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Je déclare la séance ouverte.
Je vous souhaite la bienvenue à la 43e réunion du Comité permanent des langues officielles de la Chambre des communes.
Conformément à l'ordre de renvoi du lundi 30 mai 2022, le Comité reprend l'examen du projet de loi
Avant d'aller plus loin, je rappelle aux députés que, s'ils souhaitent rédiger des amendements, ils doivent contacter Mme Isabelle D'Souza, la nouvelle conseillère législative qui remplace Mme Alexandra Schorah. Je vais transmettre ses coordonnées aux membres un peu plus tard.
Pour garantir le bon déroulement de la réunion, j'aimerais transmettre certaines consignes aux témoins et aux députés.
Conformément à notre motion de routine concernant les tests de connexion, je désire informer le Comité que tous les témoins ont effectué les tests de connexion requis avant la réunion.
J'aimerais maintenant souhaiter la bienvenue aux témoins, soit à...
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Monsieur le président, je remercie les membres du Comité de m'avoir invité à comparaître ici aujourd'hui.
Avant de commencer, je veux souligner l'anniversaire tragique des événements qui ont eu lieu à l'École polytechnique de Montréal. Je veux dire aux personnes préoccupées par la violence faite aux femmes que nous n'oublions pas cet attentat, faisant malheureusement partie de l'histoire du Canada.
Je tiens aussi à souligner que nous sommes réunis aujourd'hui sur le territoire traditionnel non cédé des peuples algonquins anishinabes.
Je tiens tout d'abord à remercier la d'avoir déposé le projet de loi , le commissaire aux langues officielles, M. Raymond Théberge, ainsi que son équipe, de leur travail à l'égard de la vitalité des communautés francophones en situation minoritaire, et la , Mme Marie‑France Lalonde, qui est ma secrétaire parlementaire et une fervente défenseure de nos deux langues officielles.
Bien que je ne sois pas francophone, en tant que fier Canadien, je crois en l'importance de promouvoir le français partout au Canada. Je reconnais l'incidence positive que la langue française continue d'avoir sur notre pays.
L'immigration est essentielle pour toutes nos communautés. La croissance de la population active au cours des dernières années est presque entièrement attribuable à l'immigration. De plus, l'immigration d'aujourd'hui nous aidera à relever les défis démographiques.
En août dernier, Statistique Canada a indiqué que les communautés francophones en situation minoritaire de partout au pays avaient un poids démographique décroissant, ce qui explique pourquoi les mesures liées à l'immigration contenues dans le projet de loi C‑13 sont si importantes.
Notre actuelle Stratégie en matière d'immigration francophone a été lancée en 2019. Elle vise à soutenir la vitalité des communautés francophones en situation minoritaire. Pour y parvenir, nous avons établi une cible de 4,4 % d'admission d'immigrants d'expression française hors Québec d'ici la fin de la prochaine année. Nous avons aussi adopté des mesures supplémentaires pour soutenir l'intégration et la rétention de nouveaux arrivants d'expression française.
Je suis ravi d'annoncer que, du 1er janvier au 31 août 2022, le Canada a admis plus de nouveaux arrivants d'expression française hors Québec qu'au cours de n'importe quelle autre année depuis qu'on a commencé à compiler des statistiques. En fait, nous avons doublé le nombre d'admissions par rapport à la même période l'année dernière.
Actuellement, la proportion d'admissions d'immigrants d'expression française au Canada hors Québec vient juste de dépasser 4 %.
Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, ou IRCC, a fait d'importants investissements dans la Stratégie en matière d'immigration francophone. Pour tirer parti de ces efforts, je m'attends à annoncer une nouvelle cible pour les admissions d'immigrants d'expression française, ce qui orientera notre travail après 2023. J'ai l'intention de fixer une nouvelle cible supérieure à la cible actuelle de 4,4 %, afin de contrer le déclin démographique des communautés francophones et acadiennes. Cependant, pour avoir un impact, nous devons avoir une vision à long terme. À cette fin, l'adoption d'une politique d'immigration francophone assurera l'engagement du gouvernement à l'égard de l'immigration francophone future.
Nous avons apporté des modifications afin d'aider les nouveaux arrivants à s'adapter à leur nouvelle vie une fois arrivés au pays. Par exemple, nous avons mis en œuvre le Parcours d'intégration francophone et nous avons lancé l'Initiative des communautés francophones accueillantes pour que les nouveaux arrivants se sentent les bienvenus et s'intègrent à la communauté.
Pour attirer davantage de nouveaux arrivants francophones et bilingues au Canada, nous élargissons et ciblons également nos activités de promotion de l'immigration francophone. En août dernier, nous avons notamment ouvert un nouveau bureau à Yaoundé, au Cameroun, ce qui nous permettra d'accroître nos activités de promotion an Afrique occidentale et centrale.
L'immigration jouera un rôle essentiel dans l'avenir économique du Canada. De plus, nous avons bien compris la nécessité d'accroître, à l'avenir, les seuils d'immigration et le soutien pour renforcer la vitalité des communautés francophones en situation minoritaire.
Je suis heureux d'appuyer les modernisations recommandées à la Loi sur les langues officielles, qui amélioreront notre système d'immigration et permettront à toutes nos communautés de profiter des avantages de l'immigration.
En terminant, je veux remercier mes collègues de tous les partis de leur soutien dans mes efforts pour apprendre le français, notamment M. Godin, que je croise dans les corridors du Parlement, ainsi que mes collègues libéraux. Je suis très heureux d'apprendre une deuxième langue. Quand j'ai commencé ma carrière politique, il m'était impossible de soutenir une conversation en français. Cependant, j'ai fait du progrès avec l'aide de mes collègues, qui m'ont encouragé. Je fais encore beaucoup d'erreurs et je ne suis pas parfaitement bilingue, mais, quand je terminerai ma carrière politique, j'aurai appris une autre langue. C'est une bonne chose pour moi.
Je remercie tous mes collègues.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur le ministre, je suis très heureux de vous entendre parler français. Je suis dans une situation similaire à la vôtre. Je redouble d'efforts pour apprendre l'anglais.
