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Je déclare ouverte la 64
e séance du Comité permanent des finances.
Je tiens à souhaiter la bienvenue aux témoins présents cet après-midi.
Notre ordre du jour, conformément à l'ordre de renvoi du lundi 14 mai, concerne notre étude du projet de loi .
Quatre organismes se joignent à nous.
Nous avons d'abord le Congrès du travail du Canada.
[Français]
Ensuite, il y a le Conseil national des chômeurs et chômeuses.
[Traduction]
Le troisième rang revient au Macdonald-Laurier Institute.
Nous terminerons ensuite avec PPP Canada Inc.
Je vous remercie tous d'être avec nous cet après-midi. Vous disposez de cinq minutes chacun pour faire votre déclaration préliminaire, et les membres vous poseront ensuite des questions.
Nous allons commencer avec le Congrès du travail du Canada, s'il vous plaît.
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Je vais essayer de m'en tenir à cinq minutes. C'est un très gros projet de loi pour cinq minutes.
Le premier point que je veux soulever est que, d'après nous, les modifications du régime de la sécurité de la vieillesse et de l'assurance-emploi prévues au projet de loi devraient être retirées et faire l'objet d'une consultation distincte. Je crois que les conséquences de ces dispositions ont une très grande portée.
Selon moi, dans les deux cas, le gouvernement n'a pas justifié de façon claire la stratégie derrière les modifications, et il serait appréciable de tenir un débat éclairé sur cette question.
Je vais seulement présenter quelques éléments très, très rapidement.
En ce qui concerne l'assurance-emploi, le nouveau processus d'appel devant le Tribunal de la sécurité sociale nous inquiète grandement. Comme les membres le savent probablement déjà, actuellement, environ 1 000 employés à temps partiel composent les conseils arbitraux de l'AE, dans l'ensemble des régions de l'AE du pays. D'après nous — et je crois que les employeurs sont d'accord aussi —, le régime en place donne aux travailleurs sans emploi accès à un processus juste et impartial. Les appels sont traités rapidement. Nous ne voyons pas comment 39 employés à temps plein pourront les remplacer adéquatement dans le cadre d'un processus d'appel.
La perte d'un processus juste est particulièrement préoccupante, compte tenu des autres modifications prévues au projet de loi concernant l'assurance-emploi, selon lesquelles les travailleurs sans emploi seront davantage surveillés et feront l'objet d'exigences plus sévères quant à la recherche d'emploi et au type de travail qu'ils doivent accepter. Cette interaction pose problème.
Je me pose des questions sur les nouvelles exigences à l'égard des travailleurs sans emploi pour ce qui est de l'acceptation des emplois offerts — avec une réduction de salaire considérable, dans certains cas. Qu'est-ce qui justifie ce changement? Le gouvernement croit-il que les travailleurs sans emploi refusent des offres d'emploi convenables en ce moment?
Ces dispositions toucheront surtout les travailleurs des régions ayant un taux de chômage élevé. Par exemple, dans le Canada atlantique et au Québec, il y a environ 10 travailleurs sans emploi pour chaque offre d'emploi affichée par les employeurs. Selon nous, nous sommes bien loin d'une situation où des postes restent à pourvoir parce que les travailleurs sans emploi les refusent.
Encore une fois, particulièrement dans les régions au taux de chômage élevé, où les salaires sont relativement faibles, ce qui nous préoccupe aussi, c'est qu'obliger certains sous-groupes de travailleurs sans emploi à accepter des réductions de salaire importantes pourrait entraîner une chute globale des salaires.
En ce qui a trait à la Sécurité de la vieillesse et au Supplément de revenu garanti, encore une fois, le principal objectif nous échappe. Vise-t-on à faire travailler les travailleurs âgés plus longtemps ou à réaliser des économies? Si le but est de faire travailler les gens plus longtemps, je tiens à souligner au comité que l'âge moyen de la retraite a augmenté au cours des 10 dernières années, tout comme l'espérance de vie. Alors, le nombre d'années consacrées au travail n'a pas diminué, comme on le prétend souvent. Chez les personnes âgées de 65 à 70 ans, une sur quatre continue de travailler tout en touchant des prestations, soit une pension de la Sécurité de la vieillesse, dans la grande majorité des cas. Il n'est pas nécessaire de cesser de travailler pour toucher des prestations de la SV.
En résumé, ce qui est préoccupant, c'est que, parmi les personnes âgées de 65 à 67 ans qui n'auront plus accès à la SV et au SRG, bon nombre ont besoin du Supplément de revenu garanti pour s'assurer une qualité de vie à peine adéquate. La SV et le SRG représentent 30 p. 100 du revenu des personnes âgées de 65 à 67 ans, et ceux qui éprouvent le plus de difficultés en ont vraiment besoin. Un nombre important de personnes ne seront plus en mesure de travailler après l'âge de 65 ans parce qu'elles sont malades ou doivent s'occuper de quelqu'un d'autre et n'auront aucun moyen de remplacer le montant de la SV.
Parmi les personnes âgées de 65 à 67 ans actuellement sur le marché du travail, 40 p. 100 travaillent à temps partiel, et 40 p. 100 de plus accomplissent un travail autonome et touchent souvent un très faible revenu. Il est loin d'être certain que les personnes de ce groupe d'âge qui continuent de travailler, si le gouvernement veut les encourager à le faire, réussiront à toucher un revenu suffisant pour remplacer la SV et le SRG.
En guise de conclusion, je demande un examen plus approfondi des dispositions du projet de loi concernant l'AE et la SV que ce que nous pouvons réaliser dans le cadre du présent processus.
Merci, monsieur le président.
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Monsieur le président, messieurs et mesdames les députés, merci de nous inviter à prendre la parole ici.
Je viens témoigner uniquement sur la partie qui touche l'assurance-emploi dans le projet de loi sur l'exécution du budget.
Je dois vous avouer, monsieur le président, que nous avons un peu hésité avant d'accepter cette invitation parce que nous savons très bien, comme tout le monde ici, que le projet de loi C-38 sera adopté tel quel. Par contre, nous croyons profondément à la démocratie: nous sommes des démocrates. Nous pensons que les Québécois et les Canadiens doivent connaître les enjeux sous-jacents aux modifications proposées à l'assurance-emploi, parce que ces modifications auront des conséquences très graves.
À l'article 605 de la page 372 de ce projet de loi, qui compte 452 pages et qui touche 60 lois différentes, il y a quatre lignes qui abrogent l'article 27 de la Loi sur l'assurance-emploi. Toute la définition historique de l'emploi non convenable, qui protégeait les travailleurs se retrouvant en situation de chômage et qui leur accordait un délai raisonnable pour continuer à chercher de l'emploi dans leur secteur d'expérience et d'activité, est abrogée. L'emploi non convenable devient dorénavant convenable. Ce qui était inacceptable devient dorénavant acceptable.
Bien sûr, monsieur le président, on savait qu'il y aurait éventuellement dépôt d'une nouvelle définition pour les règlements sur l'assurance-emploi, les règlements ne passant pas par le Parlement. Jeudi dernier, la , Mme Finley, a déposé un document. On comprend mieux l'esprit qui va entourer dorénavant cette définition de l'emploi convenable et non convenable.
Fait historique dans l'histoire de l'assurance-chômage, qui existe depuis 1940, on crée trois classes distinctes de chômeurs qui n'auront pas les mêmes droits et qui ne seront pas assujettis aux mêmes obligations. C'est du jamais vu. Surtout, on crée une nouvelle sous-classe de chômeurs qu'on appelle les prestataires fréquents qui, eux, ne bénéficieront plus du délai raisonnable. À partir de la première semaine de chômage, ils seront obligés d'accepter n'importe quel emploi à 80 p. 100 de leur salaire. À partir de la septième semaine, ils devront accepter n'importe quel genre d'emploi à 70 p. 100 de leur salaire.
Qui sont ces prestataires fréquents? Ce sont avant tout les travailleurs saisonniers. Et où sont les travailleurs saisonniers, messieurs et mesdames les députés? Dans l'Est du Canada. Au Québec, 34 p. 100 des prestataires d'assurance-emploi sont des travailleurs saisonniers. Du côté des provinces de l'Atlantique, en Nouvelle-Écosse, la proportion des prestataires d'assurance-emploi qui sont des travailleurs saisonniers est de 38 p. 100; au Nouveau-Brunswick, elle est de 46 p. 100, et à Terre-Neuve, de 52 p. 100. En Ontario, ils comptent pour 19 p. 100, en Colombie-Britannique, pour 14 p. 100, et en Alberta, pour 9 p. 100. D'une certaine façon, on est en train de déclarer une guerre à l'Est du Canada en pénalisant ceux qui vivent dans ces régions où l'activité saisonnière domine l'activité économique.
Qui sont ces prestataires dits fréquents? De façon globale, ce sont des gens qui n'ont pas la chance d'occuper un emploi à longueur d'année à temps plein. Par exemple, ce sont des gens de l'industrie du cinéma, de la culture, de la télévision, de la publicité. Ce sont des gens qui travaillent en milieu scolaire, des employés de soutien, des gens qui travaillent dans les cafétérias. Le tiers de la main-d'oeuvre au Canada, d'après les chiffres du ministère des Ressources humaines et du Développement des compétences, est à statut précaire. Ce sont eux qu'on vise. On crée cette nouvelle sous-classe de chômeurs obligés d'accepter des conditions par ailleurs inacceptables.
Dans ce même projet de loi, on prévoit abolir les tribunaux administratifs, c'est-à-dire les conseils arbitraux, les juges-arbitres. Cela a aussi été évoqué par mon collègue ici présent du Congrès du travail du Canada. Je précise en passant que le conseil arbitral repose sur le tripartisme — la participation des représentants des travailleurs, des employeurs et de l'État —, afin d'assurer un certain équilibre dans le processus décisionnel. Tout cela sera remplacé par un nouveau tribunal de la sécurité sociale à un seul commissaire. Il y en aura 74 pour l'ensemble du Canada, et seulement la moitié sera affectée à l'assurance-emploi.
J'ai le mandat de vous dire que le présent gouvernement est en train de briser le contrat social sur lequel est fondée l'assurance-emploi, qu'on appelait l'assurance-chômage au début, en 1940. Tous les observateurs, tous les commentateurs, tous les éditorialistes, l'ensemble de la classe politique québécoise ainsi que celle des provinces de l'Atlantique sont contre ces modifications.
Je termine sur ces mots. Monsieur le président, ce gouvernement sème le vent. Quand on sème le vent, on peut s'attendre à récolter beaucoup de tempêtes, et elles se préparent.
Merci.
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Monsieur le président, membres du comité, je vous remercie de m'avoir donné l'occasion d'être ici. Je suis désolé de ne pas vous avoir fourni de document écrit, mais ma présence a été confirmée seulement ce matin. Compte tenu de mes autres engagements, je n'ai pas pu rédiger quelque chose d'officiel.
Il m'a été demandé de commenter les modifications proposées de la SV. Je vais simplement présenter les grandes lignes concernant la SV et le SRG.
Tout d'abord, je crois que l'on est en train de reconnaître le déficit démographique auquel fait face le pays. D'après un rapport que M. Christopher Ragan a préparé pour nous, d'ici 2040, le pays fera face à un déficit structurel qui correspondrait à 4,2 p. 100 du PIB, soit 67 milliards de dollars en ce moment. Cela est principalement attribuable aux changements démographiques, aux transferts de revenu aux personnes âgées et aux dépenses en soins de santé. Je crois que les modifications de la SV nous mènent dans la bonne direction et nous permettront de réduire le déficit.
Toutefois, je qualifierais la réforme de modeste. Je ne la considérerais certainement pas comme une réforme radicale pour plusieurs raisons. D'une part, si on s'en tient au concept traditionnel de viabilité, le programme n'était pas viable parce qu'il exigerait plus de ressources ou une augmentation des dépenses empêchant d'en effectuer d'autres. Du point de vue du concept traditionnel, le programme n'était pas viable. L'actuaire a affirmé que les dépenses liées à la SV et au SRG passeront de un dollar sur cinq des dépenses du gouvernement à 1 dollar sur quatre d'ici 2030, alors il faudra augmenter les taxes ou réduire les dépenses liées à d'autres programmes.
D'autre part, le fait que l'âge de la retraite passe de 65 à 67 ans n'est pas si radical, si vous y réfléchissez bien. Par exemple, si nous avions indexé l'âge d'admissibilité à partir de 1966, au moment de la création du Régime de pensions du Canada, l'âge actuel d'admissibilité à la retraite serait de 74 ans. Par conséquent, le fait de passer à 67 ans n'est qu'un modeste changement, compte tenu de l'augmentation marquée de l'espérance de vie. J'ai moi-même suggéré 69 ans. Encore une fois, si l'âge de la retraite avait été simplement indexé, il serait maintenant de 74 ans.
