:
La séance est ouverte. J'utilise l'heure de mon Blackberry, et non l'horloge derrière.
Nous en sommes à la 64e séance du Comité permanent de la justice et des droits de la personne. Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, nous étudions les plans des dépenses de Justice Canada pour 2012-2013. Il est question du Budget supplémentaire des dépenses (C), que j'ai apporté, au cas où quelqu'un voudrait le regarder. Nous avons la chance d'avoir avec nous, pour une demi-heure, des cadres du ministère de la Justice.
À 16 heures, nous allons passer au projet de loi . L'auteur du projet de loi, M. Gill, le député de , sera ici pour une heure. Nous devrions avoir fini vers 17 heures.
Pour plus tard, lundi prochain, c'est-à-dire dans une semaine, nous aurons des témoins au sujet de ce projet de loi, puis pendant la deuxième moitié de la séance, nous en ferons l'étude article par article. Mercredi, le ministre viendra nous parler du Budget principal des dépenses de l'année qui vient. Cette séance aura lieu dans l'édifice du centre, alors n'oubliez pas que ce n'est pas ici. Le ministre sera là pour la première heure, puis nous aurons des fonctionnaires pour la deuxième heure.
Ensuite, j'ai entamé des discussions, mais il me reste à parler avec les libéraux. Massimo parraine le projet de loi , que j'appelle le projet de loi des combats. Nous pourrons traiter de cela le mercredi précédant le congé; c'est une semaine après mercredi. Nous pourrions tout faire en une séance si nous avons la permission de tous. Nous recevrons le parrain du projet de loi, dans ce cas, parce qu'il vient du Sénat, ainsi que des témoins, et nous pourrions faire l'étude article par article le jour même.
C'est l'emploi du temps des deux prochaines semaines, mesdames et messieurs.
Sur ce, monsieur Pentney, je vous laisse la parole. Les fonctionnaires vont faire leurs exposés, puis nous passerons aux questions.
:
Merci, monsieur le président.
Je suis très heureux de comparaître devant le comité aujourd'hui afin de discuter du Budget supplémentaire des dépenses (C).
[Traduction]
Je suis Bill Pentney, sous-ministre de la Justice et sous-procureur général du Canada. Je suis accompagné de Donald Piragoff, sous-ministre adjoint principal, Secteur des politiques, et de Daniel Schnob, dirigeant principal des finances du ministère.
[Français]
Compte tenu du temps limité dont dispose le comité, je vais vous parler brièvement de quatre postes du Budget supplémentaire des dépenses (C). Dans l'ensemble, la hausse nette totale pour le ministère est de 750 000 $.
[Traduction]
L'augmentation nette que nous demandons pour le ministère dans le Budget supplémentaire des dépenses (C) englobe quatre éléments, que je vais rapidement décrire: 1,4 million de dollars en fonds additionnels pour bonifier le Fonds d'aide aux victimes; un transfert de 80 000 $ de la Justice au Bureau de la coordonnatrice de la situation de la femme; un transfert de 500 000 $ de la Justice au Commissaire à la magistrature fédérale; et un transfert au Bureau du Conseil privé de 68 000 $ pour le Secrétariat de la transformation opérationnelle et du renouvellement.
Le premier élément, les 1,4 million de dollars pour le Fonds d'aide aux victimes, est lié à la mise en oeuvre de l'annonce faite dans le budget 2012. De ce montant, 1 million de dollars doivent servir à établir des centres d'appui aux enfants partout au Canada et à améliorer ceux qui existent.
Ces fonds aideront les centres à améliorer les services aux enfants et aux jeunes victimes de crimes par l'embauche d'infirmières légistes et de professionnels de la santé mentale des enfants. De plus, les régions canadiennes qui n'ont pas de centres pourront demander les fonds qu'il leur faut pour en établir.
Les 400 000 $ restants prendront la forme de subventions opérationnelles à durée limitée destinées aux organismes non gouvernementaux qui répondent aux besoins des victimes. Ces organismes pourront ainsi offrir aide et services aux victimes qui se retrouvent dans les méandres du système de justice pénale.
Le financement prévu dans le budget 2012 pour les centres d'appui aux enfants et mis en oeuvre par le présent Budget supplémentaire des dépenses double le financement fédéral actuel à l'appui de la création de nouveaux centres d'appui aux enfants et à l'amélioration des centres existants. Des fonds fédéraux ont été annoncés à Winnipeg, Toronto, Vancouver, Regina, Saskatoon, Sioux Lookout et Cornwall. Les fonds fédéraux destinés à ces centres s'élèvent maintenant à 10,25 millions de dollars par année.
[Français]
Le deuxième poste est un transfert, au crédit 5, d'environ 80 000 $ au Bureau de la coordonnatrice de la situation de la femme afin de soutenir le développement des connaissances des fournisseurs de services aux Autochtones en matière d’agression sexuelle envers les jeunes filles. Il s'agit d'un programme coordonné par le Centre d'expertise Marie-Vincent.
Le transfert s'étale sur trois années financières et se terminera à la fin de l'exercice financier de 2014-2015. La contribution du ministère de la Justice totalisera 250 000 $.
[Traduction]
Les objectifs de ce projet sont multiples: offrir davantage de services, et des services améliorés aux jeunes enfants de Montréal et des secteurs environnants qui ont été victimes de violence sexuelle; soutenir les femmes dont les filles ont été victimisées; et resserrer les connaissances de base des fournisseurs de services autochtones, de sorte qu'ils puissent mieux réagir au problème des agressions sexuelles faites aux filles. C'est un transfert à Condition féminine Canada, qui se chargera d'administrer la contribution au programme.