[Français]
Monsieur « le premier ministre qui vient nous rencontrer », je sais que le respect des deux langues officielles ne repose pas entièrement sur vos épaules. Néanmoins, combien de fois votre ministère est-il mentionné dans le projet de loi ? Il y est fait mention quatre fois du ministre ou du ministère de la Citoyenneté et de l'Immigration.
L'immigration est importante. Plusieurs organismes, dont la Fédération des communautés francophone et acadienne, la FCFA, et le Commissariat aux langues officielles ont bien démontré que l'immigration francophone, entre autres, est défaillante. Il y a plusieurs années, vous avez instauré certains mécanismes pour y remédier. Je ne veux pas me faire accusateur du passé, mais il faut avoir une vision pour l'avenir, comme vous l'avez dit dans votre présentation.
Dans le projet de loi actuel, il est dit que la politique que le ministre de la Citoyenneté et de l'Immigration adoptera doit contenir des objectifs, des cibles et des indicateurs.
Monsieur le ministre, sauf le respect que je vous dois, on sait très bien que de simples indicateurs vont nous mener droit sur un mur. Il n'est pas nécessaire de le savoir. Les cibles sont importantes, mais il faut faire plus. On fixe des objectifs et des cibles, mais il n'y a aucune obligation de résultat. Comment ce projet de loi, une fois adopté, vous nous donnera-t-il plus d'outils pour faire votre travail?
Comme mon temps est très limité, il est possible que je vous coupe la parole. Je dois suivre les instructions de mon président, que je respecte énormément.
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D'abord, ce n'est pas le nombre de fois que le ministère est mentionné dans le projet de loi qui fera une grande différence.
Le projet de loi demande au ministre de la Citoyenneté et de l'Immigration d'établir des objectifs, des cibles et des indicateurs. À cette fin, il y a eu des discussions au sein de mon ministère pour mettre en place des stratégies ambitieuses. En vertu du projet de loi, ce n'est pas une simple option: notre ministère doit adopter des mesures pour augmenter le nombre de nouveaux arrivants francophones, afin de protéger le poids démographique des francophones hors Québec.
Nous voulons protéger la culture et l'identité francophones des petites communautés comme des plus grandes. Pour cela, il faut mettre en place des stratégies d'immigration, mais, sans nouveaux arrivants francophones, cela ne sera pas possible. Mon ministère ne peut pas continuer à accueillir un plus grand nombre de nouveaux arrivants en général. En vertu du projet de loi , tous les futurs ministres devront dorénavant adopter la même approche pour accueillir plusieurs nouveaux arrivants francophones.
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L'ensemble des communautés de langue officielle en situation minoritaire disent qu'il y a du rattrapage à faire pour atteindre les cibles. Dans votre présentation, vous avez dit avoir doublé le nombre d'admissions. Lorsqu'on passe d'un à deux, on double, mais on n'atteint pas les objectifs pour autant.
Ce sont de beaux mots. Maintenant, comment pouvez-vous rassurer les organisations qui veulent améliorer les résultats en matière d'immigration francophone?
Le projet de loi ne vous donne aucun pouvoir. Il ne contient rien qui vous donne des outils supplémentaires. C'est du statu quo et du tape-à-l'œil. Comme je l'ai dit, on parle d'objectifs, de cibles et d'indicateurs.
La FCFA a suggéré d'atteindre une cible de 20 % pour rattraper le retard. Après, il faudra stabiliser le nombre d'immigrants francophones pour maintenir un bon poids démographique des francophones hors Québec. Cela devra même s'appliquer au Québec.
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Merci, monsieur le président.
Je tiens à remercier M. le ministre d'avoir accepté de témoigner devant le Comité si rapidement, puisque nous avons dû consacrer pas mal de temps à négocier et à adopter la motion.
Je tiens à vous féliciter, monsieur le ministre. Le 28 mars, je disais que je serais heureux que vous réussissiez à atteindre les objectifs fixés, d'autant plus que nous partageons un héritage écossais, vous et moi. Dans mon cas, il s'agit du nom de ma circonscription, tandis que, vous, vous avez un nom de famille écossais, comme plusieurs de vos concitoyens.
Vous avez parlé de votre secrétaire parlementaire, qui est franco-ontarienne, et je sais que des Franco-Ontariens travaillent à votre bureau, même s'ils viennent du Nord — je dois prêcher pour ma paroisse. J'ose croire que ce sont des avocats sensibles à l'importance d'atteindre les objectifs en matière d'immigration francophone.
Si j'ai compris, vous avez dit que vous aviez dépassé la cible de 4 %, n'est-ce pas?
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Excusez-moi. Je vais vous interrompre.
Effectivement, on observe un déclin important du français au Québec. Reconnaissez-vous que l'immigration francophone est importante pour le Québec?
En effet, un des principaux facteurs qui ont permis d'améliorer un peu la situation est effectivement l'entente Couture‑Cullen. Ensuite, il y a eu d'autres ententes, qui permettent au Québec de choisir davantage d'immigrants qui connaissent le français.
Êtes-vous d'accord pour dire que l'immigration est aussi importante pour le Québec?
Cela ne se retrouve pas dans le projet de loi , mais nous allons essayer de faire en sorte que cela s'y retrouve.
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Vous avez abordé différents éléments dans votre question.
Premièrement, je ne pense pas que l'on puisse qualifier de négligeable une augmentation de 27 à 41 % en moins d'un an. J'y vois pour ma part un progrès intéressant et mesurable. Il va de soi qu'il nous faut en faire davantage, mais je ne crois pas qu'il soit approprié ou justifié de parler d'une légère amélioration.
Deuxièmement, il ne m'apparaît pas juste de laisser entendre que quiconque au ministère a fermé les yeux sur le racisme. Je reconnais qu'il y a effectivement eu des cas de discrimination. De fait, dans un souci d'introspection à la suite de l'assassinat de George Floyd aux États-Unis, nous avons décidé de manière proactive de mener un sondage Pollara afin de déceler les problèmes avec lesquels nous devions composer à l'interne. En toute franchise, ces problèmes étaient plus importants que nous l'avions cru, ce qui nous a incités à mettre en place une stratégie pour contrer le racisme au sein du ministère.
