Bonjour, monsieur le président et chers membres du comité.
[Traduction]
Je vous remercie de m'inviter aujourd'hui à parler du projet de loi , qui modifie les dispositions du Code criminel relatives à la suramende compensatoire fédérale.
Le dépôt de ce projet de loi m'encourage grandement, car il donne suite aux recommandations formulées par notre bureau dans le but de mieux répondre aux besoins des victimes d'actes criminels au Canada.
J'aimerais tout d'abord prendre un moment pour parler de mon rôle d'ombudsman fédéral des victimes d'actes criminels. Comme vous le savez peut-être, le Bureau de l'ombudsman fédéral a été créé pour donner une voix aux victimes au niveau fédéral. Nous accomplissons notre mandat en recevant et examinant les plaintes de victimes, en fournissant des renseignements et des références aux victimes d'actes criminels en vue de promouvoir et de faciliter l'accès aux programmes et aux services fédéraux, en promouvant les principes fondamentaux de la justice pour les victimes d'actes criminels, en sensibilisant le personnel de la justice et décideurs politiques les besoins et des préoccupations des victimes et en cernant les problèmes systémiques et nouveaux qui influencent négativement les victimes d'actes criminels.
Le bureau aide les victimes de manière individuelle et de manière collective. Nous aidons les victimes individuellement, en leur parlant au quotidien, en répondant à leurs questions et en traitant leurs plaintes. Nous aidons les victimes collectivement en révisant des questions importantes et en présentant au gouvernement du Canada des recommandations sur la façon d'améliorer ses lois, ses orientations et ses programmes, de façon à mieux soutenir les victimes d'actes criminels.
Je tiens d'abord à dire que notre bureau est très encouragé par les modifications proposées aux dispositions du Code criminel relatives à la suramende compensatoire dont nous parlons aujourd'hui. Le projet de loi propose trois modifications en particulier qui permettront de mieux répondre aux besoins des victimes d'actes criminels.
La première modification fait en sorte que la suramende compensatoire sera appliquée dans tous les cas sans exception, en supprimant le pouvoir du tribunal de décider de ne pas l'infliger.
Aux termes de la deuxième modification, les contrevenants qui seront incapables de payer la suramende pourront participer à des programmes provinciaux ou territoriaux de solutions de rechange au paiement d'une amende afin de s'en acquitter.
La troisième modification a pour effet de doubler le montant de la suramende qu'un contrevenant doit payer. En pratique, le montant de la suramende représentera: 30 p. 100 de l'amende infligée ou, si aucune amende n'est ordonnée: 100 $ pour une infraction punissable par procédure sommaire; 200 $ pour une infraction punissable par mise en accusation.
Dans les faits, ces modifications feront en sorte que les dispositions sur la suramende compensatoire seront appliquées de manière uniforme partout au Canada et que les contrevenants assumeront davantage leurs responsabilités envers les victimes dont ils ont changé la vie.
Compte tenu des avantages qu'offrent les modifications proposées pour les victimes d'actes criminels, j'aimerais vous dire que nous appuyons sans réserve l'adoption du projet de loi . La modification des dispositions relatives à la suramende compensatoire a constitué une priorité pour notre bureau. Nous entendons tous les jours des victimes d'actes criminels parler de leur difficulté à accéder aux services dont elles ont besoin. Les victimes expriment aussi leur frustration de voir que les contrevenants n'engagent pas leur responsabilité en ce qui concerne le paiement des montants ordonnés par le tribunal, un dédommagement ou la suramende compensatoire par exemple.
De plus, les victimes sont confrontées à de nombreuses difficultés en raison des répercussions psychologiques et socioéconomiques des actes criminels commis à leur égard. Selon une étude récente du ministère de la Justice, on estime à près de 83 p. 100 les coûts associés aux crimes qui sont supportés par les victimes. Parmi ces coûts, mentionnons la perte de productivité et de salaire, les frais relatifs aux soins médicaux et psychologiques et les absences du travail pour assister aux instances criminelles. Des victimes nous disent également qu'elles n'ont pas les moyens de payer des séances de thérapie et nous parlent de l'absence de programme d'indemnisation des victimes d'actes criminels dans leur province ou leur territoire.
L'insuffisance des fonds que devrait générer la suramende pour financer des programmes et des services pour les victimes contribue peut-être à ces obstacles. La suramende vise à s'appliquer automatiquement, mais le juge chargé de la détermination de la peine renonce régulièrement à l'infliger, souvent sans qu'il lui soit démontré qu'elle causerait un préjudice injustifié au contrevenant.
Des données tirées d'un examen de l'application de la suramende compensatoire fédérale au Nouveau-Brunswick en 2006 révélaient que celle-ci n'avait pas été appliquée dans 66,5 p. 100 des cas étudiés. En outre, dans 99 p. 100 des affaires où elle n'avait pas été infligée, il n'y avait dans le dossier aucun document expliquant pourquoi.
Comme la suramende n'est habituellement pas infligée, les recettes qui pourraient être consacrées aux services provinciaux et territoriaux d'aide aux victimes sont inférieures à ce qui était prévu. Il est donc évident que la suramende n'atteint pas ses objectifs et qu'elle doit être améliorée.
La possibilité que le paiement obligatoire de la suramende cause un préjudice injustifié aux contrevenants suscite des préoccupations. En mettant l'accent sur cet aspect cependant, on ne peut pas tenir compte du préjudice injustifié causé aux victimes. Le projet de loi favorise une approche plus équilibrée qui assure que la suramende compensatoire est infligée de manière uniforme dans tous les cas, tout en permettant aux contrevenants de participer à des programmes de solutions de rechange au paiement d'une amende ou à d'autres mécanismes semblables afin de s'acquitter de la suramende.
Les modifications proposées dans le projet de loi pour doubler le montant de la suramende assureront un meilleur financement des services aux victimes et permettront aux contrevenants de réparer les torts qu'ils ont causés, en participant au financement de services qui aident les victimes à faire face à la situation et à aller de l'avant après un crime.
En conclusion, les modifications proposées aux dispositions relatives à la suramende compensatoire fédérale représentent un pas en avant important. Elles proposent un mécanisme plus efficace au moyen duquel les contrevenants peuvent réparer le tort qu'ils ont causé aux victimes et à la collectivité en général, tout en assumant leurs responsabilités pour les actes qu'ils ont commis.
L'application efficace de la suramende compensatoire par l'adoption et la mise en application du projet de loi fera clairement savoir aux victimes que le système de justice pénale reconnaît les répercussions durables des actes criminels commis à leur égard, ainsi que la nécessité qui en découle de tenir les contrevenants responsables et de faire en sorte que les services provinciaux et territoriaux d'aide aux victimes soient adéquatement financés. En conséquence, j'encourage le comité et le Parlement à faire en sorte que le projet de loi soit adopté, car celui-ci permettra de mieux répondre aux besoins des victimes d'actes criminels au Canada.
À titre d'ombudsman fédéral des victimes d'actes criminels, je suis reconnaissante au comité de m'avoir donné l'occasion de mettre en évidence les besoins des victimes d'actes criminels au regard de cet important projet de loi. Je vous remercie. Je serai heureuse de répondre à vos questions.
