:
Je déclare la séance ouverte. Bienvenue à la 139
e réunion du Comité permanent de la santé de la Chambre des communes.
Avant de commencer, je vais demander à tous les participants en personne de bien vouloir lire les lignes directrices inscrites sur les cartes qui se trouvent sur la table. Ces mesures ont été mises en place pour aider à prévenir les incidents acoustiques et les effets Larsen, et pour protéger la santé et assurer la sécurité de tous les participants, y compris les interprètes.
Conformément à notre motion de régie interne, j'informe le Comité que tous les participants à distance, à l'exception de M. Powlowski, ont effectué les tests de connexion requis avant la réunion. Nous entendrons d'abord les déclarations liminaires, à la suite desquelles nous prendrons contact avec M. Powlowski, afin d'essayer de régler rapidement les difficultés.
Conformément à l'ordre de renvoi du 29 mai 2024, le Comité reprend son étude du projet de loi , Loi modifiant la Loi sur les aliments et drogues (produits de santé naturels). Avant de poursuivre, je tiens à rappeler que l'étude article par article du projet de loi aura lieu ce jeudi. Le délai imparti pour la présentation des amendements expirera dans 53 minutes. La liasse d'amendements sera distribuée dès que possible après l'expiration du délai.
Je voudrais maintenant souhaiter la bienvenue à notre groupe de témoins.
[Français]
Nous accueillons, de la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac, Mme Flory Doucas, codirectrice et porte-parole.
[Traduction]
Nous accueillons aujourd'hui deux représentantes de l'Institut pour la sécurité des médicaments aux patients du Canada: Carolyn Hoffman, directrice générale et Sylvia Hyland, vice-présidente, Opérations et protection de la vie privée. Nous recevons également Cynthia Callard, directrice exécutive de Médecins pour un Canada sans fumée, et Pierre Chen, praticien agréé en médecine chinoise traditionnelle et acupuncteur agréé, qui représente la Traditional Chinese Medicine Association of Canada. M. Chen se joint à nous par vidéoconférence. Merci à tous de votre présence.
Nous allons commencer par vos déclarations liminaires qui pourront durer jusqu'à cinq minutes.
[Français]
Nous allons commencer par la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac.
Soyez la bienvenue, madame Doucas. Vous avez la parole.
:
Merci, monsieur le président.
Bonjour à tous.
Je m'appelle Flory Doucas. Je suis porte-parole et codirectrice de la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac. Le mandat de la Coalition est centré sur la réduction du tabagisme et la dépendance à la nicotine. C'est la raison pour laquelle nous n'avons pas de position sur le projet de loi dans son ensemble.
Néanmoins, si ce projet de loi était adopté dans sa forme actuelle, il aurait pour effet de miner considérablement un des efforts du gouvernement fédéral visant à protéger les jeunes contre la dépendance à la nicotine. Le projet de loi C‑368 annulerait l'arrêté sur les règles supplémentaires visant les thérapies de remplacement de la nicotine autorisées au cours du mois d'août dernier en vertu de l'article 30.01 de la Loi sur les aliments et drogues, qui a permis au ministre de la Santé d'imposer des règles additionnelles sur les produits thérapeutiques par voie de décret ministériel. Cette autorité a permis la mise en place de règles précises et bien adaptées qui visent à empêcher les dommages potentiels découlant de la promotion irresponsable des produits thérapeutiques, soit celles ayant pour effet de leur conférer une aura de prestige et de favoriser leur usage récréatif.
[Traduction]
Ces mesures font suite à l'introduction sur le marché canadien, en octobre 2023, de Zonnic, un sachet de nicotine commercialisé par Imperial Tobacco Canada et dont la vente a été approuvée en juillet 2023 par Santé Canada en tant que produit naturel. La promotion de Zonnic, avec sa publicité sans scrupule qui fait la promotion d'un style de vie, ses couleurs vives et ses saveurs exotiques, telles que Tropic Breeze et Berry Frost, évoquait clairement des thèmes tels que le plaisir, le style de vie et la jeunesse. Des images de jeunes dans des contextes sociaux ont envahi ces publicités, décrivant clairement des modes de vie auxquels aspirent les jeunes.
Depuis l'arrêté ministériel publié en août dernier, ces thérapies de remplacement de la nicotine, les TRN, restent disponibles pour les fumeurs dans tout le pays, mais dans toutes les provinces, elles doivent être vendues par un pharmacien et rester derrière le comptoir. Elles ne peuvent être vendues avec des arômes autres que la menthe et le menthol. Elles ne peuvent pas faire l'objet d'une publicité attrayante pour les jeunes. Elles doivent être accompagnées d'un avertissement sur la dépendance, et leur emballage ne doit pas être attrayant pour les jeunes.
En modifiant la définition des produits thérapeutiques dans la Loi sur les aliments et drogues afin d'exclure les produits de santé naturels, le projet de loi éliminerait l'effet de ces nouveaux règlements. L'absence de mesures fédérales servirait également à saper les règlements provinciaux plus stricts, tels que ceux qui existent au Québec et en Colombie-Britannique, en créant des difficultés sur le plan de l'application de la loi résultant des ventes et des promotions interprovinciales en ligne.
Si le projet de loi est adopté sans amendement pour exclure les TRN du champ d'application de la loi, Santé Canada n'aurait plus la capacité de décréter des rappels obligatoires de produits de TRN lorsque c'est jugé nécessaire pour prévenir un préjudice à la santé. Le ministère ne pourrait plus examiner le matériel promotionnel avant que les nouveaux produits ne soient mis sur le marché. L'industrie pourrait lancer de nouveaux produits de TRN avec toutes sortes d'arômes susceptibles d'attirer les jeunes.
Les conséquences de l'adoption du projet de loi sans amendement se feraient sentir au‑delà des sachets Zonnic. Il y a en effet une campagne mondiale dépeignant la nicotine comme un produit de consommation inoffensif et ordinaire, semblable à la caféine, avec des effets bénéfiques, par exemple « aider les adultes à se détendre », comme l'affirme Imperial Tobacco Canada sur son site Internet.
Des documents de l'industrie du tabac révèlent que l'introduction de nouveaux produits à base de nicotine vise à compenser la baisse des taux de tabagisme dans le monde en créant des dépendances à ces nouveaux produits. Nous l'avons vu avec le vapotage. Pour cette raison, la coalition québécoise, sans endosser l'adoption ou le rejet du projet de loi proposé, demande respectueusement que, si le projet de loi est adopté, le Comité permanent de la santé le modifie afin d'exclure les produits à base de nicotine de l'application de la loi, comme le prévoit le texte législatif qui se trouve à la première page de notre mémoire.
La nicotine est une drogue qui cause des dommages, non seulement en créant une dépendance, mais aussi en nuisant à la santé physique et mentale, particulièrement chez les jeunes.
Dans une note d'information de janvier 2024, la Fédération mondiale du cœur a écrit : « Pendant des décennies, l'industrie du tabac a fait la promotion du mythe selon lequel la nicotine est aussi inoffensive que la caféine. Néanmoins, les preuves démontrent que la nicotine est loin d'être inoffensive, même consommée seule. En effet, de nombreuses études ont démontré que la nicotine peut nuire à de nombreux organes, y compris les systèmes respiratoire et cardiovasculaire ».
Beaucoup d'autres publications ont confirmé que l'exposition à la nicotine pendant l'adolescence a un effet sur la concentration et les fonctions cognitives des jeunes, leurs cerveaux étant toujours en développement.
[Français]
Si le projet de loi avançait, il devrait être amendé pour que tous les produits nicotiniques soient exclus de son champ d'application.
:
Merci, monsieur le président.
Au nom de l'Institut pour la sécurité des médicaments aux patients du Canada, nous vous remercions de cette occasion de vous présenter notre avis sur le projet de loi .
ISMP Canada est un organisme pancanadien, indépendant et à but non lucratif, mis sur pied en 2000 pour améliorer la sûreté des médicaments et des produits de santé que consomment les Canadiens. Pour en savoir plus sur les risques que posent ces produits, nos experts analysent les incidents qui sont déclarés par les consommateurs, le personnel soignant et les organisations de santé. Nous faisons des recommandations, fondées sur des données probantes, pour réduire les risques de ces produits, et nous collaborons avec les consommateurs, le personnel soignant et d'autres partenaires en santé pour en atténuer les conséquences nuisibles.
