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Mesdames et messieurs, je déclare la séance ouverte. Il s'agit de la 75
e séance du Comité permanent de la justice et des droits de la personne. Nous entamons aujourd'hui notre étude du projet de loi , Loi modifiant le Code criminel et la Loi sur la défense nationale (troubles mentaux).
Avant de céder la parole à notre invité très spécial, l'honorable ministre Nicholson, ministre de la Justice et procureur général du Canada, sachez que notre réunion d'aujourd'hui fait suite au septième rapport de notre Sous-comité du programme et de la procédure. Pour que ce soit officiel, j'aimerais que quelqu'un propose cette motion, car c'est ce que nous avions dit que nous ferions.
Une voix: J'en fais la proposition.
Le président: Tous ceux qui sont pour?
(La motion est adoptée)
Le président: Nous allons commencer.
Je vous remercie, monsieur le ministre, d'être des nôtres aujourd'hui. Vous disposez d'une heure, soit jusqu'à 16 h 30, pour nous entretenir du projet de loi . Prenez le temps qu'il vous faudra pour faire votre déclaration, après quoi nous enchaînerons avec la période de questions.
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Merci beaucoup. J'ai le plaisir d'être accompagné de Julie Besner et de Carole Morency, que vous avez probablement rencontrées au fil des années, puisqu'elles ont déjà témoigné devant le comité et lui ont fourni des renseignements.
[Français]
Je suis très heureux de comparaître devant le comité aujourd'hui pour discuter du projet de loi , Loi sur la réforme de la non-responsabilité criminelle.
[Traduction]
Avant de discuter davantage de ce que contient le projet de loi, je tiens à mentionner ce qu'il ne contient pas.
Premièrement, sachez que les réformes proposées n'ont pas pour objectif de punir les personnes qu'un tribunal a déclarées non responsables criminellement pour cause de troubles mentaux.
Deuxièmement, aucune disposition du projet de loi n'empêcherait un accusé atteint de troubles mentaux d'avoir accès à des soins psychiatriques. Le projet de loi vise à guider les personnes qui participent au processus décisionnel ayant trait aux personnes déclarées inaptes à subir un procès ou non responsables criminellement pour cause de troubles mentaux. Ces personnes sont traitées comme des accusés atteints de troubles mentaux conformément aux pouvoirs et aux procédures établis dans le régime relatif aux troubles mentaux prévu au Code criminel.
Tout d'abord, j'aimerais vous expliquer la différence entre ces deux verdicts. D'une part, lorsqu'un accusé souffre d'un trouble mental qui l'empêche de comprendre les procédures judiciaires et de communiquer avec son avocat, le procès ne peut avoir lieu et le tribunal rend un verdict d'inaptitude à subir un procès. D'autre part, si le tribunal conclut qu'une personne a commis l’acte qui constitue une infraction, mais qu’au moment des faits, elle était incapable de comprendre ce qu’elle faisait ou de savoir qu’elle agissait de manière répréhensible, le tribunal prononce un verdict particulier de non-responsabilité criminelle pour cause de troubles mentaux.
Les verdicts de non-responsabilité criminelle et d'inaptitude à subir un procès sont des verdicts particuliers, en ce sens que les personnes accusées ne sont ni acquittées, ni condamnées. En fait, le tribunal s'appuie sur la jurisprudence pour rendre l'une des trois décisions possibles: la détention sous garde dans un hôpital; l'absolution conditionnelle; ou encore, dans le cas d'une personne déclarée NRC, l'absolution inconditionnelle, si la personne ne constitue pas une menace importante pour la sécurité publique.
Le projet de loi propose de modifier la disposition du Code criminel qui énumère les facteurs dont doivent tenir compte le tribunal et la commission d'examen dans leurs décisions à l'égard des personnes déclarées non responsables criminellement ou inaptes à subir leur procès.
L'une des modifications clés que propose le projet de loi énoncerait explicitement que la sécurité publique est le facteur prépondérant à faire valoir dans le processus décisionnel. Vous serez ravis d'apprendre que mes homologues provinciaux et territoriaux appuient vigoureusement cet amendement.
