:
Bonjour à tous et à toutes. Je déclare la séance ouverte.
[Traduction]
Bienvenue à la 7e réunion du Comité permanent des langues officielles de la Chambre des communes.
[Français]
La réunion d'aujourd'hui se déroule sous forme hybride conformément à l'ordre de la Chambre adopté le jeudi 25 novembre 2021. Les membres seront présents en personne ou au moyen de l'application Zoom. Les délibérations seront publiées sur le site Web de la Chambre des communes. À titre d'information, la diffusion Web montrera toujours la personne qui parle plutôt que l'ensemble du Comité.
[Traduction]
Compte tenu de la situation liée à la pandémie en cours et à la suite des recommandations des autorités sanitaires, ainsi que de la directive du Bureau de régie interne du lundi 14 février 2022, pour rester en bonne santé et en sécurité, toutes les personnes qui assistent à la réunion en personne doivent maintenir une distance physique de deux mètres. Elles doivent aussi porter un masque non médical lorsqu'elles se déplacent dans la salle, et il leur est fortement recommandé de porter le masque en tout temps, même lorsqu'elles sont assises. Elles doivent également maintenir une bonne hygiène des mains en utilisant le désinfectant fourni pour les mains dans la salle.
[Français]
En tant que président, j'appliquerai ces mesures pendant toute la durée de la réunion, et je remercie à l'avance les membres du Comité de leur coopération.
Pour ceux et celles qui participent virtuellement à la réunion, je voudrais énoncer quelques règles à suivre.
Vous pouvez vous exprimer dans la langue officielle de votre choix. Des services d'interprétation sont disponibles pendant cette réunion. Vous avez le choix, au bas de votre écran, entre le parquet, l'anglais ou le français. Si l'interprétation est perdue en cours de route, veuillez m'en informer immédiatement, et nous veillerons à ce que l'interprétation soit correctement rétablie avant de reprendre les travaux.
Les députés qui participent à la réunion en personne doivent procéder comme ils le feraient habituellement lorsque l'ensemble de Comité se réunit en personne dans une salle de réunion.
Avant de prendre la parole, veuillez attendre que je vous nomme. Si vous participez à la séance par vidéoconférence, veuillez cliquer sur l'icône du microphone pour activer votre micro. Le micro de ceux qui sont dans la salle sera contrôlé, comme d'habitude, par notre technicien ou notre technicienne chargée des procédures et de la vérification.
Nous vous rappelons que tous les commentaires des membres du Comité doivent être adressés à la présidence.
Lorsque vous parlez, s'il vous plaît, parlez lentement et clairement, et non comme je le fais souvent lorsque je l'oublie. Lorsque vous ne parlez pas, votre micro doit être mis en sourdine.
En ce qui concerne la liste des intervenants, la greffière du Comité et moi ferons de notre mieux pour maintenir un ordre de parole équitable pour tous les députés, qu'ils participent virtuellement ou en personne.
[Traduction]
Si vous éprouvez des difficultés techniques, veuillez m'en informer. Veuillez noter qu'il se peut que nous devions suspendre la séance pendant quelques minutes, car nous devons nous assurer que tous les membres du Comité sont en mesure de participer pleinement à la réunion.
[Français]
Conformément à l'article 108(3)f) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le lundi 31 janvier 2022, le Comité reprend son étude des mesures gouvernementales pour protéger et promouvoir le français au Québec et au Canada.
J'aimerais maintenant souhaiter la bienvenue à nos témoins de la première heure.
Tout d'abord, du ministère du Patrimoine canadien, se joint à nous par vidéoconférence Mme Julie Boyer, sous-ministre adjointe, Langues officielles, Patrimoine et régions. Elle est accompagnée de Mme Sarah Boily, directrice générale, Langues officielles.
Ensuite, du ministère de la Citoyenneté et de l'Immigration, nous recevons Mme Corrine Prince, sous-ministre adjointe intérimaire, Secteur de l'établissement et de l'intégration. Elle est accompagnée de M. Glen Linder, directeur général, Relations internationales et intergouvernementales.
Un maximum de cinq minutes sera accordé pour chaque discours, après quoi nous procéderons à une série de questions.
Chers invités, je vous ferai signe lorsqu'il vous restera environ une minute.
Cependant, avant d'aller plus loin, chers témoins, je dois consulter mes collègues. En raison du vote à la Chambre, nous venons de perdre presque 45 minutes. J'allais suggérer que nous scindions ce qu'il reste des deux heures en deux parts égales pour le premier et le deuxième groupe de témoins. Mme la greffière m'avise que nos techniciens et nos interprètes peuvent continuer pour un plein bloc de deux heures.
Je sais que certains ou certaines ont des obligations après 17 h 30, heure de l'Est — moi, je suis au Nouveau‑Brunswick —, mais cela vous conviendrait-il si nous prolongions la réunion de 15 minutes? Nous terminerions à 17 h 45.
Quelqu'un a-t-il des objections?
Veuillez lever la main ou me faire signe.
Nous allons donc terminer la réunion 15 minutes après l'heure prévue à l'horaire.
Est-ce bien cela, madame la greffière?
:
Je vous remercie, monsieur le président.
C'est moi qui vais vous adresser la parole dans un premier temps.
Tout d'abord, je vous remercie sincèrement, vous et l'ensemble des membres du Comité, de votre invitation, mais surtout de vos travaux.
Vos études sont importantes pour les Canadiens en général, mais elles le sont particulièrement pour les fonctionnaires fédéraux. Vos recherches et vos enquêtes leur servent de balises pour l'élaboration des politiques.
Ma collègue, Sarah Boily, et moi-même sommes donc ravies d'avoir l'occasion de vous entretenir des efforts du gouvernement en vue de protéger et de promouvoir la place du français au Canada.
En effet, depuis le discours du Trône de septembre 2020, le gouvernement reconnaît que le français se trouve dans une situation particulière et que nous avons la responsabilité de le protéger et de le promouvoir, non seulement au Canada, mais également au Québec.
[Traduction]
En fait, plusieurs initiatives sont déjà en cours pour doter le gouvernement de leviers importants qui lui permettront d'agir concrètement en vue de protéger et de promouvoir la langue française d'un océan à l'autre.