Il est important pour les Canadiens, nous le reconnaissons, de pouvoir compter sur des produits de santé naturels, ou PSN, qui soient sûrs. Nos analyses et celles d'autres organismes révèlent toutefois que la production et la consommation de ces produits ne sont pas sans risques.
Les Canadiens ne savent peut-être pas que les PSN englobent plus que les vitamines, les plantes médicinales, les remèdes traditionnels et les remèdes homéopathiques. À titre d'exemple, on compte également parmi les ingrédients médicinaux acceptés la scopolamine, la pseudoéphédrine et le salicylate de méthyle.
D'après ce qu'ils nous ont dit, des consommateurs croient que Santé Canada effectue des contrôles rigoureux de tous les PSN et en certifie l'innocuité. Ils pensent que les détaillants ne vendent que des produits qui sont inoffensifs et qui sont approuvés par Santé Canada. Ils ont dit qu'ils avaient bon espoir que les produits dans les rayons étaient bénéfiques pour la santé et que ces produits étaient sans danger, puisqu'ils étaient sur le marché.
Nous avons toutefois reçu plus des 700 déclarations d'incidents relatifs aux PSN, dont 400 depuis 2019. Sur ces 400 déclarations, plus de 15 % d'entre elles faisaient état d'un effet nocif sur la santé du patient. Dans la plupart des cas, ces effets étaient mineurs, mais, à deux occasions, il est rapporté que les PSN ont joué un rôle dans la mort du patient. Il faut également savoir que tous les incidents ne nous sont pas déclarés.
Le projet de loi nous préoccupe pour deux raisons. La première, c'est que les dispositions réglementaires importantes qui découlent de la Loi de Vanessa ne s'appliqueront plus aux produits de santé naturels. Voici, à ce sujet, quatre conséquences concrètes qu'aura ce projet de loi.
Santé Canada n'aurait plus le pouvoir de rappeler un produit, même s'il pose un risque important pour les consommateurs.
Santé Canada n'aurait plus le pouvoir d'obliger un producteur à modifier l'étiquette de son produit, même si ce produit pose un risque important pour les consommateurs.
Santé Canada ne pourrait plus présenter des règlements qui obligeraient les titulaires de permis à faire des tests supplémentaires sur leurs produits, afin d'éclairer les évaluations de risques qu'effectue le ministère.
Et pour finir, Santé Canada ne pourrait plus présenter des règlements qui rendraient obligatoire la déclaration de graves réactions indésirables aux PSN, sur examen du patient à l'hôpital. Cela nous préoccupe parce que ces données sont essentielles pour mieux comprendre les risques que posent ces produits et leurs conséquences sur la santé de la population.
:
Le projet de loi aura également un effet négatif sur les pouvoirs réglementaires ponctuels qui permettent d'agir à l'égard de risques importants. Pour que ces pouvoirs puissent être exercés toutefois, les PSN doivent être considérés comme des produits thérapeutiques au sens de la Loi sur les aliments et drogues.
Nous venons, par exemple, d'entendre parler des sachets de nicotine. Ces sachets ont récemment fait l'objet d'un décret ministériel étant donné les risques qu'ils posent pour les enfants. Selon ce décret, les sachets de nicotine doivent être gardés derrière le comptoir dans les pharmacies et ne peuvent être vendus dans les dépanneurs.
La pseudoéphédrine a également été l'objet d'un décret ministériel provisoire, en mai 2024, à cause des risques importants qu'elle présente. Ce décret arrivera toutefois à expiration.
Ce ne sont que des exemples où un décret ministériel pourrait s'imposer pour faire face à des risques importants et émergents relatifs à des PSN. Nous avons besoin de pouvoirs réglementaires ponctuels, quant à eux, lorsqu'un produit est approuvé et mis sur le marché, mais qu'il n'est pas utilisé comme prévu, causant des risques pour la population. On peut s'attendre à ce que surviennent d'autres risques importants dans l'avenir.
Santé Canada doit pouvoir prendre des règlements après la mise en marché de produits de santé naturels de façon à en cerner les risques. Le ministère doit aussi pouvoir agir rapidement à l'égard de ces risques lorsqu'une situation urgente l'exige.
Pour conclure, il serait indiqué de maintenir les pouvoirs réglementaires ponctuels et ceux qui découlent de la Loi de Vanessa. Le projet de loi aurait pour effet d'inverser des modifications réglementaires qui sont pourtant nécessaires pour protéger la santé et la sécurité des Canadiens.
Merci.
:
Merci beaucoup de m'avoir invitée à comparaître.
Pour ceux d'entre vous qui ne nous connaissent pas, nous sommes un petit organisme de bienfaisance dans le domaine de la santé qui fournit, depuis 39 ans, de l'information et des conseils sur la politique relative au tabac. Nos membres sont tous des médecins, mais pas moi. Mes commentaires d'aujourd'hui sont fondés sur une analyse des politiques, et non sur l'utilisation clinique ou sur les répercussions globales du projet de loi sur la catégorie des PSN. Pour ces perspectives plus générales, je vous renvoie au mémoire soumis par l'Association médicale canadienne.
Je tiens à dire que le projet de loi a des répercussions sur la lutte contre le tabagisme qui vont au‑delà de la question des sachets de nicotine Zonnic. C'est parce que la plupart des médicaments antitabac sont homologués en tant que produits de santé naturels. Il y a deux catégories de médicaments, le bupropion et la varénicline, qui sont des médicaments sur ordonnance seulement, et qui sont homologués dans le cadre du régime des produits pharmaceutiques. Il y a environ 100 autorisations pour les médicaments antitabac dans le cadre des PSN. La plus grande catégorie est celle des produits de remplacement de la nicotine. Il peut s'agir de gommes à mâcher, de timbres, de sachets ou d'inhalateurs. Il y a beaucoup de choix et d'autres produits se pointent à l'horizon, comme les perles de nicotine.
Il y a aussi la cytisine, un médicament dérivé du laburnum. Son efficacité a été prouvée, et il s'agit d'un nouveau médicament au Canada dont les effets sont en grande partie inconnus en ce qui concerne son utilisation globale.
Ensuite, il y a les médicaments homéopathiques et à base d'herbes médicinales qui sont homologués, même s'ils ne sont pas considérés comme un traitement particulièrement efficace.
Il est important de tenir compte de l'évolution du marché des produits d'abandon du tabagisme classés comme des produits de santé naturels. Il y a de nouveaux produits et de nouveaux acteurs, et cela pose de nouveaux défis réglementaires. Les médicaments antitabac ne sont plus fabriqués et vendus uniquement par des entreprises spécialisées dans les produits pour la santé. Ils sont vendus par des compagnies de tabac, des compagnies dont les produits contiennent de la nicotine et même du cannabis. Zonnic est le dernier‑né, mais ce n'est certainement pas le seul produit du genre.
Le paquet de gomme à la nicotine de Sesh que j'ai acheté dans un Circle K la semaine dernière était placé sur le comptoir juste à côté des friandises aux arachides de Reese...
Je veux tout simplement dire qu'il existe d'autres produits sur le marché qui sont vendus dans les dépanneurs à côté des bonbons. Ils ne ressemblent pas à des pilules. Ils ne ressemblent pas à un traitement. Ils semblent intéressants. Les autres produits sur le marché, comme les gommes, ne semblent pas poser de problème, et nous n'avons pas demandé de règles supplémentaires à leur sujet, mais nous avons besoin du pouvoir d'intervenir si c'était le cas, si des enfants expérimentaient avec ces produits ou s'ils devenaient une voie d'accès à la dépendance à la nicotine plutôt que d'être utilisés dans un bar ou ailleurs pour remplacer la cigarette. S'il y avait des raisons de s'inquiéter, nous aimerions que le gouvernement ait le pouvoir d'intervenir.
