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NRGO Réunion de comité

Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.

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STANDING COMMITTEE ON NATURAL RESOURCES AND GOVERNMENT OPERATIONS

COMITÉ PERMANENT DES RESSOURCES NATURELLES ET DES OPÉRATIONS GOUVERNEMENTALES

TÉMOIGNAGES

[Enregistrement électronique]

Le mardi 10 mars 1998

• 1106

[Traduction]

Le président (M. Brent St. Denis (Algoma—Manitoulin, Lib.)): La séance du 10 mars du Comité permanent des ressources naturelles et des opérations gouvernementales est ouverte.

Avant de présenter les principaux témoins, je voudrais signaler que le secteur des industries fondées sur les connaissances, qui découle du secteur des ressources naturelles, est un secteur extrêmement dynamique dans lequel le Canada joue à bien des égards un rôle de chef de file. C'est aussi un fait, je pense, que l'on pourrait faire davantage pour promouvoir les industries fondées sur les connaissances qui ont vu le jour dans les domaines des mines, des forêts, de la géomatique et du secteur pétrolier et gazier. Notre comité peut peut-être faire quelque chose à cet égard et aider à mettre au point des politiques gouvernementales pour favoriser la création d'emplois dans ces industries fondées sur les connaissances qui ont vu le jour dans le domaine des ressources naturelles.

Le Canada est encore un pays de coupeurs de bois et de porteurs d'eau. C'est encore la réputation que nous avons, mais nous pourrions faire beaucoup pour montrer au public qu'il se passe toutes sortes de bonnes choses dans le secteur des industries fondées sur les connaissances.

Comme vous le savez, chers collègues, cela nous aidera aussi à mieux comprendre les régions rurales du pays et le développement économique dans les régions que la plupart d'entre nous représentent.

Nous accueillons aujourd'hui de Ressources naturelles Canada M. Marc Denis Everell, sous-ministre adjoint du Secteur des sciences de la terre; et Linda Keen, sous-ministre adjointe, Secteur des minéraux et des métaux. Ils sont accompagnés de plusieurs de leurs adjoints qu'ils nous présenteront au besoin.

J'invite donc soit M. Everell ou Mme Keen à commencer, après quoi nous poserons nos questions. Merci.

Mme Linda Keen (sous-ministre adjointe, Secteur des minéraux et des métaux, ministère des Ressources naturelles): Merci beaucoup, monsieur le président. C'est un honneur pour nous que d'avoir été invités à comparaître devant votre comité aujourd'hui.

Je voudrais d'abord signaler que je regrette n'avoir pas pu rencontrer le comité auparavant comme certains de mes collègues l'ont fait pour vous donner un aperçu de mon secteur, mais nous pourrons peut-être y voir plus tard.

Tout d'abord, je voudrais attirer votre attention sur un document que nous vous avons distribué et dont je vais me servir pour mes déclarations préliminaires. Le document s'intitule «Industries fondées sur les connaissances et les technologies - Les ressources naturelles à l'aube du XXIe siècle».

Je vais me servir du document pour préparer le cadre des discussions que nous allons avoir aujourd'hui et que vous aurez plus tard avec mes autres collègues du secteur des forêts jeudi.

À la page 2, on signale au sujet de l'industrie des ressources, comme vous l'avez vous-même noté, monsieur le président, que les vastes richesses naturelles du Canada contribuent énormément à la prospérité de notre pays, surtout dans les collectivités rurales.

Dans quelle mesure ces industries de ressources sont-elles essentielles? Les ressources naturelles constituent l'un des éléments les plus importants de notre PIB: 95 milliards de dollars en 1996, ou 14 p. 100 du PIB. Le secteur des ressources naturelles du Canada représente 38 p. 100 de nos exportations et est le secteur qui contribue le plus à la balance commerciale positive du Canada. Cette contribution s'est élevée à 65,3 milliards de dollars en 1996.

• 1110

À la page 3, vous trouverez une carte qui montre plus clairement le rôle du secteur primaire comme principal moteur de croissance et de création d'emplois dans toutes les régions du Canada. Cette carte montre les compagnies forestières, les mines, y compris les mines à accès aérien, et les gisements pétroliers et gaziers. Cette carte a été dressée par la Division GéoAccès de Ressources naturelles Canada.

À la page 4, vous pouvez voir qu'à l'aube du XXIe siècle, comme vous l'avez vous-même noté, monsieur le président, une partie du secteur des ressources naturelles correspond à celui que nous avons toujours connu. Il s'agit du secteur qui produit les denrées en demande dans le monde que nous pouvons fournir. Cependant, comme vous l'avez dit, ce n'est qu'une partie de l'industrie. Si certains ont encore l'impression que le secteur des ressources naturelles est un secteur de faible technologie, ce n'est certes pas le cas de nos jours.

Les industries de ressources naturelles s'efforcent d'être propres, sans danger pour l'environnement, basées sur la haute technologie, riches en possibilités, basées sur les connaissances et conformes aux principes du développement durable. Ici et ailleurs dans le monde, ce sont des industries à fort potentiel de croissance. Une partie de plus en plus importante de cette croissance viendra de l'application de nouvelles technologies et de nouveaux produits à valeur ajoutée.

Si nous passons à l'acétate cinq, je vous expliquerai brièvement quelle est la position du Canada. Où le Canada s'insère- t-il dans cette économie globale? À titre d'exportateur de produits forestiers, nous sommes un chef de file mondial. Dans le domaine des minéraux et des métaux, nous sommes une force mondiale. Nous sommes aussi un fournisseur dominant de pétrole et de gaz naturel. Notre client le plus important et plus proche voisin est le pays qui possède l'économie la plus importante du monde, soit les États- Unis. Nous sommes aussi un chef de file mondial pour l'exploitation des sables bitumineux et commençons à peine à exploiter notre potentiel dans ce domaine.

Le Canada est aussi en tête de file pour les technologies et les techniques modernes d'exploitation des ressources naturelles. La géomatique, par exemple, dont vous parlera mon collègue M. Everell, comprend la télédétection, la correspondance géographique et la levée de plans.

À l'acétate six, nous disons qu'il faut être concurrentiel dans l'économie mondiale fondée sur les connaissances et que nous devons non pas simplement être le plus grand producteur du monde de ressources naturelles, mais aussi le fournisseur le plus avisé qui soit. Cela veut dire que le secteur des ressources doit être productif, reposer sur les assises les plus solides qui soient en science et en technologie, être le mieux équipé pour prendre de l'expansion dans le domaine des produits à valeur ajoutée et dans les nouveaux marchés, être respectueux de l'environnement et être en mesure de concurrencer les autres pays riches en ressources.

L'acétate sept vous donne une idée des sujets dont vous entendrez parler aujourd'hui et jeudi. Nous espérons pouvoir vous donner quelques exemples intéressants et stimulants dans le secteur des ressources naturelles à haute technologie, riche en possibilités et fondé sur les connaissances.

Comme vous l'avez dit, mon collègue, M. Marc Denis Everell, qui est sous-ministre adjoint au secteur des sciences de la terre, et aussi principal conseiller scientifique du ministère, vous parlera de la technologie et des techniques modernes d'exploitation des ressources naturelles.

Je vous parlerai plus tard de façon plus précise du secteur des minéraux et des métaux. Jeudi, vous entendrez Mike Cleland, qui vous parlera de l'énergie, et M. Yvan Hardy, qui vous parlera du secteur forestier.

Monsieur le président et membres du comité, cela met fin à ma déclaration d'ouverture.

Le président: Merci.

Monsieur Everell, j'ai prévu un peu plus de temps pour vos déclarations d'ouverture parce que nous essayons d'examiner deux domaines importants en même temps et que nous voulons être certains que nos hauts fonctionnaires peuvent nous donner une bonne idée de ces domaines.

Monsieur Everell.

M. Marc Denis Everell (sous-ministre adjoint, Secteur des sciences de la terre, ministère des Ressources naturelles): Tout d'abord, je suis heureux d'être ici devant vous ce matin. Je voudrais vous présenter brièvement ceux qui m'accompagnent. Il y a Janet King, directrice, Division de la géologie du continent de la Commission géologique du Canada, et Ed Shaw, directeur général du Centre canadien de télédétection de Géomatique Canada.

• 1115

Notre exposé ce matin s'intitule «Industries fondées sur les connaissances dans le secteur des ressources naturelles - Géosciences et géomatique». Nous allons vous parler surtout ce matin de la télédétection.

