:
Je déclare maintenant la séance ouverte.
Je vous souhaite la bienvenue à la 121e réunion du Comité permanent des langues officielles de la Chambre des communes.
Je rappelle à ceux qui sont présents ici autour de la table de lire les avis écrits sur les cartons qui sont devant nous, pour éviter les accidents sonores qui pourraient blesser nos interprètes. Prenez soin de lire le petit carton et de respecter les consignes.
Conformément à l'alinéa 108(3)f) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le 29 avril 2024, nous allons poursuivre notre étude sur le continuum d'éducation dans la langue de la minorité.
J'aimerais souhaiter la bienvenue aux témoins qui seront avec nous pendant la première heure, ce matin. M. Yvon Laberge, président et directeur général du Collège Éducacentre sera présent en mode virtuel.
Soyez le bienvenu, monsieur Laberge.
Les autres témoins représentent le Conseil scolaire du Nord‑Ouest. Il faudrait que vous me disiez de quel Nord‑Ouest il s'agit, parce que, dans ma petite province du Nouveau‑Brunswick, nous avons un Conseil scolaire du Nord‑Ouest, et elle se situe dans ma circonscription, Madawaska—Restigouche.
Je pense qu'il s'agit ici du Conseil scolaire du Nord‑Ouest de l'Ontario. Nous avons Mme Sylvianne Maisonneuve.
On me dit que ce n'est pas le Nord‑Ouest de l'Ontario, mais plutôt celui de l'Alberta. Je vous prie de m'excuser.
En effet, je pense même que Mme Maisonneuve a déjà témoigné ici au Comité.
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Apparemment, il n'y a pas de problème.
Quand je parle en français, entendez-vous l'interprétation? Il semble que oui.
Le problème est réglé.
Du Conseil scolaire du Nord‑Ouest, nous recevons donc la présidente, Mme Sylvianne Maisonneuve, et Mme Brigitte Kropielnicki, de la direction générale.
Je souhaite la bienvenue à tout le monde. Vous participez à la réunion en mode virtuel.
Pour ceux qui témoignent pour la première fois, je vais expliquer notre mode de fonctionnement. Chaque organisme dispose de cinq minutes pour faire une allocution, se présenter et nous dire quelles sont ses attentes. Par la suite, il y a des tours de questions de la part des députés des formations politiques. Ce sera une interaction sous forme de questions-réponses. Je vous guiderai à ce moment-là.
Je suis très sévère pour ce qui est du temps. C'est ma tâche. Plus on est sévère à cet égard, plus on a l'occasion de poser des questions.
J'accorde donc cinq minutes à chaque organisme pour son allocution; nous commencerons par M. Laberge, du Collègue Éducacentre.
Monsieur Laberge, la parole est à vous. On vous écoute.
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Merci, monsieur le président.
Honorables membres du Comité, bonjour.
Je suis heureux de me joindre à vous aujourd'hui pour discuter des questions touchant le postsecondaire en français dans les communautés francophones en situation minoritaire. Je parlerai principalement de l'objectif du financement de sources fédérales des institutions postsecondaires fournissant des services aux communautés de langue officielle en situation minoritaire au Canada. Mes observations se concentreront sur le contexte des minorités francophones en Colombie‑Britannique et sur le Collège Éducacentre.
Le Collège Éducacentre, établi depuis 1992 en Colombie‑Britannique, se distingue en tant que seul collège francophone de la province. C'est un organisme de bienveillance et sans but lucratif dont le mandat est provincial. Depuis 2015, le Collège Éducacentre est reconnu comme collège privé par le Ministry of Advanced Education and Skills Training de la Colombie‑Britannique.
Malgré nos demandes, le gouvernement provincial a refusé de nous accorder le statut de collège public. Or le statut privé du Collège Éducacentre le prive de certaines possibilités de financement au fédéral, comme le Fonds d'investissement stratégique pour les établissements postsecondaires.
En 2023‑2024, le Collège Éducacentre a servi près de 3 000 personnes, tous programmes et services confondus, ce qui comprend 1 018 personnes inscrites au niveau collégial. Le Collège forme la grande majorité des éducateurs et des éducatrices d'expression française de la province. En septembre 2025, le Collège prévoit d'accueillir jusqu'à 25 étudiants internationaux, qui, nous le souhaitons, choisiront de rester dans la province après leurs études.
Le financement du Collège Éducacentre reste le point crucial à résoudre. Pour l'exercice financier se terminant le 31 mars 2024, 87 % des fonds du Collège provenaient du gouvernement fédéral, et le reste venait des activités génératrices de revenus. Du budget global, 21 % des fonds proviennent du programme d'appui à l'enseignement dans la langue de la minorité. De ces fonds, 52 % sont octroyés pour financer les activités de base et le reste est octroyé pour financer des projets définis. Toutefois, le financement de base accordé au Collège est resté inchangé depuis 2014. Or le fait que le financement de base soit statique alors que le coût de la vie augmente entraîne plusieurs conséquences. En effet, l'écart grandissant entre les coûts de fonctionnement et le financement de base du Collège engendre un risque considérable pour son avenir, et l'impossibilité d'offrir des augmentations salariales complique le recrutement et la rétention des employés.
Ce résumé nous amène à deux grands constats. Le premier est le désengagement financier de la province. Le deuxième est l'absence d'un financement fédéral pérennisé pour le postsecondaire. Ces deux facteurs sont des préoccupations majeures, car ils contribuent à la stagnation du financement de base du Collège. À notre avis, c'est la responsabilité du fédéral de veiller à ce que la province respecte son engagement de payer 50 % en contrepartie du financement fédéral en appui à l'enseignement dans la langue de la minorité. Si la province ne remplit pas son obligation, il revient au fédéral de prendre des mesures pour garantir que le financement nécessaire soit accordé au Collège. Cela pourrait comprendre des discussions avec la province ou même des mesures juridiques, si nécessaire.
Pour ces raisons, nous vous présentons trois recommandations. D'abord, nous recommandons que le gouvernement du Canada rende permanente une enveloppe budgétaire pour soutenir les établissements postsecondaires des communautés de langue officielle en situation minoritaire. Il s'agit d'une mesure essentielle pour garantir un soutien continu et stable à ces établissements. Ce financement permanent leur permettrait de planifier à long terme, d'améliorer les conditions de travail de leurs employés et d'offrir des programmes de qualité.
Ensuite, nous recommandons que le gouvernement du Canada démontre de la souplesse dans l'interprétation de ses paramètres de financement pour les institutions postsecondaires privées dans des provinces où le gouvernement provincial refuse de les reconnaître comme des établissements publics.
Enfin, nous recommandons que le gouvernement du Canada prenne des mesures concrètes pour soutenir les étudiants de niveau postsecondaire des communautés de langue officielle en situation minoritaire dans les cas où les provinces ou les territoires ne remplissent pas leurs obligations financières. Si un gouvernement provincial ou territorial refuse de contribuer équitablement au financement des établissements postsecondaires, le gouvernement fédéral devrait envisager de combler directement le manque de financement.