Aux États-Unis, le même produit fabriqué par la même société est vendu avec l'avertissement qu'il ne s'agit pas d'une aide au sevrage tabagique approuvée par la FDA et qu'il n'est pas destiné à être utilisé pour arrêter de fumer, mais, au Canada, ce produit est vendu comme une aide pour arrêter de fumer. Aux États-Unis, il est vendu comme un moyen d'améliorer la concentration, de stimuler l'énergie ou de se détendre.
Parmi les autres fabricants de tabac autorisés à vendre de la nicotine comme PSN au Canada, citons Swisher Sweets Cigar Company et une filiale de Philip Morris International. Turning Point Brands est une société axée sur le cannabis, qui possède également une licence pour vendre de la nicotine comme PSN au Canada.
Les ingrédients d'un médicament ne représentent qu'une partie du risque. D'un point de vue clinique, les substituts nicotiniques constituent un traitement bien établi de la dépendance au tabac. La manière dont la nicotine est administrée à l'organisme ne semble pas faire de grande différence, mais, du point de vue de la santé publique, la manière dont le produit est mis en marché fait toute la différence. Le modèle commercial de ceux qui le fabriquent et le distribuent, le mode de publicité, les personnes qui voient les publicités, la promotion par des influenceurs, etc. sont autant d'aspects qui rendent le produit risqué. Les règles supplémentaires qui ont été adoptées pour Zonnic concernent principalement la commercialisation; elles ne concernent pas le produit lui-même.
L'une des raisons pour lesquelles la préparation de ces règles supplémentaires a pris des mois est que de nouveaux pouvoirs législatifs étaient nécessaires. Ces pouvoirs faisaient partie du budget du printemps. Le projet de loi supprimerait ces pouvoirs législatifs, non seulement pour Zonnic, mais aussi pour tous les autres produits de désaccoutumance au tabac fabriqués par les fabricants de tabac ou d'autres pour lesquels les avantages cliniques risquent d'être éclipsés par les risques globaux pour la santé des Canadiens.
La Loi sur les aliments et drogues n'a pas été conçue pour gérer les compagnies de tabac. La semaine dernière, d'autres témoins ont été questionnés sur la consultation relative à l'autorisation. Le ministère ne consulte aucun groupe extérieur lorsqu'il décide d'autoriser ou non un PSN. Si j'ai bien compris, chaque demande est examinée de manière confidentielle en fonction de critères cliniques établis, et non de critères de santé publique, et la décision est prise sans l'avis d'autres parties prenantes ni aucune analyse de l'impact sur la santé publique.
Le Canada ne dispose pas d'un cadre réglementaire global pour la nicotine. La réglementation et la gestion des produits du tabac et des produits de vapotage relèvent d'une autre partie du ministère, d'une seule loi et d'un seul ministre, contrairement aux PSN contenant de la nicotine. C'est un problème.
Je pense qu'il serait merveilleux que le Comité suggère à Santé Canada de commencer à travailler sur un cadre intégré pour la nicotine. Les règles supplémentaires étaient un peu une solution de fortune, mais nous en avions besoin de toute urgence. Et c'est une solution de fortune dont nous continuons à avoir besoin. Tant qu'une solution plus permanente n'aura pas été mise en place, nous vous implorons de ne pas supprimer ces règles et de ne pas exposer les enfants canadiens à des risques supplémentaires.
Merci.
:
Merci beaucoup de m'avoir invité. Nous parlons aujourd'hui du projet de loi .
Je suis un importateur de produits de médecine chinoise. Je suis également le fondateur du Canadian College of Traditional Chinese Medicine. J'ai une maîtrise en médecine intégrative chinoise. Je suis aussi enseignant en médecine à Harvard. Dans mes activités sans but lucratif, j'ai établi les normes TC 215 et TC 249 en médecine chinoise au Conseil canadien des normes.
Nous nous penchons aujourd'hui sur une inadéquation réglementaire pour les produits de santé naturels. Ils ont été intégrés au modèle pharmaceutique de médicament et à la Loi de Vanessa, sans compter que les aliments et les herbes médicinales sont traités comme des produits pharmaceutiques, ce qu'ils ne sont pas. Avez-vous le dossier que j'ai envoyé sur la sécurité alimentaire en médecine chinoise? Si vous allez consulter un praticien en médecine chinoise pour des problèmes rénaux, il pourrait vous prescrire du varech ou des algues. Si vous avez des problèmes pulmonaires, on vous prescrira de la cannelle, du gingembre, des oignons, et ainsi de suite. Ce sont les produits de santé naturels que nous utilisons.
En Ontario, il y a 2 700 praticiens en médecine chinoise et acupuncteurs. Au Québec, il y en a environ 1 000, et ils sont 2 000 en Colombie-Britannique. Si vous faites défiler les diapositives, vous verrez que 65 % de ces praticiens en Ontario sont des femmes. En ce qui concerne l'impact direct sur l'emploi, le Guichet-Emplois de 2021 du Canada montre qu'il y a 66 000 praticiens de la médecine chinoise et acupuncteurs au pays. Quant à l'impact indirect sur l'emploi, nous avons des agriculteurs spécialisés dans les plantes médicinales au Canada. Il y a plus de 2 000 personnes ayant la certification de bonnes pratiques agricoles et de récolte. En Saskatchewan seulement, il y a 30 000 acres de cultures. En Ontario, il y a environ 150 producteurs de ginseng. Nous sommes les acheteurs et les utilisateurs de ces produits de santé naturels, et tous ces agriculteurs feraient faillite si nous ne les soutenions pas.
Nous avons besoin d'une solution sur mesure pour les produits de santé naturels. À l'heure actuelle, ce que nous avons fonctionne. Nous serons durement touchés si nous n'adoptons pas le projet de loi .
La plupart des patients de ces 60 000 praticiens sont des femmes, des personnes âgées et des membres de minorités. La plupart d'entre nous ont des centaines, voire des milliers de patients. Tous ces gens seraient touchés s'ils n'avaient pas accès à des produits de santé naturels.
Si vous descendez, vous verrez le montant des frais proposés. Ce sont là quelques-unes des entreprises en question. La plupart d'entre elles nécessitent un renouvellement annuel. Il est très courant pour nous d'avoir environ 1 000 licences. Nous ne les utilisons pas toutes simultanément — seulement si nous en avons besoin. Il nous faut licence pour avoir accès aux herbes médicinales. Par la suite, il faut compter entre 130 000 et 200 000 $ par année simplement pour conserver la licence. Cela n'inclut pas le coût de la demande, qui est de 100 000 à 200 000 $ supplémentaires.
Cela signifie que la plupart des ménages, en particulier ceux à faible revenu, n'y auraient pas accès. En tant qu'importateurs, nous serions poussés vers le marché noir. Pour éviter les frais de 100 000 à 200 000 $, les gens vont vendre en ligne. Les entreprises ne feraient pas de demandes. Ainsi, les produits alimentaires pour lesquels nous voulons des allégations santé... Nous essayons de faire ce qu'il faut. Nous allons être obligés de les vendre comme aliments et de dire que le produit n'a aucun effet. Tous ces praticiens prescriraient des produits sans allégations de santé.
Sur la prochaine diapositive, vous verrez l'exemple de la formule Jia Wei Xiao Yao Wan, qui est assez courante. À l'heure actuelle, elle coûte environ 9 ou 10 $ sur le marché canadien. Avec les frais proposés, nous parlons d'une augmentation de près de 50 à 100 $ par produit, parce que nous utilisons beaucoup de ces licences. Pour conserver celles‑ci, nous allons devoir payer 50 $, en plus des 10 $. Les gens auraient du mal à acheter et utiliser ces produits.
L'objectif des produits de santé naturels est de faire en sorte que les aliments et les plantes médicinales que nous prescrivons, en tant que praticiens, aient une allégation de santé. Ce n'est pas pour qu'un médicament évite toute responsabilité. J'ai vu les experts précédents parler de la nicotine. Je suis tout à fait d'accord avec eux. La nicotine crée une forte dépendance et, dans de nombreux pays — l'Australie, le Japon et la Thaïlande —, elle est considérée comme un médicament. Ces pays ont un règlement distinct, comme notre Loi sur le tabac au Canada. Nous l'utilisons pour protéger notre population. Un produit de santé naturel n'est pas un moyen d'échapper à la loi qui est justifiée.
