:
Merci, monsieur le président.
Je vous remercie, honorables membres du Sous-comité des droits internationaux de la personne, de prendre le temps de vous pencher sur la situation des droits de la personne au Burundi.
C'est un triste jour, aujourd'hui, parce qu'il y a quelques minutes à peine, j'ai appris que le président du Burundi a ratifié la décision du pays de quitter définitivement la Cour pénale internationale. Permettez-moi de vous mettre en contexte.
[Français]
Le 12 octobre 2016, la Chambre basse du Parlement du Burundi a voté à une très large majorité le retrait du Burundi du Statut de Rome instituant la Cour pénale internationale. Quelque deux heures plus tard, le texte a été adopté à l'unanimité par le Sénat, soit par 37 voix sur 37.
[Traduction]
Bujumbura croit que la décision de la procureure de la Cour pénale internationale d'intervenir dans le conflit politique de longue date qui a cours au Burundi, en réaction aux pressions exercées par ses fondateurs de l'Union européenne, par l'enclenchement d'un examen préliminaire constitue une violation grave et flagrante à la fois de sa sécurité et de sa souveraineté nationales.
Le conseil des ministres a adopté le projet de loi à cet égard il y a une semaine. Cette décision a été prise après la publication, le 20 septembre dernier, du rapport accablant des experts de l'ONU qui conclut à de graves violations des droits de la personne par les organes de l'État. Les experts des Nations unies ont dressé une liste de 12 personnes jugées responsables des crimes graves commis avec impunité dans le pays qui pourraient relever de la juridiction de la Cour pénale internationale. Les experts dénoncent également dans ce rapport de possibles crimes contre l'humanité et un grave danger de génocide.
Le 25 avril 2016, la procureure de la Cour pénale internationale elle-même a lancé un examen préliminaire sur les meurtres, la torture et le viol perpétrés au Burundi, un examen que Bujumbura a décidé de bloquer.
Quand on parle des droits de la personne et de leurs conséquences, on donne des chiffres, la plupart du temps, mais on oublie qu'il s'agit de personnes. À l'heure actuelle, plus de 350 000 réfugiés du Burundi se trouvent dans les pays avoisinants, soit la Tanzanie, le Rwanda, l'Ouganda et une petite partie de la République démocratique du Congo. Le chiffre de 350 000 personnes est l'estimation officielle des organisations de l'ONU, mais nous savons qu'il y en a plus encore, parce que beaucoup de personnes n'entreront jamais en contact avec ces organisations.
Comment interpréter la décision du gouvernement du Burundi?
[Français]
Le pouvoir de Bujumbura est aujourd'hui pointé du doigt dans les rapports produits par diverses organisations. Quels que soient les rédacteurs de ces rapports, ils s'entendent tous sur une réalité: la violation massive des droits de la personne au Burundi.
[Traduction]
La stratégie du complot et de la menace à la souveraineté internationale sont les seuls arguments du régime. Évidemment, le fait d'empêcher la cour de mener enquête ne fait que confirmer sa culpabilité aux yeux du monde, d'où l'importance de la proposition que j'aimerais vous faire dans quelques instants.
La Cour pénale internationale ne peut assurément pas mener une enquête de son propre chef sur des pays non membres, mais elle peut le faire si le Conseil de sécurité de l'ONU l'y autorise.
[Français]
Le Statut de Rome, qui est le traité fondateur de la Cour pénale internationale, stipule que « [l]e retrait prend effet un an après la date à laquelle la notification a été reçue, à moins que celle-ci ne prévoie une date postérieure » et que ce retrait « n'affecte en rien la poursuite de l'examen des affaires que la Cour avait déjà commencé à examiner avant la date à laquelle il a pris effet ».
Je suis un témoin privilégié de cette violation massive des droits de la personne au Burundi. En effet, même si je viens de passer huit ans au Canada, des membres de ma famille et des réfugiés sont toujours dans des camps. Comme je le disais plus tôt, je suis convaincu de pouvoir aider, et c'est ce que j'essaie de faire, du mieux que je le peux.