En intégrant ces recommandations dans vos efforts pour résoudre le défi du financement et de la stabilité, vous pourriez contribuer à renforcer la viabilité financière du Collège Éducacentre et à garantir qu'il puisse continuer d'exercer son rôle dans l'éducation postsecondaire en français en Colombie‑Britannique.
Je vous remercie de votre attention.
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Monsieur le président, chers membres du Comité, bonjour.
Je m'appelle Sylvianne Maisonneuve et je suis présidente du Conseil scolaire du Nord‑Ouest de l'Alberta, ou CSNO.
Je vous remercie de m'offrir cette occasion de comparaître devant vous aujourd'hui. Je vais présenter les enjeux cruciaux pour assurer la pérennité de la langue française et de la culture francophone dans le Nord-Ouest.
Le territoire du CSNO couvre tout le Nord‑Ouest de l'Alberta, de Slave Lake à la frontière de la Colombie-Britannique et jusqu'à la frontière des Territoires du Nord‑Ouest. Nous comptons actuellement trois écoles francophones, de la maternelle à la 12e année, accueillant environ 460 élèves.
Tout d'abord, je vais aborder la question des centres de la petite enfance, ou CPE. Les CPE sont essentiels pour aider les parents à transmettre leur langue et leur culture et pour bien préparer les enfants à leur parcours scolaire. Le CSNO reconnaît depuis longtemps l'importance d'offrir ces services au sein de ses écoles. Nous exploitons trois CPE, soit une garderie, prématernelle et service de garde avant et après l'école à Grande Prairie, une garderie/prématernelle à Peace River et une prématernelle à Falher. À la demande de parents, nous entreprenons des démarches pour ouvrir une garderie francophone dans cette école aussi.
Les parents de nos communautés se réjouissent de l'Accord entre le Canada et l'Alberta sur l'apprentissage et la garde des jeunes enfants à l'échelle du Canada, à 10 $ par jour, qui a eu un effet très positif dans notre région.
Cependant, nous faisons face à deux défis majeurs dans le domaine de la petite enfance. Il y a d'abord le manque d'éducatrices francophones certifiées en petite enfance dans le Nord‑Ouest de l'Alberta. Dans la province, la certification des éducatrices relève du ministère des Services à l'enfance. Bien que ce ministère encourage les jeunes à poursuivre une carrière auprès de la petite enfance, il se fait très peu de promotion en français pour attirer la population francophone vers cette carrière.
Le second défi est l'ajout d'espaces pour un CPE dans les projets de nouvelles constructions d'écoles. Le délai entre l'annonce d'une nouvelle construction par la province et l'approbation des projets par le fédéral pour les fonds complémentaires en infrastructure est trop long. Il en résulte une perte de temps pour l'équipe d'architectes et un manque d'occasions. Il devrait y avoir un processus plus fluide pour assurer une meilleure collaboration entre les deux gouvernements, afin d'éviter des délais ou de courir le risque de ne pas avoir d'espaces destinés à la petite enfance dans les écoles francophones en milieu minoritaire.
Le CSNO bénéficie du programme des langues officielles en enseignement des écoles élémentaires et secondaires dans la langue de la minorité. Les quatre conseils scolaires francophones de l'Alberta collaborent avec le ministère de l'Éducation, et le CSNO s'en réjouit grandement. Cet appui financier permet au CSNO d'offrir à ses élèves et à ses enseignants des projets valorisant la langue et la culture dans nos écoles. Cependant, nous croyons que les fonds alloués à l'Alberta sont insuffisants pour répondre à la hausse remarquable du nombre d'ayants droit dans notre province. Le programme des langues officielles en enseignement est important pour nous puisque la programmation et la rétention des élèves au secondaire dans nos écoles demeurent un défi, surtout dans la communauté de Grande Prairie, où nous devons rivaliser avec des écoles d'immersion à une seule voie et à des programmes spécialisés.
De plus, la pénurie d'enseignants francophones dans notre région existe depuis plusieurs années, mais nous avons constaté récemment une aggravation de la situation. Des postes d'enseignants restent vacants pendant plusieurs mois, voire une année scolaire entière, ce qui empêche nos élèves d'avoir accès à une éducation francophone réellement équivalente à celle qu'offrent les écoles anglophones. Une campagne nationale pour encourager les jeunes à poursuivre des études en éducation, ainsi que des bourses d'études pour les finissants œuvrant en milieu minoritaire en région rurale, pourraient être des pistes de solution.
Le Programme de contestation judiciaire est essentiel pour permettre aux conseils scolaires de s'assurer que la province respecte ses responsabilités en vertu de l'article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés. Par contre, le financement inadéquat de ce programme ne permet pas aux conseils scolaires de revendiquer efficacement le droit à l'éducation francophone des ayants droit.
Les dernières données obtenues par le dénombrement des ayants droit ont été cruciales pour le CSNO dans ses démarches pour la création de nouvelles écoles et la modernisation des établissements existants. Il est essentiel de maintenir cette pratique, car l'absence de données empêche les provinces de bien saisir les besoins et les enjeux. Ces données nous ont permis de démontrer que de nombreux ayants droit sur notre territoire n'avaient pas accès à l'éducation francophone. Par exemple, à Grande Prairie, l'école Nouvelle Frontière, qui accueille 180 élèves de la maternelle à la 12e année, est située dans le Sud‑Ouest de la ville. Les données du dénombrement ont révélé que près de 500 enfants de parents ayants droit vivaient dans le secteur Nord de Grande Prairie, mais que moins de 50 enfants de ce secteur fréquentent l'école Nouvelle Frontière.
Enfin, le financement de notre seule institution postsecondaire en situation minoritaire demeure un défi majeur dans notre province. Le Campus Saint‑Jean et le Centre collégial de l'Alberta ne peuvent pas, faute de soutien financier adéquat, offrir les programmes auxquels nos élèves devraient avoir accès. En Alberta, les élèves du secondaire de deuxième cycle ont la possibilité d'obtenir des crédits à double reconnaissance, c'est-à-dire des crédits de cours collégial et secondaire.
Malheureusement, nos élèves intéressés par divers métiers doivent suivre ces cours en anglais, car ils ne sont pas offerts en français. Par conséquent, nos élèves qui souhaitent obtenir ces crédits ne reçoivent pas une éducation secondaire en français.
Je vous remercie beaucoup de votre écoute. Je suis disponible pour répondre à vos questions.
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins de nous permettre de devenir meilleurs en faisant une étude qui, je l'espère, répondra à leur réalité.
Ma première question s'adressera à M. Laberge, du Collège Éducacentre.
Monsieur Laberge, vous avez dit avoir présentement 1018 élèves inscrits pour l'année 2023‑2024. Est-ce exact?
:
Nous avons un problème à deux niveaux. Nous avons mentionné les éducatrices à la petite enfance, mais il y a aussi les enseignants brevetés.
Pour ce qui est des éducatrices à la petite enfance, nous trouvons surtout nos candidates parmi les gens qui travaillent déjà dans nos écoles. Elles sont encouragées par leur communauté et leur famille à suivre une formation pour devenir éducatrices, mais il y a des barrières, puisque le centre collégial n'offre pas cette formation à distance. Ces éducatrices reçoivent donc une formation en anglais.
