Bienvenue à la 44e réunion du Comité permanent de la justice et des droits de la personne. Conformément à l'ordre de renvoi du mercredi 20 juin 2012, nous étudions le projet de loi .
Aujourd'hui, nous accueillons Josephine Santos, gérante en programmes, Initiative des meilleures pratiques de soins de longue durée, de l'Association des infirmières et infirmiers autorisés de l'Ontario; Melanie Perka, superviseure en programmes sociaux, Groupe d'intervention pour la violence envers les personnes âgées, de Catholic Social Services; et Patrick Power, travailleur social en programmes sociaux, Groupe d'intervention pour la violence envers les personnes âgées, de la ville d'Edmonton. Les groupes d'intervention pour la violence envers les personnes âgées ne forment qu'une seule entité.
Dans sa lettre, le greffier vous a expliqué que si vous aviez un exposé, vous aviez jusqu'à 10 minutes pour le livrer. Je vous ferai signe après 9 minutes, ce qui permettra de répartir le temps équitablement. Une fois tous les exposés livrés, les membres du comité vous poseront des questions.
Comme je l'ai déjà expliqué, la sonnerie retentira à 17 h 15, et nous terminerons la réunion à ce moment-là.
Madame Santos, si vous avez un exposé, veuillez commencer.
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Bonjour. Je m'appelle Josephine Santos. Je représente l'Association des infirmières et infirmiers autorisés de l'Ontario, ou l'AIIAO. Je suis infirmière autorisée et je supervise le travail de l'association sur la prévention de la violence envers les personnes âgées. Ce dossier a toujours été une priorité de notre association, et nous sommes heureux d'avoir l'occasion de parler devant le Comité permanent de la justice et des droits de la personne au sujet du projet de loi .
Les infirmières et infirmiers croient fermement que personne ne mérite d'être victime de maltraitance ou de négligence. Toutes les personnes âgées devraient être en mesure de vivre leurs dernières années dans le respect, la dignité et la sécurité. À titre individuel et en tant que membres de la société, nous devons protéger les personnes âgées et enrayer complètement la maltraitance dont elles sont victimes, car c'est notre devoir.
L'AIIAO appuie sans réserve les modifications proposées au Code criminel visant à tenir compte de l'âge et de tout autre élément de la situation personnelle, par exemple, la santé et la situation financière. Toutefois, ces modifications n'entraîneront pas, à elles seules, les changements nécessaires pour mettre fin à la maltraitance et à la négligence à l'égard des aînés.
Étant donné qu'un grand nombre de cas de maltraitance des aînés ne sont pas signalés, l'AIIAO encourage fortement l'adoption d'une approche à plusieurs volets qui vise, entre autres, la prévention efficace des causes fondamentales de la vulnérabilité des aînés à la maltraitance et à la négligence, par exemple, la pauvreté, la discrimination, l'isolement social et le manque de logements abordables. Les recommandations de l'AIIAO sur la façon d'agir sur ces déterminants sociaux de la santé sont décrites plus en détail dans le mémoire que nous avons remis au comité.
De novembre 2011 à avril 2012, j'ai eu le privilège de représenter l'AIIAO au sein du Groupe de travail sur les soins et la sécurité dans les foyers de soins de longue durée de l'Ontario. Le groupe de travail a été créé en réponse aux articles parus dans les médias au sujet de cas de maltraitance et de négligence — dont certains n'avaient pas été signalés — dans les foyers de soins de longue durée. En 2011, plus de 3 200 incidents de maltraitance et de négligence ont été signalés au ministère de la Santé et des Soins de longue durée de l'Ontario. Cela signifie environ 3,5 cas par 100 lits d'établissements de soins.
Les sondages, les mémoires et l'examen de la preuve nous ont appris que parmi les facteurs les plus importants menant à la violence et à la négligence dans ce secteur, on compte les problèmes liés au personnel — par exemple, un nombre insuffisant d'employés, une charge de travail élevée et un manque de formation et de compétences. Il y a aussi d'autres facteurs, notamment la démence, la santé mentale et la toxicomanie menant à des comportements agressifs ou violents. Un résidant peut parfois être victime de violence et représenter un danger pour lui-même, pour d'autres résidants ou pour les employés. En fait, environ la moitié des incidents signalés en 2011 concernaient la violence entre résidants. Cela signifie que les résidants ayant des besoins particuliers doivent être mieux appuyés, afin de garantir leur sécurité et celle de tous les autres vivant dans leur milieu. Parmi les domaines dans lesquels on doit apporter des améliorations sur le plan de la sécurité, on retrouve le financement des établissements spécialisés, les services spécialisés dans les établissements de soins de longue durée, les conditions physiques appropriées, les programmes spécialisés et un nombre suffisant d'employés possédant les connaissances et les compétences nécessaires pour prendre soin de résidants vulnérables ayant de grands besoins.
En mai 2012, le Groupe de travail sur les soins et la sécurité dans les foyers de soins de longue durée a publié son rapport avec une liste de 18 actions pour améliorer les soins et la sécurité — des actions qui ne sont pas seulement pertinentes en Ontario, mais aussi d'un océan à l'autre. En plus d'appuyer ces actions, l'AIIAO a récemment envoyé des commentaires à notre gouvernement provincial dans le but d'aider à améliorer la stratégie des soins aux personnes âgées de l’Ontario. Nous vous avons apporté des exemplaires de ce mémoire, car il contient nos recommandations fondées sur des données probantes sur la façon d'améliorer les soins aux personnes âgées, les soins de santé et la sécurité dans tous les secteurs, y compris les normes minimales en matière de soins infirmiers dans les soins de longue durée.
