La séance est ouverte. Bienvenue à la 17e réunion du Comité permanent de la santé de la Chambre des communes. Au cours des deux heures qui suivent, nous discuterons avec différents témoins dans le cadre de notre étude sur les effectifs du secteur de la santé au Canada.
Avant de vous les présenter, je vais donner les consignes habituelles pour les réunions hybrides comme celle d'aujourd'hui, qui se déroulera conformément à l'ordre pris par la Chambre le 25 novembre 2021. Conformément à la directive du Bureau de régie interne du 10 mars 2022, les personnes qui se trouvent dans la salle doivent porter le masque, sauf si elles se trouvent à leur siège durant les délibérations.
Voici maintenant quelques instructions pour les témoins. Tout d'abord, je vous demanderais d'attendre que je vous nomme avant de prendre la parole. Si vous participez à la réunion par vidéoconférence, et je crois que c'est le cas de tous les témoins, vous pouvez activer votre microphone en cliquant sur l'icône qui figure à votre écran, et le désactiver de la même façon quand vous n'avez pas la parole. Pour entendre les interprètes, cliquez sur les icônes du parquet, de l'anglais ou du français au bas de votre écran.
Je vous rappelle par ailleurs que vous devez toujours vous adresser à la présidence, et que les captures et les photos de votre écran sont interdites. Les délibérations seront accessibles au site Web de la Chambre des communes.
Conformément à notre motion d'affaire courante, j'informe le Comité que les témoins ont effectué les essais de connexion requis avant la réunion.
Nous recevons aujourd'hui le Dr David Gratzer, médecin et psychiatre traitant, ainsi que le Dr Arjun Sahgal, professeur de radio-oncologie. Tous les deux témoigneront à titre personnel.
Nous accueillons également des porte-parole de la Fédération des étudiants et des étudiantes en médecine du Canada, soit Mme Santanna Hernandez, la présidente, et M. Montana Hackett, le directeur des affaires gouvernementales.
[Français]
Nous recevons également la Dre Anne‑Louise Boucher, directrice, Planification et régionalisation, et M. Pierre Belzile, directeur, affaires juridiques, tous deux de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec.
[Traduction]
Enfin, souhaitons la bienvenue au Dr David Peachey, le directeur de l'organisme Health Intelligence Inc., et à Mme Janet Morrison, la présidente et vice-chancelière du Sheridan College.
Je tiens à remercier nos distingués témoins de participer à nos travaux et de prendre le temps de nous faire profiter de leur sagesse et de leurs conseils afin d'éclairer les recommandations que nous soumettrons au gouvernement du Canada relativement aux effectifs dans le secteur de la santé. Nous allons d'abord entendre vos remarques liminaires, suivant l'ordre de l'avis de convocation.
Je vous demanderais de ne pas dépasser les cinq minutes qui vous sont allouées.
Docteur Gratzer, vous serez le premier. Vous avez la parole pour les cinq prochaines minutes. Bienvenue au Comité.
:
Merci, mesdames et messieurs les membres du Comité, de m'avoir invité à m'adresser à vous aujourd'hui.
« J'ai commencé à regarder l'horloge durant la journée et à penser de plus en plus souvent au nombre de patients à voir et au temps qu'il me restait. Je savais que j'arriverais à les voir tous, mais je ne savais pas de quoi j'aurais l'air à la fin de mon quart de travail. Au fil du temps, j'ai commencé à regarder l'horloge de plus en plus tôt et, un jour, j'ai réalisé que je travaillais depuis à peine cinq minutes quand je me suis dit que la journée allait être très longue. »
C'est ce que m'a dit un collègue médecin récemment. Quand il est question de recrutement et de maintien en poste dans le secteur de la santé, plusieurs facteurs doivent être pris en compte, y compris les besoins psychologiques des travailleurs.
Je m'appelle David Gratzer. Je suis médecin et psychiatre traitant. Je vais prendre quelques minutes pour vous parler d'épuisement professionnel et des troubles mentaux. Les observations dont je vais vous faire part m'ont été inspirées de mon expérience au sein du Centre for Addiction and Mental Health, ici à Toronto, au sein duquel je cumule des fonctions cliniques, administratives et éducatives. Je tiens à préciser que les points de vue que j'exprimerai aujourd'hui peuvent différer de ceux du Centre.
Je vais parler brièvement de l'épuisement professionnel, en commençant par avouer que j'ai un certain parti pris à ce sujet. Comme je travaille avec des médecins, je vais parler de ce que je vois relativement à leur épuisement professionnel et à leurs besoins, mais je crois néanmoins que mes observations valent pour tous les domaines de la santé.
Comme vous le savez peut-être, le syndrome d'épuisement professionnel chez les médecins est caractérisé par trois symptômes: la fatigue émotive, la dépersonnalisation et l'altération du sentiment de réalisation personnelle. Plus précisément, la fatigue émotive se manifeste par le sentiment d'être vidé, de n'avoir plus rien à offrir aux patients à la fin d'une journée. La dépersonnalisation survient quand un médecin ne voit plus les patients comme des personnes, mais plutôt comme des objets, et l'altération du sentiment de réalisation personnelle se passe d'explications, bien que je doive ajouter qu'elle est souvent associée à une impression d'inefficacité malgré des années de formation et la bonne volonté.
Les problèmes liés à l'épuisement professionnel ne datent pas d'hier, mais la pandémie a aggravé tout ce qui était difficile dans la réalité des médecins. Selon les milliers de réponses reçues au Sondage national de l'Association médicale canadienne sur la santé des médecins, ils étaient un sur trois environ à avoir souffert d'épuisement professionnel. C'était avant le début de la pandémie. Depuis, les chiffres ont explosé. Le dernier sondage indique qu'un médecin sur deux environ est concerné. C'est donc la moitié des effectifs médicaux qui a été touchée d'une façon ou d'une autre par l'épuisement professionnel au Canada. Les sondages auprès du personnel infirmier, des ergothérapeutes et d'autres travailleurs de la santé ont donné des résultats semblables. Autrement dit, la situation très problématique avant la pandémie n'a fait qu'empirer, ce qui n'a sans doute rien de surprenant.
Je vais maintenant aborder la question de la pandémie et des troubles de santé mentale. On a beaucoup entendu parler des enquêtes récentes selon lesquelles les gens se sentent plus anxieux et plus moroses. En tant que psychiatre, je trouve ces résultats intéressants, mais pas forcément inquiétants pour la plupart des personnes. Là encore, je fais bien attention de peser mes mots. Les gens sont pour la plupart résilients et, malgré le stress provoqué par la pandémie et l'incertitude de certains concernant leur capacité de payer le loyer ou leur avenir professionnel, ils s'en sortiront sans trop de dommages émotionnels et psychologiques.
Il y a toutefois des groupes plus à risque. Je pense à trois groupes en particulier, soit les personnes qui ont déjà souffert de troubles mentaux, celles qui ont été directement exposées au virus et à la maladie et, enfin, celles qui y ont survécu. Un très, pour ne pas dire un trop grand nombre de travailleurs de la santé pourraient être classés dans les trois catégories et risquent de souffrir ou souffrent déjà de troubles de stress post-traumatique, de troubles anxieux ou de troubles dépressifs graves.