Nous avons également parlé de la médecine fondée sur des données probantes. Nous voulons qu'il en soit de même en médecine naturelle. Nous espérons avoir des subventions et du financement pour la recherche, ce que nous n'avons pas. Cependant, l'ajout d'une législation supplémentaire — la Loi de Vanessa — à cette industrie ne ferait qu'encourager le marché noir et les ventes de l'autre côté de la frontière. Nous allons devoir vendre à partir des États-Unis, où ces frais réglementaires de 10 000 à 100 000 $ ne sont pas réalistes. Les ventes au Canada proviendront d'autres pays où les gens pourront avoir accès aux marchés illégaux, évitant ainsi ces coûts.
Merci beaucoup.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie les témoins de leur présence.
Encore une fois, je trouve curieux que de nombreux témoins soient venus ici pour parler d'un seul enjeu aux dépens d'une industrie canadienne de 13 milliards de dollars.
Madame Doucas, vous avez parlé de la nicotine, bien entendu. Je ne pense pas que vous ayez mentionné les produits de santé naturels, qui représentent encore une fois une industrie de 13 milliards de dollars. Nous avons entendu de nombreux autres témoins, et tout le monde à la table convient que la nicotine est dangereuse. Cela dit, ne serait‑il pas logique de créer un autre cadre pour les produits qui contiennent de la nicotine? Je pense que d'autres témoins l'ont également expliqué.
J'ai du mal à accepter votre réponse, car c'est ce que fait la Chambre des communes — elle crée des lois et des règlements. De toute évidence, si nous avons un gouvernement qui refuse de le faire ou qui ne sait pas comment, c'est un problème pour les Canadiens.
Cependant, je vous dis qu'un amendement, c'est formidable. Je trouve simplement difficile que le gouvernement n'ait pas d'autre moyen que d'inviter des gens comme vous ici. Or, son seul but est de parler d'une infime partie seulement d'une industrie qui vaut 13 milliards de dollars. Je pense que c'est très inquiétant pour les Canadiens, et surtout ceux qui utilisent des produits de santé naturels. Quoi qu'il en soit, je vous en remercie.
Madame Hoffman, je vais passer à vous, par l'entremise du président. Vous parlez de 700 incidents ou déclarations — je ne me souviens pas de vos mots exacts — de problèmes avec des produits de santé naturels. Pouvez-vous me dire où vous avez trouvé cette information?
:
Oui, je vous remercie, monsieur le président.
Je trouve plutôt frustrant que nous ayons des témoins ici qui ont pris le temps de venir comparaître devant le Comité. Nous avons une conversation sur un projet de loi important, comme mon collègue l'a dit.
Il s'agit d'une industrie de 13,5 milliards de dollars pour laquelle le cherche à changer complètement les règles du jeu parce qu'il a commis une erreur et a permis l'approbation d'un sachet de nicotine. C'est Santé Canada qui a pris cette décision. Le ministre pourrait utiliser d'autres outils, mais il décide plutôt de détruire toute une industrie de 13,5 milliards de dollars.
Les libéraux savent aussi qu'ils ont commis des erreurs. Au lieu d'avoir ces conversations et de poser des questions aux témoins, ils décident d'interrompre le tout premier tour — ce qui, à mon avis, est tout à fait irrespectueux. Ils valent mieux que cela. Nous nous sommes efforcés de présenter des motions à la toute fin d'une réunion plutôt qu'au tout début, afin d'éviter de perdre du temps.
Sur ce, je propose que le débat soit ajourné.
:
Je travaillais au Parlement en 1985 lorsque nous avons adopté la première Loi réglementant les produits du tabac, qui a été modifiée et adoptée de nouveau en 1997 après avoir été renversée. Elle a ensuite été modifiée en 2018 et est devenue la Loi sur le tabac et les produits de vapotage. Ce changement reflétait le fait que, tout à coup, des produits de vapotage étaient vendus — illégalement à l'époque et pendant longtemps. On a essentiellement légalisé un marché semi-clandestin.
Cependant, les compagnies de tabac ont continué à faire évoluer les produits qu'elles vendent. Comme mon amie, Mme Doucas, l'a souligné, le taux de tabagisme a diminué. En 1989, lorsque la première loi a été adoptée, la moitié des Canadiens fumaient des cigarettes. Aujourd'hui, nous avons fait beaucoup de progrès, et nous en sommes à environ 12 ou 13 %. Les compagnies de tabac ont constaté qu'elles ne pouvaient plus convaincre les jeunes de fumer des cigarettes, alors elles ont cherché d'autres produits. Il a simplement fallu beaucoup de temps pour que les lois reflètent la réalité du marché.
Nous avons commencé à voir des produits de vapotage sur le marché vers 2009. Ce n'est qu'en 2018, après que le Comité a tenu des audiences à ce sujet et un long délai, avec quelques ministres et quelques gouvernements de différentes allégeances — il a fallu neuf ans avant que nous obtenions une loi en ce sens. Ceux d'entre nous qui sont dans ce domaine depuis un certain temps savent qu'il faut beaucoup de temps pour mettre en place de nouvelles lois. Nous ne parlons pas d'un an ou deux. Le processus prend beaucoup plus de temps.
Comme mon amie l'a souligné, les gouvernements n'ont tout simplement pas été en mesure de rattraper l'industrie, et nous devons vraiment réfléchir sérieusement à ce que nous allons faire, aux types de nicotine que nous tolérons, aux types de nicotine que nous encourageons, aux types de nicotine que nous décourageons et aux types de nicotine que nous interdisons.
C'est une question difficile. Je suis désolée de prendre votre temps.
:
Le Québec n'autorise la vente de produits de remplacement de la nicotine dans les pharmacies que depuis 20 ans. Au départ, c'était la seule province à le faire. Ces produits n'étaient pas derrière le comptoir, ils étaient dans l'espace principal sous la supervision d'un pharmacien. À ce stade, l'ordre des pharmaciens a estimé que ce n'était pas suffisant. Il a constaté que les produits Zonnic étaient achetés par des jeunes dans les pharmacies.
Il n'est pas illégal de vendre des produits de remplacement de la nicotine à des mineurs, mais il n'y avait pas d'interaction entre le pharmacien et le jeune. L'ordre des pharmaciens a demandé à ses membres de placer maintenant les produits derrière le comptoir. L'arrêté ministériel a suivi et a étendu cela à l'ensemble du Canada. La Colombie-Britannique a fait de même avant l'arrêté ministériel.
Devrions-nous avoir ce méli-mélo de règlements ou de protocoles? Au Québec, ce n'est pas un règlement, c'est l'ordre des pharmaciens qui a dicté cela. Cela serait miné par les provinces qui permettraient toujours, si l'arrêté ministériel devait tomber, que des produits soient vendus en ligne ou dans des dépanneurs. Ils pourraient être expédiés à des endroits où ils ne seraient pas conformes.
Personnellement, je suis heureux d'entendre vos points de vue, mesdames, c'est important. On a parlé plus tôt du fait qu'il fallait discuter sérieusement d'une industrie de 13 milliards de dollars. L'industrie mondiale du tabac représentait 694 milliards de dollars en 2021, mais cela ne nous a pas empêchés de mettre en place des règlements et d'encadrer cette industrie. Il a fallu beaucoup d'énergie et de procès pour y arriver.
En ce qui concerne les produits de santé naturelle, au sens large du terme, on a compris que l'industrie elle-même ne voulait pas se mettre du côté des mauvais acteurs, et qu'elle voulait préserver sa réputation.
Dans ces circonstances, on pourrait apporter deux autres amendements, qui permettraient au ministre d'avoir son droit de rappel et qui feraient en sorte que les amendes seraient appropriées, dans un contexte législatif totalement différent de celui des produits pharmaceutiques, comme le permettait le Règlement sur les produits de santé naturels. En fait, les entreprises de produits de santé naturels ne sont pas des multinationales qui ont des brevets d'une durée de 20 ans ni des multinationales dont les produits ne sont pas taxés. On ne parle pas de la même industrie. Par contre, il faut s'assurer que ces produits sont sans danger pour la population.