Le comité devrait envisager de créer un mécanisme qui permettrait d'augmenter automatiquement l'âge d'admissibilité au même rythme que l'espérance de vie. Actuellement, le coût total des prestations augmente simplement parce que l'espérance de vie s'accroît aussi, et aucune mesure n'est prise.
De plus, j'ai été déçu de constater qu'il n'y a aucun examen de l'admissibilité aux prestations de la SV — pas au SRG, mais bien à la SV. Le fait que l'on peut toucher un montant total de prestations de près de 70 000 $ en revenus m'indique que le programme ne vise pas les bonnes personnes, et, compte tenu du manque de ressources, je crois que nous pouvons faire mieux, particulièrement sur le plan du SRG et de certaines préoccupations soulevées par Andrew et avec lesquelles je suis d'accord. Ce programme pourrait être plus qu'entièrement financé, si nous pouvions réduire ou récupérer la SV à un niveau de revenu inférieur.
À titre d'exemple, une famille avec deux adultes peut toucher un revenu d'au plus 140 000 $ et toucher le montant maximal de prestations de la SV. Encore une fois, il est possible de réduire cela afin que nous puissions mieux affecter les ressources aux personnes âgées ayant un faible revenu. En effet, un des véritables succès du Canada reconnus à l'étranger est sa capacité d'éliminer la pauvreté chez les personnes âgées, grâce en grande partie au SRG et à la SV. Je suggérerais donc que nous examinions la question en vue de mieux cibler les personnes âgées admissibles aux prestations du SRG grâce à une récupération accrue des prestations de la SV.
En dernier lieu, je crois que je vais répéter — du moins, selon ce que j'ai compris — certaines préoccupations d'Andrew: il reste des questions sans réponse. Par exemple, nous ne connaissons pas encore l'interaction entre les provinces et la façon dont elles combleront l'écart entre 65 et 67 ans, même si le gouvernement a au moins annoncé des transferts de fonds supplémentaires. Je me demande à quoi ressemble ce programme.
De plus, je crois que le lien avec les régimes provinciaux des pensions est problématique, particulièrement si le but est de faire travailler davantage les personnes âgées. Nous ne pouvons pas réduire le régime pour les encourager à travailler et imposer ensuite un taux d'imposition marginal de plus de 50 p. 100 parce qu'elles voient leurs prestations réduites si elles demeurent sur le marché du travail. Par exemple, quelle est l'incidence de la modification proposée de la SV sur les lignes directrices concernant les FERR au moment où on commence à retirer des fonds de comptes d'impôt différé?
Ce sont des questions importantes auxquelles il faut répondre pleinement. Même si je crois que le budget est un bon premier pas dans la bonne direction en ce qui concerne la SV, il reste des questions importantes à éclaircir, et il faut déterminer leur lien avec l'augmentation de l'âge d'admissibilité à la SV.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Je suis heureux d'être parmi vous au nom de PPP Canada pour échanger sur le projet de loi .
Le modèle de livraison d'infrastructure connu sous le nom de partenariats public-privé ou les PPP, a été mis en oeuvre avec succès au Royaume-Uni, en Australie et partout en Europe, et ce, par l'entremise de la création d'organismes gouvernementaux. À ce jour, les provinces ont ouvert la voie pour l'utilisation des PPP au Canada, notamment l'Ontario, le Québec, la Colombie-Britannique et l'Alberta. Toutefois, depuis la création de PPP Canada, nous constatons qu'il y a de plus en plus d'administrations qui adoptent des politiques et des modèles pour promouvoir une plus grande valeur ajoutée par l'entremise de l'approvisionnement en PPP. Cette augmentation de l'utilisation des PPP a été bénéfique pour le Canada qui est maintenant reconnu comme chef de file mondial dans l’industrie des PPP.
Les partenariats public-privé sont une approche d'approvisionnement d'infrastructure publique à long terme fondée sur le rendement où le secteur privé assume la majeure partie des responsabilités en matière de risque et de financement pour la livraison et le rendement de l'infrastructure, et ce, à compter de la conception jusqu'à l'entretien à long terme en passant par la planification structurelle.
De façon plus concrète, cela signifie que les gouvernements de partout au Canada tirent parti de l'innovation et de l'expertise du secteur privé afin de fournir la meilleure solution pour offrir des services aux Canadiens. En permettant au secteur privé de concevoir, construire, financer, exploiter et entretenir des biens tels que des routes, des ponts, des installations d'eau et de traitement des eaux usées, nous nous assurons que l'ensemble des coûts et des risques sont mesurés au tout début.
Mais surtout, les gouvernements paient l'actif seulement au moment où il est complètement construit, et une portion substantielle est payée durant son cycle de vie dans l'éventualité où il est bien entretenu et où les services sont fournis. De plus, les coûts sont fixés d’après le cycle de vie de l'actif. Ceci signifie que les contribuables ne sont pas responsables des dépassements de coûts, des retards ou de tout enjeu relié au rendement pendant le cycle de vie de l'actif.
Imaginons par exemple que l'entreprise qui construit votre maison est également responsable des réparations ou de l’entretien pendant la durée de votre prêt hypothécaire de 25 ans. En supposant que le montant annuel que vous paierez une fois la maison construite est fixé avant que la maison soit construite, vos paiements n’augmenteront pas dans l'éventualité où quelque chose se brise ou devrait être remplacé. Par conséquent, le constructeur envisagerait la façon la plus rentable de construire votre maison, et peut-être d'installer un toit en métal au lieu d’un toit en bardeaux — c'est plus onéreux, mais plus durable, plus facile et moins cher à entretenir. Par ailleurs, si votre lave-vaisselle se brise et qu'il ne vienne pas le réparer selon l'échéancier préalablement convenu, vous pouvez déduire le montant du prochain paiement que vous lui devez.
Le gouvernement du Canada a reconnu les bénéfices potentiels du modèle en PPP et a créé PPP Canada, une société d'État fédérale ayant pour mandat d’améliorer la livraison d’infrastructures publiques en procurant un meilleur prix, un respect des échéanciers et une reddition de comptes aux contribuables en utilisant efficacement les PPP.
Les priorités opérationnelles de PPP Canada ont une triple portée : agir en tant que source d'expertise et de conseils sur des sujets portant sur les partenariats public-privé par l'entremise de l'élaboration et du partage de connaissances; renforcer la connaissance et la capacité des ministères fédéraux en matière d'approvisionnement en PPP; et promouvoir une plus grande rentabilité des investissements fédéraux dans les infrastructures provinciales, territoriales, municipales et des Premières nations par l’entremise du Fonds PPP Canada.
Le Budget 2011 a créé une nouvelle condition de présélection fédérale d'un PPP pour des infrastructures ayant des coûts en capital de 100 millions de dollars et plus avec un cycle de vie d'au moins 20 ans. Les ministères fédéraux sont maintenant tenus d’évaluer le potentiel du recours aux PPP pour les projets d’immobilisations fédérales d'envergure. Si l'évaluation démontre ce potentiel, le ministère responsable de l'approvisionnement devra élaborer une proposition prévoyant un PPP parmi les options possibles d'approvisionnement. Par ailleurs, le Budget encourage les ministères à étudier la possibilité d’adopter une approche PPP pour d’autres types d’approvisionnements.
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En tant que centre d'expertise en matière de PPP pour le gouvernement fédéral, PPP Canada travaillera de concert avec les ministères et les organismes fédéraux pendant le processus de présélection et offrira ses services dans l'éventualité où ils décident d'aller de l'avant. Cela inclut la création d'un plan d’élaboration, une solide évaluation de la rentabilité et une analyse de risques.
PPP Canada a créé le Guide de présélection d'un PPP dans le but d'aider les ministères. Vous pouvez le consulter sur notre site Web. Ce guide a été lancé en avril suivant la publication de la « Ligne directrice pour la mise oeuvre de l'orientation stratégique sur les partenariats public-privé présentée dans le budget fédéral de 2011 » par le Secrétariat du Conseil du Trésor. Aussi, nous continuons d'élaborer des produits et des outils.
PPP Canada s’est déjà engagé à travailler avec plusieurs ministères, dont Transports Canada, au projet du nouveau pont traversant le fleuve Saint-Laurent.
Nous croyons que l'accroissement de la rentabilité et de la reddition de comptes généré par des approvisionnements plus nombreux et de meilleure qualité, en plus de la certitude qu'ils procurent au chapitre du budget, permettront aux contribuables de tirer parti d'économies allant bien au-delà de l'exploitation de l'organisation.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Clemens, je me retrouve dans une situation où je suis à la fois en accord et en désaccord avec vous.
Vous avez parlé de la Sécurité de la vieillesse et du fait qu'elle a réglé le problème de la pauvreté chez les personnes âgées. C'était effectivement le cas dans une moindre mesure à ses tout débuts, lorsque les gens mouraient de faim dans les Prairies.
Savez-vous que le seuil de faible revenu est d'environ 22 000 $ par année? Ne voyez-vous pas cela comme le seuil de la pauvreté, monsieur? Ne croyez-vous pas que c'est le seuil de la pauvreté?
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D'accord. Ce que je veux savoir, c'est quel est le seuil de la pauvreté, selon vous. Donnez-nous des chiffres afin que nous puissions parler de quelque chose.
M. Jason Clemens: Non, je ne peux pas. Peut-être...
M. Wayne Marston: Parlons alors de ce qui revient aux personnes âgées. Les personnes âgées touchent 1 140 $ par mois et ont droit au SRG seulement s'ils sont admissibles à la SV. Au Canada, avec 1 140 $ par mois, les personnes âgées se situent sous le seuil de la pauvreté. Il est évident qu'ils vivent dans la pauvreté. Prenez un instant pour réfléchir à ce qu'on peut faire avec ce montant.
J'ai parlé à des gens partout au pays. J'ai tenu des assemblées publiques dans 40 municipalités du pays. J'ai discuté avec les personnes âgées de leurs réalités. Je les ai écoutées. À St. Thomas, une femme m'a dit que certains des médicaments de son mari ne sont plus assurés. Elle ne savait pas comment elle allait trouver 90 $ par mois. Au moment de l'application de la TVH, une femme d'Elliot Lake était inquiète parce qu'elle ne savait pas où elle trouverait 161 $ par année. Voilà la situation des gens.
Je ne peux pas dire que je suis en désaccord avec vous, monsieur, sur le plan des divers critères d'admissibilité.
Monsieur Jackson, j'aimerais vous poser une question sur les conséquences du transfert de fonds. Les bénéficiaires du Programme ontarien de soutien aux personnes handicapées ou aux bénéficiaires de l'aide sociale qui souhaitent améliorer un peu leur sort toucheront à partir de l'âge de 65 ans et pendant deux années supplémentaires le revenu le plus faible, encore plus faible que le SRG et la SV, mais le coût est également reporté. Êtes-vous d'accord?
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Merci, monsieur le président, et merci à tous les témoins de votre présence. J'apprécie que vous ayez répondu à l'appel du comité moyennant un si court préavis. C'est une de ces journées où il est difficile de planifier quoi que ce soit, et le président doit s'arracher les cheveux en tentant de fixer les réunions et de coordonner les témoignages. J'apprécie aussi le travail que fait la greffière.
Les témoignages m'intéressent, car je viens de la Saskatchewan. Je vais utiliser un exemple de ma circonscription. Le Canadian Tire de ma localité a de la difficulté à trouver des mécaniciens depuis un certain temps.
Il y a quelques années, le secteur de l'automobile de l'Ontario a procédé à des mises à pied, et Canadian Tire a organisé son propre salon de l'emploi. Un grand nombre de mécaniciens ont affirmé qu'ils songeraient à un emploi chez Canadian Tire une fois leur période de prestations d'AE terminée; peut-être qu'ils téléphoneraient à Canadian Tire à ce moment-là.
Cela était assez commun dans diverses entreprises en Saskatchewan. Nous passons à côté d'importantes occasions de développer notre secteur des ressources, de la logistique et des affaires. Nous perdons tous les emplois indirects qui créeraient aussi de nouveaux emplois en Ontario et au Québec.
C'est très intéressant. J'essaie de comprendre ce que les gens tentent de dire. Devrions-nous les laisser toucher des prestations d'assurance-emploi alors qu'un bon emploi les attend? Même si un emploi convenable est offert, certains choisissent tout de même de terminer leur période de prestations d'AE. Ils croient que l'emploi pourrait encore être disponible après leurs prestations d'AE, peut-être pas, mais cela n'a aucune importance.
Il doit exister des mesures incitatives pour les pousser à retourner au travail. Je crois que c'est l'objectif qu'on s'est fixé. Ce que l'on veut, c'est que ces personnes soient productives.
Monsieur Clemens, M. Marston vous a posé une question sur le seuil de la pauvreté, et je vais vous laisser y répondre.
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C'est un bon point, et nous devrions en discuter avant le dépôt du budget de l'an prochain. J'encourage le président à envisager cela au moment de chercher des témoins.
