allons la faire traduire en français et la distribuer aux membres. Je vais demander à la greffière de s'assurer que la motion vous est transmise et que tous les membres en ont une version écrite.
Y a-t-il des questions ou des observations?
Merci, monsieur Genuis.
Bienvenue à la 34e réunion du Comité permanent de la condition féminine de la Chambre des communes.
Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et à la motion adoptée le mardi 1er février, le Comité poursuit son étude sur la santé mentale des jeunes femmes et des filles.
La réunion se déroulera dans une formule hybride, tel qu'il est prévu à l'ordre pris par la Chambre le 23 juin 2022. Certains membres siègent en personne et d'autres siègent à distance, au moyen de l'application Zoom. Si vous êtes en ligne, vous pouvez voir des députés ainsi que des témoins dans la salle.
Voici quelques instructions pour la gouverne des témoins et des membres.
Attendez que je vous nomme avant de prendre la parole. Si vous participez à la réunion par vidéoconférence, cliquez sur l'icône du microphone pour l'activer et pour le désactiver quand vous avez terminé. Dans l'application Zoom, les options pour l'interprétation sont affichées au bas de l'écran, soit Parquet, Anglais ou Français. Sélectionnez celle qui vous convient. Si vous êtes dans la salle, vous avez à votre disposition une oreillette très pratique. Là encore, vous pouvez choisir entre Français, Anglais ou Parquet. Vous pouvez aussi régler le volume.
Je vous prierais de toujours vous adresser à la présidence. Les membres présents dans la salle peuvent lever la main pour demander la parole. Si vous nous joignez par Zoom, utilisez la fonction de main levée. La greffière et moi-même allons tâcher de gérer la liste des intervenants le plus efficacement possible.
Avant de présenter les témoins, je dois faire une mise en garde. Notre étude porte sur un sujet délicat. Il sera question d'expériences liées à la santé mentale, et certains récits pourraient être troublants pour des téléspectateurs, des députés ou des membres du personnel qui ont vécu des choses semblables. Si vous ressentez de la détresse ou si vous avez besoin d'aide, veuillez en informer la greffière.
Sur ce, je souhaite la bienvenue à nos témoins. Comme je l'ai déjà expliqué, certains sont ici en personne, et d'autres nous joignent par Zoom.
Représentant le Centre canadien de la diversité des genres et de la sexualité, nous accueillons Debbie Owusu-Akyeeah, la directrice exécutive, ainsi que Jaime Sadgrove, la responsable, Communications et promotion.
Du Kawartha Sexual Assault Centre, nous recevons Brittany McMillan, qui en est la directrice générale et, assise à ses côtés, Jordanne McLaren, la gestionnaire, Services à la clientèle et équipe d'intervention en matière de traite de personnes.
[Français]
Madame Larouche, vous avez la parole.
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Oui, ils ont été faits.
[Traduction]
Ils ont été effectués avec le début de la séance. Toutes vos oreillettes ont été testées.
Pour La Maison Hébergement RSSM, nous avons Véronique Couture, la directrice générale. Bienvenue, madame Couture.
Le porte-parole de l'organisme The MEHRIT Centre nous joint en ligne. Il s'agit de Stuart Shanker, qui est professeur distingué émérite de philosophie et de psychologie à l'Université York.
Enfin, Melanie Omeniho représentera l'organisme Women of the Métis Nation-Les Femmes Michif Otipemisiwak.
Je vais allouer cinq minutes à chaque organisme pour nous présenter une déclaration préliminaire. Vous pouvez vous partager ce temps si vous êtes deux porte-parole.
Je cède la parole à Debbie Owusu-Akyeeah et à Jaime Sadgrove, du Centre canadien de la diversité des genres et de la sexualité. Vos cinq minutes commencent maintenant.
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Bonjour. Merci de votre invitation à comparaître devant le Comité.
Je m'appelle Debbie Owusu-Akyeeah. Je souligne que j'utilise le pronom « elle ». Je suis la directrice exécutive du Centre canadien de la diversité des genres et de la sexualité, un organisme national basé à Ottawa qui s'intéresse aux enjeux touchant les jeunes des communautés deux esprits, lesbiennes, gaies, bisexuelles, transgenres, queers et s'identifiant à d'autres identités de genre et orientations sexuelles, ou 2ELGBTQ+. Nous faisons la promotion de la diversité sexuelle et de genre sous toutes ses formes à travers nos services d'éducation et de défense des droits.
Nous œuvrons à construire un monde exempt de discrimination, notamment pour les jeunes des communautés 2ELGBTQ+, et dans lequel les droits de tous les membres de ces communautés seront véritablement respectés. Parce que nous comprenons la complexité de la vie et des expériences, nos ressources et nos programmes sont axés sur le renforcement des capacités des jeunes queers, transgenres et autochtones marginalisés et, pour le grand public, sur l'acquisition d'outils pour bâtir des alliances avec les communautés 2ELGBTQ+.
À titre de chef de file de la lutte à l'oppression, nous mettons l'accent sur les relations saines, le respect et la dignité au sein des communautés 2ELGBTQ+ et autour d'elles. Nous trouvons particulièrement important de reconnaître que les jeunes de nos communautés sont aujourd'hui disproportionnellement plus nombreux à être visés par l'intimidation, la violence et les crimes haineux que leurs pairs hétérosexuels cisgenres. Nous reconnaissons aussi les effets du racisme et du colonialisme sur les personnes queers qui sont noires, autochtones ou de couleur.
Notre organisme s'adresse aux jeunes queers et transgenres de 12 à 29 ans qui vivent dans des régions urbaines et rurales du Canada. Nous travaillons principalement auprès des jeunes des écoles intermédiaires ou secondaires, mais également auprès de jeunes marginalisés en raison de nombreux autres attributs identitaires.
Il se dégage très clairement de nos évaluations que notre clientèle est très diversifiée pour ce qui est de l'âge, de l'identité de genre, de l'orientation sexuelle, des capacités fonctionnelles, de la race et de l'origine ethnique. Je trouve important de souligner que 60 % des personnes que nous desservons s'identifient comme des femmes, des filles ou du genre féminin. Environ 25 % de ces personnes sont aussi racisées, noires ou autochtones. Nous travaillons également avec des personnes qui s'identifient comme étant transgenres ou ayant vécu une expérience transgenre; elles forment de 5 à 10 % de notre clientèle. Enfin, le cinquième environ a une forme quelconque de handicap.