On peut lire dans la documentation que des symptômes psychologiques sont apparus bien longtemps après la disparition des symptômes physiques du syndrome respiratoire aigu sévère. Je pense que la COVID‑19 aura le même effet. Autrement dit, il faut s'attendre à ce que les difficultés liées à cette maladie perdurent après le départ du dernier patient des unités de soins intensifs.
Je tiens à conclure sur quelques mots d'espoir. Nous avons à notre portée des solutions judicieuses et pratiques, dont certaines sont déjà en application. Les très nombreux écrits publiés depuis une vingtaine d'années sur l'épuisement professionnel proposent une panoplie de mesures possibles.
Il se fait de l'excellent travail chez nous. Notamment, les docteures Treena Wilkie et Tania Tajirian ont créé un groupe de soutien par les pairs qui s'est révélé très efficace pour les médecins. Bien entendu, le traitement des troubles de santé mentale... C'est ce à quoi je consacre ma carrière. Nous n'avons jamais eu autant de moyens d'aider les personnes qui en souffrent. L'essentiel, comme de raison, est de reconnaître l'existence de ces problèmes et de prendre des mesures adéquates.
Merci.
:
Merci beaucoup, monsieur le président. Je suis très honoré de m'adresser au Comité.
Je suis le Dr Arjun Sahgal. Je travaille au Sunnybrook Odette Cancer Centre de l'Université de Toronto. Je témoigne aujourd'hui à titre personnel, à titre de médecin canadien et de professeur de radio-oncologie sous-spécialisé dans le traitement des tumeurs du cerveau et de la moelle épinière.
Je trouve important de préciser que dans notre domaine, les cancers sont le plus souvent incurables. Je pense, entre autres, aux glioblastomes. Les tumeurs cérébrales cancéreuses sont particulièrement résistantes, et je me considère privilégié d'avoir traité des patients atteints et d'avoir tenté de prolonger leur vie. J'ai accompagné autant des patients indigents que des figures emblématiques de notre pays, tel Gord Downie. Réaliser que la maladie a le dernier mot, peu importe l'endroit où les patients se trouvent dans le monde ou leur parcours, éveille toujours en moi un sentiment d'humilité.
De par sa nature, notre travail est éminemment stressant et lourd émotivement. Avec des ressources étirées au maximum, l'exercice de notre profession était déjà difficile dans le système public, mais le contexte pandémique depuis deux ans a exacerbé les risques d'épuisement à l'échelle du système. Au début, il a fallu composer avec les pénuries d'équipement de protection personnelle essentiel pour nos rencontres avec les patients, le risque accru de contagion pour nous-mêmes, nos familles et les patients qui n'avaient pas la COVID, le triage des patients en fonction du risque lié à la COVID, auxquels se sont ajoutés depuis des réalités comme le travail dans un système de santé débordé et les efforts de rattrapage parallèlement à des hausses du nombre de patients atteints de la COVID et ayant besoin de soins. Tous ces facteurs ont constitué un terreau idéal pour l'épuisement professionnel dans toutes les sphères de la profession médicale.
L'épuisement guette aussi les patients et les soignants, qui comme les médecins subissent les effets délétères de la pénurie de ressources. Toutes les facettes des soins sont mises à rude épreuve par le manque de ressources humaines en santé.
Nous sommes à court de personnel infirmier, de professionnels paramédicaux, de préposés aux bénéficiaires, de médecins. Bon nombre d'entre eux ont pris leur retraite, ont quitté la profession ou se sont recyclés parce que l'environnement de travail est devenu trop exigeant et les ressources cruellement insuffisantes.
Par surcroît, le système a échoué à fournir l'aide supplémentaire dont les travailleurs de première ligne ont vitalement besoin. Les nouvelles stratégies se succèdent à vitesse grand V, sans que personne ne cherche à savoir de quoi auraient véritablement besoin les travailleurs de la santé maintenant. La reconnaissance ne suffit pas.
Il m'arrive souvent de réfléchir à un système dans lequel on pourrait optimiser l'efficacité de notre pratique en modernisant les systèmes de dossiers électroniques de santé, en uniformisant les méthodes d'accès aux tests d'imagerie par résonance magnétique et de tomodensitogramme, notamment, en améliorant les processus d'approbation des nouveaux médicaments et des nouveaux tests d'importance vitale de même que les soins spécialisés, et en augmentant le personnel d'administration des soins de santé. De plus en plus, ces tâches sont déléguées aux médecins et la situation du système ne fait qu'empirer, ce qui aggrave le risque d'épuisement professionnel. Il faut laisser les médecins exercer la médecine et faire en sorte que le système leur fournisse le personnel administratif requis pour qu'ils puissent soigner leurs patients. Il n'est pas raisonnable de demander à des médecins de réduire le temps consacré aux soins pour passer des commandes et transcrire des notes. Ce serait un atout énorme pour maintenir le personnel en poste, surtout dans les régions nordiques et rurales, et pour lutter contre l'épuisement professionnel chez les jeunes médecins, qui semble prendre des proportions alarmantes.
Je ne suis pas un expert et je ne travaille pas non plus dans une collectivité rurale ou mal desservie mais, à titre de spécialiste, je me préoccupe de tous les patients atteints d'une tumeur rare en Ontario. Selon les échos que je reçois de mes collègues du Nord, le problème est beaucoup plus grave dans les régions éloignées en raison du bassin de travailleurs réduit et des compressions dans certains services essentiels.
L'accès accéléré aux soins virtuels a facilité la gestion de la crise que nous traversons. Nous pouvons maintenant accomplir beaucoup plus de tâches de manière virtuelle, mais il faut assurer l'équité du système et de l'accès aux ressources non seulement dans les hôpitaux, mais dans tous les milieux de soins, y compris les bureaux de santé situés en région éloignée.
Il faut dès aujourd'hui réfléchir à de nouveaux modèles de santé pour optimiser l'utilisation des ressources de plus en plus restreintes en raison de l'épuisement professionnel des effectifs dans un contexte où les pénuries de personnel et la lourdeur de l'administration exercent une pression constante.
Je suis convaincu que l'accroissement des effectifs sera déterminant, mais c'est quelque chose qui prendra du temps. Les programmes accélérés de recrutement à l'étranger de personnel infirmier et de travailleurs du secteur des soins de longue durée pourraient représenter une partie de la solution, mais il faut former plus de jeunes Canadiens et rendre de nouveau attrayantes les professions de soins aux personnes malades et dans le besoin.
La modernisation des ressources serait très bénéfique pour les établissements situés dans les régions rurales. Le personnel serait fier de travailler dans un tel contexte et il serait plus facile de les retenir et de faire du recrutement si le matériel médical est aussi moderne qu'au centre-ville de Toronto. Les nouveaux pourront faire leur travail comme ils l'ont appris. Ce serait sûrement efficace aussi pour réduire le taux d'épuisement professionnel dans le secteur des soins.
Bref, tous les travailleurs de la santé, autant le personnel chargé de maintenir les lieux propres ou d'assurer notre sécurité que les techniciens, le personnel infirmier et les médecins, tous se donnent corps et âme pour prodiguer les meilleurs soins aux patients.