Pour ce qui est des enseignants brevetés, je vais laisser la parole à la directrice générale, Mme Kropielnicki.
:
C'est vraiment un problème, madame Kropielnicki.
Je vous remercie beaucoup.
Vous avez parlé des ayants droit, et je suis obligé de dire que notre comité, à l'époque, en 2019, s'est battu pour que le recensement inclue un dénombrement des ayants droit. C'est donc un peu une victoire du Comité permanent des langues officielles, tous partis confondus. Il faut le reconnaître.
Pourriez-vous me dire quelle clientèle vous avez présentement, comparativement au nombre d'ayants droit qui devraient avoir accès à l'école francophone et qui sont refusés?
Avez-vous cette donnée, madame Maisonneuve ou madame Kropielnicki?
:
C'est une bonne question.
Notre territoire est immense. Il est situé dans le Nord de l'Alberta, et il est composé principalement de régions assez rurales. Nous avons trois écoles sur ce territoire, et elles se retrouvent dans trois villages ou villes.
Bien entendu, il y a quand même des ayants droit à l'extérieur de ces centres. Selon les données que nous avons pu analyser, certains ayants droit, très au nord de la province, n'ont pas accès à l'éducation francophone. Il y en a aussi dans l'Ouest et dans le Sud-Ouest de notre territoire, dans la région de Slave Lake. C'est une population assez importante, mais qui est éparpillée partout sur notre territoire. Nous avons reçu des demandes que nous allons analyser prochainement, mais, encore là, certaines contraintes de financement rendent difficiles nos interventions.
Pour continuer dans la même veine, hier, nous avons entendu un témoin qui a constaté que, dans sa région à lui — je pense qu'il est en Ontario —, beaucoup d'écoles acceptent bien des gens qui ne sont pas des ayants droit parce qu'elles manquent d'étudiants. Ainsi, afin de conserver leur enveloppe budgétaire, ils doivent accepter des anglophones, des gens qui ne connaissent pas le français.
Est-ce le cas dans vos écoles aussi?
:
Merci, monsieur Laberge. Nous pourrons y revenir. Veuillez me pardonner.
Pour le prochain tour de questions, je vais donner la parole à Mme Leila Dance, du NPD.
[Traduction]
Madame Dance, tout d'abord, félicitations pour votre victoire.
Elle est, je dirais, la plus jeune députée à la Chambre des communes.
Félicitations.
Je vais poser mes questions en anglais.
[Traduction]
Je ne suis pas très bonne en français, pas encore.
Je vais commencer par Mme Maisonneuve.
Vous avez parlé de la grave pénurie de main-d'œuvre, y compris parmi les enseignants et le personnel de soutien de manière générale. Nous avons entendu parler du manque de formations postsecondaires offertes.
Pensez-vous que si le gouvernement fédéral investissait plus dans l'éducation postsecondaire en français, il aiderait ainsi à résoudre certains des problèmes que vous observez dans votre domaine?
Dans ma circonscription, Elmwood—Transcona, nous avons un bon nombre d'écoles d'immersion française. J'ai obtenu le diplôme d'une de ces écoles. Je sais toutefois qu'elles débordent maintenant d'étudiants. Certains n'obtiennent pas de place et n'ont pas la chance de les fréquenter. Nous avons une seule université francophone à Winnipeg, l'Université de Saint-Boniface. Une fois de plus, c'est un autre établissement qui doit refuser des étudiants à cause de l'accès limité.
Je me demande si nous pouvons nous servir de ces cours d'une province à l'autre, si nous pouvons prendre des cours offerts en ligne à l'Université de Saint-Boniface et les offrir dans différentes régions rurales et éloignées, comme le disait Mme Maisonneuve.
Savez-vous si certains membres de votre personnel ou d'autres personnes obtiennent un accès de cette façon?
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie beaucoup les témoins d'être ici avec nous, aujourd'hui.
Madame Maisonneuve, j'ai beaucoup de famille dans votre région, de Grande Prairie jusqu'à Falher et Slave Lake. Il y a même des Maisonneuve qui y habitent. Nous avons peut-être des liens de parenté.
Vous représentez un conseil scolaire francophone. J'ai lu un peu sur le Conseil scolaire du Nord‑Ouest. Je crois que vous desservez des écoles catholiques, n'est-ce pas?
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins de leur présence aujourd'hui. Cela va nous aider à enrichir notre étude.
Monsieur Laberge, nous avons fait une étude un peu plus approfondie sur l'éducation postsecondaire, au mois de mai, alors nous comprenons bien les défis que vous soulevez. Même si le gouvernement fédéral a prévu une enveloppe permanente de 80 millions de dollars, on n'est pas certain que cela suffise à répondre à vos besoins, si la province est complètement absente. Il ne fait aucun doute qu'il y a de grands problèmes, à l'échelle régionale, liés à la contribution des provinces.
Cela dit, aujourd'hui, mes questions porteront davantage sur la petite enfance. Nous savons tous combien c'est important.
Vous offrez actuellement un programme de formation pour l'éducation à la petite enfance. Combien d'étudiants êtes-vous capables d'accueillir, présentement? J'ai cru comprendre que vous n'avez pas assez de place pour en accueillir plus. Ensuite, quelle est la demande, dans la communauté? Tous les diplômés trouvent-ils un emploi immédiatement? Finalement, combien d'argent vous faudrait-il pour construire les infrastructures nécessaires et pour former plus de personnel éducatif pour la petite enfance?
:
En ce qui concerne l'éducation à la petite enfance, je réitère que tous nos programmes collégiaux sont offerts à distance. La question de l'espace n'est donc pas un problème.
Pour ce qui est de notre capacité à accueillir davantage d'étudiants, nous pourrions facilement doubler le nombre d'inscriptions, ce qui ne serait pas de trop, parce que nous pourrions ajouter quelques éducatrices ou éducateurs pour former les étudiants.
En ce qui concerne notre budget de fonctionnement, l'an prochain, nous pourrions facilement absorber 1 million de dollars de plus en financement de base. Cela nous permettrait de solidifier nos activités.
Enfin, du côté de l'infrastructure, nous avons différents projets en cours, dont un programme très technique que nous voulons offrir à Victoria. Pour celui-ci, nous aurions besoin d'environ 2,5 millions de dollars.
:
Merci, monsieur Laberge.
Madame Maisonneuve, je vous remercie du travail que vous faites dans le domaine de la petite enfance et au sein du Conseil scolaire du Nord‑Ouest. J'ai moi-même été conseiller scolaire dans le Nord de l'Ontario, alors je comprends les défis liés à la distance, à la pénurie d'enseignants et au financement basé sur le nombre d'élèves, ce qui vous pénalise.
J'aimerais aussi entendre ce que vous avez à dire concernant la formation de personnel éducatif pour la petite enfance. Quelle est votre capacité? Quels sont vos défis? Comment le gouvernement fédéral peut-il vous aider à avoir plus d'enseignants et à avoir plus d'élèves francophones dans les centres de la petite enfance?
L'un des défis est d'attirer les jeunes vers nos établissements, parce que nous n'avons que six programmes au niveau collégial. Nous venons donc répondre à un besoin limité à cet égard. Nous aimerions avoir plus de programmes.