[Français]
Je vous remercie. Je serai heureuse de répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président. Merci, madame O'Sullivan, de votre témoignage et d'avoir pris le temps de venir nous rencontrer.
Je pense que tout le monde au sein de ce comité est d'accord pour dire que ce projet loi est important puisqu'il y a beaucoup de trous dans ce qui existe présentement au sein Code criminel à la section 7.37 et au sein d'autres sections. On a entendu des témoins qui nous ont dit qu'il n'y avait à peine que 20 p. 100 des juges qui ordonnaient le versement de la suramende, ce qui me laisse songeuse pour les autres 80 p. 100. C'est fait sans l'utilisation du pouvoir discrétionnaire du juge de déterminer si la preuve était présentée par l'accusé, à savoir qu'il était dans l'incapacité de payer sans même avoir eu l'ombre d'une preuve à cet effet. Alors, à cet égard, il y a certainement une situation problématique.
Je suis tout de même préoccupée en ce qui a trait au projet de loi parce que je le regarde dans la perspective des tribunaux qui devront l'appliquer par la suite. On sait que la Cour suprême, dans le dossier de R. c. Wu, a dit clairement qu'on ne pouvait pas emprisonner une personne qui était dans l'incapacité réelle de payer. Mon inquiétude est la suivante. Il n'y a pas de dispositions à cet égard. L'effet de cette loi est de retirer la discrétion au juge. C'est une discrétion qui était probablement mal utilisée à l'époque parce qu'il s'agissait de retirer l'imposition de la surprime ou de la suramende sans qu'il n'y ait eu une preuve relative à l'incapacité de payer.
Toutefois, mon inquiétude est qu'en enlevant l'aspect discrétionnaire de ce pouvoir, on se retrouve avec des contestations. En fait, ce ne sont pas toutes les provinces, ni tous les territoires, qui ont des programmes qui permettent à l'accusé de payer et de s'inscrire à un programme de travail ou de travaux compensatoires. Ce ne sont pas toutes les provinces qui vont retenir le permis de conduire jusqu'à ce que l'amende soit payée.
Avez-vous regardé le dossier sous cet angle ou simplement sous l'angle, comme vous le dites si bien, où les victimes sont souvent les laissés-pour-compte du système judiciaire? Tout le temps additionnel serait le bienvenu et tout le temps qui responsabiliserait l'accusé serait le bienvenu. Par contre, si ce n'est pas le résultat attendu, en définitive, on manque peut-être le bateau.
Et les personnes à problèmes?
[Français]
Que faire avec les personnes ayant des problèmes de santé mentale?
Plus tard, des témoins vont venir nous expliquer qu'en ce moment, au sein du système carcéral, il y a des gens avec des problèmes de santé mentale ou des handicaps physiques. Doit-on appliquer ces mesures de manière générale?
Je comprends que vous répondiez — comme d'autres l'ont fait fréquemment — qu'il existe des programmes provinciaux et territoriaux.
Une étude de notre excellente Bibliothèque du Parlement démontre que ces programmes provinciaux et territoriaux ne sont pas équivalents partout. Ils ne sont pas utilisables de la même façon.
Je reviens toujours aux cas extrêmes. En tant que représentante des victimes à travers le Canada, verriez-vous un problème à ce qu'on circonscrive de façon très limitée les cas extrêmes? Cela éviterait qu'un tribunal nous dise un jour qu'on n'avait pas prévu ces cas extrêmes et qu'il retire purement et simplement l'article en question, parce qu'il serait trop discriminatoire par rapport à certains facteurs.
En somme, nous avons le cas d'une personne en situation de pauvreté extrême, qui ne pourrait pas être compensée par un des programmes, et le cas d'une personne qui ne pourrait même pas s'inscrire à ce programme à cause d'un problème de santé mentale ou d'un handicap physique. Je me demande si vous avez cette ouverture.
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Oui, absolument. Je reviendrai encore une fois sur mes premiers commentaires au sujet de nos recommandations. La suramende fédérale compensatoire a été introduite en 1988. Elle a été modifiée en 2000. Nous avons constaté qu'habituellement elle n'est pas imposée, de sorte que le but recherché n'a pas été atteint. L'objectif était d'obtenir des fonds pour que les provinces et les territoires fournissent des services aux victimes d'actes criminels.
Je peux vous dire que les victimes d'actes criminels de toutes les régions du Canada communiquent avec nous. Je vais vous donner un exemple. J'ai parlé à une maman qui avait perdu sa fille. Sa fille avait été assassinée. Elle m'a dit qu'elle avait eu de la chance, parce qu'elle avait obtenu gratuitement 30 séances de counselling, mais que cela remontait à 18 mois et que le dossier n'en était même pas à l'étape de l'enquête préliminaire. Elle se demandait combien de séances elle devait mettre de côté. Eh bien, cela ne répond pas aux besoins d'une victime d'actes criminels. Comme tous ceux qui sont autour de cette table le savent, la victimisation est un traumatisme qui dure toute la vie et les besoins de la victime ne disparaissent pas à la fin du processus pénal, pas toujours — ils sont toujours là.
Comme tout le monde ici le sait, la plupart des services directs sont fournis par les provinces et les territoires et nous voulons donner aux provinces et territoires un financement renforcé, pour qu'ils soient en mesure d'offrir ces services, de répondre aux besoins des victimes d'actes criminels, tant au moment de la perpétration de l'infraction que par la suite— et bien souvent, pendant des années — c'est vraiment quelque chose que nous devons faire. Nous devons commencer à prendre ces mesures positives. Nous devons commencer à reconnaître que les victimes ne sont pas de simples spectateurs dans le système de justice pénale et qu'elles ont des besoins qu'il faut combler.
:
Oui. En fait, c'est ce que nous disent les victimes d'actes criminels. Je tiens également à dire que ces victimes ont des besoins nombreux et différents. Par exemple, des victimes d'actes criminels vous diront qu'elles sont tout à fait en faveur de la justice réparatrice et que ce type de justice leur paraît approprié. Vous en verrez d'autres qui...
Mais quoi qu'il en soit, elles ont besoin de services de soutien, des services concrets. Je vais vous donner un seul exemple: l'indemnisation des victimes d'actes criminels. C'est un programme qui existe, mais pas dans toutes les provinces et territoires, comme vous le savez. Il facilite l'accès aux services: par exemple, cette indemnité peut servir à financer des séances de counselling. Il est essentiel que les victimes aient accès à ces fonds pour qu'on puisse les aider à s'ajuster à ce qui leur est arrivé et pour leur offrir les services nécessaires.
Il faut bien savoir quelles sont les personnes qui ont subi un préjudice et une perte et encore une fois reconnaître... Ce n'est pas l'un ou l'autre, nous le savons. Les victimes ne souhaitent pas que ce qu'elles ont vécu arrive à d'autres, mais elles n'arrivent pas à comprendre — et c'est ce que j'entends dire constamment — pourquoi elles n'ont pas accès rapidement à ces services et dans certains cas, pourquoi elles n'ont pas accès à des services appropriés. Il y a bien sûr les séances de counselling, mais comme vous pouvez l'imaginer, il y a des victimes qui ont besoin de counselling spécial pour les traumatismes. Ce genre de counselling peut être coûteux, mais il faut que notre société réponde aux besoins des victimes d'actes criminels et que le système de justice pénale leur offre également un soutien.