Le plus récent Plan d’action pour les langues officielles— 2018‑2023: Investir dans notre avenir a été lancé après de vastes consultations auprès de communautés et de partenaires du secteur. Ce plan représente un investissement de 2,7 milliards de dollars sur cinq ans, dont 500 millions de dollars en nouveaux fonds destinés à contrer la baisse du poids démographique des communautés francophones d'un bout à l'autre du pays.
Ce plan a permis au gouvernement d'investir dans des secteurs essentiels à la vitalité des communautés francophones du Canada, comme l'immigration, l'éducation de la petite enfance, la justice, la santé et bien d'autres. Il a surtout permis de mieux financer les initiatives de promotion du français, comme les programmes d'immersion en français, une stratégie de recrutement d'enseignants de français, des bourses d'études postsecondaires en français langue seconde, du soutien à l'apprentissage de la langue seconde et à l'enseignement dans la langue de la minorité par l'entremise d'ententes fédérales, provinciales et territoriales, un meilleur appui aux services en français dans les territoires et le renouvellement de l'entente de collaboration pour le développement des arts et de la culture des communautés francophones en situation minoritaire.
À un an de l'échéance, nous avons réalisé toutes les initiatives prévues dans ce plan d'action pour les langues officielles, et nous sommes sur le point d'entamer les consultations pour le prochain plan d'action pour 2023‑2028.
[Français]
En plus de ces investissements importants, le 19 avril 2021, le budget fédéral proposait d'investir, sur trois ans, un montant de 389,9 millions de dollars supplémentaires à compter de cette année financière, 2021‑2022, pour appuyer les langues officielles.
Entre autres choses, il propose au ministère du Patrimoine canadien une somme de 180,4 millions de dollars pour augmenter le bilinguisme. D'abord, on veut améliorer les programmes d'immersion française et de français langue seconde dans les écoles et dans les établissements postsecondaires. Ensuite, on veut aider les provinces et les territoires à répondre à la forte demande, de la part des étudiants et des parents, de places dans les programmes d'immersion française et de français langue seconde. Enfin, on veut renforcer la stratégie en place pour le recrutement et le maintien en poste d'enseignants, et appuyer l'apprentissage du français dès le plus jeune âge.
Un autre montant de 121,3 millions des dollars vise à offrir une éducation postsecondaire de qualité dans la langue de la minorité partout au Canada.
Enfin, une somme de 81,8 millions de dollars sur deux ans sera destinée à appuyer la construction, la rénovation et le développement des espaces éducatifs et communautaires à l'intention des communautés de langue officielle en situation minoritaire.
Ces investissements permettront d'aller plus loin dans la protection et la promotion du français au pays, et ils contribueront à la vitalité des communautés de langue officielle en situation minoritaire.
Le ministère travaille fort pour déposer à nouveau un projet de loi pour moderniser la Loi sur les langues officielles et mettre en œuvre les propositions administratives, réglementaires et législatives du document de réforme intitulé « Français et anglais : Vers une égalité réelle des langues officielles au Canada », qui a été rendu public au mois de février dernier.
[Traduction]
Le gouvernement a démontré son engagement à protéger et à promouvoir le français et continuera de le faire par l'entremise de la modernisation de la Loi sur les langues officielles.
Je serai heureuse de répondre à vos questions.
:
Monsieur le président et membres du Comité, je vous remercie de nous donner l'occasion de nous adresser à vous aujourd'hui.
J'aimerais souligner que je me joins à vous depuis le territoire traditionnel du peuple algonquin.
Je suis accompagné de Mme Corinne Prince, la sous-ministre adjointe intérimaire du Secteur de l'établissement et de l'intégration.
Nous sommes heureux de vous fournir des renseignements sur l'Accord Canada‑Québec relatif à l'immigration et à l'admission temporaire des aubains, ainsi que sur l'immigration francophone hors Québec.
Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, ou IRCC, collabore étroitement avec le ministère de l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration, son vis-à-vis du gouvernement du Québec, tout en respectant les rôles et responsabilités respectives des deux paliers de gouvernement définis dans l'Accord Canada‑Québec de 1991. Les principaux objectifs de cet accord sont de maintenir le poids démographique du Québec au sein du Canada et d'intégrer les personnes immigrantes au Québec d'une manière qui respecte l'identité distincte de la province.
En vertu de l'Accord, le Québec est la seule province qui publie annuellement ses objectifs et ses cibles d'immigration. Il incombe par contre au gouvernement du Canada d'établir le nombre annuel total d'immigrants pour l'ensemble du pays, tout en tenant compte de l'avis du Québec en ce qui concerne le nombre d'immigrants qu'il souhaite accueillir dans toutes les catégories.
L'Accord confère aussi au Québec d'autres responsabilités, telles que l'établissement de ses propres critères de sélection des immigrants économiques, l'établissement et l'évaluation des critères financiers pour le parrainage dans la catégorie du regroupement familial, la sélection des réfugiés pris en charge par le gouvernement ou par l'entremise d'un parrainage collectif, et l'offre de services d'accueil et d'intégration dans la province.
En ce qui a trait aux responsabilités fédérales, IRCC administre le programme du regroupement familial ainsi que le programme pour personnes protégées au Canada, c'est-à-dire les personnes qui ont été reconnues par la Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada comme des réfugiés ayant besoin de la protection du Canada.
Le gouvernement du Canada est également responsable de déterminer l'admissibilité de tous les demandeurs d'immigration au Canada. L'évaluation de l'admissibilité inclut des vérifications en matière de santé, de sécurité et de criminalité pour déterminer s'ils respectent les exigences de la législation pour pouvoir être admis au pays.
J'aimerais maintenant aborder la question de l'immigration francophone à l'extérieur du Québec.
Le gouvernement fédéral reconnaît que l'immigration joue un rôle important pour appuyer l'épanouissement des communautés francophones en situation minoritaire partout au pays. En mars 2019, IRCC lançait la stratégie intitulée « Atteindre nos objectifs : Stratégie en matière d'immigration francophone », qui énonce la vision du gouvernement en matière d'immigration francophone tout en réaffirmant l'adoption d'une cible de 4,4 % d'immigrants d'expression française à l'extérieur du Québec d'ici 2023.