La question, ici, est de savoir ce que peut faire le Canada.
Le Canada a la réputation de prendre position à l'égard des droits de la personne. Nous vous en remercions beaucoup. Cela dit, il y a trois choses que je vais demander, mais laissez-moi d'abord vous décrire un peu la situation dans laquelle se trouvent certaines familles et individus que je connais et avec qui je parle régulièrement. Je vais les désigner de façon anonyme, en n'utilisant que leurs initiales. Vous avez devant vous le nom de ces personnes.
Je vais vous parler de Mme J.N. et de ses cinq enfants. Il s'agit du dossier G00102657. Cette dame a quitté le Burundi après que son mari eut été porté disparu, en mai 2015. Elle n'avait aucune destination précise, mais elle voulait quitter Bujumbura parce qu'elle vivait dans un quartier où la police, la milice, tuait les gens.
[Traduction]
Au bout de cinq jours, elle est arrivée au Rwanda, à partir d'où elle a pu monter à bord d'un véhicule qui l'a emmenée en Ouganda en juillet 2015. Elle ne savait pas trop où aller et quoi demander à ce moment-là. Il lui a fallu plusieurs semaines avant d'apprendre qu'il y avait un camp de réfugiés à Nakivale, en Ouganda, et c'est là où elle s'est rendue pour s'inscrire.
Des fonctionnaires ougandais lui ont remis en septembre 2015 des documents attestant de son inscription à titre de réfugiée. Comme elle ne pouvait survivre à la vie dans le camp, elle s'est débrouillée pour louer un appartement près du camp. Il n'y avait qu'une seule chambre. Imaginez un instant une chambre pour six personnes.
Deux organisations reconnues du Canada, les Diocese of London Refugee Ministries et la Grace Baptist Church, toutes deux de Windsor, se sont engagées à parrainer la famille en septembre 2015. Un montant estimé à 32 500 $ devait être placé dans un fonds en fiducie pour couvrir tous les besoins de la famille pendant sa première année au Canada. Il y a eu toutes sortes d'échanges pendant deux mois, puis tous les documents requis ont été soumis à Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada le 25 novembre 2015.
Le traitement de la demande a commencé officiellement le 22 mars 2016, et à ce jour, rien n'indique quand ce processus aboutira. Le statut indiqué sur le site Web est « en cours ». Le gouvernement du Canada pourrait faire quelque chose ici.
D'après les statistiques publiées sur le site Web de l'immigration, 2 050 Burundais ont demandé le statut de réfugié à partir du Burundi entre 2005 et 2014. Du nombre, 653 Burundais vivant actuellement au Canada font l'objet d'une mesure de renvoi.
Je connais personnellement plus de six personnes à qui on a refusé le statut de réfugié au sens de la convention et qui font partie des 653 Burundais faisant l'objet d'une mesure de renvoi. Encore une fois, je vous dirai bientôt ce que le Canada peut faire.
À l'échelle nationale, il y a deux ou trois possibilités, puisqu'il n'y a aucune permission à obtenir. Il s'agit d'une décision qui relève exclusivement du Canada et de sa classe politique.
Premièrement, j'exhorte le gouvernement canadien à réduire le stress que vivent tous les Burundais faisant l'objet d'une mesure de renvoi, des personnes qui restent des demandeurs du statut de réfugié, en leur octroyant un statut stable, c'est-à-dire le statut de résident permanent.
[Français]
Quand quelqu'un a été torturé, il demeure torturé, même si aucune trace physique de la torture n'est apparente.
[Traduction]
Deuxièmement, le Canada pourrait sommer Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada d'accélérer le traitement des demandeurs du statut de réfugié burundais parrainés qui se trouvent en Ouganda, au Rwanda, en Tanzanie et en République démocratique du Congo. En gros, on estime à trois à cinq ans le temps de traitement d'une demande. C'est assez pour que toutes les personnes parrainées aient le temps de mourir.