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Merci, monsieur le président.
Merci d'être venue, madame O'Sullivan. Je sais que vous avez déjà parlé de ces questions.
J'aimerais parler de votre rapport, Réorienter la conversation. Votre rapport spécial contient plusieurs recommandations dont une consisterait à multiplier par deux le montant de la suramende fédérale compensatoire. Je me demande comment vous en êtes arrivés à cette recommandation.
Je sais que votre rapport fait référence à une étude de 2005-2006 effectuée par le ministère de la Justice du Nouveau-Brunswick. Cette étude mentionnait que les réponses variaient sensiblement. Il y avait ceux qui disaient qu'il ne faudrait même pas parler de suramende en cas d'incapacité de payer et il y avait des différences d'opinions au sujet du montant souhaitable.
Voici ma question: avez-vous consulté les procureurs généraux des provinces et des territoires? Ont-ils présenté des recommandations sur ce point? Je mentionne cet aspect parce que je me souviens qu'à l'époque, en 2005, nous avions reçu une recommandation qui émanait de M. Chomiak, le ministre de la Justice du Manitoba à l'époque. Il recommandait de faire passer l'amende à 20 p. 100 et non pas à 30 p. 100 et je me demande comment nous en sommes arrivés au chiffre de 30 p. 100.
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La plupart des recommandations qui figurent dans
Réorienter la conversation... Si vous remontez en arrière, vous vous souviendrez que le rapport
Les droits des victimes — Participer sans s'entraver abordait les grands thèmes. Ce bureau a été créé en 2007. Cette recommandation a été formulée sous la direction de l'ombudsman précédent.
J'ai eu la possibilité de parler au comité fédéral-provincial-territorial qui était dirigé par Pam Arnott du Centre de la politique concernant les victimes. J'ai présenté le rapport spécial au chef des services aux victimes. Lorsque je leur ai parlé, j'ai clairement exposé ce que nous avions demandé dans nos recommandations. Je n'ai pas reçu de commentaires proposant des changements; je leur ai communiqué la teneur de ces recommandations.
Je peux également vous dire que ces deux dernières années, j'ai eu la possibilité de parler à des victimes dans toutes les régions du Canada et de parler également, par exemple, aux juges. Je me suis adressée à un groupe de juges, de procureurs de la Couronne, d'intervenants dans le système de justice pénale, de victimes, d'agences de service aux victimes et d'universitaires. Bien entendu, une partie de mon rôle consiste à informer la population des priorités en matière de victimes d'actes criminels.
Chaque fois que je l'ai pu, j'ai parlé publiquement au Canada du rapport Réorienter la conversation et de ses recommandations. En fait, une des principales raisons à l'origine du rapport était d'amener les Canadiens à entamer un dialogue sur ces questions. Bien évidemment, nous avons consulté, pour élaborer ce rapport, les victimes et les agences qui leur offrent des services. Quant à la question de savoir quel devrait être ce montant, je n'ai pas procédé à des consultations. J'ai parlé de la recommandation, comme vous l'avez mentionné à juste titre, qui proposait de multiplier par deux la suramende et de la rendre obligatoire.
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La situation me paraît être tout à fait comme vous la décrivez. Sept provinces et territoires ont des programmes de solution de rechange à l'amende et trois — Colombie-Britannique, Ontario et Terre-Neuve — n'en ont pas. Je crois comprendre que la personne qui n'est pas en mesure de payer une amende avec un programme de solution de rechange à l'amende peut toujours recourir à d'autres mécanismes.
J'espère, comme je l'ai dit dans mes autres commentaires, que le ministère de la Justice va discuter avec la Colombie-Britannique, l'Ontario, Terre-Neuve-et-Labrador des façons de mettre en oeuvre un tel programme. En fin de compte, l'objectif final recherché est de donner aux victimes un accès aux services dont elles ont besoin pour s'ajuster au crime commis contre elles. En ce sens, c'est un aspect que nous pouvons essayer d'uniformiser, pour ce qui est de la façon d'aborder ces questions.
En Colombie-Britannique, l'accusé peut demander à un juge, comme vous le dites, d'être emprisonné à titre de paiement de l'amende et également de transformer l'amende en travaux communautaires. C'est ce qui ressort d'une recherche que nous avons effectuée. En Ontario, la suspension du permis, l'exécution civile, les lettres de réclamation automatique, la compensation avec des versements fédéraux...
Encore une fois, si nous prenons un peu de recul, nous constatons que la personne qui ne peut payer l'amende au moment du prononcé de la peine peut participer à un programme de solution de rechange à l'amende ou avoir accès à d'autres mécanismes. La personne qui est incarcérée dans un établissement fédéral, par exemple — nous parlons de délinquants fédéraux — gagne un certain salaire et elle peut également avoir un compte. Nous parlons de 100 ou de 200 $, s'il ne s'agit pas d'une amende. Y a-t-il vraiment une raison qui les empêche de payer ces sommes raisonnables pendant leur incarcération, ce qui permettrait, là encore, de respecter les buts de la peine? Il ne s'agit pas simplement de réparer le préjudice causé à la victime; il s'agit de responsabilisation et de l'obligation d'assumer cette dette.
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Merci, monsieur le président.
Merci à nos témoins d'être ici aujourd'hui.
Comme vous le savez fort bien, les services aux victimes sont extrêmement importants et permettent d'assurer le bien-être des Canadiens respectueux des lois qui ont malheureusement été victimisés en raison du comportement illégal d'une autre personne. Comme tous ceux qui sont assis autour de cette table le savent, ces services sont fournis au palier fédéral, mais surtout au palier provincial. En augmentant la suramende compensatoire et en la rendant obligatoire dans tous les cas, le projet de loi aura pour effet d'augmenter les fonds envoyés aux provinces dans le but d'améliorer les services offerts aux victimes dans l'ensemble du pays.
Je devrais également mentionner que j'ai parlé à une famille particulière qui était victime d'un cas de conduite en état d'ébriété. Cette famille ne savait même pas que ces services existaient et était tout à fait en faveur du doublement du montant de la suramende.
Dans un autre cas tragique dans ma circonscription, une mère a été assassinée. La famille fait à l'heure actuelle toutes les choses dont vous parlez dans votre rapport, y compris des séances de counselling, etc. Les membres de cette famille sont très en faveur du projet de loi et ils ne savaient même pas que ces ressources existaient.
Pensez-vous que cette augmentation du financement des services aux victimes sera bien reçue par les provinces et par les organisations de première ligne?
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Merci, monsieur le président. Je vais essayer d'être bref et donnerai le reste de mon temps de parole à M. Jacob.
Merci d'être venue, Mme O'Sullivan.
Je voudrais revenir un peu sur ce dont parlait M. Cotler. Les analystes du comité, qui travaillent pour la Bibliothèque du Parlement, ont préparé une excellente étude.
