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D'accord, monsieur le président, et je sais que vous m'en voudrez si je ne respecte pas le temps.
Merci.
Il est assez inhabituel pour moi de me tenir à ce bout-ci de la table. C'est la première fois que j'ai cette occasion, alors je vous en remercie infiniment. Je suis heureux d'être ici aujourd'hui pour vous parler de mon projet de loi d'initiative parlementaire, le projet de loi . J'aimerais m'attarder un peu sur certaines de ses dispositions ainsi que sur certains des résultats escomptés.
Au cours des dernières années, plusieurs villes dans l'ensemble du Canada, qu'il s'agisse de Toronto, Vancouver, London ou Montréal, ont été victimes de violentes émeutes. Ces événements commencent souvent par des rassemblements pacifiques d'une forme ou d'une autre, mais finissent par dégénérer en violence à cause de criminels masqués qui se cachent au vu et au su de tous. Mon projet de loi vise, d'abord, à prévenir ce genre d'incidents et, ensuite, à aider les policiers à assurer la sécurité publique en leur fournissant les outils nécessaires pour prévenir, désamorcer et réprimer des émeutes et des attroupements illégaux. Il leur permettra également d'identifier, de mettre en accusation et de poursuivre en justice plus facilement les auteurs d'actes de violence et de vandalisme lors de tels événements.
Pour y arriver, mon projet de loi crée une nouvelle infraction au Code criminel afin d'interdire le port de masque ou de tout autre déguisement dans le but de dissimuler son identité lors d'une émeute ou d'un attroupement illégal que des policiers s'efforcent de réprimer. Des mesures qui enlèvent aux criminels la capacité de se cacher au vu et au su de tous durant des incidents qui perturbent l'ordre public auront un effet dissuasif puissant pour ceux qui voudraient commettre d'autres actes criminels. Le projet de loi permettra également à la police d'intervenir et d'arrêter ceux qui portent des masques au mépris de la loi. Cela permettra de désamorcer des situations tendues et d'assurer la protection de simples citoyens privés et de biens publics et privés.
On ne saurait trop insister sur la nécessité d'une telle mesure législative. Lors des manifestations du G8 et du G20 il y a deux ans, un groupe sécessionniste de manifestants violents ont causé des dommages de 2,5 millions de dollars aux commerces de Toronto et ont détruit quatre voitures de police. En tout, 97 policiers et 39 citoyens ont été blessés. Dans tout ce chaos, seulement 48 contrevenants ont été accusés d'infractions criminelles. L'année dernière, les émeutes à Vancouver étaient même pires. Les émeutiers ont causé des dommages d'au moins 3 millions de dollars à 89 commerces et à la ville de Vancouver, sans compter la destruction d'une quarantaine de voitures de police.
Étant donné la difficulté à identifier les suspects masqués, l'enquête qui s'ensuivit a coûté à la police de Vancouver environ 2 millions de dollars au-delà des coûts de fonctionnement normaux. En dépit de l'excellent travail du service de police de Vancouver qui a recensé 15 000 actes criminels distincts, seulement 85 personnes ont été mises en accusation. Malgré une présence médiatique importante, l'accès à des caméras de télévision en circuit fermé et la prolifération d'images saisies par des appareils mobiles, de nombreux criminels ont pu échapper à la justice.
Ces deux cas contrastent fortement avec l'émeute qui a eu lieu au Collège Fanshawe à London, en Ontario, en mars dernier. Près de 1 000 émeutiers étaient à l'origine de cet incident, qui a causé des dommages d'environ 100 000 $. J'ai récemment parlé au chef de police de London, Brad Duncan, qui a confirmé que les émeutiers n'avaient en fait pas caché leur identité. Ainsi, dans un peu plus d'un mois, la police de London a déjà identifié et accusé 42 personnes avec 103 infractions.
Il ne fait aucun doute que nous avons grandement besoin des mesures proposées dans mon projet de loi. J'ai rencontré des policiers et des chefs de police un peu partout au pays — à Vancouver, à Victoria, à Calgary, à Toronto et ailleurs —, et ils appuient tous le projet de loi. Selon eux, non seulement le projet de loi aidera la police à mener des enquêtes à la suite d'émeutes, mais il empêchera aussi que ce genre de chahut devienne si dangereux.
Voici ce qu'a dit le chef de police de Victoria, Jamie Graham, qui est ici avec nous aujourd'hui:
Je suis favorable à toute mesure législative qui réduit le potentiel de violence lors d'attroupements publics. [...] Ce projet de loi représente un progrès significatif puisqu'il empêche ceux ayant l'intention de commettre des actes de violence de se cacher derrière des déguisements, des masques ou tout autre article qui couvre le visage.
Dernièrement, nous avons vu que les manifestations étudiantes légales à Montréal ont dégénéré en violence à cause d'un petit groupe de criminels qui dissimulent leur identité pour éviter d'être reconnus. Des policiers et des journalistes ont été agressés, des magasins et d'autres propriétés privées ont été vandalisés et plus de 85 émeutiers ont déjà été arrêtés.