J'ai mentionné tantôt un projet d'infrastructure que nous voudrions mettre en œuvre à Victoria. Il s'agirait d'offrir un programme en Technologies sonores conjointement avec le Collège d'Alma. Ce projet requiert l'aménagement d'un studio et l'acquisition d'équipement pour les étudiants, et permettrait d'attirer une nouvelle clientèle. En effet, la majorité de notre clientèle, actuellement, est féminine, mais nous voudrions attirer davantage de gars. Le conseil scolaire a exprimé le souhait de faire une demande en ce sens.
L'autre élément, c'est que nous avons créé un partenariat avec le Conseil scolaire francophone de la Colombie‑Britannique pour offrir des crédits à double reconnaissance, comme en Alberta. Cette initiative commence à prendre forme.
Nous avons également commencé à offrir des cours en vue de l'obtention du diplôme Cornouiller pour adultes, conjointement avec le Conseil scolaire francophone de la Colombie‑Britannique. Le diplôme Cornouiller, c'est l'équivalent d'une douzième année de scolarité pour adultes. Des étudiants seraient plus aptes à venir au collège, mais ils doivent terminer leurs études secondaires avant de pouvoir s'inscrire dans nos programmes.
J'aimerais revenir à la pénurie de main-d'œuvre qu'on observe surtout dans le Nord de l'Alberta. Je suis certaine que c'est exactement ce qui se produit d'un bout à l'autre du pays dans de nombreuses collectivités éloignées et rurales, et je suis sûre qu'on le voit également dans certains centres urbains. Nous manque‑t‑il des enseignants à un niveau précis? Est‑ce dans les services de garde ou bien à l'âge préscolaire ou scolaire?
De plus, avez-vous des recommandations à propos de ce que le gouvernement pourrait faire précisément pour s'attaquer au problème, que ce soit grâce à une aide pour payer les frais de scolarité, améliorer l'accès au cours et ainsi de suite?
Comme il reste un peu moins de deux minutes avant la fin de la première heure de la réunion, je vais profiter de mon privilège de président pour poser des questions.
Monsieur Laberge, dans votre présentation, vous avez dit qu'à votre avis, le gouvernement fédéral devrait rendre permanentes des enveloppes budgétaires pour le postsecondaire. De plus, quand les provinces ne prennent pas leur responsabilité, le gouvernement fédéral devrait agir. C'est ce que j'ai compris.
Quand vous utilisez les termes « à notre avis », est-ce parce que vous avez reçu un avis à cet effet?
:
Nous reprenons la séance.
Conformément à l'article 108(3)f) du Règlement et à la motion adoptée par le comité le 29 avril 2024, nous poursuivons notre étude sur le continuum en éducation dans la langue de la minorité.
J'aimerais souhaiter la bienvenue aux témoins qui seront avec nous pour cette deuxième heure. Nous recevons une habituée, Mme Stéphanie Chouinard, professeure agrégée, qui témoigne par vidéoconférence à titre personnel. Nous recevons en personne M. Bourgeois, chercheur, également ici à titre personnel.
Monsieur Bourgeois, je pense que c'est votre première fois au Comité permanent des langues officielles. Je vous souhaite la bienvenue.
Vous avez chacun cinq minutes pour faire votre présentation. Nous sommes très sévères sur le temps alloué, car cela permet d'avoir plus de temps pour les questions. J'ai donc la difficile tâche d'arrêter toute personne qui dépasse son temps. Nous allons commencer avec M. Bourgeois pour les cinq premières minutes.
Allez-y, monsieur Bourgeois.
:
Bonjour, je vous remercie de l'invitation.
[Traduction]
Savons-nous vraiment si la politique sur les langues officielles fonctionne bien? Dans l'affirmative, pourquoi, et dans quelle mesure? Pouvons-nous le prouver?
Que ferions-nous si nous pouvions prouver que la présence d'une école peut garantir pendant 80 ans la survie d'une communauté minoritaire francophone et que l'absence d'une école mènerait à la disparition dans 40 ans? Financerions-nous le développement de la petite enfance et l'employabilité différemment si nous savions que la première option serait 10 fois plus profitable que la deuxième pour assurer la vitalité des communautés de langue officielle en situation minoritaire? Si nous pouvions prouver que l'éducation est l'outil le plus important à cette fin, ne devrions-nous pas accorder un financement adéquat avant de dépenser l'argent ailleurs? Dans l'affirmative, les parlementaires accepteraient-ils de modifier le financement public en conséquence? Les gouvernements s'opposeraient-ils fermement aux groupes directement concernés?
Je ne sais pas, mais il incombe aux parlementaires d'évaluer les résultats des politiques, des programmes et des investissements publics dans les langues officielles. C'est nécessaire pour renforcer l'efficacité et l'efficience ainsi que la responsabilité démocratique.
Pour effectuer une telle évaluation, nous devons d'abord établir des objectifs précis à atteindre. S'agit‑il de l'égalité, de l'équivalence, de la progression et de la vitalité? On s'est servi de tous ces objectifs, et ils présentent tous des problèmes.
Je propose plutôt la viabilité. C'est plus ambitieux et mesurable, et cela cadre mieux avec la théorie de l'être, qui reflète mieux la réalité des communautés de langue officielle en situation minoritaire. Peu importe l'objectif retenu, nous devons cerner toutes les interventions potentielles et surtout déterminer l'importance relative de chacune d'elles. L'éducation et le développement de la petite enfance sont des secteurs qui méritent certainement un soutien public. Ils doivent donc être financés en conséquence. Ces activités de base reçoivent actuellement la majorité des fonds consacrés aux langues officielles, mais il faudrait peut-être les financer encore davantage et, au besoin, aux dépens d'autres secteurs.
Après avoir cerner les objectifs précis et les meilleurs moyens de les atteindre, nous devons adopter un plan stratégique tripartite national cohérent pour soutenir l'éducation des minorités, c'est‑à‑dire: un plan pour faire en sorte que les commissions scolaires des minorités remplissent leur double mandat; un plan qui est stratégique, ce qui signifie que les priorités fondées sur des données probantes arrivent en premier; un plan qui est cohérent, de sorte que les investissements visent à maximiser les résultats; un plan qui intègre et synergise les mesures fédérales, provinciales, territoriales et communautaires; un plan qui encadre des mesures qui durent plus de cinq ans; et un plan qui évalue et met à jour les moyens déployés. Il existe déjà beaucoup de plans semblables, et il n'est donc pas nécessaire de partir de zéro. Il faut toutefois les revoir à la lumière des objectifs à long terme et du point de vue des minorités.
Puisque votre mandat consiste à étudier le continuum de l'enseignement en français langue première dans les communautés de langue officielle en situation minoritaire et à faire part de vos conclusions et de vos recommandations à la Chambre, j'ai essayé de me mettre à votre place. J'ai écrit mes réflexions sous forme de conclusions et de recommandations pour que vous puissiez les examiner.