Depuis, IRCC a entrepris de nombreuses initiatives pour atteindre cette cible de 4,4 %, notamment en attribuant des points supplémentaires aux candidats francophones ou bilingues dans le cadre d'Entrée express, un système que nous utilisons pour gérer les demandes de résidence permanente de travailleurs qualifiés à l'extérieur du Québec.
La stratégie a donné des résultats positifs. La proportion d'admissions n'a cessé d'augmenter, passant de moins de 2 %, en 2017, pour atteindre 3,6 %, en 2020. Cependant, les restrictions liées à la pandémie, particulièrement les restrictions frontalières, ont eu une incidence importante sur l'immigration en général et ont particulièrement touché l'immigration francophone. Ainsi, la proportion des admissions de francophones était de 2 % en 2021.
En 2020 et en 2021, en réponse à la pandémie, le ministère a mis en œuvre un certain nombre de mesures pour veiller à ce que le Canada demeure une destination de choix pour les immigrants d'expression française, y compris une voie d'accès de la résidence temporaire à la résidence permanente. Au moment de la fermeture de cette voie d'accès, le 5 novembre 2021, le ministère avait reçu plus de 2 300 demandes dans les deux volets réservés aux travailleurs essentiels francophones, et environ 4 700 demandes dans le volet réservé aux étudiants internationaux francophones récemment diplômés.
Monsieur le président, nous nous ferons un plaisir de répondre à vos questions.
:
Merci, monsieur le président.
J'aimerais remercier nos témoins, les représentants du ministère du Patrimoine canadien et du ministère de Citoyenneté et de l'Immigration. Je les remercie de se prêter à cet exercice, et je suis désolé de notre retard.
Ma première question s'adressera aux gens du ministère du Patrimoine canadien. Avant d'aller plus loin, monsieur le président, j'aimerais mentionner que nous avions invité le ministre du Patrimoine canadien et qu'il n'a malheureusement pas accepté notre invitation. Nous allons donc poser nos questions aux gens qui travaillent de façon quotidienne au ministère.
Madame Boyer, vous avez dit que, dans le discours du Trône de 2020, le gouvernement reconnaissait le déclin de la langue française. Vous avez parlé d'offensives menées par le gouvernement, qui a annoncé, le 19 avril 2021, un investissement de 389 millions de dollars sur deux ans. C'est bien beau, des investissements, mais vous avez dit qu'il fallait améliorer les programmes d'immersion, aider les provinces et les territoires et renforcer le français. Quelles mesures précises ont été mises en œuvre et quelles mesures ont été prises pour corriger le tir à la suite du discours du Trône de 2020?
Je vais vous parler de ce qui est proposé dans le projet de loi à l'égard des pouvoirs du commissaire aux langues officielles. Dans le document de refonte, qui a été rendu public en février, ainsi que dans le projet de loi C‑32, qui a été déposé le printemps dernier, il était prévu que la Loi accorderait quatre nouveaux pouvoirs au commissaire aux langues officielles.
Le premier pouvoir lui permettrait de rendre publiques les recommandations de ses rapports d'enquête. Le deuxième l'habiliterait à conclure des accords de conformité avec les organismes fédéraux, selon leur volonté, afin de s'entendre sur le redressement de la situation. Le troisième lui permettrait d'émettre des ordonnances. Comme vous le savez, celles-ci sont homologuées par des cours fédérales, ce qui, encore une fois, permet de s'attendre à un comportement donné de la part des organismes fédéraux.
Je vous ai nommé trois pouvoirs. Il y en a un quatrième, qui est un peu moins fort et qui m'échappe pour le moment. Cela dit, ceux que je vous ai indiqués sont les trois pouvoirs les plus forts qui sont proposés dans le projet de loi C‑32.
:
D'accord, je vous remercie.
Ma prochaine question va s'adresser à un représentant du ministère de la Citoyenneté et de l'Immigration.
Il y a eu, en décembre dernier, je pense, un taux de refus des permis temporaires pour les étudiants africains et francophones, qui atteignait 90 % pour des pays comme la Guinée, la République du Congo, le Bénin, etc. Le taux de refus touche aussi ceux qui font des demandes pour aller étudier dans des établissements franco-ontariens. Au Québec, il y a beaucoup de cas semblables, selon ce que nous voyons dans mon bureau de comté.
Comment pouvez-vous expliquer cela? Je sais qu'une démarche à cet égard se fait actuellement au Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration. Je pense qu'on impute au programme Chinook ce parti pris défavorable à ces étudiants.
Officiellement, le gouvernement essaie d'augmenter l'immigration francophone, mais, au ministère de la Citoyenneté et de l'Immigration, on fait le contraire.
:
Je vous remercie beaucoup, monsieur le président.
C'est la première fois que je participe à votre comité dans la présente législature, mais j'ai participé à votre comité lors de la législature précédente. Je suis heureuse de pouvoir me joindre à vous à nouveau.
Comme beaucoup d'entre vous le savent, je suis originaire d'Edmonton. Le Campus Saint-Jean se trouve, bien entendu, à Edmonton Strathcona, où se trouve une communauté franco-albertaine florissante. Je suis donc heureuse d'être ici et de pouvoir vous poser quelques questions.
Certaines de mes premières questions concernent divers enjeux liés à l'immigration et à IRCC dont nous avons entendu parler aujourd'hui. Les témoins ont dit qu'ils se penchent sur la question et que des recherches sont en cours, mais je pense que nous avons visiblement un problème dans ce cas‑ci.
Les communautés francophones se sont exprimées clairement. Elles savent très bien que l'immigration est indispensable pour maintenir leur poids démographique et protéger leur accès aux services essentiels, et elles comptent sur IRCC pour les aider à survivre. Cependant, le ministère a négligé les communautés francophones en situation minoritaire. En effet, l'objectif du gouvernement de 4,4 % en matière d'immigration francophone, établi il y a 20 ans, n'a jamais été atteint.
Les communautés francophones ne doivent pas se contenter de tenter d'atteindre les mêmes objectifs; elles doivent plutôt s'efforcer de corriger la situation. Il faut aller plus loin, car le gouvernement n'a pas atteint cet objectif de 4,4 %. Il faut établir des objectifs plus ambitieux. Nous devons reconnaître à quel point il est important de compenser l'échec de ces objectifs.