Troisièmement, il faut prendre la décision politique d'accepter un nombre élevé de réfugiés du Burundi. Ce sera un geste humanitaire inoubliable, comme cela a déjà été le cas pour d'autres pays. En voici quelques exemples.
En 2015, le Canada s'est engagé à faire venir 25 000 réfugiés syriens avant la fin février 2016, et il a respecté sa promesse.
En 2008, le Canada a entrepris un processus de réinstallation de plus de 5 000 réfugiés bhoutanais sur cinq ans. Ces personnes ont été accueillies.
En 2006, le Canada a réinstallé plus de 3 900 réfugiés karens des camps de réfugiés de la Thaïlande. Il l'a fait.
En 1999, le Canada a mobilisé des avions pour mettre en sécurité plus de 5 000 Kosovars, dont la plupart étaient musulmans.
En 1992, 5 000 musulmans bosniaques ont été admis au Canada pour échapper au nettoyage ethnique qui a eu lieu pendant la guerre civile yougoslave.
C'est la même chose qui se passe au Burundi aujourd'hui. Je vous épargne toute la liste, mais je l'ai.
Il suffit d'une décision politique pour rendre la chose possible.
Sur la scène internationale, le Canada peut collaborer avec d'autres pays et se joindre à leur voix pour déplorer les intentions des autorités burundaises de se retirer du statut de Rome de la Cour pénale internationale. Cette décision peut être renversée, même si elle a déjà été ratifiée.
Le Canada peut déplorer et même condamner la décision des autorités burundaises de suspendre leur coopération avec le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme au Burundi. Le Canada peut implorer le Burundi de revenir sur sa décision et de collaborer pleinement avec le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme, dans le cadre de la Résolution 2303 (qui date de 2016), prise par le Conseil de sécurité des Nations unies. Cette résolution réclame le rejet de la violence et le respect des droits de la personne, entre autres choses, et elle se trouve dans ce document.
Ensuite, le Canada peut exhorter le gouvernement du Burundi à respecter la résolution prise le 27 septembre par le Conseil des droits de l'homme des Nations unies.
Honorable président, honorables membres du Sous-comité des droits internationaux de la personne, je vous prie de transmettre cette demande au gouvernement canadien pour apaiser la souffrance des réfugiés burundais et du peuple burundais.
Merci beaucoup.
:
Je vous remercie de cette question, monsieur le président.
Premièrement, quand des réfugiés burundais, spécialement pour le cas dont il est question ici, quittent le Burundi et arrivent dans un pays, d'abord il n'y a pas de soutien logistique pour les aider. Les personnes doivent se débattre pour savoir où aller. Dans le cas de la personne dont il est question ici, cela lui a pris plus de deux mois pour savoir qui était en charge de quoi.
Deuxièmement, arrivées dans le camp de réfugiés de Nakivale, elles ont trouvé que la situation était intenable. D'abord, les miliciens du parti au pouvoir, les Imbonerakure, étaient déjà là. Ils ont fui avec les autres, pour faire un recensement généralisé et voir ce qui se passe. Il y a même eu des incidents, des gens qui ont été poignardés ou qui ont été blessés. Il y a eu même des morts.
C'est là que la plupart des réfugiés décident, avec le peu de moyens qu'ils ont ou avec l'hypothèse qu'il va y avoir un bienfaiteur quelque part qui pourra leur glisser une somme de 100 $, de 50 $, de louer un appartement d'une chambre, juste pour quitter cette situation. Ce que vous dites est vrai: cela s'est produit et le rapport existe. Oui, il y a eu des cas de viols, il y a eu des cas de persécution et la situation dans ces camps n'est pas des meilleures.