L'acétate numéro 2 vous donne un bref aperçu du secteur des sciences de la terre à Ressources naturelles Canada. J'ai eu le plaisir de témoigner devant votre comité il y a quelques mois. J'avais à ce moment-là décrit le travail de Cartes Canada. En termes simples, c'est la façon dont nous envisageons ce secteur, qui se compose de Géomatique Canada, de la Commission géologique du Canada et de l'Étude du plateau continental polaire. Tout cela représente une bonne partie du secteur des sciences et de la technologie de Ressources naturelles Canada.

Nous nous occupons de cartographie d'une façon ou d'une autre depuis 155 ans. Le secteur des sciences de la terre est vraiment un centre de connaissances. Nous considérons que notre rôle n'est pas simplement de repousser les frontières de la science et de la technologie grâce à nos connaissances et à nos compétences, mais aussi de nous assurer que les Canadiens auront accès à ce que nous apprenons et que nous pourrons aussi, bien sûr, partager nos connaissances avec l'industrie et les leur transférer.

Les industries d'exploitation des ressources sont maintenant des industries fondées sur les connaissances. Nous l'avons souvent répété, et c'est tout à fait vrai. Au début de la cartographie au Canada, la technologie était sans doute très simple et se fondait sur des choses comme les canots et les chevaux, tout comme les principaux outils des géologues et des arpenteurs étaient le marteau et le théodolite. C'est ainsi que tout a commencé. Ce sont les instruments qu'on utilisait au début de la Commission géologique du Canada, en 1842.

Pendant les années 50, nous avons commencé à adapter des hélicoptères pour qu'ils puissent s'occuper d'une bonne partie des activités géoscientifiques et, à titre d'exemple des progrès que cela nous a permis de réaliser, on me dit que, dans l'espace de cinq ans, nous avons pu dresser autant de cartes que pendant le siècle précédent.

Comme vous le savez, le Canada est un très grand pays et je dois admettre que, même après 150 ans, nous n'avons pas encore dressé de cartes de tout le Canada. Il faut d'ailleurs refaire les cartes du Canada de temps à autre à cause de l'évolution des concepts géologiques et, bien sûr, de certains autres changements. Notre travail cartographique revêt une très grande importance pour les localités rurales et isolées du Canada.

La clé de notre travail cartographique est certainement l'utilisation de nouvelles technologies et la création de nouveaux partenariats. Je vous parlerai aujourd'hui de certaines de ces nouvelles technologies et de certains partenariats très intéressants que nous avons formés avec l'industrie, nos collègues provinciaux et les universités.

À l'acétate 4, nous expliquons encore une fois comment les compagnies minières et énergétiques comptent sur leur capacité d'explorer les terrains. C'est bien évident. Les défis de notre époque consistent à utiliser des outils et des méthodologies plus efficaces et même d'avant-garde et c'est ici qu'intervient la haute technologie. Si vous voulez faire de la prospection grâce à la cartographie, les techniques géologiques ne peuvent plus être d'explorer la surface avec un marteau. Dans la partie supérieure de l'acétate, vous pouvez voir un géologue avec son ordinateur sur le terrain. C'est maintenant la façon normale pour un géologue de travailler. Il peut prendre note des données directement sur le terrain.

Pour nos géologues, le défi consiste souvent à voir ce qu'il y a en dessous de la surface grâce à des technologies très perfectionnées. Je vous en donnerai quelques exemples dans les prochains acétates.

• 1120

Dans l'acétate 5, nous avons un exemple de ce que je considère comme un très grand succès. Il s'agit de l'histoire d'une entreprise, Phoenix Geophysics, de Toronto, et du partenariat entre cette entreprise et CGC pour mettre au point des instruments de très bonne qualité. CGC a fourni certaines connaissances scientifiques pour permettre à l'entreprise de mettre au point ces nouveaux instruments. Nous avons aussi accordé quelques subventions initiales à l'entreprise, mais nous sommes ravis de voir qu'elle est maintenant un chef de file dans son domaine et qu'elle a pu produire d'excellents instruments. Comme vous pouvez le voir sur l'acétate, elle a maintenant un chiffre d'affaires d'environ 20 millions de dollars et vend ses systèmes dans 75 pays du monde.

Si vous jetez un coup d'oeil au petit diagramme au bas de l'acétate, vous voyez un exemple de la façon dont nous utilisons les sondeurs électromagnétiques et les détecteurs de signaux sismiques pour produire essentiellement ce qui ressemble à une radiographie de l'écorce terrestre. Si vous regardez l'acétate d'assez près, vous verrez qu'il s'agit d'une radiographie sur une profondeur de trois kilomètres. De telles radiographies sont bien sûr extrêmement utiles pour les géologues et les compagnies de prospection. On n'aurait pas pu produire un tel diagramme ou une telle représentation de la croûte terrestre il y a 10 ans.

Pour résumer, c'est donc un exemple d'une petite entreprise qui a collaboré avec le gouvernement et reçu un peu d'aide financière pour devenir une tête de file mondiale qui exporte partout dans le monde et qui fait des choses très utiles pour les entreprises canadiennes et utilise les mêmes technologies pour réaliser des bénéfices à l'extérieur du pays.

L'acétate suivant donne un autre exemple, cette fois-ci PCI Enterprises de Richmond Hill, en Ontario. Il s'agit d'une entreprise qui produit d'excellents logiciels. L'exemple que nous montrons ici est celui d'un logiciel qui permet d'intégrer les données de télédétection obtenues par satellite. Le logiciel permet de faire la correspondance entre les données produites par les satellites et d'autres informations géoscientifiques.

L'illustration que vous voyez ici montre le bassin de Sudbury et certaines des mines qui s'y trouvent. Vous noterez sur le diagramme que les mines sont toutes dans des positions semblables. Elles sont toutes regroupées dans un secteur qui permet de trouver les gisements de minerai. Ce genre d'illustration, que l'on peut obtenir grâce à ce logiciel hautement perfectionné, est bien sûr très utile pour aider les géologues à préparer leurs programmes de forage et de prospection. Cet étroit partenariat entre CGC et PCI a produit un logiciel qu'on utilise localement, mais qui se vend aussi très bien à l'échelle internationale.

L'acétate suivant montre que l'on peut obtenir de plus en plus de données des satellites. Certains d'entre vous se rappelleront peut-être que, lors de ma dernière comparution devant votre comité, j'avais parlé du fait que ce secteur, par l'entremise du Centre canadien de télédétection, a des postes de réception qui reçoivent des données d'un grand nombre de satellites qui circulent autour du globe. Ces stations de réception sont situées à Gatineau, au Québec, et à Prince Albert, en Saskatchewan.

Nous travaillons dans ce domaine en collaboration avec l'Agence spatiale canadienne et l'industrie. Nous profitons du budget du plan spatial pour étendre l'utilisation des données produites par satellite. Nous le faisons surtout pour aider le secteur des ressources, mais aussi pour aider à surveiller l'environnement.

• 1125

Certains satellites permettent maintenant de détecter diverses caractéristiques utiles pour les géologues. Cette technologie va certainement continuer de se développer au cours des années, mais l'on peut déjà faire une très bonne utilisation des données produites par satellite. Je vous signale, par exemple, que le satellite canadien RADARSAT vend maintenant des images ou des données utilisées pour des analyses géologiques au Canada, mais aussi partout dans le monde.

Un autre domaine important où travaillent nos scientifiques est l'approfondissement de nos connaissances sur l'état de la végétation, de l'environnement et des nappes aquifères grâce aux données produites par satellite. Je sais que votre comité a déjà discuté du changement climatique. Je peux vous dire à cet égard que les données produites par satellite peuvent être utiles pour créer des modèles de changement climatique. Nous avons l'intention de nous occuper de très près de ce secteur dans le but d'utiliser les données produites par satellite pour mieux étudier les forêts comme trappe de matières toxiques.

L'acétate suivant raconte un autre succès. Il s'agit d'une compagnie appelée MacDonald Dettwiler, de Richmond, en Colombie- Britannique, qui a fait beaucoup dans le domaine de la télédétection et de la création de stations réceptrices au sol. Il y a quelques semaines, la compagnie a annoncé le contrat pour construire RADARSAT II, qui va poursuivre dans la même veine que le premier satellite lancé par le Canada il y a quelques années.