Pour ce qui est de l'assurance-emploi, le présent gouvernement a été très clair sur la question de la création d'emplois. Monsieur Céré, vous devez en convenir. Dans le cadre du budget, nous prolongeons le crédit pour l'embauche visant les petites entreprises afin d'encourager plus de 50 000 petites entreprises à embaucher plus de travailleurs. Cette mesure a été bien reçue. Nous avons investi 50 millions de dollars dans des stratégies emploi jeunesse pour aider les jeunes à acquérir de l'expérience professionnelle et à intégrer le marché du travail. Nous améliorons les perspectives économiques des jeunes Autochtones, ce qui est très important, selon moi. Nous favorisons aussi le financement et l'aide aux Canadiens atteints d'un handicap afin de les aider à intégrer le marché du travail. Nous améliorons l'information sur le marché du travail pour les Canadiens qui cherchent un emploi. Nous aidons aussi les travailleurs âgés qui veulent tenir leurs compétences à jour et continuer d'occuper un emploi.
Le budget contient beaucoup de choses qui ne touchent pas seulement l'Est et l'Ouest. Nous visons l'ensemble du Canada. Je tiens à le souligner. C'est honteux de dire que nous favorisons l'Ouest ou l'Est. C'est absolument honteux. Cela favorise l'objectif du NPD qui consiste à diviser et à briser.
Qu'avez-vous à répondre? Ces programmes apportent du soutien à l'ensemble du Canada, alors pourquoi parlez-vous d'une division Est-Ouest?
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Merci beaucoup. Pouvons-nous simplement nous entendre?
Des voix: Oh, oh!
L'hon. Scott Brison: Je m'interroge sur la SV, car je vois un terrain d'entente entre M. Clemens et M. Jackson, et je suis très inquiet. Nous ne sommes peut-être pas d'accord sur la viabilité de la SV, et des arguments ont été formulés à ce sujet. L'OCDE et le directeur parlementaire du budget ont affirmé que le régime actuel est viable. Je crois qu'il représente actuellement 2,7 p. 100 du PIB et que cela passera à 3,1 p. 100 en 2030 pour diminuer par la suite.
Vous avez soulevé un bon point. S'il n'est pas viable, des mesures plus progressives peuvent être prises pour assurer sa viabilité. D'abord, je crois que le régime est viable, alors les modifications ne sont pas nécessaires, mais c'est une bonne idée de réfléchir à ce que nous pourrions faire pour remplacer l'approche régressive adoptée. En réalité, 40 p. 100 des bénéficiaires de la SV touchent moins de 20 000 $, et 53 p. 200, moins de 25 000 $.
C'est facile de dire qu'on peut travailler quelques années de plus si on est politicien, économiste, journaliste ou comptable, mais dans le cas d'un ouvrier effectuant un travail physique ou d'une femme travaillant dans l'environnement froid et humide d'une usine de transformation du poisson à Terre-Neuve, les deux années de plus, de 65 à 67 ans, peuvent être très difficiles.
Vous avez suggéré de régler la situation en adoptant l'approche de la récupération. Pourrions-nous, par exemple, envisager de tenir compte du type de travail? Vous avez également suggéré de tenir compte des personnes âgées célibataires. Cela n'exige-t-il pas une analyse plus approfondie? Ne devrions-nous pas régler cette question dans le cadre d'un projet de loi distinct afin que nous puissions effectuer des recherches et aborder le sujet au Parlement?
L'un d'entre vous peut répondre.
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Désolé, je voulais simplement préciser pourquoi j'estime qu'il n'est pas viable.
Je suis ouvert à toute suggestion. Encore une fois, ce que j'essayais de dire après le dépôt du budget et l'annonce initiale du premier ministre à Davos, c'est que beaucoup d'éléments constituent le revenu de retraite. Si nous nous concentrons uniquement sur la SV et le SRG, il manque des éléments importants.
Alors, si nous soulevons la question des personnes âgées célibataires, il est certain que nous nous penchons sur le SRG. D'autres programmes constituent des éléments...
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Je crois qu'il serait beaucoup moins grave d'augmenter les mesures de récupération. Sur le plan de la viabilité, l'augmentation est si progressive qu'elle ne s'applique que lorsque le coût de la SV atteint un sommet; il n'y a donc pas vraiment de différence au chapitre du coût du programme. En moyenne, les personnes âgées de 65 ans passeront le cap des 80 ans, alors on coupe deux ans. Ce n'est pas une grande réduction de coût de programme en points de pourcentage.
Je suis tout de même conscient de l'importance de la SV pour les personnes n'ayant pas un revenu très faible. Nous savons que les baby-boomers, du moins un nombre important d'entre eux qui touchent un revenu moyen, n'économisent pas suffisamment pour leur retraite. Ensemble, le RPC et la SV remplacent 40 p. 100 du salaire moyen, ce qui constitue une très faible pension publique par rapport à ce que l'on voit dans la grande majorité des pays membres de l'OCDE. Par conséquent, bon nombre de couples perdront beaucoup d'argent, ceux qui sont pleinement touchés par ces mesures. Je crois essentiellement qu'ils devront travailler beaucoup plus pour combler l'écart et économiser, mais nous savons qu'ils ont de la difficulté à le faire.
Je ne sais pas si la véritable motivation est le coût ou l'idée selon laquelle les personnes prennent leur retraite trop tôt. Selon moi, nous pouvons mettre en place toutes sortes de mesures incitatives positives pour encourager les gens à continuer de travailler après l'âge de 65 ans et les employeurs à les maintenir en poste. Nous pourrions en discuter, si c'était le sujet du débat.
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Merci, monsieur le président.
Je suis à Fort McMurray depuis 45 ans, depuis l'époque où il n'y avait que 1 500 personnes. Ma collectivité a été construite par des gens d'autres régions du Canada — des personnes sans emploi, principalement de l'Est du Canada, de Terre-Neuve-et-Labrador. En fait, on dit que Fort McMurray est la deuxième ville en importance de Terre-Neuve, ce qui est probablement vrai.
Ce que je constate correspond exactement à l'affirmation de mon ami, M. Hoback: nombreux sont ceux qui viennent à Fort McMurray pour obtenir le nombre maximal de semaines et retournent ensuite chez eux, peu importe où cela se trouve. Je peux comprendre cela. Moi aussi, j'aimerais être chez moi en ce moment, mais je suis ici pour travailler parce que j'ai accepté cette affectation.
Puisqu'il est si courant que des gens travaillent le nombre minimal de semaines et retournent ensuite chez eux, croyez-vous que cela est raisonnable? Dans les circonstances, quel serait le nombre minimal de semaines raisonnable que les personnes devraient travailler avant de pouvoir retourner chez elles? Il y a du travail. Regardons la situation en face: il y a des emplois; ils se trouvent seulement ailleurs au pays.
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Il y a aussi des personnes qui ne seront pas vraiment touchées par les changements. Certains ont une bonne pension et choisissent de prendre leur retraite à 65 ans ou même plus tard. Le montant de la SV qu'elles ne toucheront pas n'a pas une énorme incidence sur le revenu. La situation est surtout préoccupante pour les personnes ayant un faible revenu.
Le tiers des personnes admissibles à la Sécurité de la vieillesse ont aussi droit au Supplément de revenu garanti, mais pas nécessairement au montant maximal. Cette proportion est assez élevée. Essentiellement, cela signifie que 30 p. 100 des membres de ce groupe d'âge n'ont pas un revenu suffisant découlant d'une pension et d'investissements pour combler l'écart qui les sépare du niveau de revenu adéquat à la retraite dont il a été question.
Comme certains collègues nous l'ont déjà mentionné, le Supplément de revenu garanti n'est pas particulièrement généreux. Je suis d'accord avec mon collègue: si on se penche sur la situation des personnes à Toronto et à Vancouver, où le coût des logements locatifs est très élevé...
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Selon moi, le gouvernement estime que, si on leur donne un avis suffisant, les gens s'adapteront en travaillant plus longtemps ou en économisant davantage.
Pour ce qui est des personnes qui continuent de travailler, lorsque Statistique Canada a demandé à des personnes âgées de 65 ans pourquoi elles avaient pris leur retraite, environ le quart ont indiqué l'avoir fait parce qu'elles étaient malades ou devaient s'occuper d'une autre personne. Le nombre de femmes devant s'occuper d'une autre personne est certainement beaucoup plus élevé.
Cette proportion est assez importante. Le CCPA a rédigé un rapport sur la question. Par contre, de plus en plus de gens travaillent après 65 ans. Un très grand nombre de membres de ce groupe travaillent à temps partiel — la proportion de tous les travailleurs dans des domaines comme le commerce de détail est en expansion — ou sont travailleurs autonomes. Un très important sous-groupe touche un très faible revenu.
Les personnes les plus vulnérables sont celles qui éprouvent des difficultés financières lorsqu'elles atteignent l'âge de 65 ans et intègrent ce groupe d'âge. Il y a certainement des travailleurs plus âgés qui ont perdu leur emploi stable bien avant d'atteindre cet âge en raison notamment de la restructuration industrielle. Les femmes dépendent davantage de la SV et du SRG que les hommes parce qu'elles ont généralement moins cotisé à un régime de pensions, dont le RPC, au cours de leur vie.
Depuis les consultations prébudgétaires, nous avons entendu beaucoup de groupes différents, notamment des syndicats, des groupes d'affaires et des organismes sociaux. Tous les représentants d'entreprises et de groupes d'affaires qui ont témoigné devant nous ont affirmé que notre gouvernement est sur la bonne voie, et nous devons faire quelque chose de bien puisque nous avons créé trois quarts de million d'emplois depuis la fin de la récession. Réduire l'impôt des sociétés à 15 p. 100...
L'hon. Scott Brison: [Note de la rédaction: Inaudible]
M. Mark Adler: Je ne vois pas ce qu'il y a de drôle dans...
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En ce qui me concerne, il n'y a rien de drôle dans la création d'emplois. Le sujet que nous abordons ici est très sérieux.
Monsieur Jackson, je suis un peu surpris et j'aimerais que vous me précisiez quelque chose, s'il vous plaît. Vous réclamez une augmentation de l'impôt des sociétés. Vous serez d'accord avec moi pour dire que les entreprises ne paient pas vraiment d'impôt. C'est simplement considéré comme un coût qui est relié... Ne croyez-vous pas que les entreprises, qui embauchent les gens, seraient mieux placées pour savoir comment affecter des ressources productives — c'est-à-dire de la main-d'œuvre — que les syndicats?
Je comprends le rôle des syndicats au sein de notre société et j'estime qu'il est très important, croyez-moi. Mais ce sont les entreprises qui embauchent les travailleurs. Elles veulent embaucher des personnes. Alors, si les employeurs nous disent qu'une diminution de l'impôt les aiderait à embaucher plus de personnes, pourquoi pensez-vous qu'une augmentation de l'impôt améliorerait la situation? Je ne comprends pas. Pourriez-vous m'expliquer, s'il vous plaît?
Merci à tous les témoins de vous être présentés aujourd'hui.
Monsieur Jackson, j'aimerais vous poser une question sur les changements proposés de la SV et l'augmentation de l'âge d'admissibilité, qui passera de 65 à 67 ans. Ma question touche l'emploi chez les jeunes. Vous venez tout juste de souligner que le taux de chômage des jeunes est considérablement plus élevé que la moyenne canadienne. Vous avez mentionné 20 p. 100.
Quelles pourraient être les conséquences de l'augmentation de l'âge d'admissibilité à la Sécurité de la vieillesse sur les jeunes qui tentent d'intégrer le marché du travail?
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Je déteste mettre cela dans le contexte des personnes qui se battent pour obtenir un emploi. C'est un problème intergénérationnel qui se concrétise davantage lorsque le taux de chômage est élevé.
Par exemple, il y a eu en Ontario des mises à pied massives durant la récession de 2008-2009. Cette crise semble avoir poussé beaucoup de travailleurs du secteur industriel et manufacturier qui ont perdu leur emploi à chercher du travail ailleurs — dans l'Ouest —, mais d'autres ont accepté des emplois de premier échelon qui, autrement, auraient été occupés par des jeunes. Je n'ai pas de chiffres ni de tableaux avec moi, mais j'ai cru comprendre que, à titre d'exemple, au sein de l'industrie touristique de Niagara Falls, ce sont des travailleurs industriels ayant perdu leur emploi à Welland qui ont accepté une grande partie des emplois dans les hôtels. Ainsi, les travailleurs possédant compétence et expérience ont un avantage sur le marché du travail par rapport aux jeunes qui n'en ont pas. Selon moi, le taux de chômage élevé chez les jeunes s'explique par le fait que des travailleurs plus âgés qui ont perdu leur emploi ont pris, dans une certaine mesure, les postes de premier échelon qui ne leur sont normalement pas destinés.
