Chers collègues, il est 8 h 15 et je constate qu'il y a quorum. Nous sommes à l'heure, et le temps est toujours notre ennemi ici.
Notre première heure portera sur les changements, si vous voulez, à l'évaluation des menaces qui sont intervenues au cours des dernières semaines.
Comparaissent devant nous des témoins que nous connaissons. Nous recevons Eric Laporte, directeur général par intérim de la Direction générale de la politique de sécurité internationale et des affaires stratégiques à Affaires mondiales Canada. Nous recevons également le major-général Greg Smith et le major-général Robert Ritchie du ministère de la Défense nationale.
Vous avez décidé entre vous que le major-général Smith présenterait les observations préliminaires, pour lesquelles vous disposez de cinq minutes, après quoi nous passerons aux questions.
Major-général Smith, vous avez la parole.
:
Monsieur le président, membres du Comité, comme il a été mentionné, je suis le major-général Greg Smith, directeur général de la Politique de sécurité internationale au ministère de la Défense nationale. Je suis accompagné du major-général Bob Ritchie, directeur d'état-major à l'État-major interarmées stratégique, ainsi que d'Eric Laporte, d'Affaires mondiales Canada.
[Français]
Je vous remercie de nous donner l'occasion de vous parler du contexte de la sécurité internationale et de la manière dont le ministère de la Défense nationale et les Forces armées canadiennes interviennent.
[Traduction]
Les événements de la semaine dernière en Syrie, avec la chute du régime Assad, nous ont prouvé, une fois de plus, combien la situation en matière de sécurité peut évoluer rapidement et de façon inattendue. De concert notamment avec Affaires mondiales Canada, le ministère de la Défense nationale et les Forces armées canadiennes continueront de surveiller ce que cela signifie pour la Syrie, la Russie et l'Iran à l'avenir.
[Français]
La Russie intensifie présentement ses attaques contre les infrastructures énergétiques critiques, desquelles dépendent les citoyens ukrainiens.
[Traduction]
L'évolution rapide de la guerre des drones et l'introduction continue de nouvelles capacités obligent à s'adapter constamment, ce qui présente des défis importants pour le ministère de la Défense nationale et les Forces armées canadiennes.
Nous constatons également les cyberactivités et les activités de désinformation persistantes de la Russie qui ciblent fréquemment les pays qui fournissent un soutien à l'Ukraine. Ces efforts visent à bousculer les règles de la démocratie et à entamer le soutien du public à l'Ukraine.
[Français]
Nous observons une concurrence entre les grandes puissances dans l'Indo‑Pacifique qui comprennent des actions en dessous du seuil de conflit, augmentant les tensions et les risques d'erreur. La Chine est un acteur de plus en plus efficace et offensif qui cherche à remodeler le système international pour mettre en avant son intérêt et ses valeurs.
[Traduction]
La Chine durcit le ton et intensifie son comportement coercitif à Taïwan, en mer de Chine orientale et en mer de Chine méridionale. Dernièrement, les garde-côtes chinois ont percuté des navires philippins, les ont bloqués et ont utilisé contre eux des canons à eau.
La rhétorique menaçante de la Corée du Nord, les tirs de missiles balistiques, la mise au point d'armes nucléaires et le resserrement de la coopération militaire avec la Russie sont non seulement très préoccupants, mais en violation de résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU.
Dans le Nord, la concurrence stratégique, les changements climatiques et les progrès technologiques rendent l'Arctique plus important que jamais sur le plan stratégique. Alors que le recul de la glace dû aux changements climatiques rend l'Arctique plus accessible, nous constatons un intérêt accru de la part d'États non arctiques et des positions plus affirmées de la part de concurrents stratégiques. Par exemple, la Russie et la Chine, parfois en collaboration, font preuve de plus de détermination et utilisent un large éventail de capacités et de moyens militaires pour recueillir des renseignements.