Pour ce qui est des étudiants étrangers que l'on accepte d'accueillir ou non au Canada, nous allons continuer d'évaluer le bien-fondé de chaque demande. Je pense que nous devons en faire davantage afin qu'une plus grande proportion de ces demandes soient acceptées.
Nous avons déjà pu constater certains progrès. Nous devons poursuivre nos efforts afin d'élargir les voies d'accès à la résidence permanente, comme on me le demandait dans ma lettre de mandat, afin de s'assurer… Il y a actuellement des étudiants dont la demande est refusée parce qu'il y a peu de chances qu'ils rentrent dans leur pays, alors même que nous voudrions qu'ils s'établissent ici à titre de résidents permanents. C'est un obstacle que nous pouvons et que nous devons surmonter. Le tout exigera cependant un important travail stratégique, car il s'agit d'un changement en profondeur dans la manière dont nous traitons les demandes de résidence temporaire au Canada. Je ne veux pas dire par là que nous ne devrions pas le faire, mais bien qu'il faut prendre le temps de le faire comme il faut.
Il faut souligner que ces chiffres ne proviennent pas de nous, mais de la FCFA et des communautés francophones. Nous espérons que vous vous montrerez confiant, non seulement en ce qui a trait aux pas initiaux, mais aussi que vous reconnaîtrez qu'il faudra en faire beaucoup plus au cours des prochaines années.
Ma deuxième question porte sur les programmes.
Pour atteindre la cible demandée par les communautés francophones et acadiennes, votre ministère doit prendre des moyens nouveaux et ambitieux. Le statu quo n'est plus possible. Les communautés demandent notamment que vous adoptiez un programme d'immigration francophone distinct des autres programmes existants et taillé sur mesure pour répondre aux besoins et aux réalités de la francophonie canadienne.
Votre ministère va-t-il développer de nouveaux programmes distincts pour les francophones?
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J'ai examiné la possibilité d'établir un nouveau programme distinct pour les francophones, mais j'ai aussi examiné la possibilité d'utiliser le nouvel outil du système Entrée express pour choisir des personnes ayant des compétences linguistiques en français.
Selon moi, il y a deux façons d'atteindre le même objectif. Je ne prendrai pas de décision aujourd'hui, car j'ai besoin de comprendre toutes les possibilités qui se présentent pour augmenter le nombre de nouveaux arrivants francophones. Si je constate que la nouvelle flexibilité du système Entrée express permet d'accélérer la capacité du Canada d'accueillir un plus grand nombre de francophones au Canada, je vais utiliser cet outil.
Présentement, je n'ai qu'un aperçu incomplet de la voie à suivre. Il y a peut-être d'autres voies que pourraient explorer mon bureau et mon ministère, ce qui permettrait d'élargir les possibilités d'accueillir un plus grand nombre de francophones. Si c'est le cas, je vais choisir cet outil.
Je dois d'abord compléter cet exercice pour établir la meilleure stratégie à adopter, avant de prendre une décision.
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D'accord, je comprends.
Nous sommes d'accord avec vous: il y a, de toute évidence, une demande pour établir un programme spécial.
Il faut utiliser les outils qui sont déjà à notre disposition, mais si nous voulons réussir à atteindre un objectif beaucoup plus ambitieux, ce qui est nécessaire pour protéger le français, il est évident qu'il faut un programme spécial pour la francophonie afin de refléter la réalité sur le terrain dans les communautés.
Cette semaine, nous avons appris qu'IRCC avait commencé à déployer des efforts pour diminuer le taux de refus des permis d'études visant les étudiants d'origine africaine.
Quelles mesures concrètes prendra votre ministère pour s'assurer que les étudiants francophones africains sont admis en même proportion que les étudiants provenant d'autres régions du monde?
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Nous avons l'intention de prendre des mesures pour augmenter le nombre d'étudiants francophones.
Comme je l'ai mentionné, le taux d'approbation est passé de 27 % en 2021 à 41 % aujourd'hui. De plus, nous allons ouvrir un bureau au Cameroun pour offrir des services dans la région de l'Afrique occidentale et centrale.
Nous continuons de mener des activités promotionnelles et des campagnes de recrutement. Nous continuons de communiquer avec les candidats pour les informer que des services d'établissement existent dans leur communauté et au Canada.
Il n'y a pas de solution magique, mais il est essentiel, selon moi, de continuer à augmenter le taux d'approbation et le nombre de nouveaux arrivants francophones ainsi que le nombre de francophones, en général, dans le cadre du Programme pour les étudiants étrangers. Il est essentiel que les personnes qui parlent français et les francophones puissent continuer à vivre en français au Canada.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je vous remercie, monsieur le ministre, d'être des nôtres, aujourd'hui.
J'ai eu l'occasion de parler à votre secrétaire parlementaire, , lors du Sommet de la Francophonie tenu à Djerba, il y a une semaine et demie.
Elle était accompagnée d'un groupe de personnes qui représentaient des organismes francophones de partout au Canada, donc du Yukon, de l'Ontario et du Nouveau‑Brunswick, qui était bien représenté. Ces personnes voulaient que l'on adopte le projet de loi le plus rapidement possible. De toute évidence, ils s'inquiétaient du projet de loi dont nous sommes saisis actuellement par rapport à ce qui existe déjà.
Selon vous, quelle est la différence fondamentale en matière d'immigration dans le projet de loi par rapport à la Loi qui existe déjà depuis 50 ans?
Quelle est la différence fondamentale dans ce projet de loi qui va faciliter votre travail à l'avenir?
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Excusez-moi, monsieur le ministre. Je comprends tout à fait que ce n'est pas une obligation, mais il n'en demeure pas moins que, dans le projet de loi, il y a un paragraphe sur l'immigration. En fait, le nouveau projet de loi ne contient pas nécessairement d'outils pour vous donner plus de moyens. En tout cas, c'est ce que je comprends. Peut-être le voyez-vous autrement.
