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NRGO Réunion de comité

Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.

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STANDING COMMITTEE ON NATURAL RESOURCES AND GOVERNMENT OPERATIONS

COMITÉ PERMANENT DES RESSOURCES NATURELLES ET DES OPÉRATIONS GOUVERNEMENTALES

TÉMOIGNAGES

[Enregistrement électronique]

Le jeudi 26 novembre 1998

• 1103

[Traduction]

Le président (M. Brent St. Denis (Algoma—Manitoulin, Lib)): Bonjour, collègues. Je déclare ouverte cette séance du 26 novembre du Comité permanent des ressources naturelles et des opérations gouvernementales.

Nous sommes heureux d'accueillir aujourd'hui une délégation de l'industrie forestière de la Colombie-Britannique, soit des représentants de sociétés et de syndicats. Je les présenterai dans quelques instants.

Voulez-vous faire un rappel au Règlement?

M. Werner Schmidt (Kelowna, Réf.): Cela concerne la procédure du comité. Je suis réellement heureux que ces messieurs soient ici. Cependant, Carolyn Parrish devait présenter un rapport sur les franchises postales. J'aimerais connaître vos intentions quant au moment où ce rapport sera reçu par le comité? Cela devait se faire aujourd'hui.

Le président: Werner, de toute évidence Carolyn n'est pas ici; je ne peux lui poser la question. Je ne sais pas. Je m'attendais à ce qu'elle soit ici aujourd'hui, et elle arrivera peut-être plus tard avec ce rapport. Cependant, si à la fin de la séance elle n'est toujours pas ici, je ne peux que m'engager à...

M. Werner Schmidt: Je soulèverai la question encore une fois juste avant...

Le président: Avant que nous levions la séance.

M. Werner Schmidt: Oui.

Le président: Très bien. Elle sera peut-être arrivée d'ici là. Je prends cependant bonne note de votre intervention.

Cette délégation est ici pour apporter un message à Ottawa, sur la Colline parlementaire, concernant les pressions considérables que subit l'industrie forestière à l'heure actuelle sur la côte de la Colombie-Britannique en particulier, mais en Colombie-Britannique en général et ailleurs au Canada également, de la part de certains éléments des—je ne veux pas mettre tous les écologistes dans le même sac—disons plutôt de groupes environnementaux radicaux actifs dans différentes régions du monde.

Je pense qu'il est important d'écouter attentivement ce qu'ils ont à nous dire. Il y a des emplois en jeu; l'économie est en jeu.

• 1105

Nous sommes donc très heureux d'accueillir aujourd'hui Darrel Wong, président et Darrel Smith, membre du conseil d'administration, Industrial Wood and Allied Workers of Canada; Ric Slaco, chef forestier, International Forest Products Limited; et Bill Dumont, chef forestier, Western Forest Products Ltd. Ils feront un exposé qui durera environ 10, 12 ou 13 minutes. Nous aurons ensuite amplement de temps pour leur poser des questions.

Messieurs, merci d'être ici. Sans plus tarder, je vous invite à nous présenter votre exposé.

M. Darrel Wong (président, Industrial, Wood and Allied Workers of Canada): Je vais commencer.

Comme le président l'a dit, je m'appelle Darrel Wong. Je suis président du local 2171, et mon local représente la côte de la Colombie-Britannique, le nord de l'île de Vancouver et les îles Charlotte. Quant aux représentants de Western Forest Products et International Forest Products qui m'accompagnent ici aujourd'hui, leurs deux sociétés représentent environ 10 p. 100 de toute l'exploitation forestière côtière et emploient environ 7 000 travailleurs. Je suis accompagné de Darrel Smith, qui est un employé à temps plein d'Interfor et qui travaille en fait dans un des chantiers d'exploitation forestière de la côte qui est touché directement par la situation dont je vais vous parler.

Il s'agit d'un exposé conjoint. L'industrie et l'IWA sont convenus de tenter de trouver une solution aux circonstances dans lesquelles nous nous trouvons. Cette initiative a vu le jour en juin, parce que notre syndicat local s'est trouvé en situation de crise alors que plus de 2 000 de ses membres ont été mis à pied. Je représente mes membres, leurs familles et leurs communautés en venant ici pour tenter de donner plus de visibilité à ce problème et pour vous demander votre aide.

À la suite de notre initiative, nous avons eu deux visites. Alexa McDonough est venue en septembre visiter la côte moyenne que Greenpeace a renommée la forêt pluviale de Great Bear et John Duncan et six autres députés sont venus jeter un coup d'oeil à la région. Il faut souligner que ces deux visites ont été entièrement payées par de petites entreprises locales qui s'inquiétaient de l'impact du boycottage international de nos produits forestiers.

Comme je l'ai dit, nous avons un véritable partenariat, car notre syndicat local ne peut certainement pas régler ce problème seul et je pense que l'industrie ne peut pas elle non plus régler ce problème seule. Nous avons donc décidé de travailler ensemble pour tenter de trouver des solutions.

Je tiens à souligner qu'en Colombie-Britannique, nous avons des pratiques forestières qui sont parmi les meilleures au monde et un code des pratiques forestières a été adopté il y a environ 3 ans pour mettre en oeuvre ces pratiques.

Nous tenons à souligner que les allégations de Greenpeace selon lesquelles rien ne change en Colombie-Britannique sont fausses. Il y a eu des changements draconiens, et nous vous en parlerons un peu plus loin.

Pendant que les députés étaient en Colombie-Britannique, nous avons signé une déclaration conjointe avec le député de notre région pour contrer les campagnes et protestations négatives et destructrices et tenter d'éliminer certains des dommages qui ont été causés par ce boycottage international et promouvoir la durabilité du secteur canadien des forêts.

Comme je l'ai dit tout à l'heure, plus de 2 000 travailleurs ont été mis à pied. 400 autres membres ont été mis à pied il y a quelques semaines. C'est certainement dû en partie à l'effondrement du marché japonais. Il y a également l'accord sur le bois d'oeuvre que vous connaissez, j'en suis certain, et qui nous impose des contraintes sur l'accès au marché américain. Ces deux éléments ont certainement beaucoup nui à notre secteur.

Le problème en ce qui concerne Greenpeace et d'autres groupes, c'est qu'avec leur campagne ils tentent d'éliminer nos emplois et de faire disparaître nos collectivités—définitivement. Ils ne veulent pas seulement changer les pratiques, ils veulent éliminer l'exploitation forestière des peuplements vieux en Colombie-Britannique et, franchement, partout au Canada, il me semble.

• 1110

IWA Canada a appuyé et continue à appuyer, à protéger et à améliorer les écosystèmes forestiers, à protéger la biodiversité, à maintenir des niveaux de récolte garantissant la durabilité et à mettre en oeuvre de bonnes pratiques de gestion forestière. Mais nous savons également qu'il faut tenir compte des besoins économiques des habitants de la région et du Canada entier.

En fait, nous avons une politique forestière—j'en ai remis des exemplaires au président—qui documente la position de l'IWA à cet égard. Nous sommes en fait des écologistes. Ce que nous craignons, c'est que cette campagne semble plutôt être une campagne de levée de fonds qu'une campagne pour protéger l'environnement.

Nous avons parlé aux dirigeants de communautés autochtones et non autochtones lorsque nous avons fait la visite. Franchement, ils sont tout aussi inquiets que nous du fait que les gens de Greenpeace refusent de participer aux négociations concernant l'utilisation des terres en Colombie-Britannique. Ils semblent plutôt tout simplement rester à l'extérieur pour mieux nous attaquer.

Nous avons adopté des normes environnementales qui sont parmi les plus rigoureuses. Les gens qui vivent et qui travaillent dans la forêt adoptent et mettent en oeuvre ces pratiques.

L'an dernier—vous l'avez peut-être vu aux nouvelles—il y a eu des blocus illégaux dans les îles Roderick et King qui ont fait perdre 70 000 $ de salaires et d'avantages sociaux à nos membres qui y travaillent. Nous avons entamé des poursuites judiciaires contre Greenpeace, et l'affaire est toujours devant les tribunaux. Nous espérons obtenir gain de cause.

Ce qui nous préoccupe, cependant, c'est que les tactiques ont maintenant changé. Nous assistons maintenant à un boycottage international sur le marché qui pourrait causer considérablement plus de tort que les blocages routiers.

À notre avis, c'est une question d'une grande importance nationale et nous avons besoin de votre aide le plus rapidement possible pour contrer ces activités. Nous avons besoin de l'aide du gouvernement fédéral car Greenpeace est une organisation multinationale. En effet, Greenpeace a un budget de l'ordre de 126 millions de dollars. Ils ont embauché neuf employés à plein temps à Washington D.C. pour travailler à la campagne de boycott des produits forestiers canadiens. Avec ce genre de financement, Greenpeace peut financer des campagnes de relations publiques bien ficelées, ce que nous n'avons de toute évidence pas la capacité de faire.

Je termine là-dessus et je cède la parole à Ric Slaco.

M. Ric Slaco (chef forestier, International Forest Products Ltd.): Merci, Darrel.

Pour commencer, je tiens à remercier le comité d'avoir fait en sorte que la température soit comme chez nous. Nous l'apprécions.

L'entreprise pour laquelle je travaille se situe en Colombie-Britannique. Nous faisons de l'exploitation forestière et nous avons des scieries. Nous employons environ 3 000 personnes. Nous produisons du bois d'oeuvre de haute qualité que nous exportons partout dans le monde.

J'aimerais vous parler ce matin de certains aspects de l'exploitation durable qui se rapportent aux forêts.

Le Canada est un pays d'arbres. Nous le savons tous. Ce pays a de grandes possibilités. Nous sommes aussi uniques à cause de cela, puisqu'il n'y a pas beaucoup d'autres pays ayant une telle abondance de forêts naturelles.

En Colombie-Britannique, nous savons que ces forêts sont pour nous tous une valeur économique, sociale et environnementale importante. Actuellement, le Canada répond à environ 15 p. 100 de la demande mondiale en résineux, dont près de la moitié vient de la Colombie-Britannique. Par ailleurs, nous savons que la Colombie-Britannique offre aussi certains des plus beaux panoramas qui soient tout en offrant un habitat pour une faune et une flore très riches et diversifiées.

Il nous faut donc arriver à un équilibre. Pouvons-nous établir l'équilibre entre les intérêts environnementaux, économiques et sociaux?

À mon avis, c'est possible. Je suis ici aujourd'hui pour vous parler de mon engagement très ferme et de mes préoccupations quant à la durabilité de la ressource, et aussi pour vous parler de l'avenir, de la possibilité pour tous les Canadiens de continuer à tirer profit de nos forêts.

Même si nous avons beaucoup d'arbres en Colombie-Britannique, il convient de signaler que seulement le tiers d'entre eux sont considérés comme pouvant être exploités commercialement. Il faut gérer avec sérieux ces zones consacrées à l'exploitation forestière.

• 1115

Cela n'a pas toujours été le cas par le passé, mais avec les années, avec l'évolution des valeurs sociales, nous avons aussi constaté de grands changements dans l'industrie. Grâce à l'avènement en Colombie-Britannique, en 1995, d'un code de pratiques forestières et aussi grâce aux efforts des travailleurs forestiers, je crois pouvoir vous dire aujourd'hui, en toute confiance, que nous avons des pratiques forestières qui sont parmi les meilleures au monde. Ces faits ont été vérifiés dans le cadre d'une étude indépendante et je ne connais pas personnellement d'autres pays où l'on fait mieux les choses qu'ici.

L'exploitation durable n'est toutefois pas mesurée uniquement par de bonnes pratiques. Il faut aussi protéger la valeur des ressources clés grâce à une planification globale des terres boisées. Dans certaines régions, cela signifie la préservation. En Colombie-Britannique, la province a créé plus de 250 nouveaux parcs depuis 1992, soit plus que dans toute autre région du pays. La superficie des zones protégées en Colombie-Britannique dépasse celle de la plupart des autres pays ainsi que les niveaux recommandés par des conventions internationales.

Les décisions relatives aux nouveaux parcs en Colombie-Britannique sont fondées sur des consultations publiques auprès de groupes très divers. Cela signifie qu'on inclut tous les groupes qui veulent un développement durable pour la région.