Le lieutenant Ian Lafrenière du service de police de Montréal a dit aux médias que certains manifestants utilisent des tactiques du Black Bloc: ils portent des masques pour cacher leur visage, s'organisent en groupe et utilisent des armes qu'ils dissimulent avant de se rendre aux manifestations. En fait, le maire de Montréal, Gérald Tremblay, a enjoint la commission de la ville à examiner la question. On s'attend à ce que celle-ci recommande une loi interdisant le port de masques lors de manifestations violentes.
Toutefois, ce ne sont pas seulement les autorités policières et civiles de nos grandes villes qui demandent de telles mesures. Comme vous le diront de nombreux témoins éminents au cours des prochains jours, une émeute peut avoir des conséquences dévastatrices pour l'économie locale.
Vous entendrez les témoignages de dirigeants d'entreprise de différentes villes canadiennes qui ont été victimes des actes d'émeutiers et qui croient que le projet de loi est une mesure législative nécessaire pour empêcher qu'ils soient de nouveau victimes de tels incidents dans l'avenir.
La Downtown Vancouver Business Improvement Association est composée des entreprises qui ont été le plus durement touchées par l'émeute dans cette ville, et ses membres appuient mon projet de loi.
Voici ce que l'association affirme dans sa résolution:
Le 15 juin 2011 est une journée sombre dans l'histoire de notre ville, qui a traumatisé des milliers d'habitants, d'employés et d'entrepreneurs qui travaillent fort. Les dommages matériels subis ce soir-là et le pillage qui s'est produit ont entraîné des millions de dollars de pertes. L'image parfaite de Vancouver a été ternie par les actes de personnes dangereuses et irresponsables qui n'ont aucun respect pour les lois du pays.
La Building Owners and Managers Association of British Columbia, à l'occasion de la dernière réunion de son conseil d'administration, a également appuyé le projet de loi . Cette association représente plus de 400 membres qui possèdent ou gèrent des immeubles commerciaux en Colombie-Britannique, dont un grand nombre ont subi des pertes à la suite de l'émeute à Vancouver. L'association m'a envoyé une lettre pour me faire part de sa résolution adoptée à l'unanimité, dont voici un extrait:
Les propriétaires d'immeubles et les locataires commerciaux du centre-ville de Vancouver ont été durement touchés par les émeutes liées au hockey qui ont éclaté en juin 2011. Nous estimons que la modification proposée sera un outil utile d'application de la loi pour limiter les dommages causés par tout acte de violence illégal commis lors d'émeutes.
Je sais que certains des députés de l'opposition se sont opposés au projet de loi parce que, selon eux, il porterait atteinte au droit des citoyens de manifester. Soyons clairs: ces mesures ne feront rien de tel. Lorsqu'une manifestation ou, d'ailleurs, tout autre rassemblement public dégénère en un attroupement illégal ou une émeute, ce n'est plus, par définition, un rassemblement protégé par la Charte. Cela devient une infraction en vertu du Code criminel; autrement dit, les gens s'exposent à des sanctions s'ils choisissent d'y participer.
En fait, je crois que le projet de loi aide plutôt à maintenir le droit de tous les citoyens de manifester de façon pacifique. Pourquoi? Parce qu'il fournit un moyen de dissuader ou d'empêcher les gens d'utiliser les rassemblements pacifiques comme prétexte pour commettre des actes criminels.
Le projet de loi est une mesure que les policiers, les citoyens respectueux des lois et les entreprises ont réclamée. Cette mesure protégerait les Canadiens et leurs moyens de subsistance contre les actes de violence insensés, tout en maintenant le droit de tous les citoyens de manifester de façon pacifique. C'est conforme à l'engagement pris par le gouvernement envers les Canadiens de protéger les citoyens respectueux des lois et de protéger nos collectivités des criminels.
Je sais aussi que certains députés ont proposé que nous envisagions d'harmoniser les pénalités prévues dans mon projet de loi avec celles qui existent déjà dans le Code criminel, aux termes de l'article 351, concernant le port de déguisements. J'accepterais volontiers les amendements proposés par le comité à cet égard.
J'aimerais conclure en exhortant les députés des partis de l'opposition, qui ont exprimé des réserves envers le projet de loi, surtout ceux qui représentent des circonscriptions à Montréal, à Vancouver et à Toronto où de tels incidents ont eu lieu, à écouter très attentivement ce que leurs électeurs sont en train de dire. L'appui que j'ai reçu des citoyens de ces villes est une source d'inspiration.
Je tiens aussi à remercier sincèrement les députés des deux côtés qui ont déjà voté en faveur du projet de loi à l'étape de la deuxième lecture.
C'est au moment du vote, à l'étape de la dernière lecture, que les députés pourront montrer leur véritable détermination à prendre position contre des criminels qui attaquent des citoyens, vandalisent des quartiers et détruisent des biens privés et publics dans leurs villes. Par conséquent, je vous invite tous à interroger les témoins de sorte que vous puissiez en apprendre plus sur le projet de loi et découvrir en quoi il peut constituer un outil efficace pour empêcher que de tels événements terribles ne se répètent à l'avenir.