Le troisième élément est le transfert de 500 000 $ au Commissaire à la magistrature fédérale. D'après ce que je comprends, le but de ce transfert est d'aider l'organisation à s'acquitter de ses obligations en vertu de la Loi sur les juges. Étant donné que le ministère ne joue aucun rôle dans les activités quotidiennes de cet organisme avec lequel nous n'avons aucun lien de dépendance, ce qui préserve l'indépendance de la magistrature, je ne peux parler de cela qu'en termes généraux.
Le dernier élément, que je vais aborder très brièvement, est le transfert de 68 000 $ du crédit 1, ressources de fonctionnement, au Bureau du Conseil privé, pour le Secrétariat de la transformation opérationnelle et du renouvellement, à l'appui du travail du Sous-comité de l'administration publique du Comité du Cabinet chargé des priorités et de la planification annoncé par le premier ministre en septembre 2012. On a créé ce secrétariat pour qu'il appuie le sous-comité et pour qu'il imprime une orientation stratégique à la transformation de l'ensemble des services gouvernementaux. Le gouvernement a déjà pris des mesures pour se pencher sur la manière de gouverner et pour l'améliorer. Le Secrétariat de la transformation opérationnelle et du renouvellement continuera de soutenir le travail du comité dans sa recherche d'autres façons d'améliorer les activités pangouvernementales, et il s'agit là du transfert de fonds de la Justice à l'appui de la dotation en personnel de ce secrétariat.
[Français]
Ces quatre postes sont ceux qui figurent dans le Budget supplémentaire des dépenses (C).
[Traduction]
C'est tout ce que nous dirons à propos du Budget supplémentaire des dépenses. Je serai ravi de répondre à vos questions.
Dans le passé, en général, les circonstances exceptionnelles étaient des situations d'urgence que les victimes vivaient à la suite d'un crime, alors qu'il n'y avait aucune autre source de fonds. Dans une grande mesure, souvent, c'était à l'étranger ou dans le Nord, parce qu'il est très difficile d'y offrir des services.
Dans une grande mesure, les situations d'urgence à l'étranger sont maintenant réglées directement parce qu'il y a une enveloppe spéciale pour les services aux victimes à l'étranger. La fenêtre des services d'urgence s'est nettement rétrécie, puisque ces services se limitent à des sommes supplémentaires dans le Nord. À l'origine, c'était pour les situations dans le Nord et à l'étranger, mais il y a maintenant une enveloppe spéciale, dans le Fonds d'aide aux victimes, pour les personnes qui ont été victimes d'un crime à l'étranger.
:
Quelqu'un a d'autres questions à poser à nos témoins?
Étant donné qu'il n'y en a pas, je vais remercier les témoins de leur présence. Vous étiez priés de venir nous parler du Budget supplémentaire des dépenses (C).
Chers collègues, nous allons mettre aux voix le Budget supplémentaire des dépenses (C) mercredi soir. Aujourd'hui, nous obtenions simplement de l'information parce qu'il faudra prendre des décisions. Si le comité souhaite l'approuver, ne pas l'approuver ou le réduire, soit les trois options qui s'offrent à nous, il faut le signaler quatre jours avant la dernière journée de l'opposition à la Chambre. C'était à titre d'information.
Nous vous remercions d'être venus et nous vous reverrons mercredi. Merci beaucoup.
Nous allons faire une pause d'une minute et demander à M. Gill de se placer au bout de la table.
La séance est suspendue.
:
Merci, monsieur le président. Je remercie également mes collègues et tous les membres du comité de me donner l'occasion de comparaître devant vous pour parler de mon projet de loi d'initiative parlementaire, le projet de loi .
J'aimerais commencer en vous donnant les grandes lignes de certains des aspects pratiques du projet de loi, puis je vous ferai part de travaux de recherche à l'appui, et je terminerai par les raisons pour lesquelles je pense personnellement que ces mesures législatives sont nécessaires.
D'abord et avant tout, le but de ce projet de loi est de protéger encore plus nos jeunes et nos communautés en criminalisant le recrutement par des organisations criminelles. Deuxièmement, ce projet de loi a pour but de donner aux responsables de l'application de la loi et à notre système de justice les outils qu'il faut pour s'attaquer aux problèmes associés aux gangs. Ce faisant, le projet de loi donnera aux procureurs et aux responsables de l'application de la loi les outils qu'il leur faut pour résoudre le problème du recrutement par les gangs partout au Canada.
Tous les membres de notre comité et tous les Canadiens sont prêts à admettre que les jeunes définiront la trajectoire de notre pays, et que cette trajectoire sera tracée par les genres d'occasions qui s'offriront à nos jeunes. Les jeunes Canadiens ont une certaine vulnérabilité, et je pense que tous mes honorables collègues ici présents estiment qu'il vaut la peine de les protéger.
Selon la modification que je propose, quiconque invite une personne à faire partie d'une organisation criminelle ou la sollicite à cette fin dans le but d'accroître la capacité de l'organisation est coupable d'un acte criminel et est passible d'une peine d'emprisonnement maximale de cinq ans. De plus, si la personne recrutée, sollicitée, invitée ou encouragée est âgée de moins de 18 ans, la peine minimale obligatoire est de six mois d'emprisonnement. Ces modifications permettront à notre système de justice pénale de tenir les personnes coupables de recrutement dans des organisations criminelles responsables de leurs actions.