J'en suis convaincu, tout comme je suis convaincu que des mesures s'imposent dès aujourd'hui pour nous protéger contre l'épuisement professionnel. Je remercie le Comité de m'avoir donné la possibilité de m'exprimer sur cet enjeu.
:
Enfin, il faut de toute urgence débloquer des fonds pour la prévention et le traitement en santé mentale. Selon le sondage que la FEMC a réalisé auprès de ses membres en 2017, 37 % environ des étudiants en médecine du Canada remplissaient les critères de l'épuisement professionnel. Il s'agit d'une proportion alarmante, d'autant plus que ce sondage a été réalisé avant la pandémie.
Wesley Verbeek, qui étudiait en médecine en 2017, résume très bien la situation quand il dit qu'il y a un problème quand des étudiants, dont la formation porte sur les soins en santé mentale et en santé physique, n'ont pas le temps de s'occuper d'eux-mêmes. Il ajoute que les étudiants doivent apprendre et faire énormément de choses en peu de temps. Ils doivent s'accrocher, sans jamais lâcher. C'est une pression énorme parce que plus ils réussissent à tenir le rythme, plus ils ont de chances d'obtenir la place de résidence convoitée.
Notre ancien président, le Dr Franco Rizzuti, explique que les étudiants en médecine ont tendance à être hyperperformants et très résilients, mais que l'effet cumulé de plusieurs facteurs de stress peut mener à l'anxiété, à la dépression et à l'épuisement professionnel.
Les contraintes de temps, le manque de sommeil, les semaines de 70 heures durant les stages cliniques, le fait de voir mourir un patient pour la première fois et les problèmes personnels peuvent avoir raison des meilleurs mécanismes d'adaptation, selon le Dr Rizzuti. Il se demande comment nous pourrons améliorer la santé et le bien-être globaux au sein de la profession médicale générale si les stagiaires, qui n'ont pas encore à composer avec le stress lié à l'exploitation d'une entreprise et aux exigences du travail sur appel, présentent déjà des taux élevés d'épuisement professionnel et de dépression.
La conjugaison de facteurs comme les longues périodes d'attente et l'accès difficile à de l'aide en santé mentale pour les stagiaires, en raison des exigences de leur formation, crée une situation de crise.
:
Nous avons trois recommandations à formuler.
Il est urgent que le gouvernement fédéral fasse preuve de leadership en vue de la mise en place d'un plan national intégré dans les secteurs de la santé et des ressources humaines, qui sera fondé sur une approche intergouvernementale.
Il faut éliminer les obstacles pour les professionnels de la médecine en appuyant l'adoption d'un système national de délivrance des permis d'exercice qui leur permettra d'offrir des soins dans les provinces et les territoires où les patients en ont le plus besoin.
Enfin, pour remédier à la crise dans ce domaine, il faut améliorer l'accès à l'aide en santé mentale pour les stagiaires en médecine.
Nous sommes au début de notre vie de service à nos communautés, et l'adoption des mesures recommandées se traduira par une plus grande qualité des soins pour l'ensemble de la population. Dans mon travail auprès des aînés de la nation des Pieds-Noirs de Mohkinstsis, le nom donné à Calgary dans la langue pied-noir, j'ai eu le privilège de recevoir beaucoup d'enseignements sur l'importance de cheminer en parallèle. C'est ce que nous devons faire maintenant. Nous devons travailler main dans la main pour créer un système de santé qui favorise le bien-être et la durabilité, ainsi qu'une approche proactive de la sécurité des patients.
Nous vous demandons d'agir avant qu'il soit trop tard. Nos professeurs ont besoin de vous, et nous aussi. Cet enjeu transcende les partis. Les Canadiens vous veulent dans leur équipe.
Mahsi cho. Merci, monsieur le président, et merci au Comité d'avoir entendu notre témoignage.
Je suis médecin de famille, et je représente la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec, ou FMOQ.
En premier lieu, je tiens à remercier le Comité permanent de la santé de la Chambre des communes, et tout particulièrement M. Luc Thériault, député de Montcalm, de nous permettre d'offrir quelques commentaires sur l'état des effectifs médicaux en médecine de famille au Québec.
La FMOQ est un syndicat professionnel représentant les quelque 10 000 médecins de famille qui exercent la profession dans le réseau de la santé au Québec. Il est un organisme représentatif reconnu par l'État québécois pour négocier, avec le ministre de la Santé et des Services sociaux, les conditions de pratique de ses membres. Par contre, ce n'est pas seulement un syndicat, mais aussi un acteur important en matière de planification et d'organisation des soins médicaux généraux au Québec, ainsi que la plus importante entreprise de formation médicale continue en médecine de famille au Québec.
La FMOQ et ses membres jouent un rôle central dans la bonne marche du système de santé québécois. On l'a vu dans le cadre de la crise sanitaire liée à la pandémie de la maladie à coronavirus. Nous avons fait la démonstration que notre organisation est un partenaire indispensable et incontournable pour les décideurs politiques et les gestionnaires du réseau.
La pandémie a révélé que la FMOQ et ses membres ont répondu présent à tous les niveaux d'intervention. Ils ont su, de façon proactive et avec beaucoup d'initiative, réorganiser rapidement l'offre de services en première ligne, tout en appuyant activement les soins aux malades en deuxième ligne et les différents services offerts en établissement. Que ce soit dans les cliniques médicales de première ligne, dans les salles d'urgence, dans les unités d'hospitalisation, aux soins intensifs, dans les centres de soins de longue durée, dans les centres locaux de services communautaires, dans les soins à domicile, dans les soins palliatifs, qu'ils soient donnés à domicile ou en établissement, ou dans le cadre du travail lié à l'aide médicale à mourir, quel que soit le milieu de pratique, les médecins de famille québécois ont été à la hauteur. Ils continuent de l'être aujourd'hui et ils le seront demain. Ils sont solidaires à l'égard des besoins de la population.
Au Québec, les médecins de famille couvrent à la fois la première et la deuxième ligne médicale. À l'échelle du Canada, ils sont plus nombreux à pratiquer en deuxième ligne. L'effort additionnel qu'a commandé l'état d'urgence sanitaire pour les médecins de famille les a assurément marqués. Cet effort s'est traduit par une augmentation des jours travaillés et, conséquemment, par un épuisement palpable sur le terrain. Cela a été un stress important sur les plans physique, psychologique et professionnel que de devoir faire face à un rythme soutenu de travail et d'être continuellement en adaptation, autant pour la couverture des soins, où la demande variait constamment en fonction de la pandémie, qu'au sein des équipes médicales, où l'absence impromptue des effectifs pour raison d'isolement à cause de la COVID‑19 mettait tous les professionnels en mode adaptation rapide, et ce, de façon constante.
L'exercice de la médecine pendant la pandémie, à certains égards, s'en est vu ainsi bouleversé. Pour ne donner qu'un seul exemple, l'avènement en force de la télémédecine dans la pratique de tous les jours a durablement et rapidement modifié les habitudes. Malheureusement, pour soutenir tous ces efforts auprès de la population et pour bien coordonner tous ces changements sur le plan professionnel, l'état de nos effectifs ne se situe pas à un niveau optimal. Bien au contraire, nombreux sont ceux qui manquent à l'appel. Comme nous l'avons déjà répété à de multiples reprises au cours des derniers mois, il manque actuellement plus de 1 000 médecins de famille au Québec pour combler la totalité des besoins.