J'ai remarqué, quand nous sommes allés à Djerba, que les jeunes de Tunisie, d'Afrique du Nord particulièrement et de l'île de La Réunion, souhaitent venir au Canada. Ce sont des pays à base francophone. Les jeunes à qui j'ai parlé font face à des obstacles extraordinaires. En plus, il y a un aspect financier très important. Des choses se contredisent dans la façon dont on invite ces gens à venir au Canada.
On ne parle pas de relations, de promotion et autres dans un projet de loi sur la langue française, mais il n'en demeure pas moins qu'il y a un lien intrinsèque et direct entre ce que vous pouvez faire en réalité et les attentes du Canada. Il y a une disparité importante entre les deux.
Ce que j'essaie de dire est un peu vague, mais beaucoup de jeunes aimeraient venir au Canada. Malheureusement, les obstacles qui se présentent à eux sont énormes.
Je suis content de voir qu'on a maintenant atteint le seuil de 4 %. Je vous en félicite. La Fédération des communautés francophones et acadienne, la FCFA, vise 20 %. Croyez-vous que ce soit une cible éventuelle réaliste?
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Aujourd'hui, ce n'est pas possible, parce qu'il n'y a pas tant de demandes accumulées. Même si je traitais toutes les demandes de l'arriéré d'IRCC, ce ne serait pas possible d'obtenir 20 % cette année.
Pour continuer, c'est essentiel de faire des investissements pour la promotion et le recrutement, afin de démontrer aux personnes intéressées qu'il y a une option pour venir au Canada, y rester
[Traduction]
et même devenir un jour résident permanent. Il faudrait toutefois que beaucoup plus de jeunes soient sensibilisés… Vous en avez peut-être rencontré un grand nombre, mais ce ne sont pas tous les résidents des pays francophones qui songent à émigrer, et il y en a encore moins qui pensent à venir au Canada.
Monsieur le président, est‑ce que…
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Je vous remercie de votre question.
Avant d'y répondre, j'aimerais vous remercier des questions que vous avez posées lors de réunions précédentes du Comité permanent de la citoyenneté et de l’immigration au sujet des étudiants internationaux, ainsi que des heures que vous y avez consacrées. J'ai apporté des changements. Je vous remercie de soutenir ces efforts.
Le taux d'approbation des demandes d'étudiants d'Afrique a augmenté, passant de 27 % à 41 %. C'est une bonne chose, et il faut continuer à faire des efforts pour augmenter le taux d'acceptation non seulement d'étudiants d'Afrique du Nord, mais également d'étudiants d'Afrique centrale, d'Afrique occidentale et d'Afrique subsaharienne. Nous continuons de prendre des mesures à cet effet et de bâtir des relations avec les pays d'origine. Nous leur transmettons des informations sur nos programmes, ce qui favorise les liens entre ces pays et les institutions du Canada.
Il est essentiel de continuer à faire des efforts pour hausser la cible de 4,4 %. C'est difficile d'avoir le chiffre de cette année parce que le résultat final dépendra de la décision des familles de voyager au Canada. Quoi qu'il en soit, nous avons la capacité de traiter les demandes et d'atteindre cette cible, mais il est difficile pour le ministère de déterminer si une famille arrivera en décembre ou en janvier.
Nous avons une cible pour 2023. Je suis convaincu que notre gouvernement pourra accueillir 4,4 % d'immigrants francophones en 2023. Nous sommes très près de ce pourcentage cette année.
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Le Comité doit comprendre certains éléments importants.
Nous avons l'intention d'offrir le programme de mobilité internationale plus, de l'ancien ministre Boulet, pour simplifier le processus pour les travailleurs temporaires.
Cependant, il y a un processus particulier au Québec, mais c'est le gouvernement du Québec qui en a décidé ainsi.
Pour ce qui est du nombre de nouveaux arrivants qui ont obtenu le statut de résidence permanente au Canada, il est très important de comprendre que le niveau de résidence permanente au Québec relève du gouvernement du Québec.
Je comprends les personnes qui veulent s'installer dans les autres provinces. C'est possible pour eux de le faire, vu le droit à la mobilité au Canada.
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C'est une bonne question.
Le gouvernement fédéral ne fournit pas ce service directement, mais il soutient les établissements qui offrent ces services dans les communautés. Nous avons fait passer le nombre d'organisations dans les communautés francophones à 80, alors qu'il était de 50 en 2018.
En fait, c'est difficile de déterminer quelles organisations ont la possibilité d'offrir des formations en français dans les communautés anglophones rurales. Si ce service existe, c'est une bonne idée que les organisations puissent offrir des services. Par contre, ce n'est pas possible dans chaque communauté.
Nous allons ouvrir un nouveau bureau à Dieppe, au Nouveau‑Brunswick, qui permettra de promouvoir l'innovation dans l'immigration francophone au Canada. C'est une bonne chose pour le Nouveau‑Brunswick, mais aussi pour l'ensemble du pays.
Je vous remercie de votre témoignage, monsieur le ministre.
Je suis un député de la Colombie‑Britannique, tout comme M. Vis, qui est parmi nous virtuellement.
Je peux vous dire que nous comptons sur l'immigration francophone non seulement au Québec, mais dans l'Ouest et partout au Canada. Elle suscite un grand intérêt. On le voit notamment dans nos écoles, où les programmes d'immersion francophone sont très populaires. L'immigration francophone est donc essentielle.
Vous avez dit que l'immigration francophone avait augmenté à 4 %. Avez-vous des statistiques indiquant combien de ces immigrants se sont installés dans l'Ouest, par exemple, en Alberta ou en Colombie‑Britannique?
Avez-vous de telles données, ou avez-vous seulement le pourcentage total?
L'année passée, pendant la pandémie de la COVID‑19, nous avons entendu des témoignages concernant le manque de services pour les nouveaux arrivants. Le gouvernement fédéral manquait à l'appel. Dans notre région, la Fédération des francophones de la Colombie‑Britannique et le gouvernement provincial, entre autres, ont donc pris le relais, tout comme nos bureaux de circonscription, pour combler ce grand trou.