La codification vise à uniformiser davantage l’application du critère partout au pays, et elle serait conforme à la jurisprudence de la Cour suprême du Canada, plus précisément, à la récente décision dans Regina c. Conway, rendue en 2010. Dans cette même disposition, le projet de loi propose de remplacer l'expression « la moins sévère et la moins privative de liberté » afin que les tribunaux et les commissions d'examen prennent une décision nécessaire et indiquée dans les circonstances. Le libellé est ainsi plus facile à comprendre et se veut conforme à l'interprétation que la Cour suprême du Canada en a fait dans Winko c. Colombie-Britannique. Grosso modo, la liberté de l'accusé ne doit pas être limitée plus que ce qui est nécessaire afin de protéger le public.
Le projet de loi modifie le Code criminel afin d’accroître la sécurité des victimes et d'offrir à ces dernières davantage de possibilités de participer au processus d'audience: en veillant à ce qu’elles soient avisées, sur demande, lorsque l’accusé est libéré; et en prévoyant des interdictions de communication entre l’accusé et la victime. De plus, le projet de loi exige que les tribunaux et les commissions d'examen accordent une importance particulière à la sécurité des victimes au moment de déterminer si une personne accusée constitue une menace pour la sécurité publique.
[Français]
En plus des modifications qui visent à clarifier les dispositions du Code criminel, le projet de loi propose une nouvelle procédure afin de rehausser la sécurité du public dans les cas où les risques pour le public sont plus élevés.
[Traduction]
Le projet de loi propose un nouveau mécanisme permettant aux tribunaux de désigner une personne ayant reçu un verdict de non-responsabilité criminelle comme un « accusé à haut risque ». La désignation d’« accusé à haut risque » ne s’appliquerait qu’au nombre limité de personnes déclarées non responsables criminellement qui présentent un risque élevé pour la sécurité du public, et elle devrait respecter certains critères.
Tout d’abord, l’accusé doit avoir été reconnu non responsable criminellement d’une infraction grave contre la personne. Ce type d’infraction est actuellement défini dans le régime relatif aux troubles mentaux comme un acte criminel mettant en cause soit la violence ou la tentative d’utiliser la violence, soit un comportement qui met ou risque de mettre en danger la vie ou la sécurité d’une autre personne, ou un certain nombre d’infractions sexuelles. Ensuite, la Couronne peut demander au tribunal de déclarer que l’accusé en question est un accusé à haut risque. Dans les cas où la Couronne formule une telle demande, le tribunal tient une audience afin de déterminer le risque posé par l’accusé.
Le tribunal pourrait déterminer qu’un accusé reconnu non responsable criminellement est à haut risque dans deux circonstances. Ainsi, la première circonstance serait la suivante: le tribunal devrait être convaincu qu’il y a une probabilité marquée que l’accusé usera de violence de façon à mettre en danger la vie ou la sécurité d’une autre personne. La « probabilité marquée » est un niveau de risque plus élevé que ce qui est en ce moment requis pour demeurer saisi du dossier d’un accusé reconnu non responsable criminellement, qui « pose une menace importante à la sécurité du public ».
La deuxième circonstance dans laquelle le tribunal pourrait déterminer qu’un accusé est à haut risque serait la suivante: le tribunal devrait être d’avis que les actes à l’origine de l’infraction étaient d’une nature si brutale qu’il y a un risque de préjudice grave pour une autre personne. Même si le niveau de risque posé par un accusé à haut risque reconnu non responsable criminellement et désigné comme tel serait plus faible dans le deuxième cas que dans le premier, la nature des actions causant une infraction grave contre la personne qui est à l’origine de la demande montrerait la nécessité d’accroître la protection et les restrictions.
Soulignons que la désignation d’« accusé à haut risque » ne viserait que les personnes ayant reçu un verdict de non-responsabilité criminelle. Elle ne s’appliquerait pas à un accusé inapte à subir son procès étant donné que cette personne n’a pas encore été jugée pour l’infraction dont on l’accuse. Il n’a pas encore été prouvé qu’elle a commis l’acte dont elle est accusée. Un accusé inapte à subir son procès ne serait pas plus apte à participer à l’audience servant à déterminer s’il devrait être désigné comme un accusé à haut risque.