En fait, ce qu'il faut comprendre, c'est que la situation des réfugiés en Afrique est totalement différente de ce que nous avons ici. Premièrement, le gouvernement ne leur porte pas assistance. Deuxièmement, si l'Agence des Nations unies pour les réfugiés leur porte assistance, ce n'est que pour donner une ration pour aider à survivre. Les gens sont dans un pays où ils ne parlent pas la langue, où ils ne peuvent pas avoir de travail et où ils ne peuvent pas aller à l'école, parce que la plupart des écoles sont privées. Vous comprendrez que si on attend que le processus prenne de trois à cinq ans, ces personnes, si elles sont encore vivantes, seront probablement foutues et bonnes à rien, parce que leur amour-propre aura été bafoué et foudroyé.
Je vous remercie.
:
Je vous remercie de la question.
La situation dans les camps de réfugiés est pratiquement la même. Dans les camps de réfugiés du Haut-Commissariat des Nations unies, les gens habitent dans des tentes dont la durée de vie est hypothétique et qui peuvent être emportées par le vent, une tornade, ou autre. De plus, les gens vivent dans une promiscuité sans égal. Généralement, une tente familiale mesure environ cinq mètres carrés, peu importe la taille de la famille. Cette situation de promiscuité cause d'autres problèmes, entre autres des maladies, de la faim, des grossesses non désirées et des violences sexuelles.
Je reviens sur le fait que ces gens n'avaient pas prévu de se retrouver dans ces camps. On ne planifie pas de fuir; on fuit pour sa survie, et une fois qu'on est dans un camp de réfugiés, on risque de ne pas avoir de nourriture, de dormir à la belle étoile et de ne pas recevoir de soins. Si nous rassemblions les statistiques de décès survenus dans les camps de réfugiés, ce serait alarmant.
Je reviens encore une fois sur ce que j'ai dit au début de mon témoignage. Lorsque nous parlons des réfugiés burundais, nous voyons des chiffres, mais nous ne prenons pas en compte les vies humaines qui sont derrière ces chiffres. La situation est dramatique, honorables députés.
Nous, les Burundais qui habitons au Canada et qui avons de la famille au Burundi, passons parfois des nuits blanches à parler au téléphone. Il y a un décalage horaire de six heures. Lorsque nous devons parler à quelqu'un qui se trouve au Burundi, il nous faut attendre jusqu'à deux heures du matin, ce qui correspond approximativement à 8 heures au Burundi. Quand on nous raconte une histoire dramatique, nous passons une nuit blanche.
Bien que la situation du Burundi se déroule à une distance de plusieurs milliers de kilomètres, je la vis de façon personnelle. En effet, je dois subvenir aux besoins des membres de ma famille qui sont réfugiés. Je dois aussi les soutenir moralement, et cela m'affecte. Cette situation m'affecte, mais elle affecte aussi d'autres Burundais qui habitent ici.
J'ai la chance d'avoir été invité à comparaître devant vous, et je vous en remercie beaucoup. Si vous invitiez un autre Burundais, il dirait la même chose que moi, à savoir que la situation est très alarmante. Les gens qui sont dans les camps de réfugiés ne peuvent pas rentrer chez eux. Il est évident, en voyant la façon dont le gouvernement agit, que celui-ci considère pouvoir faire ce qu'il veut maintenant que ces gens sont dans des camps. Or même si ceux-ci sont parrainés, ils ne savent pas quand ils seront acceptés. Ils attendent qu'un pays accepte, de bon coeur, de les soulager. Je crois qu'autrement, ce sera une catastrophe humanitaire d'ici quelques années.
C'est une population non pas de personnes âgées, mais de jeunes et d'enfants, qui constituent l'avenir de la planète et des pays. C'est la raison pour laquelle je réitère ce que j'ai dit plus tôt: le Canada peut faire quelque chose pour soulager la souffrance de ces populations.
:
Merci beaucoup de la question.