Au‑delà de l'adoption et de la mise en œuvre complète d'un plan national cohérent pour soutenir l'enseignement dans la langue de la minorité, je vous présente cinq autres recommandations. Il faut reconnaître et prioriser l'éducation comme le plus important outil public d'appui à la transmission intergénérationnelle de la langue et de la culture. Il faut appuyer les familles en situation minoritaire dans leurs efforts pour transmettre la langue et la culture à leurs enfants, notamment pendant la petite enfance et à l'âge scolaire. Il faut appuyer les centres de la petite enfance et les services de garde en milieu minoritaire à la hauteur de leur importance, de manière semblable à ce que nous faisons pour les écoles des minorités. Il faut également appuyer les conseils scolaires minoritaires dans leurs efforts servant à contribuer à la construction identitaire des élèves et à la viabilité de la communauté. Enfin, il faut accorder aux conseils scolaires la pleine gestion scolaire promise par l'article 23 et les soutenir pour que cette gestion soit effectuée à bon escient.
Bref, si nous n'assurons pas le succès du système d'éducation et du réseau de la petite enfance dans la langue de la minorité — les activités de base —, toutes les autres mesures prises ne serviront à rien.
Merci de votre attention. Je vais faire de mon mieux pour répondre à vos questions.
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Bonjour, monsieur le président.
Chers membres du Comité, je vous remercie de me recevoir encore une fois aujourd'hui pour parler du continuum en éducation dans la langue de la minorité.
Mes propos d'aujourd'hui peuvent se résumer en une seule phrase: tant que le continuum en éducation ne sera pas complet et qu'un accès à une éducation de qualité égale, géré par et pour nos communautés, ne sera pas disponible, la vitalité des communautés demeurera précaire.
Ce continuum en éducation est désormais mentionné explicitement dans la Loi sur les langues officielles, mais, avant même que cette avancée ne soit accomplie, il était déjà clair que tant que tous les morceaux du casse-tête, de la petite enfance à l'éducation postsecondaire, n'étaient pas en place, des lacunes troublantes allaient continuer de se révéler dans l'éducation primaire et secondaire, pourtant protégées par la Charte.
Laissez-moi commencer par le commencement, soit la petite enfance.
La première attaque directe contre la vitalité de nos communautés dans le domaine de l'éducation, c'est de constater que, pour chaque place disponible dans une garderie francophone à l'extérieur du Québec, il y a quatre autres enfants qui, eux, demeurent sans place et qui finissent vraisemblablement dans une garderie de langue anglaise. Ces quatre enfants n'arriveront pas, à moins d'efforts herculéens de la part de leurs familles — dont bon nombre sont exogames, il faut le reconnaître —, à la maternelle avec les mêmes compétences langagières et culturelles que les petits inscrits aux garderies francophones. On met donc sur les épaules de nos écoles primaires, qui ont déjà le double mandat de respecter les objectifs du curriculum provincial et d'agir comme passeurs culturels en situation minoritaire, le fardeau supplémentaire de franciser les petits francophones. C'est injustement lourd comme tâche et c'est d'autant plus difficile que nos écoles souffrent d'une pénurie profonde de personnel qualifié, ce qui m'amènera dans un moment à l'autre bout du continuum.
Même si l'on a réussi, à l'arraché, à faire inclure dans la nouvelle Loi sur l'apprentissage et la garde des jeunes enfants au Canada une protection du financement dédié aux communautés de langue officielle en situation minoritaire, cela ne va pas assez loin. Des clauses linguistiques sont absolument nécessaires pour assurer que les provinces vont investir la juste part du financement provenant du fédéral au service de nos communautés. Des consultations avec les communautés doivent également faire partie des négociations de ces ententes, afin d'assurer que leurs priorités sont prises en compte. L'historique du financement des programmes de langue officielle en éducation nous démontre depuis longtemps que l'on ne peut pas faire confiance aux provinces pour dépenser l'argent qui leur est transféré là où elles le devraient et de façon à satisfaire les besoins de la communauté. Il serait naïf, pour utiliser un euphémisme, de s'attendre à ce qu'elles agissent différemment en petite enfance.
Passons maintenant au fait que le continuum en éducation n'est pas complet dans le domaine postsecondaire. Cette situation nourrit évidemment la pénurie de personnel dans nos écoles, mettant en péril la qualité de l'éducation qui y est prodiguée. Mais il y a encore pire. Les élèves qui n'ont pas d'option pour poursuivre leur éducation en français après l'école secondaire près de chez eux — dans un rayon d'environ 80 km selon les études — désertent les écoles françaises à partir de la septième année, et ce phénomène s'accélère jusqu'aux dernières années du secondaire au profit des écoles de la majorité. Une étude de feu le Commissariat aux services en français de l'Ontario, en date de 2016, révèle que dans certaines régions très minoritaires, comme le sud de l'Ontario, c'est près du deux tiers des élèves inscrits aux écoles de la minorité qui auront quitté le système francophone au profit des écoles anglophones avant d'avoir obtenu leur diplôme d'études secondaires.
Pourquoi cet exode? Les élèves — et leurs parents — veulent s'assurer d'avoir un niveau d'anglais assez fort pour être en mesure de poursuivre des études collégiales ou universitaires dans cette langue. Pour le dire plus clairement, l'absence d'options d'éducation postsecondaire en français vide nos écoles secondaires. Ce phénomène est d'autant plus alarmant que l'on sait que c'est à l'âge de l'adolescence et de jeune adulte que se cristallise l'identité d'un individu. C'est donc dire que l'on perd ces jeunes au profit des écoles anglaises au moment même où tout le travail de construction identitaire effectué depuis la petite enfance commence à porter des fruits.
Je vous ai déjà récemment parlé des défis propres aux institutions postsecondaires francophones en situation minoritaire et au domaine de la recherche, donc je ne m'attarderai pas aujourd'hui sur ce sujet, mais si vous avez des questions, évidemment, n'hésitez pas à me les poser.
En conclusion, hors d'une complétion du continuum en éducation, il n'y aura point de salut pour les francophones en situation minoritaire. Il est plus que temps que des gestes concrets soient posés en ce sens. J'espère que mes propos ont pu aider à éclairer l'ampleur du travail à abattre.
Je vous remercie, et au plaisir de poursuivre la discussion.
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'être là. Leurs propos sont très intéressants.
Madame Chouinard et monsieur Bourgeois, j'ai l'impression qu'au Canada, on vit un paradoxe actuellement. En effet, les écoles d'immersion sont débordées par la demande. Des parents doivent faire la file pendant 24 heures pour être capables d'inscrire leurs enfants à l'école d'immersion, particulièrement dans l'Ouest canadien. On a été témoin de cela. D'ailleurs, ma sœur a enseigné dans une école d'immersion. C'est le contraire des commissions scolaires francophones, qui manquent de financement de façon systémique, pratiquement, et ne sont pas capables de combler les besoins.
De plus, comme vous l'avez évoqué, madame Chouinard, si on éduque des enfants en français dès la maternelle, peut-être qu'un jour, ils vont vouloir enseigner en français, et la roue va continuer de tourner. Est-ce que vous y voyez un paradoxe?
