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Bon après-midi, monsieur le président, membres du comité.
Je m'adresse à vous aujourd'hui pour vous demander de prendre en considération mon expérience du système de santé mentale de la province de l'Ontario, notamment en ce qui concerne la désignation de non-responsabilité criminelle. Le contexte que je dois vous présenter ne durera qu'une minute.
J'ai un frère qui se trouve actuellement dans le système de santé mentale étant donné qu'on a jugé qu'il n'était pas criminellement responsable de deux accusations de meurtre au deuxième degré. L'accusation de meurtre au premier degré n'a pas été confirmée à la satisfaction de la cour. Mon frère est une personne introvertie, souffrant de schizophrénie paranoïde. La chose incontestable a été que l'arme employée pour tuer les victimes a été prise dans sa maison, située à environ trois huitièmes de mille du lieu du crime commis le 19 juin 1997.
Les victimes étaient mes parents, Fred et Agnes Shreeve, qui étaient alors des septuagénaires. Les meurtres furent particulièrement odieux puisqu'ils furent causés par de multiples coups de couteau provoquant la mort, infligés avec une force considérable et suivis, après la mort, d'étranglement et de noyade dans les deux cas. La détention de mon frère dans l'établissement à sécurité maximum d’Oak Ridge, à Penetang, en Ontario, a commencé à la fin des années 1990. Depuis six ans, il est détenu dans l’établissement à sécurité moyenne Ontario Shores, à Whitby.
Ma soeur et moi-même avons été en contact quotidien avec la police durant son enquête, à laquelle jusqu'à 24 agents ont participé dans les jours suivants immédiatement les crimes. Nous sommes restés en contact avec la police durant toute son enquête, jusqu'au début des poursuites judiciaires. J'ai assisté au procès de mon frère, à l'audience où il a été jugé non criminellement responsable, ainsi qu'à toutes les audiences de ses commissions d'examen, à la fois à Oak RIdge et à Ontario Shores.
Je n'ai pas encore parlé à mon frère. Toutefois, j'ai été et je suis encore son tuteur pour ce qui est de ses médicaments. Quand on m'a proposé des choix, j'ai délibérément choisi des solutions débouchant sur des médicaments plus légers pour son organisme. J'ai constamment offert d'être disponible comme personne-ressource au sujet de ses antécédents. J'ai constamment exprimé ma très vive préoccupation pour la sécurité de ma famille, et j'ai sans cesse réitéré ma volonté d'aider si cela pouvait être utile.
Voici quelques expériences que j'aimerais partager avec vous.
Ni moi ni les parents que je représente n'avons de statut officiel lors des audiences des commissions d'examen. Le procureur de la Couronne a respectueusement sollicité mon opinion sur les questions que j'aimerais qu'il soulève au nom de la famille. Je suis assis derrière le procureur de la Couronne puisque je n'ai pas droit à une place à la table. On a poliment reconnu ma présence lors des dernières audiences. Dans le passé, le procureur de la Couronne s'est fait vertement rabrouer quand il a réitéré les vives préoccupations de ma famille pour sa sécurité, le président déclarant que les membres de la commission savaient lire et qu'il n'était donc pas nécessaire de leur rappeler le souci de la famille pour sa sécurité.
Je demande un statut officiel pour la victime ou la famille de la victime lors des audiences des commissions d'examen, pour qu'elle puisse participer à la discussion si elle le souhaite.
Deuxièmement, depuis l'entrée de mon frère dans le système, j'ai observé une dilution des documents concernant l'infraction désignée ainsi que les antécédents. Il n'y a dans son équipe de traitement personne qui soit capable de dire où se trouvent les documents du procès, ni d'en discuter. Le mémoire du procès et le rapport détaillé de la police, de quelque 2 500 pages, comprenant évidemment de nombreuses pages de photographies, n'ont même pas été lus par un seul membre de l'équipe de traitement. En outre, quand je me suis informé récemment à ce sujet, on m'a dit que la documentation du procès ainsi que le synopsis et les mémoires de la police ne font pas partie de son dossier puisque « c'est un hôpital, ici ».
Je demande que, dans le cas d'infractions désignées, notamment des meurtres, l'équipe de traitements comprenne un représentant connaissant bien les faits et la documentation de l'affaire, notamment entourant la période où l'infraction a été commise, au minimum comme point de référence. Comme je l'ai dit plus tôt, il y a eu jusqu'à 24 agents de police qui ont participé à l'enquête. Il s'est fait beaucoup de très bon travail à cette occasion.
Troisièmement, j'ai récemment demandé le mémoire qui a été présenté l'an dernier afin de pouvoir proposer des corrections. On m'a dit que l'autorisation de mon frère serait nécessaire pour que je puisse en obtenir une copie.
Je demande que les victimes ou les familles aient le droit d'obtenir les documents pertinents sans qu'on soit obligé d'en informer l'accusé.
Quatrièmement, à la fin de la procédure comprenant à la fois le procès et l'audience de détermination de la non-responsabilité criminelle, la cour a ordonné que la police locale et les propriétaires de propriétés reliées à l'infraction désignée soient notifiés au cas où mon frère était transféré ou déplacé. Je me suis informé à ce sujet après que mon frère ait été transféré de l'établissement à sécurité maximum d’Oak RIdge à l'établissement de sécurité moyenne d'Ontario Shores. Les deux se trouvent en Ontario. Je me souviens parfaitement m'être fait dire quelque chose signifiant que « ça ne les regarde pas ».
Je m'en souviens seulement parce que c'était en contradiction directe avec l'ordonnance de la cour, et parce que j'avais participé à ce que la Couronne avait demandé et avait obtenu à la fin du procès et de l'audience de NRC.
Je demande que les ordonnances judiciaires soient exécutoires afin que quelqu'un en soit responsable, avec de vraies conséquences. L'ordonnance avait été rendue à la suite du procès et de l'audience de NRC et reposait sur 18 mois de travail de la police et du procureur de la Couronne. Elle n'avait pas été rendue sans une prise en considération attentive des faits.
Cinquièmement, mon frère a eu le bon sens de garder le même avocat comme conseiller pendant 8 à 10 ans. Ses premiers rapports cliniques à Oak RIdge disaient qu'il n'assistait à aucune activité collective et ne participait à aucun programme. Au cours des années, il a commencé à participer aux activités de groupe et a entamé une participation très limitée, sur les conseils de son avocat. Chaque année, on soulignait sa docilité, même s'il y avait très peu de progrès psychiatrique permettant de comprendre le fonctionnement de son cerveau.
Je demande que la bonne conduite soit reconnue dans le contexte approprié, c'est-à-dire qu'une petite partie de la formule soit transférée au niveau suivant, en particulier dans le cas des infractions désignées, dont le meurtre.
Sixièmement, l'an dernier, la psychologue de mon frère n'avait aucune information sur la vie qu'il avait menée avant l'infraction qu'il avait commise à l'âge de 40 ans. Elle semblait ignorer qu'il n'y avait aucune indication de contacts antérieurs avec la police locale, ni d'altercation physique avec mes parents, alors qu'elle a affirmé vigoureusement qu'il ne posait aucun risque de gestion. Ce que je veux dire, c'est qu'il n'y avait pas d'activité préalable ni de violence antérieure.
Il semble qu'elle ignorait que le psychiatre d’Oak RIdge avait déclaré très clairement en 2008 que mon frère était un individu tout à fait particulier, ne présentant aucun des symptômes courants de la schizophrénie paranoïde, alors que cela avait été son diagnostic. Il avait également indiqué clairement qu'à son avis mon frère aurait besoin d'une longue période de vie dans un établissement hospitalier à sécurité moyenne. De ce fait, peut-être que son statut de patient modèle, que la psychologue mettait si fortement en exergue, aurait dû être envisagé avec de fortes réserves étant donné l'information existant sur ses antécédents pour rétablir la perspective voulue.
Je demande qu'une compréhension claire qu'un progrès réel a été réalisé sur le plan psychiatrique soit reconnue dans le contexte voulu, c'est-à-dire que c'est en fait une partie proportionnelle de la formule devant être reportée au niveau suivant, surtout dans le cas des infractions désignées, dont le meurtre.
Septièmement, l'un des membres de l'équipe de traitement de mon frère lui a demandé il y a quelques années s'il s'intéressait le moindrement à ses frères et soeurs. Il y avait une liste de noms trouvés durant l'enquête policière qui avait été présentée au procès. Sa réponse a été négative. Je suis abasourdi que cela ait pu faire partie du raisonnement de la psychologue recommandant vivement son transfert dans un établissement de sécurité moyenne. Mon nom figurait sur cette liste. Les noms de mes frères et soeurs aussi.