J'aimerais maintenant présenter au comité des résultats de recherches qui viennent étayer ce projet de loi.
Dans un document publié en 2008, la GRC a indiqué que les gangs de rue au Canada adoptent des tactiques de recrutement de plus en plus agressives. La tendance est inquiétante: ces organisations criminelles ciblent les jeunes de moins de 12 ans, et vont jusqu'à recruter des enfants de 8 ans. Ces gangs poursuivent impitoyablement nos jeunes, si vulnérables, pour diverses raisons. Ils savent que ceux qui se trouvent dans ces groupes d'âge ne peuvent être formellement accusés d'actes criminels. Ils savent aussi qu'il est facile de faire des pressions sur nos jeunes pour les amener à participer à diverses activités criminelles.
Nos citoyens innocents et vulnérables sont manipulés, contraints, et parfois, obligés d'adopter un style de vie qu'aucun Canadien ne devrait jamais connaître. En 2006, le SCRS a estimé à environ 11 000 le nombre de membres de gangs de rue âgés de moins de 30 ans. Le rapport soulignait que ce nombre continuerait de croître rapidement au fil des années à venir.
Dans ma région et celle de ma famille, la région de Peel, le nombre de gangs a explosé au cours des dernières années. En 2003, il y en avait 39; aujourd'hui, il y en a nettement plus de 110 dans nos voisinages. Cela signifie que les jeunes sont ciblés et que la violence est en hausse.
L'Enquête policière canadienne sur les gangs de jeunes de 2002, commandée par le ministère du Solliciteur général, est la première du genre à avoir été réalisée au Canada. Cette étude qui a fait date donnait des chiffres dont j'aimerais faire part aux membres du comité.
Dans 57 % des 264 services de police sondés, on estime que le problème des gangs de jeunes empire. Le plus préoccupant, c'est que 44 % ont indiqué que les membres de gangs de jeunes avaient créé des liens avec des groupes criminels organisés importants. Ces chiffres montrent qu'il faut reconnaître ce problème au Canada, et que les députés doivent tout faire pour aider les organismes d'application de la loi à assurer la sécurité de nos communautés et de nos jeunes.
Au tout début de la préparation de ce projet de loi, j'ai pris le temps de parcourir notre beau pays pour consulter divers ministères, organismes et intervenants qui oeuvrent auprès des jeunes impliqués dans des gangs. Pendant ces consultations, j'ai découvert la dure réalité de ce que vivent au quotidien ces jeunes qui font partie de gangs. La grande majorité de ceux que j'ai rencontrés m'ont dit que s'ils avaient la chance de sortir de leur gang, il le ferait, et que s'il avait eu à choisir, ils auraient opté pour un autre style de vie.
Un d'entre eux m'a dit qu'il faisait partie d'un gang depuis plus de sept ans. Il n'avait que 19 ans. Il m'a dit qu'au lieu d'aller à l'école, de voir ses amis et sa famille et de faire du sport, il volait les trafiquants de drogue, attaquait les membres de gangs rivaux et vendait de la drogue dans la rue. Ce jeune était un champion au sein de cette organisation criminelle parce que c'était la seule vie qu'il connaissait. Je n'ai pas pu m'empêcher de penser que son zèle au travail aurait pu lui ouvrir les portes d'une carrière honnête et florissante. Si cette loi avait été en place à ce moment, son recruteur n'aurait peut-être pas osé le recruter et la vie de ce jeune aurait sans doute été bien différente.
Pendant mes consultations à Winnipeg, j'ai rencontré le président-directeur général des Clubs Garçons et Filles de Winnipeg. Il m'a raconté une histoire qui montre bien la nécessité de ce projet de loi. Pour ceux qui ne connaissent pas les Clubs Garçons et Filles du Canada, il s'agit d'une organisation nationale qui oeuvre auprès des jeunes en difficulté dans les zones urbaines et qui, par le fait même, se trouve souvent en contact avec des jeunes impliqués dans des gangs.
Le président-directeur général de cette organisation m'a dit qu'à l'un de leurs clubs du centre-ville, des membres d'un gang attendent dans le stationnement tout juste derrière l'édifice dans le seul but de croiser des jeunes et de les inciter à joindre leur rang. Ce n'est là qu'un exemple des tactiques que les gangs utilisent pour cibler les jeunes. Nous devons donc donner aux organismes d'application de la loi et aux tribunaux tous les outils dont ils ont besoin pour bien protéger nos jeunes et amener ces individus à répondre de leurs actes.
Le projet de loi a été lu pour la première fois le 13 février 2012. Depuis, on ne compte plus les actes de violence perpétrés par des gangs partout au pays. Que ce soit à Vancouver, Edmonton, Winnipeg, Toronto, Montréal, ou ailleurs, les pires actes de violence sont souvent attribués à des gangs. J'encourage donc les membres du comité à considérer les avantages de ce projet de loi pour améliorer le sort et le bien-être de nos jeunes et de nos collectivités.
J'aimerais remercier le comité encore une fois de m'avoir invité à prendre la parole. C'est avec plaisir que je répondrai à vos questions.
Merci, monsieur le président.