À l'aide du financement du gouvernement fédéral, l'AIIAO et l'Association des infirmières et infirmiers du Canada ont créé, en 2010, les centres d’excellence pour la prévention des mauvais traitements envers les aînés dans 10 établissements de soins de longue durée au pays. Cette initiative a entraîné des résultats positifs, par exemple, les employés qui s'occupent de cas de maltraitance ont modifié leur comportement et ils se sentent plus compétents. Pour continuer sur la lancée de ce projet, l'AIIAO, grâce au financement du gouvernement fédéral, élabore des lignes directrices sur les pratiques exemplaires qui mettront l'accent sur la sensibilisation, la prévention, la détection et les stratégies d'intervention à mettre en oeuvre lorsqu'on soupçonne ou qu'on signale des cas de maltraitance ou de négligence. Ces lignes directrices s'ajouteront à celles déjà élaborées par l'AIIAO et fondées sur l'observation en clinique, par exemple, les soins centrés sur le client, le dépistage et les stratégies de soins pour les adultes âgés souffrant de délire, de démence et de dépression, la promotion de la sécurité, les différentes méthodes de contention et la prévention et la gestion de la violence en milieu de travail.
Toutes ces directives fondées sur l'observation, et des ressources pour leur mise en oeuvre, peuvent être téléchargées gratuitement sur notre site Web, ainsi que des renseignements sur l'Initiative des meilleures pratiques de soins de longue durée de l'AIIAO.
Merci encore une fois de nous avoir donné l'occasion de vous parler aujourd'hui. J'ai hâte de répondre à vos questions.
C'est un grand honneur pour moi de vous parler aujourd'hui d'un sujet aussi important, non seulement pour les équipes que je représente, mais aussi pour de nombreuses personnes âgées au pays.
À Edmonton, Catholic Social Services a mis sur pied des ressources et des appuis en matière de maltraitance des aînés pour travailler avec les cas présentant un risque faible à modéré, et pour répondre aux appels reçus à la ligne d'information sur la maltraitance des aînés. Nous avons aussi un partenariat avec l'équipe d'intervention pour la violence envers les personnes âgées, qui s'occupe des cas à risque élevé. Nos équipes veillent à ce que la question de la maltraitance des aînés cesse d'être un sujet tabou au sein de la société canadienne.
La modification proposée au Code criminel dans le projet de loi C-36 et l'appui qu'elle a reçu à ce jour démontre que notre gouvernement fédéral reconnaît aussi la nécessité d'examiner attentivement le problème de la maltraitance des aînés et de le dénoncer. Selon les documents actuels, les seuls arguments s'opposant à la modification proposent, en fait, d'en faire plus, ce qui correspond à la position présentée aujourd'hui.
Voici la modification proposée:
que l'infraction a eu un effet important sur la victime en raison de son âge et de tout autre élément de sa situation personnelle, notamment sa santé et sa situation financière,
J'aimerais attirer l'attention de ceux qui n'ont pas travaillé directement sur le dossier de la maltraitance des aînés sur les mots « un effet important », afin de mieux comprendre la portée de cet effet et toutes ses subtilités.
J'ai personnellement vu une personne âgée pleurer et perdre ses moyens pendant qu'elle révélait les supplices que lui avait infligés son fils toxicomane. Réfléchissez un moment au mot « supplice ». Qu'est-ce qui vous vient à l'esprit? Vous pourriez vous dire qu'il lui a quémandé de l'argent pour s'acheter de la drogue ou qu'il a mis des trésors familiaux en gage pour se procurer l'argent. C'est probable, mais cette dame a aussi parlé d'une nuit horrible pendant laquelle, dans une rage provoquée par la drogue, son fils lui a fait descendre un escalier en la tirant par les cheveux et en lui mettant le couteau sous la gorge pour la prendre en otage. Dans ce cas, les mots « un effet important » ou même « supplice » ne semblent pas suffisants. Je pourrais littéralement vous fournir des pages de scénarios qui montrent à quel point ces effets importants peuvent être nuisibles et destructeurs pour la santé et le bien-être d'une personne âgée.
Les effets de l'exploitation financière des aînés sont aussi dévastateurs. L'an dernier, notre équipe a participé à une enquête sur un cas d'exploitation financière où la somme volée à un couple dépassait plusieurs millions de dollars. Ce qui est surprenant, c'est qu'une telle somme ait été volée à un couple de personnes âgées de la classe moyenne par leur petit-fils. Le couple a été forcé de déclarer faillite, de vendre leur maison et d'annoncer à leurs créditeurs qu'ils ne pouvaient plus les rembourser. On ne peut pas mettre un prix sur les perturbations qu'entraînent de tels évènements dans la vie d'une personne âgée ou dans celle de n'importe qui. Les conséquences sont beaucoup plus graves.
Il est aussi important de souligner que notre équipe a mis l'accent sur la santé, et que cela comprend non seulement la santé physique, mais aussi le bien-être psychologique, social et spirituel. Selon Santé Canada, le vieillissement sain est « un processus permanent d'optimisation des possibilités permettant d'améliorer et de préserver la santé et le bien-être physique, social et psychologique, l'autonomie et la qualité de vie ainsi que de favoriser les transitions harmonieuses entre les différentes étapes de la vie ». Lorsque l'un de ces aspects est compromis, ou s'ils le sont tous, la santé de la personne âgée dans son ensemble risque davantage de décliner, en raison du caractère irréparable de certains des dommages infligés.