Mon autre question, en lien avec la première, concerne le financement. Évidemment, ce n'est pas juste une question d'argent. C'est aussi une question identitaire. Toutefois, on a entendu dire à plusieurs reprises par le passé que des fonds partaient du fédéral pour aller vers les provinces dans le cadre d'ententes, mais que la reddition de comptes n'était pas au rendez-vous. Il arrive donc que les fonds envoyés par le fédéral aux provinces pour permettre le continuum en éducation ne soient pas octroyés par les provinces selon les modalités de l'entente, ou que le fédéral ne soit pas en mesure de vérifier qu'ils le sont véritablement.
Monsieur Bourgeois, est-ce que vous considérez que la reddition de comptes est un véritable problème dans le cadre de ces ententes?
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Je ne suis pas certain d'avoir compris votre question par rapport au paradoxe entre les écoles d'immersion et les écoles francophones. Si vous la posez de nouveau, je pourrai peut-être y répondre avec plus de sagesse.
En ce qui concerne la reddition de comptes, la Constitution dit que l'éducation relève de la compétence des provinces et des territoires. Toutefois, le fédéral intervient. Il est difficile d'imaginer le système d'éducation en français en milieu minoritaire sans contribution du fédéral. Il est sûr que les provinces résistent, parce qu'elles considèrent l'éducation comme leur domaine, à juste titre. Toutefois, comme je l'ai indiqué à la fin de mon petit document d'accompagnement de quatre pages, si on a des valeurs fondamentales, comme la protection des minorités, et si on a l'article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés, que les provinces ont signée, il faut avoir le courage de ses convictions et investir en conséquence. Dans ma présentation orale, j'ai essayé de dire que si on n'assurait pas le succès du système d'éducation et du système de la petite enfance, tous les autres efforts ne serviraient à rien ou, à tout le moins, ne seraient pas aussi efficaces.
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Dans le cadre des ententes bilatérales entre le fédéral et les provinces pour l'éducation dans la langue de la minorité, que vous connaissez très bien, il y a toujours trois volets de financement. Le premier concerne ce qu'on appelle le français fondamental, du financement qui doit, selon les ententes avec les provinces, s'ajouter au financement de base que les provinces sont déjà censées octroyer pour leur curriculum. Ensuite, il y a le volet du financement pour l'immersion et, finalement, celui du financement pour les écoles de la minorité linguistique. Or, dans de nombreuses provinces, on constate sur le terrain que la proportion du financement octroyé par les provinces aux écoles de la minorité linguistique n'est même pas près d'être égale à la proportion des élèves qui se trouvent dans ces écoles. Donc, il y a un désavantage systématique pour ces élèves.
D'ailleurs, dans ma province d'origine, à Terre‑Neuve‑et‑Labrador, il y a, si je ne m'abuse, une cause qui est en train de cheminer devant les tribunaux, parce que la Fédération des francophones de Terre‑Neuve et du Labrador s'est fâchée par rapport à cette question.
Le reste du financement fédéral, une fois qu'il entre dans le système scolaire provincial, se perd dans la nature. On constate que ce financement finit par être utilisé comme du financement de base plutôt que comme du financement supplémentaire, alors que les provinces sont censées l'ajouter au financement qu'elles octroient déjà elles-mêmes à leur système scolaire provincial. Donc, si les provinces étaient honnêtes dans la façon dont elles utilisent le financement provenant du gouvernement fédéral, peut-être qu'on aurait un moins grand problème en ce qui concerne, par exemple, les listes d'attente dans les programmes d'immersion, que vous avez mentionnées et qui, effectivement, débordent un peu partout.
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En fait, monsieur Bourgeois, ma question relative à l'immersion était liée au fait qu'il y a un débordement, dans la mesure où il y a une grande demande. La volonté des anglophones d'envoyer leurs enfants dans les écoles d'immersion est bel et bien présente.
Cependant, y a-t-il un lien à faire avec le fait que, encore une fois, les sommes d'argent du fédéral dirigées vers les provinces finissent par disparaître? Quand il est question de reddition de comptes, on nous dit souvent, et ce, depuis plusieurs années, que des sommes disparaissent, littéralement, et Mme Chouinard vient d'ailleurs de le répéter.
Dans le cadre des ententes, devrait-il avoir une obligation de rendre des comptes pour indiquer où sont versées les sommes d'argent?
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D'accord. Je vais vous donner des dates pour vous situer.
Le 24 décembre 2021, mon conjoint et moi, qui vivons à Toronto, apprenions que nous attendions un enfant. Le 26 décembre, nous avons inscrit notre futur enfant sur la liste d'attente des deux garderies francophones de notre quartier. J'aurais pu difficilement être plus rapide. Notre fils est né en septembre 2022, et je suis retournée au travail le 1er juillet 2023. Cependant, mon fils n'a obtenu une place dans une garderie francophone que le 1er juillet 2024. Il a donc été sur la liste d'attente de cette garderie pendant au-delà d'un an à partir de la fin de mon congé de maternité. Durant cette année-là, à mon grand désarroi, notre famille a donc fait partie des familles dont 4 enfants sur 5 n'avaient pas de place dans une garderie francophone. Je pensais avoir fait tout mon possible pour éviter une telle situation. J'étais extrêmement désespérée.
Dans le cadre de votre étude, vous avez entendu un peu plus tôt de la part d'autres témoins qu'à l'Île‑du‑Prince‑Édouard, 150 enfants francophones attendent une place dans les garderies de la province. Dans notre quartier, il y en a au moins 150 qui sont dans la même situation. Je ne cherche pas à entrer en compétition, mais je veux simplement vous donner une idée de l'ampleur de la demande à laquelle on pourrait répondre s'il y avait plus de places.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie nos invités d'être des nôtres.
On a deux invités qui sont des chercheurs. M. Bourgeois a parlé de l'efficacité de la politique linguistique fédérale et de la façon de l'évaluer. Dans les faits, si on examine la Loi sur les langues officielles depuis qu'elle existe en 1969, on peut se demander si elle est un échec ou une réussite.
Le taux d'assimilation des francophones augmente continuellement depuis 1969, et c'est très évident hors Québec. Au Québec, il y a eu des progrès malgré la Constitution qui lui a été imposée. C'est au Québec qu'on retrouve 90 % des francophones du pays. Les Québécois ne sont pas reconnus comme une minorité, même s'ils le sont au Canada.
De plus, la Loi sur les langues officielles ne vise qu'à renforcer l'anglais au Québec. On pensait que la nouvelle mouture de la Loi apporterait peut-être un changement, mais, de toute évidence, ce n'est pas le cas. Elle ne contient aucune mesure pour le français au Québec. On constate que le gouvernement fédéral saupoudre des subventions aux francophones hors Québec pour leur système d'éducation. On a eu des témoignages concernant le système d'éducation et il y a beaucoup de cas où le financement est insuffisant pour les niveaux préscolaire et scolaire. Un témoin nous a dit tantôt qu'il n'y avait ni collège public francophone ni université par et pour les francophones en Colombie-Britannique.
Au bout du compte, la finalité de la politique linguistique fédérale n'est-elle pas d'assimiler les francophones tranquillement, pas vite, et de les laisser s'assimiler? Au Québec, là où il aurait des chances de pérennité, on intervient pour affaiblir le français afin de renforcer l'anglais.
J'aimerais le point de vue des deux témoins à ce sujet.
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Bonjour, monsieur Beaulieu.