Les raisons de cette pénurie sont multiples. Outre les bouleversements et la fatigue qu'a générés la pandémie au sein des effectifs ces dernières années, il y a un accroissement important de la lourdeur des tâches médico-administratives. Cela donne lieu à une baisse d'attractivité de la profession pour ce qui est des nouveaux aspirants à l'exercice de la médecine.
À titre informatif, le Service canadien de jumelage des résidents met en avant un système de candidature, de sélection et de jumelage à des postes de formation postdoctorale en médecine partout au Canada. Cette année encore, les finissants boudent la médecine familiale au profit d'autres spécialités médicales, et ce, de façon très importante au Québec. Un peu plus de 90 postes en médecine familiale au Québec sont restés vacants après le premier tour de jumelage. Il ne faut jamais oublier qu'un poste non pourvu en médecine de famille peut avoir une incidence négative sur l'accès aux soins de première ligne pendant plus de 30 ans. Pour nous, cette situation est aussi triste qu'alarmante. La médecine de famille au Québec a un urgent besoin d'être valorisée auprès des étudiants en médecine. Trop de personnes, dont certaines aux plus hauts niveaux, ont malheureusement dénigré cette profession au cours des années, ce qui a produit les résultats que l'on connaît.
Sur le plan des effectifs, il manque donc au moins 1 000 médecins de famille au Québec. C'est une pénurie importante. Au cours des sept dernières années, dont les deux dernières années en particulier, plusieurs postes sont restés vacants.
De plus, il y a moins d'activités de première ligne au Québec que dans le reste du Canada. Les médecins de famille du Québec font preuve d'une plus grande polyvalence que les médecins de famille ailleurs au Canada. En effet, environ 50 % d'entre eux exercent dans au moins deux milieux de pratique. Le nombre de médecins de famille par 100 000 habitants est plus bas au Québec que dans le reste du pays.
Selon les dernières données existantes pour 2020‑2021, il y a approximativement 9 800 médecins de famille dans le régime public québécois, et plus de 7 500 d'entre eux offrent des services de première ligne. De plus, 3 737 soignants s'occupent des patients en milieu hospitalier, 2 453 travaillent dans les salles d'urgence, 2 303 travaillent dans les centres d'hébergement et de soins de longue durée, ou CHSLD, et plus de 117 travaillent dans un service d'obstétrique, où il y a eu au moins 34 000 accouchements en 2020‑2021. D'autres travaillent dans divers secteurs, comme les soins palliatifs, la réadaptation, et ainsi de suite.
Il importe de tenir compte de la polyvalence des médecins de famille québécois, dont la contribution à la charge de travail des médecins de famille en établissement se situe entre 35 et 40 % comparativement à environ 20 % en Ontario, si l'on veut se faire une idée juste des effectifs en médecine familiale au Québec qui sont disponibles en première ligne. Nous voulons également insister sur le fait que les difficultés d'accès aux investigations spécialisées ainsi que les délais d'attente visant les consultations et les interventions chirurgicales donnent lieu à une surconsultation. Par exemple, les patients peuvent consulter plusieurs fois leur médecin de famille pour l'ajustement de la posologie liée à un analgésique ou lorsqu'ils sont en attente d'une intervention chirurgicale ou d'une évaluation. Cet autre problème vient à son tour accroître la surcharge de travail des médecins de famille.
De plus, notamment dans les régions éloignées du Québec, l'état des effectifs médicaux en médecine familiale, bien que loin d'être optimal, s'est révélé relativement stable ces dernières années. Toutefois, certaines régions, comme l'Abitibi‑Témiscamingue, Chibougamau et les Îles‑de‑la‑Madeleine, se détachent du lot. En effet, ces territoires géographiques peinent davantage que les autres à recruter des médecins.
Mentionnons aussi les zones rurales qui, actuellement, sont les secteurs géographiques les plus mal en point à cet égard. Les médecins de famille qui exercent en zones rurales sont souvent des médecins en fin de carrière, qui ont consacré l'essentiel de leur pratique à leur communauté. Il y a très peu de relève médicale dans ces communautés rurales qui, pourtant, ne sont pas toujours si éloignées d'un centre urbain. En effet, de nombreux jeunes médecins hésitent à commencer leur carrière dans des milieux aussi isolés. De nombreux sous-territoires vivent d'importants problèmes de recrutement. En ce qui concerne les communautés autochtones, depuis quelques années...
:
Bonjour et merci de me donner l'occasion de rencontrer le Comité.
J'ai préparé de brèves remarques liminaires qui vous aideront à comprendre la nature de notre travail et quelques-unes des leçons que nous avons apprises.
Health Intelligence a réalisé des travaux dans des domaines connexes. Notre équipe de quatre personnes est composée de spécialistes de la direction de projet, des statistiques de la santé, du génie informatique et de la gestion de projet. Nous avons tous été consultants dans le secteur de la santé pendant au moins 20 ans, et plus particulièrement dans le domaine de la planification des ressources et des services cliniques depuis les 10 dernières années. Nous avons notamment réalisé des travaux de planification des ressources et des services de portée et d'intensité variées pour neuf provinces ou territoires.
J'estime que le type de planification que nous faisons représente un aspect fondamental du mandat du Comité, surtout pour ce qui concerne les efforts de recrutement et de maintien en poste, qui sont voués à l'échec s'il n'y a pas de plan de recrutement.
Sans planification, les systèmes de santé atteignent rarement, sinon jamais, leur plein potentiel. Les ressources humaines représentent l'essence des systèmes de santé. La technologie, les lits et les produits pharmaceutiques sont certes essentiels à son fonctionnement mais, au bout du compte, la qualité des soins que reçoivent les patients est intrinsèquement liée à la qualité des ressources humaines.
Dans le secteur de la santé, la planification des ressources humaines vise l'équilibre entre l'offre, la demande et les besoins dans un système de prestation de services à forte intensité de main-d'œuvre. Il faut bien comprendre les effets conjugués de la complexité des effectifs, des rôles de l'offre et de la demande dans les pénuries, des tendances démographiques et des conditions de travail pour bien évaluer les pressions actuelles et à long terme sur les effectifs.
La planification des ressources et les initiatives stratégiques associées ne peuvent pas donner les résultats attendus si elles ne sont pas coordonnées pour l'ensemble des effectifs. Si la planification et les politiques du système de santé, ainsi que leur mise en application ne sont pas fondées sur la planification des effectifs, rien ne changera. Au Canada, cela signifie que la croissance restera foncièrement axée sur la demande et un changement des besoins liés aux effectifs dans le secteur de la santé.
Cela dit, les projections liées aux services cliniques reposent sur des hypothèses concernant les principaux déterminants liés aux besoins de la population et le bassin de main-d'œuvre. La planification des ressources et des services consiste à façonner les projections en fonction des stratégies, des politiques et des objectifs organisationnels. Comme vous le savez sûrement, il n'existe pas de formule rigide en matière de planification, mais elle ne peut pas non plus être strictement intuitive. En fait, c'est un travail d'exploration, qui exige à la fois de trouver l'information et d'y réagir.