Je donne ces chiffres parce qu'ils montrent que notre travail en santé mentale touche une très grande diversité de jeunes des communautés 2ELGBTQ+, y compris des jeunes femmes et des filles. Nous trouvons important d'étudier l'expérience des jeunes femmes et des filles dans toutes ses nuances, en tenant compte de la diversité des genres et de la sexualité.
Concernant ce que nous savons, Statistique Canada a publié récemment un rapport sur l'intimidation et la victimisation parmi les jeunes de diverses identités sexuelles et de genre au Canada. L'étude révèle que les taux d'intimidation très élevés dont ces jeunes font l'objet se répercutent sur leur santé mentale. Les jeunes plus susceptibles de vivre de l'intimidation rapportent en très grand nombre qu'ils sont habités par des pensées suicidaires et qu'ils sont plus enclins à manquer l'école. L'intimidation peut être plus ou moins grave et prendre la forme de plaisanteries, d'injures, de cyberintimidation, y compris les propos haineux en ligne contre l'expérience des personnes des communautés 2ELGBTQ+, d'exclusion des activités et de rumeurs.
Nous savons que l'homophobie, la biphobie et la transphobie aggravent la discrimination et les obstacles ancrés dans la misogynie. Il convient de souligner également que les tactiques d'intimidation utilisées par les jeunes sont étroitement liées au genre.
Je voudrais maintenant vous parler du rapport publié par mes collègues d'Egale Canada, intitulé Encore dans chaque classe de chaque école. L'étude porte sur le contexte particulier des communautés scolaires. Parmi les jeunes visés, 11 % des répondants hétérosexuels cisgenres ont déclaré avoir une santé mentale languissante, contre 20 % des garçons gais, bisexuels ou queers, 25 % des filles lesbiennes, gaies et bisexuelles, et 40 % des jeunes transgenres. À l'inverse, les filles lesbiennes, gaies, bisexuelles et queers cisgenres étaient plus susceptibles que les garçons gais, bisexuels et queers cisgenres d'avoir vécu une forme ou une autre de victimisation personnelle dans les médias sociaux. Les incidents peuvent avoir lieu dans les salles de bain, les vestiaires et les corridors, et ils influent sur leur disposition à participer aux cours d'éducation physique et autres activités du genre.
Une chose est claire, et je vais conclure là-dessus avant de passer aux questions, c'est la nécessité de fonder l'étude en cours sur des données désagrégées.
Il faut étudier les incidences particulières sur la santé mentale des jeunes filles queers et transgenres, ou des personnes transféminines. Il est urgent de recueillir des données sur la réalité canadienne, notamment devant l'afflux grandissant de l'information en provenance des États-Unis. Il faut diversifier nos sources de données pour mieux comprendre ce que vivent les personnes transgenres, les filles transgenres et les personnes transféminines.
Pour terminer, j'insiste sur l'importance de recueillir ces données pour aider les enseignants et les autres adultes à mieux répondre aux besoins des jeunes filles queers et transgenres.
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Je vous remercie de tout cœur pour votre invitation.
Je m'appelle Britanny McMillan. Je suis la directrice générale du Kawartha Sexual Assault Centre, un des nombreux centres qui viennent en aide aux victimes d'agressions sexuelles en Ontario. Notre financement de base provient du gouvernement provincial, et plus précisément du ministère des Services à l'enfance et des Services sociaux et communautaires. Le Centre est un petit organisme, qui reçoit tout juste 320 000 $ par année en financement de base.
Je suis accompagnée de Mme Jordanne McLaren, qui m'assistera pour les questions d'ordre plus clinique ou plus axées sur la clientèle. Mme McLaren est notre responsable des services à la clientèle et de l'équipe d'intervention en matière de traite des personnes.
Je vais vous parler aujourd'hui des répercussions très importantes de la violence sexuelle sur la santé mentale des femmes et des filles. Je vais aussi vous toucher un mot de l'importance de prendre des mesures pour éviter que les problèmes de santé mentale perdurent chez les personnes survivantes et d'accroître les efforts de prévention et de sensibilisation en matière de violence sexuelle.
Après une agression sexuelle, les femmes sont deux fois plus à risque de souffrir d'un trouble de stress post-traumatique, ou TSPT, et leurs symptômes perdurent jusqu'à quatre fois plus longtemps que chez les hommes. Selon le DSM-5, on trouve un des taux les plus élevés de TSPT chez les personnes qui ont survécu à un viol, qui peut aller du tiers à plus de la moitié. Le TSPT est fréquemment associé à d'autres problèmes de santé mentale, et d'autres troubles mentaux peuvent apparaître après une agression sexuelle. Les personnes survivantes peuvent par exemple développer un TSPT complexe, un trouble d'anxiété généralisée, un trouble dépressif caractérisé, un trouble du comportement alimentaire, un trouble obsessionnel compulsif ou un trouble lié à la consommation de substances.
Le risque de souffrir de troubles connexes augmente si l'agression sexuelle a été subie à un jeune âge. Les filles qui ont été victimes de violence sexuelle dans leur enfance sont plus susceptibles de subir de la violence sexuelle à l'adolescence ou à l'âge adulte, et donc encore plus à risque de souffrir de troubles de santé mentale.
Soit dit en passant, nous ne recevons pas de financement pour venir en aide aux personnes de moins de 16 ans, ce qui laisse un trou béant dans notre offre de services aux jeunes filles.
En 2021, environ 19,24 millions de femmes vivaient au Canada. On estime que le tiers des femmes et des filles subiront de la violence sexuelle au moins une fois dans leur vie. On peut toutefois penser que ces chiffres donnent un pâle reflet de la réalité étant donné le faible taux de signalement. Quoi qu'il en soit, cela signifie qu'au moins 6,41 millions de femmes et de filles seront victimes de violence sexuelle au Canada. Je précise au passage que la zone que nous desservons est de 320 000 personnes environ.
Les chiffres ne sont pas les seuls à augmenter. Beaucoup de professionnels dans notre domaine observent une aggravation des agressions sexuelles, qui se manifeste entre autres par une hausse des sévices corporels et des étranglements. Il convient cependant de préciser que la pandémie n'est pas seule en cause. Les taux sidérants de violence sexuelle envers les femmes et les filles n'ont rien de nouveau, loin de là.