L'histoire de cette entreprise est vraiment extraordinaire. Il s'agit d'un partenariat entre le gouvernement et l'industrie. Cette entreprise a été lancée comme PME en 1969. Nous avons collaboré avec elle pendant bien des années par l'entremise du groupe appelé Centre canadien de télédétection, en lui octroyant des contrats et en obtenant qu'elle fasse certains travaux pour le gouvernement. Nous avons maintenant une compagnie de classe internationale qui produit beaucoup d'instruments, d'installations et de services partout dans le monde pour les stations réceptrices au sol. Elle joue aussi un rôle important dans le domaine des images à haute résolution. Le travail de cette entreprise dans le domaine des satellites à radar depuis quelque temps produira aussi toutes sortes de retombées intéressantes à l'avenir.

C'est un exemple dont je suis très heureux. J'en suis d'ailleurs tellement heureux que nous avons inclus dans votre trousse de documentation un feuillet qui décrit de façon détaillée les réalisations de MacDonald Dettwiler et ce que nous avons pu faire de concert avec cette entreprise au cours des années. Cette PME qui ne comptait que quatre employés en 1969 en compte maintenant environ 900 et je pense qu'elle augmentera encore ses effectifs grâce au contrat qu'elle a pu obtenir pour RADARSAT II. Je ne veux pas trop m'exciter, mais j'aime bien cet exemple parce que c'est vraiment une entreprise qui a réussi.

L'exemple suivant est celui d'un système de positionnement global en temps réel. Vous pouvez maintenant aller au Canadian Tire acheter un système de positionnement global qui vous donnera certains renseignements sur l'endroit où vous êtes. Malheureusement, ce n'est pas assez perfectionné pour la plupart des applications extrêmement précises.

Depuis quelques années, le ministère a participé à la mise au point de ces systèmes qui permettront d'obtenir des données beaucoup plus précises grâce à ces instruments. Nous sommes en train de négocier des ententes commerciales avec diverses entreprises pour transférer la technologie mise au point par le gouvernement aux utilisateurs du secteur privé. Nous espérons que ceux-ci pourront faire beaucoup d'argent grâce à cette innovation et que le gouvernement pourra aussi réaliser quelques bénéfices grâce aux redevances qu'il obtiendra.

• 1130

Le tableau numéro 9 est un tableau auquel je pourrais consacrer beaucoup de temps mais je serai bref. Ce tableau vous donne un aperçu des débouchés dans le domaine de la télédétection géomatique. Les premières lignes comme vous le voyez parlent d'une industrie d'une valeur de près de 2 milliards de dollars par année—une croissance de près de 50 p. 100 en cinq ans. C'est une industrie dont la présence est très importante sur le marché mondial, sa part est d'environ 18 à 20 p. 100. Ce qui est aussi très important c'est que nous avons un certain nombre d'entreprises qui se sont créé des créneaux importants dans le domaine de la géomatique de pointe appliquée à la télédétection, aux techniques SIG, à la gestion des terrains aux fins des titres fonciers et aux techniques GPS.

Si vous consultez avec attention mon tableau—et j'aurais peut-être dû vous le signaler à l'avance—, vous remarquerez également qu'il n'y a pas d'entreprises géomatiques canadiennes uniquement à Toronto ou Montréal mais un peu partout dans le pays. En fait, la répartition est très équilibrée. Comme ces entreprises sont très souvent des entreprises de technologie de la formation, elles peuvent très bien être implantées dans des communautés éloignées sans que cela leur pose aucun problème. Je crois que c'est un aspect important de l'industrie géomatique canadienne qu'il ne faut pas oublier.

Passons au tableau numéro 10. Sachant qu'il y a tellement de débouchés, Géomatique Canada peut-il faire quelque chose de spécial dans ce domaine? La réponse est affirmative, nous faisons beaucoup. Il y a environ 10 ans, nous avons reçu pour mandat du gouvernement de faire des choses qui étaient importantes pour le gouvernement dans le domaine de la géomatique—à l'usage du gouvernement. Nous avons également reçu pour mandat de faciliter le développement de l'industrie géomatique canadienne et c'est avec le plus grand sérieux que nous remplissons ce mandat.

Nous aidons les entreprises canadiennes à vendre leurs produits à l'étranger de diverses manières. Pour commencer, nous intervenons auprès de nos homologues gouvernementaux—pour l'essentiel, les ministères de pays avec lesquels nous voulons que nos entreprises travaillent. Nous concluons des protocoles d'entente avec eux et nous procédons à des échanges. Cela s'est avéré fort utile pour la conclusion de contrats importants pour le secteur privé canadien.

Je cite la liste de certains contrats très importants auxquels nous avons été associés. Un contrat avec le Mexique, un autre avec la Russie et quelques contrats avec l'Arabie saoudite—encore une fois vous noterez le nom des différentes entreprises et l'importance des contrats. C'était des contrats conséquents. Très souvent dans ces contrats, Géomatique Canada assume également une petite partie du travail.

Nous travaillons également avec l'ACDI, bien entendu. Je vais vous donner un exemple de partenariat entre l'ACDI, les entreprises de géomatique et nous-mêmes. Ce partenariat a pour objet en vérité de faire vendre la technologie RADARSAT dans beaucoup de pays. En fait, hier un groupe de mes directeurs m'a informé sur les derniers développements du programme GlobeSAR. Le programme GlobeSAR intéresse vivement les pays d'Amérique latine dans le cadre de l'utilisation de RADARSAT et en fait il s'agit d'un partenariat entre Géomatique Canada, les entreprises géomatiques canadiennes très importantes et l'ACDI. Cela aboutira à un développement de ces marchés.

Géomatique Canada a participé aux efforts des deux dernières Équipes Canada avec le premier ministre. Nous n'avons pas insisté pour être inclus, on nous a demandé de venir car l'industrie géomatique canadienne trouve que Géomatique Canada est un joueur très important qui les aide à développer des marchés à l'étranger.

Le dernier tableau est le résumé de mon exposé. Il est évident que la cartographie et la prospection des ressources naturelles sont des éléments clés de l'histoire du Canada et continuent à le demeurer pour notre économie. Innover techniquement et nous spécialiser devient de plus en plus indispensable. En fait, c'est un des points forts du Canada. Il importe de préserver et de décupler ce point fort et cette capacité intellectuelle car c'est la clé de notre compétitivité sur le plan international dans le domaine de la gestion et du développement des ressources naturelles.

• 1135

Comme je l'ai déjà dit, nombre des choses que nous mettons au point avec nos géologues ou nos géomaticiens répondent aux besoins canadiens, mais ce qui est également fascinant, c'est que nous utilisons les mêmes informations pour vendre à l'étranger ce qui est créateur d'emplois et de croissance.

Je suis tout à fait disposé à répondre à vos questions, et il reste qu'à mon avis, dans le domaine des industries fondées sur les connaissances dans le secteur des ressources naturelles, nous pouvons être fiers de notre bilan.

Le président: Merci, monsieur Everell. Je sais qu'il y a des questions mais je me demande s'il ne serait pas préférable d'entendre d'abord l'autre exposé car certaines de ces questions doivent se recouper.

Madame Keen, voudriez-vous nous parler de votre secteur?

Mme Linda Keen: Merci beaucoup, monsieur le président. Je suis très honorée de vous faire ce rapport sur l'importance des technologies avancées et fondées sur la connaissance pour l'industrie canadienne des minéraux et des métaux. Comme Marc Denis vous l'a déjà indiqué, les industries fondées sur les connaissances sont passionnantes et importantes et elles sont aussi passionnantes et importantes pour les minéraux et les métaux.

Je suis accompagnée aujourd'hui de Jean-Claude St-Pierre, le directeur général de la Direction de la technologie minérale, et de Bob Hargreaves, le directeur du laboratoire des mines et des sciences minérales.

Je vous ai donné un document à couverture turquoise que je vais suivre et utiliser pour vous informer.

J'aborderai aujourd'hui trois aspects: pour commencer, je vous donnerai un aperçu de la place de l'industrie canadienne des minéraux et des métaux dans l'économie basée sur les connaissances, je vous parlerai de quelques défis importants à relever en matière d'innovation dans le domaine des minéraux et des métaux et je terminerai par un certain nombre de conclusions.

J'aimerais, page 3, commencer par vous dire quelques mots sur le secteur. Comme je l'ai mentionné tout à l'heure, n'ayant pas eu la chance de vous parler plus tôt de notre secteur, nous avons demandé au greffier de mettre une période de temps à notre disposition pour vous donner des informations sur notre secteur et sur ce que nous faisons. Pour le moment, aujourd'hui, j'aimerais, si vous le voulez bien, commencer par vous dire que ce secteur est la source des sciences et de la technologie de pointe dans les domaines des minéraux, des métaux, des matériaux et des explosifs; deuxièmement, nous avons la responsabilité de la politique des minéraux et des métaux et des règlements concernant les explosifs; et troisièmement, que nous avons une unité qui est chargée spécifiquement de faire l'analyse économique et financière de ce secteur.