Je demande que « le milieu le moins restrictif » soit envisagé proportionnellement aux droits des victimes, ainsi qu'en fonction de la gravité des infractions, notamment des infractions désignées, dont le meurtre.
Huitièmement, en envisageant le transfert d’Oak RIdge à Ontario Shores en 2007, aucune des personnes présentes ne pouvait dire quel serait l'impact sur la routine quotidienne de mon frère. Selon ce que je sais, sa routine quotidienne est à de nombreux égards plus restreinte, pas moins. Par exemple, il doit maintenant être escorté en dehors de l'unité pour aller à la cafétéria puisque celle-ci est située à l'intérieur de son aile. À Oak RIdge, il était libre d'aller à la cantine tout seul, étant donné que celle-ci, comme beaucoup d'autres services et activités, était sécurisée.
Je demande qu'un membre de l'équipe hospitalière présent à l'audience de la commission d'examen ait une très bonne compréhension du milieu dans lequel le patient est susceptible d'être transféré, et qu'il soit disponible pour la commission d'examen afin que celle-ci puisse prendre des décisions éclairées, au lieu de présumer, par exemple, qu'un établissement de sécurité moyenne est moins restrictif qu'un établissement de sécurité maximum.
Neuvièmement, le projet de loi contient des dispositions concernant la création d'une désignation à haut risque. Il est indispensable que les critères de cette désignation soient conçus de manière équitable, étant bien entendu que les droits des victimes ont aussi une place très importante. Cela doit aussi être pris en considération de manière équitable, avec les équipes de traitement, les membres de la famille et le grand public. L'opinion professionnelle des psychiatres sur le progrès réel de réadaptation de l'accusé doit primer sur le bon comportement.
Ce processus doit aussi tenir compte du fait que des cas tout à fait particuliers comme celui de mon frère appellent une méthode d'analyse différente, c'est-à-dire la référence sus-mentionnée au diagnostic d’Oak RIdge indiquant que mon frère est un individu tout à fait particulier, ne présentant aucun des symptômes courants de la schizophrénie paranoïde pour laquelle il a été diagnostiqué. Ceci est particulièrement important lorsque les résultats des tests standards sont dans la fourchette la plus acceptable.
Je demande que l'établissement de critères pour déterminer une désignation à haut risque tienne compte de manière équitable de toutes les parties affectées, directement et indirectement, et pas seulement de l'accusé, ainsi que de l'existence de circonstances véritablement uniques.
On a beaucoup parlé dans la presse a récemment de renforcer les droits des victimes. À mon avis, depuis toutes les années que j'assiste aux audiences des commissions d'examen, les droits des victimes ont très peu de poids, voire aucun, alors que l'expression « milieu le moins restrictif » a dominé toutes les audiences auxquelles j'ai assisté. Le bon comportement a été reconnu, alors qu’on a très peu porté attention au côté psychiatrique, ce qui s'est traduit par une pression constante pour faire descendre mon frère en cascade dans le système.
On m'a dit de me préparer à son éventuelle réinsertion dans la société. Le procureur de la Couronne a indiqué très clairement que mon frère est un individu qui veut seulement qu'on lui fiche la paix.
Les ordonnances judiciaires concernant les coordonnées de mon frère, dans le but de notifier les propriétaires et les services de police de la région où l'infraction a été commise, ont été totalement ignorées, la reconnaissance implicite des droits de mon frère étant jugée plus importante. Il semble y avoir un véritable fossé entre les systèmes juridique et policier, d'une part, et le système de soins de santé, d'autre part, alors qu'ils devraient coopérer.
En résumé, je vous demande de prendre considération les choses que je viens de mentionner et que j'ai observées dans le système de santé mentale. Bien qu'elles soient particulières à mon expérience personnelle, je soupçonne qu'elles ne concernent pas que moi. J'aimerais déclarer clairement que la sécurité de mon frère reste primordiale, ainsi que celle sécurité de notre famille, celle des personnes qui travaillent dans le système de soins de santé, celle des personnes qui sont en contact régulier avec lui, ainsi que celle du grand public. Bien que la réinsertion dans la société soit à un certain niveau le but pour bon nombre de nos citoyens, force est bien de reconnaître que dans certains cas cet objectif ne saurait être réaliste.
Je vous remercie de votre attention.
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Bonjour, monsieur le président et chers membres du comité.
[Traduction]
Merci de m'avoir invitée aujourd'hui pour parler du projet de loi , qui vise à renforcer la sécurité du public et à mieux répondre aux besoins des victimes dans les cas où un accusé est jugé non responsable criminellement, ou NRC.
Tout d'abord, je saisis l'occasion qui m'est offerte pour donner un bref aperçu du mandat de mon Bureau.
Le Bureau de l'ombudsman fédéral des victimes d'actes criminels a été créé en 2007 pour donner une voix aux victimes à l'échelle fédérale. Il s'acquitte à cette fin de son mandat, qui est le suivant : recevoir et examiner les plaintes de victimes ; fournir des renseignements et des références aux victimes d'actes criminels en vue de promouvoir et de leur faciliter l'accès aux programmes et aux services fédéraux ; promouvoir les principes fondamentaux de justice relatifs aux victimes de la criminalité ; faire mieux connaître au personnel de la justice pénale et aux décideurs les besoins et les préoccupations des victimes ; et cerner les problèmes systémiques et nouveaux qui influent négativement sur les victimes d'actes criminels.
Autrement dit, nous aidons les victimes individuellement et collectivement. Nous les aidons individuellement en parlant avec elles chaque jour, en répondant à leurs questions et en recevant leurs plaintes. Nous les aidons collectivement en analysant les questions importantes et en adressant des recommandations au gouvernement fédéral sur la manière d'améliorer les lois, politiques ou programmes de façon à mieux soutenir les victimes d'actes criminels.
Je suis heureuse d'être ici aujourd'hui pour faire valoir le point de vue des victimes sur le projet de loi, et je vous remercie de ce que vous faites pour que leur voix soit entendue.
Aujourd'hui, nos échanges portent sur un projet de loi qui traite expressément des personnes trouvées non criminellement responsables de graves infractions ayant causé des lésions corporelles graves, des personnes qui, à cause de leur état mental, ne peuvent répondre des crimes qu'elles ont commis. Il importe de ne pas perdre de vue la distinction entre délinquant condamné et personne jugée non criminellement responsable, et de veiller à ce que les personnes atteintes de maladie mentale reçoivent le traitement voulu.
Je suis fermement convaincue qu'il faut aider davantage les personnes atteintes de maladie mentale dans nos collectivités et qu'il est important d'apporter des mesures de soutien comme la prévention et de s'attaquer à ces problèmes avant qu'ils ne soient la cause de drames. Toutefois, je veux aussi faire valoir un autre point dont vous pouvez tenir compte tout au long de votre étude du projet de loi. Après tout crime violent, que l'accusé soit jugé non criminellement responsable ou soit un délinquant condamné, le traumatisme vécu par la victime est toujours accablant. Peu importe l'état mental de l'accusé, il faut répondre aux besoins des victimes, et leur traitement et leurs droits doivent être équitables. Nous savons que toutes les victimes ont besoin d'être traitées avec respect, d'être informées du déroulement du processus et du rôle qu'elles ont à y jouer, de voir leurs besoins et leur point de vue pris en considération, et d'être protégées contre l'intimidation et le préjudice.
À plusieurs occasions, mon Bureau s'est entretenu avec des victimes et leurs défenseurs, et ils ont porté à notre attention leurs préoccupations au sujet de cette question. Ces échanges nous ont amené à relever plusieurs lacunes importantes dans le projet de loi et la politique, lacunes qui finiront par avoir des conséquences négatives tant pour les victimes directement que, plus largement, pour la sécurité du public.
Il y a deux ans, en juin 2011, j'ai écrit au pour lui recommander des réformes concernant les cas de non-responsabilité criminelle afin qu'on réponde aux besoins des victimes d'actes criminels. Ces recommandations portaient sur deux points : l'importance de tenir compte de la sécurité à la fois des victimes et du public dans les décisions sur la mise en liberté ; et l'absence de droits, de politiques et de soutien pour les victimes dans les cas de non-responsabilité criminelle.