Il y a maintenant beaucoup plus de fonctionnaires au ministère pour traiter les demandes, et il y a moins de demandes qu'il n'y en avait avant la pandémie; pourtant, les délais sont de plus en plus longs, ce qui est très difficile pour les personnes qui essaient d'immigrer.
Pouvez-vous nous parler un peu de ce que vous faites actuellement pour accélérer le processus? Je sais que beaucoup de gens veulent le savoir, car ils nous font toujours part de leur frustration à nos bureaux. J'aimerais surtout que vous parliez des immigrants venant de pays francophones.
La pandémie a engendré beaucoup de difficultés. Quand nous avons fermé les frontières, nous continuions d'accepter des demandes et l'arriéré de demandes était plus grand qu'à la normale. De plus, nous répondions aux situations en Afghanistan et en Ukraine. Le nombre de demandes a aussi augmenté du fait que le Canada est une destination très prisée.
Nous faisons des investissements pour accélérer le traitement des demandes.
[Traduction]
Dans l'Énoncé économique de l'automne de l'an dernier, un montant de 85 millions de dollars était prévu à cette fin. Nous sommes en train d'embaucher 1 250 personnes supplémentaires. Nous avons presque terminé cette campagne éclair de recrutement, et nous notons déjà une augmentation de la productivité. Nous avons assoupli toute une série de politiques administratives, et nous nous sommes tournés vers la technologie pour accélérer les choses.
L'absence de limites pour les nouveaux arrivants francophones dans la Voie d'accès de la résidence temporaire à la résidence permanente offre la possibilité à ceux qui sont déjà au Canada d'y demeurer. Nous continuons de travailler auprès de différents pays ayant une importante population francophone afin de faire connaître ces mesures au plus grand nombre de gens possible.
J'essaie d'aller aussi vite que je peux, car j'ai impression que je vais manquer de temps. Nous allons continuer de faire tous les investissements nécessaires pour pouvoir traiter encore plus de dossiers.
[Français]
Au printemps prochain, nous pourrons choisir des candidats dans le cadre du système Entrée express qui ont les compétences linguistiques nécessaires et l'intention de voyager dans une région particulière ou dans les régions où se trouvent les plus grandes pénuries de main-d'œuvre. Nous pourrons bénéficier de cette nouvelle flexibilité pour augmenter le nombre de nouveaux arrivants francophones dès le printemps 2023.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Nous avons parlé des cibles. Nous avons parlé d'accueillir plus de francophones. Pour ce faire, nous devons évidemment avoir l'infrastructure au niveau local pour pouvoir bien les accueillir.
Dans ma circonscription, il y a une communauté francophone, une petite ville accueillante: Hawkesbury. Je sais que, par le passé, nous y avons installé un campus de la Cité collégiale. La ministre qui en est responsable est ici aujourd'hui.
La Cité collégiale a pour mandat de bien former et de préparer les immigrants francophones qui sont en Afrique. Je sais aussi que, quand nous sommes arrivés au pouvoir, les francophones étaient accueillis en anglais à l'aéroport Pearson. Toutefois, cela a changé.
Au regard de tout cela, monsieur le ministre, comment voyez-vous l'importance de l'accueil des immigrants francophones au Canada?
Il y a un problème. Ce n'est pas le sujet de la discussion d'aujourd'hui, mais c'est un élément essentiel pour fournir des services en français. En effet, pour ce qui est de l'immigration des francophones, il ne suffit pas d'atteindre un certain nombre. C'est essentiel de permettre aux gens qui ont choisi de vivre en français de le faire.
Il est important d'accueillir les francophones en français, mais il est aussi important de fournir des services dans les deux langues officielles dans les garderies, les écoles secondaires et les magasins.
Je viens d'une très petite communauté rurale. Pendant ma première campagne électorale, notre communauté a perdu une école et des services de soins de santé mentale. Imaginez les conséquences si la communauté francophone perdait les mêmes services. La communauté n'existerait pas en français. Les familles perdraient la possibilité de vivre dans la langue de leur choix. Ce n'est pas acceptable au Canada.
Il est important de favoriser une culture inclusive pour promouvoir et protéger la langue française, mais aussi pour protéger la culture canadienne et ses deux langues officielles.
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Merci, monsieur le président.
[Traduction]
Comme je n'ai que deux minutes, je vais vous poser deux questions du même coup.
J'aimerais savoir si vous pensez qu'il serait bénéfique pour nous d'augmenter le nombre de résidents permanents francophones si cela devait nous permettre d'accueillir au Canada davantage de travailleurs francophones.
[Français]
Je me demande aussi si nous pouvons faire quelque chose pour tirer parti du programme Entrée express, que nous avons modifié en 2017.
Enfin, comment pouvons-nous utiliser les outils à notre disposition pour dire au monde francophone que le Canada veut en faire une priorité?
Avant que notre président m'interrompe pour de bon, il y a un correctif que je veux absolument apporter.
[Français]
J'ai parlé de diminuer, pour la francophonie, les tests que les gens font.
Ce que je voulais dire, c'est qu'il faudrait actualiser cela pour qu'on soit au même niveau que les Canadiens francophones. Présentement, les tests que les gens font sont à un niveau que même les Canadiens ne pourraient pas réussir.
Je tenais absolument à faire cette correction avant que le président mette fin à mon temps de parole.
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Merci, monsieur le ministre.
J'oserais dire que tout ce qui vient de l'Atlantique est extrêmement précieux et clair. Je vous remercie de votre belle prestance et je vous remercie de vous être exprimé en français.
Je remercie également M. Vis, qui est à l'écran, à M. Dalton, à Mme Ashton, qui parle très bien français elle aussi, et à M. Drouin, qui maîtrise bien la langue française, lui aussi.
L'effort que vous faites est un exemple à suivre, et il est rassurant.
Cela dit, nous allons suspendre très brièvement la séance pour permettre au prochain groupe de témoins…
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Nous reprenons la séance.