Deuxièmement, la désignation d’« accusé à haut risque » ne pourra s’appliquer à une personne qui a reçu un verdict de non-responsabilité criminelle pour une infraction commise alors qu’elle avait moins de 18 ans. Il en est ainsi parce que la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents protège déjà la population contre les jeunes tenus non responsables criminellement, par exemple en imposant une ordonnance de placement et de surveillance dans le cadre d’un programme intensif de réadaptation à un jeune souffrant de troubles mentaux qui a commis une infraction grave ou violente.
Un accusé ayant été désigné à haut risque devrait être détenu dans un hôpital. La commission d’examen n’aurait pas le pouvoir d’ordonner une absolution, qu’elle soit inconditionnelle ou conditionnelle. En outre, l’accusé à haut risque n’aurait pas le droit de sortir de l’hôpital, sauf pour des raisons médicales ou pour les besoins de son traitement. L’accusé devrait être escorté d’une personne et un projet structuré devrait avoir été établi pour faire face aux risques relatifs à la sortie.
Une désignation « à haut risque » peut aussi avoir une incidence sur l’intervalle entre les audiences de révision judiciaire. En général, le dossier d’un accusé atteint de troubles mentaux est examiné chaque année, mais dans certains cas, cet examen peut avoir lieu aux deux ans, c’est-à-dire avec le consentement de l’accusé et du procureur général, ou si la commission d’examen est convaincue que l’état de l’accusé ne s’améliorera probablement pas et que sa détention demeure nécessaire pendant la période prorogée. Notre mesure législative permettrait aux commissions d’examen de prolonger l’intervalle entre les examens jusqu’à un maximum de trois ans si l’accusé atteint de troubles mentaux a été déclaré à haut risque et non responsable criminellement.
Enfin, une désignation « à haut risque » ne serait pas permanente. Il n’y a que les cours supérieures de juridiction pénale qui peuvent révoquer la décision déclarant l’accusé à haut risque. Si la commission d’examen est d’avis qu’il n’y a plus de probabilité marquée que l’accusé à haut risque use de violence de façon à mettre en danger la vie ou la sécurité d’une autre personne, elle recommande au tribunal de révoquer la décision le déclarant à haut risque.
Après avoir examiné l’ensemble de la preuve, le tribunal établit, s’il y a lieu, qu’il n’y a plus de probabilité marquée que l’accusé use de violence de façon à mettre en danger la vie ou la sécurité d’une autre personne. Le tribunal peut alors révoquer la décision déclarant l’accusé à haut risque. L’accusé serait alors traité comme tout autre accusé déclaré non responsable criminellement et continuerait d’être supervisé par la commission d’examen.
J’aimerais souligner l’importance de ces amendements pour tous les Canadiens, particulièrement les victimes, qui désirent qu’on accorde la priorité à la sécurité publique dans le régime relatif aux troubles mentaux. Le projet de loi établit un juste équilibre entre le droit du public d’être adéquatement protégé lorsque des accusés présentent un risque pour la société et le droit des accusés atteints de troubles mentaux d’être traités de façon adéquate.
Merci, monsieur le président.
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie, monsieur le ministre, de nous avoir livré votre présentation et d'être venu nous rencontrer ici aujourd'hui pour répondre à nos questions.
La santé mentale et le crime sont des sujets très difficiles. Comme on le sait, cela implique les familles, les victimes, la communauté et peut susciter de la division. Comme vous l'avez mentionné, il faut vraiment que la sécurité publique soit la priorité, mais il faut également respecter la primauté du droit et la Charte canadienne des droits et libertés.
Vous avez parlé de la nécessité de protéger les victimes. C'est aussi très important pour nous. Nous allons continuer à analyser cela aujourd'hui dans le cadre du projet de loi. Par contre, nous avons l'impression — et c'est fréquent du côté des conservateurs — qu'un jeu politique se joue à ce niveau-là. Si je ne me trompe pas, une campagne de financement a eu lieu relativement au projet de loi . De notre côté, nous nous rendons compte qu'il ne faut pas faire de politique avec un sujet aussi important. Au Québec, l'affaire Guy Turcotte nous a beaucoup touchés. Le public s'est posé beaucoup de questions.