Comme exemple de ce processus, prenons la planification de l'utilisation foncière pour une région de la Colombie-Britannique appelée la côte centrale, où se trouve une bonne part des membres du syndicat de Darrel. Plus de 50 groupes différents représentant par exemple des intérêts communautaires, des environnementalistes, des syndicats, des autochtones, etc., participent à ce processus de planification. Il est ouvert à quiconque veut trouver des solutions durables.

Pour ce qui est des zones qui ne sont pas destinées à devenir des parcs, l'objectif est de préserver à long terme la santé des écosystèmes forestiers parce que l'exploitation est concentrée sur des territoires assez petits. Prenons l'exemple de la côte centrale. Près de 90 p. 100 de cette région est consacrée essentiellement à la conservation, que ce soit parce qu'on y a créé des parcs ou parce que l'exploitation forestière n'y est pas permise. L'industrie ne cherche à exploiter qu'environ 10 p. 100 de ce territoire, pour y faire une exploitation forestière durable à long terme.

Cette même zone de la côte centrale est devenue la cible des groupes de conservation dont parlait Darrel. Cette zone n'est pas petite, sa taille est à peu près celle de la Suisse.

Les forêts de cette zone sont depuis longtemps utilisées tant par les Autochtones que les non-Autochtones. On est bien loin de la vérité quand on dit que les activités forestières dans cette zone vont éliminer tous les arbres. C'est la même chose pour la Colombie-Britannique. Étant donné la diversité de nos forêts et nos pratiques de gestion, nous savons qu'il y aura toujours une abondance de peuplements vieux dans ces forêts.

Si vous examinez les principes sur le développement durable énoncés par le Conseil canadien des ministres des Forêts, je suis persuadé que vous constaterez que nous répondons aujourd'hui à ces critères de durabilité. En outre, dans un processus d'améliorations continues, nous voulons encore modifier nos pratiques forestières, à l'avantage de la société.

Près d'un million d'emplois au Canada dépendent du secteur forestier. C'est la plus importante source d'échanges commerciaux qui touche l'ensemble du pays. Je crois que les Canadiens veulent que nous ayons de bonnes pratiques forestières, que nous protégions la valeur de cette ressource importante et que nous fassions la promotion de l'utilisation et de la vente du bois canadien.

J'aimerais maintenant donner la parole à Bill qui vous parlera un peu des obstacles auxquels nous sommes confrontés.

M. Bill Dumont (chef forestier, Western Forest Products Ltd.): Merci, Ric. Bonjour à tous. Merci d'avoir accepté de rencontrer ce matin notre délégation.

Mon employeur, Western Forest Products, est l'un des plus anciens exploitants forestiers de la Colombie-Britannique. Avec notre prédécesseur, nous sommes en affaires depuis 1857. Nous employons dans le cadre de notre exploitation environ 10 000 habitants de la Colombie-Britannique et notre volume de ventes est supérieur à 1 milliard de dollars, sur les marchés européen, asiatique, américain et ceux du reste du pays.

Nous ne sommes pas ici pour attaquer Greenpeace, en tant qu'organisation. Nous sommes ici pour vous présenter nos graves préoccupations au sujet de sa campagne de boycott des produits forestiers canadiens. J'aimerais vous parler des questions et des pressions qui préoccupent notre industrie à cause de ce boycott.

• 1120

Cette campagne cible spécifiquement les clients des produits forestiers de Colombie-Britannique. La campagne a débuté en Europe puis s'est récemment tournée vers les États-Unis et, depuis moins d'un mois, s'est dirigée vers le Japon. C'est une campagne très dure contre quiconque achète des produits des compagnies et des régions ciblées.

Permettez-moi de vous donner un exemple. Notre compagnie travaillait avec un important fabricant d'un nouveau type de rayonne, qui devait être produite dans une usine de Port Alice, au moyen d'un produit chimique dérivé de la cellulose. Nous voulions créer un nouveau tissu qui ferait concurrence au coton, sur le marché mondial. C'était un débouché pour notre produit le plus coûteux, dans une usine devant être construite en Autriche, près de la frontière hongroise, avec l'appui de capitaux européens.

Nous avons consacré 10 ans de travail, en collaboration avec cette entreprise, pour mettre au point la technologie, qui était très nouvelle et innovatrice et qui pouvait créer un marché énorme pour le Canada, pour ses produits ligneux, dans le domaine de la mode pour dames et dans d'autres secteurs de la haute technologie, comme les plastiques dérivés du bois.

Greenpeace a décidé de faire de cette nouvelle usine et de l'entreprise qui mettait au point cette technique une des principales cibles de sa campagne de boycottage. Lorsque le chancelier de l'Autriche s'est proposé de présider à l'ouverture de l'usine, un investissement de 150 millions de dollars, Greenpeace a menacé de perturber cette ouverture. Nous avons perdu ce client. Cela nuit considérablement à nos usines, puisque c'était le produit de bois ayant la valeur la plus élevée que nous ayons fabriqué, expressément pour ce marché.

Tout récemment, en octobre, lorsque la campagne s'est tournée vers les États-Unis, un des principaux détaillants de produits forestiers canadiens a subi 85 attaques dans une seule journée et ses lignes téléphoniques ont été bloquées par 28 000 appels visant à perturber son fonctionnement. Les clients voulant acheter des produits forestiers canadiens chez ce fournisseur ont été harcelés à leur entrée et on a fait pression sur eux pour qu'ils n'achètent rien chez ce fournisseur, parce qu'il vendait des produits forestiers canadiens.

La semaine prochaine, cette même entreprise va ouvrir 12 nouveaux magasins en Amérique du Nord et sera, je le répète, l'un des principaux détaillants de produits forestiers Canadiens. D'importants groupes environnementalistes fourbissent leurs armes pour perturber l'ouverture de tous ces magasins.

Il y a deux semaines, au Japon, nos clients et bien d'autres clients des sociétés forestières de la Colombie-Britannique ont été frappés par une campagne d'envergure qui a commencé à Tokyo. On a fait des pressions et on a publié des articles qui laissaient entendre que les produits forestiers canadiens et ceux de la Colombie-Britannique ne provenaient pas d'exploitations forestières durables et qu'il fallait cesser de faire affaire avec nous, parce que nous n'étions pas respectueux de l'environnement.

Ne vous y trompez pas: les pressions exercées sur nos clients sont très fortes. On a fait circuler un document de huit pages qui montre les tactiques à suivre, allant de la pression sur les PDG des entreprises clientes à la perturbation de leur fonctionnement. Parmi nos clients européens, certains ont vu des environnementalistes s'enchaîner à leur clôture pendant des périodes allant jusqu'à un mois, dérangeant l'arrivée au travail de leurs employés. C'est une campagne sérieuse, qui est à notre avis sans fondement. Le gouvernement fédéral doit agir vite.

Il convient de reconnaître les efforts déployés par de nombreux gouvernements, y compris celui de la Colombie-Britannique et le gouvernement fédéral, dans cette affaire. Il y a des gens très sérieux, ici à Ottawa, qui connaissent la question; ils en connaissent la gravité. Mais nous voudrions qu'on consacre davantage de ressources à la lutte contre cette campagne.

Si cette campagne ciblant une petite partie de la Colombie-Britannique est couronnée de succès, elle pourrait ensuite porter sur le reste du Canada, parce que le gros de la production canadienne provient de forêts naturelles. À l'exception de celles des Maritimes, la plupart de ces forêts naturelles sont anciennes. Elles peuvent donc être la cible de cette campagne générale globale.

• 1125

Nous proposons un plan d'action en huit points que nous vous exhortons de considérer, pour qu'il y ait davantage de ressources entre les mains de ceux qui luttent contre cette campagne, et pour renouveler les efforts des syndicats, de l'industrie, des Autochtones, des communautés et des gouvernements intéressés. Voici ce que nous proposons:

Il faut augmenter le nombre de missions commerciales visant spécifiquement à faire la promotion des produits forestiers canadiens. Nous ne devons toutefois pas agir d'une manière défensive. Il faut le faire pour que le Canada soit reconnu comme l'une des nations forestières les plus responsables du monde, offrant des produits forestiers dans un cadre de développement durable. Le gouvernement fédéral devrait établir des bureaux commerciaux du secteur forestier dans les principaux marchés, particulièrement aux États-Unis, où l'on achète plus de la moitié des produits forestiers canadiens.

Nous voudrions que le gouvernement fédéral élargisse son programme de tournées forestières. Nous avons constaté que la mesure la plus efficace, c'est d'amener les clients et les leaders d'opinion ainsi que les médias sur nos marchés en Colombie-Britannique et ailleurs au Canada pour leur montrer sur le terrain quelles sont nos pratiques forestières.

Nous croyons aussi que le gouvernement fédéral devrait lancer une campagne publicitaire pour promouvoir l'achat de bois canadien comme choix environnemental responsable.

Nous suggérons aussi que le gouvernement donne plus d'importance aux tournées de délégués canadiens, qui amènent des universitaires et d'autres spécialistes des pratiques forestières sur nos marchés, où ils peuvent parler à nos clients, aux leaders d'opinion et au gouvernement pour faire la promotion du bois canadien.

Nous pensons aussi que le gouvernement fédéral doit donner plus d'importance à la certification des produits forestiers canadiens. Dans le cadre de cette méthode, un tiers vient évaluer les pratiques forestières en fonction d'une norme convenue, et cette certification peut servir à la commercialisation du produit.

Il y a aussi d'autres questions connexes, y compris un renforcement des lois empêchant les étrangers de nuire à l'exploitation forestière au Canada. Essentiellement, ces gens-là viennent ici pour se faire arrêter, pour faire figure de martyrs, qu'on peut ensuite produire en Europe et ailleurs comme des victimes des mauvaises pratiques forestières.

Toute cette question peut ressembler à une question environnementale alors qu'en fait, il s'agit d'une question commerciale. Cette campagne est destinée à nuire au commerce légitime du Canada avec d'importants clients étrangers.

En général, nous demandons un niveau d'engagement plus prononcé. Je tiens à dire que les mesures prises jusqu'ici ont été utiles, mais la campagne contre nous s'est intensifiée et il faut s'activer davantage.

Vous avez devant vous des représentants des syndicats et de l'industrie. Je pense que notre message est important. Nous sommes unis dans cette affaire, alors que nous ne le sommes pas toujours, normalement. Nous nous sommes alliés parce que nous considérons que c'est une menace pour notre gagne-pain et pour notre réputation, en tant que gestionnaires responsables des forêts.

Merci beaucoup pour le temps que vous nous accordez.

Le président: Merci, monsieur Dumont, et merci à tous.

Nous commençons tout de suite les questions: John Duncan est le premier intervenant.

M. John Duncan (Île de Vancouver-Nord, Réf.): Merci beaucoup, monsieur le président et merci à nos témoins.

Monsieur Dumont, lorsque vous parlez de l'intensification de la campagne, vous voulez dire qu'elle pourrait porter non seulement sur la Colombie-Britannique, mais sur l'ensemble du pays. Cela ne s'est-il pas déjà produit, en fait, pour ce qui est des achats par nos clients outre-mer et aux États-Unis?

M. Bill Dumont: Oui. Ceux qui sont à l'origine du boycott se concentrent sur des entreprises cibles. En fait, pour simplifier les choses pour les médias et pour nos clients, ils ont tendance à dire du même souffle Colombie-Britannique ou Canada, lorsqu'ils s'en prennent à la zone en litige, en Colombie-Britannique. C'est préoccupant.

Si l'on pense à la bannière qui a été mise devant le premier ministre et la reine à l'ouverture de la Maison du Canada à Londres, l'été dernier, vous vous souviendrez qu'on nous disait «Save Canada's ancient forests» (Sauvez les forêts anciennes du Canada). On n'y parlait pas de la Colombie-Britannique. La campagne sème parfois la confusion dans l'esprit de nos clients, sur le marché. Est-ce qu'on s'en prend au Canada, à la Colombie-Britannique ou à des entreprises particulières?

Voilà pourquoi nous sommes ici. Nous pensons que cela pourrait s'étendre et devenir une question nationale.