Nous en sommes à la deuxième heure de la réunion.
Nous avons le plaisir d'accueillir l'honorable Mona Fortier, présidente du Conseil du Trésor. Elle est accompagnée de Mme Sonia LeBris, sous-ministre adjointe déléguée par intérim, et de Carsten Quell, directeur général. Je leur souhaite la bienvenue.
Madame Fortier, je pense que c'est la première fois que nous vous recevons à titre de présidente du Conseil du Trésor, bien que vous étiez jadis parmi nous, autour de cette table, en tant que membre du Comité permanent des langues officielles.
Tout le monde connaît la routine. Je vous laisse cinq minutes pour que vous puissiez faire votre présentation, après quoi nous passerons aux tours de questions. Je suis très sévère quant au respect du temps de parole.
Madame Fortier, vous avez la parole.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je me sens très honorée d'être ici aujourd'hui.
Avant de commencer, je tiens à souligner que je m'adresse à vous depuis le territoire traditionnel non cédé du peuple algonquin anishinabe.
J'ai défendu et promu les langues officielles et la dualité linguistique toute ma vie. En tant que fière Franco‑Ontarienne qui a œuvré dans le milieu au cours des 35 dernières années, je suis très honorée d'être ici avec vous aujourd'hui pour faire progresser la première modernisation majeure de la Loi sur les langues officielles depuis plus de 30 ans.
Comme vous le savez, l'anglais et le français sont, avec les langues et les cultures autochtones, au cœur de l'histoire et de l'identité du Canada. Elles contribuent à notre diversité, à notre inclusivité, à notre cohésion sociale et à notre résilience.
Selon un sondage récent publié par le commissaire aux langues officielles, la population canadienne est extrêmement favorable aux objectifs de la loi, et 87 % des Canadiens de partout au pays l'appuient.
[Traduction]
La Loi sur les langues officielles date de 1988 et doit vraiment être actualisée pour tenir compte d'une réalité qui n'est plus du tout la même. Le projet de loi vise à moderniser la Loi en y apportant des améliorations significatives qui nous aideront à aplanir les difficultés que connaissent la langue française et les communautés de langue officielle en situation minoritaire au Canada.
Les changements proposés vont notamment permettre de préciser et de renforcer les mesures prévues dans la Loi pour favoriser l'épanouissement des communautés en situation minoritaire, y compris les communautés anglophones du Québec, en plus d'équiper le commissaire aux langues officielles d'outils plus efficaces pour remédier aux différentes lacunes. Qui plus est, le projet de loi précise et rend plus contraignante l'obligation pour les institutions de prendre des mesures positives pour la promotion des langues officielles.
Comme les membres du Comité le savent très bien, monsieur le président, le Secrétariat du Conseil du Trésor est responsable, de concert avec d'autres institutions fédérales, de la mise en œuvre et de l'administration de la Loi sur les langues officielles. En vertu de la loi actuelle, le Conseil du Trésor est chargé de l'élaboration et de la coordination générale des principes et des programmes relatifs aux communications avec le public et à la prestation des services (partie IV), à la langue de travail dans les institutions fédérales (partie V) et à la participation des Canadiens d'expression française et d'expression anglaise au sein de la fonction publique fédérale (partie VI). Le Secrétariat du Conseil du Trésor établit et interprète les politiques, les directives et les règlements touchant les langues officielles et veille à ce que les institutions fédérales s'y conforment.
[Français]
Le projet de loi C‑13 conférerait au Conseil du Trésor un rôle d'organisme central plus important. C'est une demande importante qui a été formulée par les parties prenantes et les parlementaires lors des consultations.
Le Secrétariat du Conseil du Trésor jouerait un rôle accru pour mieux appuyer et surveiller les institutions fédérales en ce qui a trait au respect de leurs obligations linguistiques.
De plus, le projet de loi C‑13 obligerait également le Conseil du Trésor à fournir des directives et à établir des politiques pour les institutions fédérales. Cela inclut pour la première fois la responsabilité de surveiller la manière dont les institutions fédérales mettent en œuvre et prennent des mesures positives qui améliorent la vitalité des communautés en situation minoritaire. En tant qu'organisme central, le Conseil du Trésor est idéalement placé pour tenir les institutions responsables, ce qui renforcera les mesures positives au sein du gouvernement.
La mise en œuvre de nos nouvelles responsabilités se traduirait par la création d'un centre de politiques des langues officielles intégrant les parties IV, V, VI et VII de la Loi. Le Conseil du Trésor rendra compte de la conformité dans son rapport annuel sur les langues officielles.
Nos mesures juridiques sont soutenues par des mesures administratives telles qu'un nouveau cadre de formation en langue seconde pour la fonction publique et le nouveau Règlement sur les langues officielles, en vertu duquel nous prévoyons qu'environ 700 bureaux présentement unilingues deviendront bilingues au cours des prochaines années.
[Traduction]
En vigueur depuis plus de 50 ans, la Loi sur les langues officielles a permis non seulement de conférer des droits linguistiques fondamentaux aux Canadiens, mais aussi de façonner notre identité. C'est une loi quasi constitutionnelle qui revêt une importance capitale pour le tissu social de notre pays.
Le projet de loi permet de moderniser et de consolider notre Loi sur les langues officielles. En fait, il faut que tout le gouvernement mette l'épaule à la roue pour favoriser l'épanouissement de nos langues officielles.
Je tiens à remercier le Comité de sa contribution à la modernisation du cadre des langues officielles au Canada.
[Français]
Mes collègues M. Carsten Quell et Mme Sonia LeBris, que vous avez déjà présentés et qui m'accompagnent aujourd'hui, peuvent aussi répondre à vos questions.
Je vous remercie beaucoup de me permettre de vivre ce moment historique.
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Merci, monsieur le président.
Merci, madame la présidente du Conseil du Trésor. Cela fait drôle de vous questionner, puisque nous avons déjà eu la chance de siéger ensemble à ce comité.
Voici ma première question. Vous comprenez, madame la présidente, que nous avons une limite de temps. C'est donc possible que je vous interrompe et ce ne sera pas par manque de respect.