En résumé, le ministre aurait donc un droit de rappel; il y aurait des amendes appropriées en fonction du cadre législatif qu'on est en train de définir; et on ne porterait pas atteinte à une industrie, mais on l'encadrerait de façon plus rigoureuse.
En fait, si nous sommes ici — cela n'a pas été dit —, c'est parce que Santé Canada n'a pas fait son travail avant 2018.
Cette industrie est déjà réglementée. Le rappel est déjà volontaire. On va donner un droit de rappel au ministre, mais ce droit ne libère pas Santé Canada de son obligation de faire les inspections et les vérifications de l'industrie qui s'imposent, ce qui n'a pas été fait pendant longtemps. Il ne faut donc pas tout mélanger et penser que, parce qu'on se dote d'une loi, on va nécessairement protéger la population du même coup.
Santé Canada a notamment un devoir d'éducation. Ce sera le devoir de Santé Canada de parler des interactions entre les produits de santé naturels et les produits pharmaceutiques, ainsi qu'entre les produits pharmaceutiques eux-mêmes.
Mesdames, vos propos sont pertinents. Nous les avons entendus et nous allons proposer des modifications au projet de loi pour que ces effets pervers puissent être amoindris et que ce projet de loi fasse en sorte qu'on puisse respecter les intérêts de tout le monde et préserver ceux des consommateurs: ils doivent avoir facilement accès à des produits et être assurés de leur sécurité quand ils en achètent.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie également nos témoins.
Nous avons adopté ce projet de loi à la Chambre pour l'envoyer ici au Comité. L'intention de notre comité est toujours d'améliorer les projets de loi. En fait, il y a sans doute des lacunes dans ce projet de loi, qui porte sur les produits de santé naturels. On sait très bien qu'il est essentiel que ces produits soient accessibles et que l'industrie puisse continuer à prospérer. Tous ces éléments sont donc importants, mais il faut se pencher les lacunes.
Vous avez tous mentionné des problèmes, surtout du côté des produits contenant de la nicotine. C'est à prendre en considération, comme le disait M. Thériault. Il a soulevé le fait que nous envisagions d'y apporter des amendements, justement, pour l'améliorer.
Madame Doucas, j'aimerais revenir sur deux points que vous avez soulevés dans votre intervention. En passant, je vous remercie de votre présence ici aujourd'hui.
Vous avez parlé de l'approbation de Zonnic, en juillet 2023. Pourriez-vous me dire s'il y a eu la moindre consultation avant que ce produit soit approuvé?
Vous avez également mentionné que l'industrie du tabac dit souvent que la nicotine ne pose aucun problème. Pourriez-vous parler brièvement de tous les effets néfastes de la nicotine sur la santé?
:
Je vous remercie de votre question.
En ce qui a trait à l'autorisation qui a été donnée par Santé Canada, comme l'a dit ma collègue, le processus se fait essentiellement à huis clos. Les groupes ne sont pas consultés. Les compagnies ne veulent pas de concurrence et ne veulent pas davantage l'alerter. C'est fait sur la base de données plutôt cliniques, et non de santé publique. C'est là que la nicotine soulève des problèmes de santé publique qui débordent l'aspect clinique.
On le voit dans le cas des produits de vapotage. Il ne s'agit pas de diaboliser les produits de nicotine. L'important est de savoir à qui s'adresse le produit et de quelle façon sa promotion est faite pour éviter des effets pervers.
Très peu d'études ont été faites sur les sachets de nicotine. Que ce soit au Canada ou dans d'autres marchés, ce produit est relativement nouveau. Avant d'arriver au Canada, il existait aux États‑Unis depuis quelques années. Il reste qu'il n'y a pas une abondance d'études sur ce produit, car c'est relativement nouveau.
Les risques des effets de la nicotine sont multiples. Longtemps, il a été difficile de distinguer les effets de fumer du tabac de ceux qui sont causés par la nicotine seulement. Or, maintenant, avec les nouvelles variétés de produits, les études commencent à tirer des conclusions plus précises.
Je sais que des représentants de la Fondation des maladies du cœur et de l'AVC du Canada ont témoigné devant le Comité. Il est évident que la nicotine augmente le risque de maladies cardiovasculaires. Elle a aussi une incidence sur tous les précurseurs, dont le cholestérol. On commence aussi à s'inquiéter des dommages causés par la nicotine sur des organes comme le foie. La science évolue.
[Traduction]
Madame Hoffman, madame Hyland, je regarde les chiffres. Alors que nous cherchons à améliorer le projet de loi, nous voulons que les produits de santé naturels continuent de faire leur bon travail partout au pays. Nous avons un secteur qui est presque entièrement conforme. Je regarde vos chiffres et les chiffres présentés par le lorsqu'il a comparu devant notre comité. Ils sont très similaires. Le gouvernement a parlé de 350 rappels volontaires. Vous avez parlé de 400 incidents en 2019. Je crois que la définition que vous utilisez est un peu moins stricte.
Le a parlé du fait que pratiquement tous ces rappels volontaires, à l'exception de trois, se sont faits de manière conforme par les entreprises. Les trois entreprises non conformes n'existent plus.
Que pensez-vous de l'argument qui nous a été soumis, un argument que je trouve très valable, à savoir que le gouvernement peut maintenant utiliser un large éventail d'outils pour assurer la conformité des entreprises afin qu'elles rappellent volontairement les produits qui présentent un risque?
:
Merci, monsieur le président.
J'aimerais remercier tous les témoins d'être ici.
Madame Hoffman, je veux faire un petit suivi. Vous avez parlé de 700 signalements, et puis, lorsque notre collègue a posé des questions à propos de nous permettre de voir cette documentation, vous avez tourné autour du pot en nous disant que vous ne pouviez pas nous donner une liste exacte. Eh bien, le chiffre de 700 cas provient manifestement de quelque part.
Je comprends le droit à la protection des renseignements personnels. Nous sommes tous assujettis aux règles de l'accès à l'information dans nos bureaux, et nous nous en servons régulièrement pour traiter de l'information délicate. Le privilège parlementaire nous accorde une certaine immunité et une certaine latitude pour demander à des témoins de nous fournir l'information. Selon la nature délicate des renseignements qui nous sont remis, différents mécanismes de contrôle permettent de déterminer comment l'information peut être utilisée. Lorsque vous comparaissez ici et que vous nous donnez un chiffre précis, c'est‑à‑dire 700, et que nous vous demandons des précisions sur ce chiffre, nous nous attendons à ce que vous nous montriez votre travail.
Nous dites-vous que vous ne pouvez pas nous montrer votre travail?
:
Merci, monsieur le président.
Merci à tous les témoins d'être parmi nous.
Madame Hoffman, la plupart d'entre nous utilisent régulièrement des produits de santé naturels. Nous savons qu'ils sont généralement plus sécuritaires que d'autres produits de santé, mais ils ne sont pas sans risque pour autant. Nous avons entendu parler de 700 incidents, ce qui est beaucoup.
Quelles sont les préoccupations relatives à la sécurité que votre organisation voit le plus souvent?
:
Je pense qu'on s'en sert surtout en tant qu'exemple le plus marquant de l'histoire. Si seulement nous avions su à quel point c'est dangereux, on ne l'aurait jamais autorisé sur le marché. Mais les produits sont commercialisés. On se rend compte seulement plus tard de la nature du danger. Parfois, ce n'est peut-être rien. Parfois, c'est peut-être grave.
Vous savez, certains des produits les plus dangereux ou certains des produits qui causent le plus de méfaits sont en fait des produits naturels. Les opioïdes sont des produits naturels, tout comme la morphine, le tabac et le cannabis. En règle générale, nous avons choisi de ne pas les réglementer comme des médicaments, même s'ils servent à des fins médicales dans bien des cas.
Je pense que la raison pour laquelle nous avons préparé ce mémoire, c'est que, trop souvent, les gens associent « naturel » à « bénin ». Nous pensons de cette façon lorsqu'il s'agit de produits de santé naturels; nous pensons qu'ils sont nécessairement bénins. Il y a une certaine confusion par rapport à ce qu'on entend couramment par « naturel », comme si ces produits étaient forcément corrects et que les produits chimiques qui proviennent d'une usine étaient nocifs.