Quelles mesures le ministère est‑il prêt à prendre? Sera‑t‑il prêt à écouter les communautés? Fixera‑t‑il de nouveaux objectifs pour corriger les échecs des dernières décennies? Quelles sont ces mesures concrètes? J'aimerais simplement connaître les mesures très concrètes qui seront prises pour s'assurer que les nouveaux objectifs seront réellement atteints, et pas seulement proposés.
:
Je vous remercie de votre question.
[Traduction]
Madame McPherson, je vous remercie beaucoup de votre question sur notre objectif de 4,4 % pour 2023.
Je peux vous dire que IRCC a progressé de plusieurs façons ces dernières années pour travailler beaucoup plus étroitement avec les communautés francophones en situation minoritaire à l'extérieur du Québec. L'année dernière, nous avons fait passer de 50 à 80 le nombre de fournisseurs de services francophones hors Québec et nous avons investi plusieurs millions de dollars supplémentaires dans les services francophones. Il y a quelques semaines à peine, notre ministre, le , a ajouté neuf organismes de réinstallation supplémentaires pour aider les réfugiés afghans qui arrivent au pays. Nous avons doublé le nombre d'organismes de réinstallation francophones dans cette annonce, en ajoutant des organismes à Bathurst, à Edmonton, à Grande Prairie et à Fort McMurray, donc dans votre province.
De plus, afin d'atteindre l'objectif, nous avons mis en place, l'année dernière, une initiative de transition entre la résidence temporaire et la résidence permanente sans plafond pour les demandeurs francophones, dans le but d'augmenter le nombre d'étudiants internationaux au Canada qui pourraient ensuite demander la résidence permanente. Plus de 7 000 demandes ont été présentées dans le cadre de cette initiative, et nous espérons que cela contribuera grandement à augmenter le nombre d'immigrants admis pour atteindre l'objectif de 4,4 %.
Je dois toutefois dire, madame McPherson, que nous sommes en pleine pandémie, et que la pandémie a représenté tout un problème, non seulement pour les nouveaux arrivants francophones, mais pour tous les nouveaux arrivants au pays. La fermeture des frontières et la pandémie qui continue de sévir ont eu des répercussions sur le nombre de nouveaux arrivants dans notre pays.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie les témoins de leur présence.
J'aimerais commencer par parler de l'immersion, qui est une très bonne façon de promouvoir le français à l'extérieur du Québec. Or la demande pour des programmes d'immersion est beaucoup plus importante que ce qui est offert.
Je sais qu'il y a à disposition 184 millions de dollars sur cinq ans, mais, si on divise ce montant, ce n'est pas beaucoup. Je suis un député de la Colombie‑Britannique. Selon mes calculs, cela paie seulement le salaire de trois douzaines de professeurs chaque année. La demande est beaucoup plus importante que cela.
Madame Boyer, pouvez-vous nous dire comment les sommes sont réparties entre les programmes d'immersion? Pouvez-vous aussi nous parler de la formation des professeurs, en 45 secondes? J'aurai d'autres questions à poser.
Vous financez des programmes chez moi. Ma communauté est aujourd'hui francophone à 60 %. Pourtant, il y a cinq ans, elle était francophone à 66 %.
Oui, vous avez financé un festival. Oui, vous avez fait cela.
J'ose imaginer que vous êtes limités par la loi actuelle. On a souvent parlé d'une mesure positive par rapport à plusieurs mesures positives.
Avez-vous ce genre de conversation avec vos homologues, par exemple avec ceux d'Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, qui, eux aussi, doivent s'assurer de respecter certains objectifs?
Je demande cela parce que ma communauté, par exemple, perd des plumes chaque année, malgré les bonnes intentions de votre ministère.
Comment pourrait-on légiférer pour s'assurer d'un plus grand rôle de coordination au sein du gouvernement fédéral?
:
Je vous remercie, monsieur le président.
En janvier dernier, la Cour d'appel fédérale a jugé que le gouvernement fédéral avait manqué à son obligation énoncée dans la Partie VII de la Loi sur les langues officielles. Cette obligation consiste à prendre des mesures positives pour favoriser l'épanouissement de la minorité francophone en Colombie-Britannique. Bien entendu, toutes les personnes présentes savent qu'il s'agit de la deuxième décision rendue dans ce dossier en un peu plus d'un an.
Le gouvernement provincial n'a pas réussi à protéger le français en Alberta. Il a renoncé à ses obligations contractuelles de financer le Campus Saint-Jean et, jusqu'à présent, il a refusé d'accepter des fonds fédéraux pour combler une partie de ce manque de financement.
Sans le Campus Saint-Jean, l'Alberta n'aura pas les enseignants qualifiés dont la province a besoin pour servir ses élèves francophones ou ceux qui, comme ma fille, sont inscrits dans un programme bilingue.
Comment le gouvernement fédéral peut‑il contourner ou autrement contraindre les gouvernements provinciaux comme celui du Parti conservateur uni de l'Alberta à protéger les droits linguistiques des minorités?
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Monsieur le président, membres du Comité, je vous remercie de m'avoir invitée à intervenir sur les mesures du gouvernement fédéral pour protéger et promouvoir la francophonie au Québec et partout au Canada.
Je m'appelle Tanya Tamilio et je suis présidente d'un centre communautaire francophone dans la région de Sarnia—Lambton. Notre centre rassemble et représente la communauté francophone de Sarnia—Lambton et il concerte les projets. Le Centre dispose d'un espace francophone pour réaliser tout cela. De plus, il est la porte d'entrée de la communauté francophone dans la région de Sarnia—Lambton et un catalyseur de projets rassembleurs.
Mon témoignage d'aujourd'hui vous offre la réalité du français dans de plus petites villes, une réalité dont vous avez déjà entendu parler, j'en suis certaine. Je vous offre aussi des idées sur ce que le gouvernement pourrait faire de plus pour nous aider à nous épanouir dans notre langue.
Mettons-nous dans le contexte d'une toute petite ville. Petite ville industrielle située dans une région riche en possibilités d'aventures plein air, Sarnia—Lambton est à la frontière des États‑Unis. On y trouve plus de 5 000 francophones et francophiles. Nous avons quatre écoles de langue française, cinq écoles d'immersion française qui débordent et des organismes sans but lucratif offrant des activités et travaillant à augmenter l'offre de services en français. Notre communauté francophone est dynamique et ses leaders francophones l'encouragent à faire de la demande active de services en français.