Tout en s'adaptant au paysage géopolitique, le Canada est déterminé à faire respecter la primauté du droit et à promouvoir les principes démocratiques dans ses efforts multilatéraux en matière de sécurité. La collaboration fait partie intégrante des efforts de paix et de sécurité, et c'est pourquoi le Canada continue de coopérer avec l'Ukraine et la coalition multinationale pour répondre aux besoins les plus urgents de l'Ukraine. En plus du système de défense aérienne NASAMS, le ministre Blair a annoncé 64,8 millions de dollars en nouveaux dons et contributions à la coalition capacitaire en matière de drones et de technologie de l'information du Groupe de contact sur la défense de l’Ukraine.
Dans la région indo-pacifique, nous augmentons la présence des Forces armées canadiennes dans les exercices multilatéraux et nous élargissons les partenariats d'instruction, les engagements de la haute direction et les nouveaux accords bilatéraux. Consciente de l'importance stratégique de l'Arctique, notre politique de défense, « Notre Nord, fort et libre », reconnaît que les approches en ce qui concerne l'Arctique et le Nord sont essentielles à la dissuasion mondiale.
L'augmentation de nos dépenses permettra d'accroître l'état de préparation militaire et d'augmenter les capacités à l'appui direct de ces priorités.
[Français]
Le ministère et les Forces armées canadiennes sont déterminés à s'adapter et à travailler avec leurs alliés alors que le paysage de la sécurité internationale évolue. Plus que jamais, les mesures que nous prenons aujourd'hui déterminent les conséquences de demain. Nous devons être prêts.
Monsieur le président et membres du Comité, je vous remercie de votre attention. J'ai hâte de répondre à vos questions.
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Tout d'abord, nous avons une présence importante dans l'Arctique avec nos Rangers, la station Alert sur l'île d'Ellesmere, le 440
e Escadron et le Loyal Edmonton Regiment.
Plus important encore, nous devons investir, comme nous l'avons fait, dans les centres de soutien opérationnel du Nord, qui apporteront réactivité et agilité à la région.
De plus, nous investissons dans l'augmentation de la capacité des sites d'opérations avancées qui nous permettent d'accroître notre capacité d'intervention dans la région arctique.
En ce qui concerne la connaissance du domaine, le radar transhorizon dans l’Arctique est à l'étude avec nos collègues américains et intégré au quartier général du NORAD à Colorado Springs.
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Je vous remercie, monsieur le président, et je souhaite la bienvenue aux témoins.
Je commencerai par la Russie.
Major-général, vous avez parlé des relations de défense. Vous avez dit que vous n'alliez pas vous aventurer dans l'arène politique. Je le comprends et je respecte certainement les raisons de ce choix, mais des décisions politiques peuvent changer les relations de défense. Nous le constatons avec toute la question du soutien des États-Unis à l'Ukraine. On ne sait pas actuellement s'il s'agit simplement d'une fanfaronnade politique ou si la nouvelle administration américaine a réellement l'intention de mettre rapidement un terme à ce conflit.
Cela peut arriver de bien des manières. Il peut y avoir un arrêt du soutien, comme cela a été suggéré durant l'année qui a précédé les élections américaines. Si, en fait, la nouvelle administration américaine s'en tient à ses déclarations publiques selon lesquelles il faut en finir rapidement, cela signifiera un retrait de tout ou partie du soutien — qu'il s'agisse du renseignement militaire ou d'armements livrés à l'Ukraine —, combien de temps l'Ukraine peut-elle survivre dans son conflit sans le soutien des États-Unis?
Je commencerai par là et j'aurai des questions supplémentaires.
:
Je pense qu'il y a actuellement une conversation active entre le président Zelensky et les alliés européens. J'ai entendu dans les médias ce matin que la France et la Pologne discutent d'une opération de maintien de la paix potentielle après le conflit.
Tout cela pour dire que vous avez d'abord dit, je crois, dans votre question, que nous ne savons pas vraiment ce que décidera l'administration américaine à ce sujet. Il y a beaucoup de discussions. Il s'agit probablement en partie d'une tactique électorale et en partie d'essayer de préparer le terrain. Ce que nous savons, c'est que le président élu Trump a nommé l'ancien conseiller à la sécurité nationale du vice-président, le général Kellogg, au poste de conseiller à la présidence pour l'Ukraine.