• 1130

M. John Duncan: Je voudrais clarifier certaines déclarations faites par Ric Slaco au sujet de ce qu'on appelle la forêt pluviale de Great Bear, sur la côte centrale de la Colombie-Britannique, une région de la taille de la Suisse. Vous dites que plus de 50 groupes différents participent à un exercice de planification de l'utilisation des sols dans cette région. Ils font tous partie d'une équipe de planification composée démocratiquement, et si j'ai bien compris, on a invité Greenpeace à participer à ce processus mais Greenpeace ne s'est pas présenté à la table. Ai-je bien compris?

M. Ric Slaco: C'est exact. Le processus dont vous parlez est un processus de planification de l'utilisation des terres. Il est parrainé par le gouvernement de la Colombie-Britannique. C'est un processus communautaire tout à fait ouvert et complètement démocratique, fonctionnant par consensus. Il regroupe des intérêts de toutes sortes, on y trouve en fait quiconque a un intérêt à assurer la durabilité de la région.

Ces processus se déroulent partout dans la province et prennent beaucoup de temps. Ils prennent habituellement deux ans. L'objectif est de mettre au point un plan global d'utilisation des terres qui détermine des zones clés devant être protégées et d'autres, pouvant être exploitées. Que je sache, Greenpeace n'a participé à aucun des plans en Colombie-Britannique et refuse particulièrement de participer à ces processus locaux.

M. John Duncan: J'ai une lettre sous les yeux, que je vais vous citer en partie. Ceux d'entre vous qui voudront formuler des commentaires pourront le faire. Je ne veux pas parler au nom d'un quelconque groupe autochtone, il s'agit d'une lettre ouverte envoyée à Greenpeace, au Sierra Club de la Colombie-Britannique, au Forest Action Network et au Sierra Legal Defence Fund par le conseil tribal de Heiltsuk. Je vais vous citer quelques phrases:

    Vos organisations continuent de parler uniquement pour la forme du fait que nous sommes ici depuis la nuit des temps. L'ignorance dont vous faites preuve à notre endroit lorsque vous pensez parler en notre nom est pour nous consternante.

Je ne lirai par le reste de cette lettre, mais elle provient d'Arlene Wilson, la conseillère en chef du conseil tribal de Heiltsuk. D'après les entretiens que j'ai eus lorsque le syndicat m'a invité sur la côte centrale, il s'agit d'une opinion prévalante chez les leaders autochtones que j'ai rencontrés.

Avez-vous des commentaires à ce sujet?

M. Darrel Wong: J'aimerais commencer. Nous avons fourni une bande vidéo au président du comité, que nous avons enregistrée pendant la tournée dont John a parlé et où l'on voit plus particulièrement Archie Pootlass, le chef de la nation des Nuxalk, de Bella Coola. On dit précisément sur la vidéo que Greenpeace a refusé de leur parler et de venir à la table. On y voit aussi Frank Johnson, de la nation d'Oweekano, qui dit que Greenpeace n'est pas venue à la table mais qu'elle le devrait, ainsi qu'un autre des conseillers du conseil tribal de Heiltsuk, qui dit aussi que Greenpeace ou d'autres organisations devraient en parler aux gens qui vivent et travaillent dans la région, si elles ont des préoccupations, plutôt que d'agir comme elles le font.

M. Darol Smith (membre de l'exécutif, Industrial, Wood & Allied Workers of Canada): J'aimerais ajouter quelque chose. Sur la vidéo, vous entendrez aussi l'un des travailleurs sur le terrain qui dit qu'ils ont commencé la construction d'une route et d'une décharge, c'est-à-dire l'endroit où l'on décharge les billes de bois. Ils ont commencé la construction de la route et de la décharge, mais elles font maintenant l'objet d'un moratoire de deux ans parce que Greenpeace ne se présente pas à la table. Si j'ai bien compris, la compagnie pour laquelle je travaille a dépensé plus de 1 million de dollars pour exploiter cette région et maintenant, nous ne pouvons pas aller y travailler.

Du point de vue des travailleurs, c'est très frustrant. J'ai vu de grandes améliorations dans la façon dont on exploite les forêts au cours des 10 dernières années et je suis prêt à comparer nos normes à celles de n'importe quel autre pays du monde.

• 1135

M. John Duncan: Ai-je encore du temps?

Le président: Vous avez encore deux ou trois minutes, John. Si vous avez encore des questions, vous pourrez intervenir de nouveau plus tard.

M. John Duncan: On publie en Colombie-Britannique une revue intitulée B.C. Report. J'ai trouvé un petit article dans le numéro du 16 novembre. Je voulais vous en lire une phrase, puisqu'on y cite Ronald MacDonald, l'ancien député libéral de la dernière législature. Je ne pense pas que ce soit un homme prompt à exagérer. Il est maintenant le PDG du Council of Forest Industries de la Colombie-Britannique. Voici ce qu'on dit:

    Pareils commentaires exaspèrent Ron MacDonald, le nouveau PDG du Council of Forest Industries. «Nous sommes régis par un système qui nous a presque fait fermer nos portes, mais qui n'est pas encore assez bon pour eux», dit l'ancien député libéral. «Je pense que l'objectif ultime de Greenpeace, c'est d'empêcher que soit coupé un seul arbre dans les forêts de la Colombie-Britannique.»

Voilà quel portrait il brosse de l'ampleur du problème dans sa région.

Une dernière chose, dans le cadre de cette ronde de questions: J'aimerais montrer aux membres du comité les techniques de pointe employées dans cette campagne. Voici la version anglaise, la version japonaise et il y en a d'autres aussi, en français, en allemand et en d'autres langues. Ne vous y trompez pas, il s'agit d'une campagne à l'échelle mondiale et nous devons reconnaître la gravité de l'affaire.

Le président: Merci John. Nous reviendrons à vous plus tard, si vous le souhaitez.

M. John Duncan: Merci.

Le président: Roy Cullen, s'il vous plaît.

M. Roy Cullen (Etobicoke-Nord, Lib.): Merci beaucoup, monsieur le président et merci à nos témoins.

J'ai toute une gamme de questions mais j'aimerais commencer par quelques commentaires, parce que je crois que ce que vous voulez aujourd'hui, c'est obtenir des résultats et je pense que nous reconnaissons tous les problèmes auxquels est confrontée l'industrie côtière de la Colombie-Britannique. Il est dommage que certains membres libéraux du comité n'aient pas eu la chance de voir la forêt pluviale de Great Bear. Je sais que notre comité, sous l'égide de notre président, est allé à Prince George l'an dernier, je crois.

Je crois donc que notre comité est très sensibilisé aux besoins de l'industrie forestière. D'ailleurs, bon nombre des membres du comité viennent de circonscriptions où il y a une importante exploitation forestière et comme il semblerait que cette campagne pourrait s'intensifier, s'étendre et finir par toucher tous les producteurs forestiers canadiens... Mais j'espère qu'on n'en fera pas une question partisane, parce que je crois que nous devons tous viser le même objectif, soit de faire ce que nous pouvons pour améliorer la situation du secteur des ressources naturelles.

Cela étant dit, j'aimerais parler de certains points et je reviendrai lors des deuxièmes et troisièmes rondes de questions, je présume, monsieur le président.

Vous avez parlé de l'accord sur le bois d'oeuvre et je sais qu'on en reparlera plus tard. Une chose doit toutefois être claire: chacun sait que le secteur de l'exploitation forestière a demandé il y a déjà quelques années un accord sur le bois d'oeuvre, et le compromis réalisé a été cinq ans de trêve pour le commerce du bois d'oeuvre. Il n'y a pas d'équivoque à ce sujet; je sais parfaitement que c'était le cas. Nous savons qu'il y aura des problèmes dans l'attribution des quotas, notamment. Mais il faut bien comprendre que c'est l'industrie qui voulait l'accord sur le bois d'oeuvre avec les États-Unis et qu'il serait bon, à un moment donné, de se demander ce qu'on fera à l'échéance de l'accord sur le bois d'oeuvre.

Nous savons aussi que les problèmes côtiers de la Colombie-Britannique sont exacerbés, bien entendu, par la crise asiatique et par certaines politiques du gouvernement provincial sur lesquelles nous n'insisterons pas, puisque ce n'est pas à nous de le faire.

Mais je me demande si nous ne pourrions pas orienter notre discussion. Je vois que vous avez des motions et cela pourrait nous aider à mieux cibler nos interventions. Mais il semblerait que la rumeur veuille que le gouvernement fédéral subventionne les activités de Greenpeace, d'une manière ou d'une autre, et qu'il appuierait certaines de ses activités. J'ai fait un peu de recherche à ce sujet, et je n'ai rien trouvé. Je ne vois pas d'appui financier à Greenpeace de la part du gouvernement fédéral, sauf peut-être pour un égarement en 1994, au profit du WCWC, dont nous avons tiré des leçons, j'espère. Cela mis à part, si vous êtes au courant d'un appui quelconque accordé par le gouvernement fédéral à Greenpeace, j'aimerais être mis au courant.

• 1140

Je pense qu'il faut reconnaître que le gouvernement fédéral a beaucoup fait dans ce domaine. Par exemple, dans le domaine des normes forestières internationales, nous étions des leaders, à Rio. Nous ouvrons de nouvelles avenues et il est toujours préférable d'être à la tête d'un tel mouvement.

Nous avons participé plus particulièrement à l'élaboration des codes par le Forest Stewardship Council. J'aimerais que vous nous reparliez, plus tard, de toutes ces questions des codes. Peut-on espérer, maintenant ou à l'avenir, que Greenpeace acceptera des codes qui permettraient quelque forme que ce soit d'exploitations forestières dans des forêts pluviales ou des vieux peuplements? Si ce n'est pas possible, il y a un problème. Je soupçonne que ce n'est pas possible. Alors peu importe tout ce que nous faisons dans la gestion des forêts dans l'étiquetage écologique—ou tout ce qui est à la dernière mode—il y aura toujours un problème aux yeux de Greenpeace et d'autres organisations qui prétendent qu'il ne doit pas y avoir d'exploitation forestière dans les vieux peuplements ni dans les forêts pluviales côtières.

Mais le gouvernement fédéral fait beaucoup. J'étais là lorsque le gouvernement a appuyé l'ouverture d'un bureau de l'Association canadienne des pâtes et papiers à Bruxelles et d'après de nombreuses sources, je sais que le gouvernement fait un travail très crédible pour renseigner l'Europe sur les pratiques forestières canadiennes. Nous avons aussi participé très activement au programme international de partenariats forestiers, ce qui se rapporte précisément à votre motion.

Permettez-moi de nuancer. Nous comprenons tous qu'il faut en faire davantage et qu'on peut en faire davantage, peut-être. Mais je pense qu'il faut placer les choses dans leur contexte. Le programme international de partenariats forestiers répond vraiment à un besoin. J'ai entendu Jack Munro, l'ancien dirigeant de l'IWA, dire très explicitement, comme tous ceux de l'industrie, qu'il valait la peine de faire venir au Canada nos clients de l'Europe ou d'ailleurs.

Nous faisons beaucoup dans ce domaine. En fait, il y a un groupe qui doit passer à l'automne. Je pense qu'il faut faire davantage mais je crois savoir qu'il y a aussi eu un voyage en Europe en mai auquel ont participé Western Forest Products et Interfor. Ceci pour essayer de répondre à une demande spécifique de l'industrie côtière concernant le message à faire passer en Europe.

Le Comité consultatif du secteur des forêts regroupe des dirigeants syndicaux et d'entreprises qui sont appelés à conseiller le gouvernement fédéral. Je crois qu'ils doivent se rencontrer le 13 décembre. J'espère que votre dirigeant M. Haggard en parlera à cette réunion avec le ministre de l'Industrie et le ministre des Ressources naturelles.

Cela dit, j'aurais quelques questions à vous poser tout de suite et j'en aurai d'autres un peu plus tard. En voici trois.

À votre avis, Greenpeace et toutes ces autres organisations environnementales accepteront-ils jamais quelque forme que ce soit d'exploitation forestière dans des peuplements vieux ou dans toutes sortes de forêts denses côtières?

Deuxièmement, avez-vous des preuves précises que notre gouvernement subventionne Greenpeace?