Merci, monsieur le président.
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Monsieur Richards, j'essaie de comprendre comment les agents de police pourraient mettre en application cette nouvelle mesure, et je crois qu'ils auront les mêmes problèmes avec les articles 65 et 66. Vous ne pensez pas? Dans le seul but....
Prenons l'exemple de ce qui se passe actuellement au Québec. Vous avez parlé de Montréal. Je peux vous parler de ce qui se passe dans ma propre circonscription, Gatineau, parce que nous avons quelques manifestations au cégep, à l'UQO, l'Université du Québec en Outaouais. La plupart des étudiants...
[Français]
sont en train de manifester de façon pacifique. Les étudiants portent un foulard parce qu'ils ne veulent pas se faire photographier par la presse. Ce n'est pas pour masquer leur identité. Ils n'ont pas comme objectif de participer à une émeute ou à un attroupement illégal. Ils ne veulent simplement pas se faire prendre en photo, ce qui est tout à fait correct. Je ne crois pas que vous leur refusiez ce droit.
À quel moment la police peut-elle dire que ça devient une émeute et doit-elle demander aux gens d'enlever leur foulard, et ainsi de suite? J'ai un peu de difficulté à voir le côté pratique du projet de loi et s'il atteint vraiment le but recherché.
À Vancouver, lors des émeutes qui ont eu lieu après la finale de la Coupe Stanley, on a distribué l'image de gens qui avait été captée par une caméra, et pourtant, on a eu de la difficulté à les retrouver. Ce côté très peu pratique, selon moi, compliquera le travail des policiers. On demandera à nos policiers de déterminer le moment où ça devient une émeute, un attroupement illégal, ou s'il s'agit de libre expression sur un sujet. Ce ne sera pas évident.
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C'est une excellente question et je vous sais gré de la poser.
En fait, le projet de loi vise principalement deux objectifs. Dans mes discussions avec les policiers, je me suis rendu compte que la grande difficulté pour eux, comme je l'ai dit plus tôt, c'est de pouvoir identifier les responsables. À Vancouver, par exemple, j'ai participé dernièrement à une rencontre au cours de laquelle le chef de police, Jim Chu, a aussi pris la parole. Au cours de son exposé, il nous a montré des photos et des vidéos des émeutes qu'ils ont comme preuves.
Il nous a montré, à l'aide d'une seule photo, les raisons pour lesquelles la prévalence des téléphones cellulaires avec appareils photo force ces gens à se déguiser pour commettre des actes criminels au cours de ces manifestations, car ils ne disposent plus maintenant de l'anonymat dont ils disposaient avant leur arrivée.
Sur une seule photo, on voyait au moins une dizaine de personnes prendre des photos, avec leur téléphone cellulaire, d'un groupe d'émeutiers en train de battre une personne innocente. L'homme était par terre, et on le ruait de coups. On avait maintes photos comme preuve, mais les policiers n'ont pas été en mesure de traduire les responsables devant la justice parce qu'ils portaient des masques et des déguisements.
Pour en revenir à votre question au sujet des principaux objectifs de mon projet de loi, je dirais que le premier est de dissuader les gens de poser de tels gestes au départ. Manifestement, si les gens risquent de se voir imposer une peine pour avoir porté un déguisement, ils vont y réfléchir à deux fois avant de se déguiser et ils vont y réfléchir à deux fois avant de commettre des actes criminels au cours desquels ils peuvent être identifiés. En raison de la prévalence des téléphones cellulaires munis d'appareils photo et des médias sociaux, il y a de bonnes chances qu'on découvre leur identité. Le projet de loi vise donc, d'abord et avant tout, à dissuader les gestes de cette nature.
Le deuxième objectif est de donner aux policiers un outil pour faire respecter l'ordre public et leur permettre de traduire en justice ceux qui, malgré les conséquences, commettent des actes criminels de cette nature.
Un autre aspect du projet de loi qu'il importe de faire valoir est qu'il permet de protéger, et j'en suis fermement convaincu, le droit légitime que nous avons de manifester. Certaines personnes m'ont dit craindre une limitation de ce droit, mais je crois en fait qu'il a l'effet contraire. Il vient plutôt confirmer le droit légitime que nous avons de manifester pacifiquement, un droit démocratique dont nous jouissons tous au Canada. Il protège les gens qui veulent manifester pacifiquement en empêchant les infiltrations par des gens qui veulent commettre des actes criminels.
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Merci, monsieur le président, et merci à vous aussi, monsieur Richards, pour votre exposé et pour l'initiative que vous prenez.
Votre intention est certainement louable, mais vous connaissez déjà nos craintes. Je pense qu'il importe de répéter que le projet de loi ne concerne pas seulement les déguisements ou les masques des émeutiers. La loi s'appliquerait en cas d'attroupement illégal.