Le 13 décembre 2021, la ville de Sarnia a reçu sa désignation en vertu de la Loi sur les services en français, une loi provinciale. Le député provincial nous a dit que cela a été accompli grâce à l'épanouissement de notre francophonie et à la cohésion communautaire des francophones de notre région. Nous travaillons fort pour que les francophones puissent communiquer dans notre communauté dans la langue de leur choix lorsque cela est possible. Cependant, cette désignation n'aurait pas été possible sans l'appui de la députée fédérale Marilyn Gladu ainsi que du député provincial Bob Bailey et de notre grand défenseur, le maire de Sarnia, Mike Bradley. J'aimerais également souligner le dévouement de l'honorable Caroline Mulroney et de son équipe. Leur appui politique au dossier a été essentiel et je les en remercie.
La désignation nous permet d'obtenir des services gouvernementaux en français, des permis de conduire et des cartes de santé. Maintenant, de quoi est-ce qu'une petite ville fraîchement désignée aurait besoin de plus du gouvernement fédéral? Comment protéger et contribuer à l'épanouissement du français au Canada et dans des régions comme la nôtre? Je vous demande d'investir ici.
Dans un autre témoignage, on a suggéré d'adopter le principe de territorialité afin de promotion la langue. Je m'oppose à cela. On se débat dans les petites villes franco-ontariennes depuis des siècles pour l'épanouissement de la langue française. Cette option nous ferait reculer et irait à l'encontre des nombreux efforts visant à faire du Canada un pays bilingue.
Le manque d'enseignants francophones est un problème important dans une communauté comme la nôtre. La qualité de nos services en français dépend en partie de la qualité de la formation de notre jeunesse. Afin de me préparer pour ma comparution aujourd'hui, j'ai eu une discussion avec la surintendante de l'éducation en langue française pour les écoles publiques. Le défi est réel. Les familles choisissent l'option immersion française pour leurs enfants, mais le conseil scolaire manque de ressources. Il n'a aucun enseignant suppléant pouvant enseigner en français ni aucune ressource pédagogique supplémentaire pour appuyer ses enseignants. Les travailleurs sociaux ne parlent pas français.
Comment appuyer nos conseils scolaires pour que les élèves, notre relève, puissent s'épanouir en français et pas juste apprendre le français? Nous vous demandons d'investir davantage ici, s'il vous plaît.
L'épanouissement de la langue française fait généralement partie du mandat des organismes communautaires locaux et des programmes de promotion des langues officielles des gouvernements. Le gouvernement fédéral offre des subventions pour la programmation de base, ce qui représente pour nous 30 000 $ par année pour contribuer à l'épanouissement de la langue française dans une ville de langue française en situation minoritaire. Ce montant ne nous permet d'embaucher qu'un employé travaillant 20 heures par semaine, sans salaire concurrentiel ni avantages sociaux.
Je suis donc obligée de me rabattre sur des bénévoles dévoués qui veulent que leurs enfants et leurs petits-enfants puissent s'épanouir en français, mais c'est presque impossible.
Les fonds destinés aux projets sont souvent limités à neuf mois, ce dont parlait une représentante de Patrimoine canadien tout à l'heure. Ces fonds sont donc utiles pour un certain temps, mais nous finissons par retomber dans un creux.
Concernant l'immigration, les statistiques sont là et elles démontrent que l'immigration au Canada est nécessaire. Cependant, pourquoi un immigrant n'ayant pas de connaissances du français ou de l'anglais doit-il choisir l'une de ces deux langues au lieu de pouvoir étudier les deux?
Je pense qu'il me reste seulement quinze secondes. Je vais donc m'arrêter ici.
:
Je vous remercie, monsieur le président.
En 1971, le poids démographique du français langue d'usage, au Canada, se situait à 25,7 %. En 2016, il était de 20,5 %. Selon les projections, en 2036, soit dans moins de 14 ans, il sera de 17,8 %. Autrement dit, moins de 65 ans après l'adoption de la Loi sur les langues officielles au Canada, le glacier francophone du pays aura fondu de 30 % de son volume.
Au Canada anglais, à l'exclusion du Québec, le poids démographique du français langue d'usage se situait à 4,3 % en 1971 et à 2,3 % en 2016. Selon les projections, il passera à 1,8 % en 2036.
Le taux d'anglicisation nette des francophones au Canada se situait à 4,8 % en 1971 et à 5,8 % en 2016. Le taux d'anglicisation nette des francophones du Canada anglais se situait à 27,4 % en 1971 et à 40,1 % en 2016.
Au Québec, le poids démographique du français langue d'usage est passé de 83,1 % en 2001 à 80,6 % en 2016. Il chutera à 74,4 % en 2036, selon les projections.
Sur l'île de Montréal, le poids démographie du français langue d'usage se situait à 56,4 % en 2001. Quinze ans plus tard, il se situe à 53,1 %, c'est donc dire que le français sera bientôt minoritaire.
Enfin, le poids démographique du Québec au sein du Canada est passé d'environ 28 % en 1971 à environ 23 % en 2016. Il sera d'environ 22 % en 2036, selon les projections.
Les francophones composaient jadis la vaste minorité des locuteurs de langues européennes au pays. Or nous voici, quelques siècles plus tard, en voie de folklorisation, voire d'extinction. En son temps, l'ancien premier ministre Wilfrid Laurier prophétisait déjà que ce dominion serait un tombeau pour le fait français. De son côté, le grand Pierre Bourgault parlait « d'un génocide culturel dans la durée ». Au-delà des formules incendiaires, quoi que l'on dise et quoi que l'on fasse, le programme de Lord Durham est bien à l'œuvre. Slowly but surely, il se réalise. Il faut dire que Lord Durham est patient.
Nous, les anciens Canadiens, nous en avons assez de régresser. Nous en avons assez d'être toujours plus « minorisés » et toujours plus « provincialisés ».
La question qui tue est la suivante: peut-on vraiment renverser la tendance? Dans l'état actuel des choses, je n'y crois pas vraiment, et je crois encore moins à vos mesures. Cependant, nous pouvons toujours faire de la théorie. Que pourrions-nous faire, en théorie? En théorie, il faudrait faire du français la seule véritable langue officielle et commune du Québec, et partout où vit encore une masse considérable de francophones, y compris pour tout ce qui relève de l'État central. Or vous ne ferez pas cela.