D'après vous, selon le projet de loi C-54, est-ce que le cas de Guy Turcotte serait considéré à haut risque? Dans ce projet de loi, vous créez une nouvelle catégorie d'accusés. Est-ce que cela s'appliquerait à Guy Turcotte?
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Merci, monsieur le président.
Merci d'être ici, monsieur le ministre, et merci d'avoir invité vos responsables pour nous aider à jeter un peu la lumière sur cette importante mesure législative.
Bien entendu, la protection du public demeure une priorité pour notre gouvernement. Ce qu'il y a d'intéressant avec ce projet de loi, c'est qu'il tient compte aussi du droit des victimes à être informé de la libération de criminels dangereux. De plus, il fait en sorte que les individus jugés non responsables criminellement ne sont pas laissés à leur propre sort et qu'ils reçoivent les traitements dont ils ont besoin.
Les cas de Vince Li, d'Allan Schoenborn et de Guy Turcotte ont ramené à l'avant-scène la notion du non responsable criminellement. En vertu d'un des principes fondamentaux du droit pénal, pour être jugé responsable criminellement, un individu doit avoir une intention coupable, ce qu'on appelle la mens rea. Aussi, pour subir un procès, un individu doit pouvoir communiquer avec ses avocats et leur donner des directives et comprendre la nature d'un procès criminel, ainsi que les conséquences d'un tel procès, puisque c'est leur liberté qui est en jeu.
Donc, lorsqu'un individu commet une infraction, mais qu'il est incapable, en raison de troubles mentaux, de comprendre qu'il a commis une infraction ou pourquoi il s'agit d'une infraction, le tribunal le déclare non responsable criminellement. Ces individus ne subissent pas de procès et ne sont pas reconnus coupables.
Pourriez-vous nous expliquer, monsieur le ministre, ce qui arrive aux individus jugés non responsables criminellement?
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Je consulte beaucoup sur ces mesures. Mes homologues provinciaux et moi sommes responsables de l'aspect santé mentale de ce projet de loi et je leur demande toujours leur avis, car ce sont eux qui sont responsables des hôpitaux et de la composition des commissions chargées d'examiner les cas des individus jugés non responsables criminellement. La plupart du temps, les traitements que reçoivent ces individus sont offerts par des organismes provinciaux. Donc, je travaille étroitement avec eux et je me fie à leur opinion, non seulement pour ce projet de loi, mais pour plusieurs autres projets de loi.
En plus de mes homologues, je discute aussi régulièrement avec des groupes de victimes un peu partout au pays.
Je dirais à tous les particuliers et groupes d'analyser les composantes de ce projet de loi. Il s'agit d'une mesure législative très raisonnable qui précise la loi, protège davantage les victimes et s'attaque à un petit groupe d'individus qui présentent un risque élevé pour la société et aussi pour eux-mêmes. C'est ce que je leur propose de faire.
Je suis très reconnaissant envers les procureurs généraux des provinces et ceux qui travaillent dans ce secteur pour leur contribution. C'est très gratifiant et ce qui m'encourage beaucoup, c'est que depuis la présentation de ce projet de loi, plusieurs m'ont dit qu'ils en appuyaient les différents aspects.
Dans son ensemble, cette mesure législative est efficace et j'espère, monsieur Casey — et je crois comprendre, monsieur le président, que vous devez accueillir plusieurs témoins au cours des prochains jours — que vous conviendrez qu'il s'agit d'une solution très raisonnable à plusieurs problèmes soulevés dans ce secteur.
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Non. Inutile de vous dire qu'ils jouent un rôle important dans le processus.
Mais, comme vous le savez, notre gouvernement a mis sur pied la Commission de la santé mentale du Canada. Vous savez tous à quel point nous avons travaillé fort avec nos homologues provinciaux dans le secteur de la santé mentale. Je suis convaincu, monsieur le président, que vous en avez eu la preuve au fil des ans au comité, qui a lui aussi joué un rôle très important. Cette commission est un exemple parfait de l'engagement financier important du gouvernement.
Cela dit, je ne sous-estime et ne minimise jamais la responsabilité des provinces en matière de soins de santé. Comme vous le savez, c'est une responsabilité qui leur revient en vertu de la constitution.