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Je vais vous expliquer brièvement deux points. Tout d'abord, nous sommes déçus de constater que le budget ne prévoit aucun investissement supplémentaire dans la formation des travailleurs sans emploi par l'intermédiaire du régime de l'AE. Le gouvernement a affecté des ressources supplémentaires pour cette formation durant la récession, mais c'est maintenant terminé.
Il faut agir maintenant. On prétend que les résultats de l'investissement dans la formation ne sont pas bien intéressants. Par contre, si nous croyons fermement qu'il y aura d'importantes pénuries de main-d'oeuvre au Canada, il faut investir maintenant dans la formation, et les résultats devraient être beaucoup plus intéressants que par le passé.
Je crois que nous devons miser sur une intervention ciblée, qui permettrait aux jeunes d'acquérir une expérience de travail. J'encouragerais donc la création d'emplois d'été et de placements étudiants, mesures qui encourageront les employeurs à donner de l'expérience aux jeunes.
Une partie du problème — je ne devrais pas en parler... Les manifestations étudiantes au Québec concernent en partie les droits de scolarité, mais aussi le fait que beaucoup de jeunes passent de plus en plus de temps dans le système d'éducation, probablement parce qu'ils n'ont aucune occasion d'emploi et n'arrivent pas à acquérir de l'expérience de travail durant leurs études. Je crois que notre système d'éducation doit être davantage axé sur les emplois de l'avenir et permettre aux étudiants d'acquérir de l'expérience dans ces domaines.
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Un problème que nous observons dans de nombreux pays industrialisés tient, pour une raison ou une autre, à l'idée que, c'est un échec de ne pas aller à l'université. Si on regarde les investissements du gouvernement au cours des 20 dernières années, on remarque que le milieu universitaire est favorisé. Je peux vous dire qu'un grand nombre de métiers ne seront pas remplacés par des robots.
Je crois entre autres qu'il faut simplement exercer un leadership et changer la mentalité pour montrer qu'il est tout aussi honorable d'être plombier ou menuisier ou de terminer un programme professionnel au niveau collégial.
Encore une fois, je crois respectueusement que cela relève de la compétence provinciale, mais il faut un leadership global pour démontrer qu'il n'est pas nécessaire d'être économiste, médecin ou avocat et qu'il est tout aussi acceptable d'aller au collège ou de suivre un programme d'apprentissage.
Ce qui est fondamental — et je crois qu'Andrew sera entièrement d'accord avec moi —, c'est que les enfants terminent leur 12e année et qu'ils ne s'arrêtent pas là; ils doivent être motivés à passer deux autres années dans un programme d'apprentissage. Je crois encore que cette question devrait être réglée à l'échelle provinciale.
Mes collègues ont passé beaucoup de temps à parler de la Sécurité de la vieillesse. Je vais passer un peu plus de temps à parler de l'assurance-emploi. C'est une préoccupation particulière dans ma circonscription, dans l'Est du Québec.
Ma première question s'adresse à vous, monsieur Céré, car vous connaissez également la réalité. L'annonce de la réforme a été faite jeudi matin. Jeudi après-midi et vendredi, j'ai parlé avec beaucoup de gens dans ma circonscription au cours des audiences publiques que j'ai tenues sur différents enjeux reliés au projet de loi .
Ce qui m'a surpris, c'est que plus d'employeurs que de travailleurs sont venus me voir au sujet des problèmes qu'allait leur créer la réforme proposée par Mme Finley. Il y avait, entre autres, des employeurs des zones d'exploitation contrôlée — ou ZEC — du secteur touristique et du domaine de l'ébénisterie. Tous nous ont dit avoir beaucoup de difficulté parce qu'ils forment leur main-d'oeuvre spécialisée dans les ZEC, par exemple dans le tourisme et l'ébénisterie. Comme ce sont des emplois saisonniers, ils doivent mettre à pied leurs employés pendant deux, trois ou quatre mois. Ces derniers essaient de trouver un autre emploi, mais ce n'est pas toujours évident de pouvoir être employé pendant deux, trois ou quatre mois. Ces employeurs peuvent ensuite engager à nouveau ces personnes et retrouver ainsi l'expertise qu'ils leur ont fait acquérir. Ces employeurs pensent qu'en raison de la réforme et des mesures proposées, ils risquent de perdre ces employés qu'ils ont formés.
J'aimerais connaître votre opinion là-dessus. Vous parlez beaucoup des employés et des travailleurs qui sont affectés, mais les employeurs dans une région comme la mienne, comme ceux dans la région de l'Atlantique, j'en suis persuadé, risquent d'être défavorisés également.
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Depuis jeudi passé, la réaction semble assez unanime au Québec. On a parlé des médias, des commentateurs, des éditorialistes de tous les journaux, mais aussi des employeurs. On les a entendus. L'économiste en chef du Conseil du patronat du Québec déclarait, jeudi passé, qu'on va beaucoup trop loin et que ce n'est pas ce que veulent les employeurs.
Nous avons l'esprit ouvert. Monsieur le député, en 2010, il y a moins de deux ans, nous avons réuni à Montréal, autour d'une grande table, les principaux représentants des milieux patronaux de très haut niveau, pour parler du programme d'assurance-emploi. Il y avait le président du Conseil du patronat du Québec, la Fédération des chambres de commerce du Québec, la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante, Manufacturiers et Exportateurs du Québec, ainsi que les principaux représentants syndicaux. La réunion a duré toute une journée, en plein mois d'août. Un consensus unanime s'est dégagé entre les employeurs et les syndicats: le gouvernement fait n'importe quoi avec le régime d'assurance-emploi et nos cotisations, avec l'argent des employeurs et des travailleurs. En plus, les employeurs nous ont dit très clairement que le gouvernement à Ottawa ne les écoutait pas. C'est pour cela que la réaction au Québec est unanime par rapport aux propositions du gouvernement.
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Merci, monsieur le président. Je tiens aussi à remercier les témoins.
J'ai deux brefs commentaires et une question.
J'ai évidemment examiné les arguments pour et contre les changements de la SV en raison de sa viabilité et, bien que je ne sois pas économiste, les chiffres m'indiquent intuitivement qu'il y a un grave problème et que le gouvernement a dû prendre la décision difficile d'aller de l'avant.
J'ai trouvé les commentaires de M. Clemens très intéressants; nous aurons peut-être l'occasion de nous pencher sur cette question à l'avenir. Néanmoins, à titre personnel, si je voyais ma pension de la SV récupérée — ce qui serait impopulaire — je dirais peut-être: « Vous savez quoi? On s'occupe quand même davantage des aînés que des enfants. » Je crois donc que nous pourrions avoir une discussion complexe et complètement différente sur cette question.
En ce qui concerne l'AE, encore une fois, je crois que personne ici n'est en désaccord avec le fait que les prestataires de l'AE devraient être informés régulièrement des occasions d'emploi autres que celles du guichet. Si c'est le cas, laissez-le-nous savoir, et nous pourrons lancer le débat.
Je crois que personne ne contesterait que les Canadiens connaissent vraiment les occasions découlant du Programme des travailleurs étrangers temporaires. Je crois, encore une fois, que le sujet du débat est raisonnable. Les très modestes réformes du gouvernement et le fait qu'il ne tient pas à déplacer les travailleurs dans d'autres collectivités sont raisonnables, et il ne tient pas non plus à ce que les personnes fassent de grands changements; il veut simplement les aider à aller de l'avant. Je ne crois pas, assurément, que la situation est aussi dramatique qu'on le laisse entendre.
C'était mes deux commentaires. Je remarque que M. Clemens est un spécialiste du domaine de la santé. Je sais que vous ne vous êtes pas préparé à cet égard aujourd'hui, mais je veux aborder le sujet rapidement parce que je crois que c'est important pour tous les Canadiens.
Au milieu des années 2000, j'ai eu l'occasion de travailler beaucoup sur les comparaisons internationales. Au début du processus, j'étais très fier du Canada et de notre système et je croyais que, à la fin, j'allais voir notre pays comme le meilleur au monde. J'ai été rapidement consterné par nos actes et notre orientation, particulièrement sur le plan des résultats découlant des dépenses.
Vous avez probablement remarqué que le gouvernement s'est engagé à augmenter ces dépenses d'ici 2016-2017. Nous croyons que les occasions sont nombreuses, et beaucoup de pays nous ont montré que des occasions s'offrent compte tenu de nos dépenses actuelles. Pourriez-vous nous parler de votre point de vue à ce sujet?
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Bien sûr. Je pense que les réformes du régime d'aide sociale effectuées par les libéraux en 1995 et en 1996 fournissent un cadre pour la réforme du système de soins de santé. Le gouvernement libéral a essentiellement éliminé la plupart des normes nationales et réduit les subventions globales, mais il a considérablement accru la liberté des provinces d'expérimenter, d'innover et d'apprendre les unes des autres.
Je crois que ce cadre général correspond dans une certaine mesure à l'approche que nous adoptons, mais qu'il existe encore à l'échelon fédéral d'importants obstacles à l'expérimentation et à l'innovation fondées sur des modèles éprouvés de pays de l'OCDE qui dispensent des soins de santé universels. J'ai vécu aux États-Unis pendant trois ans et demi, et nous ne devrions pas adopter leur modèle, même si nous pouvons en tirer certaines leçons. Je pense que nous devrions plutôt nous inspirer de pays comme la France, l'Allemagne, la Suisse, la Suède, l'Australie et, dans une certaine mesure, le Japon.
Ce que j'espère, c'est que nous puissions tenir une discussion afin d'élaborer pour le pays un système universel et transférable qui n'aurait pas son égal à l'échelle mondiale et qui ferait fond sur les leçons tirées à la lumière des expériences des autres pays. Je pense que la prochaine étape pour le gouvernement fédéral — et elle est très difficile — consiste à tenir une discussion concernant la Loi canadienne sur la santé et la façon dont certaines dispositions de cette loi nous empêchent de procéder aux réformes mises en œuvre dans d'autres pays de l'OCDE qui sont dotés d'un système de soins de santé universel.
Je sais à quel point cette discussion sera difficile, car la plupart des Canadiens, pour une raison ou pour une autre, croient à tort que les seules options possibles sont le statu quo ou le système américain. En réalité, nous pouvons tirer des leçons d'autres pays qui disposent d'un système de soins de santé universel, ce qui nous permettrait d'améliorer énormément la qualité des soins dispensés tout en respectant le budget actuel. Voilà le cadre général que je vous propose d'adopter. Bien entendu, il y a d'autres aspects précis à examiner. Je peux vous en parler, si vous le voulez bien.
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Eh bien, non. Comme vous avez passé tellement de temps à parler de l'assurance-emploi, je croyais que vous aviez pris connaissance des autres mesures. Il s'agit vraiment d'un gros document, et seulement deux sections ont été abordées. La section sur l'assurance-emploi ne l'a pas du tout été, mais je suis étonnée de constater que vous n'êtes pas au courant de cette question cruciale.
Quoi qu'il en soit, je vais me tourner vers M. Smith, car je viens de Winnipeg, où le projet de la route Chief Peguis, mené par l'entremise de PPP Canada, a connu énormément de succès. À titre informatif, j'aimerais lire à mes collègues deux déclarations faites par des représentants de la Ville au sujet du projet, qui a respecté le budget établi et qui a été achevé un an plus tôt que prévu.
Voici ce qu'a dit Jeff Browaty, conseiller municipal:
C'est assez miraculeux... Je pense que sa réussite tient en grande partie à son aspect innovateur, car il s'agit d'un [projet financé par le Fonds PPP Canada].
Voici ce qu'a dit le maire Sam Katz:
C'est un rendement plutôt phénoménal. À mon avis, cela montre d'ailleurs que, pour certains projets, les PPP représentent l'approche idéale... Nous sommes très heureux du résultat.
Cela dit, je constate que certains changements proposés dans le projet de loi sur le budget sont sur le point de changer la donne. Monsieur Smith, si vous le voulez bien, je veux que vous nous expliquiez comment la nouvelle version de la loi permettra à PPP Canada de mieux interagir avec les ministères fédéraux afin de fournir une expertise concernant les partenariats public-privé.
Il nous reste deux minutes.
En tant que président, je veux simplement réagir à certains commentaires formulés par M. Clemens au sujet des changements apportés à la Sécurité de la vieillesse.
Vous avez parlé de la façon dont la SV sera liée aux directives du Fonds enregistré de revenu de retraite. Vous avez également parlé d'examiner le taux marginal d'imposition.
Comme vous le savez, nous avons fait passer l'âge minimal de 69 à 71 ans. Certains témoins qui ont comparu devant le comité dans le cadre d'études précédentes ont déclaré que nous devrions envisager de le rehausser davantage. Certains ont dit que nous devrions nous pencher sur le montant du retrait obligatoire. J'aimerais que vous réagissiez d'abord à ce commentaire, c'est-à-dire que vous nous indiquez votre préférence ou que vous nous donniez tout conseil que vous pourriez avoir à ce sujet. Ensuite, j'aurai une deuxième question concernant les taux marginaux d'imposition.