Un des faits qui a été constaté est qu'il y a trois provinces et deux territoires — il y a peut-être d'autres éléments — dont les programmes de solution de rechange à l'amende ne peuvent s'appliquer aux suramendes fédérales. C'est leur loi qui le dit. La question qu'a posée M. Cotler était la suivante: devrions-nous soumettre l'application de ces changements à une condition, savoir supprimer l'obligation de ne pas imposer des difficultés trop lourdes, et introduire un mécanisme de rechange à l'amende dans le Code criminel fédéral? Devrions-nous réserver l'application de ces changements aux provinces dont le programme de solution de rechange à l'amende s'applique manifestement...?
Avez-vous des renseignements à ce sujet ou avez-vous eu des discussions avec le ministère de la Justice ou avec les provinces pour savoir si celles-ci savaient que ce projet de loi était à l'étude et si elles étaient disposées à modifier leurs propres lois pour les harmoniser avec le projet de loi ?
:
Je vais revenir à mes commentaires précédents, à savoir que le projet de loi va assurer une uniformité au palier fédéral. Ce sera ensuite aux provinces et aux territoires de décider si elles veulent mettre sur pied un mécanisme et d'en définir les modalités.
D'après ce que j'ai vu dans les provinces, je dirais qu'elles ont pris différentes mesures. À Terre-Neuve-et-Labrador, cela comprend des lettres, des avis, des appels téléphoniques, la recherche de biens, la suspension du permis de conduire, la compensation avec les versements fédéraux et les conseils financiers. Ils ont donc adopté certaines mesures. Je félicite les analystes de la Bibliothèque du Parlement pour la recherche qu'ils ont effectuée.
Cette mesure va assurer une certaine uniformité en apportant aux provinces et aux territoires un soutien pour qu'ils améliorent les services aux victimes d'actes criminels. Il y a beaucoup de gens qui m'ont dit que les provinces et les territoires n'ont pas tous prévu des solutions de rechange à l'amende. Nous entendons la même chose pour ce qui est des services aux victimes. L'indemnisation des victimes d'actes criminels, par exemple, n'existe pas dans le Nord, ni à Terre-Neuve. Nous voulons faire en sorte que les victimes d'actes criminels aient accès à ces services, quel que soit l'endroit où elles résident dans notre pays. C'est une bonne orientation à prendre.
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Je vais tâcher d'être bref.
D'entrée de jeu, le NPD appuie les victimes de crimes, leur famille et leur communauté, comme on l'a si bien vu au cours des derniers témoignages. Ces dernières sont souvent des victimes collatérales.
Le Nouveau Parti démocratique appuie également un meilleur financement des programmes offerts aux victimes. On pense que c'est là qu'il faudrait injecter de l'argent.
On reconnaît aussi l'importance d'appuyer les pouvoirs discrétionnaires des juges de la magistrature. Le juge est le mieux placé pour décider si une personne est en mesure de payer la suramende ou non. Les cas de pauvreté extrême, comme on l'a déjà souligné, de problème de santé mentale, de déficience intellectuelle et ainsi de suite posent des problèmes réels de paiement.
De plus, j'ai déjà été criminologue. Je sais qu'un criminel aime s'en laver les mains, payer une amende de 100 $ ou 200 $ s'il en a les moyens et faire du temps peinard. C'est ce qu'il adore. Pour ma part, je suis en faveur de la prévention. C'est la meilleure façon de diminuer le nombre de victimes potentielles.
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Merci, monsieur le président.
Merci, madame O'Sullivan. J'ai lu votre rapport. Je l'ai trouvé excellent et il sera très utile pour les victimes.
Vous avez parlé du fait que ce sont les victimes qui assument 80 p. 100 des coûts de la criminalité, un aspect que l'on oublie bien trop souvent lorsqu'on parle de politiques pénales. C'est une excellente chose que vous ayez soulevé à nouveau cet aspect.
Il est étrange de constater que, si ce projet de loi est appuyé par la plupart des groupes, il y en a quand même certains qui s'y opposent. Je ne comprends pas pourquoi. Il y a un groupe qui va venir témoigner plus tard cet après-midi, la Société John Howard, et je crois que ses représentants vont déclarer qu'ils ne sont pas favorables à ce projet de loi. Ils se sont opposés à toutes les mesures législatives pénales que nous avons présentées au cours de cette session du Parlement.
Que dites-vous aux organisations qui n'appuient pas cette mesure et ne pensent pas que les individus qui commettent des crimes et victimisent les gens devraient jouer un rôle dans le financement des services destinés à aider les victimes?
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Il ne faut jamais perdre de vue quelle est la personne qui a subi un préjudice et une perte. Si nous regardons les buts de la peine, nous voyons qu'il s'agit de réparer le préjudice causé aux victimes et à la communauté dans son ensemble, mais c'est également un moyen de responsabiliser le délinquant et de lui faire assumer la responsabilité de ses actes.
Je vais revenir à mon idée de juger les choses sur le long terme. Je vais prendre un exemple des États-Unis, un pays où les gens comprennent que certaines personnes n'ont pas les moyens de payer immédiatement une amende.
Avec ce projet de loi, la modification proposée autoriserait les délinquants à effectuer des travaux communautaires et de faire quelque chose pour leur collectivité. J'admets que certaines provinces devront examiner les mécanismes qui existent dans ce domaine.
Le seul exemple que je vais vous présenter est celui des États-Unis où il existe un programme de responsabilité financière des détenus fédéraux. C'est un programme facultatif. Au cours des 10 dernières années, on a constaté une augmentation très importante du nombre de détenus qui y participaient et des montants amassés.
Je pense donc que parfois... J'hésite à parler de la seule réunion que j'ai eue avec des contrevenants, mais lorsqu'il m'est arrivé de rencontrer des délinquants, ils m'ont dit qu'ils n'avaient pas accès à ce genre de mécanisme, qu'ils voulaient apporter quelque chose à la collectivité, de sorte que pour certains d'entre eux, la réadaptation doit être intégrée à leur plan correctionnel. Notre recommandation se trouve donc dans le rapport Réorienter la conversation qui examine les diverses façons d'assurer la participation des détenus et l'appui de la société... parce qu'en réalité, si l'on veut parler d'un système de justice pénale équilibré, il faut qu'il tienne compte des droits et des besoins des victimes d'actes criminels et qu'il prévoit des mesures de soutien.
Je dirais que je souscris à votre commentaire au sujet de la prévention. Il y a toute une gamme d'étapes auxquelles il est possible d'intervenir. Cela commence avec la prévention. Lorsque cela ne fonctionne pas, c'est l'intervention précoce et lorsque cela ne fonctionne pas, c'est l'application de la loi et ensuite, il y a le système de justice pénale. Tous ces aspects sont importants. Il ne faut pas choisir entre l'un ou l'autre.
Il ne faut toutefois pas oublier que pour les victimes, le système est loin d'être équilibré. Il faut rétablir un équilibre. Nous devons veiller à ce que les victimes disposent de mécanismes de soutien et puissent s'adapter au contrecoup du crime. Ce sont là les difficultés auxquelles font face les victimes. Elles comprennent que les délinquants vont retourner dans la collectivité et elles ne veulent pas qu'ils récidivent.