L'étude d'aujourd'hui porte sur le continuum en éducation. Je pense qu'il est important de rappeler que, selon l'article 93 de la Loi constitutionnelle de 1867, l'éducation est un domaine de compétence provinciale. La question constitue un nœud gordien. Nous en avons parlé au sujet de l'éducation postsecondaire, et nous en parlons encore aujourd'hui.
Le gouvernement fédéral effectue des investissements. Est-ce trop peu? On peut certainement en discuter. Personnellement, j'aimerais bien qu'il y en ait plus, mais le nerf de la guerre est réellement de s'assurer que, lorsque ces fonds se retrouvent dans les budgets provinciaux, ils sont dépensés là où ils devraient l'être. Ça, ça peut être fait grâce à des clauses linguistiques, qui devraient être imposées aux provinces, notamment pour s'assurer aussi que le financement est investi là où c'est nécessaire pour les communautés et qu'il répond aux besoins et priorités des communautés.
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Je suggère d'élaborer un plan tripartite intégré dans lequel chacun connaîtrait le rôle de chacun, et tous rendraient compte de leurs dépenses et de leurs investissements. C'est probablement la meilleure solution.
Je vais vous raconter une anecdote. À l'Île‑du‑Prince‑Édouard, le conseil scolaire a été obligé de faire une demande en vertu de la Loi sur l'accès à l'information et la protection de la vie privée pour savoir comment la province utilisait son financement du PLOE. La province avait refusé la demande sous prétexte qu'elle négociait avec le gouvernement fédéral et que les négociations entre le gouvernement fédéral et le gouvernement provincial l'empêchaient de divulguer des renseignements.
Personnellement, je pense que la meilleure solution est d'avoir un plan auquel tous les intervenants adhèrent, où tout le monde communique des renseignements. L'idée est de savoir où l'on va. Cela revient à dire: « Vous faites cela, je fais ceci et les conseils scolaires de la minorité font cela », et tout le monde évolue dans la même direction.
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D'abord, bienvenue au Comité. Je suis ravie de voir un nouveau visage.
Je suis en grande partie d'accord avec mon collègue que ce soit pour une entente tripartite ou, comme certains autres membres de la communauté l'appelleraient, une clause linguistique. Idéalement, les signataires comprendraient un représentant de la communauté provinciale, non seulement afin d'assurer la transparence quant à l'affectation des fonds, mais aussi veiller à ce qu'ils soient répartis en fonction des priorités et des besoins de la communauté. Dans toutes les provinces, personne d'autre n'est mieux placé pour dire à la province et au fédéral quelles devraient être ces priorités.
Actuellement, aux termes des ententes bilatérales entre le gouvernement fédéral et les provinces en matière d'éducation, les provinces sont libres d'établir leurs propres priorités pour la répartition des fonds. Souvent, quand on révèle où le financement est allé — parce que ce n'est pas toujours le cas, comme M. Blaikie vient de le dire —, on se rend compte que les fonds sont allés, en vain, à des choses qui ne contribuaient aucunement à la vitalité des communautés.
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C'est une grande question.
Premièrement, en vertu de la nouvelle Loi sur les langues officielles, une lentille francophone devrait être appliquée aux nouvelles lois. Toutefois, il y a des exemples récents où cela n'a pas été fait sur le terrain et où on a dû se battre pour que cela se fasse. C'est ce qui est arrivé dans le cas de la Loi relative à l'apprentissage et à la garde des jeunes enfants au Canada. Il a fallu se tourner vers le Sénat, parce qu'il n'a pas été possible d'y apporter un amendement à la Chambre des communes afin de protéger le financement explicitement destiné aux communautés de langue officielle en situation minoritaire.
La Loi sur les langues officielles devrait être en mesure, de façon horizontale, de régler de telles questions. Celles-ci doivent être prises en considération dans le processus de rédaction législative, et non lorsqu'on est en train de débattre d'un projet de loi. Ce serait déjà un bon pas en avant.
Par ailleurs, puisqu'on parle ici du domaine de l'éducation et que le gouvernement fédéral doit toujours faire affaire avec les provinces et les territoires, il est nécessaire d'assurer une transparence et une reddition de comptes, par l'entremise de clauses linguistiques, pour qu'on puisse avoir la preuve que le financement envoyé par le fédéral aux provinces est dépensé comme il devrait l'être.
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Je pense qu'en matière d'éducation, le problème général dans l'ensemble du système, c'est que les provinces ne respectent pas leurs obligations. On fait habituellement référence aux pouvoirs exclusifs des conseils scolaires de la minorité linguistique, et nous n'en sommes même pas encore là. Ce n'est même pas complet.
Cependant, le plus important problème, c'est que les provinces ont des obligations, selon l'arrêt Mahe et d'autres éléments de jurisprudence, et elles ne font pas leur travail non plus.
À ce jour, personne n'a poursuivi les provinces ou obligé les provinces à venir à la table en disant: « Écoutez, vous avez des obligations relativement à la promotion du système d'éducation de la communauté de langue officielle en situation minoritaire. » Sans égard au PLOE, elles ont cette responsabilité. Or, si le gouvernement fédéral veut les aider à le faire, c'est très bien. Dans le cas contraire, cette obligation demeure. Donc, c'est probablement l'un des...
J'essaie de me souvenir de la deuxième partie de votre question.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie beaucoup les deux chercheurs de leur témoignage, aujourd'hui. Ils ont fait des recherches en ce qui concerne la Constitution et les responsabilités des provinces.
D'un côté, nous sommes entièrement d'accord sur le continuum en éducation, la petite enfance, les conseils scolaires et l'éducation postsecondaire. Il est clair qu'il y a des lacunes importantes à cet égard. Nous l'avons entendu clairement tout au long de notre étude, et auparavant. Je viens du Nord de l'Ontario où les défis sont énormes, évidemment. Nous vivons de la frustration.
Madame Chouinard, il est question de certains éléments. Le gouvernement fédéral au pouvoir présentement est le gouvernement qui a probablement imposé le plus de conditions dans certaines des ententes, ce qui n'avait jamais été fait auparavant. Toutefois, ces mesures ne sont pas suffisantes.
Vous savez que nous avons le Programme de contestation judiciaire. Le Bloc québécois et les conservateurs étaient contre ce programme, d'ailleurs. Cela a fait l'objet d'un débat au Comité permanent du patrimoine canadien quand j'y siégeais. Ce dossier est bloqué présentement à la Chambre des communes. Nous avons inséré cela dans la Loi sur les langues officielles.
Les groupes communautaires francophones de partout au pays devraient-ils utiliser ce programme pour se défendre contre les provinces, afin de s'assurer qu'il y a des pénalités et que le financement est versé par les provinces pour ce qui est de la petite enfance, de l'éducation secondaire et postsecondaire?
Monsieur Serré, je ne sais pas si vous êtes au courant, mais vous allez l'être.
Je suis membre du Comité d'experts chargé des droits en matière de langues officielles au Programme de contestation judiciaire. J'ai donc une bonne idée du type de demandes qui sont déposées et du type de demandes qui sont financées. Ces questions apparaissent dans les dossiers qui sont déposés dans le cadre du Programme de contestation judiciaire. Par contre, l'un des critères importants pour que les dossiers soient financés est qu'ils doivent soulever une nouvelle question de droit.