Je pense qu'il y a une lacune en matière d'éducation dans la population générale. Je pense que nous avons parfois la même lacune dans la structure réglementaire. Peut-être que l'expression fourre-tout « produits de santé naturels » englobe trop de choses.
Quoi qu'il en soit, merci d'attirer l'attention là‑dessus.
:
Vos propos, madame Hyland, me donnent l'impression que, sans la Loi de Vanessa, il n'y a pas de salut. Pourtant, l'article 16 du Règlement sur les produits de santé naturels permet à Santé Canada de demander à une entreprise de modifier son étiquetage, notamment d'ajouter de nouvelles mises en garde, si le ministre a des motifs raisonnables de croire qu'un produit de santé naturel ne peut plus être sécuritaire même lorsqu'il est utilisé dans les conditions d'utilisation recommandées.
Il y a deux scénarios possibles. D'une part, si l'étiquette n'est pas conforme, Santé Canada peut recourir à des mesures d'application et utiliser des pouvoirs tels que la saisie et la détention du produit. Il peut aussi faire cesser la vente de ce produit ou en suspendre la licence. D'autre part, si l'étiquette est conforme, mais que Santé Canada souhaite que l'entreprise la modifie pour des raisons de sécurité, Santé Canada peut exiger que l'entreprise effectue la modification ou qu'elle abandonne le produit. Si l'entreprise ne se conforme pas à ces exigences, Santé Canada a le pouvoir d'émettre un avis pour faire cesser la vente du produit ou d'en suspendre la licence.
Cette industrie est donc déjà encadrée. Or vous parlez comme s'il n'y avait aucun encadrement. Pour ma part, je crois qu'il faut être rigoureux. Vous connaissez bien la Loi de Vanessa, j'imagine, selon le modèle pharmaceutique, mais j'ai l'impression que vous connaissez mal le Règlement sur les produits de santé naturels et son application.
:
Je pense qu'il est important de souligner pour le compte rendu que parmi 350 cas, 347 étaient des rappels volontaires, et trois cas se rapportaient à des entreprises non conformes qui ont essentiellement cessé leurs activités. Je pense qu'il est important que cela figure au compte rendu.
Je veux revenir à vous, madame Callard. Dans votre témoignage, vous avez dit deux choses que j'ai trouvé très intéressantes.
Premièrement, l'étiquette de produits similaires aux États-Unis indique qu'ils ne sont pas homologués par la Food and Drug Administration. Au Canada, ces produits semblent être approuvés par Santé Canada, et le sachet de nicotine Zonnic en fait partie. Pouvons-nous apprendre la moindre chose de l'exemple américain?
Deuxièmement, vous avez parlé d'un cadre intégré pour la nicotine. À mesure que nous entendons les témoins, nous constatons que c'est quelque chose dont nous avons manifestement besoin. À quoi ce que cadre ressemblerait‑il à l'échelle nationale selon vous?
:
Je pense que ce serait un transfert de responsabilité pour s'occuper de... Ce serait un élargissement de ce qui est prévu pour le tabac, le vapotage et tous les autres produits contenant de la nicotine. On intégrerait ainsi la protection de la population contre les mesures prises pour inciter les non-utilisateurs à utiliser les produits et on les réglementerait en même temps en tant que produits pour renoncer à la nicotine ou en réduire les méfaits, ce qui permettrait de procéder de manière cohérente. Ce serait essentiellement un moyen de réglementer l'industrie, plutôt que de réglementer le produit.
Fondamentalement, cela pourrait ressembler beaucoup à ce que nous avons actuellement, avec une approche similaire en matière de réglementation, mais nous devons aussi moderniser nos règlements. En tant que personne qui s'est habituée au fait qu'il faut des années et des mois pour qu'une nouvelle idée fasse son chemin, l'approche qui consiste à adopter une réglementation précise... L'idée de pouvoir procéder rapidement à l'aide de règlements provisoires ou de règlements précis est très importante.
Je n'ai pas le temps d'entrer dans les détails, mais le changement fondamental serait de rassembler tous les aspects liés à la nicotine pour que les mêmes décideurs soient responsables.
:
C'est intéressant de voir que la British American Tobacco vend les produits Zonnic sous le nom de Velo dans d'autres régions du monde. Ils sont vendus en tant que produits récréatifs contenant de la nicotine. Ils sont vendus aux jeunes. Ils sont annoncés sur les voitures de course de Formule 1. Ils sont annoncés sur les médias sociaux. On en fait la promotion à grand renfort de publicité comme c'était le cas pour les cigarettes au siècle dernier.
S'ils sont vendus comme produits pour cesser de fumer au Canada, c'est uniquement parce que c'était la seule façon pour l'entreprise de les commercialiser ici. La British American Tobacco ne pouvait pas les vendre légalement au Canada, à moins de convaincre Santé Canada de les approuver comme produits de santé naturels. Cela ne s'est pas fait sous le actuel, mais sous . Lorsque nous avons demandé au ministère pourquoi il avait laissé passer cela, on nous a expliqué que le processus d'approbation est très dépolitisé, que le ministre a très peu de possibilités d'intervenir et qu'il s'agit d'évaluations scientifiques effectuées par un conseil qui n'examine que les preuves.
À vrai dire, ce n'est pas mon domaine. Je ne fais que rapporter des ouï-dire...
:
Comme je l'ai mentionné, si ce projet de loi n'est pas adopté, les coûts économiques vont augmenter, et il sera plus difficile pour nous de demander des licences pour des produits de santé naturels. Nous sommes quelques importateurs de ces herbes médicinales — et ce sont toutes des petites entreprises familiales — à nous être dit que nous allons devoir aller au sud de la frontière et allons devoir vendre nos produits sur eBay et Amazon. Les produits n'y sont pas réglementés. Nous ne serons pas les seuls. Des gens le font déjà. Si vous allez sur Amazon, vous constaterez que des Américains vendent déjà leurs produits de santé de l'autre côté de la frontière.
Comme nous sommes ici, il est plus facile pour les consommateurs canadiens d'acheter des produits réglementés par la Direction des produits de santé naturels qui sont étiquetés et bénéficient d'un processus de rappel volontaire. Il est plus difficile pour eux d'acheter en ligne, mais si nous ne sommes pas ici, la seule option est l'achat en ligne, où aucun de ces règlements ne s'applique.
À l'heure actuelle, la FDA aux États-Unis n'exige qu'une étiquette nutritionnelle. C'est la seule exigence. Il n'y a rien d'autre. C'est moins cher et plus facile, et on n'a pas besoin de passer par la Direction des produits de santé naturels.
N'oubliez pas que nous vendons des herbes médicinales, alors nous pourrions simplement ne pas présenter de demande et ne pas faire d'allégations relatives à la santé. C'est une autre option, et cela veut dire encore moins de réglementation.
Nous avons récemment entendu le témoignage d'un propriétaire de petite entreprise au sujet du projet de loi . Il a dit que si le projet de loi n'est pas adopté, la nouvelle réglementation de Santé Canada sur les produits de santé naturels coûtera 500 000 $ à son entreprise qui fabrique des suppléments naturels.
Que pensez-vous de ce coût? Vous avez utilisé l'expression « entreprise familiale », et c'est assurément ce que sont bon nombre de ces entreprises dans ma circonscription. Ce sont de petites entreprises qui servent nos collectivités. Lorsque j'entends parler d'un coût de conformité aussi élevé, c'est inquiétant, surtout lorsque je vous entends dire qu'il est très facile pour vous de déménager ailleurs et de mener vos affaires différemment.
Pouvez-vous nous parler de ce coût?
Je dois dire que l'argument de M. Julian me laisse un peu perplexe, à savoir que l'industrie est presque entièrement conforme puisqu'il n'y a eu que trois demandes de rappel volontaire auxquelles l'entreprise a refusé de procéder. Il se demande donc si nous avons vraiment besoin de cette mesure législative.