Vous vous êtes exprimé clairement là-dessus, mais je tiens à m'assurer que tout le monde comprend qu'il est beaucoup plus facile de se trouver dans un attroupement illégal que dans une émeute. Si quelqu'un s'attarde à proximité des lieux d'un attroupement illégal, alors qu'il porte un masque, c'est même beaucoup plus inquiétant pour les libertés civiles, d'après moi. Je tenais à l'expliciter.
J'ai parlé à des policiers qui étaient en service à Toronto pendant le sommet du G20. Ils tenaient à souligner l'importance de la période de transition. C'est bien beau de définir l'attroupement illégal ou l'émeute. À ce sujet, vous avez fait du bon travail. C'est dans le code. C'est de cette manière que toutes les personnes sur place savent que, à un moment donné, la démonstration pacifique est devenue soit une émeute, soit un attroupement illégal.
Les foules peuvent être nombreuses. Ses différentes parties ne sont pas nécessairement au courant des mêmes choses. Quelqu'un pourrait se trouver au milieu d'une telle foule, pour des motifs légitimes, protestation ou autres, le visage couvert, sans même savoir que, automatiquement, il est en train de commettre un acte illégal.
Cette disposition a cependant besoin d'être modifiée pour donner aux manifestants une chance suffisante de se disperser après la proclamation de la police. Avez-vous prévu ce genre de modification? C'est ce que, dans la pratique, la police fait, mais ce n'est pas dans le Code criminel.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci, monsieur Richards, pour votre exposé. Je pense que vous avez vraiment répondu aux questions qui vous ont été posées, de façon logique, détaillée et intéressante, et je vous en remercie énormément.
Je tiens d'abord à affirmer que je suis le premier à défendre le droit de quiconque de porter des vêtements adaptés aux circonstances et à ses croyances, mais que je ne tolère absolument pas ceux qui se présentent à une manifestation en portant un masque ou un déguisement, pendant que se commettent des actions manifestement illégales.
Je trouve tout à fait illogique qu'un citoyen qui possède un minimum de respect pour la loi — ou un minimum d'intelligence — puisse se trouver au milieu d'un attroupement illégal ou d'une émeute, entouré de personnes masquées de noir et commettant des actes illégaux et que, sans autre arrière-pensée, il serait déguisé pour ne pas être photographié. On ne me fera pas avaler ça!
Vos remarques sur les événements de Vancouver m'ont fortement intéressé. La différence entre le nombre d'actes criminels recensés, 15 000, je ne m'en étais pas rendu compte — et le nombre d'accusations portées, 85, est saisissante. Beaucoup de personnes ont critiqué la police de manière, d'après moi, injuste et exagérée pour le temps et le soin qu'elle a mis dans son enquête. Beaucoup d'encre a coulé à ce sujet.
J'aimerais vous poser cette question. Si votre projet de loi avait été en vigueur, pouvez-vous me préciser comment il aurait aidé la police à poursuivre les émeutiers criminels de Vancouver?
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C'est une question très intéressante. Des policiers des différentes villes que j'ai visitées et où ce genre de situation s'était présentée me l'ont posée.
Ils m'ont dit très clairement que, dans ce genre de situation, des fauteurs de désordre — ceux que vise le projet de loi — sont dans la foule. Ils se joignent au rassemblement en sachant qu'ils pourront profiter de l'affluence pour commettre les actes criminels qu'ils envisagent et ils sont tout à fait équipés à cette fin. On peut certainement trouver, dans Internet, des sites qui incitent les gens à ce genre d'activité. Ils se présentent avec leur panoplie, y compris le déguisement. Comme je l'ai dit plus tôt, ils peuvent avoir des billes pour jeter sous les sabots des chevaux des policiers, des briques ou d'autres projectiles destinés aux policiers, des marteaux pour fracasser les vitrines et d'autres types d'outils.
Les policiers voient des individus arriver avec des sacs à dos. Ils les voient se revêtir de leurs déguisements. Ils constatent qu'ils ont des outils. Puis ils constatent leur comportement. Ils les voient quitter les lieux, se débarrasser, en même temps de leurs déguisements. S'ils savent que ce type d'activité criminelle a eu lieu, ils savent aussi que, probablement, ces individus en sont les auteurs, mais ils ne sont pas en mesure, en fait, d'identifier les auteurs de telles ou telles actions.
Vous avez spécifiquement parlé des incidents de Vancouver. On possède des preuves vidéos et photographiques manifestes de la commission de ces activités, par des individus déguisés, ce qui empêche de porter contre eux des accusations.
Je pense que cela revient encore à la possibilité, pour la police, de protéger le public, parce qu'elle a déclaré que la situation était un attroupement illégal ou une émeute. Elle est au courant de la commission de ce genre d'activité ou de son imminence et de son intensification probable. Elle peut neutraliser les individus qui, visiblement, se préparent à provoquer ce désordre et elle espère que, ensuite, bien sûr, cela permettra de protéger le public et de prévenir les déprédations à la propriété, les atteintes aux entreprises, les agressions contre les personnes, grâce à la prévention, parce que les intéressés réfléchiront bien avant de se déguiser.