En théorie, il faudrait rompre avec le bilinguisme officiel à la canadienne, qui est objectivement un fiasco. Il faudrait plutôt privilégier un modèle à la suisse. Il faudrait que la seule langue officielle des lois et des tribunaux du Québec soit le français. Autrement dit, il faudrait que l'article 133 de la Loi constitutionnelle de 1982 soit modifié en ce sens. Or vous ne le ferez pas non plus.
Il faudrait que, sur son territoire, le Québec dispose de toutes les compétences en matière d'immigration, de langue, de culture et de communication. Il faudrait que seule la connaissance de la langue française soit exigée pour devenir citoyen du Québec. Or vous avez déjà dit non à cela.
À l'égard de la langue de l'éducation, il faudrait lever la « clause Canada ». Il faudrait qu'Ottawa ne puisse plus invoquer son pouvoir de dépenser pour s'ingérer dans les champs de compétence qui relèvent du Québec, au détriment du français.
Subsidiairement, il faudrait mettre fin à l'espèce de ségrégation linguistique et institutionnelle qui confère aux établissements publics anglais du Québec un statut nettement privilégié et pratiquement colonial. Il faudrait aussi cesser de surfinancer des lobbys anti-loi 101 à coup de millions de dollars par année.
Subsidiairement encore, il faudrait aussi que les francophones du Canada anglais jouissent des mêmes droits et privilèges institutionnels que les anglophones du Québec. Il faudrait que le procureur général s'abstienne désormais de prendre parti contre la loi 101 devant les tribunaux, par exemple. En fait, il faudrait faire table rase du dictat constitutionnel de 1982 et revenir à la table des négociations pour tout repartir à zéro.
Que reste-t-il? Dans l'état actuel des choses, si le Canada tenait vraiment et sincèrement au fait français davantage qu'à son unité politique, je pense que l'on envisagerait plutôt un divorce à l'amiable, un divorce de velours, à l'instar de ce qui s'est passé en ex-Tchécoslovaquie. Personnellement, je recommande le divorce.
C'est tout ce que j'avais à vous dire ce soir. À vrai dire, je ne pense pas que nous ayons grand-chose à nous dire. Je vais vous faire gagner du temps. D'ailleurs, il me semble que cela fait longtemps que le Québec et le Canada n'ont plus grand-chose à se dire sur le fond des choses, n'en déplaise à tous ceux qui s'aveuglent plus ou moins volontairement. Pour l'amour du français, cessons donc de perdre notre temps et notre argent à faire semblant.
Je vous remercie.
Bonsoir.
:
Bonjour, tout le monde.
J'aimerais tout d'abord vous remercier de m'avoir invitée à comparaître devant le Comité et de vous intéresser à la protection et à la promotion du français.
Je représente la Société Saint‑Jean‑Baptiste de Montréal, qui a été fondée en 1834 pour défendre la langue française et la démocratie. D'autres sociétés Saint‑Jean‑Baptiste ont vu le jour un peu partout au Canada au XIXe siècle et au XXe siècle. Elles ont été au cœur de tous les combats linguistiques québécois et canadiens-français.
Le témoignage de l'avocat Roger Lepage devant ce comité m'a ébranlée. Il vous a parlé de l'oppression de ses compatriotes des Prairies, de l'assassinat de Louis Riel en 1885, des agissements du Ku Klux Klan, de l'interdiction des écoles françaises en Saskatchewan et ailleurs, des droits scolaires accordés au compte-gouttes par la Saskatchewan à la fin des années 1960, des élèves fransaskois confinés à de vielles bâtisses délaissées par les anglophones et, surtout, du manque d'argent pour de nouvelles écoles de langue française. Quand on pense au surfinancement du réseau scolaire anglophone du Québec, on ne peut que ressentir de la colère devant le vécu de Me Lepage.
La Société Saint‑Jean‑Baptiste de Montréal, que j'ai l'honneur de présider, poursuit depuis près de 190 ans son travail de promotion de la langue française, de la culture et de l'identité québécoises. En plus d'animer des manifestations patriotiques et d'organiser la Fête nationale du Québec à Montréal depuis les débuts, notre organisme participe à toutes les facettes de la vie culturelle, notamment avec la remise de grands prix en littérature, en arts de la scène, en musique, en cinéma, en sciences humaines, en journalisme, et j'en passe.
La langue française est un trésor en terre d'Amérique. Essaimant à partir du bassin de notre grand fleuve, elle a été transmise avec amour et acharnement d'une génération à l'autre. Elle a donné naissance à une culture riche et originale qui brille dans le ciel de la diversité culturelle mondiale, mais, aujourd'hui, notre langue est menacée jusque dans notre métropole.
Le recul du français n'est pas seulement une donnée statistique: il est visible et ressenti par la population. Nos grands commerces, nos radios soi-disant francophones, et même nos chaînes télévisées de langue française nous bombardent de chansons anglaises. Dans plusieurs établissements de Montréal, on peine à se faire servir en français. Les cégeps de langue anglaise sont fréquentés en majorité par des francophones et des allophones. L'enseignement intensif de l'anglais au primaire crée déjà, dans nos écoles françaises, des foyers d'anglicisation. Les universités de langue anglaise encaissent de trois à quatre fois plus que leur part des fonds publics. Les recensements démontrent un déclin constant du français langue maternelle, langue d'usage et langue de travail.
Comme vous le savez, sans la loi 101, nous serions déjà très avancés sur la voie de la minorisation au Québec. Malheureusement, n'étant pas encore un pays, le Québec n'a pas les pouvoirs de prendre ce dossier en main et de rétablir ainsi l'équilibre qui assurerait la pérennité du français. Avec son fameux pouvoir de dépenser, Ottawa s'ingère dans nos domaines de compétence et injecte des milliards de dollars en éducation et en santé, ce qui crée ainsi un déséquilibre et une injustice.
La Loi sur les langues officielles crée une symétrie fictive entre Anglo-Québécois et collectivités francophones hors Québec. Les millions de dollars accordés chaque année au Québec en vertu de cette loi servent à promouvoir l'anglais. Or c'est le français qui est menacé. L'anglais, comme vous le savez, restera très majoritaire en Amérique du Nord et au Canada. Les Anglo-Québécois sont un prolongement de cette majorité en terre québécoise.