Le tableau numéro 4 vous indique le rôle des minéraux et des métaux dans l'économie basée sur les connaissances. Pour commencer, cette industrie est basée sur la technologie de pointe. Comme je l'ai dit tout à l'heure, on a souvent l'impression que cette industrie n'a pas grand-chose à voir avec la technologie de pointe, mais je suis sûre que nombre d'entre vous ont eu l'occasion de rencontrer les représentants de ces industries dans vos circonscriptions et qu'ils sont très fiers de leurs compétences technologiques de pointe.

Pour vous donner un simple exemple, l'industrie consacre 100 millions de dollars par an à la R-D. C'est une industrie qui de toute évidence sait que son avenir repose sur la science et la technologie.

Toutes nos mines font appel à la technologie avancée faisant du Canada un chef de file mondial en technologie minière. Les technologies canadiennes sont également utilisées dans des domaines tels que la sécurité, l'environnement et la productivité dans les mines et donnent à notre industrie des avantages sur ses concurrents.

Le tableau numéro 5 décrit les tendances de la productivité dans l'industrie des minéraux comparativement à tous les autres secteurs de l'économie. Encore une fois, je crois qu'il importe de dissiper certains mythes qui perdurent à propos de l'industrie des minéraux. Vous pouvez voir que l'industrie des minéraux occupe la tête dans le contexte total de l'économie en termes de productivité. J'estime que ce tableau montre très bien le rôle joué dans l'économie par notre industrie.

• 1140

Le tableau numéro 6 vous donne la liste des défis d'innovation à relever dans notre secteur: l'automatisation de nos mines; la protection de l'environnement; la réduction de la consommation, le recyclage et la réutilisation de nos ressources; la protection de nos investissements dans l'infrastructure et la valeur ajoutée.

Je passe à la page 7 sur l'automatisation des mines. Un des défis de l'industrie minière lorsqu'elle exploite des gisements de minéraux à de grandes profondeurs est de maintenir et d'améliorer la productivité sans mettre en danger ni la santé ni la sécurité dans des conditions qui sont justement potentiellement dangereuses. Une solution envisagée par l'industrie est l'automatisation de l'exploitation par le recours à la robotique. Une autre solution pour les entreprises est de s'associer dans des projets de recherche et de partager les risques techniques et financiers. Dans les deux cas, le secteur des minéraux et des métaux joue un rôle clé dans ces projets en partenariat.

Par exemple, le laboratoire de CANMET dirigé par M. St-Pierre participe activement au programme d'automatisation des mines. C'est un programme conjoint de recherche lancé par INCO et soutenu par des partenariats. Un autre exemple est la mine expérimentale de CANMET à Val d'Or au Québec qui sert pour l'expérimentation de nouvelles technologies en milieu réel. Je vous encourage, si vous en avez l'occasion, de visiter cette mine expérimentale où vous pourrez voir par vous-mêmes l'évolution de certains de ces projets d'innovation.

À la page 9 nous vous donnons quelques exemples de protection de l'environnement. Encore une fois, l'industrie a innové en mettant au point de nouvelles technologies permettant de prédire, de prévenir, de surveiller et de contrôler les émissions d'effluents potentiellement nuisibles dégagés par l'extraction des minéraux. Nous nous efforçons également d'accroître notre base de connaissances collectives, ce qui s'est avéré particulièrement utile pour relever ce défi particulier. Encore une fois, tous les intéressés—les gouvernements provinciaux, l'industrie et les administrations de réglementation—ont uni leurs efforts pour trouver des solutions à ces problèmes.

J'aimerais mentionner tout particulièrement notre participation en tant que maître d'oeuvre à trois grands programmes nationaux et certains des avantages tirés de ces programmes.

Le premier est le programme de neutralisation des eaux de drainage dans l'environnement minier, ou NEDEM, et le programme postNEDEM que nous venons tout juste de lancer. Notre objectif est de réduire les responsabilités environnementales de 10 p. 100 ou d'environ 500 millions de dollars. C'est un problème majeur pour les compagnies minières et, conjointement avec les provinces et les compagnies, nous nous efforçons de faire des progrès mesurables dans ce domaine.

Le deuxième programme est celui de l'évaluation des techniques de mesure d'impact en milieu aquatique qui nous donnera la base scientifique nécessaire pour élaborer de solides programmes de surveillance des effets sur l'environnement.

Le troisième programme est le PRED, le programme de réduction des émissions de moteur diesel. Le CANMET est membre du consortium nord-américain regroupant l'industrie, les agences fédérales et provinciales et les syndicats. Ce programme a pour objectif de réduire les risques d'exposition des mineurs aux polluants émis par les moteurs diesel et aux dispersions d'huile très nocives pour la santé et dangereuses pour la sécurité.

Nous nous ferons un plaisir de vous fournir le détail de ces programmes, aujourd'hui ou plus tard.

La page 10 est consacrée à la réduction de la consommation, au recyclage et à la réutilisation de nos ressources. Ici, le défi majeur est le développement durable, qui implique le développement économique, environnemental et social suscité par l'industrie. C'est une de nos priorités. L'innovation et les connaissances avancées permettent à l'industrie de faire des progrès considérables au niveau de l'optimisation de l'utilisation des ressources de la nation.

• 1145

Je vais vous donner quelques exemples. Commençons par l'industrie de recyclage du métal. C'est une industrie de 3 milliards de dollars regroupant 1 000 entreprises employant environ 15 000 Canadiens. La moitié du fer et de l'acier canadiens est fabriquée à partir de ferraille recyclée. Cette activité s'étend à des compagnies comme Noranda, IPSCO à Regina et aussi beaucoup de compagnies dans l'Ontario.

Notre secteur participe en renseignant les gens et en encourageant les transferts technologiques. Le bénéfice de ces activités est énorme pour le Canada et les Canadiens.

Il y a un exemple dont nous sommes très fiers, notre contribution à la construction du pont de la Confédération. Le pont de la Confédération a été construit en partie avec des résidus de cendre volante de centrales au charbon. Ajouter ces résidus de cendre volante dans le ciment de béton améliore sa durabilité et réduit aussi de manière considérable les émissions de gaz carbonique provoquées par la fabrication du ciment. Chaque tonne de ciment remplacée par des cendres volantes correspond à une tonne de moins de gaz carbonique rejetée dans l'environnement.

La page 12 concerne la protection de notre investissement dans l'infrastructure. Dans ce domaine, le défi à relever est le vieillissement de l'infrastructure, tout particulièrement les oléoducs et les gazoducs en acier qui transportent le pétrole et le gaz canadiens au Canada et en Amérique du Nord, les routes et les ponts en acier et en béton qui lient nos communautés entre elles et les édifices en acier et en béton dans lesquels travaillent les Canadiens. Pour vous donner un simple exemple, le coût de remplacement de notre infrastructure de gazoducs et d'oléoducs représente à lui seul un investissement d'environ 100 milliards de dollars.

Il est crucial que nous optimisions notre investissement dans l'infrastructure tout en garantissant la sécurité publique et la protection de l'environnement. Avec notre aide, les industries canadiennes de l'acier et du béton, par exemple, s'attaquent à ce problème en mettant au point des techniques et des procédés qui permettent de prévoir et de prévenir la défaillance de certains éléments de cette infrastructure. Nous apportons notre contribution en amenant les consortiums à entreprendre des travaux de recherche sur la prévention de la corrosion des oléoducs et des gazoducs et sur l'atténuation des effets réactifs de mélanges d'alcalins qui précipitent la détérioration du béton. Nous mettons également au point de nouvelles techniques d'évaluation des problèmes d'ingénierie et d'amélioration des soudures de réparation qui réduisent les périodes d'inutilisation et actualisent de manière plus précise les calendriers de réparation.

Dans tous ces domaines, CANMET travaille directement avec l'industrie concernée. Des enquêtes indépendantes ont démontré la rentabilité de ces initiatives. Nous sommes très fiers du bilan du CANMET dans ce domaine.

Le tableau 14 porte sur la valeur ajoutée. Les industries canadiennes font face à des pressions croissantes concernant la norme de performance de leurs produits, la réduction des coûts et l'amélioration de la productivité tant sur le plan national que sur le plan international. Les industries des minéraux et des métaux attaquent ce problème en poursuivant leurs efforts d'amélioration au niveau des équipements, des procédés et des services technologiques.