C'est le principal espoir, le principal effet du projet de loi. Ensuite, avec un peu de chance, il permet à la police de porter davantage d'accusations contre les fauteurs de trouble, parce qu'elle pourra, en fait, les identifier.
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Une partie de votre question nous ramène à celle qu'a posée M. Cotler. C'est à elle que je vais d'abord répondre.
Le projet de loi prévoit la possibilité d'une excuse légitime, qui s'appliquerait aux situations dont vous avez parlé. Si quelqu'un doit se couvrir la tête pour des motifs religieux, s'il a un besoin légitime de porter un bandage qui, d'une certaine façon, lui cache le visage, ce serait, d'après moi, certainement prévu et ce serait considéré comme une excuse légitime.
En ce qui concerne la première partie de votre question, il s'agit de situation où, comme j'ai indiqué, le Code criminel définit très nettement que des personnes se trouvant dans le voisinage de l'attroupement ont des motifs raisonnables de craindre qu'il ne trouble la paix tumultueusement, ce qui, essentiellement, signifie qu'elles ont peur de circuler dans les rues de leur propre ville.
Si nous parlons d'un rassemblement public légitime, souvent ce genre d'incident peut découler d'infiltrateurs. Parfois, une très petite minorité des participants cherche à provoquer le désordre et profite de la situation pour troubler la paix. Les participants qui se trouvent là pour des motifs légitimes et pacifiques prendront peur et chercheront à quitter les lieux, de crainte de devenir eux-mêmes des victimes.
Le but du projet de loi, nous l'espérons, est d'augmenter la capacité de se rassembler pour des motifs légitimes, que ce soit pour une démonstration ou pour d'autres rassemblements publics, parce qu'il protège les individus qui participent à ce genre de manifestations. Il protège leur droit d'y participer. En les protégeant des agressions et en protégeant les entreprises qui, souvent, dans ces situations, subissent des déprédations, bris de vitrines, pillage ou vol de leurs marchandises, il assure la sécurité publique. En outre, en ce qui concerne les biens publics, il protège les contribuables. Souvent, dans ce genre de manifestations, des voitures de police sont incendiées et d'autres biens publics sont endommagés.
Le projet de loi protège le public contre ce genre de criminalité. Il protège les personnes qui veulent se rassembler de façon légitime contre les éléments criminels qui chercheraient à infiltrer ces manifestations.
Bonjour. Je vous remercie de me donner l'occasion de m'entretenir avec vous. Comme le président l'a signalé, je m'appelle Charles Gauthier et je suis directeur général de la Downtown Vancouver Business Improvement Association depuis 20 ans.
Créée en 1990, la DVBIA regroupe plus de 8 000 entreprises réparties sur une superficie recouvrant 90 pâtés de maisons dans le centre-ville de Vancouver. Quelque 145 000 personnes travaillent dans le centre-ville, et plus de 80 000 y vivent.
Je comparais devant vous à titre de directeur général de l'association, qui appuie le projet de loi d'initiative parlementaire .
Lors de sa réunion du 24 janvier 2012, notre conseil d'administration a voté à l'unanimité en faveur du projet de loi, qui donnera aux policiers un outil supplémentaire pour appréhender les personnes portant un masque ou un déguisement dans le but de dissimuler leur identité et de commettre des actes illégaux. Selon nous, cette modification au Code criminel aura également un effet dissuasif sur les émeutiers éventuels.
Vancouver possède une riche histoire marquée par des manifestations pacifiques, mais elle a également connu des jours sombres, ayant été le théâtre d'émeutes ayant causé des millions de dollars en dommages matériels et traumatisé des employés ainsi que des propriétaires de maisons et d'entreprises.
Durant mon mandat au sein de l'association, j'ai été témoin de deux émeutes et d'un défilé pacifique qui s'est terminé par une brève scène de vandalisme et de dommages matériels qui ont coûté très cher. Je ne me souviens pas très bien de l'émeute du 14 juin 1994, après la défaite des Canucks de Vancouver contre les Rangers de New York lors du 7e match de la finale de la Coupe Stanley. Je me rappelle cependant la douleur et la souffrance de nos membres et leurs employés dans les mois qui ont suivi.
Des années plus tard, Vancouver et Whistler ont accueilli les Olympiques d'hiver de 2010. La plupart d'entre vous se rappelleront que des milliers de personnes ont participé à une manifestation pacifique lors des cérémonies d'ouverture au B.C. Place Stadium. Cependant, des membres du Black Bloc ont infiltré cette manifestation pacifique. Ils avaient dissimulé leur identité en portant des vêtements noirs des pieds à la tête. Ils se sont servi de la foule des manifestants pacifiques comme d'un bouclier pour commettre des actes illégaux: agressions, vandalisme et dommages à des biens publics et privés. Pour éviter les policiers, ils se réfugiaient comme des lâches dans des coins sombres pour enlever leur déguisement et se mêler aux citoyens respectueux des lois.