C'est pourquoi il faut faire preuve de prudence dans la rédaction de ces projets de loi. Nous avons tous des responsabilités envers ces individus. Ce que nous proposons est très raisonnable et vise à aider les individus qui sont aux prises avec des problèmes de santé mentale. Nous les protégeons, ainsi que le public. Nous avons tous un rôle à jouer et je ne sous-estime jamais la contribution importante des provinces dans l'administration des soins de santé, une responsabilité constitutionnelle qui leur revient.
Je sais qu'un nouveau budget a été présenté récemment. Je suis toujours curieux de voir les sommes transférées aux provinces en soins de santé et je suis très heureux de constater que, encore une fois cette année, ces sommes ont augmenté. Nous transferts aux provinces en soins de santé sont plus élevés et nous prenons cette responsabilité très au sérieux. Je suis très heureux de la relation que nous entretenons avec les provinces à ce chapitre et très satisfait du projet de loi que nous proposons.
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C'est un très bon point.
Ce que l'on dit, en fait, c'est que la sécurité publique sera le facteur prépondérant pour les commissaires au moment de prendre une décision au sujet d'un individu non responsable criminellement. Certains diront que cela fait déjà partie des facteurs qu'ils prennent en considération. C'est un élément qui fait partie de la liste, je comprends cela et vous le comprenez aussi. Nous pensons toutefois que cela devrait être la première considération, la plus importante, pour nous assurer que la population est bien protégée.
Encore une fois, nous avons constaté que dans les autres lois... On ne protège pas seulement la population, on protège aussi la personne en lui évitant de commettre la même erreur. Tout le monde y gagne. Cela concerne tout le monde. Donc, oui, vous avez tout à fait raison. Nous avons précisé cela très clairement. Et cela vient s'ajouter aux autres dispositions qui vont mieux protéger la population, à mon avis, et à celles qui s'appliquent expressément aux victimes. Il y a donc cela, mais encore une fois, c'est un point qui reviendra dans vos discussions.
Je répète encore une fois que c'est l'une des mesures très raisonnables qui font partie de ce projet de loi. Au moment de décider du sort d'un accusé non responsable criminellement, la protection du public sera le facteur prépondérant. C'est tout à fait juste et raisonnable, et je pense que les gens seront d'accord avec cela. J'espère que vous l'appuierez, bien sûr, ce dont je ne doute pas.
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Merci, monsieur le président.
Merci, monsieur le ministre, d'être parmi nous cet après-midi.
Je vous rappelle qu'on appuie ce projet de loi en deuxième lecture. Toutefois, ce n'est pas pour vous donner un chèque en blanc, mais pour viser une approche équilibrée. Nous reconnaissons qu'il s'agit d'une question très difficile pour les victimes, les familles et les communautés. Bien sûr, comme l'a dit mon collègue, la sécurité publique doit être assurée en priorité, et ce, dans le respect de la primauté du droit et des chartes canadiennes des droits et libertés. Nous étudierons donc attentivement ce projet de loi.
Nous avons été clairs, nous sommes ouverts au changement. Nous devons nous assurer de la manière dont nous gérons les cas des accusés souffrant de maladie mentale. Il faut donc que le traitement des troubles mentaux soit efficace. De plus, nous souhaitons, tout particulièrement, savoir comment nous pouvons aider les victimes dans le cadre de ce processus.
Au cours des prochaines semaines, nous parlerons à des victimes, des experts en santé mentale, aux représentants des provinces, etc. Bref, plusieurs témoins nous apporterons un éclairage et nous adopterons la meilleure solution, l'approche la plus équilibrée. Nous ne nous adonnerons pas à des jeux politiques, mais nous ferons une analyse selon le mérite, au cas par cas.
Monsieur le ministre, plusieurs victimes nous ont dit une fois, deux fois, dix fois, 300 fois, qu'elles recherchaient d'abord et avant tout un soutien psychologique, d'une part, et un soutien financier, d'autre part. Du soutien psychologique et financier sera-t-il accordé aux victimes en vertu du projet de loi ?