En ce qui concerne la sécurité du public, mon Bureau a recommandé que les commissions d'examen en fassent le facteur prépondérant et veillent à ce qu'on se renseigne sur l'endroit où se trouvent les victimes d'actes criminels avant de faire quelque recommandation que ce soit sur la mise en liberté. Quant à la prise en considération des victimes, le Bureau a recommandé qu'on prévoie des fonds pour aider les victimes à assister aux audiences des commissions d'examen, et qu'on mette en place un mécanisme d'information des victimes au sujet du transfèrement, de la libération de l'accusé ou de toute autre modification de sa situation, ce qui existe actuellement dans le système correctionnel fédéral.
Il est réconfortant de constater que le projet de loi donne suite à un certain nombre de nos recommandations, et j'appuie fermement les modifications proposées. Plus précisément, je suis heureuse de voir que la sécurité du public est le facteur prépondérant dans la prise de décisions des tribunaux et des commissions d'examen, et qu'on communique davantage d'informations aux victimes, et j'appuie vigoureusement ces dispositions.
Outre ces éléments, le projet de loi apporte d'autres modifications en proposant la déclaration d'accusé « à risque élevé » qui s'appliquerait à des accusés qui répondent à certains critères. Étant donné que cette disposition du projet de loi porte sur la gestion efficace des personnes jugées non criminellement responsables, ce qui se situe en dehors du champ de compétence de mon Bureau, je limiterai mes propos aux éléments du projet de loi qui concernent expressément les victimes.
Le projet de loi propose de faire en sorte que la sécurité du public soit le facteur prépondérant dans la prise de décisions dans les cas de non-responsabilité criminelle. Pour la plupart des Canadiens, il n'est que logique de tenir compte de la sécurité du public. La sécurité du public est sans nul doute une question qui préoccupe toutes les victimes. Beaucoup de victimes avec qui je parle, sinon la plupart, me disent qu'elles ne veulent surtout pas que d'autres soient victimes de ce qui leur est arrivé. Cette insistance renouvelée sur la sécurité du public donne aux victimes l'assurance que leur propre sécurité est prise en considération dans les décisions et elle aidera peut-être à faire diminuer la victimisation.
Le projet de loi propose également des mesures qui portent expressément sur la sécurité des victimes : que le tribunal et la commission d'examen examinent s'il est souhaitable pour la sécurité de toute personne, en particulier celles des victimes, des témoins, d'imposer une interdiction de communication ou d'exiger que l'accusé s'abstienne d'aller à certains endroits. Certes, l'interdiction de communication est une possibilité qui existe déjà, mais le fait d'en rendre obligatoire la prise en considération est une façon importante et précise d'insister sur le fait que l'on tient compte des besoins et de la sécurité des victimes.
Le projet de loi propose également que les victimes qui en font la demande soient prévenues de la mise en liberté conditionnelle ou inconditionnelle de l'accusé. Cette modification aide à améliorer le traitement des victimes dans le système en leur donnant un meilleur accès à l'information, ce qui peut renforcer leur sentiment de sécurité.
J'appuie totalement ces mesures.
Comme je l'ai dit en début d'intervention, peu importe l'état mental de l'accusé, les victimes ont des besoins fondamentaux : le besoin d'être informées du processus et de leurs droits dans ce processus, et le besoin que leur sécurité soit prise en considération. Le fait d'informer les victimes des progrès de l'accusé et de sa mise en liberté peut nettement renforcer leur sentiment de sécurité et leur confiance dans le fait que l'accusé reçoit de l'aide pour recouvrer et préserver sa santé mentale. Cette information peut également aider les victimes à surmonter l'anxiété et le sentiment d'isolement que fait naître leur contact avec un système inconnu et peu familier, à préparer des déclarations de victimes à jour et pertinentes pour les audiences de la commission d'examen, et à faire des préparatifs pour assurer leur sécurité.
De plus, le fait d'avoir ce type d'information peut aider les victimes dans leur cheminement vers la guérison. Des experts affirment que:
Outre le besoin de la victime de se sentir en sécurité, l'information sur le plan de traitement du délinquant et son cheminement dans le système correctionnel peut favoriser le rétablissement psychologique de certaines victimes et accroître la satisfaction de la victime à l'égard du processus de la justice.
Il faut prendre soin de noter que cette assertion vaut pour les cas où le délinquant a été condamné à une peine et suit un parcours dans le processus de la justice pénale, mais il n'est pas difficile d'imaginer comment les mêmes types d'information peuvent aider les victimes dans les cas de NRC.
Malgré ces avantages, les victimes dans les cas de NRC ont beaucoup moins de droits en matière d'information que les personnes qui ont été victimes d'un acte commis par un délinquant qui suit un parcours dans les services correctionnels et le système de libération conditionnelle. Je recommande, pour combler cet écart, que le projet de loi soit renforcé de manière que les droits des victimes dans les cas de NRC soient les mêmes que ceux des personnes victimes d'un acte commis par un délinquant confié au système de justice pénale.
Veuillez prendre note que l'ensemble de mes recommandations doivent s'appliquer seulement lorsqu'il n'y a pas de risque pour la sécurité de l'accusé, l'établissement ou une autre personne, et seulement lorsque la victime demande à recevoir l'information.
Plus précisément, je recommande l'ajout des droits suivants au projet de loi : que les victimes soient informées de l'adresse de l'établissement de psychiatrie légale où l'accusé est détenu ; que les victimes soient prévenues de toute sortie prévue de l'hôpital, avec ou sans escorte, et de la destination générale — ville ou localité — de l'accusé ; que les victimes soient prévenues de la destination de l'accusé à sa mise en liberté ou à sa libération conditionnelle, ou si l'accusé doit se rendre, en libération conditionnelle, dans leur voisinage ; que les victimes soient informées de toutes les conditions de libération imposées à l'accusé qui réintègre la collectivité en libération conditionnelle — ces conditions peuvent être la prise de médicaments ou une thérapie obligatoires, l'interdiction de communiquer avec des enfants ou d'autres personnes, l'obligation de participer à des séances de thérapie, des restrictions générales aux déplacements, etc. ; et que les victimes soient prévenues de tout transfèrement vers un autre établissement, des changements de niveau de sécurité du lieu de garde, ou du départ de l'accusé pour une autre province ou un autre territoire pour sa thérapie.
Outre ces mesures, je recommande également que, à leur demande, les victimes aient la possibilité de voir, mais non de conserver, une photo de l'accusé au moment de sa mise en liberté ; que les victimes soient informées lorsque des restrictions supplémentaires ou plus contraignantes sont imposées à l'accusé, par exemple lorsqu'il est ramené en établissement ou transférer d'une unité à sécurité minimum à une unité à sécurité moyenne ou maximum ; et que les victimes soient informées lorsque des interdictions de communiquer sont imposées.
Enfin, bien que la question concerne l'administration de la justice et soit donc du ressort provincial, je demande également qu'on tienne compte de la nécessité que ces droits soient appliqués efficacement et que des rôles et processus clairs soient en place pour garantir que les victimes reçoivent les renseignements auxquels elles ont droit. Le Bureau a demandé des l'enseignement au Centre de la politique concernant les victimes du ministère de la Justice et les a obtenus. Il a ainsi appris que toutes les provinces et tous les territoires n'ont pas nécessairement un système en place pour informer les victimes. Si ces systèmes ne sont pas en place pour informer les victimes, un droit garanti par la loi devient purement théorique.
En conclusion, je dirais que j'appuie fermement la proposition du projet de loi qui fait de la sécurité du public le facteur prépondérant à considérer dans les décisions sur la mise en liberté d'un accusé, et les autres mesures qui renforcent les droits des victimes. Si on y ajoute les autres mesures recommandées, le projet de loi C-54 aidera selon moi à garantir des droits plus équitables aux victimes d'actes criminels dans les cas où l'accusé est jugé non criminellement responsable. Toutes les victimes d'actes criminels méritent d'être informées, respectées et protégées, sans égard à l'état mental de la personne qui leur a causé un préjudice.
Merci de m'avoir donné l'occasion de faire valoir le point de vue des victimes dans l'étude du projet de loi, et merci de prendre considération les recommandations que j'ai formulées pour renforcer cette mesure.
Merci.
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Merci, monsieur le président, honorables membres du comité, de me donner l'occasion de comparaître devant vous.