Nous avons recommandé un plan d'action. Si on croit les femmes, si on ne les blâme pas et si on leur offre du soutien et des traitements après une agression sexuelle, leur santé mentale risque moins d'être hypothéquée à long terme. La thérapie, les groupes de soutien et les stratégies d'autoprotection peuvent être d'un grand secours pour aider les personnes survivantes à surmonter un TSPT et d'autres symptômes liés à la santé mentale et à se rétablir.
Les centres qui viennent en aide aux victimes d'agression sexuelle un peu partout en Ontario et ailleurs au Canada doivent se contenter d'une aide financière famélique. Avec un meilleur financement de base, ces organismes pourraient accroître et accélérer l'accès à l'aide pour les personnes qui ont survécu à la violence sexuelle à du soutien et, dans bien des cas, ils leur éviteraient des troubles de santé mentale persistants.
Il faut aussi mettre la prévention et la sensibilisation en priorité. En Ontario, de nombreux centres d'aide aux victimes d'agression sexuelle jouent ce rôle malgré le manque de financement. Nous le faisons parce que nous savons à quel point c'est efficace. Si nous arrivons à rejoindre les jeunes garçons et à leur enseigner ce qu'ils doivent absolument savoir au sujet de la violence sexuelle, du consentement, de la masculinité toxique et du patriarcat, les taux de violence sexuelle vont baisser. Actuellement, la priorité est accordée à cette sensibilisation dans les associations de hockey pour que tous puissent pratiquer notre sport national dans un environnement sûr. Il faut aussi donner la priorité aux programmes d'alliance inclusive pour les hommes.
Pour conclure, j'insiste sur le fait que nous sommes des vecteurs de changement. Nous travaillons dans ce domaine parce que nous voulons que les choses changent. Malheureusement, nous ne pouvons pas faire autant que nous le souhaiterions parce que le financement de base qui nous est versé au titre du modèle en vigueur est tout simplement insuffisant.
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Bonjour, tout le monde.
Mon nom est Véronique Couture et je suis la directrice générale d'un organisme communautaire, une maison d'hébergement de transition située à Granby, au Québec.
Nous offrons des services de transition aux gens qui arrivent d'un milieu carcéral, d'un hôpital ou d'un centre de désintoxication. Notre clientèle est mixte, mais comporte une majorité de femmes pour le moment.
Nos besoins ont évidemment considérablement augmenté en raison de la pandémie et d'un manque de services pendant ces deux années et demie. Notre plus grand problème est un manque de financement régulier, qui fait que nous n'avons pas assez de personnel dans la maison. Nous sommes financés par le Programme de soutien aux organismes communautaires du gouvernement du Québec. Toutefois, nous avons besoin de financement d'ailleurs pour nous aider à avancer et à aller plus loin dans les services que nous offrons.
Il est très compliqué de faire une demande de subvention et de la reddition de comptes. Nous nous retrouvons avec très peu de moyens. En effet, les intervenants ne peuvent pas faire leur travail, parce qu'ils ont beaucoup trop de travail de bureau à faire et qu'ils doivent composer avec des demandes qui n'en finissent plus. Nous recommandons donc que le financement nous arrive plus rapidement.
Personnellement, je me suis présentée ici avec beaucoup de candeur et j'ai l'impression de ne pas être aussi préparée que les gens autour de moi. Toutefois, mes demandes sont bien réelles et urgentes: les femmes et les filles ont besoin de soins en santé mentale et dans différentes sphères. Les fonds doivent donc nous parvenir rapidement.
Plus tôt, on a parlé d'agressions sexuelles. Quatre-vingt-dix pour cent de notre clientèle ont subi des agressions sexuelles dans leur enfance ou leur jeunesse. Nous devons donc aider ces personnes à acquérir une autonomie qu'elles n'ont jamais eue auparavant. Nous avons besoin de sensibilisation en milieu scolaire. Nous avons besoin de gens qui savent comment prendre soin des jeunes filles et des femmes canadiennes et les guider vers les bons endroits au bon moment.
Je lance un cri du cœur: nous devons avoir beaucoup plus de moyens pour aider ces femmes et ces filles.
Pour terminer, j'aimerais parler de quelque chose d'un peu plus personnel, alors que je vis quotidiennement cette situation avec ma fille aînée, qui ne réussit pas à recevoir d'aide. Je peux vous dire que les services sont déficients, non seulement faute de financement, mais surtout faute de sensibilisation et de compréhension en milieu scolaire et universitaire.
Je ne peux pas m'empêcher de penser que vous devez vous sentir un peu dépassés par l'ampleur affolante des problèmes actuels dans le domaine de la santé mentale des femmes et des filles. J'ai pour tâche de vous parler, en cinq petites minutes, d'une révolution incroyable dans le monde des neurosciences. Je vais essayer de piquer votre curiosité en vous parlant de notre nouvelle compréhension et des outils qu'elle nous offre pour marteler encore plus fort les messages que je viens d'entendre et que vous avez déjà entendus de la part d'autres témoins.
Je voudrais parler du phénomène actuel de l'anxiété et de ce que nous avons appris, surtout au cours des trois dernières années. Même s'il est très difficile pour nous d'établir les chiffres, nous savons que le taux de 20 % rapporté avant la pandémie est la pointe de l'iceberg.
Nous savons que l'anxiété est un mécanisme d'alerte. Elle indique que le cerveau a détecté une menace extérieure, ce qui est facile à comprendre. Nous connaissons bien les menaces que les femmes doivent affronter de nos jours. Les témoins vous en ont donné des exemples éloquents.
L'anxiété est aussi un mécanisme d'alerte contre les menaces intérieures, dont je vais parler aujourd'hui. Une menace intérieure provient d'une zone très profonde du cerveau, de systèmes qui agissent sous le seuil de la conscience. Essentiellement, ces systèmes se retrouvent dans ce qu'on appelle un déséquilibre homéostatique. Cet état peut conduire à des troubles comme la dépression, l'anxiété ou l'automutilation, pour n'en nommer que quelques-uns.
Le déséquilibre homéostatique a trois causes principales.
Il peut être causé premièrement par un stress excessif. Le stress est un phénomène complexe. Je vais expliquer tout à l'heure ce qu'un scientifique entend par le terme « stress ». La deuxième cause, qui a prédominé pendant la pandémie, est l'adoption de stratégies inadaptées pour gérer ce stress. Une stratégie inadaptée est tout ce qui soulage de manière passagère, mais qui a pour effet d'exacerber le problème de stress. La troisième cause est le nombre insuffisant d'expériences qui produisent l'oxytocine, une hormone qui désamorce la réaction de stress.