La modernisation de la Loi sur les langues officielles doit accentuer l'appui aux francophones hors Québec. Leurs collectivités y ont droit. Vu les injustices historiques, les besoins sont immenses. Au Québec, la Loi sur les langues officielles fait partie du problème, pas de la solution.
Vous n'étiez pas là, quand cette loi a été adoptée et modifiée, mais, aujourd'hui, vous avez le pouvoir de changer les choses. Ma question ici est réelle: souhaitez-vous continuer l'œuvre entreprise en 1839 par Lord Durham et les dirigeants de son époque? Voulez-vous voir les francophones s'assimiler au profit de la langue dominante, ou voulez-vous vraiment renverser la vapeur et tout faire pour assurer la pérennité de la langue française?
Si Ottawa veut vraiment remédier à la situation en attendant que nous devenions un pays, nous proposons trois choses.
Premièrement, nous proposons que les fonds versés en vertu de la Loi sur les langues officielles soient investis massivement dans la protection et la promotion de la langue et de la culture françaises dans toutes les provinces et tous les territoires à majorité anglaise ainsi qu'au Québec.
Deuxièmement, nous demandons au Comité permanent des langues officielles qu'il recommande la création d'un collège spécialisé dans la radio et la télévision au Québec pour assurer au Québec une protection et une promotion accrues du français à la radio, à la télévision et sur Internet.
Enfin, nous proposons au Comité de recommander que l'on soumette les entreprises relevant de la compétence fédérale aux dispositions de la loi 101, conformément aux dispositions du projet de loi no 96 du Québec.
Le Québec est exemplaire envers ses communautés anglophones. C'est évident, quand on fait la comparaison avec le traitement des communautés francophones et acadienne au Canada.
:
Je vous remercie de la question.
En effet, j'ai une solution.
Je gère un centre communautaire dans la petite ville de Sarnia, mais je peux vous expliquer un des problèmes que nous voyons à propos des enseignants. Des gens du Québec, par exemple, viennent s'installer dans la région de Sarnia pour y enseigner en français. À l'extérieur de l'école, cependant, ils se retrouvent dans un monde anglophone. Donc, nous voulons appuyer le français, mais comment appuyer les gens dans ce contexte?
On parlait d'IRCC, tout à l'heure, et de la possibilité d'offrir des cours de langue. Il faudra possiblement offrir des cours d'anglais aux francophones du Québec qui arrivent dans notre région.
On a parlé aussi d'immigration. J'ai entendu quelqu'un dire, tout à l'heure, que ce serait génial si l'on pouvait attirer plus de professionnels francophones de l'international, surtout des enseignants, et les diriger vers les régions.
:
Ma réponse vous semblera peut-être tout aussi bizarre: je ne suis pas démographe, mais je ne pense pas qu'il faille retourner dans le passé et forcer les gens à faire des enfants.
La question la plus importante demeure le taux d'immigration. Mieux contrôler notre immigration et accueillir davantage de francophones, c'est essentiel; plus qu'idéal, c'est essentiel.
Comme nous l'avons écrit dans le mémoire que nous avons déposé concernant le projet de loi no 96, le pourcentage de personnes qui ont été admises dans l'immigration permanente au Québec, c'est-à-dire qui ont obtenu leur résidence permanente, et qui ont déclaré ne pas connaître le français est passé de 36,6 % en 2011 à 50,2 % en 2019. Ces personnes ne connaissent même pas le français.
Plus tôt, mon prédécesseur à la présidence générale de la Société Saint‑Jean‑Baptiste de Montréal, Maxime Laporte, qui est maintenant président du Mouvement Québec français, vous a montré des chiffres alarmants.
:
Premièrement, je vous dirai que si on veut vraiment assurer l'avenir du français au Québec, il faudrait franciser et intégrer 90 % des nouveaux arrivants pour maintenir notre poids démographique. C'est mathématique. Les témoins vous en ont parlé.
Pour y arriver, le gouvernement du Québec travaille pour que le français soit la langue officielle et commune. En fait, c'est le gros travail que nous tentons de faire. Il est normal que les nouveaux arrivants soient portés à s'intégrer à la majorité. Même si les francophones sont majoritaires au Québec, ce sont les anglophones qui sont majoritaires au Canada, et encore plus en Amérique du Nord. C'est là le grand défi, car c'est aussi une source de confusion.
Comme vous le savez, le gouvernement du Québec vise, par l'entremise de la loi 101, à faire du français la seule langue officielle et commune du Québec, tout en respectant les droits historiques de la communauté anglophone. Tant et aussi longtemps que le Québec fera partie du Canada, cependant, il sera subordonné au gouvernement fédéral élu par la majorité anglophone, qui a imposé à l'époque au Québec une constitution, la Loi sur les langues officielles. Cette dernière a pour objectif de faire de l'anglais une langue officielle et commune. La politique linguistique fédérale vise non seulement à ce que les anglophones aient des services en anglais — c'est déjà assuré par le Québec —, mais aussi à ce que n'importe quelle personne le voulant puisse utiliser l'anglais dans l'espace public.
Deuxièmement, comme je l'ai dit un peu plus tôt, le recul du français est vraiment perceptible. Ce n'est pas seulement une question de statistiques. Nous avons mené une grande enquête avec le Bureau d'enquête du Journal de Montréal, durant laquelle il a été tellement frustrant de constater qu'une fois sur deux, les services n'étaient offerts qu'en anglais, personne n'étant capable de le faire en français. C'est quand même alarmant que cela se passe à Montréal.
Ma prochaine question s'adresse à Mme Tamilio.
Tantôt, elle a dit avoir entendu parler de territorialité. M. Guillaume Rousseau a dit à ce sujet qu'on vise, au Québec, à faire du français la langue commune sur le territoire. À l'extérieur du Québec, là où il y a une masse critique de francophones, le gouvernement fédéral pourrait au moins faire en sorte que les services soient offerts principalement en français. Cela ne veut pas dire pour autant qu'il n'y aurait plus de services en français dans les endroits où il y a une petite minorité francophone.
Je pense qu'il y a un devoir de réparation qui incombe au fédéral. En effet, il y a eu des lois qui interdisaient l'usage du français un peu partout. Il faudrait même avoir encore plus de services en français et enlever la règle du « là où le nombre le justifie ».