Au fait, je suis surpris que B.C Forest Products ne soit pas ici. Ils ont été plus directement touchés tout de suite mais vous pouvez peut-être nous dire ce que vous en pensez. Il semble que ce programme ait été ciblé pour B.C. Forest Products. Deux questions. L'initiative de Greenpeace sur le Great Bear a-t-elle jusqu'ici mené à la fermeture d'usines, risque-t-elle de faire fermer des usines ou de réduire l'activité? La société Home Depot est-elle cliente de Western Forest Products ou d'Interfor? Je sais que ce n'est peut-être que la pointe de l'iceberg, mais j'aimerais savoir si ce programme est efficace. Cela a-t-il un effet quelconque?

Je m'arrêterai là, monsieur le président. J'aurai d'autres questions au prochain tour.

Le président: Merci, monsieur Cullen.

Si vous avez raté quelque chose, je suis sûr que M. Cullen y reviendra plus tard.

M. Darrel Wong: Je veux bien commencer. Tout d'abord, et de façon plus précise, la question dont j'aimerais traiter est celle de la politique partisane.

En tant que syndicat local, nous nous sommes adressés à autant de gens que possible. Nous sommes allés voir notre député local John Duncan, ce qui pour l'IWA est assez spécial. On nous associe généralement d'assez près à un autre parti mais nous considérons qu'il s'agit-là d'une question globale pour la côte. Nous considérons que c'est un problème qui touche l'ensemble du Canada. Ce n'est pas une question de parti; c'est une question qui touche ou qui va toucher tout le monde au Canada. Nous ne voudrions certainement pas qu'on ait l'impression qu'un seul parti s'y intéresse. Nous ne le croyons pas.

• 1145

Le deuxième point, à titre de syndicat local, nous sommes précisément ciblés dans ce boycott. Ils ont précisément dit qu'ils allaient veiller à ce que personne ne travaille plus au milieu de la côte de la Colombie-Britannique, c'est-à-dire dans la forêt pluviale de Great Bear. Cela a touché directement Darol, qui travaille là et moi, parce que c'est la responsabilité de mon syndicat local. L'effet est direct et très personnel. Il s'agit de mes syndiqués et de leurs familles qui m'appellent pour demander: «Qu'allons-nous faire?» J'ai plus de 2 400 syndiqués qui sont mis à pied et ce n'est pas fini.

Ce n'est pas entièrement de la faute de Greenpeace mais il est évident que cela n'aide pas quand on a un boycott international qui cible le syndicat local et notre région particulière. L'effet est énorme. Nous avons donc décidé, nous le syndicat local, qu'il fallait faire quelque chose. Nous faisons tout ce que nous pouvons pour sensibiliser les gens à ce problème. Nous y travaillons. Nous ne disons pas que l'on ne fait rien, nous disons simplement qu'il faudrait faire davantage. Nous félicitons le gouvernement de certaines des initiatives qu'il a prises ainsi que les autres qui ont fait quelque chose mais, à l'heure actuelle, notre secteur souffre encore beaucoup. Nous sommes venus vous demander de nous aider à essayer d'aider ceux qui ne travaillent plus.

Pour le moment, il y a neuf usines qui ont fermé définitivement en Colombie-Britannique cette année. Deux autres sont fermées pour une période indéterminée. Sans compter toutes les activités d'exploitation forestière; je ne parle que des usines. C'est sérieux.

M. Bill Dumont: Peut-être pourrais-je répondre à votre question. Je pense avoir dit clairement dans mon exposé que nous ne voulons pas critiquer ce que l'on a fait jusqu'ici et vous avez mentionné tous les programmes qui existent. Nous demandons plus d'action parce qu'au cours des trois derniers mois il y a eu une intensification sérieuse. La campagne est passée aux États-Unis. Cela représente la moitié de notre marché.

Nous ne pouvons dévoiler nos intérêts commerciaux internes relativement au boycott mais je ne serais pas ici si nous n'étions pas touchés. Le premier exemple que j'ai donné de ce projet d'une grande usine en Europe montre que le boycott a des ramifications très importantes. Pour ce qui est de Home Depot ou de tout autre détaillant aux États-Unis, l'un ou l'autre de ceux qui subissent des pressions va finalement prendre certaines mesures. Cela nous inquiète parce qu'une partie de la tactique consiste à trouver un client sensible qui dira qu'il nous abandonne. C'est l'effet de domino qui nous fait peur.

Ric sait aussi ce qu'il en est des clients à ce sujet.

M. Ric Slaco: Comme je le disais, comme nous sommes une entreprise qui vend dans le monde entier, il n'y a pas un endroit au monde où cette campagne n'a pas été considérée comme une menace pour nos clients, puisqu'ils reçoivent toutes ces informations. Cela nous oblige certainement à répondre. Ce que je puis dire, c'est que ce que nous faisons consiste dans une large mesure à réagir alors que du fait des bonnes pratiques forestières que nous avons au Canada et de la réputation du Canada pour ce qui est du développement durable, nous avons la possibilité d'annoncer que nous avons un magnifique produit à vendre au monde qui est sans danger pour l'environnement.

Comme nous avons jusqu'ici plutôt réagi qu'agi, nous manquons une excellente occasion. Je crois que nous allons d'autre part y perdre parce que nous avons des clients qui sont sensibles à cette question et parce que les tactiques que vous avez exposées Bill tout à l'heure les préoccupent.

• 1150

Considérons toutefois le côté positif et voyons ce que nous pouvons faire. Nous suggérons d'être beaucoup plus proactifs en faisant la promotion de ce produit que nous pouvons offrir au reste du monde.

Le président: Cela va-t-il pour le moment, Roy?

M. Roy Cullen: Oui, j'aurai d'autres questions plus tard.

Le président: Pierre de Savoye, s'il vous plaît.

[Français]

M. Pierre de Savoye (Portneuf, BQ): Je suis très sensible aux propos que vous tenez, parce que, si c'est aujourd'hui la Colombie-Britannique qui est visée par des mesures étrangères, ce pourrait bien être le Québec demain ou après-demain. Comme vous l'avez mentionné, le Canada est un pays qui exploite énormément ses ressources forestières. Vous pourriez n'être que les premières victimes si on ne se serre pas les coudes. Je suis donc prêt à ce qu'on le fasse.

En même temps, il vous apparaît que la campagne menée par Greenpeace ne semble pas, à l'examen, viser des questions environnementales mais plutôt des questions de marché. Comme je suis toujours un peu curieux et que j'essaie de comprendre ce qui se passe, et comme j'imagine que vous avez vous-mêmes fait vos recherches et que vous vous êtes fait une opinion, pouvez-vous me dire ce que Greenpeace vise au juste?

J'essaie de trouver la bonne façon de dire les choses. L'action de Greenpeace vous défavorise. Qui s'en trouve favorisé, et pourquoi?

[Traduction]

M. Bill Dumont: Je crois qu'il faut examiner de très près le discours qu'on tient dans cette propagande. Cela change mais il y a un document fondamental dans lequel ils exposent leurs objectifs à long terme d'opposition à toute exploitation forestière industrielle où que ce soit dans le monde et de promotion de produits de remplacement. Ils sont convaincus que 80 p. 100 des forêts du monde ont été détruites et que la faune et la végétation qui restent dans les forêts doivent être protégées.

Ils s'opposent d'autre part en général aux forêts plantées, à toute activité dans les forêts naturelles ou à peuplement vieux. En ce moment, ils en sont au peuplement vieux mais si vous regardez les choses de plus près, ils font la promotion de produits de remplacement dont le ciment et tous les autres produits pouvant remplacer le bois. C'est là l'objectif fondamental: arrêter toute activité forestière industrielle, y compris celles qui sont pratiquées sur des plantations.

On ne voit pas ça dans la campagne elle-même. Aujourd'hui, on cible les peuplements vieux sur la côte centrale de la Colombie-Britannique, mais cela se déplace et, en fait, ils sont contre l'utilisation actuellement importante de la fibre de bois dans le monde.

Ils ne veulent pas que des terres agricoles soient transformées en forêts, comme cela se fait au Chili et dans d'autres régions du monde où l'on fait la culture intensive des arbres, comme en Nouvelle-Zélande, par exemple. Voilà donc le véritable objectif.

Qui serait le bénéficiaire? Ils croient que ce serait la conservation et qu'il y a suffisamment de produits de remplacement du bois dans le monde, comme le chanvre et d'autres sources de fibre.

Il est très important de comprendre que leur campagne repose sur quelque chose de beaucoup plus vaste que ce dont nous parlons actuellement.

[Français]

M. Pierre de Savoye: Je vous remercie de ces précisions.

Vous dites dans votre présentation que vous avez l'appui des environnementalistes et des autochtones de Colombie-Britannique.

• 1155

Pouvez-vous nous dire en quelques mots quels contacts vous entretenez avec ces groupes et quelles démarches vous avez entreprises, et nous informer un peu plus abondamment des résultats de vos pourparlers?

[Traduction]

M. Ric Slaco: La plupart des entreprises de la Colombie-Britannique reconnaissent l'importance des Premières nations et de leurs intérêts et de leurs droits. Nous travaillons en étroite collaboration avec tous les groupes pour ce qui est de nos pratiques. Certes, tout type d'activité en Colombie-Britannique comporte un processus de consultation prévu dans la loi.

Nous, les entreprises, avons constaté que notre intérêt était de trouver des possibilités d'entreprises en coparticipation car en tant que société et que composantes du Canada, les Premières nations sont légitimement intéressées par beaucoup sinon par toutes les mêmes choses que tout autre canadien. Notamment la qualité de l'environnement et la chance de subvenir à ses besoins par une forme d'activité économique. La forêt a une longue histoire pour eux et nous sommes donc très compatibles. Les sociétés représentées ici pourraient vous donner beaucoup d'exemples détaillés de partenariats à cet égard.

Autre chose à propos des Premières nations, elles représentent dans leur ensemble un spectre de société qui a tout un éventail de points de vue différents. Il y a peut-être quelques particuliers ou éléments de cette société qui critiquent certaines de nos activités mais je puis vous dire avec beaucoup d'assurance que les chefs élus qui représentent ces communautés sont tout à fait avec nous dans les secteurs dans lesquels nous travaillons.

Pour ce qui est plus précisément des environnementalistes locaux de la Colombie-Britannique, sachant que cette région particulière sur la côte centrale était délicate, on a demandé que l'exploitation forestière n'empêche pas la création de certains parcs dans ces régions dans le contexte de l'aménagement territorial. Nos deux sociétés sont des activités dans cette région ainsi que dans d'autres mais nous avons pris les devants dans la négociation avec ces groupes locaux de Colombie-Britannique afin de parvenir à une entente qui consiste essentiellement à retarder certaines de nos activités qu'ils considèrent comme très inquiétantes en attendant la conclusion du processus de planification de l'utilisation des terres. Nous avons effectivement certaines ententes avec eux.

Certes, nous ne sommes pas toujours d'accord sur tout mais, ce qui est important, c'est que nous faisons tout ce que nous pouvons pour essayer de parvenir à une solution qui tienne compte des questions environnementales—du moins avec ceux qui souhaitent trouver une solution durable qui corresponde aux intérêts de la population.

[Français]

M. Pierre de Savoye: Il me semble que la question environnementale est au coeur de nos préoccupations ici. Greenpeace n'est pas la bourse de New York, mais un organisme qui s'occupe de questions environnementales. Par conséquent, puisque certains groupes environnementaux, chez vous, appuient vos façons de faire et puisque les Premières Nations les approuvent, serait-il bon que ces groupes nous confirment ce que vous venez de nous dire? De cette manière, les recommandations que vous nous faites seraient fondées, en autant que sache ce comité, sur un consensus très large, ce qui m'apparaît très important du point de vue politique.

[Traduction]

M. Bill Dumont: Je suis tout à fait d'accord et si nous avions réussi à avoir un peu plus de temps avec cette coalition, elle serait ici avec nous aujourd'hui.

Le président: Merci, monsieur de Savoye.

Avant de passer à Ben, je voulais dire qu'une vidéo a été mentionnée tout à l'heure. La délégation, par l'intermédiaire de M. Duncan, a remis une vidéo à la présidence que j'essaierai de faire diffuser sur OASIS à l'intention de tous les députés. J'enverrai une note de service à tous les députés pour préciser quand cela passera de sorte que tout le monde puisse le voir, du moins s'il ne contient rien de diffamatoire ou autre. Je suis certain qu'il serait très utile que tous les députés puissent le voir.