Dans toutes les situations qui vous sont exposées, de jeunes femmes et des filles vivent un stress qui les dépasse. C'est ce qu'on appelle un « état hypodopaminergique ». Un stress est tout ce qui demande au cerveau de consommer de l'énergie pour y faire face. Il peut s'agir d'un stress physique, d'un bruit, d'une foule, d'un éclairage trop cru ou insuffisant. Le stress peut aussi être émotionnel ou cognitif. C'est le genre de choses dont nous parlons et que nous pouvons expliquer.
Quand un stress est excessif, comme ce que nous avons vécu durant la pandémie, il bloque la dopamine. Nous avons besoin de dopamine. Ces femmes ont besoin de dopamine. Une baisse des taux de dopamine optimaux peut entraîner un repli sur soi et un état dit d'« anhédonie ». Cet état se manifeste par un manque de motivation, pour aller à l'école par exemple, un trouble chronique d'anxiété et de dépression, ou dysthymie.
La question qui se pose est celle de savoir ce que nous pouvons faire pour soulager les femmes et les filles qui vivent des stress énormes. Quels moyens avons-nous pour aider leur cerveau à tirer tous les bénéfices des programmes dont vous entendez parler? La réponse est qu'il faut leur donner des moyens de désamorcer la réaction de stress.
Je vais vous donner une explication très rapide, parce que je crois que mes cinq minutes filent très vite. Le problème avec les facteurs de stress est qu'ils font grimper la production de substances chimiques dont provient l'énergie nécessaire pour gérer le stress. D'autres substances chimiques désamorcent la réaction de stress et nous permettent de retrouver l'équilibre. Chez une personne qui souffre d'un trouble anxieux, par exemple, les deux mécanismes sont détraqués, et il faut trouver le moyen de rétablir l'équilibre. L'éducation ne suffit pas. Ce n'est pas quelque chose que…
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Merci de donner la possibilité à notre organisme, Les Femmes Michif Otipemisiwak, de parler avec le Comité des expériences en matière de santé mentale des femmes, des filles, des personnes des communautés deux esprits et de diverses identités de genre de la nation métisse.
Je m'adresse à vous depuis le territoire non cédé et non abandonné des Anichinabés ici, à Ottawa. Je vis cependant sur le territoire du Traité no 6 et terre mère de la nation métisse à Edmonton, en Alberta.
L'organisme Les Femmes Michif Otipemisiwak se consacre aux femmes métisses afin qu'elles puissent vivre sur la terre mère en toute sécurité et de manière interconnectée, et qu'elles acquièrent des outils et des capacités pour mettre en place les conditions essentielles à la santé et à la prospérité des communautés de la nation métisse.
Les femmes métisses forment le cœur de la nation, et nous rêvons d'un monde où elles pourront vivre en sécurité et à l'abri de la violence, où les normes de protection, de sécurité, de justice, de santé et de bien-être seront équivalentes à celles qui s'appliquent au reste de la population.
Au Canada, la proportion d'Autochtones qui sont aux prises avec des troubles de santé mentale est démesurément plus élevée que chez les non-Autochtones, et les symptômes sont souvent plus graves. Les taux de dépression, d'anxiété, de stress post-traumatique, de toxicomanie et de comportements suicidaires sont plus élevés chez les Autochtones, y compris les survivants des pensionnats et leurs descendants.
Hier, de concert avec notre comité directeur de Métis Nation British Columbia, nous avons examiné des statistiques de 2018, soit avant la COVID, sur la santé mentale des jeunes métis de la Colombie-Britannique. Parmi les répondants à l'étude, 47 % des jeunes femmes métisses ont déclaré vivre de l'anxiété — je rappelle que c'était avant la pandémie —, 35 % des jeunes Métis ont déclaré avoir des troubles dépressifs, et 31 % des jeunes femmes métisses ont indiqué qu'elles songeaient sérieusement au suicide.
Ces statistiques sont alarmantes, mais vu les répercussions de la pandémie sur la santé mentale, nous nous attendons à ce que les jeunes Métis soient aujourd'hui plus nombreux à souffrir des problèmes de santé mentale dont je viens de parler, et que ces problèmes soient encore plus graves. Nous savons que des recherches sont menées sur la COVID longue et ses effets sur la santé mentale de notre peuple, dont beaucoup de membres ont contracté la maladie.
Concernant les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, nous savons que des femmes, des filles, des personnes des communautés deux esprits et de diverses identités de genre de la nation métisse ont été victimes de formes graves de maltraitance, de traumatismes et d'actes de violence. L'appel à l'action numéro 19 de la Commission de vérité et réconciliation du Canada pressait le gouvernement à combler les écarts dans les résultats en matière de santé entre les communautés autochtones et non autochtones, y compris pour des indicateurs comme le suicide, la santé mentale et la toxicomanie. Il est également ressorti de l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées qu'il était impératif d'accroître le financement et de soutenir les services et la programmation holistiques axés sur les traumatismes, les dépendances, les traitements et la santé mentale.
Il est important de souligner que pour beaucoup de personnes autochtones, le bien-être mental et émotionnel est intimement lié au bien-être social, culturel, spirituel, environnemental et politique. La santé est un concept holistique, qui englobe le bien-être personnel, mais aussi celui de nos familles, de nos communautés et de la nation. C'est pourquoi la santé mentale des femmes, des filles et des personnes de diverses identités de genre est étroitement imbriquée et liée au bien-être de nos familles et de nos communautés.
Dans les communautés métisses, les déterminants sociaux de la santé transcendent la dimension sociale. Ils englobent aussi les dimensions politiques et historiques. Ce sont des déterminants structurels de la santé. Le colonialisme et tout ce qui en a découlé, c'est-à-dire les traumatismes intergénérationnels liés aux pensionnats, la rafle des années 1960 et d'autres événements, ont spolié nos peuples de leur culture et de tout ce qui représentait pour nous un chemin de guérison.
En travaillant avec des Métis qui ont survécu à des traumatismes, à la violence, à la maltraitance et à la négligence, nous avons compris que le lien à la culture et à la communauté favorise la guérison. Travailler avec les aînés, passer du temps sur le territoire, récolter des herbes médicinales, tisser et faire du perlage sont toutes des activités dans lesquelles la culture devient un outil de rétablissement de la santé mentale.