La maltraitance est un traumatisme. Au cours d'un séminaire, la Dre Covington, une spécialiste en traumatisme, a dit:
Un traumatisme peut entraîner un TSPT dans le système limbique. ... Un traumatisme provoque un déséquilibre dans la chimie du cerveau et peut prédisposer une [personne] à la consommation d'alcool et de drogue, aux troubles de l'alimentation, à l'automutilation et aux problèmes de santé mentale.
Selon un article du National Institute of Justice Journal, la démence chez les personnes âgées peut exacerber le traumatisme causé par une agression sexuelle. Une étude a d'ailleurs démontré que sur 20 personnes âgées victimes d'agression sexuelle, 11 sont décédées pendant l'année suivant l'agression.
Au cours de nos interventions auprès d'aînés maltraités, nous avons constaté que les perturbations à la santé sur les plans social et spirituel pouvaient provoquer une dépression, l'anxiété, des tendances suicidaires et d'autres problèmes de santé mentale. Il faudrait aussi mentionner que la culpabilité qui ronge la personne âgée maltraitée peut être extrêmement pénible, car l'agresseur est souvent son propre enfant adulte qu'elle a élevé de son mieux, ou un petit-fils ou petite-fille qu'elle avait été heureuse de voir naître, et non un étranger.
Pour ces raisons, et un grand nombre d'autres, un système pénal qui permet de tenir compte de ces effets lors de la détermination de la peine pourrait ne pas réussir à provoquer un changement mesurable en ce qui concerne la maltraitance des aînés, car un grand nombre d'entre eux ne souhaitent pas lancer une enquête criminelle contre un être cher. Il existe sans aucun doute une peine appropriée pour ceux qui maltraitent les aînés, mais dans un grand nombre de cas, ce qui est encore plus important, c'est que les personnes qui aident les aînés à se sortir d'une situation de maltraitance ont besoin de ressources, de financement et d'appui.
Le résumé législatif publié en avril dernier a été très clair à ce sujet:
un examen de la littérature sur la maltraitance des aînés a remarqué que « le recours au droit criminel est moins fréquent quand ce sont les personnes âgées qui sont l'objet de maltraitance et de négligence ».
Selon les statistiques de notre équipe, de décembre à mai dernier, la violence émotionnelle a représenté presque 30 p. 100 de notre travail. La violence émotionnelle constitue rarement une infraction punissable dans le cadre d'une enquête criminelle. Pour cette raison, un grand nombre de personnes qui appellent notre ligne d'information, à Edmonton, nous communiquent leur grande frustration ou leur sentiment d'injustice après avoir signalé, comme les annonces et les affiches leur ont dit de le faire, un cas de maltraitance envers une personne âgée. Ils ne se rendent pas compte des limites des interventions — sur le plan légal, etc. Nous espérons donc que le gouvernement fédéral continuera de s'occuper de la question.
Nous recommandons respectueusement de maintenir — ou même d'augmenter — le financement des programmes de services sociaux qui forment de telles équipes. Il est très important de se pencher sur la question d'un salaire plus équitable, car un grand nombre de ces travailleurs viennent d'organismes à but non lucratif au sein de la collectivité et il y a un grand roulement, car ils se dirigent ensuite vers les postes financés par le gouvernement, pour lesquels ils sont mieux payés. De plus, il faudrait surtout appuyer les interventions, sensibiliser la population et exercer des pressions pour qu'on effectue l'examen des lois provinciales et des lois qui, dans certains cas, protègent les agresseurs.
Je vous remercie encore une fois de faire ces premiers pas en vue d'honorer les aînés et la population la plus vulnérable du Canada. Je me servirai de l'expérience acquise par notre équipe dans ce domaine difficile pour répondre à vos questions.
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D'accord, mais je ne pense pas parler plus de six minutes.
Tout d'abord, j'aimerais vous remercier de m'avoir invitée. Je veux aussi vous féliciter d'avoir travaillé sur la modification proposée.
Je travaille dans le domaine de la maltraitance des aînés depuis près de 30 ans. Au cours de ma carrière, mes collègues et moi-même avons tenté d'encourager l'adoption d'une loi plus sévère.
Les personnes âgées maltraitées sont plus vulnérables que les jeunes. Les effets sur leur santé, leurs finances et leur qualité de vie peuvent être plus importants. Nous voulons faire passer le message que la maltraitance des aînés est tout simplement inacceptable.
Par contre, il s'agit d'un sujet extrêmement complexe. Très souvent, la victime entretient une relation de confiance avec l'agresseur; par exemple, il peut s'agir d'un enfant adulte. Parfois, cette personne est le seul lien émotionnel entretenu par la victime. La situation est donc très complexe — rien n'est tout blanc ou tout noir —, mais les conséquences peuvent être très graves. C'est pourquoi j'aime que la modification tienne compte des circonstances aggravantes. À mon avis, c'est essentiel.
Je crois aussi qu'il est important de faire la différence entre l'agresseur qui est aussi un membre de la famille de la victime et la personne qui profite d'un aîné en raison de son âge et de sa vulnérabilité. Les enjeux sont très différents dans chaque cas. Prenons l'exemple du soignant privé, du comptable ou du voisin qui profite de la personne âgée sur le plan financier ou qui lui prodigue des soins de piètre qualité: ces gens ne profitent pas nécessairement d'une valeur émotionnelle positive. Ils agissent seulement par appât du gain ou par désir de contrôler. Je pense que les conséquences pour ces gens... Il faut être clair: la maltraitance est inacceptable.