Depuis 1982, nous savons qu'une pléthore de causes ont été portées devant les tribunaux et se sont rendues jusqu'à la Cour suprême en vertu de l'article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés. Certaines questions sont considérées comme étant déjà réglées, que ce soit réglé ou non de la façon dont les communautés le souhaiteraient. Les choix sont faits dans ce contexte.
Pour ce qui est du financement de la petite enfance et de l'éducation postsecondaire, il y a effectivement des éléments qui restent à déterminer. Des éléments de jurisprudence sont déjà apparus dans certaines causes, notamment l'obligation d'une province d'ajouter un espace pour aménager une garderie lors de la construction d'un nouvel établissement scolaire. Cependant, la Cour suprême a refusé d'aller aussi loin.
Il faut faire la part des choses. Au Comité d'experts chargé des droits en matière de langues officielles, notre travail est de voir si les demandes dont le Comité est saisi soulèvent de nouvelles questions de droit qui méritent d'être élucidées par les tribunaux.
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À l'Île‑du‑Prince‑Édouard où j'ai travaillé le plus, il y a un revirement. Il y a 10 ou 15 ans, il y avait environ 850 élèves dans nos écoles francophones. Maintenant, il y en a à peu près 1 300. L'objectif est d'atteindre 1 500 élèves.
Si tous ces élèves sont bilingues et fiers de leur construction identitaire, j'imagine que, dans 20 ou 30 ans, ce sera beaucoup mieux que ce qu'on a maintenant, quantitativement parlant.
Est-ce que la qualité de la construction identitaire sera aussi au rendez-vous? Les fonds fédéraux pour la construction identitaire et les programmes de langues officielles en éducation, entre autres, pourraient y contribuer énormément. Ça prend une conviction des provinces, mais je vois cela d'un très bon œil.
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Nous avons des preuves anecdotiques au sujet des fermetures d'écoles, à savoir la centralisation des années 1960, dans l'ensemble du pays, qui visait à éliminer les petites écoles pour les remplacer par des écoles consolidées.
Je vais vous raconter une anecdote. Ma femme vient de Tignish, à l'Île‑du‑Prince‑Édouard. Elle a fait sa première année d'école — sa première année — dans une école francophone. Puis, la province est intervenue; elle a regroupé les six écoles francophones de la région de Tignish dans... aucune école. Les élèves ont été obligés de fréquenter l'école anglophone. Ma femme s'est assimilée. Ses sœurs se sont assimilées. Vingt ans plus tard, tout le village, qui s'appelle Tignish Shore, était assimilé.
Il existe d'autres exemples partout au pays. Nous avons aussi des exemples d'écoles en construction, comme à Chezzetcook, en Nouvelle-Écosse, où la communauté s'est revitalisée.
Il y aura probablement des succès et des échecs, mais sans école et, accessoirement, sans développement de la petite enfance, la situation est vouée à l'échec.
Monsieur Bourgeois et madame Chouinard, la qualité de vos interventions a permis de se pencher sur le nerf de la guerre. Si vous pensez qu'il y a de l'information supplémentaire que vous auriez aimé nous communiquer, je vous prie de la faire parvenir au Comité. C'est vraiment important, car le Comité ne peut écrire dans ses rapports que ce qu'il entend de la part des témoins.
En terminant, monsieur Bourgeois, je vais recourir à mon privilège de président pour vous poser une question. En tant que chercheur, vous êtes spécialiste en droit de la gestion scolaire. Y aurait-il un argument juridique à faire, du côté fédéral, par rapport à la gestion scolaire et au fait que les conseils scolaires sont écartés des négociations des ententes bilatérales? Y aurait-il un argument à faire pour corriger l'avenir par rapport au droit?
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Certainement. Comme je l'ai dit, il faudrait un plan tripartite. Qui représentera la minorité? Ce sont les élus au suffrage universel qui siègent au conseil scolaire. Vous êtes des élus du fédéral. Il y a des élus provinciaux qui représentent la minorité, mais ils ne sont même pas à la table de négociation. Ils ne sont même pas consultés adéquatement. Il y a certaines provinces qui les consultent, mais la plupart ne le font pas. Il ne s'agit certainement pas d'une consultation efficace.
Qui parle au nom des minorités, qui sont supposées détenir huit pouvoirs exclusifs, mais qui ne sont même pas exclusifs? Ça fait une quarantaine d'années que l'article 23 existe. Depuis 1990, en principe, on est censé avoir une pleine gestion scolaire, mais, en réalité, ce n'est pas le cas. On patauge. On sait ce que sont les huit pouvoirs, mais aucun district scolaire et aucune commission scolaire du pays n'exerce ces pouvoirs exclusifs. Sont-ils vraiment « exclusifs » s'ils sont partagés avec le gouvernement? Il me semble que, à un moment donné, il faut qu'on s'arrête et qu'on dise s'il s'agit de pouvoirs exclusifs ou non. S'il s'agit de pouvoirs exclusifs, donnons-les aux minorités, aux conseils scolaires et à leurs représentants élus.
C'est un peu comme si on disait que si la province ne voulait pas décentraliser ses pouvoirs aux conseils scolaires, les conseils scolaires devraient assumer des pouvoirs quitte à se faire poursuivre par la province. Le problème, c'est que le financement ne suit pas. Il serait intéressant que les conseils scolaires exercent leurs huit pouvoirs exclusifs, par exemple l'établissement des programmes scolaires et la dépense des fonds publics pour la culture et l'identité. Si les moyens ne suivent pas l'obligation du cas de la sécession ou l'arrêt Beaulac, il est difficile d'exercer ces pouvoirs. Ce n'est pas grâce à des quêtes à la messe qu'on va amasser assez d'argent pour exécuter ces mandats. Les provinces devraient être sérieuses et être présentes à la table de négociation.
Mon dernier commentaire est le suivant. Ça fait deux ans que je travaille avec la communauté acadienne et le ministère. Je ne veux pas dénigrer les provinces. Le gouvernement du Nouveau‑Brunswick est très favorable. Il est d'ailleurs en train de faire la coconstruction du système scolaire de langue française. Le ministère est divisé en deux, au Nouveau‑Brunswick; il y a un sous-ministre francophone et un sous-ministre anglophone. Le sous-ministre francophone est entièrement prêt à trouver des solutions et à établir la pleine gestion scolaire. Ça s'en vient. Ce sera probablement fait d'ici un an ou deux, selon le nouveau gouvernement. C'est de bon augure. Ce n'est pas partout; c'est au Nouveau‑Brunswick, où la situation est différente.
La Nouvelle‑Écosse a montré l'exemple avec l'élaboration des programmes. C'est le seul territoire où le conseil scolaire élabore les programmes, ce qui est vraiment le nerf de la guerre. Qu'est-ce qu'on enseigne à ses élèves, et comment? La Nouvelle‑Écosse est en tête de file à cet égard. Le Nouveau‑Brunswick, éventuellement, sera en tête en matière de pleine gestion scolaire. Peut-être que ça fera boule de neige chez les autres conseils scolaires.