Le temps passe vite et je vais donc parler très vite. Vous avez reçu le synopsis de mes remarques. Je tiens aussi à ce que vous entendiez mon collègue, le juge Schneider, qui n'est pas seulement un juriste respecté mais aussi un psychologue. Il a publié beaucoup des textes qui font autorité dans ce domaine au Canada et c'est vraiment un expert.
Les présidents des commissions d'examen qui font ce travail quotidiennement n'ont aucun désir d'être présentés ou d'apparaître comme des opposants aux intérêts des victimes. Nous sommes tous du même côté, ici, mais il y a dans ce projet de loi certaines dispositions que les juges et les présidents de commissions d'examen n'approuvent pas. En outre, comme les magistrats auront un rôle à jouer avec ce projet de loi, je dois dire qu'au moins cinq des juges actuels ou présidents de commissions d'examen du Canada sont en fait des juges du siège.
Le projet de loi semble opposer les décideurs et les cliniciens aux victimes. Il diminue les possibilités qu'offre le système actuel de réintégration progressive, stable et surveillée dans la collectivité, ce qui fait partie du système, nous le savons tous, et encouragera plutôt l'évitement du traitement, ce qui débouchera à terme sur des situations de mise en liberté éventuellement non contrôlées et non supervisées.
Sous sa forme actuelle, le projet de loi ne concorde pas avec la science du traitement, la science de prédiction du risque, ou la prudence budgétaire. Il fera en sorte qu’un plus grand nombre de délinquants souffrant de troubles mentaux se retrouveront en prison, sans traitement. Il ne repose sur aucunes données probantes.
J'ai suivi avec intérêt le travail du comité, sur CPAC, et il me semble que bon nombre des témoins que vous avez invités, bon nombre des situations très émouvantes auxquelles vous avez été confrontés, portent en fait sur la manière dont un délinquant entre dans un système, la manière dont il ou elle obtient un verdict de NRC, plutôt que sur des preuves que le système pose problème une fois que le délinquant y est entré. Il n'existe aucune preuve qu'il y a mise en liberté prématurée, ou récidive, une fois que la personne est dans le système sous la surveillance très attentive de la commission d'examen, et nous pensons par conséquent que le projet de loi risque au minimum de réduire le niveau de sécurité de la collectivité.
Je ne critique pas ce qui concerne la sécurité publique. Je pourrais nommer au moins cinq arrêts de la Cour suprême du Canada depuis 1999 qui rendent cela parfaitement clair, mais je comprends l'argument de la codification.
Le critère supplémentaire « nécessaire et indiquée dans les circonstances », qui remplace le critère de « la moins sévère et la moins privative de liberté », n’a en réalité aucun sens. Il est vague et posera sur maintes difficultés d'interprétation. Je pense qu'il encourage une détention et une privation de liberté disproportionnées par rapport au risque que pose l'individu selon son évaluation.
La définition de « risque important » et les autres critères de la nouvelle disposition comportent au moins cinq définitions différentes du risque, d’important à marqué à sans qualification. Je pense qu'il sera très difficile d'avoir une interprétation cohérente. La définition de « risque important », qui est évidemment la détermination élémentaire qu'on doit faire dans absolument chaque cas, convertit la probabilité en possibilité puis en risque pur et simple. Autrement dit, n'importe quel risque peut servir à détenir. Je pense que cela débouchera sur la détention dans des cas de risque mineur ou même purement spéculatif, et encouragera aussi l'utilisation de lits d'hôpital coûtant des milliers de dollars par jour au-delà du point où c'est vraiment nécessaire pour gérer un individu présentant un risque réel.
La désignation « accusé à haut risque » doit être demandée avant une libération absolue. Elle s'applique dans des cas définis d'« infraction grave contre la personne » qui, selon moi, seraient des infractions punissables par mise en accusation exigeant possiblement plus de procès avec jury, c'est-à-dire imposant un fardeau supplémentaire à l'appareil judiciaire. Elle exige aussi qu'il y ait une « probabilité marquée » de violence future, mettant en danger « la vie ou la sécurité », et qu'on tienne compte aussi de la brutalité de l'infraction reprochée. Les études consacrées à l'évaluation des risques vous diront que la brutalité ou le comportement passé ne sont pas de bon facteurs de prédiction en termes de sévérité de la récidive. Ils ne captent tout simplement pas l'essence, selon nous, de ce que vous essayez de faire, ou le genre de cas exceptionnels qui sont en fait le propos de ce projet de loi.
Je ne parlerai pas de la disposition des 36 mois. Je pense que l'obligation de retourner devant le tribunal pour bloquer la désignation à haut risque signifie que la personne, une fois qu'elle sera revenue du tribunal en ayant obtenu la révocation de cette désignation, aura peut-être droit à une mise en liberté absolue quand elle se présentera de nouveau devant la commission. Je pense que c'est problématique.
Je conviens que les tribunaux ne sont pas experts en prédiction du risque. Ils sont tournés vers le passé. Ils examinent des éléments de preuve pour voir si quelque chose s'est produit, si une infraction a été commise, au-delà de tout doute raisonnable. Les commissions d'examen, qui ont déjà en leur sein des psychiatres et des membres de la communauté, sont les expertes en prévision du risque.
Nous n'avons rien à reprocher aux dispositions touchant particulièrement les victimes, bien que je me permette de signaler qu'elles existent depuis 2005 en Ontario et en Colombie-Britannique. Chaque victime reçoit un premier avis lui offrant la possibilité de dire si elle veut ou non être continuellement informée des audiences futures. Depuis 2005, pas une seule victime n'a demandé à lire une déclaration d’impact en Colombie-Britannique, même si l'on envoie constamment un avis ainsi qu'une brochure sur les droits des victimes.
Finalement, nous n’avons encore vu aucune preuve convaincante que le système actuel soit déficient.
Nous pensons qu'il y a dans le projet de loi de nombreux motifs de contestation au titre de la Charte. On sacrifie la proportionnalité. On glisse malheureusement du traitement vers la punition, et la période de trois ans risque en fait de réduire l'examen attentif des individus les plus dangereux et les plus préoccupants dans le système. Je dois dire aussi que le projet de loi ne concorde pas avec ce qu'a dit la Commission sur la santé mentale dans sa propre étude de la récidive par les délinquants souffrant de troubles mentaux.
J'aimerais maintenant céder la parole au juge Schneider.
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Merci, monsieur le président, de m'avoir invité à m'adresser au comité.
Je tiens à dire d'emblée que j'appuie totalement et sans réserve les déclarations de mon collègue Bernd Walter.
J'aimerais aborder de manière très générale les trois ou quatre thèmes principaux du projet de loi.
En ce qui concerne les nouvelles dispositions améliorées d'information des victimes, les commissions d'examen du Canada n'ont pas vraiment de position particulière, mais elles tiennent à signaler en passant qu'elles semblent aller à l'encontre de ce qu'on a pu lire dans les médias au sujet du désir des victimes d'être moins impliquées et de ne pas être revictimisées chaque année. À notre avis, cette série de dispositions ramène de force les victimes dans le système et les implique encore plus pleinement. En Ontario, nous avons un système dans lequel les victimes peuvent renoncer à recevoir des avis, et c'est en réalité ce que font beaucoup d'entre elles, si ce n'est la plupart. Elles ne veulent pas être sans cesse impliquées ou intégrées dans le système.
En ce qui concerne le fait que la sécurité publique soit un souci primordial, comme l'a dit Bernd Walter, c'est la loi depuis une décennie ou plus. Les commissions d'examen ne prennent pas position à ce sujet.
Pour ce qui est du critère « la moins sévère et la moins restrictive » qui est remplacé par « nécessaire et indiquée dans les circonstances », nous constatons que c'est un critère cumulatif, ce que la plupart des juristes trouveront plus curieux qu'autre chose. Quand est-ce que quelque chose peut être nécessaire mais pas indiqué, ou vice versa?
Le vrai problème, à notre avis, concerne la désignation « accusé à haut risque ». C'est ici que les amendements présentent le plus grand potentiel, contrairement au but énoncé, de réduire considérablement la sécurité du public au lieu de l'accroître.