Notre méthode de prédilection depuis plus d'une décennie fait intervenir un modèle corrigé axé sur les besoins de la population. Le modèle primaire axé sur les besoins de la population est corrigé et modifié pour tenir compte des faiblesses intrinsèques connues. Les éléments et les variables utilisés dans notre modèle représentent les fondements de la complexité d'une planification décennale continue et intégrant le rechargement constant des données et des composantes qualitatives. Cette planification assure la prestation de soins équitables, durables et fondés sur les besoins de la population en matière de santé.
Pour que les soins soient centrés sur les patients, comme il a été mentionné précédemment, la collaboration et le travail d'équipe sont essentiels. Et pour cela, il faut notamment que le rôle de tous les fournisseurs du système soit optimisé et que les résultats soient mesurables, qu'il y ait un climat de respect mutuel et que la qualité soit une responsabilité partagée.
La méthode, en constante évolution depuis 12 ans, est séquentielle. La première étape est celle de la collecte, de la collation et de l'analyse d'un corpus exhaustif de données, suivie de la saisie d'éléments qualitatifs complets grâce à la participation d'un nombre important de parties prenantes, ainsi que de la mise à jour de notre base de données documentaires. Nous évaluons les facteurs déterminants des besoins et de l'offre. Les résultats conjugués de ces étapes forment la base d'un catalogue de données préliminaire et, ultérieurement, d'un compendium de données qui est la source de l'analyse de l'environnement que nous utilisons pour établir des modèles novateurs de soins.
Les éléments qualitatifs et quantitatifs liés aux besoins et à l'offre sont intégrés au moyen de notre logiciel et du modèle corrigé axé sur les besoins de la population afin de générer un modèle de prévision qui comprend entre autres des mises en situation et des simulations qui sont traduites en hypothèses de base, de référence et fortes en vue de l'établissement d'un plan décennal continu.
Voici pour le contexte et le sommaire de notre approche. Je vais maintenant vous donner une liste des leçons et des points importants qui ont été des constantes dans tous nos travaux. Je précise qu'ils ne sont pas classés par ordre de priorité.
Premièrement, si le patient n'est pas la priorité, alors à quoi bon? Nous avons réussi à nous en sortir avec un système de soins centré sur les fournisseurs. Avec un peu de chance, nous allons réussir à instaurer un système centré sur les patients.
Le recrutement et le maintien en poste des professionnels de la santé sont incontestablement favorisés par la mise en place d'un plan de ressources et de services. Cependant, il est préférable de traiter le recrutement et le maintien en poste comme des entités distinctes, car ils se distinguent par des éléments moteurs différents.
Les soins en milieu rural et éloigné bénéficient de programmes des différents ordres de gouvernement, mais nécessitent un soutien avec les outils modernes de la santé numérique.
Les thèmes récurrents dans toutes les administrations sont les soins collaboratifs, la santé mentale et les toxicomanies, les soins palliatifs, les populations vulnérables, la santé publique, la santé maternelle et infantile et les soins aux personnes âgées. Ces thèmes reviennent en tête de liste dans toutes les administrations où nous travaillons.
Comme nous l'avons mentionné — et il est important de le souligner —, pour être efficace, un plan de ressources et de services doit être axé sur la navigation et non pas prescrire. La planification doit être adaptée aux priorités de l'administration et à une évaluation des besoins. Tous les fournisseurs doivent s'appuyer dans leur travail sur des ETP cliniques, y compris un mandat universitaire.
Il faut que l'élaboration des modèles de soins optimise les rôles de toutes les disciplines de prestation et repose sur un partage de la responsabilité en matière de qualité. L'incapacité à réaliser des avancées dans les modèles de soins perpétue le statu quo et marginalise les prestataires qui ne sont pas médecins.
Il faut également mettre davantage l'accent sur la généralité. C'est l'une des clés de la transformation des soins de santé.
Enfin, monsieur le président, la planification que je viens de décrire n'est certainement pas une fin, mais un début.
Je vous remercie.
Je m'appelle Janet Morrison, et je suis présidente et vice-chancelière du Sheridan College.
Nos campus sont situés sur le territoire traditionnel de plusieurs nations autochtones, notamment les Anishinabe, les Haudenosaunee, les Wendat, les Métis et la Première Nation des Mississaugas de New Credit.
Merci beaucoup de m'avoir invitée à parler du rôle essentiel des établissements postsecondaires comme Sheridan dans le façonnage de l'avenir du personnel paramédical du Canada.
Avant de commencer, je tiens à saluer et à remercier la députée Sonia Sidhu pour le rôle qu'elle joue dans la défense des soins de santé à l'échelle locale et nationale.
Sheridan est l'un des 24 collèges publics de l'Ontario. Nous comptons plus de 55 000 étudiants à temps plein et à temps partiel inscrits à une variété de programmes menant à un diplôme ou à un certificat dans les domaines des arts et du design, de la technologie, des affaires, de l'informatique, des métiers spécialisés et de la santé. Nous avons trois campus dans certaines des villes qui connaissent la croissance la plus rapide du pays: Oakville, Mississauga et Brampton. Notre campus de Brampton héberge notre faculté de santé appliquée et d'études communautaires, où plus de 3 000 apprenants sont actuellement inscrits à des programmes comme la pratique des sciences infirmières, la thérapie sportive, la kinésiologie et les services de soutien à la personne, entre autres.
Nos diplômés jouent un rôle essentiel dans les soins de première ligne partout en Ontario en veillant à la santé et au bien-être des Canadiens, qu'il s'agisse de personnes âgées, de jeunes confrontés à des obstacles ou de personnes atteintes de maladies chroniques. L'aspect pratique de l'apprentissage au Sheridan College commence tôt. Chaque année, nous envoyons 1 500 étudiants en stage dans des établissements de première ligne, ce qui représente des milliers d'heures de service dans la communauté, que ce soit dans des hôpitaux, des pharmacies, des foyers de soins de longue durée, des refuges, des maisons de transition, des cliniques sportives ou, dans le secteur privé, dans l'industrie pharmaceutique et les technologies de la santé.
J'aimerais vous faire part de ce que nous disent nos étudiants, nos anciens élèves, nos professeurs et nos partenaires sur le terrain, dans les communautés, à propos des réalités de leur lieu de travail. Avant même le début de la pandémie, la municipalité locale de Brampton avait déclaré une urgence sanitaire. Le manque de personnel de première ligne qualifié et agréé pour prendre soin de la population florissante et de plus en plus diversifiée de la ville était un facteur essentiel. La ville, comme une grande partie de la région du Grand Toronto, connaissait un afflux de nouvelles familles qui s'installaient et une population vieillissante, deux catégories qui avaient toutes deux besoin de soins culturellement compétents alors qu'il y avait de nombreux départs à la retraite chez le personnel de santé.
Puis la pandémie a frappé. Pendant quelques très longues semaines, les infections à la COVID ont ravagé le cœur de nos quartiers à Brampton. Les infections ont atteint un niveau record et le taux de vaccination était parmi les plus bas de notre province.