Il faut comprendre l'importance de la culture et de l'identité pour décoloniser les soins de santé mentale. En plus de l'approche panautochtone, il est essentiel d'intégrer les valeurs métisses comme les liens de parenté, la foi, la spiritualité, les récits et le savoir traditionnel aux soins de santé tenant compte des traumatismes si nous voulons vraiment favoriser la guérison de nos communautés.
C'est dans cet esprit que l'organisme Les Femmes Michif Otipemisiwak a publié le rapport Weaving Miskotahâ, qui énonce 62 appels au miskotahâ, ou qui veut dire « changement » dans notre langue. Le rapport parle notamment de l'établissement d'une fondation axée sur les ressources de guérison et de bien-être de la nation métisse, qui offrirait une aide immédiate et à long terme aux femmes, aux personnes survivantes et aux familles. Nous avons aussi observé la nécessité pour les intervenants-pivots du système de travailler main dans la main avec les femmes, les filles, les personnes des communautés deux esprits, lesbiennes, gaies, bisexuelles, transgenres, queers, en questionnement, intersexuelles et asexuelles de la nation métisse, ainsi qu'avec leurs familles et…
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Merci, madame la présidente.
Je crois que je m'apprête à faire un des plus importants examens de ma vie puisque je vais interroger le Dr Stuart Shanker. Je suis vraiment contente. Notre discussion pourrait durer des heures, mais nous avons seulement six minutes, docteur Shanker. Je crois que nous y arriverons.
J'ai un lien personnel avec le Dr Shanker. Il a ni plus ni moins transformé ma vie et celle de mes enfants. Je vous assure, sans l'ombre d'un doute, que cet homme sait exactement comment il faut intervenir quand il est question de santé mentale des enfants, mais des adultes aussi. Ses recherches sont concluantes et ses méthodes fonctionnent, mais ce n'est pas une solution rapide. La solution n'est jamais facile.
Docteur Shanker, je suis persuadée que pour aider les enfants, il faut aussi aider les gens qui s'en occupent. Autrement, nous sommes condamnés à leur léguer notre propre stress, qui était le thème principal de votre exposé.
Vous avez parlé entre autres du fait que le calme engendre le calme. Si les personnes chargées de s'occuper de nos enfants… L'étude que nous menons… Le comité de la condition féminine s'intéresse plus particulièrement aux facteurs qui contribuent à la bonne santé mentale des jeunes et des jeunes filles, et aux mesures d'aide et de soutien nécessaires. Si le calme engendre le calme, si les personnes qui sont censées être calmes ne le sont pas et n'ont pas les outils pour apprendre à se calmer, quelles sont les conséquences pour nos enfants? Comment pouvons-nous les aider à retrouver le calme?
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Il y a deux volets dans ce que Mme Ferreri vient de dire. Le premier est que nous savons, parce que nos études l'ont montré, que toutes les personnes qui travaillent avec des enfants, des adolescents et de jeunes adultes vivent actuellement beaucoup de stress. Dans tous nos instituts, nous avons constaté qu'il faut commencer, dès le début, à nous préoccuper de leurs besoins en santé mentale. C'est manifeste d'après nos travaux sur ce que nous appelons l'autorégulation.
Ensuite, Mme Ferreri demande pourquoi c'est si important. C'est important parce que, selon une découverte récente dans le domaine des neurosciences, le lien avec les enfants se passe de cerveau à cerveau. C'est une connexion sans fil, qui s'établit entre notre système limbique et le leur. Ce que l'enfant entend correspond à ce que notre système limbique ressent. Si je suis énervé, anxieux, fâché ou très excité, c'est le message que reçoit l'enfant. Si je suis calme, autorégulé, c'est le message transmis à l'enfant. C'est ce qu'on appelle la connexion « intercerveaux ». C'est une véritable révolution, qui nous permet de comprendre pourquoi ce que nous disons, les mots que nous utilisons n'ont pas tant d'importance. Ce qui compte, ce sont les messages qu'envoie notre cerveau et qui passent par le regard, le ton de voix et ce genre de choses.
Est-ce que ma réponse vous convient, madame Ferreri?
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Oui, tout à fait. Je sais… J'ai vu tout cela à l'œuvre et je comprends ce qui se passe. Ma vie a été transformée, comme je l'ai dit.
Nous avons actuellement une enveloppe de 4,5 milliards de dollars pour la santé mentale, qui a été confiée à la .
Docteur Shanker, il existe un cadre, des recherches ont été menées et des données ont été recueillies concernant l'autorégulation et son enseignement dans les écoles. Les enseignants, les entraîneurs, toutes les personnes qui travaillent avec des enfants, y compris l'ensemble de nos témoins, tous les intervenants de première ligne pourraient recevoir une formation sur l'autorégulation. Si on vous allouait une partie de ces 4,5 milliards de dollars pour établir le cadre d'une stratégie en santé mentale pour soutenir les gens et leur permettre de trouver le bien-être et une bonne santé mentale, seriez-vous en mesure de mettre ce cadre en œuvre?
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C'est une autre excellente question. Ce que Mme Ferreri nous fait réaliser, c'est que les chiffres sont très alarmants et qu'il faut privilégier une approche universelle. C'est pourquoi elle a mentionné les écoles et tous les organismes et groupes de parents.
Nous devons mettre au point des méthodes pour outiller les enfants et les adolescents, pour leur apprendre à reconnaître s'ils sont trop stressés et à réduire ce stress, comment désamorcer le déséquilibre dont j'ai parlé, la réaction de stress, éprouver un sentiment de calme, une denrée oubliée de nos jours, et comment y revenir.
Est-ce faisable? Oui, nous avons vu que c'est possible. Est-il possible de redresser la trajectoire de vie d'un enfant? Nous pouvons redresser la trajectoire de tous les enfants, si nous procédons étape par étape. Ils doivent retrouver l'état d'homéostasie, c'est-à-dire un équilibre dans leur cerveau. Oui, c'est possible d'utiliser les ressources publiques pour prodiguer cet enseignement. En fait, nous le faisons déjà, et les résultats sont concluants.
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Avec grand plaisir. C'est une très bonne question. Merci.