Il convient de rappeler que les individus qui sont des AHR potentiels sont les individus qui ont choisi de se prévaloir de la défense NRC. En intégrant à la partie XX.1 des dispositions qui pourraient — je cherche la bonne expression — faire peur à l'accusé — par exemple, la perspective d'être détenu dans un hôpital, contrairement aux indications cliniques, pendant une période pouvant aller jusqu'à trois ans, sans possibilité de révision —, vous constaterez inévitablement que bon nombre d'accusés ne se prévaudront pas de la défense NRC. Le résultat est évidemment qu'ils prendront leurs risques, accepteront les conséquences, dans la filière judiciaire régulière. L'individu qui aurait pu invoquer la partie XX.1 dans le système des commissions d'examen sera un jour ou l'autre jeté à la rue sans aucune supervision, sans réinsertion progressive, sans traitement.
Voilà une situation beaucoup plus dangereuse, monsieur le président. Le risque est que les amendements feront peur à des individus dont on s'occupe actuellement très bien et dont la réinsertion dans la communauté est un processus très soigneusement surveillé et dosé, en les transférant de ce système dans un autre qui les mettra simplement à la rue, sans aucun mécanisme de contrôle. Comme l'a dit M. Walter, il ne s'agit absolument pas ici d'une opposition entre ceux qui sont pour la sécurité publique et d'autres qui seraient pour les droits des accusés. Tous les professionnels actifs dans le système conviennent que la sécurité publique est l'objectif primordial. C'est notre objectif commun. Notre thèse est que les amendements proposés dans le projet de loi nous emmèneront malheureusement de la mauvaise manière dans cette voie.
Le président: Vous avez 10 minutes.
Mme Christine Russell: Merci.
Bonjour. Je m'appelle Christine Russell. Il y a exactement deux ans et demis, mon mari, le sergent de police Ryan Russell, était assassiné. Je suis devenu veuve à 34 ans. Notre fils de deux ans, Nolan, a perdu son père, peut-être le pire crime de tous. Je vais vous montrer une photographie de mon mari Ryan.
Le 12 janvier 2011, Ryan était en poste et faisait ce qu'il aimait plus que tout, servir et protéger la population de Toronto. Ce matin-là, un certain Richard Kachlar a volé une déneigeuse et a entrepris un saccage. Richard Kachlar a délibérément visé le véhicule de police de Ryan avec la déneigeuse et l’a défoncé. Richard portait son uniforme de policier. Son véhicule était clairement identifié comme véhicule de police et ses lumières clignotaient.
Ryan a été tué dans l'exercice de ses fonctions. Il est resté mourir seul sur Avenue Road pendant que Kachlar s'en allait continuer ses actes de violence ailleurs. Quand la déneigeuse a finalement été coincée par l'équipe d'intervention de la police, Kachlar a tenté de continuer son saccage. Les tasers de la police ne l'ont pas arrêté. La seule chose qui l’a arrêté ce matin-là a été une balle. Cela vous montre combien Kachlar était dangereux et violent.
Les actes de Richard Kachlar ce jour-là sont ce qui m'amène à vous parler aujourd'hui de ma perte et de mon expérience, des répercussions que cela a eu sur moi et sur ma famille, et du processus légal concernant un verdict de non-responsabilité criminelle.
Mon mari Ryan a été assassiné. On m'a dit ça à l'hôpital, sans amis ou membres de ma famille à mes côtés. Je n'ai pas eu le droit de toucher Ryan car son corps était une scène de crime. Ma famille a été immédiatement placée sous les projecteurs publics, ce qui continue aujourd'hui. Ma vie est devenue un vrai chaos car j'ai dû organiser les funérailles et régler toutes sortes d'affaires. Je ne suis pas retournée au travail car j'ai dû prendre soin de moi-même et de notre fils de deux ans, qui grandit maintenant sans son père. Ma vie a été placée en suspens en attendant le début du procès. Cela m'a rongée de l'intérieur et causé à nouveau de la peine.
Le 4 février 2013, le procès de Richard Kachlar pour meurtre au premier degré a commencé. Durant les sept semaines du procès, la vie de l'accusé a été à l'avant-scène. J'ai dû endurer le fait d'entendre la voix de mon mari pour la toute dernière fois. Ses dernières paroles ont été : « Il vient vers moi, attention ». Péniblement, j'ai dû voir l'enregistrement de l'événement par la vidéo du tableau de bord, et j'ai dû supporter la description graphique de ses graves blessures et revivre ces moments relatés dans les médias.
Le 27 mars 2013, le jury a conclu que Richard Kachlar n'était pas responsable criminellement d'avoir assassiné mon mari. Kachlar avait 44 ans quand il a tué mon mari. Il n’avait aucun antécédent de maladie mentale ni aucun diagnostic de problèmes de santé mentale, mais on a jugé qu'il n'était pas responsable criminellement du meurtre.
Digérer ce verdict a été très difficile. Un verdict de non-responsabilité criminelle laisse beaucoup trop de choses en plan. Il n'y a aucune ligne directrice ou condition, aucune punition, aucune reddition de comptes, et aucun casier judiciaire.
Trente jours après avoir été jugé non responsable criminellement, Richard Kachlar est passé devant la Commission ontarienne d'examen pour sa première audience. On nous a dit qu'il y avait eu une entente entre le procureur général de l'Ontario et l'avocat de la défense de Kachlar. Selon leur présentation commune, Kachlar serait détenu en vertu d'une ordonnance de détention à l'unité médico-légale sécurisée du Ontario Shores Centre for Mental Health Sciences, à Whitby, où il n'aurait le droit de circuler que dans l'hôpital et l'enceinte de l'hôpital. Il n'aurait pas le droit d'aller dans la collectivité.
Dans la présentation commune de l'accusation et de la défense, on indiquait et on reconnaissait que Richard Kachlar était une personne dangereuse constituant une menace grave pour la sécurité publique et qu'il avait besoin d'une évaluation psychiatrique et d'un traitement dans un établissement de détention sécuritaire. Cela devait se faire dans les 12 mois suivants avant qu'on puisse envisager une décision différente, éventuellement, lors de son passage suivant devant la commission d'examen.
Nous étions très préoccupés par le fait que Kachlar, qui avait assassiné mon mari, allait être envoyé dans un établissement de sécurité moyenne plutôt que dans l'établissement de sécurité maximum de Penetanguishene. Nous n'avions aucune possibilité d'influer sur cette décision. Nous avons dû accepter cette présentation commune. Nous pensions que l'obliger à passer au grand minimum au moins une année dans un établissement de sécurité maximum jusqu'à ce que la vraie nature et la gravité de sa maladie mentale soient évaluées serait tout à fait justifié.
Durant l'audience, j'ai finalement reçu, ainsi que mes parents, le père de Ryan et un représentant de la police de Toronto, la possibilité de lire une déclaration de la victime. Nous n'avions pas été autorisés à lire de déclaration de la victime durant le procès à cause du verdict de non-responsabilité criminelle. Toutes nos déclarations ont été examinées et éditées avant l'audience, de façon à ne pas choquer M. Kachlar. Cela a été le comble pour nous car on nous empêchait ainsi d'exprimer réellement notre peine et notre douleur.
J'ai été horrifiée de constater que la commission était tout à fait indifférente et insensible au fait que je devais prendre place à côté du meurtrier de mon mari, à deux pieds de lui,pour lire ma déclaration de victime. La commission d'examen devrait comprendre que ça met la victime dans une situation extrêmement pénible et inconfortable.
Le 29 avril 2013, la Commission ontarienne d'examen a rendu sa décision. J'ai été stupéfiée d'apprendre qu'elle était allée plus loin que la proposition conjointe, et que, sans poser la moindre question et sans prévenir l'avocat du procureur général, elle avait l'intention d'accorder à Kachkar des privilèges qu'il n'avait pas demandés. Le procureur général de l'Ontario n'a pas eu l'occasion d'évoquer les problèmes de sécurité publique et de présenter des preuves.
Pour autant, la commission a reconnu que Richard Kachkar était dangereux et qu'il représentait une grave menace pour la sécurité publique; qu'il souffrait d'un trouble mental important, à savoir une certaine forme de psychose; qu'il était paranoïaque et probablement schizophrène; et qu'il était atteint d'une maladie grave et complexe, mais sans donner plus de précisions.
La commission a autorisé Kachkar à être admis à l'hôpital de Whitby, sous la seule surveillance du personnel de l'hôpital, à raison d'un employé pour lui tout seul ou de un ou deux employés pour cinq patients. Je parle d'employés de l'hôpital, et pas de gardes de sécurité ou de gardes armés. Si Kachkar fait une crise, tout ce qu'ils peuvent faire, c'est appeler le 911, et on sait que le pistolet paralysant n'a pas réussi à maîtriser cet homme, qu'il a fallu utiliser de vraies balles.