Je tiens à finir ce que j'avais à dire.
Je pense qu'il est légitime de se demander pour quelles raisons le gouvernement comprend des mesures concernant la Sécurité de la vieillesse. Je vais seulement lire cette citation:
La transition démographique majeure en cours au Canada sollicitera les finances des gouvernements pendant les prochaines décennies. Au cours de cette période, le vieillissement de la population fera en sorte qu’une partie de plus en plus grande de la population quittera l’âge d’activité maximale pour accéder à la retraite, ce qui exercera des pressions à la baisse sur les revenus. En effet, la croissance de l’activité économique, et donc de l’assiette fiscale, ralentira. Parallèlement, le vieillissement démographique exercera des pressions sur les programmes dont les prestations sont destinées entièrement ou de façon disproportionnée aux Canadiens les plus âgés, par exemple les prestations aux aînés et les soins de santé.
Cette citation est tirée du Rapport sur la viabilité financière de 2011, du directeur parlementaire du budget.
Monsieur Jackson, monsieur Clemens, il ne me reste plus beaucoup de temps. Mais il me semble qu'il s'agit là d'une justification très convaincante des mesures prises par le gouvernement fédéral relativement aux transferts en matière de santé et à la Sécurité de la vieillesse.
Je ne sais pas si vous avez des observations à ce sujet.
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Encore une fois, s'il est question de réforme du système de santé, je pense qu'il faut s'inspirer des réformes effectuées par le gouvernement libéral lors de l'exercice de 1995-1996. Je pense que le gouvernement actuel a pris des dispositions en ce sens. Je crois toutefois que ce qui importe actuellement, c'est d'établir les pouvoirs des provinces par la voie de la Loi canadienne sur la santé.
Pour ce qui est de la Sécurité de la vieillesse, comme je l'ai dit, selon les données de l'actuaire, la part que devra assumer le gouvernement fédéral passera de un dollar sur cinq à un dollar sur quatre. Mathématiquement, cela signifie évidemment qu'on devra faire des compressions ailleurs afin de compenser ces dépenses dans l'actuelle enveloppe de revenus ou trouver des revenus additionnels. Voilà donc pourquoi, à mon sens, on doit se questionner sur la viabilité de cette initiative.
Encore une fois, je pense que c'est une excellente idée que d'agir bien avant l'apparition du problème. Seulement, je crois que le gouvernement devrait prendre en considération d'autres mesures.
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La séance est de nouveau ouverte.
Merci aux témoins de leur présence ici ce soir.
Nous avons avec nous M. Paul Kennedy et Mme Jane Londerville. Nous accueillons également deux représentants du ministère de la Justice, soit M. Michael Zigayer et Mme Sophie Beecher. Il y a aussi M. Stephen Bolton, de Sécurité publique Canada; M. Joe Oliver, de la GRC; et M. Jerome Brannagan, du service de police de Windsor.
Vous avez chacun cinq minutes pour faire une déclaration préliminaire; puis, tous les membres du comité pourront poser des questions.
La parole va d'abord à M. Kennedy.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Ma déclaration portera sur l'abolition du Bureau de l'inspecteur général.
La protection de la sécurité nationale contre les menaces est des plus prioritaire, et les hommes et les femmes qui consacrent leur carrière à cette tâche méritent nos remerciements sincères. Toutefois, nous devons reconnaître que la présence d'un organisme de renseignement national qui enquête en secret sur des personnes au Canada — y compris des citoyens canadiens — au sujet d'activités qui ne sont pas nécessairement illégales, mais que l'on soupçonne de représenter une menace pour le pays, apparaît contraire aux valeurs démocratiques.
À cause de leur nature secrète, les activités liées au renseignement de sécurité ne peuvent être examinées en fonction d'un modèle classique de responsabilité administrative. Bien que toutes les institutions gouvernementales soient assujetties à la Loi sur l'accès à l'information et à la Loi sur la protection des renseignements personnels, qui autorisent les gens à accéder à l'information personnelle pouvant avoir été recueillie par les ministères ou les organismes gouvernementaux, toute demande du genre présentée au Service canadien du renseignement de sécurité entraînerait comme réponse « aucune confirmation, ni dénégation ».
Cette situation qui ne saurait normalement être acceptée l'est actuellement ici, car nous croyons que le Canada est exposé à des menaces pour la sécurité sur lesquelles on doit enquêter afin de préserver notre démocratie. On croit également que les modèles classiques de responsabilité administrative compromettraient la capacité de l'organisme de renseignement de nous protéger contre les menaces, et qu'à la suite des crises provoquées par le FLQ, la Commission royale d'enquête dirigée par le juge MacDonald et des délibérations approfondies menées par un comité mixte composé de membres de la Chambre des communes et du Sénat et dirigé par le sénateur Pitfield ont donné lieu à l'élaboration d'un judicieux régime de surveillance et d'enquête qui a su concilier de façon acceptable les réalités des services de renseignement et les fondements d'une démocratie.
Ce régime, en plus de la création du Comité de surveillance des activités de renseignement de sécurité, a rendu le ministre de la Sécurité publique directement responsable des enquêtes menées par le SCRS. L'approbation personnelle du ministre est requise pour chaque demande présentée devant un tribunal en vue d'intercepter des communications et d'effectuer des fouilles. Il ne s'agit pas seulement d'un pouvoir général. Le ministre doit examiner la demande et l'approuver. Il peut autoriser le Service à enquêter sur une personne, ou au contraire, lui interdire de le faire. À titre de comparaison, on demanderait la démission du ministre s'il cherchait à exercer un tel rôle à l'égard des activités de la GRC. Si le SCRS pose des gestes inappropriés, le ministre en est directement responsable. Il ne peut pas se dissocier des actes du Service comme il le ferait dans le cas de la GRC.
Le ministre de la Sécurité publique gère un vaste portefeuille touchant quelque 40 000 fonctionnaires. Il est impossible pour lui de savoir si chacune de ces personnes assume ses responsabilités conformément à la loi, aux politiques opérationnelles et aux directives ministérielles et si les pouvoirs sont exercés de façon raisonnable. C'est pour cette raison qu'il y a le Bureau de l'inspecteur général. Ce bureau vérifie les activités d'enquêtes menées par le SCRS à l'égard de ses dossiers pour s'assurer que le Service respecte ses obligations. L'inspecteur général rend directement des comptes au ministre et l'informe des progrès réalisés ou l'avertit à l'avance des problèmes potentiels.
Quand on examine la responsabilité personnelle confiée au ministre par le Parlement, on peut comprendre le besoin de lui fournir un bureau d'enquête indépendant et professionnel qui lui permettra de remplir son rôle adéquatement. À défaut d'un tel bureau, le ministre serait aveugle et complètement à la merci du service de renseignement. Une telle situation n'est ni raisonnable, ni souhaitable.
Tant le Service de sécurité de la GRC que le Service canadien du renseignement de sécurité ont eu plus que leur part d'ennuis. Selon Edmund Burke, les gens qui ne connaissent pas l'histoire sont destinés à la répéter. Le coût financier des faux pas commis par le passé en matière de sécurité nationale, évalué simplement en fonction des commissions d'enquête, se chiffre à plusieurs dizaines de millions de dollars, sans parler de la perte de l'appui de la population. Rien ne saurait justifier les erreurs non détectées.
Je sais que vous êtes préoccupés par les coûts. À ce chapitre, ceux associés au Bureau de l'inspecteur général représentent un prix modique à payer pour conserver un organisme du renseignement secret au Canada. Si vous décidez d'éliminer ce bureau, je pense que vous devriez également recommander de façon générale que les futurs faux pas commis par le service de renseignement entraînent la démission du ministre de la Sécurité publique. Si l'on décide de fermer les yeux sur les problèmes potentiels concernant le SCRS, il faut qu'il y ait un prix à payer. Après tout, la responsabilité finale revient au ministre.
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Je suis heureuse de pouvoir comparaître devant le comité pour parler de la section 11 du projet de loi sur le budget. Depuis 1993, je suis professeure spécialisée en immobilier pour l'Université de Guelph; je donne des cours et je mène des travaux de recherche liés au logement et au financement hypothécaire, entre autres choses. J'ai rédigé pour l'Institut Macdonald-Laurier plusieurs articles portant sur le système de financement hypothécaire qui sont disponibles sur son site Web.
À juste titre, le Canada peut être fier de son système de financement hypothécaire. Grâce à une législation et à une souscription prudentes, nous avons su gérer la crise financière mondiale mieux que presque tous les autres pays. Toutefois, même si le système est solide, on peut l'améliorer. Les dispositions de la section 11 réglementant les obligations sécurisées sont importantes. Nombre d'investisseurs européens ne sont pas autorisés à se procurer des obligations sécurisées dans les pays où il n'y a pas de législation à ce chapitre. Donc, cette mesure aidera les banques à commercialiser ces titres, ce qui injectera plus d'argent dans le système de financement hypothécaire.
Toutefois, on interdit aux institutions financières d'utiliser dans un tel cas des prêts hypothécaires assurés en garantie — et cette mesure aura l'effet inverse. En effet, dans un bassin d'investissements, les investisseurs préfèrent les prêts assurés, qui offrent de la sécurité. Donc, cela réduit la demande d'assurance-prêt hypothécaire — et c'était là l'objectif d'imposer une telle restriction —, surtout pour ce qui est de celles achetées par les banques au sujet de prêts qui n'ont pas besoin d'être assurés. Ainsi, dans l'ensemble, je pense qu'il s'agit d'une mesure judicieuse.
Le projet de loi reconnaît le changement majeur survenu au fil des ans en ce qui concerne les priorités de la Société canadienne d'hypothèques et de logement. L'assurance-prêt hypothécaire et la titrisation représentent une partie importante et croissante des activités liées au logement social que mène cette société.
Les assureurs hypothécaires privés sont contrôlés par le Bureau du surintendant des institutions financières; si le projet de loi est adopté, ce sera également le cas de la SCHL. Je ne m'attends pas à ce que les examens annuels du BSIF détectent des problèmes. Cette société a été très prudente dans la gestion de son portefeuille d'assurance-prêt hypothécaire et conserve le double des fonds de réserve recommandés par le BSIF.
En outre, le projet de loi désigne le sous-ministre des Finances et le sous-ministre de Ressources humaines et Développement des compétences Canada pour siéger d'office au conseil de la SCHL. Dans le cadre de nos efforts visant à assurer la surveillance adéquate des activités commerciales menées par la Société, il est crucial de ne pas oublier le rôle essentiel qu'elle joue au chapitre des politiques en matière de logement et de la prestation de logements abordables aux ménages et aux personnes à faible revenu du Canada.
Le projet de loi prévoit par ailleurs que la SCHL rende publics certains registres, certains dossiers et certains renseignements. Les exigences à ce sujet ne sont pas encore claires, mais je prévois que la Société devra se montrer plus transparente, c'est-à-dire qu'elle sera assujettie à peu près aux mêmes exigences que les assureurs hypothécaires privés en matière de communication de l'information.
Malgré les aspects positifs du projet de loi, il y a encore deux ou trois choses qui me préoccupent. Comme la SCHL est une société d'État, ses politiques au chapitre de l'assurance-prêt hypothécaire font en sorte que ces prêts sont — de façon implicite — garantis à 100 p. 100 par le gouvernement fédéral en vertu de l'accord de Bâle. En conséquence, les prêts hypothécaires de la SCHL n'exigent aucuns fonds de réserve de la part des institutions financières. La limite de protection pour les assureurs hypothécaires privés est de seulement 90 p. 100.
En conséquence, les banques, dont les prêts sont assurés par des entreprises privées, doivent mettre de côté certains fonds de réserve en cas de défaut de paiement par l'assurance, alors que les prêts de la SCHL ne sont pas assujettis à cette obligation. C'est pourquoi les taux de rendement des prêts hypothécaires garantis par la Société sont plus élevés; et, quand les marges de profit sont minces et que les banques ont des craintes au sujet des fonds de réserve, comme c'était le cas au début de la crise financière de 2008, cela fait une grande différence.
La SCHL affirme que cette divergence à propos de la garantie se justifie par son mandat social et par le fait qu'elle assure des immeubles d'habitation comptant plusieurs logements. Dans son plus récent rapport annuel, on lit que « 46,5 p. 100 de ses activités d’assurance des prêts pour immeubles locatifs et des prêts à RPV élevé se rapportaient à des segments du marché délaissés par ses concurrents du secteur privé ».