Il me semble que c'est une façon plutôt dangereuse de gouverner de se dire que si la plupart des gens respectent les règles, nous n'avons pas besoin de loi. En va‑t‑il de même des excès de vitesse près des cours d'école? La plupart des gens ralentissent près des écoles, alors peut‑on dire qu'on n'a pas besoin d'une loi qui interdit les excès de vitesse près des cours d'école?
Ma question s'adresse précisément à Mme Hoffman.
Ce dont il est question, c'est de l'application de la Loi de Vanessa aux produits de santé naturels. On supprimerait donc cette protection pour ces produits. La Loi de Vanessa prévoit toutes sortes de mesures.
Je sais qu'on envisage des amendements pour l'édulcorer et retirer certaines des protections prévues dans la Loi de Vanessa. Je me demande de quoi on peut se passer. Est‑ce l'obligation pour les hôpitaux de signaler les effets indésirables? Je pense que c'est nécessaire. Est‑ce la capacité d'effectuer des rappels? Je pense que c'est nécessaire. Est‑ce la capacité d'appliquer des mesures punitives plus sévères? Je pense que c'est nécessaire. Est‑ce l'obligation de modifier l'étiquetage, au besoin? Je pense que c'est nécessaire. Est‑ce le fait de pouvoir exiger qu'un fabricant de produits de santé naturels fasse plus de recherche sur son produit? Je pense que cela pourrait être nécessaire.
Y a‑t‑il quoi que ce soit dans la Loi de Vanessa dont, selon vous, nous pourrions nous passer si nous voulons apporter des amendements?
:
Monsieur Chen, merci d'être avec nous.
Je comprends très bien qu'une grande partie des produits médicinaux que vous utilisez sont des herbes médicinales comme le ginseng, le gingembre et d'autres que nous utilisons tous les jours, et que vous vous demandez pourquoi ils doivent être réglementés.
Cependant, vous avez parlé des préjudices économiques. Encore une fois, cela me laisse un peu perplexe. Il s'agit de l'application de la Loi de Vanessa aux produits de santé naturels. Il n'y a rien qui concerne le recouvrement des coûts, rien qui concerne le coût d'une licence pour un produit. Je ne sais pas exactement comment vous faites pour estimer que les coûts seront importants pour les entreprises si, en fait, elles respectent déjà les règles. Oui, si le ministère vous impose une amende pour avoir enfreint la Loi de Vanessa, il est possible que les sanctions soient plus sévères. Cependant, je ne vois rien dans la loi qui aura une incidence sur les profits de la plupart des entreprises.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Nous avons beaucoup parlé des problèmes liés aux produits de santé naturels. C'est un sujet très sérieux et il en a été question à maintes reprises. Nous avons entendu le témoignage de la Dre Sharma précédemment, lorsque le projet de loi omnibus initial a été présenté. Elle a parlé de façon très mal à propos, bien franchement, du décès d'un enfant en Alberta, qui, en réalité, n'avait rien à voir avec les produits de santé naturels. Tous ces propos concernant les chiffres et les résultats ont jeté une ombre très négative sur les produits de santé naturels au Canada. Ce sont, de toute évidence, des allégations très graves. Encore une fois, nous avons entendu le faire des allégations éhontées, qu'il n'a pas été en mesure de prouver. Encore aujourd'hui, malheureusement, nous avons entendu des témoins nous dire que ces données existent, mais pour une raison que j'ignore, ils hésitent à les fournir.
Je pense donc, monsieur le président, qu'il s'agit d'une question importante, et je veux présenter une motion afin d'obtenir ces données: que le comité de la santé fournisse la liste des 700 réactions indésirables, les dates des incidents, les produits en cause et les résultats. Cette information doit être fournie au Comité permanent de la santé dans un délai de 30 jours.
:
C'est exact, monsieur le président.
Je vais vous donner un peu de contexte, puisque vous l'avez demandé, afin d'expliquer pourquoi je propose une motion à ce sujet. Comme je l'ai dit, il s'agit d'une industrie de 13 milliards de dollars. Ce que nous avons entendu à maintes reprises, ce sont des témoignages éhontés, chargés d'émotivité. Le nous a dit « qu'on marche sur la tête avec ce projet de loi ». Tout d'abord, quel ministre parlerait de cette façon?
Il a également parlé d'usines remplies d'excréments et d'urine de rats, et, encore une fois, personne n'a été en mesure de le prouver. Nous avons déjà demandé ces preuves lors d'une réunion précédente. Nous avons demandé à en savoir un peu plus à ce sujet. Combien y a‑t‑il de ces usines? Bien sûr, le ministre a répondu en demandant quelle était la quantité d'excréments et d'urine acceptable?
Encore une fois, nous avons entendu ces allégations à maintes reprises, mais sans preuve. Nous avons également entendu d'autres allégations ridicules selon lesquelles cela ne touche pas l'étiquetage, mais en modifiant la définition d'un produit thérapeutique, cela permet tous les autres changements. Tout cela en fait partie. Le ministre a dit que ce n'était absolument pas vrai, ce qui, encore une fois, déforme grossièrement la vérité.
Je crois que la seule façon de régler cette question est d'exiger, en vertu du privilège parlementaire, que ces allégations éhontées soient justifiées. Sur les 700 allégations, y en a‑t‑il 698 pour lesquelles quelqu'un a mal lu l'étiquette et s'est fâché parce qu'il s'est procuré le mauvais produit? C'est malheureux, mais cela n'a rien à voir, car c'est simplement quelqu'un qui s'est refusé à admettre qu'il n'a pas bien lu l'étiquette.
Je pense qu'il est important que le Comité règle enfin cette question. De nombreuses allégations ont été faites. Nous avons besoin des documents. Il semble que les gens ne veuillent pas fournir l'information. Existe‑t‑elle? Est‑ce vrai? À quel point les produits de santé naturels ont-ils causé des problèmes dans la vie des Canadiens?
Comme je l'ai déjà mentionné, les tonnes de cartes, de lettres et de courriels que tout le monde ici a reçues montrent bien que les conservateurs ne sont pas les seuls concernés. Mes collègues libéraux ont également reçu un nombre incalculable de lettres et de courriels, surtout en ce qui concerne le projet de loi omnibus initial présenté par le gouvernement libéral-néo-démocrate. Nous continuons d'entendre parler de ces effets indésirables, et personne ne veut fournir l'information pour dire de quoi il s'agit.
Par ailleurs, nous savons que 13 000 aînés sont hospitalisés chaque année après avoir pris des médicaments d'ordonnance. Encore une fois, est‑ce différent? Non, il faut connaître le contexte. C'est le contexte qui nous dit qu'il s'agit d'un fait. On ne parle pas de quelqu'un qui est irrité parce qu'il s'est trompé de pilule. On parle de 13 000 personnes âgées qui sont admises à l'hôpital. Les médicaments d'ordonnance peuvent avoir des effets graves.
Cela dit, je pense qu'il est important que les personnes qui font des allégations soient obligées par le Parlement de les étayer par écrit, et il incombe au Comité de régler enfin cette question.
Merci.
:
Si j'ai toujours la parole, alors, à défaut d'entendre leurs préoccupations au sujet de la protection de la vie privée, je n'appuie pas cette motion.
Évidemment, les dossiers médicaux sont confidentiels. Si des gens ont transmis confidentiellement des renseignements sur ce qui leur est arrivé, ces renseignements ne devraient pas être rendus publics, et on ne devrait pas non plus leur demander de les rendre publics.
Si le Comité n'a pas l'intention de les questionner au sujet de leurs préoccupations liées à la protection de la vie privée — et ils nous ont dit qu'ils ont des préoccupations à cet égard —, c'est suffisant, à mon avis, pour que je m'oppose à cette motion.
:
Merci, monsieur le président.
Concernant les commentaires de M. Powlowski et les précédents commentaires au sujet des préoccupations relatives à la protection de la vie privée, les comités sont souvent tenus à la confidentialité. Les règles ne sont pas différentes des règles que nous appliquons pour nos discussions avec nos électeurs, en ce sens que je ne divulguerai pas ce qui s'est dit à moins d'avoir l'autorisation préalable de l'électeur.