Encore une fois, des programmes de recherche du CANMET apportent une valeur ajoutée à l'industrie, et je me permettrai de vous donner simplement quelques exemples. Il y a les nouveaux procédés de fabrication comme par exemple les techniques de formage de grande précision par la méthode du moulage par injection de poudre de métal. Je vous invite à visiter les laboratoires de CANMET ici, à Sudbury et à Val-d'Or. Vous y verrez toutes ces choses. Il est fascinant de voir l'usage qui en est fait dans notre quotidien.

Comme autres exemples, il y a la mise au point d'acier à haut rendement dont on entend tellement parler dans le domaine de la construction automobile; des techniques avancées de moulage de matériaux composites à matrice métallique pour réduire le nombre de rejets, améliorer l'efficacité et réduire la consommation d'énergie; et la mise au point de technologies avancées permettant de produire des matériaux plus légers pour réduire le poids des véhicules, par exemple—l'acier léger dont on entend tellement parler.

À la page 16, je vous parle des industries associées au secteur des minéraux et des métaux. L'industrie canadienne offrant une gamme variée de produits et de services, une grande partie d'entre eux nécessitent des technologies et des compétences avancées. Les domaines dans lesquels ces entreprises ont désormais une réputation internationale incluent certains de ceux dont Marc Denis vous a parlé tout à l'heure à propos de la prospection géophysique mais également le contrôle de la pollution, la surveillance de l'environnement et les services de laboratoire.

• 1150

Une des associations industrielles qui aident le secteur est la Canadian Association of Mining Equipment and Services for Export. Cette association compte 200 membres canadiens, qui interviennent à tous les niveaux de ce que nous appelons le domaine des services, comme par exemple les services juridiques ou environnementaux. Ce sont les compagnies de forage qui en sont à l'origine tout d'abord pour servir la compagnie INCO et ensuite pour offrir leurs services de forage au monde entier. Il y a des services financiers et juridiques. Marc Denis a parlé des firmes de consultants. Certaines étaient représentées lors des missions d'Équipe Canada. Elles ont commencé au Canada en servant les compagnies minières canadiennes et elles sont maintenant présentes dans le monde entier.

Nous sommes un producteur et un exportateur important de ces services aussi dans le domaine de la prospection. La capacité des pays hôtes, surtout dans le monde en voie de développement, à répondre à ces besoins est vraiment limitée, ce qui fait l'affaire des compagnies canadiennes.

Quand vous visitez une mine chilienne exploitée par une entreprise canadienne, vous avez toutes les chances de voir du matériel Finning et des programmes canadiens puisqu'ils accompagnent l'entreprise sur tous ses sites. C'est un débouché important pour ces entreprises canadiennes.

Je termine avec le tableau 16. Nous estimons que ce secteur est un secret bien caché, car il joue un rôle important dans l'économie basée sur les connaissances. RNCan apporte une contribution significative et continue de relever les défis que lui lancent les entreprises. Nous sommes très fiers du fait que nous avons eu la chance de venir témoigner aujourd'hui. Nous vous remercions de votre attention.

Merci beaucoup, monsieur le président.

Le président: Merci. Votre exposé a été des plus intéressant. Manifestement, les possibilités sont infinies.

Nous allons commencer avec l'opposition. Pierre de Savoye sera le premier, il sera suivi de Bob Wood.

[Français]

M. Pierre de Savoye (Portneuf, BQ): D'entrée de jeu, j'aimerais féliciter nos invités pour la documentation en français qui a été fournie. C'est une documentation de grande qualité à une exception près, soit une petite coquille, mais qui a son importance. En effet, dans le premier document qui a été utilisé, on nous présente les ressources naturelles comme «natural resources». C'est la seule coquille.

D'autre part, monsieur le président, c'est une remarque que je vous fais à vous, mais que M. le greffier voudra certainement transmettre à nos prochains invités. Ce serait agréable, dans la mesure où nos invités sont en mesure de le faire, qu'on ait un peu de français pendant la présentation.

Nous représentions le quart des députés au début de la présentation, M. Serré et moi-même. Malheureusement, nous avons dû nous fier à la traduction qui, par ailleurs, est excellente. Mais encore là, il y a un petit problème: dans ce document, il y a 13 planches en anglais et 17 en français. Quand vous parlez de la planche numéro 12, ce n'est pas la planche numéro 12 et l'interprétation n'est pas capable de nous aider à suivre. Ce n'est qu'une petite remarque préliminaire.

Le président: Merci, Pierre.

M. Pierre de Savoye: Maintenant, j'aurais des questions pour vous, madame Keen, puisque vous avez abordé beaucoup de sujets. Mais si les personnes qui vous accompagnent sont davantage qualifiées pour y répondre, vous leur demanderez de le faire.

Il y a trois choses qui m'ont intéressé: les produits forestiers, les minéraux et les métaux, et le pétrole et le gaz naturel. Ce n'est pas que la géomatique n'a pas d'intérêt, mais je dirais que la géomatique va plutôt bien.

• 1155

Pour ce qui est des produits forestiers, on a un problème de quota. Dans ma circonscription, j'ai une petite entreprise, une scierie qui voudrait agrandir ses opérations, qui a les approvisionnements en bois pour le faire et qui a reçu de la banque une garantie de prêt, mais qui n'a pas le quota nécessaire. Les majeurs de l'industrie se sont approprié le quota et cette petite entreprise est donc dans un étau, dans un corset, incapable de croître. Elle créerait pourtant plusieurs emplois dans ma circonscription. Peut-être que d'autres députés sont dans des situations semblables.

M. Roy Cullen (Etobicoke-Nord, Lib.): Demandez au Parti québécois.

M. Pierre de Savoye: Non, les quotas ont été imposés par le gouvernement canadien.

M. Roy Cullen: Avec l'approbation de la province de Québec.

M. Pierre de Savoye: En ce qui concerne la question des quotas, est-ce que vous avez été consultés? Qu'est-ce que vous entrevoyez pour l'avenir?

Ma deuxième question concerne l'amiante. C'est un des minéraux importants au Québec. On sait que le parlement européen, au moment où l'on se parle, envisage de bannir l'usage de l'amiante dans l'ensemble de l'Europe. Or, on parlait du savoir, des connaissances. Le Canada possède les connaissances nécessaires pour un usage sain, un usage approprié, un usage sécuritaire de l'amiante. Quelle est votre position et comment pouvez-vous aider l'industrie du minerai d'amiante à prospérer?

Voici ma troisième question. Le gazoduc de l'Île de Sable qui va vers les États-Unis ne donne que peu de retombées au Canada, et ce sont pourtant les Canadiens qui ont financé à hauteur de plusieurs milliards de dollars les coûts d'exploration du gisement ou des gisements de l'Île de Sable. Est-ce qu'il n'y a pas là quelque chose qui a dérapé? Quelles sont les recommandations que vous aviez faites et que voyez-vous comme possibilité pour l'avenir de ce côté-là? Je vous remercie.

[Traduction]

Le président: Avant de donner la parole aux témoins, je ferai simplement remarquer que certaines de ces questions ne relèvent peut-être pas de nos témoins, Pierre. Si tel est le cas, nous pourrons y donner suite à une autre occasion.

Madame, messieurs les témoins?

[Français]

Mme Linda Keen: Concernant la question des forêts et du gazoduc, j'aimerais que vous posiez la question à mes collègues jeudi prochain. En ce qui concerne la question de l'amiante chrysotile, j'aimerais répondre en anglais.

[Traduction]

La défense de l'amiante est importante pour le gouvernement du Canada. Nous nous sommes engagés à soutenir le secteur de l'amiante, et cet engagement s'est manifesté clairement à différents niveaux, notamment au niveau du premier ministre et du ministre des Ressources naturelles. À cette fin, et au nom du gouvernement fédéral, Ressources naturelles Canada a signé avec le secteur un protocole d'entente sur l'usage responsable de l'amiante chrysotile en mars 1997. Nous avons aussi participé financièrement et autre à l'organisation d'une conférence internationale sur l'usage sûr et responsable des fibres en cristal, à Montréal. J'ai pris la parole à cette conférence tout comme le ministre des Ressources naturelles. Environ 300 délégués de 44 pays ont participé à cette conférence.

C'est extrêmement important pour nous, car l'amiante chrysotile et son usage inoffensif sont très importants pour le Canada et les entreprises québécoises. Cela a aussi des conséquences pour l'usage de toutes sortes de minéraux et de métaux dans le monde entier. C'est un peu notre tête de pont.