Le général Kellogg a déclaré dans le passé que le plan de paix consiste à geler les lignes de front, à lier l'aide militaire américaine à la participation de Kiev à des pourparlers de paix, à retarder l'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN — à marquer une pause pour que la Russie participe aux négociations — et à ne lever les sanctions contre la Russie qu'une fois qu'elle aura accepté une paix acceptable.
Tout cela pour dire que c'est un peu hypothétique. Votre dernier point est que, si les États-Unis retiraient leur soutien, en partie ou en totalité, vous verriez certainement l'Ukraine solliciter d'autres pays. Cela veut certainement dire des alliés européens, mais aussi le Canada, étant donné ce que nous faisons jusqu'à présent.
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Notre président a ouvert la séance en disant qu'il se passait beaucoup de choses. Il me semble qu'il a dit cela, entre autres.
Je suis fasciné par les relations, non pas nouvelles, mais renforcées, entre la Corée du Nord et la Russie, et certainement par la participation des Nord-Coréens à la guerre. Que nous réserve l'avenir à cet égard?
Il semblait s'agir d'un partenariat tacite dans le passé, à propos duquel on ne lisait rien ou dont on n'entendait pas parler jusqu'à ce que la Corée du Nord s'invite dans l'effort de guerre. Si cette guerre s'arrête, ces relations perdureront.
Personne n'a de boule de cristal, mais je me demande ce que vous pensez de ce que seront ces relations après la guerre en Ukraine.
:
Je commencerai peut-être par décrire les interactions militaires, avant de laisser mes collègues répondre à votre question.
Nous avons vu déployer 12 000 soldats nord-coréens en Russie, ainsi que, surtout, du matériel: 50 obusiers et 20 systèmes de lance-roquettes multiples, ce qui constitue une capacité assez perfectionnée. Ils ont été envoyés, comme le sait ce groupe, dans l'oblast de Koursk. De son côté, la Russie a également utilisé contre l'Ukraine 60 missiles balistiques fournis par la Corée du Nord.
Par rapport à ce qu'a dit plus tôt mon collègue, nous pensons qu'il y a un échange dans lequel la Russie fournit à la Corée du Nord des combustibles, des fonds et, surtout, de la technologie, ce qui risque de déstabiliser la péninsule.
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Si vous me le permettez, je peux vous donner une vue d'ensemble.
Comme plusieurs autres alliés et partenaires de l'Ukraine, nous sommes signataires de l'Accord de coopération en matière de sécurité, qui est d'une durée de 10 ans et dans le cadre duquel on fournit différentes formes d'aide. Il peut s'agir, par exemple, du soutien budgétaire macroéconomique, d'aide militaire, d'aide au développement et d'aide humanitaire.
Grosso modo, comme le général l'a dit, le Canada a fourni 4,5 milliards de dollars en aide militaire jusqu'à maintenant. Dans l'ensemble, le Canada a donné 19,5 milliards de dollars en aide générale à l'Ukraine. Si l'aide des États‑Unis à l'Ukraine tombe à zéro ou est réduite, le Canada sera appelé à fournir d'autre aide, et elle pourrait être requise pour toutes les choses dont l'Ukraine aura besoin en matière de reconstruction, d'aide militaire ou d'autre chose.
Je vais céder la parole au général Smith.
Je vous remercie de votre présence aujourd'hui.
Je voudrais approfondir des questions qui ont été posées précédemment au sujet de l'Ukraine, de la Russie et des relations avec les États-Unis, étant donné que ces relations sont peut-être en train de changer. On parle beaucoup du retrait du soutien des États-Unis, mais l'inquiétude est grande aussi, en particulier parce que la Russie redouble maintenant son assaut dans la région de Koursk, comme vous l'avez mentionné, que les États-Unis imposent un cessez-le-feu, je suppose, ou une nouvelle réalité à l'Ukraine avec de nouvelles frontières, et ainsi de suite.