Ce qu'il faut, c'est que les témoins — les témoins d'aujourd'hui ou tout autre témoin comparaissant au Comité et ayant des préoccupations liées à la confidentialité — avisent le Comité qu'ils comptent fournir ou déposer les renseignements demandés ou exigés par le Comité, mais avec réserve, à savoir que ces renseignements ne doivent pas être rendus publics, sauf indication contraire, en raison de leur nature délicate et confidentielle. C'est une façon de procéder.
J'aimerais parler de... Les témoins d'aujourd'hui ne sont pas nécessairement en cause, mais malheureusement, ce sont eux qui sont ici aujourd'hui alors que l'on soulève cette question. Je dirai d'entrée de jeu que je n'ai jamais fumé de ma vie. Je ne suis pas fumeur et je ne suis pas un porte-parole des compagnies de tabac. Cependant, je pense que le ministre a des mécanismes à sa disposition pour régler la question, indépendamment des produits de santé naturels, sans s'attaquer à une industrie de 13 milliards de dollars.
Cependant, nous accueillons des gens — pas seulement ici, mais dans d'autres comités — qui viennent témoigner et qui présentent des statistiques, des données, des faits, des cas, etc. Jusqu'à maintenant, nous n'avons pas souvent obligé ces témoins ou un ministre à étayer leurs affirmations. Comme on l'a mentionné plus tôt, le a tenu des propos scandaleux à l'égard de l'industrie, parlant de matières fécales, d'urine, etc. On se croirait presque dans un jeu à boire pour ceux qui nous écoutent. Chaque fois que quelqu'un parle d'excréments ou d'urine, dans le contexte de cette étude précise, quelqu'un à la maison ou autour de la table doit prendre une gorgée.
Même se gargariser avec de l'essence et ce genre de choses... Nous avons entendu des commentaires incendiaires qui ne s'appuient sur aucune recherche. Je pense qu'à l'avenir, dans le cadre de ses études, pas seulement celle‑ci, mais d'autres études aussi, le Comité devrait obliger les témoins qui font de telles affirmations — encore une fois, je ne vise personne en particulier — à être prêts à fournir les renseignements sur lesquels ils s'appuient à l'avance ou au moment de leur comparution. Nous n'avons pas fait cela, et nous devrons être plus avisés et vigilants à cet égard.
J'exhorte nos collègues d'en face... M. Powlowski dit qu'il n'appuiera pas cette motion. Tout ce que nous demandons — et pas seulement pour la présente étude —, c'est que le Comité ait comme politique de demander aux témoins qui présentent des statistiques et des données sur une industrie ou une question donnée aient ces renseignements à portée de main pour étayer leurs propos. N'importe qui peut affirmer, par exemple, qu'il y a 700 cas allégués de mauvais usage de médicaments ou de produits quelconques.
Nous avons accueilli la Dre Sharma, une médecin très respectée, qui est aux plus hauts échelons de sa profession et dont le gouvernement suit les recommandations. Encore une fois, je vais privilégier la prudence et lui donner le bénéfice du doute: je pense qu'elle s'est mal exprimée. Elle n'avait pas l'intention de nous induire en erreur en disant qu'un enfant de 18 mois est mort à cause de produits de santé naturels, ce qui n'est pas le cas, comme nous le savons. C'est dans de telles situations que nous devons avoir tous les faits, en tant que comité et en tant que gens qui influencent et élaborent les politiques.
Mme Callard a mentionné que les fonctionnaires sont d'une lenteur extrême lorsqu'il s'agit de modifier les lois. Par conséquent, pour prendre la bonne décision, nous devons nous assurer d'avoir les bons renseignements, au moment opportun — ce qui peut avoir une incidence sur les décisions —, et pas seulement de réactions impulsives ou de commentaires sans fondement. Quoi d'autre avons-nous entendu? Des gens qui se gargarisent avec de l'essence, qui boivent de l'urine, des usines pleines d'excréments... Écoutez, je ne veux pas être... Actuellement, j'ai besoin de produits de santé naturels pour mes genoux — c'est pourquoi j'arrive à tenir debout — si quelqu'un m'écoute. Non, je plaisante.
Puisque les esprits s'échauffent, ici, je tiens à ce que nous disions officiellement que nous ne voulons pas que les Canadiens consomment des produits pouvant nuire à leur santé. Personne ne dit cela. Ce que nous disons, c'est qu'il existe des outils et des mécanismes.
Il faut comprendre que les renseignements qui sont présentés, que ce soit par ces témoins, d'autres personnes ou même un ministre, sont étayés par des faits et des informations pouvant prouver qu'il s'agit de faits. C'est tout ce que nous demandons. C'est une motion simple qui, à mon avis, peut aider à prévenir des problèmes à l'avenir.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je pense qu'il est très important de savoir... Il me semble que le gouvernement néo-démocrate-libéral tente de tuer une mouche avec une massue. La question qui se pose, dans ce cas, est la suivante: que démontrent réellement les données? Le chiffre de 700 a été mentionné.
Étrangement, lorsque nous avons posé la question aux fonctionnaires de Santé Canada, la dernière fois, ils nous ont répondu que nous pouvions trouver ces renseignements nous-mêmes sur leur site Web, ce qui, bien franchement, est impossible. Ce n'est pas possible. Nous avons essayé.
C'est d'ailleurs pourquoi l'industrie a demandé à un cabinet très réputé, Deloitte, d'examiner en profondeur les effets indésirables potentiels associés à la consommation de produits de santé naturels. Je vous assure qu'ils seraient ravis de transmettre les résultats au Comité. Deuxièmement, ils étaient loin d'arriver au nombre insensé de 700.
Je suis plutôt découragé d'entendre mon collègue, M. Powlowski, dire qu'il n'appuiera pas la motion. Il a toujours mis l'accent sur les données.
Qu'y a‑t‑il à cacher? Si nous demandons les données et qu'il s'avère que 698 des 700 cas allégués sont liés à des gens qui ont mal lu une étiquette, c'est très différent des 698 cas de toxicité hépatique dont M. Hanley a parlé. Ce n'était pas 698 cas, mais il a mentionné des cas de toxicité hépatique, à l'instar des témoins de l'hôpital pour enfants SickKids qui ont dit savoir que des enfants ont subi un préjudice. Nous avons demandé des précisions: quels enfants? Combien d'enfants? Quel était le préjudice? Quelle était la substance en cause? Encore une fois, nous n'avons eu aucune réponse. Mes collègues d'en face essayaient de dire que nous malmenons les témoins. Eh bien, on ne peut pas comparaître devant le Comité sans préparation, y faire des déclarations scandaleuses et ne pas fournir les données. C'est pour cela que nous sommes ici. Nous sommes ici pour prendre des décisions et comprendre les données réelles qui, si elles existent, devraient faire partie de ce qu'il faut savoir.
C'est en fonction du contexte et des données réelles que le Comité pourra prendre de meilleures décisions. S'il y a des allégations, montrez-nous de quoi il est question, fournissez-nous les données et les faits, avec les dates et les résultats. Ce n'est pas compliqué.
:
Eh bien, j'ai deux commentaires.
Concernant les difficultés de M. Ellis d'avoir accès aux données de Santé Canada, je suggère à nos collègues du ministère de l'aider à s'y retrouver. Je sais que vous consultez beaucoup de pages Web. Il peut être difficile de s'y retrouver dans les différents volets. Je leur demanderais d'aider M. Ellis à s'y retrouver. C'est la première chose.
Deuxièmement, moi aussi j'aimerais que les témoins nous transmettent les données qu'ils peuvent nous fournir en tenant compte de leurs préoccupations liées à la confidentialité. Je pense que ce serait très utile au Comité.
Cela dit, je vais lancer les dés et demander l'ajournement du débat.
:
Nous avons un rappel au Règlement.
Avant de passer au rappel au Règlement, une motion visant à reprendre le débat est une motion dilatoire qui ne peut pas faire l'objet d'un débat. Je vais donc entendre le rappel au Règlement, puis, habituellement, nous passerions directement au vote sur la motion visant à reprendre le débat.
Allez‑y, madame Goodridge, pour votre rappel au Règlement.