L'usage sûr de l'amiante nous importe beaucoup; lorsqu'on utilise un produit de la façon prescrite et aux fins pour lesquelles il est prévu, on peut l'utiliser sans danger. Si on l'utilise à d'autres fins non indiquées, c'est une autre chose. Mais nous estimons que les entreprises canadiennes ont su montrer au monde entier que l'usage inoffensif de l'amiante était possible.

• 1200

Comme vous le savez, nous poursuivons nos pourparlers avec certains pays, dont la France et le Royaume-Uni, sur l'usage de l'amiante chrysotile, et nous continuons de mener des consultations à ce sujet, particulièrement avec les gouvernements français et britannique.

Cependant, Ressources naturelles Canada, sous l'égide de son ministre, a montré son appui au secteur et continuera de l'appuyer dans sa promotion de l'usage sûr des produits d'amiante dans le monde.

M. Pierre de Savoye: Est-ce qu'il me reste du temps?

Le président: Nous reviendrons à vous, Pierre. Vous avez soulevé des questions qui seront peut-être plus pertinentes jeudi, ou peut-être même plus tard dans notre étude.

Je cède maintenant la parole à Bob Wood puis ne reviendrai à vous.

M. Bob Wood (Nipissing, Lib.): Merci beaucoup, monsieur le président.

Comme les témoins le savent sans doute, une des principales préoccupations de notre comité au cours des dernières années a été le développement économique des régions rurales. La plupart des mines sont en régions rurales et c'est aussi là que se fait généralement la prospection minière. Nous serions tous heureux de savoir qu'on fait davantage de R-D en matière de technologie minière dans ces régions.

Je représente la ville de North Bay qui, je ne vous apprends rien, avoisine l'une des régions minières les plus riches du nord de l'Ontario. Nous fabriquons beaucoup d'équipement minier et d'autres produits, tels que des explosifs et des trépans, pour ce secteur, et je sais que ma ville profiterait grandement de partenariats entre l'industrie locale et votre ministère en vue de concevoir de nouvelles technologies.

Voici ma question, madame Keen: compte tenu des compressions budgétaires que votre ministère a subies et du fait que les bureaux de votre ministère se trouvent surtout en région urbaine, que faites-vous pour accroître la R-D dans les régions rurales du Canada?

Mme Linda Keen: Merci de votre question.

Nous avons deux laboratoires, deux sites expérimentaux, qui fonctionnent très bien et, en fait, nous avons muté des employés vers la région de Sudbury. Nous avons donc un laboratoire à Sudbury qui joue un rôle extrêmement important dans notre programme.

M. Bob Wood: Est-ce le laboratoire sur les neutrinos?

M. Robert Hargreaves (directeur, Laboratoire des mines et sciences minérales, ministère des Ressources naturelles): Non, c'est le laboratoire de CANMET, à Sudbury. Il se trouve près du complexe de Copper Cliff; on y étudie les questions d'environnement souterrain, de qualité de l'air et, dans une moindre mesure, de contrôle des pressions des terrains.

Mme Linda Keen: Nous avons aussi parlé dans notre exposé de la mine expérimentale de Val d'Or, au Québec, qui constitue un exemple in situ de nos activités.

Ce sont des sites importants.

Nous travaillons beaucoup avec le secteur à l'extérieur d'Ottawa, que ce soit sur l'Île de Vancouver ou à Terre-Neuve. Nous collaborons avec les entreprises. Les travaux de CANMET se font essentiellement dans le cadre de projets où il y a collaboration.

Ainsi, certains des programmes que j'ai mentionnés ont fait l'objet d'investissements par les provinces. Nous collaborons donc aussi avec les provinces, mais il est clair que c'est le gouvernement fédéral qui ouvre la voie en matière de sciences et de technologie.

[Français]

Mais Jean-Claude a quelques commentaires.

[Traduction]

M. Jean-Claude St-Pierre (directeur général, Direction de la technologie minérale, ministère des Ressources naturelles): Vous venez de soulever un des enjeux cruciaux. Nous travaillons en partenariat avec le secteur; par conséquent, nous sommes prêts à aller où il le faut, sur le terrain s'il le faut, et nous travaillons à des projets dans les régions rurales ainsi que dans les régions urbaines. Nous ne nous limitons pas aux régions urbaines.

M. Bob Wood: Pourriez-vous me nommer certaines des entreprises avec lesquelles vous travaillez en régions rurales?

M. Jean-Claude St-Pierre: Bob pourra vous en dire plus long, mais je peux vous citer Cambior, une entreprise d'extraction de l'or de l'Abitibi, où nous avons trois ou quatre sites. Bob pourra vous en nommer d'autres.

M. Robert Hargreaves: Oui. Nous travaillons avec le secteur minier, d'abord et avant tout, qui est notre premier client dans tout le pays, que ce soit avec Cominco, Westmin ou Placer Dome dans l'Ouest, le consortium SOREDEM au Québec, Inco ou Falconbridge à Sudbury, la Compagnie de la baie d'Hudson au Manitoba, et bien d'autres. Essentiellement, nous avons des liens avec toutes les entreprises du secteur minier.

• 1205

En outre, nous collaborons à certains projets avec d'autres entreprises, telles que les fournisseurs. Linda Keen a parlé de la mine expérimentale de Val d'Or. Bien des entreprises vont à Val d'Or pour mettre à l'essai leur équipement—des entreprises telles que Noranda, Instantel et d'autres petites entreprises que vous ne connaissez peut-être pas, comme El-Equip. Certaines de ces sociétés sont membres de CAMESE, d'autres sont membres de l'Association des manufacturiers de machineries et d'équipements du Canada ou d'autres regroupements de fabricants d'équipements. Ils vont à la mine de Val d'Or pour mettre leur équipement à l'essai et l'optimiser.

Bon nombre des regroupements—par exemple, le regroupement sur les émissions de moteur diesel et le programme de neutralisation des eaux de drainage dans l'environnement minier—sont des consortiums regroupant de nombreux intervenants qui tentent d'élaborer de nouvelles technologies. En plus de nous-mêmes et les sociétés minières, ces regroupements comprennent bon nombre de ces fournisseurs d'équipements et des experts-conseils, les fournisseurs éventuels de ces technologies.

Ainsi, il y a un regroupement qui examine les effets sur le milieu aquatique. Il aimerait concevoir un ensemble de techniques qui permettraient aux sociétés minières de mieux évaluer les effets de leurs rejets sur l'environnement. Un jour, non seulement ils disposeront de cet ensemble de technologies, mais aussi les experts-conseils qui dispensent des services à ces sociétés pourront profiter de ces technologies.

M. Bob Wood: J'ai encore une autre question seulement, monsieur le président, et M. Everell pourra peut-être y répondre.

Étant donné les compressions budgétaires que votre ministère a subies, avec les mises à pied et la restructuration inévitables qui en résultent, dans bien des cas, ce sont souvent les plus jeunes employés qui partent, car ils ont moins d'ancienneté. De plus, des ressources financières manifestement limitées peuvent signifier que ceux qui restent sont parfois payés moins que ce qu'ils pourraient obtenir dans le secteur privé. Certaines industries du secteur privé, en particulier celles qui utilisent des technologies comme celles que vous avez mentionnées—la télédétection, le système de positionnement global et d'autres—connaissent en ce moment, comme vous l'avez dit, monsieur, la prospérité et l'expansion.

Votre secteur des sciences de la terre souffre-t-il d'un exode des cerveaux vers le secteur privé en raison de l'existence de cette concurrence dans l'emploi? Si c'est le cas, existe-t-il une solution au problème, à part celle de leur donner évidemment plus d'argent afin de les inciter à rester?

M. Marc Denis Everell: Je ne dirais pas que nous souffrons d'un exode de cerveaux. Nous perdons évidemment certaines personnes parce que les salaires que nous offrons sont certainement inférieurs parfois à ceux qu'offrent nos concurrents, mais je ne pense pas que ce soit à un niveau qui cause des difficultés majeures. De plus, en tant qu'organisme scientifique gouvernemental, nous estimons avoir le mandat de former des gens qui pourront ensuite passer au secteur privé. Si nous perdions une grande proportion de notre personnel, cela nous préoccuperait évidemment, mais nous voyons d'un bon oeil le fait que quelques-uns de nos employés quittent notre organisation pour aller travailler dans les grandes sociétés ou dans les petites.