Très souvent, si l'agresseur est un membre de la famille, l'aîné maltraité a beaucoup de difficulté à dénoncer la situation. En effet, il ne voudra pas se rendre devant les tribunaux et ne dira rien contre le membre de sa famille, car il a peur d'être abandonné ou de faire l'objet de représailles, ou il a d'autres raisons.
Je remets en question la façon dont ce type de loi sera mis en oeuvre. Je crois fermement que pour qu'une telle loi soit efficace, il faut que les procureurs connaissent bien les questions qui touchent les personnes âgées et le sujet de la maltraitance des aînés et que les juges doivent savoir poser des questions pertinentes à cet égard. Il faut aussi planifier la façon dont ces cas seront présentés devant les tribunaux, car une personne âgée ne témoigne pas comme une jeune personne. Tous les éléments peuvent être assez différents.
Il est aussi important de déterminer si la personne âgée est mentalement capable ou non, car cela a aussi des effets sur le degré de vulnérabilité. Cela est lié aux circonstances aggravantes et aux conséquences sur la personne âgée. Encore une fois, l'aîné maltraité physiquement ou exploité financièrement n'est pas nécessairement mentalement capable; les gens de son entourage doivent donc témoigner à sa place, ce qui peut causer des difficultés.
Je suis d'accord avec ma collègue, c'est-à-dire que nous devons aussi offrir les ressources appropriées, que ce soit pour les soins de santé ou pour accompagner une personne âgée qui veut porter plainte et témoigner ou porter des accusations contre une personne qui l'a maltraitée. En effet, les aînés trouvent ce processus terrifiant et difficile.
En ce qui concerne les circonstances aggravantes, j'aimerais ajouter qu'à mon avis, elles surviennent lorsque les besoins d'une personne ne sont pas satisfaits. Par exemple, elle ne reçoit pas les soins de santé appropriés, elle ne fait pas l'objet d'une supervision adéquate, et ses médicaments ne sont pas bien gérés. Toutefois, lorsqu'une personne se retrouve sans ressources financières pour vivre selon le mode de vie auquel elle était habituée, cela a aussi des effets importants sur les plans émotionnel et psychologique, et sur sa qualité de vie.
Il y a un autre élément qui me préoccupe un peu. J'ai mentionné que la personne âgée ne souhaite pas nécessairement porter des accusations contre la personne qui la maltraite. C'est ce que j'appelle « signaler » les cas de maltraitance. J'ai entendu dire que des directeurs de banque ont été témoins de fraudes sur des comptes bancaires, mais ils ne savent pas s'ils doivent communiquer avec la police. Leur patron peut leur dire que le client ne leur a pas dit qu'il y a un problème. Si on demande au client s'il souhaite que la banque communique avec la police, il dira non. Mais il demeure que les banques sont témoins d'un grand nombre de fraudes, et, à mon avis, il y a beaucoup de travail à faire relativement au signalement des cas de maltraitance des aînés. Vous devez faire savoir que la maltraitance ne sera absolument pas tolérée et que vous allez étudier en profondeur les répercussions de la maltraitance sur les personnes âgées.
Globalement, c'est ce que j'avais à dire. Quand j'ai réfléchi à cette question, je me suis rendu compte que j'avais autant de questions que de choses à dire. Je serai plus que ravie d'entendre vos questions, qui me permettront sans doute de mieux comprendre cet amendement.
Merci.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci à vous quatre de vous être déplacés pour cette étude importante de la modification que l'on veut apporter au Code criminel. Au nom de nos aînés, je vous remercie du travail que vous faites.
Je pense que tout le monde autour de cette table, tous partis confondus, est conscient que ça ne résoudra pas tous les problèmes que vivent nos aînés quotidiennement. Il y a beaucoup d'autres avenues à explorer, mais on va s'occuper de cette question pour l'instant.
Vous avez compris que le projet de loi touche essentiellement la partie traitant de la détermination de la peine. Cela ne fait pas de la maltraitance une infraction. Cela s'applique seulement à l'étape qui suit le procès. On est conscient que, dans certains cas, il se peut qu'il n'y ait pas eu de procès alors qu'il aurait dû y en avoir un. Or, dans le cas où un procès s'est tenu, la maltraitance est présentée comme un élément aggravant dont on veut que la cour soit saisie avant le prononcé de la sentence.
Parfois, en comité ou à la Chambre, nous nous demandons quelle est la portée ou quelle est l'importance de notre travail. La semaine dernière, pendant que nous étions dans nos circonscriptions respectives alors que la Chambre ne siégeait pas, dans ma région, il s'est produit un cas absolument horrible, très médiatisé. Dans un centre hospitalier, une dame de 99 ans — je n'invente rien — se serait fait agresser sexuellement par un préposé aux bénéficiaires. Si ce n'est pas horrible, je ne sais pas ce qui peut l'être. Il est certain que lorsque la population apprend une telle chose, elle voudrait pendre haut et court l'accusé. Il aura droit à son procès, j'en conviens; on ne court-circuitera pas cette étape. Je serais toutefois bien aise de voir le projet de loi devenir réalité et que la cour applique cette modification qu'on veut apporter au Code criminel, à savoir le fait de considérer comme facteurs aggravants l'âge de la victime et l'effet de l'infraction sur cette personne.