Voilà à quel égard il serait bénéfique que le public ait un meilleur accès aux données de la SCHL. La Société jouit d'un monopole en ce qui concerne l'assurance-prêt applicable aux immeubles à logements, y compris les maisons de soins infirmiers et les résidences pour personnes âgées. Si le secteur privé n'est pas autorisé à lui livrer une concurrence sur ce marché, il est illogique de se servir de ces prêts à titre comparatif. Rien n'indique que la SCHL ne réalise pas de profits grâce à cette assurance. Pour étayer une telle affirmation, il est impératif de mener une analyse objective des assurances-prêts hypothécaires accordées respectivement par la SCHL et par ses concurrents privés dans une région donnée; je ne crois pas qu'il y aurait de différence notable. C'est le prêteur, pas l'emprunteur, qui choisit l'entité qui accordera l'assurance-prêt hypothécaire, à savoir la SCHL ou une entreprise privée.
Il ne s'agit donc pas d'un marché concurrentiel permettant aux consommateurs de choisir librement l'entreprise qui assurera leur prêt, même si ce sont eux qui assument les importants frais d'entrée. La SCHL possède actuellement 70 p. 100 des parts de marché. À mon avis, quand un seul joueur est si dominant, cela signifie que les règles du jeu ne sont pas équitables.
Pour conclure, j'appuie le projet de loi. Je crois que si on nivelle le terrain pour les assureurs privés et publics de prêts hypothécaires en leur donnant la même garantie, ce sera bénéfique pour les consommateurs, et il y aura plus d'assureurs privés qui chercheront à attirer cette clientèle, ce qui améliorera la compétitivité des tarifs et favorisera l'innovation en matière de produits.
Merci.
Située en Ontario, la ville de Windsor compte 200 000 habitants et accueille chaque jour des milliers de visiteurs qui arrivent par le tunnel Windsor-Detroit, le pont Ambassador ou par bateau en traversant la rivière Detroit. La rivière a un kilomètre de largeur et sépare les deux grands pays que sont le Canada et les États-Unis. Elle s'étend sur environ 22 kilomètres le long de la frontière de Windsor.
La mission du service de police de Windsor est de « prévenir le crime, faire enquête, aider les citoyens et veiller à l'application de la loi en partenariat avec la collectivité ». Nous prenons notre mission très au sérieux. Sa composante la plus importante est probablement les partenariats, les liens que nous avons noués au fil des ans avec les gens de la région et nos partenaires d'application de la loi.
Ces partenaires comprennent des organismes municipaux ainsi que des groupes provinciaux, fédéraux et étatiques situés des deux côtés de la frontière. Nous devons tous nous soutenir mutuellement afin d'assurer la sécurité de nos villes et de nos régions.
Durant les mois plus chauds, la rivière Detroit accueille près de un demi-million de bateaux de plaisance canadiens et américains. Chaque année, près de 5 000 navires commerciaux ou océaniques accostent à Windsor ou à Detroit ou passent entre le Canada et les États-Unis par cette section de la rivière Detroit. C'est un cours d'eau extrêmement achalandé.
Le service de police de Windsor travaille d'abord et avant tout pour les citoyens de cette ville. Cela dit, nous acceptons notre rôle de premiers intervenants dans le cadre de toute situation concernant la police qui survient dans notre ville ou dans notre région, y compris la rivière Detroit. Il arrive que ces situations aient un effet plus direct sur les intérêts nationaux ou provinciaux. À coup sûr, l'autoroute de l'ALE — qui part du Mexique, traverse les États-Unis et passe par le pont Ambassador menant à Windsor — en est un bon exemple.
En tant que premiers répondants, les agents du service de police de Windsor connaissent bien les nombreux problèmes liés au maintien de l'ordre sur le pont Ambassador. Cela s'applique également aux cours d'eau situés entre Detroit et Windsor. Les partenariats conclus par la police dans ma région ont connu un essor exponentiel et ont donné lieu à des relations de confiance fantastiques et axées sur un objectif commun: protéger et servir nos citoyens. Nous avons trouvé des façons de lutter contre le crime transfrontalier en remplaçant nos méthodes de travail informelles par une approche plus normalisée, officielle et, surtout, plus conforme à la loi.
Depuis 2009, le service de police de Windsor fait partie de BEST, soit la force d'intervention sur la sécurité de la frontière. Un de nos agents travaille avec des représentants de plusieurs organismes d'application de la loi de l'Ontario et des États-Unis dans un bureau à Detroit, au Michigan. La création de cette force d'intervention a permis à mon service de police d'obtenir sans délai des renseignements de sécurité provenant des États-Unis. Nous pouvons alors agir en fonction de ces renseignements ou les communiquer adéquatement.
Comme ils ont suivi la formation intitulée « Title 19 Training », mes agents ont les mêmes pouvoirs qu'un douanier américain et sont autorisés par la loi des États-Unis à transporter une arme à feu dans ce pays.
Nous avons conclu avec succès plusieurs enquêtes transfrontalières tant en Ontario qu'aux États-Unis. Pendant de nombreuses années, les criminels ont profité du manque de coopération des autorités dans le cadre d'enquêtes transfrontalières. La contrebande transfrontalière d'armes à feu et de drogues, par exemple, ainsi que le passage de clandestins étaient florissants. Les autorités doivent continuer à faire preuve de souplesse dans le cadre de leurs efforts concertés afin qu'il soit bien plus difficile pour les membres du crime organisé de profiter de nos lacunes en matière d'application transfrontalière de la loi.
L'initiative Shiprider est certes un outil précieux et amélioré afin de lutter contre le crime organisé transfrontalier. Le service de police de Windsor est convaincu de l'utilité de cette initiative et croit en sa valeur. Nous nous réjouissons donc du partenariat qu'elle crée entre le Canada et les États-Unis.
Merci.
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Merci beaucoup. Je souhaite la bienvenue aux témoins.
Je vais commencer par poser une question à M. Kennedy au sujet du SCRS. Tout d'abord, je dois dire que le projet de loi est très volumineux et qu'il aborde de nombreux aspects. Ce soir, il est question de l'assurance-emploi, des pensions, des partenariats public-privé, du SCRS, de la SCHL et de l'application transfrontalière de la loi. Cela fait donc beaucoup de sujets.
Lors de leur comparution — la semaine dernière, je crois —, des représentants du gouvernement ont dit que si l'on mettait fin à la surveillance du SCRS par l'inspecteur général, c'était pour éliminer le chevauchement. Selon eux, le CSARS peut assurer le même service tout aussi facilement et il s'agirait des mêmes activités de surveillance — même si ce comité n'a pas de président à l'heure actuelle, d'après ce que je comprends. Ils ont dit que cette mesure visait simplement à éliminer le chevauchement.
Votre témoignage semble indiquer que vous n'êtes pas d'accord avec cette analyse. Pouvez-vous nous dire pourquoi?
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Si je peux me permettre une recommandation, il devrait y avoir plus de canettes de Red Bull. Je suis surpris de ne pas en voir.
Des voix: Oh, oh!
M. Paul Kennedy: C'est une preuve de votre endurance. J'ai seulement écouté des parties de la dernière table ronde et j'en ai eu mal à la tête.
J'ai travaillé pendant 20 ans dans le domaine de la sécurité nationale. C'est un domaine où il y a beaucoup de défis à relever, et il faut toujours se rappeler que quelqu'un nous surveille. Tout est caché et secret, et on a l'impression qu'on peut faire des choses sans que ça se sache. Mais, en réalité, je rappelle toujours aux gens que les secrets, ça n'existe pas. C'est aussi utile pour les politiciens de s'en rappeler, surtout au sein du gouvernement. Ce sont des bombes à retardement. Elles vous sauteront au visage au bout d'une journée, d'une année, de 5 ans ou de 10 ans. Si vous avez fait quelque chose de mal, ça se saura.
Prenons le rapport publié par l'inspectrice générale en mai, cette année. Elle revient sur toute une période, et elle l'a certainement écrit comme un document d'adieu. Vous constaterez que, dans mon mémoire, j'ai cerné certaines des raisons qui justifient ce qu'elle fait, et expliqué en quoi le poste d'inspectrice générale est unique.
Une des choses les plus importantes, c'est que le CSARS est principalement un organisme réactif. Il traite d'enjeux très stratégiques et de plaintes du public. On peut lui présenter des requêtes, et il peut décider d'acquiescer aux demandes du ministre. L'IG est là pour servir le ministre. Le ministre peut lui dire: « Vous le faites pour moi parce que c'est votre travail de me le dire. Ce n'est pas à vous de le dire au grand public. » On peut contrôler les activités du Service grâce à des politiques opérationnelles et des directives ministérielles, en plus, bien sûr, de la loi, parce que ces textes découlent d'erreurs qui ont été faites au cours des 28 dernières années. J'étais l'avocat général, alors j'en sais quelque chose. J'étais là lorsqu'une bonne partie des erreurs ont été commises. Je n'étais pas nécessairement responsable, mais comment peut-on les corriger? On contrôle les AR en élaborant des politiques.
L'IG a un pouvoir unique: la capacité de surveillance. On ne parle pas de la même chose dans le cas du CSARS, qui réalise des examens après coup. L'IG peut surveiller des dossiers d'enquête en cours pour voir le travail qui est fait, si on respecte les politiques et le genre de rendement obtenu.
Quand je me suis penché sur la question, je n'ai vu personne donner au CSARS le pouvoir de surveiller. En fait, je n'ai pas non plus vu qu'on transférait des dossiers de l'IG au CSARS aux fins de suivi. Je ne sais pas ce qui va se passer. Habituellement, on prévoit une période de transition dans la législation. Faut-il simplement rester là, et regarder 28 ans de travail rejeté du revers de la main? Aucuns fonds n'ont été transférés. Alors le million de dollars disparaît. Aucun employé n'a été transféré, ce qui signifie qu'on perd l'expertise. On se retrouve donc avec une structure semblable, mais sans les pouvoirs.
Si vous examinez ce qu'ils font, vous constaterez qu'ils vont au fond des choses. Ils vous diront: « Vous avez des problèmes avec votre système informatique. Vous ne faites pas de suivi des données. Vous ne faites pas un suivi pour savoir à qui vous communiquez des données. » Ils sont les seuls à s'occuper de pas mal de choses.
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Merci, monsieur le président.
Je souhaite la bienvenue aux témoins.
Je suis un peu surprise par les déclarations de M. Kennedy en raison de ce que nous ont dit à ce sujet les représentants qui étaient ici, y compris ceux de Sécurité publique. En fait, bon nombre des choses qui nous ont été dites à nous, les parlementaires, contredisent ce que suggère M. Kennedy.
Monsieur Kennedy, avez-vous regardé la séance à laquelle ont participé les représentants?
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Merci de poser la question. En fait, c'est une question très intéressante dont nous avons discuté et à laquelle nous avons beaucoup réfléchi. Pour commencer, les opérations intégrées transfrontalières maritimes d'application de la loi auront un effet multiplicateur sur les ressources disponibles à la frontière en raison de la coordination accrue entre les organismes d'application de la loi à la frontière. En général, cela devrait permettre de s'attaquer plus efficacement à la criminalité transfrontalière. De cette façon, en effet, vous affirmez votre souveraineté en vous attaquant aux menaces et en réglant les problèmes liés à la criminalité transfrontalière à la frontière et en protégeant les Canadiens et les collectivités canadiennes. De ce point de vue, il s'agit d'un modèle très efficace.
Dans le projet de loi en tant que tel, on a pris certaines précautions pour garantir et protéger la souveraineté canadienne, y compris l'inclusion d'une disposition selon laquelle, si un agent de la paix américain travaille en sol canadien, il relève alors d'un agent de la paix canadien, c'est-à-dire, un agent du pays d'accueil. Il doit aussi respecter les lois canadiennes et les règles, procédures et politiques du Canada en matière d'application de la loi. Il s'agit d'une façon de garantir et d'affirmer notre souveraineté tout en maximisant les ressources disponibles.
Je laisse la parole à Michael.
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Ce texte législatif applique un traité que nous avons signé avec les Américains et qui reconnaît l'importance du principe de la souveraineté des États. Cela figure dans l'énoncé des principes du projet de loi, à l'article 368.
J'aimerais revenir sur quelque chose que Stephen a dit tantôt. Nous contribuons, avec les Américains, un certain nombre de ressources à la frontière. Disons, par exemple, que nous avons quatre bâtiments. C'est tout ce dont nous disposerions si nous nous en tenions à nos capacités d'application de la loi et nos ressources. En créant un partenariat avec les États-Unis, en réunissant un membre de la Gendarmerie royale et un membre de la Garde côtière américaine sur un même bâtiment, et en ajoutant quatre nouveaux bâtiments américains, on double en fait les ressources dont disposent les deux pays — et tous les agents peuvent patrouiller des deux côtés de la frontière. En ce sens, selon moi, nous améliorons la protection de notre souveraineté parce qu'il y a plus d'agents de la paix à la frontière.
J'ai conseillé trois ministres qui devaient assumer le rôle de solliciteur général ou de ministre de la Sécurité publique. La première chose que je leur disais, c'est qu'ils étaient responsables du ministère des mauvaises nouvelles. Que ce soit les agents correctionnels qui interagissent avec les détenus, les gens qui passent et repassent à la frontière avec de la contrebande ou encore les agents de police qui portent des armes à la ceinture et les espions.