L'an dernier, l'Union africaine avait décidé d'envoyer 5 000 soldats au Burundi. Cependant, cette décision n'a jamais pris effet parce que, d'une part, le Burundi s'y est opposé, et que, d'autre part, à mon avis, le pays a reçu l'appui d'un club de présidents. Ces présidents sont venus soutenir la position du gouvernement burundais, de sorte que cette mesure n'a jamais été mise en oeuvre.
Pour dire la vérité, l'Union africaine existe et elle peut apporter de l'aide, mais je ne vois pas comment elle pourrait y arriver sans l'impulsion des autres membres de la communauté internationale, le Conseil de sécurité de l'ONU en tête et les autres pays qui élèvent la voix. Après tout, comme je l'ai dit, le monde est devenu un village planétaire, c'est devenu tellement petit que l'information circule très rapidement. Cela fait en sorte que, s'il y a un moyen de bien faire et d'élever la voix, quelque part, cela pourra tomber dans des oreilles réceptives et provoquer un changement.
Pour répondre à votre question, l'Union africaine, durant trop longtemps, a traîné la patte. Je ne sais pas si elle va arriver, à un certain moment, à faire quoi que ce soit. Par ailleurs, il faut considérer que depuis une année et demie, le président burundais n'assiste à aucune réunion à l'extérieur du pays. Comment pensez-vous que l'Union africaine va décider en l'absence du président? C'est un boycottage. Je crois que, par solidarité négative, l'Union africaine va laisser les choses traîner en longueur. Entretemps, des vies humaines vont continuer à être éliminées et c'est une suite sans fin.
:
Je vous remercie beaucoup de cette question.
Lorsque j'ai précisé ce que j'attendais du Canada, cela n'émanait pas de mes idées personnelles. J'ai dû consulter la communauté burundaise du Canada, car il s'agit d'une affaire très sérieuse. C'est la première fois que les Canadiens d'origine burundaise ont la chance de parler avec des parlementaires d'une question importante du Burundi. J'ai consulté la communauté canadienne d'origine burundaise et ce que je dis ici émane d'elle.
J'ai parlé de deux niveaux d'intervention.
Le premier concerne le Canada. J'ai parlé de la situation des réfugiés et des demandeurs d'asile qui sont ici. J'ai parlé des réfugiés qui sont à l'extérieur du Burundi et à l'extérieur du Canada, mais aussi des demandeurs d'asile qui sont ici et qui sont menacés d'expulsion.
Je dois reconnaître que le gouvernement canadien, en décembre 2015, a pris la décision de surseoir à la décision de renvoyer des Burundais. Mais cela ne fait aucune différence, parce qu'une fois que la machine diplomatique sera mise en place et dira que les choses vont de mieux en mieux, les 650 réfugiés et plus qui sont ici seront embarqués à bord du premier avion disponible.
Donc, le premier niveau d'intervention concerne le Canada. Il faut alléger la situation des demandeurs d'asile qui sont ici et qui sont en instance d'être expulsés, parce qu'ils n'ont nulle part où aller. Leur pays est devenu une terre brûlée.
De plus, il faut agir pour soulager la souffrance des réfugiés qui vivent dans des camps. J'ai donné quelques exemples, mais je pourrais en donner au moins une vingtaine. Ce n'est pas quelque chose que j'ai inventé. Cela vient du site Web d'Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, c'est du domaine public.
Au niveau international, j'ai dit que le Canada peut joindre sa voix à celle des autres pays. Oui, les sanctions économiques peuvent avoir un effet: plus de 60 % du budget du Burundi dépend de l'aide extérieure. Dans d'autres pays, cela a toujours eu des effets.
Il est vrai que, au bout du compte, lorsque des sanctions économiques sont prises contre le gouvernement, c'est la population qui en souffre. Il faut être clair là-dessus. Toutefois, lorsque le gouvernement est privé de ses moyens de subsistance et que les grands bailleurs de fonds et les grands donateurs élèvent la voix, je suis sûr que cela peut faire une différence.