La plupart d'entre vous ont abordé une de mes inquiétudes, soit le fait qu'on mentionne que cela a eu un effet important. Je me demande — et je vous pose la question — s'il n'y aurait pas lieu d'enlever la notion d'« effet important » du sous-alinéa proposé. Voici ce qu'on pourrait dire, tout simplement.
[Traduction]
Pour que mes collègues anglophones comprennent bien, je vais le relire.
L'alinéa 718.2a) du Code criminel est modifié par adjonction de ce qui suit:
que l'infraction a eu un effet important sur la victime.
Que penseriez-vous d'enlever le mot « important »? Nous voulons aider les victimes, mais, en tant qu'avocate, je me demande si nous ne créons pas un débat en cour. Quelle est la définition d'« important »? Parce que la victime est une personne âgée, il est certain que l'infraction a eu un effet sur elle en raison de son âge et de tout autre élément de sa situation personnelle, notamment sa santé et sa situation financière. À mon avis, on pourrait supprimer ce mot. Qu'en pensez-vous?
Croyez-vous qu'il sera possible de nous communiquer ces meilleures pratiques et de...?
Je ne vais pas en faire une question, car je n'aurai pas le temps; notre président est très strict à ce sujet.
En ma qualité d'avocat, j'avais l'impression que l'information devait être communiquée aux gens et que les avocats devaient prendre les mesures nécessaires pour obtenir des procurations conjointes notamment — je vois que vous acquiescez — avant que les gens se retrouvent dans cette situation.
Par exemple, deux ou trois enfants d'une personne âgée pourraient disposer de procurations pour gérer son argent, ou encore une maison de soins pour aînés pourrait avoir des règles particulières qui sont communiquées aux proches — il devrait y en avoir deux ou trois — pour s'assurer qu'ils mettent en sécurité les avoirs de la personne âgée. Pensez-vous que ce serait une bonne chose?
Vous pouvez me répondre par oui ou non.
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La plupart des témoins que nous avons entendus se sont dits favorables à ce projet de loi faisant de la vulnérabilité une circonstance aggravante au moment de la détermination de la peine. Mais certains d'entre eux, malgré leur soutien au projet de loi, ont indiqué que l'on avait surtout besoin d'une stratégie globale en matière de maltraitance des aînés.
Comme vous le savez tous beaucoup mieux que la plupart d'entre nous, cette maltraitance peut notamment prendre une forme psychologique, émotionnelle, financière ou physique.
L'un des témoins représentant CARP, l'Association canadienne des individus retraités, a formulé des recommandations en faveur de l'adoption d'une stratégie globale. Je vais vous les soumettre en vous demandant ce que vous en pensez. Vous pouvez aussi nous proposer d'autres mesures pouvant s'inscrire dans une telle stratégie.
Voici donc quelques-unes de ces recommandations: un service d'écoute téléphonique pour la maltraitance des aînés; une obligation de signaler les cas de maltraitance; un soutien accru pour les personnes prenant soin des aînés; un soutien d'enquête spécialisé pour les infractions criminelles existantes — et vous en avez mentionné quelques-unes, Maxine — notamment grâce à la formation des policiers; des services de soutien aux victimes; et des refuges pour les aînés.
Je vais en rester là pour l'instant en vous demandant vos commentaires au sujet de ces différentes recommandations pouvant faire partie d'une approche globale, ou toute autre suggestion que vous pourriez avoir à nous faire. Parlez-nous aussi de la pertinence de travailler ensemble à cette fin pour tous les ordres de gouvernement (fédéral, provincial et autres).
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Je crois que nous devrions commencer par un service d'écoute téléphonique. Un tel service existe déjà à Edmonton. Personnes âgées comme professionnels peuvent appeler pour obtenir des conseils, du soutien et de l'information. Je crois que c'est extrêmement utile. Cela permet de mieux faire connaître la problématique de telle sorte que les gens sachent que des solutions s'imposent. C'est une bonne idée d'offrir un service semblable à quiconque, en réalité, souhaite obtenir des conseils.
Il y a aussi d'autres possibilités. Pour les services de soutien, nous avons une équipe multidisciplinaire. Elle existe depuis 1998 à Edmonton et j'aimerais vous en parler davantage. On a pu réunir au sein d'une même équipe des professionnels de la santé, des spécialistes en santé mentale notamment, des policiers et des travailleurs sociaux comme moi qui nous occupons du volet développement communautaire. Ainsi, lorsqu'un nouveau cas se présente, ce n'est pas seulement un agent de police ou un travailleur social qui s'y intéresse; nous essayons tous ensemble de comprendre la situation, aussi complexe soit-elle, de déterminer la meilleure approche à adopter et qui devrait prendre le dossier en charge en pouvant compter sur le soutien des autres membres de l'équipe. Cette façon de faire a été très efficace pour nous aider à bien comprendre les différents cas et à prendre des mesures en conséquence.
C'est simplement une suggestion que je ferais. S'il existe d'autres possibilités de constituer des équipes semblables... Il y en a une à Calgary et maintenant une à Waterloo, et je sais que d'autres interventions communautaires ont cours également en Alberta. C'est donc une possibilité que je vous soumets en matière de soutien à apporter.
Je n'en dirai pas plus pour l'instant, car je suis persuadé que d'autres souhaitent prendre la parole.
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Merci, monsieur le président.
Madame Lithwick, vous avez parlé de tolérance zéro dans les centres hospitaliers. J'ai aimé aussi le fait que vous ayez parlé de réduction des méfaits, si des proches sont concernés. Vous avez parlé des difficultés du signalement, également, lors de votre exposé.