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Vos commentaires sont encourageants, monsieur Jacob. Vous avez dit, je crois, que vous appuyiez le projet de loi et que vous appuyiez une approche équilibrée, et quelques instants plus tard, vous avez dit que vous étiez ouvert au projet de loi. J'espère que vous ne changerez pas d'idée et que vous continuerez à l'appuyer. Je pense que c'est très important de le faire, pour les raisons que vous avez mentionnées concernant l'intérêt des victimes. Ce serait excellent. J'espère que vous tenterez de convaincre aussi vos collègues du Parti libéral afin, peut-être, d'unir vos voix pour que nous puissions aller de l'avant. Ce serait une démarche très encourageante pour tous ceux qui s'inquiètent du sort des victimes au pays.
Vous avez parlé des questions financières. Voilà une des raisons pour lesquelles j'appuie sans réserve le fonds pour les victimes et les dizaines de millions de dollars que le gouvernement y a versés. Nous avons versé des fonds à de nombreux groupes et de nombreuses personnes. Nous offrons plus de soutien aux victimes. Je dis aux gens que l'argent que nous versons pour aider les victimes c'est, pour les contribuables, de l'argent bien dépensé.
Monsieur le président, vous savez que j'appuie aussi sans réserve les centres de défense de l'enfance, qui viennent en aide aux enfants victimes d'un crime. Je pense encore une fois que toutes les victimes seront sans doute d'accord avec moi pour dire qu'elles reçoivent maintenant un bien meilleur soutien du gouvernement fédéral, à bien des points de vue, que par le passé.
Comme je l'ai mentionné à M. Casey, cela ne vise en rien à diminuer l'énorme responsabilité qui échoit aux provinces en matière de soins de santé. Il s'agit en fait pour elles d'une responsabilité constitutionnelle. Toutefois, je dis toujours que nous avons, nous aussi, une responsabilité. Lorsque vous voyez des sommes allouées au fonds pour les victimes dans le budget, vous n'avez pas à poser de questions. Vous savez que j'appuie cela sans réserve parce que c'est dans l'ordre des choses, à mon avis.
Encore une fois, pour revenir à votre commentaire initial, j'espère bien sûr que ce projet de loi sera adopté rapidement. J'espère que tous les députés de l'opposition diront qu'ils vont appuyer les victimes au pays et qu'ils vont voter pour ce projet de loi à la fois très important et très raisonnable. Je compte assurément sur votre appui.
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Vous soulevez un bon point. Il peut arriver qu'il y ait de la confusion quand on parle aux gens de ces questions. Les personnes qui sont considérées comme étant non responsables criminellement ne vont pas en prison. Elles sont envoyées plutôt dans un hôpital, ce qui est tout à fait approprié.
Les commissions qui sont mises sur pied sous les auspices des provinces vont comprendre des gens qui seront chargés d'examiner ce qui est le mieux pour cette personne. Parmi les options, il y a bien sûr le maintien en détention, mais il y a aussi la libération conditionnelle et la libération inconditionnelle si on juge que la personne n'a pas besoin d'être détenue. Les questions médicales entrent en ligne de compte, bien sûr, mais les membres des commissions ont des directives à suivre. Encore une fois, elles sont modifiées dans le projet de loi.
Votre collègue a mentionné que la première considération devait être, au départ, la protection de la population. Il y a donc divers éléments qui sont pris en considération, comme cela doit se faire. Mais encore une fois, il ne faut pas que cela soit confus dans l'esprit des gens. Les personnes ne sont pas jetées en prison. Cela ne fait pas partie du système carcéral.
Mon collègue, , vous dira qu'il met tout en oeuvre et qu'il appuie fermement les efforts qui sont déployés dans les prisons pour offrir à ces personnes les soins en santé mentale dont elles ont besoin. Le gouvernement fédéral injecte également des fonds dans ce domaine en santé mentale, et je suis bien sûr d'accord avec cela.
Mais là n'est pas la question. On parle ici de personnes qui sont hospitalisées dans le réseau provincial. J'appuie sans réserve la bonification des fonds versés aux provinces en santé, mais cela dit, ces personnes relèvent des provinces et nous voulons leur fournir l'aide dont elles ont besoin, parce que tout le monde y gagne. C'est avantageux pour la personne et c'est avantageux aussi, bien sûr, pour la société. Nous avons un milieu de vie plus sécuritaire lorsque ces personnes obtiennent l'aide dont elles ont besoin.