C'est absolument insultant pour mon mari, pour moi et ma famille, pour la police et pour la collectivité. C'est exactement ce genre d'aberration qui suscite le cynisme de la population et qui discrédite l'administration de la justice.
La Couronne en appelle de la décision, mais ce cas est l'illustration d'un problème grave et systémique. Le public ne peut plus faire confiance à une commission d'examen qui se croit libre de prendre les décisions qui lui plaisent. Trente jours seulement après le verdict rendu dans l'affaire Richard Kachkar, l'homme qui a brutalement assassiné mon mari, qui a tué le père de mon fils, qui a sauvagement brisé nos vies à tout jamais, cette commission d'examen le libère précipitamment, sans demander un diagnostic approprié et sans définir le trouble mental dont il souffre.
Il est fondamental que vous compreniez combien il est important pour les victimes d'assister aux audiences des commissions d'examen et de lire leur déclaration à chaque audience annuelle, année après année. Autrement, nous aurions l'impression d'abandonner ceux que nous chérissons et de laisser les audiences de la commission se transformer en un pur exercice théorique.
Les déclarations des victimes sont un moment crucial de confrontation à la réalité. On épargnera peut-être à ma famille le traumatisme de devoir assister à des audiences annuelles de la commission d'examen, car celle-ci n'envisage peut-être qu'une courte période de détention — ce qui serait une injustice en soi —, mais il faudrait vraiment revoir toute cette question des audiences annuelles. Les victimes de ces actes violents et destructeurs ont des droits elles aussi, et il faut cesser de les victimiser à nouveau. Il faut réformer notre système judiciaire s'il veut regagner la confiance de ses administrés.
Le projet de loi C-54 est un pas dans la bonne direction, surtout parce qu'il ajoute la catégorie des « accusés à haut risque ». Comme vous le savez, les criminels ne sont pas tous aussi dangereux. Ceux qui assassinent des policiers ne sont pas des infracteurs « non criminellement responsables » typiques. Ils doivent être traités différemment, et exigent un niveau de sécurité et d'attention plus élevé. Le temps qu'ils passent en détention, pendant lequel ils sont évalués et soignés dans leur propre intérêt et dans celui de la sécurité du public, doit être proportionnel à la gravité et à la brutalité de leur crime.
Mon mari est mort et mon enfant n'a plus de père. Que Richard Kachkar soit fou ou sain d'esprit importe peu, ça ne changera rien à la réalité. Et dans un cas comme dans l'autre, il est dangereux. Le public a le droit d'être protégé et de se sentir protégé. Si on n’apporte pas les changements nécessaires, le public va perdre toute confiance dans le système et celui-ci va continuer de se déliter.
Merci.
Je m'appelle Mike McCormack et je suis le président de la Toronto Police Association, qui représente 8 000 membres du Toronto Police Service.
Tout d'abord, j'aimerais remercier le Comité permanent de la justice et des droits de la personne de me donner l'occasion d'exprimer le soutien de mon association et de ses membres au projet de loi .
Avant de commencer, permettez-moi de situer un peu dans leur contexte les remarques que je vais faire pour exprimer mon appui et celui de mon association au projet de loi dont vous êtes saisis. Je vais vous dire quelques mots sur mes antécédents personnels.
Je suis agent de police depuis près de 30 ans. J'ai travaillé dans les quartiers les plus difficiles de Toronto, où l'on trouve un pourcentage important de personnes souffrant de troubles mentaux.Je suis bien placé pour savoir à quelles difficultés les malades mentaux sont confrontés chaque jour, et quels défis les policiers doivent surmonter pour répondre aux besoins de ces personnes.
J'ai travaillé à la Division 51 pendant la quasi-totalité de ma carrière de policier. J'avais des contacts étroits avec la communauté, j'avais affaire à toutes sortes de crimes, notamment le trafic de drogue, la prostitution, les activités des gangs et les violences dans la rue. Ces quartiers abritent essentiellement une population de passage, des familles pauvres, et des individus aux prises, tout comme leur famille, à des problèmes de toxicomanie et à des troubles mentaux plus ou moins bien soignés. On y compte un grand nombre de maisons de transition, de foyers et d'abris, et la police travaille en étroite collaboration avec la communauté et avec nos partenaires pour répondre aux besoins de la population.
En tant que policier, j'ai été amené à intervenir directement auprès d'individus souffrant de troubles mentaux, aussi bien pour les aider à satisfaire des besoins essentiels, comme la nourriture ou un toit, que pour les arrêter ou mettre un terme à des accès de violence causés par le fait qu'ils n'avaient pas accès à des médicaments et qu'ils avaient commis des actes criminels dans un accès de rage psychotique.
Je vous dis tout cela pour vous aider à comprendre pourquoi j'appuie, tout comme mon association, les amendements proposés au projet de loi . Je vais répéter certaines des choses qu’a dites Christine à propos d'un de nos membres, le sergent Ryan Russell, et de l'agression dont il a été victime par une personne qui souffrait d'un grave trouble mental. Je veux parler de l'affaire Richard Kachkar et, comme je viens de le dire, du sergent Ryan Russell.
Comme vous le savez, Ryan est mort le 12 janvier 2011 dans l'exercice de ses fonctions. Il était debout en uniforme, à côté de la voiture de police, les feux de secours allumés, quand Richard Kachkar l’a assassiné. M. Kachkar a été arrêté et inculpé du meurtre au premier degré du sergent Ryan Russell. Après un procès très médiatisé, le jury a décidé que M. Kachkar n'avait pas la capacité mentale d'apprécier la gravité de son acte et de comprendre qu'il avait commis un acte répréhensible, et il a donc été jugé non criminellement responsable.
Les témoignages que nous avons entendus au procès ont confirmé que M. Kachkar souffrait de graves troubles mentaux au moment de la mort du sergent Ryan Russell, notamment de dépression, de schizophrénie et peut-être de trouble de la personnalité.
En février 2013, le premier ministre Stephen Harper a annoncé le dépôt du projet de loi , Loi sur la réforme de la non-responsabilité criminelle. Nous estimons que le premier objectif de ce projet de loi est d'assurer que la sécurité publique demeure une priorité lors de la prise des décisions concernant des accusés non criminellement responsables. Et que c'est une façon d'accroître la sécurité des victimes et de les faire participer davantage aux décisions prises, en vertu du Code criminel, à propos des personnes souffrant de troubles mentaux.
Premièrement, je tiens à dire que notre association appuie les réformes proposées par le projet de loi , notamment que la sécurité du public est le critère qui doit l'emporter lorsque des décisions sont prises au sujet de personnes que les tribunaux estiment non criminellement responsables. La population a le droit de se sentir en sécurité dans ses collectivités, et d'être protégée contre des délinquants dangereux et violents comme M. Kachkar.
Deuxièmement, l'association appuie la nouvelle désignation d'accusé à haut risque « non criminellement responsable » que propose le projet de loi . Ainsi, les tribunaux pourront décider si un contrevenant particulièrement violent et ayant reçu un verdict de non-responsabilité criminelle doit être considéré comme un accusé à haut risque. Une défense basée sur la non-responsabilité criminelle est rare, seulement dans deux cas sur 1 000, et elle est moins fréquemment liée à des délinquants violents, qui représentent 10 p. 100 de tous les cas de NCR. La désignation NCR à haut trisque ne s'appliquerait qu'à un petit nombre d'accusés qui ont reçu un verdict de non-responsabilité criminelle et qui posent un grave danger pour la sécurité publique.
a donné des statistiques intéressantes à la Chambre des communes, le 1er mars 2013, à propos des personnes ayant reçu un verdict de non-responsabilité criminelle, et je cite:
Un peu plus de 27 % d'entre elles avaient reçu un tel verdict par le passé; 38 % des personnes déclarées non criminellement responsables de leur geste et accusées d'une infraction d'ordre sexuel avaient déjà reçu auparavant au moins un verdict de non-responsabilité criminelle; 27 % des personnes accusées de tentative de meurtre avaient été au moins une fois déclarées non criminellement responsables; et 19 % des personnes accusées de meurtre ou d'homicide avaient été au moins une fois trouvées non criminellement responsables.
Avec les amendements proposés au projet de loi , les accusés à haut risque ne pourront pas être libérés à moins qu'un tribunal n'accepte d'annuler leur désignation à haut risque, et nous sommes d'accord avec ça; ils ne pourront pas sortir de l'hôpital sans escorte; et leur période d'examen pourra être prolongée de un à trois ans.