M. Bob Wood: Quelle est l'incidence sur la continuité des programmes en cours?

M. Marc Denis Everell: Je pense que c'est une question de gestion, c'est-à-dire que nous devons prendre soin, dans la mesure du possible, de remplacer les personnes jugées essentielles. C'est évidemment un peu plus délicat parfois de gérer le programme—je ne vais pas le nier—, mais je n'irais pas jusqu'à dire que c'est un exode des cerveaux.

Il est vrai que nous perdons des gens, mais nous croyons que c'est souvent pour une bonne cause. Nous essayons aussi, évidemment, de recruter des gens pour remplacer ceux que nous perdons. Il s'agira peut-être parfois de personnes plus jeunes, ce qui donne une chance à d'autres.,

Dans notre domaine, nous vivons une période de restrictions financières. Vous m'avez demandé si nous pourrions utiliser des ressources additionnelles. Il est évident que je dirai oui, parce qu'il y a tant à faire en sciences et en technologie. Mais en fin de compte, je pense que nous devons accepter les décisions prises au sujet de nos budgets, et nous respectons les limites de ces budgets.

M. Bob Wood: Merci, monsieur le président.

Le président: Merci, monsieur Wood.

La parole est maintenant à M. Cullen, qui sera suivi de Pierre De Savoye.

M. Roy Cullen: Merci, monsieur le président, et mesdames et messieurs. J'ai trois questions de nature générale à poser à Mme Keen, et ensuite une autre à M. Everell.

Premièrement, je pense que vous avez raison d'être fiers de CANMET. J'ai participé l'an dernier au groupe de travail du caucus qui examinait la question de la commercialisation des résultats des travaux scientifiques effectués au gouvernement. Je pense que CANMET fait un excellent travail dans ce domaine. Le comité devrait probablement voir ce que fait CANMET, monsieur le président, afin d'apprendre comment la technologie peut être transférée au secteur privé d'une manière très efficace.

• 1210

J'ai trois questions à poser, madame Keen. Premièrement, que fait le ministère en ce qui concerne les sources d'énergie renouvelable? Quel type de recherches, quel type d'initiatives stratégiques avez-vous adoptées, le cas échéant, dans le domaine de l'énergie renouvelable? Vous pourriez peut-être parler brièvement du potentiel des sources d'énergie renouvelable. On nous a parlé beaucoup du fait que nous sommes vraiment limités, du point de vue de l'ensemble des ressources énergétiques au Canada.

Deuxièmement, en ce qui concerne l'échange de droits d'émission de gaz à effet de serre et les instruments économiques, quel rôle le ministère a-t-il joué dans la mise en oeuvre de certaines de ces initiatives stratégiques? Par exemple, nous venons d'entendre parler des chutes Churchill et de l'échange des droits d'émission, c'est-à-dire d'une entente qu'on cherche à obtenir avec le gouvernement fédéral pour échanger des droits d'émissions. C'est peut-être la première fois qu'on demande vraiment à notre gouvernement de mettre cette initiative en pratique. Comment allons-nous procéder? Votre ministère participera-t-il à des décisions de cette nature?

J'ai une question à propos des puits de carbone que je réserve à M. Hardy.

Ma dernière question concerne le degré de participation et l'investissement du secteur privé dans la R-D dans le secteur des ressources naturelles. Qu'en est-il? Je sais que le régime fiscal canadien est très progressif quant aux dépenses de R-D. Très souvent, on entend dire que dans ce domaine, nous accusons du retard par rapport aux autres pays. Y aurait-il des contraintes, des débouchés, des questions de principe que notre comité devrait étudier pour garantir que le secteur privé investisse considérablement dans le domaine de la R-D dans le secteur des ressources naturelles?

Je peux peut-être poser d'abord ces questions pour commencer.

Le président: Vous posez vos questions et ensuite...

M. Roy Cullen: Très bien.

À propos des techniques SIG, monsieur Everell—car à la page 10 de votre exposé il est question des gouvernements étrangers—, je me demandais si vous aviez envisagé de vendre à des gouvernements étrangers des produits et des services SIG. Je ne songe pas uniquement à la technologie et aux logiciels mais à tout le régime de gestion nécessaire à l'efficacité de ce genre de systèmes de renseignements géographiques.

Par exemple, je sais que la Banque mondiale a des critères très exigeants, refusant de prêter de l'argent à certains pays qui n'auraient pas une idée assez précise de la nature de leurs terres émergées. Au Canada, dans certaines provinces, des mesures ont été prises qui étaient excellentes pour le cadastre dans certains cas et, dans d'autres, sur le plan géophysique.

Le gouvernement fédéral a-t-il essayé de glaner toutes ces connaissances, toute cette expérience acquise, pour les transformer en un produit clé en main? Ainsi, nous pourrions nous adresser aux pays en développement qui souhaitent obtenir de l'argent auprès de la Banque mondiale et qui doivent pour cela connaître leurs terres émergées. Nous pourrions leur offrir un service de A à Z clé en main et qui comporterait outre la technologie, les données scientifiques et la gestion de l'information géographique. Comme vous le savez, les choses se politisent quand il y a des protocoles d'entente et interaction entre les divers systèmes d'information géographique. Avez-vous déjà essayé de vendre un produit clé en main?

Mme Linda Keen: Je vous demanderai de poser votre question concernant les ressources renouvelables et les échanges de droits d'émission à Mike Cleland quand il comparaîtra jeudi. Toutefois, puisque vous avez posé vos questions, je vais lui en faire part aujourd'hui et il vous donnera assurément des réponses jeudi.

De plus, je vais parler à M. Hardy de la question des puits de carbone afin de le prévenir que vous vous intéressez à ce sujet-là.

Pour ce qui est de la science et de la technologie, comme je l'ai dit au départ, M. Everell est le principal conseiller scientifique du ministère. Je vais demander tout d'abord à Marc Denis d'y répondre, mais quand il s'agira de détails sur les minéraux et les métaux, si le temps le permet, je vous donnerai à mon tour des réponses. La meilleure personne pour donner une réponse globale est Marc Denis.

M. Marc Denis Everell: Dans son exposé, Linda a dit que l'industrie minière dépensait certaines sommes annuellement, mais de toute évidence, Yvan Hardy de notre service des forêts pourrait vous dire la même chose.

• 1215

Quand on regarde les sommes dépensées par le secteur privé au Canada, on constate que dans bien des cas elles sont bien inférieures à ce que d'autres pays dépensent. Dans des pays où les ressources sont comparables, aux États-Unis ou dans les pays du Nord de l'Europe en général, on y dépense un peu plus. Cela est vrai pour le secteur forestier comme pour le secteur minier. Cela a certainement en partie une explication culturelle. Comme vous l'avez dit, le Canada offre d'excellents avantages fiscaux, parmi les meilleurs du monde en fait.

Je me suis occupé de la gestion de CANMET et je peux me rappeler combien il était contrariant d'essayer de convaincre le secteur privé canadien de faire un plus gros effort. Toutefois, au fil de mon expérience à CANMET pendant huit ans, j'ai pu constater que le secteur privé avait consenti effectivement un effort un peu plus gros. À la vérité, il me faut reconnaître devant vous que je ne suis pas encore satisfait de l'effort consenti.

Comme mes collègues l'ont expliqué, nous avons essayé la formule des partenariats. Nous avons essayé d'amorcer un travail avec les compagnies là où elles se trouvent et de créer un climat de confiance pour que l'on sache que ces investissements peuvent être utiles. Nos efforts ont été dans bien des cas fructueux. Nous nous sommes également livrés à certaines études d'impact liées au travail que nous avions fait par le passé avec des industriels ou seuls, afin de montrer les retombées et d'en faire la publicité par la suite. Nous avons donc pris des mesures pour modifier les mentalités. Je le répète, il faut poursuivre nos efforts. Il n'y a pas de solution magique ici. J'aimerais qu'il en soit autrement, même si je pense qu'il y a eu des améliorations.

Le document de mon collègue sur l'impact de CANMET au Canada prouve que CANMET a fait de l'excellent travail dans ce secteur. L'impact de CANMET ne se mesure toutefois pas tant par les sommes investies, grâce à lui, par les industriels. Certes, des efforts ont été consentis mais ils n'atteignent pas encore le niveau que nous souhaiterions.

Mme Linda Keen: Ces dépliants vont faire partie de la trousse d'information sur les minéraux et les métaux que nous allons distribuer, en version bilingue, car il est très important que cela soit illustré.