Le premier jour des Olympiques d'hiver, les membres du Black Bloc n'ont pu parvenir à leurs fins, fort probablement en raison de la taille de la foule et de la forte présence policière. Le lendemain cependant, ils se sont livrés à des actes de vandalisme coûteux, fracassant des fenêtres, aspergeant de peinture les façades des banques, des magasins de détail et des immeubles de bureaux, terrorisant employés et passants. Des images vidéo ont montré la perpétration d'actes illégaux et des lâches enlevant leur déguisement dans des allées sombres.
À partir de ce moment, les choses ont changé pour le reste des Olympiques d'hiver. L'opinion publique s'est mise à s'opposer à toute manifestation, pacifique ou non. Quelques manifestations ont eu lieu, mais elles étaient d'une ampleur très restreinte par rapport à celles qui se sont produites lors des cérémonies d'ouverture. Malheureusement, des manifestants pacifiques ont été pris à partie par les passants. Heureusement, ce qu'on se souvient surtout au sujet des Jeux olympiques, ce sont les rassemblements amicaux pour célébrer la victoire de nos athlètes dans les rues du centre-ville de Vancouver.
Forte du succès des Jeux Olympiques d'hiver de 2010 et de nouveau convaincue qu'il était possible de célébrer d'une façon responsable dans les endroits publics, la ville de Vancouver a accueilli des milliers de gens dans les rues du centre-ville pour regarder les matchs de la finale de la Coupe Stanley à laquelle participaient les Canucks de Vancouver. La rue West Georgia, une des artères principales de la ville, a été fermée à la circulation automobile pour permettre à 50 000 personnes de suivre les matchs de hockey.
Comme vous le savez, à la fin du 7e match, une émeute a éclaté. J'avais regardé le match chez moi à la télévision. J'avais songé à me rendre dans le centre-ville, mais j'ai appris qu'une émeute s'y déroulait et beaucoup m'ont déconseillé de m'y rendre. J'ai donc suivi les événements à la télévision. J'ai également répondu aux demandes des journalistes et des employés municipaux sur place pour protéger les entreprises après que la police eut maîtrisé l'émeute trois heures plus tard.
Le lendemain, j'ai évalué sur place les dommages matériels avec mon personnel, notre CA et les divers élus. J'ai rencontré les membres de notre association dont les entreprises avaient subi des dégâts matériels. C'était la dévastation: 60 entreprises appartenant à nos membres avaient subi des dégâts et 20 d'entre elles avaient été pillées. Selon les estimations, les dommages matériels totalisaient de 3 à 4 millions de dollars. D'après le Service de police de Vancouver, l'émeute avait donné lieu à des actes criminels sans précédents dans l'histoire de Vancouver, plus de 15 000 ayant été commis.
Les employés qui travaillaient ce soir-là ont été traumatisés par l'émeute. Je vous décris un peu la situation.
Les employés des grands magasins ont repoussé les pilleurs avec des extincteurs. Le personnel et le propriétaire d'un café se sont réfugiés dans les toilettes pendant que les pillage et le vandalisme. Les employés d'un autre détaillant ont paniqué, croyant qu'un incendie avait éclaté à l'intérieur alors que c'étaient des véhicules qui brûlaient et que la fumée pénétrait dans l'édifice. Ceux d'une autre entreprise étaient prêts à affronter les pilleurs avec des bâtons de baseball si ces derniers réussissaient à défoncer la porte. Fort heureusement, les casseurs ont échoué.
Un seul émeutier ayant été condamné quelque 11 mois plus tard, nos membres sont désillusionnés et sceptiques à propos de l'efficacité de notre système de justice pénale. On sait pertinemment que, cette nuit-là, un groupe restreint d'individus se proposaient de déclencher une émeute. Ils s'étaient dotés d'armes et d'engins incendiaires, et portaient des masques pour dissimuler leur identité. Selon le Service de police de Vancouver, des centaines portaient des masques ou des déguisements. Il a fallu avoir recours aux ordinateurs pendant des semaines pour en arriver à un chiffre exact.
Pour mener son enquête, le Service de police de Vancouver a dépensé des centaines de milliers de dollars pour examiner la vidéo montrant les personnes masquées afin de les identifier en la comparant à la vidéo tournée au début de la soirée alors que ces individus ne portaient aucun masque. Une telle enquête nécessite des centaines d'heures.
Un des magasins de détail le plus touché lors de l'émeute a fourni une vidéo montrant des pilleurs masqués pénétrant dans l'établissement par vagues. Les pilleurs et les émeutiers portant des masques ou des déguisements seront fort peu probablement identifiés et peuvent donc poursuivre leurs activités criminelles si aucune modification législative n'est apportée.