Après avoir vu des victimes être doublement victimisées par ces audiences annuelles, nous sommes tout à fait en faveur de ces amendements. L'association est favorable à une meilleure protection de la victime et à sa participation accrue à la procédure. Le projet de loi accorde une plus grande importance à la sécurité de la victime en ce sens que les tribunaux et les commissions d'examen devront en tenir compte lorsqu'ils prendront des décisions à propos de personnes déclarées NCR, et qu'ils devront avertir la victime si l'accusé bénéficie d'une libération conditionnelle.
J'ai récemment assisté à une audience de la COE avec Christine et sa famille. Pendant des heures je me suis demandé quel poids la déclaration de la victime avait vraiment dans tout le processus, et je n'en ai trouvé aucun.
Le 29 avril 2013, après l'audience, la commission d'examen a statué que M. Kachkar devait être envoyé à l'hôpital Ontario Shores Centre for Mental Health Sciences. Cela révèle de graves problèmes systémiques et de sérieuses lacunes dans la façon dont fonctionnent les commissions d'examen. La commission a été unanime à reconnaître que Richard Kachkar souffrait d'un grave trouble mental et qu'il représentait une menace sérieuse à la sécurité publique. Pendant l'audience, un psychiatre de la commission a demandé au Dr Klassen, vice-président des affaires médicales au centre d'Ontario Shores, pourquoi il recommandait d'administrer des antipsychotiques à Richard Kachkar à ce moment précis, soit 30 jours après le verdict, alors que l'accusé n'en avait pas reçu pendant ses deux années de détention, en attendant son procès pour le meurtre du sergent Russell.
Sans disposer d'une évaluation appropriée, la commission d'examen a donné à l'hôpital — et c'est fondamental — le pouvoir d'accorder à M. Kachkar des permis de sortie, sous escorte. Autrement dit, c'est le personnel de l'hôpital qui devait escorter ce monsieur dans la collectivité, si l'hôpital décidait de lui accorder ces permis de sortie, et pas un agent de sécurité ni un policier.
Le projet de loi précise qu'un accusé à haut risque déclaré NCR ne sera pas autorisé à quitter l'hôpital, avec ou sans escorte, sauf dans des circonstances très spéciales, et à condition — et c'est important — que des précautions suffisantes soient prises pour assurer la sécurité du public.
Ce qui nous a renversés, c'est que la commission a accordé des conditions qui n'avaient même pas été demandées par l'avocat de M. Kachkar, et qu'elle les a accordées sans bien connaître la gravité du trouble mental dont il souffre. Aucun diagnostic précis n'a été fait. Il souffre d'un trouble mental grave, il représente une menace sérieuse à la sécurité du public, et malgré cela, la COE lui permet de faire des séjours à l'extérieur de l'hôpital.
Ce qui nous inquiète, c'est que, sans discussion et sans preuves, la commission a le pouvoir de prendre ce genre de décision. L'accusé allait donc pouvoir faire des séjours à l'extérieur de l'hôpital dans 30 jours. Au cours de votre examen du projet de , nous vous encourageons vivement à fournir des directives précises à la commission d'examen — et sur les questions de sécurité publique également —, des directives qui l'obligeront à trouver, à partir des preuves présentées, un juste équilibre entre la nécessité de protéger le public et la nécessité de soigner les gens qui souffrent de troubles mentaux et qui ont commis un crime.
La Toronto Police Association appuie les initiatives proposées dans le projet de loi . Ce n'est pas que nous soyons insensibles aux difficultés que vivent les personnes souffrant de troubles mentaux, car nous savons l'impact dévastateur que ce genre de maladie peut avoir sur les malades eux-mêmes, sur leurs familles, sur leurs collectivités et, dans cet exemple tragique, sur le sergent Ryan Russell, Christine et toute sa famille, qui sont devenus des victimes innocentes de cette lutte contre la maladie mentale.
Ce projet de loi ne cible pas les personnes qui souffrent de troubles mentaux si ces troubles ne sont pas une menace pour autrui, et il ne vise pas à imposer des sanctions punitives aux personnes qui sont déclarées NCR à cause de troubles mentaux. Ce projet de loi cible les personnes qui ont commis un crime horrible et qui, comme M. Kachkar, sont déclarées NCR.
La police que je représente est déterminée à assurer la protection de nos collectivités. Notre tâche consiste à trouver le moyen de réduire les risques de récidive de ceux qui sont déclarés NCR et à protéger les futures victimes.
En tant que parties prenantes des protocoles de suivi des malades mentaux, nous voulons nous assurer que ces gens-là prennent bien leurs médicaments, qu'ils n'ont pas de contacts avec les victimes, et qu’un système de soutien a été mis en place pour contrôler l'évolution de leur maladie et pour réduire les risques de récidive.
Il nous semble que, dès le départ, il faudrait au moins qu'on puisse imposer des conditions pour faciliter la protection du public et des victimes — par exemple, la fixation de limites géographiques, des modalités de séjour, la participation à un protocole de soins, l'interdiction de consommer des drogues illicites et de l'alcool, et l'interdiction de s'approcher des victimes.
Je représente le Centre canadien de ressources pour les victimes de crimes, et je vous remercie de me donner l'occasion de témoigner devant votre comité.
Le CCRVC est un groupe national non gouvernemental, à but non lucratif, qui défend les intérêts des personnes victimes d'actes criminels graves. Nous fournissons des ressources et un soutien psychologique à toutes les victimes du pays, et nous militons en faveur de mesures destinées à accroître la sécurité publique ainsi que les services et les droits des victimes d'actes criminels.
C'est avec plaisir que nous exprimons aujourd'hui notre appui au projet de loi C-54. Nous comptons, parmi nos clients, des familles et des personnes qui ont été victimes de criminels ayant reçu un verdict de non-responsabilité criminelle. Nous sommes gravement préoccupés par la gravité des actes criminels commis par un petit nombre de délinquants, et par leur impact durable sur les victimes.
Nous estimons que les maladies mentales devraient être considérées comme un problème de santé et que les personnes qui en sont atteintes devraient être soignées à l'extérieur du système de justice pénale, afin de que leur état se stabilise et qu'elles n’aient plus de symptômes. Mais ce qui nous inquiète surtout, c'est la prise irrégulière des médicaments et le manque de surveillance des malades mentaux dans la collectivité.
Nous appuyons l'amendement qui vise à faire de la sécurité publique le critère principal que les commissions d'examen doivent prendre en considération avant de rendre leur décision. Parallèlement aux décisions qu'a prises la Cour suprême dans ce domaine, nous savons que la procédure actuelle tient compte, pour l'essentiel, de quatre facteurs, à savoir la nécessité de protéger le public contre des personnes dangereuses, l'état mental de l'accusé, la réintégration de l'accusé dans la société, et les autres besoins de l'accusé.
Nous appuyons les amendements visant à codifier l'expression « risque important pour la sécurité du public », qui est le critère énoncé dans le Code criminel pour déterminer si la commission d'examen peut conserver sa compétence et continuer de superviser un accusé souffrant de troubles mentaux. Conformément à l'interprétation qu'en donne la Cour suprême du Canada, l'expression s'applique à un risque de préjudices physiques ou psychologiques pour le public, résultant d'un comportement de nature criminelle mais pas nécessairement violent. La codification de cette expression permettra une application plus uniforme de ce critère.
Nous appuyons fermement les mesures visant à renforcer la sécurité des victimes et à permettre à ces dernières de participer davantage au régime que prévoit le Code criminel pour les accusés souffrant de troubles mentaux, par exemple en veillant à ce qu'elles soient avisées, sur demande, lorsque l'accusé est libéré, en prévoyant des interdictions de communication entre l'accusé et la victime, et en veillant à ce que l’on tienne compte de la sécurité des victimes lorsque des décisions sont prises au sujet d'une personne accusée.
Nous savons qu'actuellement, la loi n'est pas interprétée et appliquée de façon uniforme. Nous demandons tout particulièrement que l'on tienne compte des besoins des victimes, c'est-à-dire qu'elles soient tenues informées du sort de l'accusé, si elles en font la demande, et que leur propre sécurité soit vraiment prise en compte par les commissions d'examen.