D'entrée de jeu, je dois vous dire que vous avez raison: le recrutement par les organisations criminelles est un véritable fléau pancanadien, et même mondial. En effet, d'autres pays connaissent exactement la même situation. Je me demande d'ailleurs, étant donné la gravité de ce fléau pancanadien, pourquoi ce dernier est abordé dans un projet de loi émanant non pas du gouvernement, mais d'un député.
Dans le cadre de notre plateforme, au NPD, nous étions favorables au fait de protéger nos jeunes en rendant illégal le recrutement des gangs de rue. Nous sommes donc du côté des victimes; nous disons oui à la répression. C'est un pas dans la bonne direction. À l'instar des Clubs Garçons et Filles du Canada, qui, en passant, ont déposé un mémoire très intéressant, nous disons oui à une sévérité accrue de la loi, mais celle-ci doit s'accompagner de stratégies de prévention solides, par exemple un programme de logement abordable, le développement des jeunes et d'une justice réparatrice et un soutien à la santé mentale. On doit offrir à ces jeunes un véritable choix entre une vie d'honnêtes citoyens, qui peut leur permettre d'accomplir de grandes choses, et la participation aux gangs de rue, qui limite leur horizon à la prison et à la vie des gangs de rue.
En matière de sécurité publique, nous optons pour une approche équilibrée qui allie la prévention et la répression. Certes, ça donne plus d'outils, mais pour que ces derniers soient adéquats, il faut que les ressources policières et humaines affectées au milieu de la rue, dans nos communautés, soient suffisantes. La prévention et la présence de policiers adéquats partout au Canada, c'est le leitmotiv. C'est une des solutions.
Voici donc ma première question.
Dans le cas d'un délinquant reconnu coupable de plusieurs infractions de criminalité organisée, la période d'inadmissibilité à la libération conditionnelle est-elle cumulative?
:
Je vous remercie de poser la question.
Le conseil municipal de Toronto appuie ce projet de loi. Il a été soumis au conseil et a fait l'objet d'une motion.
Je dirais que les gangs sont un problème partout au pays. Aucune région n'est à l'abri, mais le problème est plus grave encore dans certaines grandes villes, notamment Toronto et la région du Grand Toronto. Il est toujours désolant d'apprendre qu'un jeune est impliqué dans une fusillade, une tuerie ou toute autre activité criminelle, mais cela l'est encore plus d'apprendre qu'il a été tué ou qu'il est impliqué dans un mode de vie qui le mènera tout droit dans un cul-de-sac.
Je suis très heureux et très content que les membres du conseil municipal de Toronto aient appuyé ce projet de loi.
Il n'y a pas eu d'opposition à ce projet de loi de la part d'aucun groupe, d'aucun organisme, d'aucun intervenant, à l'exception des députés du Parti libéral, qui se sont prononcés contre en Chambre et, bien sûr, ne l'ont pas appuyé en deuxième lecture.
:
Eh bien, il suffit d'assister une fois à la séance du Comité de la justice pour avoir la parole. Merci beaucoup, monsieur le président.
Monsieur Gill, je vous suis tout à fait reconnaissant de votre témoignage et de vos efforts.
Permettez-moi de m'étendre un peu sur la question. Je représente une communauté rurale du centre de l'Alberta où se trouve la région d'Hobbema, qui compte quatre bandes: la bande de Samson, la bande Ermineskin, la bande Louis Bull et la bande de Montana. Ces collectivités sont tristement célèbres pour les activités des gangs, qui ont déjà été plus de 13 il y a plusieurs années, et pour être la scène de fusillades au volant. D'ailleurs, la mort d'Asia Saddleback, une fillette tuée par balle depuis une voiture en marche, a fait les manchettes nationales. J'ai aussi assisté aux funérailles d'Ethan Yellowbird, un garçon de cinq ans qui a reçu une balle par la faute d'activités suspectes liées aux gangs. La collectivité se montre plutôt silencieuse par crainte de représailles si elle dénonce les membres du crime organisé.
Le gouvernement canadien a beaucoup investi pour prévenir la criminalité chez les jeunes sur place et pour augmenter la taille du détachement de la GRC sur le terrain. Voilà certaines des mesures pleines de bon sens que nous prenons, mais dont le mérite n'est pas toujours reconnu, surtout par nos amis de l'autre côté de la table. Quoi qu'il en soit, la collectivité commence elle aussi à s'en mêler; elle en a assez.
Il n'y a rien de pire que de tolérer la criminalité pour créer un environnement de tolérance à cet égard; c'est la réalité. Si on refuse de tolérer, que la collectivité se mobilise et dit qu'elle en a assez... Le nombre de gangs et leurs activités ont nettement diminué, une baisse attribuable à la volonté de la collectivité de prendre part à la lutte, en dépit de certaines modifications législatives et des investissements dans la force policière.
J'ai l'impression que la collectivité est prête à appuyer votre projet de loi, monsieur Gill. Je vous félicite d'essayer de faire quelque chose qui soit constructif, même si certains critiquent le projet de loi.
Pour me faire l'avocat du diable, je vais vous poser la question suivante. Supposons que votre projet de loi est adopté et qu'un contrevenant est incarcéré après avoir été trouvé coupable de tentative de recrutement dans un gang. Pendant son séjour en prison, combien de jeunes exactement sera-t-il en mesure de recruter? Donnez-moi un chiffre juste.
Croyez-vous qu'il faudrait à un moment donné... Sans vouloir brouiller les cartes, ce que je constate ressemble à ce dont vous avez parlé dans votre témoignage. Certains membres sont recrutés très jeunes par les gangs pour servir de passeurs de drogue, entre autres.