Quels sont les plans de notre côté, à Affaires mondiales ou au ministère de la Défense, si cela...? Encore une fois, dans votre scénario, dans votre boule de cristal, à quoi cela ressemblerait‑il pour le Canada?
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Je vous remercie de la question, monsieur le président.
Je commencerai peut-être par faire le point, sur le plan militaire, de ce qui se passe, selon nous, à Koursk. Je céderai ensuite la parole à mes collègues.
Comme le Comité le sait, le 28 août, l'Ukraine a repris 1 300 kilomètres carrés dans la région de Koursk. Depuis, en novembre, elle en a reperdu 40 % et, selon nous, elle ne tient plus aujourd'hui qu'environ 800 kilomètres carrés.
Le dernier élément important militairement est que Moscou aurait engagé 60 000 soldats dans la région de Koursk pour tenter de reprendre la ville et de réaffirmer sa frontière avant l'investiture du président américain.
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Je vous remercie, major-général Ritchie. Je peux ajouter quelques points.
Il est important, à mon sens, de voir que, vous avez raison, les États-Unis peuvent vouloir faire pression pour arriver à un accord de paix, mais je pense aussi qu'il faut être deux pour arriver à la paix. Pour l'instant, nous n'avons pas vu de geste direct et crédible de la part de la Russie montrant qu'elle est prête à s'engager dans ce processus. Les objectifs de Poutine dans cette guerre restent les mêmes. Tout ce que les États-Unis proposeront ne suffira peut-être pas à le satisfaire sur ce plan, et cela reste donc un problème. Entretemps, nous avons vu que l'Ukraine a mis sur pause stratégique son processus de paix en 10 points parce qu'elle veut savoir ce que l'administration américaine a en tête.
Pour ce qui est du Canada, évidemment, nous avons parlé un peu de la possibilité de fournir un soutien continu à l'Ukraine et à nos alliés d'un point de vue général. Le Canada, ses alliés et ses partenaires soutiennent pleinement la position de l'Ukraine, qui est que la paix doit être juste et durable en fin de compte. La décision de négocier un accord de paix doit venir de l'Ukraine quand elle y sera prête.
C'est vraiment la politique et c'est ce que nous ferons pour soutenir cet objectif, tout en sachant que les États-Unis peuvent exercer différents types de pression sur l'Ukraine. Encore une fois, la Russie doit également accepter de négocier.
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Merci, monsieur le président.
Major-général Smith, dans votre déclaration d'introduction, vous avez parlé de la désinformation que faisait la Russie, et je suis curieux de savoir quelle forme prend cette désinformation.
On comprend aisément que l'objectif est de miner la confiance des gens envers les institutions. C'est peut-être aussi une façon d'envoyer une image différente du conflit qui se produit en Ukraine.
Cependant, je me demande si cela a des conséquences réelles.
Au Canada, voit-on des mouvements d'opinion publique qui seraient engendrés par une forme de désinformation russe? Quelle forme cela prend-il, généralement? À quoi cela ressemble-t-il?
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J'aimerais beaucoup poursuivre cette conversation avec vous, général Smith, parce que très franchement, je ne suis pas d'accord avec vous. Ce n'est pas la première fois, et ce ne sera probablement pas la dernière.
Vous avez raison, le Canada est un vaste pays. Nous faisons partie du Groupe des cinq. On peut parler à tout le moins d'un échec collectif des services de renseignement occidentaux, qui n'ont pas anticipé ces événements qui ont eu des répercussions pour le Canada. Ces événements peuvent se dérouler plus ou moins loin de chez nous, mais ils ont des répercussions sur notre propre sécurité.
Malheureusement, je n'ai plus de temps.
Merci pour ces échanges. Je les ai trouvés particulièrement intéressants. Nous vous sommes très reconnaissants d'être venus à notre rencontre.
Sur ce, nous allons suspendre la séance pour accueillir les témoins suivants.