Dans le cadre de nos contacts avec les familles de victimes concernées par un verdict NCR, nous avons observé, et nous tenons à le réitérer, que ce que les victimes veulent avant tout éviter, c'est que ce qui leur est arrivé, à elles ou à un proche, n'arrive à quelqu'un d'autre. La sécurité publique est leur préoccupation fondamentale.
Dans les cas les plus horribles, qui ont causé de graves blessures ou même la mort, les victimes sont souvent profondément choquées par le fait que l'accusé était en liberté au moment où il a commis son acte, et qu'il ne recevait pas un traitement adéquat pour les troubles mentaux dont il souffrait. Que son état s'est détérioré, qu'il était incapable de se rendre compte des premiers symptômes de la maladie, et que ça l'a amené à blesser quelqu'un, voire à le tuer. Les victimes redoutent que ce cycle infernal ne se répète, surtout lorsqu'il s'agit de veiller à ce que l'accusé continue de prendre ses médicaments pour le restant de ses jours.
Nous appuyons la désignation « à haut risque » qui sera utilisée lorsque l'accusé a été déclaré NCR et qu'il y a de fortes probabilités qu'il récidive, ou lorsque les actes commis sont d'une brutalité particulière.
Nous approuvons les dispositions prévoyant qu'il ne pourra pas obtenir une libération conditionnelle ou absolue, et que la désignation ne pourra être révoquée que par le tribunal, sur la recommandation de la commission d'examen. Cela ne s'appliquera qu'à ceux qui sont déclarés NCR et pas aux personnes jugées inaptes à subir un procès.
Enfin, nous estimons que cet amendement ne s'appliquera que dans un tout petit nombre de cas très graves, chaque année au Canada, et qu'il est de notre intérêt de l'appuyer.
Nous appuyons également l'amendement qui propose de donner à la commission d'examen un pouvoir de prorogation. Elle ne sera pas obligée de proroger le délai jusqu'à un maximum de 36 mois, mais elle pourra le faire si elle le juge nécessaire.
Encore une fois, nous sommes heureux d'être ici et de pouvoir vous dire que nous sommes satisfaits que la désignation « à haut risque » n'ait pas d'incidence sur le traitement médical de l'accusé, comme il en a déjà été question.
Merci.
:
... concernant le projet de loi.
Au sujet de votre point, notre motion dit:
[...] le président puisse demander au membre
—pas le parti, mais les députés —
ayant soumis l’amendement proposé de faire un bref exposé à l’appui de son amendement.
Voilà pourquoi j’ai demandé à la députée, à Mme May, de faire un bref exposé concernant son amendement.
Au sujet de votre deuxième point, je rends une décision concernant l’amendement PV-1. Je vais utiliser la mention « PV », parce que c’est ainsi que c’est écrit et que ce sera ainsi pour le reste de la soirée. À l’avenir, ce sera peut-être modifié pour indiquer qu’il s’agit d’amendements provenant de députés indépendants. Je ne le sais pas; je ne m'en occupe pas.
L’objectif du projet de loi à l’article 9 est de retirer du Code criminel le concept d’une décision qui est « la moins sévère et la moins privative de liberté pour l'accusé ».
L’objectif de l’amendement PV-1 est de réintroduire ce concept, ce qui va à l’encontre du principe du projet de loi.
L'ouvrage La procédure et les usages de la Chambre des communes, deuxième édition, à la page 766, dit:
Un amendement à un projet de loi renvoyé à un comité après la deuxième lecture est irrecevable s’il en dépasse la portée et le principe.
La présidence est d’avis que l’amendement tente de rétablir ce qui se trouvait dans la loi originale, ce qui va à l’encontre du principe du projet de loi C-54. L’amendement est par conséquent irrecevable. Cette décision s’appliquera aux amendements NDP-2, LIB-3, PV-12, NDP-11, PV-13, NDP-12 et LIB-22.
Quelqu’un aimerait-il que je le répète?
Monsieur Cotler, contestez-vous la décision de la présidence?
:
Merci, monsieur le président.
Si vous me permettez une petite parenthèse, ne serait-il pas amusant que je puisse voter et que chaque fois, vous deviez rompre l'égalité des voix?
Cela dit, pour ce qui est de l'amendement PV-4, je pense qu'il est très clair que sur le plan de l'interprétation des lois, les listes sont compliquées. Un tribunal peut par la suite leur donner un sens d'exclusivité parce que certains éléments sont énumérés, alors que d'autres ne le sont pas.
Dans ce cas-ci, ce que je propose dans l'amendement PV-4, c'est que nous supprimions, à l'article 12, les alinéas a) à e) du paragraphe 672.64(2), qui sont des exemples, je suppose, visant à établir pour un tribunal ce que serait un élément de preuve pertinent.
Ma position sur cette question, c'est que le tribunal saura ce que signifie « tout élément de preuve pertinent » et qu'en proposant une liste, nous pourrions involontairement omettre d'autres facteurs dont même les députés conservateurs du comité voudraient que le tribunal tienne compte, comme les préoccupations des victimes, qu'on ne trouve pas sur cette liste.
On ne peut indiquer ici qu'il pourrait y avoir des facteurs atténuants. Il pourrait y avoir d'autres éléments de preuve dont tiendrait compte un tribunal si l'on s'en tenait simplement à l'expression « tout élément de preuve pertinent », mais en énumérant les éléments aux alinéas a) à e), nous préjugeons de ce qui est pertinent et l'indiquons au tribunal. Cela pourrait donner lieu à un appel, car on pourrait considérer que le tribunal est allé plus loin que la liste exclusive de facteurs à considérer alors qu'en fait, l'expression « tout élément de preuve pertinent » est tout ce qu'il faut pour s'assurer que la magistrature peut, à la lumière de tous les autres articles de la loi, déterminer quel accusé est un accusé à haut risque.
Autrement dit, nous ne devrions pas présenter une liste, car plus tard, d'aucuns pourraient croire qu'elle exclut les autres facteurs.
L'amendement LIB-13 est-il adopté?
(L'amendement est adopté.)
Le président: Nous avons maintenant un nouvel article 20.1, qui est celui que nous venons d'adopter, alors l'amendement NDP-9 est retiré.
S'agissant de l'article 21, les amendements PV-11 et NDP-10 ont été rejetés dans le cadre de PV-2.
(L'article 21 est adopté.)
Le président: En ce qui concerne l'article 22, l'amendement PV-12 a été jugé irrecevable, alors il n'y a aucun changement. L'amendement NDP-11 a, lui aussi, été jugé irrecevable.
(L'article 22 est adopté.)
(L'article 23 est adopté.)
Le président: S'agissant de l'article 24, nous avons eu l'amendement LIB-14, mais il a été rejeté en conséquence de l'amendement LIB-1. PV-13 et NDP-12 ont été jugés irrecevables.
(L'article 24 est adopté.)
Le président: LIB-15 est retiré à cause du rejet de LIB-5. LIB-16 est retiré en conséquence du rejet de LIB-6. PV-14 est rejeté à cause de LIB-6. NDP-13 est retiré en conséquence du rejet de NDP-5. LIB-17 est retiré en conséquence du rejet de LIB-7. PV-15 est rejeté en conséquence du rejet de PV-4. LIB-18 est rejeté en conséquence du rejet de LIB-8. LIB-19 est rejeté en conséquence du rejet de LIB-9. LIB-20 a été retiré par le Parti libéral. LIB-21 a été rejeté en conséquence du rejet de LIB-10. LIB-22 est irrecevable en conséquence de la décision relative à PV-1. LIB-23 est irrecevable en conséquence de la décision relative à LIB-11. Cela nous amène à l'article 25.
L'article 25 est-il adopté?
(L'article 25 est adopté.)
Le président: S'agissant de l'article 26, nous avons eu l'amendement NDP-14, qui est lié à l'irrecevabilité de NDP-1. NDP-1 n'a pas encore été traité. Nous le réservons, alors l'article 26 est réservé en entier.
(L'article 26 est réservé.)
(Les articles 27 à 31 inclusivement sont adoptés.)
Le président: Nous avons maintenant un nouvel article 31.1 parce que l'amendement LIB-25 a été adopté, alors NDP-15 a été retiré.
(L'article 32 est réservé.)
(L'article 33 est adopté.)
Le président:Nous en sommes déjà au titre abrégé.
Revenons à NDP-1 et ensuite à tous les articles sur lesquels il influe. Le greffier m'aidera dans cette tâche.
Je vous cède la parole, monsieur Mai, car cela concerne votre sous-amendement aux amendements.