Dans ma circonscription, où le phénomène de gang pose problème, il n'est pas rare que des jeunes soient ciblés, et surtout avant l'âge de 12 ans puisqu'ils sont protégés et ne sont pas tenus criminellement responsables de leurs actes, peu importe l'odieux des gestes qu'ils posent. Ils se font habituellement laver le cerveau, persuader ou menacer, ce qui les incite à poser des gestes qu'aucun enfant normal de cet âge ne devrait même imaginer, et encore moins être contraint à poser.
Avez-vous déjà songé à fixer un seuil différent pour ceux qui tentent de recruter un jeune de moins de 12 ans?
:
Non. L'âge de référence que nous avons retenu est moins de 18 ans, naturellement.
Vous avez absolument raison de dire que les organisations criminelles ciblent nos jeunes, surtout dès l'âge de huit ans. Permettez-moi de vous donner un exemple. Dans le cadre de mes consultations, j'ai rencontré un jeune qui essayait de se sortir des gangs de rue avec l'aide de l'organisme RAGS, les services anti-gang de Régina. Il m'a raconté son histoire.
Ce jeune avait 18 ou 19 ans. Il m'a confié se servir de ses jeunes frères et de sa soeur pour transporter des armes et de la drogue, et pour poser d'autres gestes illégaux. Il le fait pour les mêmes raisons que vous venez de mentionner. Les jeunes frères et soeurs qui n'ont pas l'âge ne peuvent pas être formellement accusés. S'ils se font pincer, le policier pourra les intercepter et interrompre leurs activités, mais personne ne peut vraiment faire quoi que ce soit.
Il est donc vrai que les organisations criminelles et les gangs se servent de jeunes pour accomplir la majeure partie du sale boulot.
:
Merci, monsieur le président.
Merci, monsieur Gill.
Comme mon collègue M. Jacob l'a mentionné, nous appuyons tous la lutte contre les gangs de rue. Quand on vient du comté de Brossard—La Prairie, dans la Rive-Sud, en face de Montréal, on est aussi conscient de ce qui se passe. Il s'agit d'un fléau auquel il faut s'attaquer.
En ce qui a trait à votre projet de loi, mon collègue vous a posé une question qui avait été préparée par les recherchistes de la Bibliothèque du Parlement. Cela portait sur l'article 467.11 du Code criminel. Je ne le lirai pas au complet, mais vous devez savoir que la jurisprudence a démontré que le recrutement pouvait être sanctionné.
Mon collègue vous a demandé si ce projet de loi était vraiment nécessaire, puisque le Code criminel et les tribunaux sanctionnent déjà ce comportement. J'ai entendu votre réponse, mais pourriez-vous me dire si vous êtes au courant d'un cas particulier d'accusation de recrutement qui n'aurait pas abouti? Ce pourrait être quelqu'un qui aurait été accusé de recruter ou de contribuer à l'activité d'une organisation ou d'en accroître la capacité, de faciliter ou de commettre un acte criminel.
Y aurait-il eu un cas où cela n'aurait pas pu être traité par le système parce que votre projet de loi n'était pas adopté?
:
Merci, monsieur le président.
Je tiens à remercier mon collègue, M. Gill, de comparaître aujourd'hui.
Les partis de l'opposition ont soulevé un certain nombre de préoccupations aujourd'hui.
Ils ont notamment parlé des peines minimales obligatoires. En fait, le Canada en impose depuis longtemps, et même depuis le début du XXe siècle. Elles visent habituellement les crimes particulièrement choquants et odieux aux yeux du grand public. Alors le fait que les députés expriment des craintes légitimes et invoquent des arguments concernant un autre projet de loi... ce n'est pas applicable dans ce cas-ci. Le recrutement d'un jeune pour l'initier à la criminalité est un aspect du problème des gangs particulièrement choquant aux yeux de mes électeurs. Nous devons donc imposer des peines minimales obligatoires pour communiquer notre volonté de mettre un terme à ces crimes odieux.
Le projet de loi précédent n'apportait même pas de clarté supplémentaire au Code criminel, contrairement à celui dont nous sommes saisis. En effet, celui-ci enverra un message général, à savoir que les gangs sont un problème dans nos villes canadiennes, et que nous avons besoin de toute une gamme d'outils d'application de la loi, et plus particulièrement d'une peine minimale obligatoire.
Le gouvernement appuie le projet de loi conformément à son engagement de longue date à renforcer la lutte contre la criminalité, y compris le crime organisé, comme en témoignent bien des engagements électoraux ainsi que le discours du Trône. Par exemple, le projet de loi adopté en 2008 prévoit des peines minimales obligatoires pour les infractions graves qui mettent en jeu des armes à feu et qui sont liées au crime organisé; le projet de loi , adopté en 2009, prévoit quant à lui que les meurtres liés à une organisation criminelle sont automatiquement des meurtres au premier degré, et érige en infraction les fusillades au volant d'une voiture; de plus, un règlement sur les infractions graves a été adopté en 2010 concernant les dispositions du Code criminel sur le crime organisé; et plus récemment, le projet de loi , la Loi sur la sécurité des rues et des communautés, prévoit des peines minimales obligatoires pour les crimes liés à la drogue commis au profit ou sous la direction d’une organisation criminelle, ou en association avec elle.