Hier, nous avons rencontré les représentants de Noranda. Noranda a fait un investissement considérable dans ses laboratoires de Pointe-Claire au Québec. Il y a certaines compagnies canadiennes—qui sont dans le peloton de tête dans bien des secteurs—qui ont fait des investissements considérables. Par exemple, la nouvelle technologie du magnésium a été l'élément clé permettant de proposer une usine à Asbestos au Québec, où seront utilisées ces technologies-là.

Il faut bien dire que c'est parmi les industriels qu'il faut chercher les chefs de file à cet égard. En vérité, les laboratoires fédéraux peuvent réaliser d'excellentes choses, constituer des moteurs et aider, par exemple, à former un consortium qui n'aurait pas été possible autrement. Le consortium se forme sous notre houlette.

Je conviens avec Marc Denis qu'il y a encore beaucoup à faire. Le niveau n'est certainement pas encore atteint. Le Canada est parmi les chefs de file mondiaux pour la recherche et la technologie dans le secteur des minéraux et des métaux de même que pour d'autres réalisations.

Le président: Monsieur Everell.

M. Marc Denis Everell: Je vais demander à Ed Shaw du Centre canadien de télédétection de répondre à la question et j'ajouterai peut-être quelque chose.

M. Edryd Shaw (directeur général, Centre canadien de télédétection, ministère des Ressources naturelles): Nous avons eu des contacts avec le Mexique en particulier et nous avons essayé d'y exporter ce que nous faisons à Sherbrooke, c'est-à-dire toute la structure de gestion implantée ici au Canada. Nous avons eu recours pour cela à certains de nos dirigeants du bureau de Sherbrooke pendant un an ou deux. Les Mexicains voulaient une réplique exacte de ce qu'ils avaient vu à Sherbrooke. Le principal entrepreneur dans ce contrat était SNC-Lavalin, mais un sous- contrat avait été confié à notre équipe.

• 1220

Comme il s'agissait d'activités appelées à se répéter, nous avons instauré un mécanisme qui nous permet de muter facilement des équipes qui viennent en aide à des consortiums du secteur privé.

On a constaté la difficulté suivante: il faut pour obtenir un contrat dans ces pays-là que le Canada se présente comme fournisseur unique. Étant donné que les sociétés canadiennes se faisaient concurrence, nous avons résolu le problème, après bien des années, en collaborant avec l'Association de l'industrie géomatique du Canada. Ainsi, on a formé récemment un consortium GEOCAN International, où les principaux adhérents de l'association de géomatique se sont regroupés, avec constitution d'un capital- actions pour GEOCAN International, de sorte que c'est par l'intermédiaire de ce consortium qu'ils essayeront désormais d'obtenir ce genre de contrats.

En vertu d'un accord, nous accordons notre appui à GEOCAN International. Les clients savent qu'ils peuvent donc compter sur les bonnes pratiques de gestion courantes au Canada, les techniques de contrôle de qualité et la bonne réputation du Canada en général dans les accords de gouvernement à gouvernement.

C'est ainsi que nous pensons régler la question. Comme ces exemples vous l'indiquent, nous avons déjà connu du succès, mais je crois que ce nouveau mécanisme sera encore plus fructueux.

M. Roy Cullen: Pourrais-je poser une dernière question complémentaire? Non?

Le président: Je voudrais céder la parole à Pierre. Nous reviendrons à vous, Roy, d'accord?

M. Roy Cullen: D'accord.

Le président: Pierre.

[Français]

M. Pierre de Savoye: J'ai d'abord une question pour Mme Keen et ensuite une autre pour M. Shaw et Mme King.

Madame Keen, vous avez indiqué tout à l'heure que vous aviez une préoccupation particulière pour les questions concernant l'amiante. Est-ce qu'il serait possible d'informer ce comité de ce que vous faites présentement et de ce que vous entendez faire dans un avenir prochain pour faire la promotion de l'amiante, particulièrement en Europe?

Vous pourriez transmettre ceci au greffier du comité, qui pourra ensuite le transmettre aux membres du comité. Est-ce que ça vous convient, monsieur le président? Merci.

Je vais maintenant poser ma question à M. Shaw et à Mme King. Bien sûr, je vois que vous vous occupez de géologie et de relevés par télédétection. Actuellement, on présume un changement dans les climats et je pense qu'on commence même à vivre un changement du climat.

Et-ce que vous avez, dans vos divers relevés, remarqué que la ligne côtière changeait? Est-ce que vous avez remarqué, par la télédétection, que la végétation changeait? Et à moyen terme, est-ce que vous avez des programmes pour surveiller ces divers changements et les modaliser?

M. Edryd Shaw: Je vais commencer. Oui, nous avons un programme pour surveiller la végétation du Canada. C'est un programme qui utilise un satellite, qui est en réalité un satellite météo. Chaque jour, ce satellite couvre le Canada et nous avons une image qui montre comment la végétation pousse.

Grâce à ce satellite, nous avons vu les changements. Il n'est pas possible de dire directement que le climat a changé, parce qu'il faut surveiller la végétation pendant quelques années. Nous avons vu un changement là où la forêt commence à pousser un peu avant la période normale, c'est-à-dire cinq jours plus tôt. Donc, c'est un changement, mais c'est une constatation sur un an seulement. Il faut observer les choses pendant quelques années.

En ce qui concerne la ligne côtière, ma collègue peut faire un commentaire, mais je pense que nous n'avons pas vu de changement sur la ligne côtière pendant ces années.

Mme Janet King (directrice, Division de la géologie du continent, ministère des Ressources naturelles): Nous avons eu, à la Commission géologique du Canada, un programme d'étude de ces sujets.

• 1225

C'est surtout un programme de mesure et de surveillance des processus actifs sur les côtes du Canada, les Maritimes, le golfe Saint-Laurent et la côte arctique. Nous utilisons des vidéos pour vérifier les changements et nous avons aussi des chercheurs qui essaient de mieux comprendre ces changements et de faire des parallèles entre ces changements.

Actuellement, ils sont en train d'essayer de comprendre ce qui se passe, quels sont les processus scientifiques et quels seront les effets sur les communautés.

M. Pierre de Savoye: Est-ce que vous publiez les résultats de ces recherches de façon courante?

Mme Janet King: Oui, bien sûr. Ils se trouvent dans certaines publications scientifiques et publiques aussi.

M. Pierre de Savoye: Et à l'interne, est-ce que vous publiez quelque chose?

M. Marc Denis Everell: On peut vous envoyer de l'information sur ces questions. C'est un domaine qui va probablement se développer avec l'intérêt grandissant concernant le changement climatique. Bien entendu, on va essayer de mieux comprendre les différents phénomènes qui se passent.

Dans le secteur des sciences de la terre, on a de l'expertise au niveau de nos géologues et au niveau de nos gens en télédétection pour nous aider dans ce domaine-là. Je ne serais donc pas surpris qu'on ait encore plus d'activités dans ce domaine-là à l'avenir.

M. Pierre de Savoye: Je vous remercie. Merci, monsieur le président.

[Traduction]

Le président: J'aimerais faire suite à la question de M. Cullen sur la géomatique, sur la possibilité de fournir au monde entier des systèmes de géomatique clé en main. Peut-être que la solution serait de demander à l'association de géomatique de mettre sur pied une entreprise qui aurait pour mission de mettre en marché ce que le Canada a de mieux à offrir. Serait-ce une bonne façon de mettre à la disposition du reste du monde des systèmes clé en main?

M. Marc Denis Everell: Oui, c'est une approche qui nous semble acceptable et que nous préconisons. C'est une solution que le gouvernement pourrait adopter. Ainsi, il pourrait réunir tous les intéressés et élaborer une approche de transfert de la technologie. Toutefois, nous préférons la méthode du secteur privé, où les parties prenantes se réuniraient en un consortium pour tenter d'obtenir ces contrats d'importance avec le soutien du gouvernement.

C'est le temps qui nous dira si cette approche est la bonne. Mais du point de vue du gouvernement, ce qui est en place est satisfaisant et nous sommes disposés à apporter notre contribution.

Le président: Sur ce, je vous remercie, monsieur Everell, madame Keen et tous vos collègues.

J'estime que ce que vous faites est très important. Compte tenu du fait que nous sommes déjà aux échelons supérieurs, sinon aux plus hauts échelons, dans bon nombre de ces domaines axés sur les connaissances, nous pourrions créer de nombreux emplois de haute technologie pour les Canadiens. Il est donc logique de tabler sur ces réussites.

Je vous remercie de votre témoignage. Nous avons hâte d'entendre vos collègues des secteurs des forêts et de l'énergie, ce jeudi.

La séance est levée. Merci.