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Le projet de loi prévoit que plusieurs étapes doivent être franchies afin de faire une demande auprès du tribunal. Par la suite, la cause sera entendue devant la cour saisie du dossier, soit la Cour provinciale ou la Cour supérieure.
Tel que défini dans le Code criminel — et le ministre y a fait allusion tout à l'heure —, lorsqu'un accusé est trouvé non criminellement responsable d'une infraction grave ou de graves sévices contre la personne, la Couronne peut alors faire une demande spéciale pour qu'on tienne une audience sur la question. Lors de cette audience, plusieurs éléments de preuve devront être présentés.
Si je ne me trompe pas, il en est fait mention à l'article 12 du projet de loi, où l'on demande que le tribunal considère ce qui suit, à savoir la nature et les circonstances de l'infraction, l'état mental de l'accusé, les traitements suivis et à venir de l’accusé et, ce qui risque d'être très pertinent pour le tribunal, l’avis des témoins experts et des psychiatres qui comparaîtront pour fournir des éléments de preuve.
Comme le ministre l'a mentionné tout à l'heure, après examen de la preuve, le tribunal peut invoquer l'une ou l'autre des circonstances s'il est convaincu qu’il y a une probabilité marquée que l’accusé usera de violence de façon à mettre en danger la vie ou la sécurité d’une autre personne et s'il est d’avis que les actes à l’origine de l’infraction pour laquelle il a été trouvé non criminellement responsable étaient d’une nature si brutale qu’il y a un risque de préjudice grave pour une autre personne.
Dans l'une ou l'autre de ces circonstances, le tribunal peut déclarer qu’un accusé est à haut risque. Conséquemment, l'accusé fera l'objet d'une ordonnance de détention et son cas sera ensuite renvoyé à la commission d'examen qui en fera la révision. Les révisions peuvent être faites de façon annuelle ou tous les deux ou trois ans, dépendant des circonstances particulières de chaque dossier. Si, à une date ultérieure, la commission est d'avis que le risque a diminué, le tribunal pourrait reconsidérer le dossier et voir s'il y a lieu de révoquer la désignation d'accusé à haut risque. En effet, la commission d'examen peut renvoyer le dossier devant la cour, qui tiendra une nouvelle audience afin de déterminer si le seuil est toujours atteint ou si, au contraire, la désignation peut être révoquée.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins de leur présence.
Vous avez mentionné précédemment — et c'est quelque chose que je souhaite éclaircir — que même s'il n'y a eu aucune discussion au sujet des délinquants à risque élevé, par rapport aux délinquants dangereux, la catégorie des délinquants dangereux est présente dans le code depuis un certain temps. Le code reconnaît qu'une personne qui récidive pourrait, dans certaines circonstances, être déclarée délinquant dangereux. Ces infractions vont du meurtre et de l'infanticide à certains des crimes les plus graves qui se trouvent dans le Code criminel.
Diriez-vous qu'une personne déclarée NRC à risque élevé, qui commet un crime ayant pour effet de la faire déclarer délinquant dangereux en vertu du Code criminel, serait reconnue comme ayant commis un des crimes qui feraient qu'une fois accusée, elle s'exposerait, compte tenu des modifications apportées au code, à une peine de détention maximale de 36 mois, ou 3 ans?
Pourriez-vous expliquer cela au comité, si vous le pouvez: la façon dont nous en sommes venus à cette exigence de détention de 3 ans, plutôt que d'un an comme en ce moment?
Merci à nos témoins du ministère de la Justice d'être venus. Vous avez très bien répondu aux questions.
J'aimerais dire aux membres du comité que, compte tenu de ce qui a été approuvé, nous allons avoir une séance de trois heures.
Comme vous le savez, il y a beaucoup de votes à la Chambre des communes. Toutes les séances se déroulent ici, dans l'édifice du Centre. Mon objectif, en tant que président, est de veiller à ce que nous entendions les témoignages. Nous allons voter s'il le faut, puis nous allons revenir et nous assurer d'entendre nos témoins et de consigner leurs témoignages au compte rendu. Certains viennent de loin. Nous ne pourrons peut-être pas permettre à tous les membres de poser leurs questions, mais je veux que nous entendions les témoins.
C'est à compter de mercredi, et nous sommes impatients de les entendre.
Sur ce, la séance est levée.