Monsieur Gill, vous proposez dans votre projet de loi de créer un nouveau crime punissable en vertu du Code criminel, qui empêcherait quiconque de recruter une personne pour faire partie d’une organisation criminelle, ou de l’inviter ou de l’encourager à en faire partie, ou bien de la solliciter dans le but d’accroître la capacité de cette organisation de faciliter ou de commettre un acte criminel.
Je vais m'arrêter ici, monsieur le président, car le projet de loi vient préciser que cet aspect particulier du crime organisé est inacceptable dans notre société. C'est pour cette raison que je trouve qu'il apporte une clarté au Code criminel, surtout en faisant ressortir cette activité odieuse. Il se passe bien des choses au sein du crime organisé. Je remercie M. Mai d'avoir exprimé ses craintes, mais voilà un aspect auquel nous devons dire que ça suffit.
De toute manière, même si bien des membres de l'opposition prétendent que les peines minimales obligatoires ne fonctionnent pas, cette infraction sera passible d'un emprisonnement maximal de cinq ans, et d'une peine minimale obligatoire de six mois si la personne recrutée a moins de 18 ans.
Pour revenir à votre témoignage, monsieur Gill, comment pensez-vous que cette peine minimale obligatoire permettra de coincer les gangs qui ciblent les éléments les plus vulnérables au sein de notre société? Quel genre de message enverra-t-elle au milieu criminel dans son ensemble? Comme vous l'avez dit, le conseil municipal de Toronto affirme qu'il s'agit d'un problème récurrent et appuie votre projet de loi.
Quel signal une peine minimale obligatoire enverra-t-elle à ceux qui commettent ces crimes?
:
Merci de me poser la question.
Ce projet de loi pourrait faire comprendre très clairement aux recruteurs en puissance et aux recruteurs actuels commettant ces crimes que nous prenons la chose très au sérieux, que nous allons voir à ce qu’ils répondent de leurs gestes, et qu’il y aura de graves conséquences à agir de cette façon.
Évidemment, les moyens sont très perfectionnés de nos jours… Nous vivons à l’ère d’Internet. Les gangs ont recours à des méthodes sophistiquées pour recruter en masse des personnes vulnérables, ciblant tout particulièrement les jeunes.
Pour ce qui est de l'imposition d'une peine minimale obligatoire, la plupart des personnes que j'ai consultées et avec qui j'en ai discuté, des organismes d'aide aux victimes et d'autres organisations, sont en faveur d'une telle solution. Tout le monde appuie l'idée. La question qu'on nous pose souvent est « Pourquoi six mois, et pourquoi la peine minimale ne peut-elle pas être plus longue que cela? ».
:
Merci, monsieur le président.
Nos deux partis sont en désaccord en ce qui a trait au pouvoir discrétionnaire des juges à l'égard des peines minimales obligatoires.
Les prisons ou les maisons de correction sont des incubateurs à criminels. C'est l'endroit rêvé pour les recruteurs. J'ai connu quelqu'un — j'ai travaillé avec lui il y a des années — qui avait volé une voiture, une balade qui avait laissé quelques éraflures sur le véhicule. Il est allé en prison, dans un établissement correctionnel, et en cinq jours, il a été violé trois fois. Il faut penser aux conséquences que cela peut avoir sur la vie de quelqu'un.
Vous avez fait du très bon travail. À vous écouter parler du processus que vous avez suivi et des gens que vous avez consultés, je comprends d'où vous sont venues certaines de ces idées. C'est dommage que vous n'ayez pas vu le rapport des Clubs Garçons et Filles du Canada, car on y propose d'offrir aux jeunes un endroit véritablement sûr où se loger, en plus de leur donner accès à des programmes de soutien à l'éducation et à l'emploi, qui les aident à réaliser leurs aspirations et à réparer les dommages qu'ils ont subis alors qu'ils faisaient partie d'un gang.
J'ai été commissaire d'école à la commissaire scolaire de Hamilton le temps de deux mandats. J'ai vu les ravages causés par les gangs; c'était horrible. Je crois que tout le monde serait d'accord avec moi là-dessus.
Cela a dû être un travail colossal à abattre pour un seul député.
Selon moi, c'est une initiative qui demande une intervention générale de la part du gouvernement, qui doit prendre des mesures préventives pour empêcher les gangs de s'immiscer dans le coeur de la collectivité et d'être présents à d'autres niveaux de la société.
À l'article 14, vous réintroduisez une nouvelle infraction à l'égard de l'inversion du fardeau de la preuve, ce qui va s'avérer problématique. Il y a plusieurs facteurs à considérer.
Je vous félicite sincèrement pour les efforts que vous déployez afin de remédier à la situation, et je suis d'accord avec tous ceux qui disent que c'est un fléau, mais comme vous pouvez le voir, je suis quelque peu sidéré. Le problème est tellement plus complexe que cela, et il y a tellement plus de choses que le gouvernement doit faire face à cela.
J'essaie de lire mes notes, mais cela me met presque hors de moi. J'ai rempli six ou sept pages de commentaires. Je n'essaierai même pas de vous en parler, parce que je n'ai pas l'intention de démolir votre projet de loi. Je tiens par contre à dire que vous travaillez effectivement sur un problème de taille, mais que vous devriez retourner voir votre gouvernement pour l'inciter à examiner la situation dans son ensemble et à intervenir en conséquence. Il faut trouver des moyens pour éviter que des gens se retrouvent dans cette position en premier lieu.