Je voulais juste faire une mise au point, mais je ne sais pas comment l'intervenante voit cela.
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Je remercie tous les témoins. C'est une discussion très intéressante.
Comme je l'ai mentionné au dernier groupe de témoins, je représente une collectivité de l'Alberta qui compte un pourcentage très élevé de locuteurs francophones. Je considère donc que ces mesures sont essentielles pour assurer la présence du français dans tout le pays et pour soutenir cette langue dans des collectivités comme Edmonton Strathcona et d'autres collectivités hors Québec.
Ma première question s'adresse à vous, madame Tamilio. La vitalité du français dans ma province, l'Alberta, repose sur les nouveaux Canadiens. L'Alberta a la chance de pouvoir compter sur une bonne immigration en provenance de l'Afrique francophone, mais ces nouveaux Canadiens font face à plus qu'une simple discrimination linguistique. En effet, ils sont également victimes de racisme dans nos collectivités.
Selon vous, comment le gouvernement pourrait‑il soutenir les nouveaux Canadiens qui arrivent du continent africain dans leur lutte contre le racisme? Que devrait faire Patrimoine canadien et IRCC pour soutenir ces personnes, qui sont essentielles à l'existence du français dans un milieu minoritaire comme Edmonton Strathcona?
Je pense également que le Campus Saint-Jean représente l'un des principaux attraits pour les francophones venus d'Afrique. Notre université attire ces immigrants. Le fait que nous ne pouvons pas nous mettre d'accord avec notre gouvernement provincial…
Mon collègue du Bloc parlait de francophobie. Je dirais que même s'il n'est peut-être pas francophobe, notre gouvernement provincial n'est certainement pas coopératif et ne voit pas l'intérêt de protéger nos Albertains francophones ou de défendre leurs droits.
Ma prochaine question porte sur les objectifs du commissaire aux langues officielles ou du gouvernement. En effet, le commissaire aux langues officielles nous a dit que le gouvernement fédéral n'a pas atteint son objectif de 4,4 % en matière d'immigration francophone hors Québec. Il n'a jamais atteint cet objectif de 4,4 % depuis qu'il a été établi en 2003.
Est‑ce un objectif réaliste et suffisant pour maintenir et permettre la progression du poids démographique de la francophonie dans nos collectivités?
Encore une fois, j'aimerais entendre la réponse de nos deux témoins, mais nous pourrions entendre d'abord Mme Tamilio.
Je crois que l'aide de notre ami du Bloc ne sera pas nécessaire pour cette question.
Je vous remercie.
:
Dans ce groupe, nous avons réalisé qu'il fallait augmenter le taux d'immigration francophone. Nous nous demandons toutefois comment y arriver.
Un des problèmes que nous vivons en ce moment est celui-ci. Quand les nouveaux arrivants en Ontario débarquent à l'aéroport Pearson de Toronto, par exemple, ils se dirigent souvent directement vers les kiosques où les employés sont anglophones. C'est là que des endroits pour aller vivre leur sont offerts, et ils ne sont pas nécessairement dirigés ailleurs. IRCC l'a constaté et a essayé de corriger le tir en mettant des employés francophones à ces kiosques. Ils ne sont cependant pas là à temps plein. L'arrivant n'a donc pas vraiment le choix. Si la première personne à l'accueillir est un anglophone, l'arrivant ira dans la région où l'anglophone l'encourage à s'installer.
Pour répondre à votre question, le taux de 4,4 % a besoin d'être augmenté non seulement pour la région de Sarnia, mais partout au Canada.
Par ailleurs, dans la région de Sarnia, nous avons aussi des services en immigration. Les gens qui arrivent en Ontario et qui ne parlent ni français ni anglais n'ont le droit d'apprendre qu'une seule langue. Or, s'ils arrivent dans une région comme celle de Sarnia, ils ne peuvent pas seulement apprendre le français, parce qu'ils ne pourraient même pas aller faire une demande de passeport dans cette langue. Les gens vont donc automatiquement se tourner vers l'apprentissage de l'anglais. Si, par la suite, ils veulent apprendre le français, ils devront payer leurs cours.
Nous invitons le gouvernement fédéral à investir pour que les nouveaux arrivants puissent apprendre gratuitement les deux langues.
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie grandement les témoins d'aujourd'hui.
Ma première question s'adresse à Mme Tamilio.
Je vous remercie de votre travail. Il est toujours très difficile d'obtenir des bénévoles et des fonds, je le sais. Des organisations comme la Coopérative des artistes du Nouvel-Ontario, ou CANO, Nippissing Ouest, l'Assemblée de la francophonie de l'Ontario, le Centre culturel La Ronde, et toutes les organisations culturelles francophones ont a beaucoup de travail à faire.
Nous avons dit tantôt que certaines provinces ne soutiennent pas nécessairement les minorités. Plusieurs provinces ne le font pas. Dans notre Budget des dépenses 2020-2021, nous avons consacré 180 millions de dollars à l'apprentissage de langues secondes en cours d'immersion et 121 millions de dollars à l'éducation postsecondaire.
Madame Tamilio, que pouvons-nous faire pour travailler plus étroitement avec les provinces, particulièrement l'Ontario, dans votre cas? L'Ontario vous a accordé une désignation en vertu de la loi 8 sur les services en français en Ontario, ce qui est excellent, mais comment peut-on faire pour que la province obtienne des fonds du fédéral pour soutenir le secteur de l'éducation, qui est de compétence provinciale?
:
Merci, madame McPherson.
Mesdames Alepin et Tamilio, au nom du Comité, je tiens à vous remercier de votre énergie et de l'information que vous nous avez transmise. S'il y a de l'information que vous n'avez pas eu le temps de nous transmettre, vous pouvez la faire parvenir à la greffière du Comité. Elle se chargera de la distribuer à tous les membres du Comité.
Madame Tamilio, en tant que président, je me permets un petit caprice: si vous voyez des Arseneault, des Bernard ou des Grondin à votre centre communautaire, saluez-les de ma part. Ils font probablement partie de ma famille, qui habite le village de Balmoral, au Nouveau‑Brunswick.
Encore une fois, je vous remercie de votre énergie. C'était vraiment rafraîchissant d'entendre vos témoignages. Je vous remercie mille fois.
La séance est levée.