D'autres témoins nous ont fait remarquer que la détermination de la peine est l'un des derniers stades de la procédure judiciaire, alors qu'un très faible pourcentage de cas de maltraitance d'aînés sont signalés à la police ou se rendent jusqu'au dépôt d'accusations devant les tribunaux.
D'après vous, quel sera l'impact du projet de loi , s'il y a lieu, en dehors des cas où la maltraitance d'aînés a fait son chemin jusqu'au stade de la détermination de la peine? Pensez-vous qu'il contribuera à prévenir la maltraitance d'aînés et qu'il encouragera aussi le signalement, qui est souvent si difficile à effectuer?
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'être ici. Ils ont pu voir que c'est tout de même un cadre de travail agréable, surtout quand on travaille sur un projet de loi pour lequel on s'entend quand même assez bien. On a aussi l'impression de pouvoir mettre en place des mesures pour améliorer les choses.
J'ai eu la chance, la semaine dernière, de parler à quelqu'un que je connais depuis des années: le premier nageur à avoir fait la traversée du lac Saint-Jean, M. Jacques Amyot. Il a fait aussi deux fois la traversée de La Manche, entre le Royaume-Uni et la France. Cet homme, qui a presque 88 ans, se rend chaque année au lac Saint-Jean pour assister à la traversée. Il me racontait avec une étincelle dans l'oeil que, maintenant, il n'y va plus seul. Il est toujours accompagné quand il fait la traversée du parc en auto, ce qui lui prend environ trois heures. Il y a quelques années à peine, il a fait une sortie de route et il n'a pas voulu risquer de revivre l'expérience. Il est toujours impressionnant de voir quelqu'un de 88 ans qui se tient bien droit, en parfaite forme. On ne peut pas imaginer qu'il puisse être victime de maltraitance.
Évidemment, dans le cadre de nos audiences, Mme Marie Beaulieu, de l'Université de Sherbrooke et titulaire de la Chaire de recherche sur la maltraitance envers les personnes aînées, nous a bien avertis qu'il n'y avait pas seulement la vulnérabilité ou l'état de la personne à considérer; son environnement aussi doit être considéré.
Revenons à la question d'effet important et à la formulation du sous-alinéa proposé. Un objectif qu'on recherche depuis très longtemps est de contrer ce grave problème voulant qu'énormément de cas de maltraitance échappent au système de justice. Parmi les raisons pour lesquelles on se demande si le fait d'employer la formulation « effet important » dans la modification pourrait poser problème, c'est qu'on a peur de continuer à rater de trop nombreux cas qui pourraient passer entre les mailles du filet.
J'aimerais pouvoir entendre votre opinion là-dessus. Le fait de considérer que cela a eu un effet sur la victime en raison de son âge peut-il permettre de ratisser plus large, quitte à utiliser des voies autres que le système de justice? Après tout, quand des policiers interviennent, ils peuvent très bien confier un cas aux services sociaux, par exemple, au lieu de...
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La police transmet parfois à notre équipe multidisciplinaire des cas de maltraitance et nous demande d'aller constater la situation. Si la personne ne veut pas nous parler de ce qu'elle vit, nous n'insistons pas. Nous essayons de lui faire comprendre que si elle souhaite nous parler, nous serons là pour l'écouter.
Avant de venir ici, j'ai dû m'occuper d'un cas de violence extrême, et trois policiers ont dû m'accompagner à la résidence en question. Nous avons discuté avec les personnes âgées, et les policiers m'ont dit être heureux de pouvoir compter sur mon soutien, car la veille, ils avaient dû procéder à une arrestation en raison d'un manquement à l'ordonnance de protection, mais le traitement du cas a été plus long que la période de détention préventive. D'après les policiers, ce travail en partenariat est inestimable.
Mon collègue, Pat, a souligné qu'il faudrait davantage d'équipes multidisciplinaires au pays et qu'elles devraient travailler ensemble. Il est impossible d'améliorer les choses si seulement la police, un travailleur social ou une infirmière intervient.
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Merci, monsieur le président.
J'ai bien aimé les exposés de tous les témoins. Nous avons tous un exemple à donner, qu'il s'agisse d'une situation dont nous avons été personnellement témoins ou dont nous avons entendu parler. Je suis ravi d'être ici aujourd'hui.
J'ai interrogé beaucoup de témoins au sujet du vieillissement de la population. En 2012, on compte 4,8 millions de personnes âgées de 65 ans et plus, ce qui représente environ 14 p. 100 de la population canadienne. On prévoit que ce nombre dépassera les 10 millions en 2036, ce qui représentera presque 25 p. 100 de la population canadienne.
Comme l'ont souligné le ministre de la Justice et certains témoins, le vieillissement de la population entraîne une hausse des cas de maltraitance des aînés, qu'il s'agisse de violence physique ou psychologique, d'exploitation financière ou de négligence. Des cas précis de maltraitance des aînés attirent régulièrement l'attention des médias, qui les dénoncent. Souvent, il s'agit de quelqu'un qui se fait passer pour le petit-enfant d'une personne âgée et qui lui demande de lui transférer de l'argent pour acquitter une facture ou pour payer des réparations d'automobile.
Un grand nombre des situations que vous avez citées aujourd'hui se sont produites à domicile ou dans des centres d'hébergement. On a entendu dire notamment qu'une femme âgée de Scarborough atteinte de démence était forcée de dormir dans le garage de son fils. Mme Perka a donné un exemple particulièrement probant, et, malheureusement, je suis certain que chacun d'entre vous pourrait donner un exemple tout aussi probant.