Pour la deuxième heure de la réunion, nous recevons M. Max Bergmann, directeur, Center for Strategic and International Studies, Programme Europe, Russie et Eurasie et Centre Stuart, ainsi que M. Robert Hamilton, responsable, Recherche sur l'Eurasie, Institut de recherche sur la politique étrangère. Tous les deux témoigneront par vidéoconférence.
Bienvenue à vous deux, et merci de vous être rendus disponibles.
Nous allons tout d'abord entendre la déclaration liminaire de M. Bergman, qui sera suivie de celle de M. Hamilton. Vous disposez de cinq minutes chacun.
Monsieur Bergmann, vous avez la parole.
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Merci, monsieur le président. C'est un véritable honneur et un privilège de m'adresser au comité parlementaire aujourd'hui sur ce qui est, je pense, un sujet incroyablement important.
J'allais axer mes remarques introductives sur la menace que représente la Russie dans la période à venir, car nous devons être très conscients que, quelle que soit l'issue des événements en Ukraine, tant que Vladimir Poutine restera président de la Russie, il sera un adversaire déterminé du Canada, des États-Unis et de l'Europe.
Je pense que Vladimir Poutine est très motivé par le fait qu'il considère les États-Unis, en particulier, comme le principal adversaire de la Russie et comme le principal obstacle à la grandeur géopolitique de la Russie, et qu'il est déterminé à voir la Russie atteindre un noble poids géopolitique.
Si nous avons regardé les événements en Syrie avec beaucoup d'admiration au cours du mois dernier et les avons vus comme une défaite en quelque sorte des efforts de la Russie dans la région, il faut remonter environ 10 ans en arrière, lorsque la Russie est intervenue en Syrie. J'étais alors au ministère américain des Affaires étrangères et nous étions tous choqués de voir la Russie intervenir dans un pays en proie à une guerre civile dans une région éloignée du Moyen-Orient. Au cours des 25 dernières années, la Russie s'était concentrée sur l'étranger proche, et voilà qu'elle intervenait au Moyen-Orient, ce qui a fait d'elle un acteur important dans la région et l'a aidée à nouer des liens avec les États du Golfe et avec Israël.
L'objectif de cette intervention était en grande partie la capacité de la Russie à agir sur la scène mondiale et représentait une Russie qui, pour la première fois depuis la fin de la guerre froide, retrouvait la grande puissance et la stature qu'elle avait eues pendant la période soviétique. Si le mois écoulé a été une défaite importante pour la grande stratégie de la Russie, celle‑ci ne va pas courber l'échine aisément; elle va continuer.
Il ne faut pas oublier que l'armée russe est considérablement affaiblie par la guerre en Ukraine. Elle subit des pertes humaines considérables, plus d'un demi-million, et son matériel terrestre a été considérablement réduit. Pourtant, la Russie a construit une énorme base industrielle de défense et a beaucoup investi avec l'aide de la Chine et d'autres pays et de ses vastes réseaux de contrebande, de sorte que la capacité de production de la Russie sera maintenue, que cette guerre se termine en 2025 ou non, et cela signifiera, je pense, un effort relativement rapide de recapitalisation de ses forces terrestres.
Cependant, si nous nous tournons vers les autres secteurs militaires de la Russie, la marine russe, l'armée de l'air russe et les capacités spatiales russes ont été beaucoup moins touchées par cette guerre. Nous constatons aussi que la Russie renforce considérablement ses liens militaires non seulement avec la Corée du Nord et l'Iran, mais aussi avec la Chine. Cela signifie que la Chine joue un rôle de plus en plus important dans l'Arctique. Ce n'est pas quelque chose qui devrait nous inquiéter à court terme. À bien des égards, la Chine considère simplement que le climat change et qu'il s'agit éventuellement d'une nouvelle route commerciale mondiale importante; il est donc tout à fait naturel pour la Chine de l'explorer sur le plan militaire.