Elles ne comprennent pas toutefois pourquoi elles n'ont pas accès à ces programmes de soutien et qu'elles ne bénéficient pas des droits reconnus. Cela me paraît être une mesure très positive.
Comme vous le savez, la Société John Howard du Canada est un organisme caritatif communautaire qui a pour mission d'appuyer les mesures justes, efficaces et respectueuses des droits de la personne que l'on prend pour lutter contre les causes et les conséquences du crime.
La société a plus de 60 bureaux de première ligne dans le pays, et offre de nombreux programmes et services destinés à aider les victimes du crime en leur offrant des services directs, des services reliés à la justice réparatrice et la médiation victime-contrevenant.
Presque toutes nos sociétés contribuent à la prévention des victimes en travaillant avec ceux qui risquent de récidiver ou qui l'ont déjà fait. Nos activités renforcent la sécurité des collectivités.
Je vous remercie de m'avoir aimablement invitée à venir vous parler du projet de loi , qui propose de doubler la suramende compensatoire et à supprimer le pouvoir des juges de ne pas l'imposer, dans le cas où elle entraînerait des difficultés financières.
Ces amendements simples auront, sous leur forme actuelle, des conséquences graves et injustes pour les Canadiens les plus marginalisés qui sont traduits devant les tribunaux criminels et cela placera un fardeau supplémentaire sur un système de justice et correctionnel déjà surchargé.
J'aimerais aborder principalement quatre points à propos du projet de loi . Le premier traite des difficultés financières injustifiées.
La suppression du pouvoir des juges de ne pas imposer la suramende lorsqu'elle entraînerait des difficultés financières aura de lourdes conséquences pour les pauvres, les malades mentaux et les marginaux. Il est parfois possible de participer à un programme de solution de rechange à l'amende, mais ces programmes ne sont pas offerts partout et de nombreuses personnes ne peuvent, pour des raisons dues à leur âge, à l'ETCAF, à des questions de santé mentale et à d'autres problèmes, suivre jusqu'à la fin ces programmes.
Aux termes du paragraphe 734(2) du Code criminel, le juge ne peut imposer une amende à titre de peine s'il n'est pas convaincu que le délinquant a la capacité de la payer ou de s'en acquitter en suivant un programme de solution de rechange à l'amende. La suramende devenant obligatoire, le tribunal n'est pas tenu d'examiner la question des moyens ou de la capacité de payer de l'accusé. Il est probable que le nombre de ceux qui ne sont pas en mesure de payer la suramende vont être en défaut d'acquitter l'amende et risqueront d'être emprisonnés.
Cette situation soulève des questions très importantes. En mai 2011, par exemple, les journaux ont rapporté qu'un Albertain avait refusé de payer la suramende compensatoire pour une infraction au code de la route et qu'il avait été tué pendant qu'il se trouvait dans un centre de détention d'Edmonton. De nombreux établissements correctionnels provinciaux sont surpeuplés et la violence y règne, en particulier pour ceux qui sont vulnérables en raison de problèmes de santé mentale.
Le deuxième point que j'aimerais souligner touche le manque de proportionnalité des peines. La peine doit être proportionnelle à la gravité de l'infraction et au degré de responsabilité du contrevenant. Les suramendes constituent des peines supplémentaires imposées aux accusés condamnés au moment où l'on fixe leur peine. Elle vient s'ajouter à ce que le juge estime être la peine appropriée.
Ces peines supplémentaires viennent aggraver ce qui serait autrement des peines équitables. Si elles entraînent en fin de compte des conséquences pénales disproportionnées, elles risquent d'aller à l'encontre des protections qu'offre l'article 12 de la Charte. Des suramendes d'un montant fixe qui ne peuvent être adaptées à la gravité de l'infraction ou à la capacité de payer du délinquant auront un effet particulièrement dur sur les personnes démunies.
Troisièmement, on peut s'interroger sur la question de savoir si les suramendes obligent davantage les délinquants à rendre des comptes à leurs victimes. De nombreux programmes — je suis sûre que M. Waller vous en parlera davantage — notamment la justice réparatrice, réussissent à sensibiliser les délinquants à l'effet qu'ont eu leurs crimes sur les victimes, à aider les victimes et à essayer de réduire la récidive. Il est peu probable que la suramende ait à elle seule pour effet d'amener le délinquant à rendre des comptes à sa victime.
Les suramendes ne sont pas reliées à la gravité du préjudice subi par la victime. En fait, elles s'appliquent aux crimes sans victimes ou lorsque le délinquant se cause à lui-même un préjudice en commentant une infraction, comme la consommation de drogue. L'absence de lien entre la suramende et la situation de la victime n'aura pas pour effet d'obliger le délinquant à rendre des comptes à sa victime. Cela va probablement le rendre plus cynique, ce qui va à l'encontre de l'intention initiale. Les suramendes seront considérées par le délinquant comme une peine supplémentaire ou au mieux, comme une source de revenus pour les services offerts à certaines victimes.
Il est également possible de se poser certaines questions au sujet de la nécessité d'augmenter les fonds destinés aux services provinciaux aux victimes. L'évaluation de la stratégie fédérale d'aide aux victimes, affichée sur le site Web du ministère de la Justice, montre que le volet provinces et territoires du fonds est gravement sous-utilisé. Le tableau 7 montre que sur les 16 millions de dollars prévus, les provinces utilisent 3 millions de dollars, ce qui laisse un montant de 13 millions de dollars qui demeure inutilisé.
Il est possible qu'il s'agisse là d'un fonds ciblé, mais avant de mettre en oeuvre des changements qui vont nuire aux pauvres, il serait bon de savoir comment les provinces utilisent à l'heure actuelle les recettes provenant de la suramende compensatoire et si d'autres ressources demeurent également inutilisées. Les provinces obtiennent aussi des recettes à partir des suramendes associées aux infractions provinciales.
Dans une autre étude affichée sur le site Web du ministère de la Justice: « Imposition de la suramende compensatoire fédérale au Nouveau-Brunswick: un examen opérationnel », le procureur général du Manitoba proposait de faire passer la suramende compensatoire de 15 à 20 p. 100 des amendes imposées. Relier l'augmentation aux amendes et aux considérations relatives à la capacité de payer prévues par la loi accorderait une protection utile aux démunis. Cela entraînerait une augmentation beaucoup plus modeste des recettes qui vont probablement découler de ces modifications.
En conclusion, la Société John Howard appuie vivement les programmes efficaces destinés aux victimes et à la prévention de la victimisation. L'augmentation des suramendes et leur caractère désormais obligatoire ne permettront pas d'atteindre l'objectif qui consiste à obliger les délinquants à rendre des comptes à leurs victimes.
Les modifications proposées dans le projet de loi vont toutefois avoir de graves conséquences pour les personnes les plus pauvres et les plus marginalisées qui font face à des accusations pénales. En l'absence d’une modification permettant de ne pas imposer les suramendes parce qu'elles entraîneraient des difficultés financières, il est inévitable que la mise en oeuvre de ce projet de loi entraînera des injustices et des mesures inhumaines. Le nombre de personnes qui ont subi un traumatisme crânien, accusent des retards de développement, sont séniles ou atteintes de maladies mentales qui vont être en défaut de payer ces suramendes va augmenter, et elles vont peut-être se retrouver dans des prisons provinciales de plus en plus surpeuplées et dangereuses.