Le Sheridan College a pris l'initiative de respecter son engagement en tant qu'établissement d'ancrage en organisant des cliniques de vaccination à grande échelle sur son campus Bill Davis à Brampton. Bien que nous ayons été heureux de fournir l'espace, surmonter l'hésitation de la population locale à se faire vacciner a nécessité un effort uni des organisations de services sociaux des communautés sud-asiatiques, noires, latines et philippines.
L'effort interprofessionnel combiné de tant de citoyens concernés, d'employés du Sheridan qui ont donné de leur temps et d'organisations a permis de livrer 35 000 doses de vaccin et a permis à Brampton et à la région de Peel de surmonter ce qui semblait être un défi insurmontable. Cette clinique a été un énorme succès, mais elle nous a aussi appris des leçons vraiment essentielles.
Premièrement, la pandémie a durement frappé les merveilleux professionnels de la santé en première ligne et le système dans son ensemble — ce que vous savez certainement. Les besoins en matière de soins de santé dans la collectivité augmentent, tout comme la main-d'œuvre a du mal à attirer de nouveaux talents et à maintenir les professionnels en poste, car beaucoup d'entre eux prennent leur retraite ou changent de profession. On prévoit qu'il manquera 20 000 infirmières et infirmiers et préposés aux services de soutien à la personne en Ontario d'ici 2024. C'était avant la pandémie. Un médecin local m'a dit qu'il avait perdu un quart de son personnel infirmier dans la salle d'urgence.
Deuxièmement, nous avons vu de nos propres yeux et entendu de la part de tant de personnes que veiller au bien-être d'une population croissante et diversifiée est une tâche de plus en plus complexe pour laquelle il faut avoir davantage de contacts individuels, susciter la confiance dans un contexte culturel ou religieux, et disposer de réseaux de soins interprofessionnels intentionnels et coordonnés. Ce point a été davantage souligné lors d'une table ronde organisée par le Sheridan College en janvier, qui a rassemblé des voix éminentes de toute la région de Peel, notamment des hôpitaux, des unités de santé publique, des centres de soins de longue durée, des laboratoires commerciaux et des associations de soins de santé.
Troisièmement, de nombreux professionnels formés à l'étranger continuent d'avoir du mal à percer sur le marché du travail. Compte tenu des leçons que j'ai déjà mentionnées, cela n'a aucun sens. Plutôt que de faire des petits travaux pour joindre les deux bouts et subvenir aux besoins de leur famille, de nombreux professionnels de la santé qualifiés pourraient travailler en première ligne et contribuer à résoudre la crise.
Bien que je parle du vécu de notre coin du monde dans la région de Peel, je soupçonne que la situation est semblable dans d'autres parties du Canada. Je ne pense pas que ces défis soient insurmontables, cependant, alors permettez-moi de vous énumérer quelques idées sur ce que le gouvernement fédéral pourrait faire.
Premièrement, nous savons que l'une des raisons pour lesquelles la pandémie a frappé certaines collectivités plus durement que d'autres est la prévalence des maladies chroniques dans ces collectivités. Dans la seule région de Peel, les taux de diabète, d'arthrose, de cancer et de maladies cardiaques sont en hausse depuis des années. Nous devons nous concentrer sur la protection de nos collectivités contre la prochaine pandémie en nous attaquant aux maladies chroniques. Les établissements publics d'enseignement postsecondaire peuvent avoir un rôle important dans ce domaine grâce à leurs recherches et à leurs méthodes d'enseignement appliquées, qui comprennent des stages dans divers milieux, des partenariats avec la collectivité et l'industrie et l'utilisation de la technologie. Je sais que l'enseignement postsecondaire est de compétence provinciale, mais il existe de nombreux exemples de la façon dont le gouvernement fédéral a soutenu les établissements universitaires dans des domaines comme le développement des compétences, la recherche et l'innovation technologique.
Deuxièmement, nous attirons déjà beaucoup de talents internationaux au Canada par le truchement du système d'éducation postsecondaire et du système de points d'appréciation d'immigration pour les travailleurs qualifiés. Dans les deux cas, les collèges subventionnés par l'État, comme le Sheridan, constituent souvent la voie vers une nouvelle carrière et une nouvelle vie au Canada. Bon nombre de nos diplômés obtiennent un permis de travail et, en fin de compte, la résidence canadienne.
Les immigrants formés à l'étranger viennent également nous voir pour se perfectionner grâce à des microcrédits afin de pouvoir répondre aux exigences des employeurs canadiens, mais beaucoup trop d'entre eux sont laissés pour compte. Le principal écueil est le manque de renseignements cohérents et précis fournis aux personnes dans leur pays d'origine par des agents non réglementés et souvent sans scrupules, avant leur arrivée au Canada.
Je demande instamment à ce comité d'inciter les collèges publics à faire partie de la solution en renforçant les voies de communication pour les demandeurs de visa éventuels, qu'il s'agisse d'étudiants ou d'immigrants qualifiés.
Un autre domaine de grand stress pour les diplômés qui se préparent à entrer dans le monde du travail de la santé est le logement. Nos campus sont situés dans des villes où l'accessibilité au logement est une préoccupation majeure pour la plupart des gens. Les solutions débattues ignorent souvent la population étudiante. Qu'il s'agisse d'étudiants étrangers ou canadiens, l'offre restreinte de logements sûrs sur le campus ou à proximité et la flambée des loyers dans les quartiers de banlieue font que bon nombre d'entre eux vit dans des logements locatifs surpeuplés et peu sûrs.
Au Sheridan College, nous voulons régler le problème de l'abordabilité du logement pour les étudiants, qu'ils choisissent de vivre sur le campus ou à l'extérieur. Bien que nous aimerions pouvoir offrir plus d'options, il n'est pas financièrement viable pour nous d'entreprendre la construction et l'exploitation de nouveaux logements dans la région du Grand Toronto sans l'aide du gouvernement. Par conséquent, nous demandons que les établissements postsecondaires soient admissibles à des subventions d'investissement dans le cadre du fonds d'accélération de la construction de logements.
Enfin, nous devons nous pencher sur le soutien essentiel dont les étudiants ont besoin pour faire la transition vers le marché du travail après l'obtention de leur diplôme. Qu'un étudiant soit canadien ou étranger, nous devons lui offrir la même éducation enrichie en théorie et en pratique appliquée. Les étudiants canadiens et étrangers qui obtiennent un diplôme de nos programmes sont prêts à répondre à la demande de compétences sur le lieu de travail, et ces lieux de travail, comme le secteur des soins de santé, en ont un besoin urgent. Le gouvernement fédéral peut les soutenir en accélérant leur carrière, en rendant tous les étudiants étrangers inscrits dans des établissements postsecondaires accrédités admissibles au programme Emplois d'été Canada, par exemple. Cela permettrait de combler les lacunes et les besoins des marchés du travail locaux, de fournir aux étudiants étrangers l'expérience de travail canadienne essentielle dont ils ont besoin, de les aider à construire leur parcours vers la résidence au Canada et de les rémunérer équitablement dans leurs placements professionnels.