Je voudrais savoir, en premier lieu, si vous avez pris connaissance du Livre blanc.
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Madame la présidente, je vais changer de question, parce que vous ne semblez pas vouloir répondre à ma question.
Monsieur le président, vous pouvez redémarrer le chronomètre.
Madame la ministre, le sénateur Pierre De Bané, un grand libéral, avait averti le ministre du Patrimoine canadien de l'époque que celui-ci serait incapable de mettre en œuvre la Loi sur les langues officielles de manière efficace en prédisant ceci: « cet article-là, tout ce qu'il va vous causer, c'est des frustrations ».
Nous savons depuis près de 35 ans que M. De Bané avait raison. Le projet de loi aggrave le problème en élargissant le rôle du ministre du Patrimoine canadien de susciter et d'encourager la coordination de la mise en œuvre de toute la Loi.
Pourquoi le gouvernement, qui prétend gouverner sur la base de données probantes, s'acharne-t-il à étendre à toute la Loi un modèle de mise en œuvre qui se révèle inefficace depuis plus de trois décennies?
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Merci, monsieur le président.
Je suis tout à fait d'accord pour dire que vous n'êtes pas irritant, mais que vous êtes très présent.
Bonjour, madame la ministre.
Comme vous le constatez, toute l'équipe a une très bonne relation.
Nous sommes heureux de vous accueillir, ainsi que vos hauts fonctionnaires.
Quelles mesures administratives le Conseil du Trésor prend-il pour renforcer les langues officielles?
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Je vous remercie de votre question.
Encore une fois, je suis très contente de répondre à toutes les questions. Je sais que votre comité travaille très fort à faire avancer ce projet de loi. Nous sommes tous sur la même longueur d'onde à cet égard.
En réponse à votre question, je dirai d'abord que le respect des langues officielles est non seulement une obligation et une priorité pour notre gouvernement, mais il est essentiel pour fournir nos services et exécuter nos programmes de façon efficace. Nous sommes déterminés à fournir des services fédéraux conformément à nos obligations en matière de langues officielles.
Pour atteindre nos objectifs, nous avons suivi les mesures administratives indiquées dans le Livre blanc, « Français et anglais : Vers une égalité réelle des langues officielles au Canada ».
Nous développons entre autres un nouveau cadre de formation en langue seconde pour la fonction publique qui va répondre aux besoins de tous les apprenants, y compris les besoins particuliers des Autochtones et des personnes en situation de handicap.
Nous veillons aussi à ce que les postes de la fonction publique soient définis comme étant bilingues, lorsque c'est nécessaire. Vous savez que cela se fait à un niveau approprié de bilinguisme et, comme je l'ai dit plus tôt, c'est essentiel pour créer et maintenir un milieu de travail qui encourage l'utilisation des langues officielles dans la fonction publique. Nous allons continuer à protéger et à promouvoir les deux langues officielles.
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Je crois que oui, parce que nous nous engageons à avoir une fonction publique fédérale qui continue de progresser en matière de langues officielles. Le nombre de postes bilingues n'a cessé de s'accroître, d'une année à l'autre.
Selon un sondage auprès des fonctionnaires fédéraux publié en 2020, 9 employés sur 10 se sentent libres de communiquer avec leur superviseur immédiat dans la langue officielle de leur choix.
Cela étant dit, la capacité bilingue mérite d'être davantage renforcée. C'est pour cette raison que nous portons une attention particulière à la formation linguistique auprès de nos fonctionnaires.
Je ne sais pas si vous le savez, monsieur Iacono, mais plus de 40 % des emplois fédéraux de tout le gouvernement exigent le français et l'anglais.
Je voulais vous communiquer ces données.
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Ce qui est difficile, c'est que, au Québec, la langue de travail est le français. On essaie de faire du français la langue commune. C'est vital pour assurer l'avenir du français au Québec, et les institutions fédérales sont vraiment un frein à cela.
M. Barrière, le vice-président de l'Alliance de la fonction publique du Canada au Québec, a même dit que, dans la fonction publique fédérale au Québec, il existe une discrimination systémique qui présume que les communications sont d'abord en anglais, alors que le français devrait être la langue de travail. Que pouvez-vous faire à cet égard?
Il y a une demande d'amendement au projet de loi de la part du gouvernement du Québec. L'amendement demande de tenir compte que le français est en situation minoritaire, et donc d'essayer de s'assurer que le français est la langue prédominante — j'aurais dit « commune » — dans la fonction publique fédérale au Québec.
Est-ce envisageable, selon vous?
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D'accord, mais, au fond, vous répétez le principe du bilinguisme institutionnel qui va à l'encontre de la Charte de la langue française.
Selon la Charte de la langue française, le Québec est le seul État francophone en Amérique du Nord. La seule façon de réussir est d'intégrer les nouveaux arrivants, et on sait qu'il faut 90 % des transferts linguistiques vers le français au Québec pour maintenir notre poids démographique.
Déjà, le gouvernement fédéral, en utilisant par exemple le critère de la première langue officielle parlée, considère que 33 % des immigrants devraient avoir des services en anglais, ce qui vient en contradiction directe avec notre objectif. Cela a pour effet de minoriser les francophones.
Nous allons présenter ces propositions d'amendement au projet de loi .
Dans la mesure où c'est adopté, pensez-vous qu'il est envisageable pour vous de faire des efforts en ce sens?
Madame la présidente du Conseil du Trésor, j'aimerais commencer par un petit commentaire.
Vous avez répondu à mon collègue M. Godin que vous désiriez avoir un pouvoir de mise en œuvre des stratégies pangouvernementales sur les parties IV, V, VI et VII de la Loi. Pour l'instant, nous incluons seulement une partie de la partie VII.
Je voudrais souligner que je crois que vous avez raison. Je crois que nous devons corriger le projet de loi pour y inclure l'ensemble de la partie VII.
Cela dit, j'aimerais maintenant vous poser une question.