Monsieur Serré, s'il vous plaît.

• 1200

[Français]

M. Benoît Serré (Timiskaming—Cochrane, Lib.): Je vais dire quelques mots en français à l'intention de mon collègue d'en face pour qu'on ne me crie par la tête comme hier.

[Traduction]

Messieurs, je suis très heureux que vous soyez ici aujourd'hui. Je représente une circonscription du nord-est de l'Ontario dont fait partie Temagami. Je suis sûr que quiconque travaille dans l'exploitation forestière au Canada a entendu parler de Temagami. Je me bats contre les environnementalistes radicaux depuis 15 ans et, si je les traite de radicaux, c'est parce qu'ils le sont.

J'ai vu de mes propres yeux le cloutage d'arbres, des barricades, du matériel endommagé, des ponts d'accès aux routes d'exploitation forestière que l'on a fait sauter. J'ai tout vu. J'ai été en Allemagne et j'ai vu, de mes yeux, les informations erronées qui passent par les médias—des photos de coupes à blanc d'il y a 20 ans—etc. Je n'ai donc rien appris de nouveau ce matin sur la question.

Mais avant de poser ma question, j'aimerais ajouter quelques commentaires à ce qui a déjà été dit, simplement pour que les députés se rendent compte à quel point ces gens sont sérieux et organisés.

Le Parti vert à lui seul en Allemagne—les derniers chiffres dont je dispose remontent à 1996—a recueilli 60 millions de dollars américains. Pierre dit que Greenpeace n'est pas la bourse de New York mais elle n'en est pas loin. C'est une organisation très bien financée. Elle a beaucoup d'argent et elle n'acceptera jamais aucun compromis. J'ai traité avec ce genre de groupes—Earth First!, Earth Roots et tous ces groupes—au cours des 15 dernières années. Vous leur donnez 10 p. 100 et ils veulent 20 p. 100. Puis vous leur donnez 20 p. 100 et ils veulent 30 p. 100. Cela n'a pas de fin.

Je pense que c'est tout simplement un truc pour recueillir de l'argent. S'ils acceptaient de bonnes pratiques forestières, comme à mon avis nous le faisons à l'heure actuelle, ils n'auraient aucune cause au nom de laquelle recueillir de l'argent. Il n'y a plus de phoques; ils ne peuvent plus invoquer la cause des phoques. C'est toujours la même chose. C'est un truc pour recueillir de l'argent.

J'examinais la structure ontarienne du groupe environnemental. J'ai participé à une émission télévisée avec Tim Gray de Earth Roots et je l'ai défié de nous dire combien il était payé comme directeur de Earth Roots, et je lui ai demandé d'où provenait le financement de son organisation. Bien entendu, il ne nous a jamais dit combien il était payé.

Mes recherches m'ont permis de constater que cinq groupes environnementaux différents s'occupaient de l'affaire Temagami. Earth Roots; le comité d'action environnemental de Timiskaming et ainsi de suite.

Or, à chacun des conseils d'administration de ces groupes siègent au moins deux et parfois trois personnes qui font partie aussi d'autres conseils d'administration. Autrement dit, les conseils d'administration de ces cinq groupes sont dirigés par une vingtaine de personnes. Deux des membres du conseil d'administration de Earth Roots siègent au comité de Timiskaming et vice versa. Nous avons donc affaire aux mêmes personnes mais elles donnent l'impression qu'il s'agit de cinq organisations différentes qui représentent plein de monde.

Voici où je veux en venir. Tous les députés ici présents comprennent la question et savent que nous avons affaire à une énorme organisation et que l'enjeu est immense. Donc, que pouvons-nous faire?

Si nous examinons la situation dans son contexte et considérons les sommes d'argent que ces organisations recueillent et l'influence qu'elles exercent parce qu'elles arrivent à exploiter les émotions des gens, comme dans le cas des phoques ou quoi que ce soit... Elles font appel à l'émotion, et nous de notre côté nous devons traiter avec les faits et la réalité. C'est beaucoup plus difficile à faire accepter.

Je suis d'accord avec Roy: le gouvernement fédéral a fait beaucoup de chemin au cours des cinq ou six dernières années. Je me rappelle que nous avons traité de cette question il y a cinq ans au sein de ce même comité et que nous avons obtenu certains résultats par la suite.

J'approuve essentiellement tous les éléments de la recommandation de John. Je conviens que le gouvernement fédéral devrait en faire plus. Je me demande si vous avez fait une analyse des coûts que comportent ces recommandations? Quel en serait le coût? J'aimerais également savoir si le syndicat—l'industrie—serait prêt à s'associer au gouvernement fédéral pour financer ces programmes?

Le gouvernement fédéral dispose lui aussi de ressources limitées et je crois que les syndicats ont de l'argent, beaucoup d'argent dans des fonds de pension, entre autres. Si vous voulez sauver vos emplois, je pense que vous devriez être prêt à faire votre part. L'industrie est en train de sombrer. Je pense que vous devriez devenir un partenaire à part entière dans le financement de ces programmes.

• 1205

Ma troisième question, c'est pourquoi ne pas s'assurer que les Autochtones sont des partenaires à part entière dans la stratégie destinée à contrer ces groupes? Au moment du boycott du piégeage, je pense que la stratégie consistant à inviter des Autochtones en Europe a très bien fonctionné parce qu'ici encore, nous nous trouvions à jouer exactement le même jeu que ces groupes. Les Européens considèrent nos Autochtones comme un groupe minoritaire, et je pense qu'on les écoute davantage que les représentants d'une industrie ou d'un gouvernement. J'aimerais savoir ce que vous en pensez.

M. Darrel Wong: J'aimerais répondre en premier, si vous le permettez.

Tout d'abord, nous aimerions beaucoup que votre comité vienne en Colombie-Britannique, particulièrement dans la forêt ombrophile de Great Bear pour voir au juste ce que nous faisons. Nous aimerions beaucoup vous montrer comment nous travaillons car cela vous convaincrait que nous faisons du bon travail.

Pour ce qui est du financement par le syndicat, comme tous les syndicats, l'IWA n'a de revenus que lorsque ses membres travaillent. Et nos membres ne travaillent pas. Je viens tout juste de mettre à pied deux de mes employés. J'en avais mis deux autres à pied plus tôt cette année et je devrai probablement en mettre à pied quelques autres au cours des prochains mois. En tant que syndicat local, nous n'avons pas un sou. Nous avons besoin de l'aide d'un groupe plus important pour pouvoir nous occuper de cette question. Nous n'avons pas les ressources nécessaires. En ce qui concerne le régime de pension dont vous avez parlé, il s'agit de l'argent des membres réservé pour leur pension, et nous n'y avons pas accès. Cet argent est immobilisé pour les pensions—et je crois que cela est prévu par la loi. Donc, l'IWA ne dispose pas d'argent, que ce soit au niveau local ou national, pour prendre certaines de ces mesures.

En ce qui concerne les Premières nations, nous travaillons en collaboration avec les Premières nations par le biais de notre syndicat local. Nous avons négocié un certain nombre d'ententes afin de trouver de l'emploi pour les membres des Premières nations, et nous avons beaucoup de succès dans le cadre de certaines de ces initiatives. L'inconvénient, c'est que lorsque l'économie ou l'industrie s'effondre autour de nous, ce ne sont pas uniquement les bûcherons blancs qui perdent leur emploi mais aussi les membres des Premières nations qui travaillent dans les scieries. Tout le monde est touché. Le chômage touche tout le monde et il y a beaucoup de chômeurs à l'heure actuelle parmi les membres de mon syndicat local et dans le reste de la province.

Donc pour vous répondre, nous sommes ici parce que le gouvernement fédéral est mieux en mesure de s'occuper de cette question que nous pouvons le faire individuellement.

M. Ric Slaco: J'aimerais simplement ajouter un commentaire.

Nous reconnaissons que tout le monde doit faire sa part. Nous ne demandons pas qu'un groupe en particulier et sûrement pas le gouvernement fédéral soit chargé de résoudre le problème. Nous avons un rôle très clair, un rôle de leadership à jouer pour promouvoir nos activités. En ce qui concerne notre présence ici, nous voulons simplement favoriser une prise de conscience, si elle n'existe pas déjà.

Le fait est que la campagne s'est intensifiée. Le gouvernement fédéral peut, grâce à ses ambassades, prendre certaines mesures supplémentaires. Nous pensons qu'il existe de bonnes possibilités de partenariat. Cela nécessitera un certain financement de notre part—cela à mon avis ne fait aucun doute—et nous avons déjà consacré de l'argent à cette question. Mais je pense qu'il s'agit davantage d'avoir un bon message à transmettre, et un message qui correspond à ce que nous voulons. Nous devons alors assumer nos rôles respectifs afin de concrétiser un même objectif, à savoir vendre de plus grandes quantités de bois canadien en raison de sa bonne valeur.

M. Benoît Serré: Comme vous le savez, il y a eu des élections en Allemagne, et le nouveau chancelier a dû accueillir le Parti vert dans la coalition faisant partie de son cabinet. Je suis en fait très inquiet parce que j'étais là pendant les élections. J'ai vu la campagne faite par le Parti vert pendant les élections, et une chose est sûre, nous allons passer un mauvais quart d'heure. Ce sera loin d'être une partie de plaisir, mais je ne sais tout simplement pas comment nous pouvons riposter. Nous avons affaire à forte partie... Même le gouvernement du Canada n'a pas, sur le plan financier une force de frappe équivalente à la leur.

• 1210

Que diriez-vous si le gouvernement fédéral chargeait un coordonnateur, un comité, un conseil ou peu importe, de mettre au point une stratégie pour riposter en collaboration avec l'industrie, les syndicats, les Premières nations et ainsi de suite? Il pourrait s'agir d'un groupe de six ou sept personnes qui tâcheraient de coordonner toute cette stratégie.

M. Darol Smith: Je peux peut-être répondre en partie, si vous me le permettez, Darrel.

Comme Darrel l'a dit, nous sommes ici parce que nous avons besoin de l'aide du gouvernement fédéral. Nous n'avons pas beaucoup d'argent, et nous ne voulons pas être obligés de revenir ici dans six mois pour demander à être renfloués parce que tous nos travailleurs sont au chômage depuis longtemps. Nous voulons sauver nos emplois. Nous voulons retourner travailler demain matin et le surlendemain. Nous sommes prêts à travailler avec tout groupe disposé à travailler avec nous. Voilà notre participation. Nous travaillons aussi très étroitement avec les nations autochtones. Lorsque vous regarderez la bande vidéo que nous vous avons fournie, vous y verrez trois chefs autochtones qui fondamentalement se font l'écho de la position que nous avons exprimée à ce sujet.

M. Ric Slaco: Votre proposition est bonne, à mon avis. Je pense que c'est de toute évidence l'une des idées utiles qui se dégagent d'une séance comme celle-ci. Nous avons besoin de coordination et de précisions quant aux mesures que nous voulons prendre. Et pour répondre aux besoins de Darol, nous devons le faire rapidement afin de trouver une solution efficace à ce problème.

Le président: Je vous remercie beaucoup, Ben. Nous pourrons revenir à vous s'il y a autre chose.

Nous céderons maintenant la parole à Gilles Bernier, puis à Reg.

M. Gilles Bernier (Tobique—Mactaquac, PC): Je vous remercie, monsieur le président.

Je ne connais pas grand-chose aux ressources naturelles, ni à la foresterie. Sur la côte Est, je sais que nous avons eu des problèmes avec l'industrie forestière, et le gouvernement provincial est intervenu il y a quelques années. Pour résumer, nous avons eu ce qu'on appelle un problème de coupe à blanc. Certaines années, il y a beaucoup de neige au Nouveau-Brunswick. Parfois, au printemps, la neige fond trop vite, ce qui fait monter le niveau des eaux. Je me souviens que beaucoup de petites collectivités ont été inondées. Enfin, l'évacuation des personnes touchées est très coûteuse pour les contribuables au Nouveau-Brunswick. Ce sont certains des problèmes que nous avons connus sur la côte Est.