Pour ce qui est d'une journée dans la vie… Bien entendu, je vais vous parler plus précisément de ce que vivent les jeunes filles des communautés LGBTQ, qui représentent le principal groupe dans notre clientèle. Les facteurs de stress dans la vie quotidienne de ces jeunes, qui se trouvent à une étape charnière de leur développement parce que c'est le moment de la découverte de leur identité par rapport à leurs attirances ou à leur expression de genre… Il est clair que notre société ne s'est pas encore débarrassée de l'homophobie et de la transphobie, et que nous en voyons encore l'empreinte dans ce qui est enseigné dans les établissements, y compris dans le secteur de l'éducation.
Malgré les efforts pour mettre les droits de la personne en priorité, la stigmatisation est loin d'avoir disparu au sein de nos communautés. Le résultat est que, que ce soit entre pairs ou autrement, des jeunes continuent de s'en prendre à leurs collègues… Les jeunes vivent encore beaucoup de honte. C'est encore le cas même si des adultes, et je peux citer l'exemple de Mme Sadgrove et le mien, qui ne sont pas beaucoup plus âgés affichent fièrement ce qu'ils sont et leur identité. Il y a encore beaucoup de rejet, qui explique une bonne partie des difficultés que rencontrent ces jeunes.
En plus des relations entre pairs, je trouve important de souligner, comme le Dr Shanker l'a mentionné, que les adultes ont aussi leur part de responsabilité. Les intimidateurs peuvent être des adultes. La façon d'être de certains adultes peut être un facteur de stress à l'origine des troubles mentaux chez les jeunes. Ces troubles peuvent survenir par exemple quand des parents n'acceptent pas leur enfant, si un jeune ne se retrouve pas dans le programme de cours, ou si des approches et une rhétorique consensuelles mènent à l'exclusion des jeunes transgenres des activités que leurs pairs pratiquent.
C'est encore la réalité. C'est culturel. Notre travail vise un changement de culture à long terme, la valorisation et la normalisation de la diversité de nos communautés. Un des aspects cruciaux de notre travail est de montrer qu'il existe des options et des modèles, bien entendu, mais il est aussi important de leur montrer que leurs expériences sont mises en valeur.
Nous ne sommes pas le seul organisme à faire ce travail. Partout au Canada, des organismes des communautés LGBTQ font la même chose. Leur existence même représente un soutien en santé mentale et au bien-être parce qu'ils permettent de briser l'isolement que ces jeunes peuvent vivre dans leur école. Ils leur offrent un refuge à l'extérieur du cadre scolaire, et le financement… J'insiste sur le sous-financement des organismes LGBTQ, et le mot est faible. Des engagements très prometteurs ont été annoncés récemment, mais ce n'est pas suffisant. Nous avons besoin de financement de base et à long terme.
Nous faisons un travail d'une extrême importance pour développer le sentiment d'appartenance de ces jeunes et leur offrir des solutions à leurs problèmes.
Madame Sadgrove, voulez-vous ajouter quelque chose?
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Merci, madame la présidente.
Je remercie les témoins de leur présence.
Il est intéressant de parler des facteurs d'identité croisée avec M. Sadgrove et Mmes Owusu‑Akyeeah et Omeniho, et de la violence avec Mmes McMillan et McLaren et M. Shanker. Il est intéressant d'entendre parler des différentes préoccupations en lien avec la santé mentale.
Madame Couture, vous avez lancé un véritable cri du cœur. Pour les raisons que vous avez évoquées, vous travaillez de la maison et vous êtes maman d'une jeune fille qui souffre de problèmes de santé mentale.
Au cours de cette étude, plusieurs témoins nous ont parlé de l'importance d'avoir un financement stable et adéquat pour des organismes comme le vôtre, qui travaillent sur le terrain et sont en première ligne pour venir en aide aux personnes souffrant de divers problèmes de santé mentale.
Croyez-vous que la hausse des transferts fédéraux en santé au Québec et aux autres provinces et territoires, demandée unanimement, pourrait être une des solutions? Vous avez parlé d'un manque de moyens financiers.
Je remercie tous nos témoins.
Je me joins à vous depuis un territoire algonquin non cédé, et en travaillant à la maison aujourd'hui, ce qui est nouveau.
Ma première question s'adresse à Mme Owusu-Akyeeah ou à Mme Sadgrove.
J'aimerais vous poser une question sur la santé mentale d'un segment particulier de la communauté 2SLGBTQIA+: la communauté trans. Nous savons que les risques et les taux de crises en santé mentale sont plus élevés pour les jeunes transgenres que pour les autres jeunes. Par exemple, grâce à la section ontarienne de l'Association canadienne pour la santé mentale, nous savons que les risques de suicide — vous avez mentionné le taux de suicide — et de toxicomanie chez les jeunes LGBTQ sont 14 fois plus élevés que chez leurs pairs hétérosexuels. De plus, une étude menée en Ontario nous a appris que 77 % des jeunes transgenres qui avaient participé à cette étude avaient sérieusement pensé au suicide et que 45 % avaient fait une tentative de suicide. L'étude a également révélé que les jeunes transgenres et ceux qui avaient été victimes d'une agression physique ou sexuelle étaient les plus vulnérables.
Dire que ces statistiques ne sont pas alarmantes ou bouleversantes est un euphémisme et, de toute évidence, cela témoigne de l'incapacité à répondre aux besoins des personnes d'identités et d'expériences diverses. Je crois que cela révèle aussi que nous ne soutenons pas suffisamment les jeunes 2ELGBTQIA+ et, en particulier, les jeunes transgenres et de diverses identités de genre.
Pouvez-vous préciser ce que nous devons faire pour aider les jeunes queer et trans? Je sais que vous avez parlé de données désagrégées. Je suis tout à fait d'accord avec vous. Sur le terrain, si nous pouvions enclencher un changement demain, à quoi ressembleraient certaines de ces mesures de soutien?
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Je peux commencer et je céderai ensuite la parole à Mme Owusu-Akyeeah.
Je crois que les données désagrégées, que vous avez mentionnées, sont l'une des choses les plus importantes. Nous n'avons tout simplement aucune donnée au niveau fédéral sur les besoins des communautés transgenres et de diverses identités de genre. Par exemple, le rapport du Comité permanent de la santé publié en 2019 sur la santé des communautés LGBTQIA2 contient des données précises sur les expériences des personnes LGB, mais on n'y trouve aucun axe d'analyse sur la ventilation en fonction de l'identité de genre. Bien que vous ayez raison, madame Gazan, ces données sont de niveau provincial, nous n'avons pas encore obtenu de données au niveau fédéral.