Permettez-moi de vous assurer que, d'après ce que j'ai vu de nos étudiants étrangers, ils sont précisément le genre de citoyens dont le Canada a besoin pour aider à renforcer notre tissu social et notre main-d'œuvre en santé. Le Sheridan organise un sommet sur l'expérience des étudiants étrangers plus tard cet été, ouvert aux résidants, aux étudiants, aux établissements postsecondaires, aux décideurs de tous les ordres de gouvernement et plus encore. C'est avec plaisir que nous communiquerions les recommandations de ce sommet au Comité.
Je remercie infiniment le Comité permanent de la santé de la Chambre des communes de m'avoir invitée à présenter cette députation aujourd'hui. Je vous félicite pour l'énorme travail que vous accomplissez afin d'améliorer la vie de tous les Canadiens. C'est avec grand plaisir que je répondrai à vos questions.
:
Vous soulevez un point incroyablement important auquel nous faisons face en tant qu'apprenants en médecine.
Une chose que le monde universitaire fait très bien, c'est ajouter des choses sans jamais évaluer s'il y a vraiment lieu de continuer à garder certaines des choses qui sont encore des pièces du puzzle.
Au cours des dernières décennies, nous avons acquis dans l'enseignement médical une compréhension de la science. Nous continuons à faire de nouvelles percées dans le domaine des soins de santé et dans la façon dont nous pouvons fournir ces soins, mais nous ne regardons jamais la portée pratique de ce que nous essayons d'accomplir.
Comme l'a mentionné le Dr Peachey, nous devons vraiment réévaluer le temps que nous consacrons aux choses et les priorités que nous établissons. Une chose importante que nous constatons dans la façon dont nous avons fait nos évaluations est que certains des aspects que nous essayons d'étudier ne font pas forcément ce que nous devons faire. Par exemple, ils intègrent les antibiotiques ou la pharmacologie dans notre programme, mais comme nous le savons, la pharmacologie change constamment. La recherche donne toujours lieu à des changements. Or, il existe une multitude d'applications qui nous donnent ces renseignements en un clin d'œil.
Est‑ce à ça que nous devons passer notre temps, ou nous faut‑il acquérir des compétences en une bonne prestation de soins centrés sur le patient?
Lorsqu'il s'agit des pressions qui nous sont imposées, celles‑ci se résument aux évaluations et au degré de contenu que nous essayons de fournir, mais aussi aux pressions et au vécu de nos enseignants. Ils sont soumis à leur propre fardeau en tant que prestataires de soins de santé dans ce système. Lorsque quelque chose comme la pandémie se produit, cela ne fait qu'ajouter une couche supplémentaire à leur responsabilité de former les futurs fournisseurs de soins de santé et de continuer à soutenir le système de soins de santé qui est nécessaire pour assurer la santé des Canadiens.
:
Je vais peut-être faire tout ça, brièvement.
Je relève un certain thème commun dans les différents témoignages pour ce qui est de la façon dont la nature de la pression a changé en ce qui concerne les soins de santé. Il y a plus de données à connaître que jamais auparavant. C'est une bonne chose. Nous sommes en mesure d'aider les patients comme nous ne pouvions pas le faire il y a 5 ou 10 ans.
Les attentes sont plus élevées, car la révolution des consommateurs qui a transformé d'autres aspects de l'économie transforme maintenant le secteur des soins de santé.
Il s'agit donc de trouver un équilibre entre ce que nous attendons de nos travailleurs de la santé et ce que nous pouvons raisonnablement attendre d'eux. Je pense que lorsque nous parlons des médecins — et bien sûr, les médecins ne sont pas les seuls travailleurs de la santé — les choses deviennent encore plus difficiles parce qu'on nous a enseigné pendant si longtemps que nous ne devrions pas tomber malades, que nous devrions simplement continuer tant bien que mal, et ainsi de suite, comme si les médecins n'étaient pas humains et étaient en quelque sorte au‑dessus de ça.
En ce qui concerne ce que nous voulons que l'effectif de santé soit, je crois qu'il nous faudra équilibrer ces éléments et reconnaître également que, même si la COVID va aller et venir, les soins de santé ont fondamentalement changé. Pensez un instant à la façon dont les gens exerçaient le métier dans les années 1970, lorsque Marcus Welby, M.D. était l'émission de télévision la plus populaire en Amérique du Nord. Près d'un foyer sur quatre regardait cette émission américaine. Si quelqu'un avait une crise cardiaque, Marcus Welby lui conseillait de garder le lit, car il n'y avait pas grand-chose d'autre à faire. Il est certain qu'on n'avait pas besoin de lire des quantités de revues médicales pour prescrire quatre ou six semaines de repos au lit.
Aujourd'hui, bien sûr, nous disposons de produits qui détruisent les caillots. Il est prouvé que les antidépresseurs pour les personnes à risque sont indiqués après un infarctus du myocarde. Toutes ces choses se rejoignent.
Où est‑ce que je veux en venir? Il y a eu un thème commun de reconnaissance de l'épuisement professionnel et des troubles de santé mentale, mais aussi un point commun pour nous de devoir aussi trouver des solutions innovantes.
:
Je peux répondre à cette question. C'est une question fantastique.
Je suis quelqu'un qui veut être médecin de famille, alors j'ai peut-être un parti pris pour cette question. Mme Hernandez le veut aussi.
C'est une très bonne question et quelque chose qui, comme nous l'avons dit, est très propre à la région et aux personnes qui entrent à la faculté de médecine. Les conversations sur les perspectives de carrière dans les facultés de médecine montrent qu'il faut trouver ce qui vous apporte le plus de joie et ce dans quoi vous excellerez. En fin de compte, être médecin, n'importe lequel des différents types de médecins, est une chose très personnelle.
En fin de compte, les facultés de médecine nous apprennent à être des généralistes. Nous obtenons notre diplôme en possédant toutes les compétences de base pour être un médecin d'un point de vue général, mais les soins ont tellement changé au cours des 20 ou 30 dernières années, que de plus en plus d'hyperspécialisations sont nécessaires en raison de la qualité des soins et de la nature expansive des spécialités de soins de santé.
Parallèlement, vous avez mentionné qu'il y a un immense besoin de médecins de famille dans ce pays. En tant qu'étudiant actuellement en stage clinique, c'est quelque chose que je constate assez couramment. Le nombre de personnes qui n'ont pas de médecin de famille et qui se présentent au service des urgences ou à l'hôpital est incommensurable. L'impact — non seulement des facteurs systémiques, mais aussi de la médecine préventive pour ce qui est de l'accès aux soins — est dévastateur pour ces patients.
Du point de vue des étudiants en médecine, c'est une chose dont nous devons tous tenir compte, dont nous avons besoin en tant qu'individus et dont les populations que nous essayons de servir ont également besoin.
:
Oui, il a certainement soulevé le point.
En moyenne, récemment, nous avons vu environ 70 étudiants en médecine par année ne pas être jumelés après le deuxième tour. Souvent, nous avons de nombreuses places en médecine familiale qui sont disponibles, surtout au Québec. Cette province réussit mieux à rendre plus de places disponibles.