Pensons à l'itinérance, par exemple. Pensons aux milliers de jeunes qui vivent en foyer d'accueil; ils ont été retirés de leur milieu pour être placés ailleurs, et c'est là que la violence s'installe. Il y a tellement d'avenues à explorer, et je pense que nous pouvons en faire beaucoup plus encore. Comment peut-on s'opposer à cela?
Le seul réel problème ici, c'est l'imposition de peines minimales obligatoires et l'idée de retirer le pouvoir discrétionnaire des juges. En Ontario, Mike Harris voit cela comme un dernier recours... J'oublie le terme qu'on emploie — Mike, vous vous en souvenez peut-être —, mais si un élève se présentait à l'école avec quelque arme que ce soit, il était automatiquement suspendu. Avant, le commissaire pouvait user de son discernement: on présentait le cas au conseil scolaire et on en discutait avec les membres; les membres prenaient une décision, et il pouvait arriver qu'on décide d'oublier l'incident.
On a vu un élève de 12 ans avec un canif long comme ça. Il se tenait en face de l'école, de l'autre côté de la rue. Il a montré le couteau à une fille en lui disant « je devrais te couper ». Il n'en pensait rien. Il était en train de sculpter quelque chose. Il nous a dit qu'il avait dit cela à la blague. C'était un premier de classe. Il a été suspendu pendant une année. Il a dû quitter Hamilton pour aller dans un établissement spécial à Waterloo pendant un an. Il devait payer pour son transport.
C'est ce qui arrive quand on élimine le pouvoir discrétionnaire et les peines minimales obligatoires. Dans ce cas-là, on aurait pu éviter toute cette misère.
À ce que je sache, ce jeune... Il pleurait à chaudes larmes quand il est apparu devant nous avec son père. Il avait fait une erreur, et si on avait eu le pouvoir discrétionnaire de le faire, on aurait pu corriger la situation.
C'est ce qui pose problème avec les peines minimales obligatoires. Les juges ont examiné d'innombrables dossiers tout au long de leur carrière, et vous leur enlevez tout pouvoir discrétionnaire.
Cela peut sembler ironique, mais je vous félicite pour le travail que vous avez fait dans ce dossier. Je crois cependant qu'on est loin d'aborder le problème dans toute son ampleur.
Je ne vais pas poser de question. De toute évidence, monsieur le président, je suis trop énervé pour formuler une question correctement.
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Merci, monsieur le président.
Parfois, je reste là à écouter les commentaires qui sont formulés.
Vous savez, j'éprouve le même sentiment que vous, monsieur Marston, mais face à votre position à vous. Je ne peux m'empêcher de secouer la tête quand j'entends des commentaires comme « les prisons sont des incubateurs à criminels ». C'est peut-être vrai dans une certaine mesure, mais si c'était aussi grave que vous le dites, nous aurions un taux de récidive de 100 %, et ce n'est franchement pas le cas. L'emprisonnement ne pousse pas nécessairement quelqu'un à mener une vie de criminel.
Vous avez dit que c'était terrible d'envisager d'inverser le fardeau de la preuve.
Monsieur Gill, votre projet de loi prévoit entre autres d'inverser le fardeau de la preuve pour la mise en liberté provisoire; l'accusé aurait à prouver qu'il mérite de retourner dans la collectivité. Cela me semble être une bonne chose, car les recruteurs des gangs devraient peut-être prouver pourquoi ils méritent de réintégrer la société, où ils tenteront vraisemblablement de recruter plus de membres.
Vous pourriez peut-être nous dire pourquoi c'est un volet positif du projet de loi.
Je crois que les députés d’en face oublient parfois que le but du système juridique n’est pas seulement de rendre justice, mais aussi faire en sorte qu’il y a apparence de justice. Le grand public doit avoir le sentiment que justice a été rendue. C’est pourquoi je pense qu’avec les peines minimales obligatoires, que vous proposez… Rappelons-nous qu’il est question du recrutement de jeunes de moins de 18 ans. Ils recrutent des jeunes au sein d’organisations criminelles.
Certains membres du comité n’arrêtent pas de demander pourquoi on n’adopte pas une approche davantage axée sur la justice réparatrice. Je rappelle à mes collègues que c’est un projet de loi d’initiative parlementaire. C’est votre loi. Ce n’est pas une législation gouvernementale. Un député a décidé de s’attaquer au problème.
Mes collègues ont exprimé des réserves en ce qui a trait aux Clubs Garçons et Filles. Je souligne qu’ils ont affirmé ce qui suit:
Les Clubs Garçons et Filles se sont réjouis de l'annonce par le gouvernement de la deuxième phase du Fonds de lutte contre les activités des gangs de jeunes, qui appuie les projets de prévention prometteurs ayant démontré leur efficacité dans des collectivités touchées par l'activité des gangs.
Notre système juridique ne prévoit pas que des sanctions; il y a aussi quelques « carottes » à travers tout cela.
Pourriez-vous nous donner vos commentaires là-dessus également, et nous dire quelle importance ces deux éléments revêtent ensemble?
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Comme je l’indiquais plus tôt, monsieur Seeback, je suis en faveur de la prévention. J’aurais voulu que ce problème ne se présente jamais. J’aurais voulu que cela n’existe pas. J’aurais préféré ne pas y être confronté aujourd’hui.