Ce ne sont pas de mauvaises personnes. C'est simplement la nature de leur travail. En raison des difficultés qu'ils doivent surmonter, ils feront des erreurs. C'est inévitable. C'est encore plus vrai avec les responsables du renseignement, parce qu'on ne peut pas se réconforter en se disant qu'on pourra se présenter devant un tribunal ou un juge qui s'occupera du dossier. Ils travaillent dans un environnement encore plus complexe, en raison du terrorisme, au pays et à l'étranger.
Quant à la détection précoce, il y aura des problèmes. L'enjeu sera le suivant: les détecterons-nous vraiment plus rapidement?
La dernière grosse enquête que nous avons faite, l'enquête sur le dossier Arar a coûté environ 30 millions de dollars, si vous comptez les 10 millions que le gouvernement a versés en indemnités. Oui, c'est très dispendieux.
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Non. Je n'ai jamais discuté avec Michael Ignatieff. Les commentaires que j'ai formulés sont fondés sur mes 20 années d'expérience dans le domaine, et le fait que, lorsque vous y oeuvrez, vous vous rendez compte... En fait, je vais vous donner un exemple. Prenez la présentation faite par le SCRS au juge O'Connor dans le cadre de l'enquête Arar. Vous constaterez que le service parle des avantages que représente pour lui l'existence d'une structure de surveillance crédible parce qu'il ne peut pas se défendre lui-même. C'est simplement une réalité.
L'ancien commissaire de la GRC, M. Zaccardelli, qui a résisté pendant des années à toute augmentation des pouvoirs d'examen des activités de la Gendarmerie royale par un organisme responsable des plaintes, a dit, dans un discours devant des représentants de l'Association internationale de police, qu'il avait finalement compris que c'est nécessaire. Nous ne pouvons pas parler pour nous-mêmes. Si nous le faisons, les gens croient que nous protégeons nos arrières.
Je dis ça parce que j'ai travaillé pendant des années dans le domaine. Selon moi, il faut protéger cette institution. Je veux qu'elle soit crédible. Nous en avons besoin, mais nous avons besoin d'une surveillance crédible. De cette façon, on donne au SCRS la capacité d'être crédible auprès du grand public en cas de problème.
Quant à la démocratie, M. Osbaldeston a été nommé, vers 1986, après une bévue du SCRS. Le premier directeur, Ted Finn, avait alors dû démissionner, même s'il demandait la démission du ministre de l'époque, M. Kelleher. Il a dit qu'il faut se rendre compte que, dans une démocratie, un service du renseignement peut seulement être efficace à 85 p. 100. On lui a demandé si le service pouvait être aussi bon que le BOSS, le service du renseignement d'Afrique du Sud, ou que le Mossad. Il a dit non. Dans une démocratie, son efficacité peut être de 85 p. 100. Ça monte à 100 p. 100 dans les systèmes qui ne sont pas démocratiques.
Ça doit être là, mais il faut le contrôler. C'est comme une épée à double tranchant: elle nous protège, mais elle peut être dangereuse. Nous en avons besoin, mais il faut la contrôler.
Monsieur Bolton, j'ai déjà posé la question à M. Oliver. C'était, je crois, quand nous étions ici il y a deux semaines.
Notre plus grande préoccupation concernant ce qui est proposé dans la loi portant sur l'interopérabilité des Forces canadiennes et américaines dans les eaux navigables est le fait que ce soit nous qui l'étudiions. Je pense que M. Olivier a confirmé la dernière fois qu'il n'y avait aucun impact financier ou fiscal et que c'était déjà intégré au budget de la GRC.
Si ce projet de loi est adopté par le gouvernement conservateur majoritaire, il deviendra une loi sans avoir été étudié par le Comité permanent de la sécurité publique et nationale, qui, en fait, devrait l'analyser.
Un Canadien qui contreviendrait à une règle quelconque, par exemple sur la rivière près de Windsor, devrait comprendre que cette loi a été adoptée selon un processus budgétaire et fiscal. Que pourriez-vous lui répondre lors de son arrestation? Bien entendu, je ne parle pas ici d'un crime extrêmement grave, mais d'une intervention quelconque.
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Merci de poser la question.
Si un Canadien se trouvait dans cette situation, selon moi, l'avantage de la législation est que, s'il est arrêté au Canada, si on l'arrêtait au terme d'une opération d'application de la loi en sol canadien, le dossier relèverait des agences canadiennes. Par conséquent, même si des agents de la paix américains participent aux opérations, le citoyen canadien n'a pas à connaître à la perfection la législation américaine ni y être familier. En fait, ce ne sera pas important, parce que le dossier serait géré par les forces de police canadiennes.
Je ne sais pas, Joe, si tu as quelque chose à ajouter.
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Je vais simplement souligner certains éléments qui ont déjà été abordés par M. Zigayer et M. Bolton.
Je crois que l'entente cadre aborde de façon très explicite la souveraineté et les conditions dans lesquelles les opérations peuvent être réalisées. La législation elle-même est très claire, et elle est devant le Parlement.
L'autre aspect qui aidera à renforcer les questions liées à la souveraineté incluent la formation. On a établi très clairement que, quand les opérations auront lieu au Canada, les agents canadiens seront aux commandes et la loi canadienne s'appliquera — les règles canadiennes, les procédures canadiennes et ainsi de suite.
L'autre aspect est que le projet de loi définit aussi un cadre en vertu duquel nous devrons rendre des comptes des opérations réalisées au Canada à un organisme de surveillance. Tous ces éléments prouvent certainement que nous respectons la souveraineté canadienne. Ce que nous tentons d'obtenir, c'est une souplesse opérationnelle pour les gens qui travaillent sur les premières lignes afin que nous puissions mieux lutter contre les criminels qui sévissent à la frontière.
Ce n'est pas une question de renoncer à notre souveraineté du tout. C'est plutôt une question de bénéficier d'une plus grande souplesse opérationnelle dans un environnement très complexe.
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Pour parler précisément du recours à la force. Quand j'ai mis à l'essai pour la première fois le programme Shiprider, il a fallu suivre une formation complète sur le recours à la force du côté américain et du côté canadien, et, selon les commentaires reçus des participants, les deux protocoles se ressemblaient tellement que c'était une perte de temps — l'important est de cerner les similitudes entre les protocoles de recours à la force canadiens et américains.
Par conséquent, une norme en matière de cours de formation a été élaborée. Elle a été mise à l'essai dans le cadre d'un certain nombre de projets pilotes. Les Américains tentent actuellement d'obtenir une accréditation fédérale à ce sujet par le truchement du FLETC, le Federal Law Enforcement Training Center. Le cours dure huit jours et est offert à la Maritime Law Enforcement Academy à Charleston, en Caroline du Sud. C'est un partenariat avec la GRC, la Immigration and Customs Enforcement des États-Unis et la Garde côtière américaine, qui offre la formation.
Dans le cadre de la formation, on passe plusieurs heures sur le recours à la force afin d'enseigner aux agents quelles sont les exigences en la matière au Canada et en quoi consiste le recours à la force. En plus de cette formation — en plus de la formation théorique et de la formation sur le droit —, il y a aussi une mise en pratique grâce à divers scénarios. Une bonne portion de la formation consiste en fait à demander aux agents de mettre en pratique les modèles de recours à la force et d'obtenir une rétroaction.
Il y a donc beaucoup de formation dans les jours précédant un déploiement. En fait, c'est une exigence pour les agents, et elle figure dans la législation et dans l'entente cadre. Les agents doivent recevoir une formation spéciale avant qu'ils puissent obtenir une désignation transfrontalière.
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Merci, monsieur le président.
Merci à tous les témoins d'être là, ce soir. Je veux aussi tous vous remercier pour le travail que vous faites au sein de la fonction publique. Chacun d'entre vous rend des services très importants à notre collectivité et à notre pays.
Monsieur Brannagan, je suis de votre coin, de Chatham, en Ontario, et j'apprécie le travail que vous faites. C'est très intéressant.
J'ai deux fils qui travaillent pour le service de police Chatham-Kent. Je suis curieux: je ne leur en ai jamais parlé, mais le chef Poole participe-t-il aussi à tout ça? Ou est-ce que ça se termine aux limites de Windsor?
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Kennedy, je suis très curieux, parce que je crois que Mme Glover a mentionné que, quand les représentants sont venus et que nous leur avons posé des questions — je crois que Mme Nash l'a dit —, ils nous ont dit en fait qu'il y avait des chevauchements et qu'ils voulaient tout simplement rendre le processus plus convivial et économiser un peu d'argent.
Vous avez écrit quelque chose à ce sujet le 11 mai. Selon moi, c'est très alarmant, parce que vous dites qu'on est en train d'enlever au ministre ses yeux et ses oreilles.
C'est peut-être pour cette raison que la modification a été incluse dans le projet de loi et que nous, les membres du Comité des finances, devons l'examiner, afin de comprendre ce qui se passe.
Je sais que vous avez travaillé dans le milieu. Si je ne m'abuse, vous avez travaillé pendant 20 ans dans le domaine de la sécurité publique. Dites-nous, devrait-on nous inquiéter du fait qu'on élimine le poste et le rôle d'Inspecteur général?
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Ce qui devrait vous préoccuper, c'est que votre objectif principal est de resserrer le système pour régler le problème du déficit et d'autres problèmes semblables, vous vous intéressez à ce qui est superflu, mais là, vous devez traiter d'un enjeu stratégique, et il est évident que vous n'avez pas l'expertise nécessaire. Votre expertise, c'est les finances, vous n'êtes pas des experts de ces questions. Alors vous vous dites bon, voici un million de dollars, on économise un million de dollars, alors on est en excellente posture.
Ce qu'on ne vous dit pas, c'est la raison pour laquelle ces structures ont été mises en place au départ. Il y a eu une commission royale d'enquête de deux ans menée par un juge de la Cour supérieure. Des accusations criminelles ont été portées contre des gens. Un comité spécial rassemblant des membres de la Chambre des communes et du Sénat a siégé pour préparer le texte législatif. Nous avons été l'un des premiers pays à créer une législation pour définir le mandat de notre service du renseignement. Nous sommes uniques à cet égard. Nous avons réglé le problème. Nous avons constaté qu'il y avait un problème, et nous sommes engagés à le régler. Car il y avait des abus.
Vous devez aujourd'hui déterminer le sort d'un système sans en connaître le contexte et sans renseignements. Diverses commissions et même certains organismes de surveillance ont présenté toute une série de requêtes pour qu'on renforce le système. Vous ne faites rien pour le renforcer et, en fait, vous en enlevez un morceau sans vous rendre compte de ce que vous faites.
Pour l'instant, ce sont les yeux et les oreilles, parce que, comme je l'ai dit — et je n'exagère pas —, le ministre est personnellement responsable des agents du renseignement. C'est ainsi que le modèle a été créé, parce que le grand public ne peut pas être au courant. Par conséquent, la garantie qu'on peut donner au grand public, c'est que nous avons un ministre responsable, qui s'occupe du dossier, qui sait ce qui se passe et qui s'en occupe pour nous.
La GRC, quant à elle, est une organisation indépendante, au sens où elle choisit qui fait l'objet d'une enquête et quand. Si elle se met le pied dans les plats, tout le monde le sait. Ça se passe dans l'arène publique. Mais là, il est question d'un service du renseignement; c'est pourquoi on a mis des outils en place, pour permettre au ministre d'assurer un contrôle afin qu'il puisse donner ces assurances au grand public. On élimine actuellement un de ces outils.
N'oubliez pas... C'est vrai, j'ai interagi longtemps avec des représentants du SCRS, et j'ai beaucoup d'amis qui y travaillent, des gens que j'admire, mais je dirais la même chose que j'ai dit à mes collègues de la GRC, avec lesquels j'ai travaillé pendant 36 ans, et qui voulaient avoir leur mot à dire sur qui les surveillait. J'ai dit que le cheval ne choisit pas la selle. La gendarmerie ne peut pas décider qui la surveille et dans quelle mesure. Il serait complètement insensé qu'un membre du comité, ici présent, se dise que, puisque le SCRS n'aime pas ça, alors il faut l'accommoder et éliminer le poste d'IG. Ça n'a vraiment pas de sens. Ce n'est pas au SCRS que revient cette décision.
Votre travail est de donner au grand public l'assurance nécessaire et de vous assurer que les outils nécessaires sont disponibles. Si vous trouvez un meilleur modèle, c'est parfait, mais il faut le faire de façon holistique. Il ne faut pas le faire dans un but purement économique, parce que c'est ce que le SCRS veut et que ça semble facile. Ce serait, je le dis avec le plus grand respect, le summum de l'irresponsabilité. Vraiment.