La formation des fournisseurs de services est un autre volet important, et pour faire suite à ce que d'autres témoins ont dit, je crois que le financement joue un rôle très important. Dans l'ensemble du Canada, la plupart des organisations qui fournissent des services aux personnes LGBTQIA+ sont financées dans le cadre de projets, ce qui ne leur permet pas de développer ce type de capacité de base.
Lorsqu'il est question des communautés marginalisées, le soutien clinique est un aspect très important. L'autre facteur est la capacité de communiquer avec des gens qui comprennent ce que vous vivez. Pensez aux centres de la fierté ou aux centres communautaires queer et trans dont le soutien sauve vraiment des vies. Je crois que, surtout dans les régions rurales ou éloignées ou dans les provinces où il n'y a pas de grandes villes et où des centres de la fierté sont financés par les municipalités, le financement est vraiment un besoin essentiel.
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Je dois passer à une autre question puisque je n'ai pas beaucoup de temps. Je vais m'adresser à Mme Owusu-Akyeeah, car je sais qu'elle nous quittera à la fin de l'heure.
Nous savons que les personnes LGBTQ sont exposées à des risques beaucoup plus élevés de vivre sans domicile fixe ou en situation d'itinérance. Je sais que le gouvernement n'en fait pas assez pour régler ce problème, en particulier pour les nombreux jeunes qui sont souvent chassés de la maison ou abandonnés par leur famille après l'affirmation de leur identité. À votre connaissance, quels types de mesures de soutien sont actuellement efficaces?
Je veux aussi rappeler quelques statistiques. Par exemple, selon Statistique Canada, avant la pandémie, les Canadiens LGBTQ2+ étaient deux fois plus susceptibles que leurs pairs non LGBTQ2+, 27 % comparativement à 13 %, d'avoir vécu une forme quelconque d'itinérance ou d'insécurité liée au logement au cours de leur vie. Nous savons qu'il s'agit d'une crise. Je sais que c'est, assurément, une crise pour beaucoup de jeunes de ma circonscription. À votre connaissance, parmi les programmes actuellement offerts, lesquels sont efficaces et pourquoi les programmes actuellement offerts ne répondent-ils pas aux besoins?
J'invite Mme Owusu-Akyeeah à répondre.
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C'est une excellente question. Je pense qu'elle comporte deux volets.
Il y a les services d'hébergement déjà en place, des services qui ont encore beaucoup de chemin à faire pour bien accueillir les personnes LGBTQ. Nous continuons de constater qu'il y a un énorme écart. J'ai moi-même travaillé dans des maisons d'hébergement pour femmes, et je sais qu'il y a encore des défis à relever pour renforcer la capacité pour assurer que ces espaces sont non seulement sécuritaires pour les personnes homosexuelles, mais aussi, je dirais, pour les personnes transgenres en particulier.
J'ai d'autres recherches à ce sujet, et j'ai aussi contribué à la réalisation d'une étude. C'est avec plaisir que je vous la transmettrai afin que vous puissiez en prendre connaissance. En fait, je pense que le secteur LGBTQ et le secteur des refuges peuvent faire beaucoup de travail ensemble pour résoudre ce problème.
Deuxièmement, en ce qui concerne la prévention de la violence familiale, je dirais qu'il y a beaucoup à faire dans ce domaine pour aider les parents et les fournisseurs de soins afin que ces jeunes ne se retrouvent pas à la rue. Il serait vraiment crucial de faire plus d'efforts en ce sens, et d'y consacrer du financement.
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Excusez-moi de répondre en anglais. Je n'ai pas trouvé mon bouton de traduction.
Mme Owusu-Akyeeah et Mme Sadgrove ont soulevé un point très important. Nous savons que les données montrent que ces centres de la fierté ont un effet bénéfique. En tant que neuroscientifiques, nous nous demandons toujours pourquoi. Ici, le « pourquoi » est que... C'est une chose à laquelle je pensais tout à l'heure lorsque je répondais à Mme Ferreri. Ce qu'il faut faire, c'est désactiver la réponse au stress.
Le cerveau humain ne peut pas vraiment faire cela tout seul. Nous sommes programmés pour l'engagement social. Le stress est neutralisé par les contacts humains. C'est notre réaction primaire. L'une des raisons pour lesquelles nous avons constaté une augmentation générale pendant la pandémie, c'est que les adolescentes et les jeunes femmes étaient privées de ce dont leur cerveau a besoin, c'est-à-dire des contacts sociaux, ces relations qui neutralisent la réponse au stress.
Dans la culture actuelle, le problème est aggravé par le fait que les jeunes recherchent ce que... Nous appelons cela des hameçons de dopamine. Les médias sociaux peuvent donner une dose de dopamine. Cela permet de tenir bon, mais cela ne fait rien pour neutraliser la réponse au stress. Au contraire, pour les raisons qui ont été expliquées précédemment, les jeunes sont exposés à des messages qui intensifient considérablement leur stress.
Le dernier point que je voudrais soulever est que...
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C'est vraiment une bonne question.
Il est très intéressant et très important de parler des soins et des articles d'affirmation de genre. Je crois que l'un des problèmes est qu'au cours des dernières années, il y a eu une véritable augmentation de la mésinformation et la désinformation sur ce que sont les soins d'affirmation du genre et leur signification, en particulier les personnes de moins de 18 ans.
Il existe une notion selon laquelle les jeunes peuvent dire qu'ils sont transgenres et obtenir immédiatement des soins d'affirmation de genre qui sont irréversibles, ce qui est faux. Tout d'abord, la réalité, c'est que les listes d'attente pour obtenir des soins d'affirmation de genre au pays sont très longues et ne cessent de s'allonger. Cela est vrai pour les soins d'affirmation de genre dans les hôpitaux pour enfants, ainsi que dans les cliniques pour jeunes et pour adultes. Je pense que les gens comprennent mal que, dans certains cas, les soins d'affirmation de genre peuvent consister à demander du soutien pour changer l'indicateur de sexe sur le passeport ou le permis de conduire, ou de l'aide pour faire un changement officiel de nom. Il ne s'agit pas de soins de santé en tant que tels, mais c'est néanmoins quelque chose qui a une incidence sur la santé mentale, le fait de ne pas être obligé de voir un nom ou un indicateur de sexe qui pourrait causer un malaise.