Comme législateurs, vous devez appuyer le projet de loi d'initiative parlementaire pour faire renaître la confiance du public dans nos lois. Vous indiquerez ainsi aux pilleurs, émeutiers et autres criminels qui portent un masque ou un déguisement pour dissimuler leur identité qu'ils seront punis avec toute la rigueur de la loi. Notre association et ses membres sont en faveur de toute mesure visant à renforcer les lois canadiennes pour réprimer les manifestations et les rassemblements illégaux. Nous souhaitons que nos concitoyens puissent se rassembler, manifester et célébrer d'une façon responsable et légale sur la place publique sans que cela dégénère en émeute ou en actes illégaux.
Je vous remercie.
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Merci. Je souhaite en lire une, monsieur le président.
Bonjour, Charles.
M. Charles Gauthier: Bonjour, Jamie.
Chef Jamie Graham: Je suis ravi d'avoir la possibilité de vous faire part de mon opinion sur le projet de loi . En bref, cette mesure législative est une façon responsable et équilibrée de donner aux corps policiers les moyens de faire respecter la loi et d'assurer la sécurité du public.
Au cours de ma carrière de 43 ans à titre d'agent de la GRC, de chef du Service de police de Vancouver et de chef du Service de police de Victoria, j'ai fait face à des situations où une telle mesure législative nous aurait été utile.
Des troubles publics surviennent de temps à autre et continueront, j'en suis convaincu, de se produire. Le plus inquiétant, c'est lorsque ces troubles publics donnent lieu à des actes encore plus répréhensibles. Souvent, quelques instigateurs peuvent faire dégénérer le tout en émeute. En fait, au cours des dernières décennies, une tendance se dégage sur le déclenchement et le déroulement des émeutes.
Généralement, certains participants à une émeute ou à un attroupement finissent par mettre un masque ou se couvrir le visage pour commettre du vandalisme, lancer des objets et parfois attaquer les policiers et les passants. Les dommages matériels sont souvent élevés et, plus important encore, des gens peuvent être blessés ou tués. Les policiers sont alors déployés pour rétablir l'ordre, mais il est toujours difficile d'identifier émeutiers et pilleurs. C'est encore plus compliqué s'ils portent un masque pour dissimuler leur identité.
Cette stratégie a été adoptée ailleurs dans le monde par ce genre de manifestants qui dissimulent leur identité pour commettre des actes illégaux, enlèvent ensuite leur masque ou leur déguisement et se mêlent à la foule des citoyens respectueux des lois. Ces instigateurs se déguisent pour commettre leurs actes illégaux en toute impunité et dans l'anonymat, d'après mon expérience. Le présent projet de loi changerait la donne au Canada.
Il faut se rappeler que le Canada ne serait pas le seul pays à prendre de telles mesures. Bien d'autres ont adopté des lois qui interdisent le port de masque lors de manifestations ou en restreignent l'usage.
Récemment, le tribunal a confirmé la validité de la loi adoptée par l'État de New York en 1965, qui interdisait le port de masques pendant les manifestations, ce qui justifie les gouvernements à prendre des mesures dissuasives et à faciliter l'arrestation de ceux qui dissimulent leur identité.
Le Royaume-Uni et la France ont adopté des lois analogues en 2001 et en 2009 respectivement.
Il est important également d'examiner les positions critiquant la mesure législative. Premièrement, il y a ceux qui font valoir que le « déguisement dans un dessein criminel » constitue déjà une infraction en vertu du Code criminel. Pour inculper quelqu'un d'une telle infraction, la poursuite doit être efficace et proactive afin de prouver l'intention de commettre un ou plusieurs actes criminels, ce qui est presque impossible. La disposition actuelle permet l'arrestation d'une personne masquée qui participe à une émeute, mais n'offre aucun effet dissuasif pour empêcher le déclenchement de l'émeute.
En revanche, en érigeant en infraction le fait de porter un masque lors de la participation à une émeute ou à un attroupement illégal, le projet de loi autoriserait l'arrestation préventive en vertu du Code criminel. On pourrait ainsi prendre des mesures proactives pour procéder à l'arrestation de ces instigateurs avant que n'éclate une émeute.
D'autres ont fait valoir que des personnes peuvent se couvrir le visage pour des raisons religieuses ou culturelles. Je suis convaincu que le projet de loi propose une solution pertinente à cet égard en exemptant les personnes ayant une excuse légitime pour masquer leur visage pour des raisons religieuses.
J'espère que mes observations vous ont expliqué les raisons pour lesquelles j'appuie inconditionnellement le projet de loi. Je suis convaincu qu'il aurait un effet dissuasif considérable sur ceux qui prônent la violence lors d'une manifestation. Les policiers seraient ainsi mieux en mesure de prévenir les émeutes, ce qui est souhaitable pour tous, policiers, propriétaires d'entreprise, gouvernements et, surtout, la population que nous servons tous.
Merci.
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Je vais tenter de répondre à toutes vos questions. Vous en avez posé environ cinq.
On demande beaucoup aux braves agents de la paix qui mettent leur sécurité en danger pour nous protéger lors de rassemblements. Ce n'est pas un travail enviable. Outre les cas de violence familiale, c'est le genre de situation dans laquelle on n'aime pas vraiment intervenir.