Étant donné ce changement démographique attribuable au vieillissement de la population, et, particulièrement, l'attention accrue accordée par les médias à la maltraitance des aînées ainsi que la façon d'aborder ce problème, estimez-vous — je vais m'adresser d'abord à Mme Santos puis aux autres témoins s'il me reste du temps — que ce projet de loi, à l'heure actuelle, devrait être adopté?
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Merci, monsieur le président.
Merci à tous d'être ici.
Chaque fois qu'une question est posée et qu'un exemple est donné, je vous vois tous les quatre hocher la tête, montrant ainsi que vous savez très bien ce dont il s'agit, que vous avez déjà vécu ces expériences et essayé de composer avec ce problème. Il est clair que nous avons devant nous un groupe de témoins qui se trouvent sur la première ligne, et nous vous sommes reconnaissants de prendre le temps d'être parmi nous, en particulier ceux qui ont fait un long trajet pour être ici.
Je crois que nous savons tous — et j'inclus tous mes collègues ici — que ce n'est qu'un aspect de ce que nous essayons de faire pour sensibiliser davantage la population, améliorer les sanctions, trouver des façons d'élaborer des programmes qui peuvent aider les personnes âgées. Je me suis moi-même occupée de mes deux parents avant qu'ils décèdent et, comme tout le monde dans cette situation, j'ai vu leur capacité à composer avec le stress et différentes circonstances changer au cours de leur vie. Je crois que beaucoup de Canadiens font cette expérience et savent ce que c'est.
Parmi toutes ces choses, en plus de ce type de mesure législative, notre gouvernement a lancé bon nombre de campagnes de sensibilisation et d'initiatives de financement. Je crois que la sensibilisation est un enjeu important. Nous savons, de par nos études et l'analyse des conclusions, que les gens sont plus sensibilisés à la maltraitance des aînés aujourd'hui qu'ils ne l'étaient à une certaine époque. Par exemple, nous avons mis sur pied le programme Nouveaux Horizons pour les aînés, qui bénéficie maintenant d'un budget annuel de 45 millions de dollars. Nous avons augmenté le dernier budget de 10 millions de dollars pour essayer de créer des programmes.
Madame Santos, je crois que votre organisme a présenté une demande de financement dans le cadre de ce programme. Qu'avez-vous l'intention de faire avec cet argent?
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Je félicite tous ceux qui le font, parce que cet enjeu ne concerne pas seulement les gouvernements; ce sont des collectivités qui se mobilisent, tous ces gens qui sont sensibilisés, en particulier ceux qui se trouvent en première ligne. Nous apprécions donc vraiment tous vos efforts.
Nous proposons maintenant cette mesure législative, ce qui créera cette coalition, comme vous l'avez mentionné. Si on en arrive à cette étape, on aura au moins cela.
Il s'agit aussi de prendre une mesure dissuasive, de montrer notre préoccupation, pour que tous les Canadiens puissent voir que nous considérons qu'il s'agit d'une question grave. Lorsque je pratiquais le droit, avant de devenir députée, j'ai constaté à quelques reprises que, du simple fait que les agents de police interviennent et enquêtent, la maltraitance prend fin. Même si on ne va pas plus loin parce que la personne âgée ne veut pas témoigner, par exemple, la maltraitance s'arrête. On obtient au moins ce résultat.
Êtes-vous d'accord là-dessus? Avez-vous des commentaires à ce sujet?
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Merci, monsieur le président.
Je reviens encore sur la question de la tolérance zéro, car c'est ce qui me frappe le plus. Je pense que c'est ce que le gouvernement essaie de faire, et nous sommes tout à fait favorables à cela.
Des témoins que nous avons reçus avant vous, au début de l'étude de ce dossier, voyaient un lien entre la maltraitance envers les aînés et la violence conjugale, par exemple.
[Traduction]
Il n'y a pas très longtemps, on n'en parlait pas dans le Code criminel. Cette disposition a été ajoutée au même article où il est question d'éléments de preuve établissant que l'infraction perpétrée par le délinquant constitue un mauvais traitement de son époux ou conjoint de fait. C'était vu comme un facteur aggravant.
Encore une fois, je vais jouer aux avocats avec vous, parce que je comprends — nous comprenons tous, je crois — les impacts sociaux et tout ce qui doit être fait sur le plan du logement social, pour sortir les personnes âgées de la pauvreté. Nous sommes tous d'accord sur un très grand nombre d'aspects, mais nous nous penchons présentement sur la peine à infliger. L'unique objectif de notre comité est de voir si cette mesure va faciliter le travail fait contre la maltraitance des aînés, d'un point de vue criminel, afin d'établir la peine à infliger.
En visant la tolérance zéro...
[Français]
Je lis le titre du projet de loi:
[Traduction]
Loi modifiant le Code criminel (maltraitance des aînés). « Loi sur la protection des personnes âgées au Canada. » Nous voulons ajouter un facteur aggravant
que l'infraction a eu un effet important sur la victime en raison de son âge et de tout autre élément de sa situation personnelle, notamment sa santé et sa situation financière,
Vous êtes le dernier groupe de témoins que nous entendons avant d'entreprendre l'étude article par article, c'est-à-dire un seul article, celui-là.