Je ne suis pas vraiment au courant de ce qui se passe sur la côte Ouest, monsieur le président, mais j'ai rencontré deux de nos témoins qui sont présents ici ce matin, M. Wong et M. Smith, dans mon bureau hier après-midi. J'ai vu la bande vidéo qu'ils vous ont fournie ce matin, et j'ai été assez étonné de ce que j'ai vu. Nous devons tous comprendre, en tant que membres d'un comité, en tant que Canadiens, que l'industrie forestière est l'une des plus importantes industries au Canada, sinon la plus importante. Nous exportons beaucoup de bois partout dans le monde. Il est tout à fait absurde de laisser un groupe de militants radicaux—pour reprendre l'expression utilisée par Ben—pénaliser l'une de nos plus importantes industries ici au Canada. Comment pouvons-nous contre-attaquer?

M. de Savoye a fait un commentaire à propos de lettres. La bande vidéo parle de groupes locaux comme les écologistes, les groupes autochtones et ainsi de suite. Au lieu de simplement envoyer des lettres, il serait bon que le comité puisse aussi rencontrer des représentants de ces groupes.

Je ne sais pas si je suis au bon endroit. Je n'ai aucune question pour ces messieurs; et ils connaissent ma position à cet égard. Mais j'aurais une question qui s'adresse plus ou moins au comité. Si vous jugez que cela n'est pas approprié, je le ferai peut-être seul.

Monsieur le président, je sais que certains membres du comité sont allés en Colombie-Britannique—c'était en mai dernier, si je me souviens bien—dans le cadre, je crois d'une exposition sur l'industrie forestière, les nouvelles technologies, l'équipement et ainsi de suite.

Le président: L'exposition sur les techniques forestières, effectivement.

M. Gilles Bernier: Serait-ce trop demander au comité de permettre à certains d'entre nous d'aller en Colombie-Britannique pour voir nous-mêmes quelle est la situation de l'industrie forestière là-bas?

• 1215

Le président: Nous avons reçu de M. Duncan un avis de motion sur certains points. Peut-être à ce moment-là, Gilles, vous pourriez au moins nous donner un avis de motion à cet effet, et nous pourrions alors discuter de cette question peut-être dès le début de la semaine prochaine. Je suis sûr qu'il y aura consensus si cette proposition a du mérite.

M. Gilles Bernier: Cette idée m'est venue hier, monsieur le président, mais lorsque j'ai fini de m'entretenir avec les témoins, il était trop tard pour faire les démarches nécessaires. Mais si c'est le cas, je suis prêt à attendre et prendre les dispositions nécessaires pour présenter...

Le président: Nous vous demanderons une motion à cet effet un peu plus tard au cours de la réunion. Qu'en pensez-vous?

M. Gilles Bernier: Très bien, je vous remercie.

Le président: Je vous remercie.

[Français]

Monsieur Bélair.

M. Réginald Bélair (Timmins—Baie-James, Lib.): Monsieur le président, plusieurs questions ont déjà été posées. J'aimerais m'attarder sur quelques autres points, notamment sur la décision Sunpine en Alberta. Est-ce que vous êtes au courant de ce cas, monsieur Dumont? Oui. J'aimerais d'abord que vous me donniez une brève évaluation de la décision qui a été rendue et que vous me disiez si votre compagnie se trouvait mêlée à cela, soit financièrement, soit sur le plan des ressources humaines.

[Traduction]

M. Bill Dumont: Je ne suis pas vraiment sûr de la question dont vous parlez. S'agit-il de la cause qui a été récemment portée devant les tribunaux?

M. Réginald Bélair: Oui. Il s'agit de la cause qui a été portée devant les tribunaux par les écologistes qui ont réussi à bloquer la construction d'un pont donnant accès à des peuplements mûrs.

M. Bill Dumont: Le jugement rendu indiquait qu'il devrait y avoir une évaluation environnementale parrainée par le gouvernement fédéral pour tous les ponts en question.

M. Réginald Bélair: C'est exact.

M. Bill Dumont: Nous sommes bien sûr au courant de cette décision en Colombie-Britannique. Elle n'est pas liée à la question dont nous débattons ici aujourd'hui mais il s'agit, je crois, d'une tactique qui pourrait être utilisée dans d'autres régions du pays.

M. Réginald Bélair: Si cette décision est maintenue...

M. Bill Dumont: Si elle est maintenue, elle pourrait porter un coup terrible à nos activités.

M. Réginald Bélair: Tout à fait. Donc vous n'y avez pas participé.

M. Bill Dumont: Notre société n'y participe pas, mais nous sommes évidemment au courant du jugement et il suscite effectivement certaines préoccupations.

[Français]

M. Réginald Bélair: Ma deuxième question portera sur le travail de nos ambassades canadiennes à l'étranger. Vos propos, en introduction, m'ont laissé croire qu'il y avait des manques de ce côté ou, en tout cas, que vous n'en étiez pas entièrement satisfaits. Vous avez surtout parlé de la position que nous devrions adopter en réaction aux agissements de Greenpeace. Pouvez-vous élaborer davantage sur la question? Dans une de vos recommandations, d'ailleurs, vous y faites indirectement allusion. Que devrions-nous faire pour accentuer notre réaction et contrecarrer leurs agissements?

[Traduction]

M. Bill Dumont: Je pense que le fait de saisir le comité et les hautes instances gouvernementales de cette question vise précisément à tâcher d'intensifier le travail de nos ambassades à cet égard. Certaines de nos ambassades ont fait de l'excellent travail. Ils maîtrisent parfaitement et nous communiquent exactement ce qui se passe. Dans d'autres cas, j'ai l'impression que ce travail n'est pas pris aussi sérieusement...

M. Réginald Bélair: S'agit-il des ambassades dans les principaux pays industrialisés?

M. Bill Dumont: Oui, précisément. Dans certains de nos principaux marchés, on est extrêmement au courant de ces questions. Dans d'autres, comme par exemple au Japon, où le personnel est au courant de la situation, il n'est toutefois probablement pas préparé à ce qui l'attend.

Je recommanderais, comme première mesure interne que pourrait prendre le gouvernement, que toutes les ambassades qui se trouvent sur la ligne de front de ces questions commerciales se réunissent et tiennent une conférence pour comprendre la nature exacte du boycott et les tactiques utilisées de manière à mettre en commun les expériences constatées en Europe. L'Europe est la mieux en mesure en ce qui concerne le personnel de notre ambassade et du haut-commissariat de comprendre la gravité de la situation. Je pense qu'il est important au fur et à mesure que la campagne se déplace, que toutes les ambassades, particulièrement aux États-Unis et au Japon, soient également mises au courant de la situation et la prennent très au sérieux.

M. Réginald Bélair: On pourrait en faire plus.

M. Bill Dumont: Exactement.

M. Réginald Bélair: J'adresserai ma prochaine question à M. Wong.

• 1220

Tout à l'heure, mon collègue a demandé si vous étiez relativement prêt à participer financièrement à toute initiative que prendrait le gouvernement fédéral. Votre syndicat a-t-il déjà envisagé de contribuer, disons, 10c. l'heure, 25c. l'heure? Vous avez dit que vos coffres étaient pratiquement à sec, donc ce pourrait être une façon dont vos membres pourraient contribuer. Une telle chose a-t-elle déjà été envisagée?

M. Darrel Wong: Oui. En fait, nous avons préparé un document, que je vous ai montré plus tôt, intitulé The Forest in the Future. C'est une politique que nous avons élaborée. Nous avons consulté nos membres il y a quelques années et obtenu un dollar par mois de chaque membre pendant 24 mois.

M. Réginald Bélair: Combien de membres comptez-vous?

M. Darrel Wong: Au Canada, nous avons en tout environ 50 000 membres lorsqu'ils travaillent tous. Il ne fait aucun doute que la majorité se trouvent en Colombie-Britannique, suivie de l'Ontario, où ils sont environ 12 000. Nous avons environ 1 000 membres au Manitoba, 2 000 en Alberta et le reste se trouve en Colombie-Britannique.

C'est donc l'une des premières choses que nous avons faites.

Deuxièmement, nous avons participé jusqu'à un certain point à certaines tournées qui ont eu lieu en Europe et aux Etats-Unis pour parler de la situation. Nous avons réalisé aussi quelques vidéos que nous avons utilisées partout au pays et à l'étranger. Donc, nous avons consacré assez de temps et d'effort à cette initiative. Nous sommes certainement disposés à poursuivre notre participation. Je ne voulais pas dire que nous n'étions pas prêts à y participer. Je voulais simplement dire que notre participation sera loin d'être aussi importante sur le plan financier que nous l'aurions espéré...

M. Réginald Bélair: Nous, nous ne nous y attendons pas, mais nous nous attendons à quelque chose.

M. Darrel Wong: Je suis d'accord avec vous. Nous sommes ici aujourd'hui et nous étions ici en juin, et de toute évidence nous aimerions poursuivre notre participation. C'est un élément essentiel pour nous. Car nous ne pensons pas que nos membres puissent se faire clairement entendre à moins que nous participions directement aux initiatives en cours.

M. Réginald Bélair: J'adresserai ma dernière question, monsieur le président, aux sociétés. Vous avez certainement vu les annonces à la télévision à propos des poteaux métalliques. Je prends pour acquis que Greenpeace ferait la publicité de tels matériaux pour contrecarrer vos propres agissements. Je me fais simplement l'avocat du diable ici. Êtes-vous préparé à risposter à ce genre de choses?

M. Ric Slaco: C'est une excellente question, et je pense que nous avons une excellente réponse à vous fournir. Il a été établi que le bois est le produit de construction le plus écologique, que ce soit sur le plan de la durabilité de sa production, de la consommation d'énergie ou des polluants qu'entraînerait la création d'un produit de rechange. Selon moi, cela ne fait absolument aucun doute.

Et cela a été prouvé. Si vous examiné l'Europe, par exemple, elle a lancé une campagne pour favoriser l'utilisation du bois en raison des avantages qu'il présente sur le plan environnemental. Le Conseil canadien du bois s'occupe de cette question. Nous avons souligné que c'était l'occasion pour nous au Canada de vanter les vertus de l'utilisation du bois, surtout du bois qui provient du Canada. Je considère que c'est une bonne chose, et nous aimerions qu'on en fasse la promotion jusqu'à un certain point. C'est une initiative à laquelle nous participerons et je pense qu'il serait avantageux pour l'ensemble du Canada et pour le gouvernement fédéral d'y participer aussi.

M. Réginald Bélair: Je vous remercie.

Le président: Je vous remercie, monsieur Bélair.

Werner Schmidt.

M. Werner Schmidt: Je pense que John voulait vous poser une brève question, puis je poserai la mienne.

Le président: D'accord, John.

M. John Duncan: J'aimerais simplement faire une observation. J'aimerais préciser, puisque je ne crois pas que vous l'ayez indiqué, Darrel, dans votre témoignage, que le président national de l'IWA est en Europe à l'heure actuelle.

M. Darrel Wong: C'est exact, il est en Allemagne à l'heure actuelle à propos de cette même question.

M. John Duncan: C'est aux frais du syndicat, n'est-ce pas?

M. Darrel Wong: C'est exact. Comme je l'ai dit, nous étions aux Etats-Unis la semaine dernière, et nous avons rencontré un certain nombre de syndicats là-bas, afin de mettre cette question bien en évidence. Ce n'est donc pas que nous n'y consacrons pas d'argent. Je craignais simplement que nous ne soyons pas en mesure de fournir la contribution équivalente nécessaire. Nous n'essayons absolument pas de nier notre responsabilité pour ce qui est de nous occuper de ce dossier, et nous y consacrons beaucoup d'efforts.

• 1225

M. John Duncan: Je crois qu'en comparaison—et vous voudrez peut-être faire des commentaires à cet égard, Bill—le revenu de Greenpeace l'année dernière s'élevait à 126 millions de dollars. Ils n'ont rien à produire; ils n'ont qu'à s'occuper de relations publiques et de campagnes. Bill, aviez-vous des chiffres à nous fournir sur certaines des dépenses nationales que nous avons consacrées à des mesures destinées à contrecarrer les campagnes agressives dont nous avons été témoins?

M. Bill Dumont: Je pense qu'en ce qui concerne l'un des programmes mentionnés par M. Cullen, les dépenses se situent aux environs d'un million de dollars par année, mais je ne connais pas bien les chiffres exacts du programme...