Nous invitons le comité à ne pas proposer l'adoption du projet de loi. S'il le fait, nous lui demandons de modifier le projet de loi pour autoriser les juges à ne pas imposer la suramende lorsque cela entraînerait des difficultés excessives pour l'accusé.
Je vous remercie.
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Je suis le président de l'International Organization for Victim Assistance. Je travaille depuis près de 40 ans à obtenir des services pour les victimes et à défendre leurs droits; mes activités sont reconnues aux États-Unis et dans un certain nombre d'autres pays. J'ai récemment publié un livre, qui a en fait été écrit pour les gens qui se trouvent autour de la table, intitulé
Rights for Victims of Crime: Rebalancing Justice (Les droits des victimes du crime: rééquilibrer la justice).
Pour ce qui est du projet de loi , j'écris dans ce livre que les services destinés aux victimes devraient être financés à même les recettes générales. C'est la façon dont nous finançons la plupart des autres services. Je suis toutefois pragmatique et si cela peut aider les victimes, cela vaut la peine. J'ai été partisan — quoique réticent — des suramendes depuis qu'elles ont été introduites aux États-Unis dans les années 1970 et au début des années 1980 et qu'elles l'ont été au Canada en 1989.
Je pense que le projet de loi , qui prévoit le doublement du montant des suramendes, est une mesure raisonnable. Je pense toutefois qu'il est extrêmement important de reconnaître que le Canada est très loin derrière les autres pays lorsqu'il s'agit de l'aide apportée aux victimes et qu'il ne faudrait pas confondre le doublement de la suramende avec l'adoption d'une véritable stratégie répondant aux besoins des victimes.
Le préjudice de 83 milliards de dollars causé aux victimes est tout à fait inexcusable dans un pays comme le Canada; c'est une donnée qu'a utilisée le Bureau du premier ministre au début de cette année, ou peut-être à la fin de l'année dernière. Le fait que 440 000 crimes violents aient été rapportés à la police est tout à fait inexcusable dans un pays aussi riche. En outre, sont également totalement inexcusables, les 1,3 million d'infractions contre les biens signalées à la police.
La statistique la plus inexcusable utilisée par le Bureau du premier ministre est que seulement 69 p. 100 des victimes s'adressent à la police. Ce sont là des données statistiques dignes du tiers monde. En fournissant des services aux victimes, en amenant les services de police à fournir de l'information aux victimes et en mettant sur pied un régime d'indemnisation des victimes d'actes criminels raisonnablement cohérent, il est évident que le nombre des victimes qui s'adresseront à la police ne pourra qu'augmenter. Je crois que c'est ce que l'on constate lorsque l'on examine ce qui se fait ailleurs.
Pour revenir à ce que l'on peut constater dans d'autres pays, prenons l'exemple des États-Unis pour un moment et voyons ce qui s'est passé avec les suramendes pour les victimes. Les autorités ne s'en sont pas prises uniquement aux petits délinquants. Elles se sont attaquées aux grandes sociétés. Le Victims of Crime Act (Loi sur les victimes) qui remonte à 1984 a permis de percevoir plus de 1 milliard de dollars par an. Ce sont là des amendes imposées aux grandes sociétés qui ne respectent pas la loi.
Je crois qu'en plus de doubler le montant des suramendes, nous devons faire en sorte que nos tribunaux et nos règlements nous permettent de recueillir, peut-être pas des amendes de 1 milliard de dollars, mais des centaines de millions de dollars et je pense que cela nous permettra d'offrir, d'un bout à l'autre du pays, les services dont nous avons besoin.
Permettez-moi de parler un moment de l'Union européenne. Les autorités ont récemment adopté une directive qui s'applique à 27 pays— non pas 10 provinces, mais 27 pays — dont les habitants ne parlent même pas la même langue et les 75 millions de victimes qui résident dans une région où vivent 500 millions de personnes auront désormais un accès garanti aux services aux victimes.
Cela ne veut pas dire que les victimes canadiennes auront accès à de tels services. Nous devrions pourtant veiller à ce que cela se fasse. Si l'Union européenne peut le faire, nous pouvons alors certainement le faire nous aussi.
Le premier ministre du Royaume-Uni a récemment déclaré que la prévention était la façon la plus efficace et la plus rentable de lutter contre le crime et que tout le reste n'était que du rattrapage. Eh bien, devinez ce qui est arrivé? Le Royaume-Uni vient tout récemment d'introduire un mécanisme de justice réparatrice pour toute l'Angleterre et le Pays de Galles. Les autorités l'ont fait parce que les études montrent que les victimes sont beaucoup plus satisfaites avec la justice réparatrice et que cela constitue une façon efficace de lutter contre la récidive.
Je vous invite donc à adopter ce projet de loi, mais de proposer également un projet de loi qui soit bipartisan, voire tripartisan. Tous les ans, je fais un discours au caucus bipartisan du Congrès des États-Unis. Il n'est pas nécessaire de politiser cette question. C'est un aspect sur lequel tous les députés peuvent s'entendre.
Préparons un vrai plan d'action qui va vraiment réduire le nombre de victimes et qui aura pour effet de fournir des services à toutes les victimes qui en ont besoin. Ce n'est pas une mesure très coûteuse pour un pays comme celui-ci. Il faudra veiller à ce que les services de police fournissent de l'information — y compris la GRC, qui est régie par une loi fédérale — pour amener les victimes à participer davantage au processus, en adoptant une véritable politique qui permette de réduire ce montant de 83 milliards de dollars.
Au cours des cinq prochaines années, grâce au leadership du gouvernement fédéral, nous pourrions réduire ces chiffres sur les crimes avec violence et contre les biens, y compris ceux qui ne sont pas rapportés à la police, de 40 à 50 p. 100, en dépensant une faible partie de ce que nous dépensons actuellement pour réprimer ces infractions. C'est ce que nous devons faire. C'est l'effet qu'aurait une véritable politique qui viserait à répondre aux besoins des victimes.
Merci.
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Pour ceux qui n'étaient pas là, je vais répéter ce que j'avais commencé à dire.
Nous appuyons les victimes de crime, leur famille et leur communauté, ainsi que les recommandations de l'ombudsman des victimes. Toutefois, nous reconnaissons l'importance d'appuyer les pouvoirs discrétionnaires des juges.
Aussi, je me pose plusieurs questions.
Madame Latimer, on a pu constater que les régimes provinciaux en matière d'amendes n'étaient pas standardisés. Trois provinces n'ont pas de programmes compensatoires. Comment s'assurer que l'argent de cette suramende va réellement être alloué aux groupes de victimes qui en ont besoin?
L'autre question qui me dérange concerne les personnes incapables de payer, que ce soit pour des raisons de pauvreté extrême, de santé mentale, de déficience intellectuelle ou pour d'autres raisons. Vous en avez parlé un peu lors de votre intervention. Pouvons-nous faire une exception, de façon à ne pas en venir à invalider complètement cette loi?