Vous connaissez bien la francophonie canadienne. Il y a quelques années, vous étiez la vice-présidente de la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada, la FCFA, et, auparavant, vous étiez présidente de la Fédération de la jeunesse canadienne-française, ou FJCF.
Vous devez alors connaître l'importance des dispositions linguistiques pour les communautés francophones et acadiennes. Vous savez que, souvent, elles ne réussissent pas à accéder aux services auxquels elles ont droit de la part des provinces et des territoires, même lorsque ceux-ci sont financés par des fonds fédéraux.
Appuyez-vous leur demande de dispositions linguistiques exécutoires dans les ententes fédérales-provinciales-territoriales?
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Merci, monsieur le président, et merci, madame la ministre, d'être des nôtres aujourd'hui.
Je me suis intéressé de très près à la partie 2 de ce projet de loi qui traite des lieux de travail de compétence fédérale. À ce titre, le paragraphe 6(1) est particulièrement important. Voici ce qu'il prévoit:
Si une entreprise privée de compétence fédérale s’assujettit volontairement à la Charte de la langue française du Québec, celle‑ci s’applique à elle en remplacement de la présente loi, relativement à ses communications avec les consommateurs ou aux services qu’elle leur fournit au Québec ou relativement à ses lieux de travail situés au Québec.
On peut lire ensuite au paragraphe 6(2):
L’entreprise privée de compétence fédérale donne avis, conformément aux règlements, de la date à laquelle la Charte de la langue française du Québec commencera à s’appliquer à son égard ou de celle à laquelle elle cessera de s’appliquer.
Je juge la situation particulièrement problématique du fait notamment que le a exprimé son opposition à la Charte de la langue française du Québec pour des motifs liés au respect des droits des minorités et au recours à la clause dérogatoire. Avec ce projet de loi, le gouvernement du Canada pourrait assujettir des travailleurs canadiens à une loi qui a été critiquée par le ministre de la Justice.
Pouvez-vous nous dire ce que vous pensez de cette façon de procéder et nous indiquer comment le gouvernement entend s'y prendre pour assurer la protection des droits conférés par la Charte canadienne des droits et libertés? Il est par exemple possible qu'une entreprise décide de s'assujettir volontairement à une loi que le et le ont critiquée en raison du recours à la clause dérogatoire et des risques d'une contestation fondée sur la Charte découlant du non-respect des droits linguistiques individuels.
Merci.
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Je vous remercie beaucoup de votre question.
Comme je l'ai dit plus tôt, le Conseil du Trésor va jouer un rôle d'organisme central pour s'assurer de la conformité, de l'évaluation et de la surveillance des différentes institutions fédérales.
Le Conseil du Trésor est bien placé pour jouer un plus grand rôle à l'interne, alors que le ministère du Patrimoine canadien va pouvoir mieux jouer un rôle à l'externe, puisqu'il a une expertise sur le terrain.
Comme je l'ai dit plus tôt, le Conseil du Trésor va pouvoir assurer et établir les normes et les éléments de surveillance à l'échelle du gouvernement. Le ministère du Patrimoine canadien va pouvoir concentrer ses efforts sur l'offre des programmes et sur son engagement auprès des intervenants.
Je vais vous donner un exemple.
Le bureau du ministère du Patrimoine canadien, dans tout le pays, confère une expertise sur le terrain tandis que le Conseil du Trésor est seulement présent à Ottawa. Comme vous le savez, il ne serait pas efficace qu'un organisme comme le Conseil du Trésor, responsable de la mise en œuvre des programmes, d'être également chargé de la conformité des institutions fédérales. Je précise que le ministère du Patrimoine canadien ne pourrait pas s'occuper de la conformité des institutions fédérales. C'est le Conseil du Trésor qui va s'en charger.
Vous avez peut-être déjà entendu des intervenants, comme Linda Cardinal et Michel Bastarache, qui conviennent, eux aussi, que le Secrétariat du Conseil du Trésor ne devrait pas être le seul responsable de la Loi sur les langues officielles, bien que son rôle doive être renforcé.
De plus, comme nous l'avons dit, nous faisons un changement qui est essentiel, et il incombera au Conseil du Trésor de tenir les ministères fédéraux responsables de l'utilisation des mesures positives pour promouvoir les langues officielles.
Par ailleurs, je crois que nous l'avons bien démontré, le Conseil du Trésor est le meilleur organisme central pour s'acquitter de cette responsabilité.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie la présidente du Conseil du Trésor d'être ici.
Nous avons entendu parler, au cours des derniers mois, de plusieurs problèmes au sein de la fonction publique fédérale quant au respect du français, alors que des réunions sont tenues uniquement en anglais et que des communications se font uniquement en anglais également.
Premièrement, reconnaissez-vous les lacunes qui ont été vécues par les employés de la fonction publique fédérale au cours des deux dernières années ou des derniers mois?
Surtout, quels correctifs apportez-vous pour éviter que cela se reproduise à l'avenir?
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Merci, madame la présidente.
Jusqu'en mai dernier, le Conseil du Trésor avait une directive qui prévoyait que, lorsqu'une institution fédérale aliène des biens immobiliers excédentaires, celle-ci devait tenir compte des intérêts des collectivités, dont les communautés en situation de langue minoritaire, et des autres paliers de gouvernement. Elle devait aussi élaborer une stratégie d'aliénation équilibrée pour les biens immobiliers, appuyée par une évaluation exhaustive des intérêts du gouvernement fédéral et des autres intervenants, incluant ceux des communautés en situation de langue officielle minoritaire.
Cette directive a été abrogée pour faire place à la Directive sur la gestion des biens immobiliers, qui prévoit seulement que les institutions fédérales doivent aviser les communautés de langue officielle en situation minoritaire de l'intention de disposer des biens immobiliers.
Madame la ministre, les droits des communautés francophones et acadiennes ont donc considérablement été affaiblis par le gouvernement.
Allez-vous corriger le tir et appuyer une modification au projet de loi qui garantira que les institutions fédérales seront réellement tenues de prendre en compte les intérêts des communautés francophones et acadiennes lorsqu'elles aliènent des biens immobiliers excédentaires?