C’est vrai que le système offre quelques carottes. Les différents ordres de gouvernement offrent des tonnes de programmes. Des fonds sont versés par les gouvernements et les organisations telles que les Clubs Garçons et Filles, qui font du travail extraordinaire. J’appuie toutes ces choses.
Parallèlement, il faut comprendre que c’est un problème extrêmement grave, surtout quand il est question des jeunes, de protéger nos jeunes, nos collectivités et nos quartiers. Au bout du compte, il s’agit de protéger notre avenir. Nos jeunes et notre avenir. À moins de prendre des mesures sérieuses pour y arriver, la situation va devenir incontrôlable.
Cela ne suffira peut-être pas pour régler le problème. Je dis simplement que mon projet de loi permettra d’améliorer un peu la situation. Si au bout du compte cela permet de sauver une vie, j’en serai très heureux. J’aurai atteint le but que je me suis fixé.
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Cela répond à ma question.
Je tiens à répéter, au cas où ce ne serait pas clair, que nous savons que c'est un problème. Nous pensons qu'il est important de nous attaquer au problème des gangs, et c'est un outil qui nous permettra d'avancer dans la bonne direction. Nous avons évidemment parlé de prévention. C'est la ligne que vous avez choisi de suivre, et je comprends que c'est un projet de loi d'initiative parlementaire; c'est votre droit. Vous pourriez peut-être nous dire pourquoi le gouvernement n'est pas prêt à en faire plus que cela, mais je ne suis pas certain que vous allez le faire.
Pour revenir à certains des points que nous avons soulevés concernant les peines minimales obligatoires et la charte des droits, parce que nous nous apprêtons à retirer un droit qui est protégé par la charte, je me demandais si vous aviez examiné cet aspect de la chose. Je crois que M. Jacob a d'ailleurs posé la question. Est-ce que quelqu'un, par exemple un expert, une des personnes que vous avez rencontrées ou un intervenant, a étudié la question par rapport à la charte? Normalement, quand une telle initiative vient du gouvernement, il est obligé de tenir compte de cet aspect, même si nous ne sommes pas certains qu'il le fasse toujours. Dans ce cas-ci, pouvez-vous nous dire si vous vous êtes penché là-dessus et qui vous avez consulté?
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Ce n'est pas une question philosophique. C'est une question de construction et d'interprétation.
L'article 12 modifie l'alinéa 486.2(5)a) du Code criminel, aides au témoignage, et votre projet de loi propose de modifier le libellé de la version française.
En ce moment, le libellé de la version française est le suivant: « une infraction grave présumée avoir été commise ». En anglais, on dit « presumed to have been committed ». Le projet de loi propose de remplacer cette phrase par « une infraction grave censément commise », c'est-à-dire « an offence supposedly or purportedly committed » en anglais.
« Censément » n'est utilisé nulle part ailleurs dans le Code criminel pour décrire une infraction censée avoir été commise, contrairement à l'expression « présumée avoir été commise ». De plus, « censément » n'est pas un concept approprié pour ce qui est des infractions criminelles. Selon les principes de la rédaction législative, l'expression « présumée avoir été commise » devrait être conservée pour faire en sorte qu'elle soit utilisée uniformément et ait le même sens dans tout le Code criminel.
La question de l'heure est la suivante: cela vous convient-il?
Merci, monsieur Gill, de vos commentaires concernant ce projet de loi. J'aimerais d'abord dire que le recrutement a changé au fil des ans. Depuis l'époque où, comme policier, je participais à des opérations d'infiltration chez les Hells Angels, les choses ont changé. Je pense que c'est ce qu'on ne voit pas dans tout cela. C'est que les gangs dont nous parlons aujourd'hui sont beaucoup plus immatures et beaucoup plus effrontés que les Hells Angels ou les Bandidos, qui essaient de ne pas s'impliquer dans des infractions criminelles ou d'être discrets, car ils ne veulent pas se faire prendre.
La chose la plus importante que j'ai remarquée au fil des ans est l'intimidation. On l'utilise normalement pour une ou deux raisons. Quelqu'un d'autre commet le crime et le recruteur en bénéficie, ou le recruteur peut éviter de purger une peine d'emprisonnement et laisser un plus jeune aller en prison à sa place. Les intimidateurs font généralement du mal à la famille ou aux amis. C'est la façon de faire normale, et elle fonctionne très bien.
Je suis entièrement d'accord avec vous à ce sujet.
J'ai une question. Pendant la période où vous avez traversé le Canada pour ce projet de loi, avez-vous été en mesure de déterminer si plus de femmes étaient recrutées?
Merci, monsieur Gill, d'être venu nous parler de votre projet de loi.
J'aimerais rappeler aux membres du comité que nous poursuivrons cette discussion lundi prochain. Pendant la première heure, deux témoins ont confirmé leur présence. Le ministre de la Justice du Manitoba sera parmi nous ainsi que le vice-président de l'Association des policiers de Winnipeg. Cela nous fait un témoin sur la liste des conservateurs et un autre sur celle du NPD. S'il y a des témoins que les libéraux aimeraient inviter, nous serons heureux de les accueillir. Avec un peu de chance, nous terminerons au cours de la première heure et pourrons ensuite passer à l'étude article par article.
Pour mercredi, je vous rappelle de vérifier l'endroit où se tiendra la réunion. Nous nous trouverons dans l'édifice du Centre, avec le ministre pendant la première heure et les fonctionnaires pendant la seconde, pour parler du Budget principal des dépenses.
Le président: Madame Boivin.