Par ailleurs, j'ai été agréablement surpris d'entendre M. Waller parler de prévention. Il nous a dit, si mes souvenirs sont exacts, que celle-ci était rentable en Grande-Bretagne. C'est vrai. C'est réellement la façon de diminuer le nombre de victimes potentielles. Certes, on peut augmenter le nombre de policiers, mais il faut améliorer la qualité du tissu social, entre autres l'éducation, les services sociaux, etc.
De plus, je ne crois pas que le fait de faire payer les délinquants ou les criminels 100 ou 200 $ de plus va faire en sorte que ceux-ci vont réellement se responsabiliser. Il faut accroître dans les pénitenciers les programmes de réhabilitation et ceux qui confrontent les personnes aux actions qu'elles ont posées pour qu'elles aient vraiment une chance de se responsabiliser et d'être réinsérées dans la société. Ensuite, elles pourront participer à des programmes de justice réparatrice.
Je suis conscient d'avoir formulé une longue question.
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C'est une longue question, mais je crois que vous avez touché un point très important qui est que nous aimerions tous que les victimes aient accès à davantage de programmes.
La question qui se pose — et je crois que M. Waller l'a également posée — est comment financer tout ceci? Vous signalez un aspect, qui est une possibilité prévue par la loi pour ceux qui n'ont pas les moyens de payer, à savoir les programmes de solution de rechange à l'amende, mais ils ne sont pas offerts partout. Certaines sociétés John Howard offrent de tels programmes, mais un bon nombre d'entre elles ne le font pas.
Le recours à ces programmes, à la différence de la suramende, ne sera pas uniforme. Il y aura tout un groupe de personnes vulnérables qui se verront imposer automatiquement une suramende et qui n'auront pas les moyens de la payer. Le Code criminel du Canada prévoit des mécanismes, comme le paragraphe 787(2), qui autorise l'incarcération des personnes qui ne sont pas en mesure d'effectuer des versements ordonnés par un juge.
Le nombre des personnes démunies qui vont se retrouver dans les prisons provinciales va probablement augmenter avec ce projet de loi, à moins que vous n'apportiez un amendement qui autorise les tribunaux à ne pas imposer la suramende lorsqu'il est évident que l'acquittement de la suramende par cette personne lui causerait des difficultés financières.
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Je remercie les témoins d'avoir témoigné et d'avoir partagé avec nous leurs connaissances.
Madame Latimer, tous ceux qui sont autour de la table savent que votre organisation s'oppose toujours au programme du gouvernement en matière de justice, et bien sûr, ce programme a pour but d'obliger les criminels à rendre des comptes et à assurer la sécurité des victimes et des Canadiens respectueux des lois. Bien sûr, nous savons que votre organisation a pour mission de défendre les criminels, mais je trouve votre position désolante dans la mesure qu'elle ne tient aucun compte de la protection des victimes.
M. Waller a mentionné le fait que le coût des actes criminels causés aux victimes s'élève à 83 milliards de dollars. Je crois qu'en 2008, le coût du crime s'élevait à 99,6 milliards de dollars; parlons donc de 100 milliards de dollars, aux fins de notre discussion. Le coût du crime qu'assument les victimes est de 83 milliards de dollars. C'est un montant stupéfiant. Remettons-le en perspective. Cela représente quatre fois la taxe sur le carbone de 21 milliards de dollars proposée par le NPD. C'est stupéfiant, de sorte que j'aimerais savoir si votre organisation...
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Eh bien, je suis vraiment contente que vous ayez posé cette question.
Premièrement, permettez-moi de vous expliquer que la Société John Howard est en faveur des mesures justes, équitables et respectueuses des droits de la personne, à la fois pour les délinquants et pour les victimes du crime et ses conséquences. Nous pensons que les délinquants doivent être obligés de rendre des comptes lorsqu'ils commettent des crimes et qu'ils doivent recevoir des peines justes et proportionnées. Il est incontestable que notre organisation est favorable à une approche juste et équitable.
Pour ce qui est de prendre en compte les intérêts des victimes, je vous mentionne que nous fournissons de nombreux services aux victimes dans l'ensemble du pays. Nous voulons réduire le préjudice que subissent immédiatement les victimes. Nous faisons beaucoup d'efforts pour empêcher d'abord la victimisation, ensuite la revictimisation, en travaillant avec ceux qui risquent de récidiver ou qui ont peut-être déjà récidivé.
Oui, nous connaissons les préoccupations des victimes et nous en tenons compte lorsque nous adoptons une position au sujet d'une politique en matière de justice qui reflète les valeurs et la mission de la Société John Howard.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais simplement faire savoir à M. Goguen — et je sais qu'il l'appréciera — que Mme Latimer a été une haute fonctionnaire du ministère qui travaillait notamment sur les questions liées aux droits des victimes. Je ne pense pas que nous devrions nous demander si telle personne est favorable aux droits des victimes pour la seule raison qu'elle occupe le poste de directeur exécutif dans une organisation donnée. Tenons pour acquis que toutes les personnes qui sont ici s'intéressent aux droits des victimes, parce que cela fait partie de notre intérêt pour la justice pénale.
Permettez-moi d'aborder les vraies questions. Je pourrais ajouter entre parenthèses que l'on pourrait s'opposer au projet de loi parce qu'on accorde une grande valeur aux droits des victimes, dans le sens où ce projet de loi a pour effet de supprimer le pouvoir des tribunaux à l'égard des accusés pauvres, qui vont se retrouver en prison. Il pourrait également se poser des questions de santé mentale. Le souci de défendre les droits des victimes pourrait amener quelqu'un à critiquer le projet de loi en se fondant sur les droits des victimes.
Il y a un aspect dont je voulais parler et sur lequel je voulais vous interroger, parce que, dans votre exposé, monsieur Waller, vous nous avez présenté d'excellentes remarques sur toute la question d'élaborer une politique et une stratégie globales dans ces domaines, qui s'attaqueraient aux problèmes de... Vous nous avez présenté des arguments très convaincants, et je ne vais pas y revenir.
Vous avez fait une remarque incidente, mais qui n'est pas dépourvue d'importance, lorsque vous avez dit que nous pourrions fort bien adopter ce projet de loi, mais que nous devrions également faire autre chose. Je crains que, si nous adoptons ce projet de loi, nous n'allons pas faire toutes les autres choses dont vous avez parlé parce que les gens diront que nous avons déjà fait ce qu'il fallait faire au sujet des droits des victimes. Je pense que nous devrions prendre très au sérieux vos observations et j'espère que cela pourra se faire sur une base bipartisane, voire tripartisane, comme vous l'avez dit.
Premièrement, pensez-vous que l'adoption du projet de loi n'aura aucune conséquence négative? Parce que je pense que Mme Latimer a soulevé quelques problèmes.
Deuxièmement, sur un plan pratique, ne risquons-nous pas, en adoptant ce projet de loi, de ne jamais arriver au point où nous ferons les choses que vous avez présentées avec tellement de conviction dans votre exposé?