Je suis très content que l'Union européenne ait déjà pris une mesure en ce sens. Au lieu de soutenir les militaires qui participent à diverses missions de maintien de la paix et au lieu que l'argent transite par les comptes du gouvernement, l'argent va directement là-bas. Je crois que c'est une mesure qui aura des effets. Si le Canada devait faire de même, je crois que ce serait une bonne chose.
Je dois ajouter une chose.
J'ai appris que le Canada est parmi les grands bailleurs des pourparlers interburundais. Le Canada a une voix pour imposer au gouvernement burundais de parler avec l'opposition et tous ceux qui sont concernés par la question burundaise. Le gouvernement burundais a adopté la politique de la chaise vide, effectivement, mais les bailleurs de fonds ont toujours un mot à dire.
Cela me fait plaisir de répondre à cette question.
Avant d'y répondre, permettez-moi de vous éclairer sur les différentes catégories de réfugiés que nous avons ici au pays. Vous allez comprendre les spécificités qui viennent avec cela.
Premièrement, commençons par ce qu'on appelle le
[Traduction]
« demandeur du statut de réfugié ». Un demandeur du statut de réfugié est une personne qui demande une protection à titre de réfugié. Ce terme est plus ou moins équivalent à celui de « demandeur d'asile », et il est la norme au Canada, alors que « demandeur d'asile » est le terme le plus utilisé à l'échelle internationale.
[Français]
Pour cette catégorie de demandeurs d'asile, les réfugiés n'ont pas le droit d'aller à l'école.
Tout ce qu'ils peuvent faire, c'est bénéficier de cours d'anglais et de services d'établissement avec certaines restrictions en ce qui touche le financement. Je suis un conseiller en emploi et je suis un prospecteur d'emplois. Je sais les limitations que nous avons quand il s'agit de réfugiés ou de demandeurs d'asile. On nous dit que tout ce qui concerne
[Traduction]
ce qu'on appelle les « incitatifs » pour les employeurs. Quand un nouvel employé est embauché, il est considéré en formation. C'est un peu comme une perte pour l'employeur qui l'embauche, et le gouvernement, particulièrement le gouvernement provincial, offre un genre d'incitatif pour compenser toute perte encourue par l'employeur pendant la formation.
[Français]
Les réfugiés et les demandeurs d'asile n'ont pas droit à ces services.
La deuxième catégorie porte sur les
[Traduction]
personnes protégées. Selon la Loi sur l'Immigration et la protection des réfugiés du Canada, ces personnes sont considérées par le Canada comme des réfugiés au sens de la Convention ou des personnes ayant besoin de protection.
[Français]
Cela prend entre six et treize mois pour devenir un résident permanent. Pour parler en termes plus spécifiques, cette personne sera toujours considérée comme un résident temporaire parce que son numéro d'assurance sociale commencera toujours par un 9. Chaque fois qu'on voit un te; numéro, on se dit qu'il y a des services auxquels la personne n'aura pas droit.
Arrive la troisième catégorie de réfugiés, soit les
[Traduction]
réfugiés admis au Canada.
[Français]
Ceux-là sont des réfugiés au sens de la Convention.
[Traduction]
Ce sont les personnes à qui s'applique la définition de « réfugiés » de la Convention de Genève de 1951 sur le statut de réfugié. Ces définitions sont utilisées en droit canadien et largement acceptées dans le monde.
[Français]
Je vais m'arrêter là. Je ne veux pas aller plus loin avec les définitions.
Je reviens à votre question, à savoir de quoi les réfugiés burundais ont besoin.
Premièrement, ils ont besoin d'un statut permanent. Cela, c'est la première chose. Deuxièmement, ils ont besoin de services d'établissement qui sont là. Je vais vous dire, l'anglais que je parle, je l'ai appris grâce à l'école d'anglais. Je remercie le gouvernement canadien pour cela.
Bref, les réfugiés ont besoin d'un soutien matériel et financier.