Si nous précisons « un effet important », nous laissons tout le reste, mais le qualificatif « important » me dérange encore. Ce n'est pas une question piège. Ce n'est pas pour esquiver quelque chose, parce que nous allons voter en faveur, peu importe ce qui arrive, mais je crois que si nous voulons modifier le Code criminel pour inclure la disposition sur la maltraitance des aînés au paragraphe 718.2... C'est tolérance zéro pour les enfants, c'est tolérance zéro pour un conjoint, alors ne devrait-on pas avoir un degré de tolérance zéro pour nos personnes âgées? Voilà ma question.
:
Je crois qu'on devrait avoir un degré de tolérance zéro, vous avez raison. Si on recule dans le temps, on s'est peut-être intéressé d'abord aux mauvais traitements faits à un enfant, puis à un conjoint et on a dit: « Ce n'est pas acceptable dans notre société et nous devons régler ce problème. » Des lois ont ensuite été adoptées. Je suis donc d'accord avec vous à ce sujet.
L'intimidation est un autre problème sur lequel nous devons aussi adopter une position ferme, pour faire comprendre que ce n'est pas acceptable, ni dans la cour d'école, ni ailleurs. Je ferais remarquer que les personnes âgées sont aussi victimes d'intimidation. Ce sera une tout autre question sur laquelle il faudra tôt ou tard se pencher.
Je suis tout à fait en faveur d'une tolérance zéro. À savoir si cette disposition nous permet d'en arriver là... C'est utile dans une certaine mesure, mais je ne sais pas jusqu'où cela nous mènera. C'est certes utile. L'expression « un effet important »... Je ne vais pas souvent à la cour, mais je crois que les juges, les avocats... Par exemple, les juges tiennent compte de beaucoup de facteurs avant de rendre une décision. Je crois qu'il doit y avoir une certaine discrétion, si je peux m'exprimer ainsi, et certaines indications pour aider le juge à faire la part des choses et à dire: « Voici ce que j'ai décidé, à la lumière de certains de ces facteurs. »
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Concernant la prévalence de la maltraitance envers les aînés, certains des témoins qui ont comparu devant le comité, comme l'association CARP, nous ont dit que l'incidence était de 10 p. 100, selon des études universitaires, Statistique Canada, etc. Évidemment, ce pourcentage est peut-être plus élevé, premièrement parce que les cas de maltraitance ne sont pas tous signalés, et deuxièmement parce que les données de Statistique Canada et les données de la recherche universitaire datent d'il y a environ quatre ans. Dan Albas semble avoir des données même plus récentes. Par ailleurs, nous devons garder en tête que ce groupe démographique est en croissance, si bien que les cas de maltraitance envers les aînés ne feront qu'augmenter.
J'aimerais aborder la question particulière des personnes vulnérables, dont M. Goguen a parlé. L'incidence ici est beaucoup plus élevée. Les personnes vulnérables étant définies comme étant celles qui dépendent des autres pour obtenir des soins ou qui souffrent d'une forme quelconque d'invalidité, l'incidence dans ces cas semble grimper à près de 30 p. 100.
Compte tenu de votre expérience et de votre expertise, j'aimerais susciter des commentaires de votre part et ma question porte sur les causes systémiques de la maltraitance envers les personnes âgées vulnérables, ou sur ce qui contribue à cette maltraitance. Je parle principalement de situations dans le système de soins de santé; il est possible que les services de soins à domicile soient peu développés ou mal coordonnés, que les hôpitaux soient surpeuplés, que les soignants reçoivent peu d'aide ou disposent de ressources insuffisantes, que les options soient inadéquates pour les soins de longue durée, etc.
Vous êtes tous impliqués d'une façon quelconque dans la prestation de services sociaux, alors voici la question que je vous pose. Les causes systémiques de la maltraitance envers les personnes âgées vulnérables dont je viens de parler sont essentiellement du ressort des provinces — et, évidemment, le gouvernement fédéral joue un rôle dans la subvention des services que les provinces ne peuvent pas fournir. Vous venez de provinces différentes — nous avons des représentants du Québec, de l'Ontario et de l'Alberta. À votre avis, ces causes sont-elles exacerbées, ou y a-t-il une amélioration, et comment ces situations peuvent être réglées et améliorées, etc.?
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Ce que vous avez dit est très important, en ce sens que la façon dont nous traitons nos personnes âgées est un indice de la façon dont nous nous respectons les uns et les autres dans notre société. Nous parlons de maltraitance systémique, du nombre de personnes âgées qui augmente et des besoins croissants en soins de santé de la population vieillissante. Si on ne s'attaque pas à ces enjeux correctement en tant que société, on contribue aussi à la maltraitance envers les personnes âgées.
La maltraitance systémique se poursuit. Les gens ont peut-être de la difficulté à voir qu'ils participent à la maltraitance systémique, mais c'est ainsi.
Nous avons des lois au Québec pour le placement des personnes âgées qui, à mon avis, sont abusives. Les personnes âgées doivent sortir de l'hôpital dans les 48 heures dès qu'elles n'ont plus besoin de soins de courte durée. On les place ensuite dans un lit d'évaluation, puis dans un lit de transition, avant de les amener à leur dernier lit. Elles sont déplacées quatre fois avant d'arriver à leur dernier centre d'hébergement. Pour moi, il s'agit de mauvais traitements.
Nous devons nous pencher sur toutes ces choses. Si nous ne traitons pas le problème de façon systémique, nous sommes presque... Je ne sais pas quel est le mot, mais il ne suffit pas de regarder l'auteur d'un mauvais traitement.