Nous utilisons des tactiques particulières pour exercer un effet dissuasif. Nous faisons ce que le gouvernement ou l'administration nous demande de faire. Je fournis la formation et le matériel aux agents de la paix, et le gouvernement fournit les outils législatifs.
Tout ce que je dis, c'est que ce projet de loi serait un outil supplémentaire extrêmement utile, notamment pour décourager les individus malintentionnés, ceux qui participent aux manifestations dans le but de les transformer en émeutes.
Vous avez tout à fait raison de dire qu'une personne qui manifeste le visage couvert ne commet aucune infraction. Toutefois, si elle utilise une brique, un cocktail Molotov ou des billes pour blesser les chevaux des policiers, à mon avis, elle commet une infraction.
Un autre manifestant pourrait avoir, dans son sac, des billes, des oeufs remplis d'encre, de 10 à 15 foulards ou masques destinés à d'autres manifestants. Cela le rendrait coupable d'une infraction en vertu du Code criminel.
J'appuie tous les outils que vous pouvez fournir aux policiers. Mais, il y a une chose qui n'a pas encore été soulevée, soit le pouvoir discrétionnaire des agents de la paix. Peu importe la situation à laquelle ils sont confrontés, ces derniers disposent d'un pouvoir discrétionnaire pour intervenir et je crois qu'ils l'utilisent plutôt bien. Normalement, lorsqu'ils sont témoins d'infractions commises pendant une émeute, les policiers n'interviennent pas tout de suite, car ils sont habituellement beaucoup moins nombreux que les manifestants. Ce serait dangereux. Ils s'appuient plutôt sur des expertises techniques, des extraits vidéo et leurs observations personnelles pour accumuler la preuve et procéder, plus tard, à des arrestations.
À mon avis, ce genre de projet de loi découragerait les manifestants de transformer une manifestation pacifique en émeute.
Ma grande préoccupation, c'est qu'une modification qui vise à régler un problème particulier devrait, selon moi, être aussi précise que possible, surtout lorsqu'il y a des incidences sur les droits que nous chérissons et qui sont protégés par la Charte, et surtout lorsque, à première vue, une disposition du code semble déjà répondre aux problèmes fondamentaux que M. Richards a donnés en exemple. J'espère donc de tout coeur que notre comité regardera de près s'il n'y a pas trop d'ambiguïté. La discrétion est importante et je comprends que le pouvoir discrétionnaire de la poursuite et de la police fait partie de notre système de justice. Il importe aussi d'être encadré autant que possible, et c'est là le contexte de mon intervention.
Je me demande si je peux simplement vous poser trois questions très brèves. Si vous pouvez en prendre note et y répondre ensuite, ce serait bien, parce que, autrement, je risque de ne pas pouvoir poser mes principales questions.
Parlons d'abord de la question de transition qui a été soulevée, lorsqu'une personne n'a pas une chance raisonnable de s'éloigner. On n'a pas donné assez de temps, la police a peut-être encerclé les manifestants ou fait une intervention semblable, et les gens ne pouvaient pas se disperser ou ne savaient tout simplement pas qu'il fallait le faire. Les manifestants sont trop nombreux ou le mot ne s'est pas rendu jusqu'à eux. Selon vous, si vous étiez un agent sur le terrain, diriez-vous que ce type de situation est une excuse légitime, lorsque des gens ne peuvent tout simplement pas s'éloigner après qu'une manifestation tourne en attroupement illégal ou en émeute?
Deuxièmement... On donne toujours l'exemple d'une personne qui se couvre le visage pour des raisons religieuses. Personne ne conteste le fait que c'est parfaitement légal. Voici ma question. Lorsqu'une manifestation devient un attroupement illégal ou même une émeute — c'est en quelque sorte une émeute — si cette personne reste et porte un voile devant le visage, par exemple, est-ce toujours une excuse légitime? Ou tombe-t-elle alors dans l'illégalité?
Ma troisième question concerne l'anonymat. On présume que l'anonymat est, presque par définition, ce qui pose problème ici, l'anonymat délibéré. Mais je vais vous donner deux exemples. Certains craignent que des organismes de l'État recueillent des renseignements durant des attroupements légaux, qu'ils prennent des photos, par exemple. Au cours de notre histoire, les services de sécurité ont fait cela, et nous en avons des exemples documentés. Les gens vont donc parfois vouloir délibérément rester anonymes pour cette raison. C'est un cas plutôt rare, mais il existe. Ce qui est un peu plus fréquent, je crois, ce sont les ressortissants étrangers ou les citoyens canadiens qui protestent contre un régime répressif; ils savent que les manifestations pacifiques sont surveillées et ils vont vouloir délibérément porter un déguisement. Seriez-vous d'accord pour dire que, dans ces deux cas, ou dans l'un ou l'autre de ces cas, ces personnes ont une excuse légitime?
Quatrièmement, il y a la personne qui met un masque. Il peut s'agir simplement d'un foulard qu'une personne décide de mettre lorsqu'une émeute éclate ou que des gaz lacrymogènes sont utilisés. Est-ce une excuse légitime?