Pour revenir à ce que je disais précédemment au sujet des soins de santé mentale, il faut que les jeunes aient accès à des fournisseurs qui comprennent ce qu'est l'affirmation de genre, de sorte qu'ils ne soient pas ensuite obligés de faire des recherches en ligne ou de s'expliquer auprès de fournisseurs de soins qui ont peut-être une compréhension désuète de ce que signifie être transgenre.
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C'est une excellente question. Je vous remercie.
Je pense que l'élément le plus important est l'éducation à la prévention à un très jeune âge. En ce moment dans notre centre, par exemple, nous entrons en contact avec des associations de hockey mineur pour commencer cette formation dès six ans. Nous travaillons aussi avec des entraîneurs et des parents pour parler de la masculinité toxique et de ses dangers. Nous faisons beaucoup de travail de cette manière. Malheureusement, il n'y a pas de budget pour cela. Nous réagissons simplement à la crise, en sachant que nous pouvons prévenir un certain nombre d'agressions sexuelles.
Nous travaillons en étroite collaboration avec nos équipes de la Ligue de hockey de l'Ontario, je tiens à le souligner. La LHO a pris de nombreuses mesures avant même ces allégations, alors je pense qu'il est important aussi de le souligner, mais c'est... Il s'agit de toucher les enfants, les entraîneurs et les parents à un très jeune âge, car nous mettons les joueurs de hockey et les autres athlètes sur un piédestal. Nous devons nous assurer qu'ils ne sont pas seulement d'excellents joueurs, mais qu'ils sont aussi excellents à l'extérieur de la patinoire.
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J'allais dire que je surveille l'horloge. Merci beaucoup, madame la présidente.
Ma question s'adresse à M. Shanker.
Votre analyse m'intéresse. Lorsque j'étais à l'université, mon premier cours de psychologie a été donné par un neuropsychologue, alors j'apprécie certainement votre point de vue.
Voici ma question. Dans votre témoignage, vous avez parlé d'aider les jeunes — ou les femmes et les filles — à surmonter le stress en éliminant des facteurs de stress, et vous avez mentionné, par exemple, les parents, mais nous savons que les situations ne sont pas toutes identiques.
Par exemple, vous pouvez prendre en compte les déterminants sociaux de la santé et les examiner du point de vue de la psychologie sociale, notamment en ce qui concerne les identités croisées et les conséquences de la colonisation chez les Autochtones. Nous avons beaucoup entendu parler aujourd'hui des conséquences de l'intimidation dans la communauté 2SLGBTQIA+ et je dirais que cela va au-delà de l'intimidation, avec des phénomènes comme les tueries dont nous avons été témoins et le type de stress que le simple fait de vivre dans le monde impose à ces communautés. Les communautés de personnes handicapées sont elles aussi confrontées à la discrimination et à des préjugés fondés sur la capacité physique.
Ce ne sont que quelques exemples très brefs qui ont des conséquences sur de nombreux jeunes — de nombreuses jeunes femmes et filles et des personnes de genre différent. Je me demande si vos recherches ont porté sur les facteurs croisés qui ont un effet sur la santé et le fonctionnement du cerveau.
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C'est une excellente question, une question qui nous préoccupe tous beaucoup. Nous savons que nous devons servir ces filles.
Je dirai que nous avons reçu une petite subvention pour la sécurité publique, par l'entremise du gouvernement fédéral, pour nous concentrer un peu plus sur la traite des personnes et la violence sexuelle. Grâce à cette subvention, nous disposons d'une certaine latitude pour aider les filles de moins de 16 ans. Cependant, je le répète, ce n'est pas dans notre modèle de financement de base.
C'est un tel problème. Je m'inquiète vraiment pour les filles. Je pense qu'à ce stade, on leur dit souvent de payer pour des services ou d'obtenir des services, comme le disait l'autre équipe qui nous a précédés, de personnes qui ne sont pas des spécialistes de la violence sexuelle. Nous ne sommes pas des conseillers débutants, mais nous ne payons que des salaires de débutants, alors nous devons nous assurer que ces jeunes filles reçoivent des services qui tiennent compte des traumatismes, mais qui sont aussi donnés par des personnes formées en matière de violence sexuelle.
Au nom du Comité, j'aimerais vraiment remercier tout le monde d'être venu et d'avoir apporté son témoignage. Ils ont été très puissants et très utiles.
Au moment où vous partez, nous allons consacrer de six à dix minutes aux travaux du Comité. Nous ne discuterons pas à huis clos, nous le ferons en direct. Nos invités peuvent nous quitter dès maintenant s'ils le souhaitent. Je vais simplement passer en revue une partie de nos travaux pour l'instant.
Les membres pourraient peut-être se pencher sur leur ordre du jour. Je vais commencer par un document d'Élections Canada. Comme vous en avez tous été informés par la greffière, la sénatrice Donna Dasko a demandé la possibilité de consulter la réponse écrite qu'Élections Canada nous a fait parvenir après sa comparution en juin 2018.
Le Comité souhaite-t-il communiquer cette réponse à la sénatrice?
Des députés: D'accord.
La présidente: Madame la greffière, nous enverrons une réponse favorable à la sénatrice.
Allez-y, madame Sidhu.
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C'est fantastique. Il semble que nous soyons tous d'accord. Il ne devrait pas y avoir de problème. C'est merveilleux, alors nous allons l'envoyer.
Pour le point suivant: une délégation de parlementaires arméniens a demandé à rencontrer le Comité la semaine prochaine. Nous avions initialement pensé au jeudi 17 octobre. Ils nous avaient demandé de le faire de 11 h 15 à 12 h 15. Malheureusement, cela ne fonctionnera pas, car nous ne disposons pas des ressources nécessaires.
La greffière a essayé de régler le problème, mais c'est vraiment au Comité de décider si nous voulons organiser une séance informelle. Je vais poser la question à la greffière, si elle veut prendre le micro. Je vais être honnête, je n'aime vraiment pas l'idée d'annuler nos réunions qui portent sur la santé mentale et le bien-être, car nous faisons un travail tellement incroyable.
Je vais laisser la parole à la greffière. Quelles sont nos options? Nous pouvons tenir une séance informelle et partager un goûter. Que recommandez-vous?