Souvent, ça devient une question politique. Comme vous pouvez le constater, en Alberta, nos médecins n'ont pas vraiment de contrat, de sorte que leur rémunération peut varier considérablement. Cela a certainement un impact sur les personnes qui souhaitent s'orienter vers la médecine familiale ici, en Alberta. Cette année, 26 % de nos places en médecine familiale n'ont pas été jumelées à l'Université de Calgary, ce qui est le taux le plus élevé que nous ayons vu.
En tant que personne qui veut être jumelée ici, en Alberta, parce que ma famille est ici et que mes ancêtres viennent de la Première Nation de Cold Lake, dans le nord de l'Alberta, j'aimerais pouvoir rester ici et pratiquer ici, dans ma province. Malheureusement, il y a un aspect politique à la médecine, comme vous le voyez ici, comme nous vous le représentons aujourd'hui, car il y a des pièces politiques qui soutiennent notre succès continu et les gouvernements décident des places en résidence. Par conséquent, nous devons travailler avec eux pour élaborer des programmes qui ont des places pour les étudiants, afin de pouvoir continuer à les former.
:
Chaque personne est différente et le vécu de chacune est différent, mais nous constatons qu'au cours des 10 dernières années, la documentation est devenue beaucoup plus réfléchie et mature, ce qui est une façon élégante de dire que d'autres personnes cherchent des réponses et je pense qu'il y en a quelques-unes.
Elles comprennent, tout d'abord, une culture du bien-être permettant aux médecins d'obtenir des soins, et des soins en temps opportun, et rendant acceptable le fait que les médecins le souhaitent. Nous constatons également que l'autonomisation peut être utile. Bien que je sois très reconnaissant d'être médecin, il y a des frustrations incroyables, comme d'autres l'ont dit aujourd'hui, y compris des frustrations très modernes en ce qui concerne les dossiers médicaux électroniques et autres. Ce sont des problèmes qu'il serait utile de régler, parfois par des mesures très simples.
Bien sûr, on peut aussi penser à des façons dont les médecins pourraient se soutenir mutuellement, tout comme les autres travailleurs de la santé. On pense au soutien entre les pairs, et ainsi de suite.
Ce que je veux dire, c'est que si l'épuisement professionnel est un phénomène très courant, il existe des mesures très raisonnables que l'on peut prendre pour y remédier. La clé est de le faire et de s'éloigner de la pensée qui prévalait il n'y a pas si longtemps en Amérique du Nord et en Occident, à savoir que les médecins ne tombent pas malades et que nous n'avons pas besoin de nous soucier de leur santé.
Nous avons passé énormément de temps aujourd'hui à parler de la façon d'attirer plus de gens dans le secteur des soins de santé, des conversations très raisonnables, et elles nous font comprendre l'importance de retenir ces personnes et de s'assurer qu'elles travaillent de façon efficace et efficiente également.
:
C'est une excellente question.
Je crois qu'il faudra être imaginatif, parce que le fait d'investir de l'argent ne permettra pas nécessairement d'obtenir la main-d'œuvre nécessaire. Par contre, cela pourrait faciliter la formation continue, un peu comme le mentionnait Mme Morrison.
Il y a aussi d'autres éléments dont il faut tenir compte. Nous sommes au XXIe siècle, et il faut adopter des façons de faire modernes.
Je pense notamment à la télémédecine et au réseautage. Des médecins peuvent se rendre en région, mais la structure du système de soins doit permettre aux citoyens d'avoir accès à des soins et à des spécialistes. On ne peut pas demander à plusieurs spécialistes de s'installer en Abitibi ou dans des endroits peu densément peuplés, parce qu'ils ne pourront pas maintenir leurs compétences à jour s'ils ne sont pas exposés à certains cas.
Par contre, les consultations médicales en ligne ainsi que le réseautage en télémédecine et l'accès à des spécialistes par téléphone, tant pour les consultations entre médecins et patients que pour les consultations entre médecins, sont des facteurs qui permettraient d'améliorer l'offre de services dans les régions rurales et dans les régions éloignées.
Cependant, tout cela entraîne des coûts. Une augmentation des transferts en santé vers les provinces permettrait un meilleur accès dans toutes les régions, tout en tenant compte des besoins en matière de main-d'œuvre. On ne crée pas la main-d'œuvre, et il est impossible de multiplier les effectifs existants. On peut toutefois favoriser la formation de nouveaux médecins au moyen de programmes. Le problème lié au manque de main-d’œuvre n'existe pas seulement dans le domaine de la santé, il existe aussi dans plusieurs autres domaines.
Il faut nous doter de systèmes qui permettent l'accès aux soins de santé. Du moins, il faut que les professionnels de la santé, les spécialistes et les autres intervenants, aient du soutien.
Grâce aux moyens informatiques, technologiques ou robotiques contemporains, les médecins peuvent faire à distance l'auscultation, l'écographie, des manipulations médicales et des interventions chirurgicales. Cependant, il importe de ne pas oublier les coûts engendrés par ces nouvelles façons de faire. Cela nécessiterait, entre autres choses, une augmentation des transferts de fonds en santé.
:
Absolument, et, oui, Mme Hernandez a dû se retirer. Elle devait se rendre dans un autre endroit pour parler de cette question précise.
Lorsqu'il s'agit d'engager des résidents et des étudiants en médecine dans des régions plus rurales, en fin de compte, si l'on considère la question du point de vue « le plus tôt possible dans le pipeline », bien sûr, la meilleure façon de recruter des gens dans une région est de recruter les gens de cette région, alors il faut examiner les possibilités pour les gens des régions rurales de s'inscrire à la faculté de médecine.
Du point de vue du gouvernement fédéral, il s'agit de réduire l'obstacle des coûts et d'augmenter les possibilités pour les personnes de cette région d'acquérir l'éducation requise pour pouvoir postuler et ensuite être admises. Nous avons vu que les admissions dans les facultés de médecine commencent à se pencher sur cette question, mais en amont, il faut également travailler beaucoup plus sur ce point.
Pour ce qui est d'attirer les résidents actuels dans ces espaces, il s'agit en fin de compte d'investir dans la formation offerte dans ces endroits.
Mme Hernandez a mentionné que l'un des principaux problèmes de la médecine rurale est qu'elle est souvent en manque de personnel, car elle ne dispose pas des mêmes ressources. Par exemple, j'ai fait l'une de mes rotations cliniques à Wiarton, une collectivité qui n'est pas trop rurale par rapport à d'autres dans le nord de l'Ontario, mais il y avait quand même des décisions à prendre en matière de gestion, car nous ne disposions pas, par exemple, d'un tomodensitomètre que nous pouvions utiliser immédiatement, ou de tous les bilans sanguins que nous pouvons normalement faire faire.
Rendre ces endroits plus attrayants pour les médecins de différents horizons en s'assurant que ces ressources sont disponibles est un élément, et aussi un partenariat avec les facultés de médecine et un investissement dans plus de places peut-être dans ces endroits serait aussi une chose fantastique. En fin de compte, les gestionnaires essaient de répartir les places dans les résidences du mieux possible en fonction des régions. En définitive, nous n'avons qu'un nombre limité de facultés de médecine et moins de places.
Ce sont là deux ou trois choses que nous pouvons faire.