M. Roy Cullen: De quel programme s'agit-il?

M. Bill Dumont: Le programme de partenariat et d'autres initiatives du genre. Nous évaluons que sur la somme de 126 millions de dollars, environ 100 millions de dollars a été recueillies en Allemagne, et un peu plus de 20 millions de dollars est consacré à la campagne sur les forêts chaque année. Il s'agit donc d'un montant très important.

M. Benoît Serré: John, est-ce que Greenpeace est une organisation exonérée d'impôts au Canada?

M. John Duncan: Greenpeace n'est plus exonérée d'impôts au Canada depuis 1995.

Dans un certain sens, aujourd'hui nous ne sommes plus sur le même pied d'égalité que nos partenaires commerciaux, étant donné que par leurs agissements, Greenpeace et d'autres organisations sont en train de créer des obstacles commerciaux non tarifaires aux produits canadiens, et qu'ils le font en étant subventionnés d'une façon qui n'existe pas au Canada. C'est tout à fait incorrect.

Je pense que notre pays devrait très sérieusement réclamer à ces pays des règles du jeu équitables. Ce statut a été retiré à Greenpeace parce qu'elle mélangeait politique et oeuvres de bienfaisance. Elle joue le même jeu dans ces autres pays. C'est ainsi que je vois la situation. Et elle joue ce jeu contre nous. Nous devrions protester haut et fort et déposer une plainte officielle sur cette question commerciale.

Quoi qu'il en soit, je suis en train d'interrompre Werner. Je suis désolé.

Le président: Allez-y, Werner, vous avez le reste du temps de John.

M. Werner Schmidt: Je vous remercie beaucoup. Merci, John.

Je suis tout à fait ravi de la nature de la discussion qui se déroule ici ce matin, et je suis vraiment heureux de constater l'unanimité qui existe, tant de la part de l'industrie et du syndicat de votre côté de la table, et en ce qui concerne l'élément politique, de la part de l'opposition et des ministériels. J'en suis tout à fait ravi.

J'ai été particulièrement impressionné, Bill, par la déclaration que vous avez faite lorsque vous avez dit que nous ne voulons pas attaquer Greenpeace de front, parce que ce sera une bataille inutile. Je pense que c'est exact.

J'aimerais passer à un autre domaine si vous vous me le permettez, un aspect plus positif. Que nous soyons d'accord ou non, les symboles que nous créons et ceux dont nous avons parlés jusqu'à présent constituent réellement un affrontement indirect avec Greenpeace. Quelle que soit la façon dont on l'exprime, c'est l'impression qui en résultera. Donc, je pose la question, et elle a plus ou plus déjà été posée, à propos des produits du bois comparativement à d'autres produits de construction.

Je viens de rentrer du Chili où j'ai constaté qu'une dimension culturelle se rattache à l'utilisation des matériaux de construction. Comment construit-on des maisons? Il y a un élément culturel qui s'y rattache.

Je suis assurément d'accord avec tout ce que John a dit et avec tout ce qu'on lit à propos de Greenpeace, mais je me demande s'il n'y aurait pas lieu d'envisager la chose sous un autre aspect, à savoir faire accepter que le bois représente le produit de construction idéal partout dans le monde; et plutôt que d'affronter Greenpeace à ce sujet, ne serait-il pas préférable de demander aux gens s'ils sont prêts à adopter un comportement encore plus écologique et à utiliser du bois? On donnerait ainsi une toute nouvelle orientation au secteur de la construction.

Je suis allé en Europe, je suis allé au Japon et je suis allé ailleurs. Et nous savons tous que nos méthodes de construction ici au Canada à l'aide de produits du bois sont tout à fait différentes de ce qui se fait ailleurs dans le monde. Par conséquent, nous avons tendance à utiliser plus de bois ici dans la construction de nos maisons, par exemple, comparativement à d'autres pays.

Serait-il possible de susciter un mouvement d'enthousiasme et d'intérêt pour le bois, en y associant les travailleurs de ces pays-là, et toutes ces familles qui sont très, très pauvres? Ce n'est pas la pierre que nous voulons promouvoir, mais plutôt l'utilisation du bois. Nous pourrions peut-être trouver un moyen innovateur de le faire.

• 1230

M. Bill Dumont: Je crois qu'il s'agit là d'une proposition très intéressante. Cela fait partie du programme à huit volets que nous venons d'exposer, fondé sur la promotion du bois comme matériau de construction écologique.

C'est une tendance qui se manifeste à l'heure actuelle. Je sais que le Chili est en train de décupler son secteur forestier grâce à ses plantations. Ils seront parmi nos plus gros concurrents d'ici 20 ou 30 ans, lorsque leurs plantations seront mises en production.

On utilise de plus en plus le bois. La demande mondiale en bois augmente au rythme de la récolte annuelle de Colombie-Britannique. Mais plus de la moitié de la production mondiale du bois est transformée en combustibles. Selon nous, la solution idéale, sur le plan écologique, serait d'utiliser le bois pour la construction plutôt que comme combustible.

Si le comité se rend en Colombie-Britannique, il serait important pour vous d'entendre ce qu'auront à dire Greenpeace et les autres. Leur point de vue est légitime. Il est évident que nous ne le partageons pas; cependant, vous devez en tenir compte. Je leur poserais cette question-là.

M. Ric Slaco: J'aimerais dire quelque chose de l'environnement. Une des grandes préoccupations actuelles, sur le plan de l'environnement, est le réchauffement climatique. Le bois représente un avantage, puisque les arbres absorbent des quantités importantes de carbone. Lorsqu'on utilise le bois pour construire, on fixe du carbone. Le bois représente une solution très intéressante pour la protection de l'environnement.

Vos propos viennent appuyer notre position très proactive sur toute cette question.

M. Werner Schmidt: Il y a deux raisons pour lesquelles j'ai posé ces questions. Je vous ai expliqué la première. Voici la deuxième: nous devons les priver d'arguments, si vous voulez. Selon ces groupes-là, ce que vous faites nuit à l'environnement. Pourtant, c'est tout le contraire.

Il faut renverser les choses. Si nous maintenons notre façon de penser, ils seront toujours gagnants. Mais si nous changeons d'optique pour démontrer que nous pouvons mieux accomplir ce qu'ils essaient eux-mêmes de faire, et gagner leur appui, cela pourrait nous aider. Il faudra des efforts, mais c'est ce que nous devons faire.

M. Darrel Wong: Sur cette question-là, IWA a commencé à adopter, en 1939, des résolutions sur les forêts durables. Ces forêts sont vitales pour les membres d'IWA, ainsi que pour ceux qui y vivent et y travaillent. C'est leur avenir. Ils en ont besoin pour la pêche et la chasse dans la forêt. Ils veulent la survie de la forêt. Ils espèrent que leurs enfants et leurs petits-enfants y trouveront aussi du travail.

Nous avons donc des arguments. Nous avons des preuves. Il nous faut maintenant en convaincre le monde.

Le président: Merci, Werner.

Je permettrai à Roy de poser une dernière question. Ensuite, nous allons passer à une question qui intéresse John et Gilles. Il nous faut terminer cette réunion bientôt.

Roy Cullen, s'il vous plaît.

M. Roy Cullen: Nous n'avons pas terminé la discussion. Mon collègue a soulevé l'affaire Sunpine. Je sais que ce n'est pas le moment, mais notre gouvernement fédéral... Nous avons fait appel. Bon nombre d'entre nous avons travaillé en coulisse pour que la chose se fasse.

Nous avons parlé de poutres en métal. Tous ceux qui oeuvrent dans le secteur forestier savent que la ressource se renouvelle, et le bois est clairement un produit supérieur du point de vue écologique. Si Greenpeace préconise les poutres en métal pour remplacer les poutres de bois, j'espère que l'industrie ne ménage pas ses efforts pour contrer l'argument. Je sais que le Conseil canadien du bois a fait beaucoup de travail sur ce dossier, ainsi que Forintek, et d'autres. Comme vous venez de dire, il nous faut faire passer le message.

Mais il reste au moins une question que nous n'avons pas encore abordée. Nous avons parlé de travail en collaboration. Je crois, personnellement, que si nous envisageons une nouvelle démarche, nous devons faire appel à d'autres parties impliquées. Que font tous les intéressés? Pourrait-on en faire davantage?

• 1235

Nous avons négligé les provinces. Je ne sais pas ce que IWA leur a raconté, mais nous savons tous que la Colombie-Britannique a des coûts de production parmi les plus élevés au monde. Monsieur Wong, pour éviter tout malentendu, je ne pense pas que vous ayez voulu dire que Greenpeace ou la forêt pluviale du Great Bear sont responsables de la fermeture des scieries de Colombie-Britannique. Nous savons pourquoi les scieries sont fermées: c'est à cause de la crise d'Asie.

L'accord sur le bois d'oeuvre s'est fondé sur les chiffres des années précédentes; pour cette raison, la côte Ouest a été défavorisée. Que pouvions-nous faire? Les marchés d'Asie disparaissent, et on essaie de diriger le produit vers les Etats-Unis et l'Europe. Les menaces européennes sont un réel problème. Les quantités exportées vers les Etats-Unis ne sont pas énormes, parce que vous n'avez pas le quota voulu. Entendons-nous sur ces questions.

Je sais que le problème ici est sérieux. J'ai cité quelques programmes. Certains se font en collaboration avec la province. La province doit donc figurer dans la solution. Je suis ravi d'entendre que Glen Clark a créé un autre comité pour tenter d'examiner certains de ces problèmes.

Franchement, j'imagine que la raison pour laquelle vous n'avez pas trouvé d'argent fédéral au financement de Greenpeace, c'est qu'il n'y en a pas. C'est ce que laissaient entendre les médias, hier à la conférence de presse.

C'est ce qu'a dit M. Duncan. Le gouvernement fédéral ne considère plus Greenpeace comme un organisme de bienfaisance depuis 1995. Avec tout le respect que je vous dois, monsieur Duncan, pour ce qui est de dire au gouvernement américain d'en faire autant, c'est une question de politique interne. J'imagine que nous pourrions faire des représentations, mais si le gouvernement américain venait à Ottawa pour nous dire de redonner à Greenpeace son statut d'organisme de bienfaisance, je leur dirais de se mêler de leurs oignons.

Je vais vous proposer quelque chose de différent. Le nouveau PDG de MacMillan Bloedel est M. Stephens. Je crois que c'est son nom. John est un ancien employé de MacMillan Bloedel.

M. Stephens a fait preuve d'un esprit innovateur, sur plusieurs questions. Il a dit qu'ils allaient éliminer la coupe à blanc. Il y a plusieurs années, nous aurions cru que c'était impossible. Il parle maintenant de vendre le bois aux enchères, pour contrer les droits compensateurs américains. Franchement, je ne crois pas qu'il soit possible de plaire aux Américains, mais au moins il fait preuve d'imagination.

Pour ce qui est de la forêt pluviale ou de la forêt à ancien peuplement, les producteurs pensent-ils qu'il existe une autre solution—faites preuve d'imagination—ou est-ce tout l'un ou tout l'autre? Qu'en pensez-vous?

M. Darrel Wong: Je vais commencer par ça. Premièrement—et je serai bref—je ne crois pas que les Etats-Unis abandonneront un jour l'idée d'un tarif quelconque, que ce soit pour un produit de Colombie-Britannique ou un autre produit. Une chose est claire—notre problème ne se réglera jamais de cette façon là.

Pour ce qui est de la collaboration avec le gouvernement provincial, nous le faisons déjà tous les jours. Ce qui est inhabituel, c'est que nous nous rendions à Ottawa.

Nous essayons d'élargir nos horizons en faisant participer un plus grand nombre de personnes, pour faire connaître ce dossier. Plus nous serons nombreux, plus nous aurons de possibilités de réussite.

M. Ric Slaco: Permettez-moi de vous donner le point de vue d'un forestier. Je crois que ce que nous essayons tous de faire—c'est bien notre intention—c'est de faire en sorte que nos pratiques soient conformes à la situation écologique du site. Une seule façon de faire ne répond pas forcément à tous les cas de figure. Les forestiers doivent procéder au cas par cas, pour en arriver à des décisions précises et uniques.