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Merci, monsieur le président.
Permettez-moi de vous souhaiter la bienvenue au Comité des finances, monsieur Garrison. Ça fait du bien de voir de nouveaux membres. Cependant, compte tenu de toute l'expérience que nous avons ici dans la salle, il est ridicule de croire que le comité sur la sécurité publique aurait, pour je ne sais quelle raison, d'autres questions à poser. Et quant à votre comparaison des techniques d'encerclement, qui sont des techniques de contrôle de foule — j'ai travaillé pendant 19 ans dans la police et je compte y retourner — , n'importe quel service de police peut les utiliser s'il le désire... Mais le continuum de recours à la force n'est pas quelque chose à quoi on peut déroger. C'est quelque chose qui est constamment mesuré par l'appareil judiciaire. Si vous ne le respectez pas... il faut constamment le respecter. Alors le fait de comparer des pommes et des oranges, puis de prétendre que vous savez de quoi vous parlez, franchement, c'est manquer de respect aux membres du Comité des finances.
Malgré tout, je vais poursuivre avec nos agents en uniforme. J'ai bien aimé le projet pilote qui a été réalisé, et j'aimerais bien que vous nous parliez de ses réussites de façon à ce que nous puissions avoir une idée de ce à quoi on peut s'attendre.
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En ce qui a trait aux projets pilotes de 2007, qui sont les plus longs, deux ont été réalisés en même temps, un sur la côte Ouest et l'autre sur la Voie maritime du Saint-Laurent, dans la région de Cornwall.
Les équipes Shiprider ont participé à un certain nombre d'interdictions et d'arrestations. Ils ont participé directement à six arrestations, et ils ont contribué à environ 40 autres. Ils ont participé à la saisie de cigarettes de contrebande et de marijuana et à la confiscation de produits de la criminalité — les bateaux utilisés pour le trafic transfrontalier et modifiés à cette fin — ainsi que des moyens de transport sur terre. Ils ont fait leur contribution.
En outre, ils ont assuré une coordination avec les ressources sur terre, comme y a fait allusion le chef adjoint Brannagan. Dans le cadre de telles opérations, il faut souvent interagir avec les gens sur la terre. Par exemple, à Cornwall, on a reçu une plainte liée à un enlèvement d'enfant dans une zone frontalière, et le coupable avait utilisé un bateau. L'équipe Shiprider bénéficiait de la souplesse opérationnelle nécessaire pour franchir, au besoin, la frontière canado-américaine pour effectuer des vérifications dans les marinas, ce qui l'a aidée à trouver rapidement le point de débarquement et à identifier l'embarcation, ce qui, au bout du compte, a permis de retrouver l'enfant et de leur ramener aux siens en sécurité. On a aussi considéré qu'ils ont contribué à cette enquête.
Il s'agit d'exemples d'opérations réussies constatées dans le cadre du programme Shiprider le long des voies navigables que nous partageons avec les Américains.
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C'est fantastique, c'est du bon travail. Félicitations à tous ceux qui y ont participé.
Il me reste un peu de temps. Je veux dissiper certains malentendus pendant que j'y suis. C'est assez simple, j'ai épousé un agent de police qui est aujourd'hui à la retraite. Il a passé une bonne partie de sa carrière dans le domaine du renseignement, et les cinq dernières années dans celui de la surveillance. Il surveillait certains groupes de motards.
Quoi qu'il en soit, je connais bien le SCRS. Je connais très bien le CSARS. Voici ce que j'aimerais dire aux gens qui nous regardent. Nous, agents de police, ne tenons jamais rien pour acquis, jamais, sauf une fois que nous avons pu entendre les deux versions. C'est pourquoi je suis déçue par le témoignage de M. Kennedy, qui nous a avoué ne pas avoir entendu ce que les représentants ont dit.
Permettez-moi de lui dire et de dire à tous les Canadiens qui regardent ce que les représentants avaient à dire au sujet de la situation actuelle. Le ministre lui-même appuie la législation. Il sait très bien que, très souvent, il y a des critiques. Par conséquent, toutes les enquêtes seront maintenant réalisées par le CSARS, parce qu'il s'agit d'un organisme indépendant du gouvernement. C'est l'élément crucial ici. C'est un organisme indépendant, ce qui signifie qu'il y aura plus de transparence et plus d'indépendance. Il y avait des chevauchements parce que le SCRS et le CSARS décidaient tous les deux d'eux-mêmes de procéder à des examens des activités du SCRS. Il faut que les gens sachent qu'on ne montre qu'un côté de la médaille et qu'il s'agit en fait d'une mesure qui permettra d'économiser de l'argent. Une partie des fonds économisés seront réaffectées, c'est ce qu'ont dit les représentants. Par conséquent, l'hypothèse qu'il n'y aura pas de transfert est elle aussi erronée.
Je sais, et je suis sûre que vous aussi, monsieur Oliver, savez que quand le chef de police fait confiance aux gens qui travaillent pour lui et que des erreurs sont faites — M. Kennedy a dit clairement que les erreurs sont inévitables, surtout dans le domaine du renseignement —, le chef n'a pas à démissionner. Nous faisons tous de notre mieux, parce que c'est la sécurité publique qui prime.
Pouvez-vous le confirmer, monsieur Oliver et monsieur Brannagan? Des erreurs sont faites au sein des forces policières et du milieu de la sécurité publique. Est-ce que vous congédieriez le chef ou le commissaire pour une erreur sur le terrain, en sachant que tout le monde fait de son mieux?
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Merci, monsieur le président.
Monsieur le président, je dois dire que j'ai l'impression d'être le dernier à parler à un déjeuner ou à une réunion de prières, et il n'y a plus de bonnes prières à dire. Cela étant dit, il y a peut-être quelques questions que j'aimerais poser.
Monsieur Oliver, j'examine les données sur le projet pilote qui a été réalisé le long de la frontière. Élargissez-vous maintenant ce projet à la Saskatchewan, à l'Alberta — les Prairies? Avez-vous réalisé des projets semblables à l'extérieur de la région?
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J'aimerais prendre une partie des trois minutes qu'il me reste pour tous vous remercier de ce que vous faites. Cela inclut tous les témoins, y compris Mme Londerville, M. Kennedy et les autres.
J'aimerais cependant dire quelque chose. La loi d'exécution du budget contient ces mesures parce que nous croyons sincèrement qu'elles permettront de protéger les intérêts des Canadiens et qu'il s'agit des bonnes mesures pour protéger les intérêts du milieu policier et des employés du CSARS.
Cela étant dit, je sais que, monsieur Zigayer, vous n'avez pas eu beaucoup l'occasion de parler. J'aimerais donc que vous nous disiez en terminant pourquoi il est important d'inclure ces mesures dans la loi d'exécution du budget — la première, plutôt que celle de la session d'automne — et en quoi cela permettra d'améliorer et de renforcer la sécurité des Canadiens.
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Eh bien, c'est toujours au gouvernement de décider quand il présente un projet de loi et comment il procède. En fait, c'est la troisième fois que ce texte législatif précis est présenté au Parlement. Il a déjà été présenté à la Chambre des communes. Il a été présenté à la Chambre et il est mort au
Feuilleton peu après. Il a ensuite été présenté au Sénat, et est encore mort au
Feuilleton lors du déclenchement des dernières élections.
Par conséquent, nous nous croisons tous les doigts cette fois-ci parce que, franchement, nous croyons tous que c'est une très bonne initiative. Je vais juste mentionner quelques points. Il n'y a pas d'opérations Shiprider actuellement. Nous avons réalisé un certain nombre de projets pilotes Shiprider — en 2005 et en 2007 —, et ces projets vous ont été décrits. Mais nous avons aussi réalisé un certain nombre d'opérations Shiprider — nous les appelons des opérations de sécurité maritime — dans le cadre de quelques événements qui étaient assortis d'importantes composantes de circulation maritime transfrontalière: les Olympiques à Vancouver, le G20 à Toronto, l'année dernière, ainsi que le Super Bowl, qui s'est tenu à Detroit, en janvier 2006.
Les personnes qui ont participé à ces opérations ont eu de nombreuses occasions de se perfectionner et d'améliorer la formation, et elles commencent à très bien la connaître. La GRC compte un nombre important de personnes déjà formées. La Garde côtière américaine doit former à nouveau un certain nombre de ses effectifs, parce qu'ils sont réaffectés après un certain nombre d'années. Alors la formation est continue.
L'autre point que j'aimerais soulever est que...
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... et en tant qu'observateur d'Amnistie Internationale auprès de l'académie de police en Afghanistan.
Je crois encore une fois que c'est la preuve que, si ces dossiers étaient étudiés par le bon comité, nous n'aurions pas ces petits échanges entre des gens qui ne se connaissent pas bien et qui ne connaissent pas bien non plus l'expérience des autres.
Je veux revenir à M. Kennedy et lui parler un peu du comité existant du CSARS. Si j'ai bien compris, le comité est composé de membres à temps partiel qui n'ont pas d'expertise précise et qui comptent sur peu de personnel auxiliaire. Et ce dont nous parlons, comme vous l'avez mentionné plus tôt, concerne le transfert de responsabilités très importantes. Pourriez-vous nous parler des différents rôles et des différentes personnes qui siègent au CSARS comparativement au personnel de l'inspecteur général?
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Je crois que ça fait partie du problème. Je suis sûr que ce sont tous des gens très compétents. Je crois aussi que c'est le cas de mon successeur, qui n'avait tout simplement pas d'expérience en droit criminel. Il avait de l'expérience en planification successorale. Ne venez pas me voir pour des conseils sur la planification successorale, venez me voir pour des conseils sur le droit criminel et allez le voir lui, pour ce qui est de la planification successorale.
Je remarque qu'il y a au moins deux personnes qui siègent encore et qui sont des médecins. Je ne vois pas vraiment le lien. Ce sont des gens de qualité, mais j'aurais cru que le CSARS aurait bénéficié de l'apport de quelqu'un qui a de l'expérience liée à la sécurité nationale sous une forme ou une autre.
Si vous voulez une structure de surveillance crédible, l'analogie que j'ai utilisée plus tôt liée à l'auto de course est appropriée selon moi. Si vous voulez gagner une course, de quoi avez-vous besoin? Vous avez besoin de trois choses. Vous avez besoin d'un véhicule doté d'un moteur puissant. Ça, c'est le mandat législatif. Vous avez besoin de carburant. Ça, c'est l'argent. Vous avez besoin d'un pilote de haut niveau. Vous rassemblez ces choses, et vous gagnez la course. Si l'on veut une structure de surveillance crédible, il faut ces trois choses.
Il ne fait aucun doute qu'il y a eu des gens de grande valeur qui ont siégé au CSARS et pour lesquels j'ai beaucoup de respect, mais ça semble être une considération secondaire. Le fait qu'il n'y ait actuellement pas de président permanent du CSARS ne devrait pas être une considération secondaire. Je ne sais pas quel genre de message cela envoie au grand public. Vous éliminez le bureau de l'IG parce que l'IG n'a pas été remplacé. Vous éliminez ce bureau, et le CSARS n'a pas de président. En fait, il y a quatre personnes qui, si je ne me trompe, ont des emplois à temps plein, et qui viennent siéger à temps partiel. Qu'est-ce que ça envoie comme signal à la population canadienne au sujet de notre agence du renseignement nationale? Rien de très bon, malheureusement.
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Un des défis que nous avons dû relever, et le service doit probablement lui aussi s'efforcer de le faire actuellement, c'est que la grande majorité des Néo-Canadiens qui arrivent au pays viennent d'endroits où les services du renseignement emploient des gens extrêmement déplaisants, et il peut être difficile de modifier leur état d'esprit lorsqu'ils viennent ici et qu'ils interagissent avec nous. Notre service du renseignement est différent. Ils ne le tiennent pas pour acquis, et vous avez donc besoin de leur coopération pour gérer les menaces nationales et des choses de cette nature.
Si vous voulez le voir par vous-même, regardez la présentation, comme je l'ai souligné, que le SCRS a faite lui-même durant l'enquête de la commission Arar, dans la deuxième partie, lorsqu'il est question de l'ancien temps — et j'étais là. Les relations étaient très tendues entre le Service et le CSARS. Les relations se sont améliorées au fil du temps parce que le service s'est rendu compte de l'importance d'avoir une tierce partie indépendante qui peut parler au grand public et qui bénéficie d'une certaine crédibilité. Mais cela signifie qu'il faut y placer des gens qui permettront d'assurer cette crédibilité. Le mandat, le carburant, l'argent et les employés qui ont les bonnes compétences, pas de longs curriculum vitae, pas des gens qui restent assis en radotant parce que leurs meilleurs jours sont derrière eux. Quelqu'un de vigoureux qui sait de quoi il parle et qui sait comment s'exprimer. C'est la meilleure façon d'améliorer la crédibilité du SCRS au Canada, compte tenu de la situation actuelle.