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Eh bien, je ne suis pas un politicien, mais j'observe bien sûr ce qui se fait dans d'autres pays. Le gouvernement actuel a déclaré publiquement qu'il voulait défendre les droits des victimes. Je tiens pour acquis qu'il s'agit là d'une première mesure et que le gouvernement examinera ensuite ce qu'il peut faire pour agir sur le plan de la prévention, des services et des droits des victimes selon les normes internationales dans ce domaine.
Ce qui s'est passé en 2012 est intéressant parce que l'Union européenne vient de montrer qu'il est possible d'avoir des normes applicables à différents pays — 27 pays — et je crois que c'est un document qu'il serait fort utile d'examiner. Nous avons également toute une série de lois aux États-Unis depuis 20 ans, y compris la Justice for All Act (Loi sur la justice pour tous), une mesure très importante adoptée en 2004. Je crois que nous nous trouvons dans une situation riche de possibilités, parce que nous pouvons examiner ce qui se fait dans d'autres pays et en tirer des leçons.
Ce que je crains surtout, ce n'est pas que le gouvernement n'agisse pas dans le domaine des services et des droits, et ne fasse pas preuve de leadership pour aider les provinces; c'est qu'il n'équilibre pas ces mesures avec le genre de prévention dont nous avons besoin. Je crois que les provinces vont s'occuper de prévention, mais, à mon avis, le gouvernement fédéral doit respecter ses engagements.
Si vous prenez la Loi sur les victimes d'actes criminels de 1984, vous constaterez que ce montant d'un milliard de dollars n'a pas été uniquement affecté à des services, mais également à des indemnités aux États-Unis. Cela montre ce qui peut être fait.
Le rapport d'évaluation de McMurtry en Ontario parlait de l'importance d'informer les victimes. Il mentionnait également — et c'est là un point qui me paraît très important — d'essayer de savoir si nous répondons vraiment à leurs besoins. Si nous voulons faire aussi bien que les autres pays, nous devons commencer à nous demander si ce que nous faisons pour les victimes répond vraiment à leurs besoins.
Je ne voudrais pas ralentir l'adoption du projet de loi , parce qu'il n'est pas nécessaire d'adopter une loi pour évaluer ces besoins. Dans le budget, le montant de 16 millions de dollars, ou à peu près, que le gouvernement affecte aux victimes ne représente pas grand-chose. Il devrait financer une étude sur les écarts qui demeurent entre les services et les besoins, en collaboration avec les provinces. Ce sont là toutes des choses qui ont déjà été recommandées. Il s'agit simplement de décider d'agir.
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Merci à tous deux d'être ici aujourd'hui.
Je dirais simplement que Justice Canada finance de nombreux programmes de prévention et qu'en fait, il y a d'autres directions du gouvernement qui, à l'heure actuelle, financent des programmes de prévention du crime pour ce qui est du crime commis par les jeunes ainsi que par les adultes. C'est un aspect que notre gouvernement prend très au sérieux, et nous finançons effectivement de nombreux programmes, ce qui ne veut pas dire qu'il pourrait y en avoir davantage, mais ceux qui existent sont bien accueillis par les collectivités et les provinces.
Je pense qu'il faudrait replacer ce projet de loi dans son contexte parce qu'avec l'initiative soumise à l'étude du comité, la suramende pour les victimes passerait à 30 p. 100 dans le cas où une amende est imposée, à 100 $ pour une infraction sommaire et à 200 $ pour un acte criminel. Je pense que dans l'esprit de la plupart des Canadiens, ce sont là des sommes modiques.
J'ai écouté votre témoignage, madame Latimer, au sujet des mesures justes, efficaces et respectueuses des droits de la personne. Vous dites qu'à votre avis ce projet de loi est inéquitable. Êtes-vous prête à convenir avec moi qu'il est raisonnable de demander à un accusé condamné, en particulier lorsqu'il s'agit d'un acte criminel, de contribuer à la réadaptation de sa victime?
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Je vais répondre à cette question
[Traduction]
Il ne faut pas oublier que la Déclaration relative aux droits des victimes de l'ONU a été adoptée en 1985 et qu'à partir de 1986 avec le Manitoba, la plupart des provinces ont adopté des lois relatives aux services aux victimes qui créaient un système de suramende. L'Ontario a attendu 1996 pour agir, et je pense que les juges n'imposent pas ce genre d'amende parce qu'il n'y a pas de loi en vigueur à ce sujet. La Déclaration des droits des victimes de l'Ontario a été adoptée en 1996.
Le fait que les juges n'imposent pas cette suramende pose un très grave problème. Il n'est pas unique au Canada. Cela s'est produit dans d'autres pays. L'ombudsman fédéral parle de « réorienter la conversation »; il faut réorienter notre action. Les juges ont grandi dans un monde qui était axé sur la rétribution. Cela remonte à plus de 200 ans à Beccaria et c'est une conception où l'État s'oppose aux délinquants. Nous vivons dans une période où le préjudice causé par les crimes représente 83 milliards de dollars et il n'y a pas de services adéquats, pas d'information, pas de recours au dédommagement, et les indemnités varient considérablement.
Nous devons modifier la façon dont le système de justice fonctionne et nous devons commencer par les policiers, qui ont énormément à gagner en fournissant l'information aux personnes concernées. J'estime que ce projet de loi est une façon assez radicale d'amener les juges à faire ce qu'ils devraient faire.
Par contre, généralement, les montants ne sont pas très élevés et le projet de loi contient beaucoup de bonnes choses, comme l'a dit l'ombudsman. Il y a des gens qui travaillent dans les pénitenciers fédéraux; ils pourraient fort bien payer une amende.
Il ne me paraît pas souhaitable d'examiner uniquement la situation des pauvres, mais plutôt celle des personnes qui pourraient faire des paiements très élevés. C'est de cette façon que le système des États-Unis est financé. Il n'est pas financé par des impôts que paient les jeunes Noirs qui font partie de gangs à Chicago; il est financé par les lourdes amendes imposées aux sociétés qui peuvent les payer. C'est ce qui nous permettra d'être un pays qui atteint — ou commence à atteindre — les normes internationales pour ce qui est des victimes.
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Merci, monsieur le président.
Je voudrais poursuivre un peu plus cette discussion sur cette situation. À la page 4 de votre document intitulé Sentencing in Canada (Les peines au Canada), publié en 1990, la Société John Howard déclare expressément que le dédommagement et les amendes ont pour but de couvrir les frais et de restituer aux victimes ce qui leur a été pris. C'est là leur objet.
De mon point de vue, je n'ai jamais vu les choses se passer ainsi. Je n'ai jamais vu un tribunal imposer une amende qui se rapprochait du montant des dommages causés. J'aimerais poursuivre sur cet aspect parce que je pense qu'il y a dans ce cas particulier la présence de deux payeurs pour les victimes. Le premier est la société, qui à mon avis, victimise un très grand nombre de personnes; l'autre est le criminel lui-même, qui a la possibilité de verser une somme par le biais de mesures de rechange, ou en travaillant, ou tout simplement, en utilisant l'argent qu'il possède déjà.
Qui devrait, à votre avis, payer pour ceci? Pensez-vous que la société devrait payer — et victimiser encore davantage de personnes, à mon avis — ou pensez-vous que le criminel devrait payer?