Cela mis à part, ce que nous avons en commun, c'est que le Canada possède un grand nombre de forêts naturelles. Comme nous l'avons déjà expliqué, ce qui nous préoccupe davantage, en ce moment-ci, c'est la défense du droit des Canadiens à gérer et exploiter leur forêt naturelle. C'est ça qui est remis en cause.

M. Roy Cullen: Très bien. J'ai des questions à poser sur les producteurs américains. Aux Etats-Unis, ils ont aussi des forêts humides, et des forêts à vieux peuplements. Ils en ont beaucoup. Je me souviens de l'histoire des membres du Congrès américain qui se sont rendus à Vancouver. On leur a montré toute cette destruction terrible de certaines anciennes forêts, et on a découvert que certaines d'entre elles étaient des forêts des États de Washington, Oregon, et du nord de la Californie.

• 1240

Je me demande si les producteurs américains sont eux aussi menacés... dans leurs forêts de vieux peuplements, leurs forêts humides. Je soupçonne qu'ils s'intéresseraient à tout ce qui pourrait empêcher l'exportation du bois d'oeuvre canadien vers les marchés américains. Seraient-ils portés à appuyer Greenpeace, ou tout autre mouvement écologique dans cette affaire?

M. Bill Dumont: L'industrie californienne des forêts de séquoia fait l'objet d'attaques encore plus violentes; d'ailleurs, nous sommes ici à cause des effets des environnementalistes américains du nord-ouest de la côte Pacifique. Nous avons vu les effets dévastateurs de cette réduction de l'exploitation de la forêt nationale américaine. La coupe est passée de 15 milliards à 3 milliards de pieds en cinq ans. Cinquante milles employés de ce secteur ont été touchés par l'effet de la chouette tachetée, la réduction des niveaux de production dans les forêts de la Californie, ainsi que les réductions importantes des États de Oregon et Washington.

La même chose se produit en Alaska, mais les groupes qui font la promotion du boycotte croient que le problème est réglé pour cet État-là.

Nous sommes ici pour vous parler de ces statistiques et des répercussions de ce mouvement. Nous voyons cette tendance se diriger vers le nord. On interdit maintenant la vente de bois de séquoia dans plusieurs régions commerciales des Etats-Unis à cause de ces campagnes féroces des environnementalistes.

Il est intéressant de constater que la campagne vise des espèces précises. Par exemple, au Japon, à l'heure actuelle, ils ont ciblé le cèdre rouge de l'ouest, mais on parle aussi du sapin ciguë, et on passe à d'autres compagnies, à d'autres régions. Ils essaient d'être plus efficaces en changeant de cible. Ils se sont attaqués d'abord au séquoia, malgré le fait les réserves énormes des parcs.

Il ne faut pas se tromper. Nous sommes tous fiers de notre patrimoine naturel en Colombie-Britannique, surtout ceux qui travaillent dans la forêt. Nous tenons à établir des réserves témoins, et nous avons préconisé le chiffre de 12 p. 100 en Colombie-Britannique. Ca n'a pas été facile. Notre seuil de rentabilité en a souffert, mais nous savons bien qu'une majorité de Canadiens, ainsi que d'autres, à l'étranger, réclament la conservation de nos anciennes forêts, afin que dans 200 ans, la population puisse en jouir.

La question c'est de trouver l'équilibre entre ce que l'on met en coupe et ce que l'on conserve. Cela fait partie de notre patrimoine. Mon grand-père était bûcheron, et c'est aussi son patrimoine. C'est important pour les premières nations. Nous avons fait beaucoup de changements, et à cause de cette campagne on ne s'en aperçoit pas.

M. Roy Cullen: Je ne veux pas m'attarder là-dessus, parce que je sais que nous devons partir. J'aimerais savoir si IWA aux Etats-Unis, et les producteurs américains, pourraient être des alliés naturels. Ou avons-nous déjà perdu de ce côté? Je vous rappelle l'expression préférée de mon ami Jack Munro: essuyez-vous le dernier avec une chouette tachetée. J'espère qu'il n'offusque personne. C'était une expression qu'il utilisait beaucoup et qui était très convaincante. C'est tellement vrai.

On parle de poutres en métal ou en bois. Nous utilisons tellement de produits. Oui, nous devons être sensibilisés et responsables au plan environnemental. Nous devons trouver des solutions qui protègent notre environnement, mais nous devons reconnaître que nous sommes très dépendants des produits de nos forêts, qui sont une ressource renouvelable.

Le président: Merci beaucoup. Je voudrais clore cette partie de la réunion.

Au nom du comité, je remercie notre délégation pour sa comparution. Je suis sûr que nous allons nous revoir, d'une façon ou d'une autre.

Vous pouvez rester là ou quitter la table si vous le désirez. Nous allons prendre quelques minutes pour régler certaines questions et nous vous dirons au revoir plus tard.

• 1245

Vous nous avez aidés à beaucoup mieux comprendre les problèmes du secteur forestier côtier. Nous savons que vous avez à coeur l'environnement, et que vous vous préoccupez de l'avenir de notre patrimoine forestier. Vous faites face à un mouvement très radical qui vient de l'étranger dans bien des cas. Alors sur ce, nous vous remercions.

J'ai reçu des avis de motion de la part de John Duncan et Gilles Bernier.

M. John Duncan: Tout le monde a probablement reçu une copie de mes quatre motions.

Le président: Voulez-vous que je signale tout de suite que je ne les ai reçues qu'aujourd'hui, et selon notre règlement, nous ne pouvons pas en traiter? Selon notre pratique habituelle, nous permettons aux présenteurs de dire quelques mots de leurs motions afin de bien comprendre de quoi il s'agit. Espérons que nous pourrons faire cela mardi ou jeudi, John.

M. John Duncan: Si vous perdez le mémoire qui nous a été présenté ici aujourd'hui...

Le président: La liste de huit points est à la page six de la version anglaise.

M. John Duncan: Oui, et les six premiers concernent les stratégies de marketing international. Je recommande que le comité permanent adopte ces points comme recommandations au gouvernement.

La deuxième motion porte sur le point 7 de ces huit recommandations dans le document intitulé «Un appel à l'action», et il s'agit de renforcer la loi pour empêcher les étrangers d'organiser des blocus illégaux entravant les activités forestières.

Si vous regardez le site Web de Greenpeace, par exemple, et toute l'information, une des tactiques les plus fréquentes est de se faire arrêter. Et lorsque vous regardez les conséquences de ces arrestations, il s'agit presque toujours d'inculpation pour un délit mineur d'entrée non autorisée, ou même d'aucune inculpation. Donc s'il n'y a jamais de sanction, en dépit de la gravité, cela ne fait que les encourager à continuer. Du point de vue des relations publiques, il y a tellement d'avantages à se présenter comme ayant été arrêté.

La motion trois concerne le point huit, c'est-à-dire le dernier. On y demande essentiellement que le gouvernement fédéral impose un contrôle serré et dénonce toute barrière commerciale que j'ai décrite comme étant non tarifaire. Je ne suis pas certain, mais les gens qui ont comparu aujourd'hui les voient peut-être tout autrement.

La motion quatre est la plus importante en ce sens que ce comité demande officiellement que les témoins d'aujourd'hui reviennent devant le comité avec un plan et un budget de marketing international visant à contrecarrer ce boycottage le plus efficacement possible.

D'un point de vue de méthode, si le plan pouvait être mis au point non pas par l'administration mais par les intervenants directement touchés et ensuite adopté au niveau politique et mis en oeuvre par l'administration, nous serions plus avancés que nous ne le sommes maintenant—bien que, contrairement aux présenteurs de la motion, je ne veux pas dénigrer ce qui a été fait jusqu'ici.

Le président: Pierre, aviez-vous une question à propos des motions de John?

M. Pierre de Savoye: J'ai quelques commentaires, et n'irai pas plus loin que ca.

Pour ce qui est de la motion un, le terme «adoption» des six premiers points ne semble pas suffisant. Peut être que «mise en oeuvre» serait plus fort.

Pour ce qui est de la motion deux, vous faites allusion aux étrangers. Est-ce que...

Le président: Je vous rappelle qu'il ne s'agit pas ici d'un débat. Nous discutons de la motion de façon officieuse.

M. Pierre de Savoye: Non, je n'ai que quelques commentaires. Je pense qu'on pourrait tout résoudre d'ici la prochaine réunion.

• 1250

Vous mentionnez les étrangers. Etes-vous en train de nous dire que nous devrions avoir des lois qui s'appliquent aux étrangers mais non pas aux Canadiens, ici dans ce pays? Ce serait de la discrimination. D'autant plus que si cela s'applique à des étrangers, ils ne peuvent pas bloquer... alors en embauchant des gens de la région pour le faire.

M. John Duncan: Est-ce que je peux faire un commentaire?

M. Pierre de Savoye: Je pourrais peut-être finir d'abord. La motion trois ne me pose aucun problème.

Pour ce qui est de la motion quatre, les gens de l'industrie du syndicat sont-ils capables de faire ce que l'on demande ici? Est-ce que ce serait utile pour le gouvernement? Ne devrions-nous pas demander cela au ministère? Ça semblerait peu logique.

Le président: Merci, Pierre.

Nous passons maintenant à Roy, et ensuite John terminera.

M. Roy Cullen: Merci, monsieur le président. J'ai une autre réunion à 13 heures.

Je ne suis pas certain qu'on puisse vraiment traiter aujourd'hui des nombreuses questions soulevées par cette motion. Pour ce qui est de la question que mon collègue d'en face vient de soulever à propos des étrangers et des obstacles illégaux aux activités forestières, cela devient une affaire de champ de compétence, surtout s'il veut prendre des mesures. Et je suis d'accord avec vous, on ne peut pas limiter ça aux étrangers seulement, mais à quel moment la province doit-elle intervenir, la police locale, etc.?

Je ne comprends pas la motion trois. Par simple ignorance. Je vais lire le mémoire plus attentivement.

Pour ce qui est de la motion quatre, personnellement je crois que s'il y a une chance pour que cela fonctionne, il faut que ce soit un plan qui reflète ce qui se fait aujourd'hui, qui fait quoi et qui finance, en fonction de tous les intervenants. Il faut que ce soit fait dans le contexte du cadre budgétaire avec lequel nous devons tous composer. En tout cas, c'est ce que j'en pense.

Le président: Après John, nous passons brièvement de l'avis de motion de Gilles.

M. John Duncan: Essentiellement, sur la motion deux, et cette crainte de s'attaquer aux étranger: si l'on veut travailler au Canada il faut un permis de travail. Si vous voulez mettre des Canadiens en chômage, en tant qu'étranger, vous ne devriez pas avoir le droit de le faire impunément. Si les Canadiens allaient aux Etats-Unis et agissaient de telle façon que des gens perdent leur emploi, on nous ramènerait à la frontière en cinq minutes. Voilà où je voulais en venir.

Pour ce qui est de la motion quatre, il faut que tout soit fait dans le cadre budgétaire actuel. Bien sûr, le ministère devra faire avec. Je n'essaie pas de court-circuiter le ministère. Il s'agit strictement de solliciter des intervenants la présentation d'un plan d'action. C'est tout.

Le président: Merci, John. C'est une question importante et nous voulons bien faire les choses.

Gilles m'a fait part d'un avis de motion dont nous pouvons traiter. Il ne s'agit que d'une motion voulant qu'une délégation représentant le Comité des ressources nationales et des opérations gouvernementales se rende en Colombie-Britannique pour examiner les questions et les pratiques forestières sur la côte centrale de cette province. Mettons ça de côté pour le moment et nous en discuterons à la même heure la semaine prochaine.

Dave Chatters.

M. David Chatters (Athabasca, Réf.): Werner m'a demandé encore une fois de poser la question de la secrétaire parlementaire, qui s'est engagée—et nous l'avons tous entendu—à présenter ce rapport devant le comité. Puisque la mise en oeuvre est prévue pour le 1er décembre, c'était assez urgent. Je demanderais certainement au président de se renseigner.

Le président: Bien sûr. Je crois comprendre qu'elle est malade aujourd'hui. Je vais essayer de lui faire le message aussi tôt que possible et j'espère pouvoir résoudre cette question la semaine prochaine. Merci d'avoir posé la question de Werner.

Sur ce, chers collègues, je vous remercie pour votre attention.

La séance est levée jusqu'à nouvelle convocation du président.