Toutefois, je pense que cela laisse présager, à terme, une présence chinoise croissante dans l'Arctique. Bien que cela puisse rendre mal à l'aise certains Russes, c'est le prix à payer pour le soutien de la Chine à la Russie.
En guise d'observation finale, je pense également que cette guerre a complètement inversé l'histoire passée de la Russie, qui était en fait un acteur plutôt important en matière de non-prolifération nucléaire. La Russie a joué un rôle clé dans les négociations sur le nucléaire iranien et les sanctions contre la Corée du Nord, mais elle a fait volte-face pour une attention à court terme sur les événements en Ukraine, et je ne pense pas qu'elle reviendra là‑dessus. La volonté de la Russie de fournir des composants de missiles et d'autres technologies à des acteurs tels que l'Iran et la Corée du Nord, et peut-être d'autres dans le monde, devrait inquiéter grandement le Canada, les États-Unis et de nombreux pays d'Europe.
Je terminerai là‑dessus.
:
Merci, monsieur le président.
Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de comparaître. Comme l'a dit M. Bergmann, c'est un honneur et un plaisir de prendre la parole devant le Comité.
Je commencerai par dire que la Russie représente la seule menace existentielle pour les États-Unis et leurs alliés de l'OTAN, y compris le Canada, en raison de son arsenal nucléaire, mais c'est une menace qui risque fort peu de se concrétiser dans les conditions actuelles.
Je dirais qu'une menace plus probable et toujours profondément dangereuse est une confrontation militaire combinée de la Chine et de la Russie avec l'Occident. Ce n'est pas non plus nécessairement probable dans les conditions actuelles, mais c'est quelque chose de beaucoup plus concevable qu'une attaque nucléaire stratégique russe contre les États-Unis et leurs alliés de l'OTAN.
La Russie constitue une menace militarisée aiguë pour l'ensemble de la zone euro-atlantique. Elle constitue une menace militarisée aiguë pour les États-Unis, le Canada et tous nos alliés de l'OTAN. Seule la Chine, comme le dit la stratégie de sécurité nationale des États-Unis, est l'État qui a à la fois la volonté et la capacité de redéfinir les règles de l'ordre international.
À dire franchement, il est d'un intérêt national vital pour les États-Unis, le Canada et tous leurs alliés de l'OTAN de ne pas avoir à mener une guerre contre la Chine et la Russie en même temps. La question est donc de savoir comment éviter cette issue.
À l'heure actuelle, la menace active la plus sérieuse pour la sécurité de l'Amérique du Nord est, selon moi, la guerre en Ukraine. Si la Russie gagne en Ukraine, je paraphraserai les mots d'une personne qui, d'après moi, compte parmi nos meilleurs analystes militaires russes, Dara Massicot de la RAND Corporation, qui dit que si la Russie gagne en Ukraine, elle sera meurtrie, vengeresse et trop sûre d'elle-même, croyant qu'elle a battu l'Occident.
Soyons clairs, la Russie se bat en Ukraine, mais elle croit qu'elle se bat contre l'OTAN, l'Europe et l'Amérique du Nord. Chaque fois que Poutine a cru battre l'Occident — en 2008 en Géorgie, en 2014 en Ukraine et en 2015 en Syrie — il a lancé une guerre plus vaste et plus ambitieuse dans le sillage de cette guerre. Je pense qu'il est important, voire vital, pour les États membres de l'OTAN que la Russie ne gagne pas en Ukraine.
En outre, ce qui se passe en Ukraine va affecter la Chine et la région indo-pacifique, car tant la Chine que nos partenaires et alliés dans cette région observent l'issue de la guerre en Ukraine pour apprendre des choses sur la tolérance occidentale au risque, le soutien occidental à l'Ukraine et le soutien occidental aux partenaires et alliés dans d'autres régions.
En revanche, je ne crois pas que considérer la Chine et la Russie comme une menace unique, comme le font parfois les décideurs politiques occidentaux, soit dans notre intérêt, et ce, pour plusieurs raisons. Tout d'abord, cela occulte la différence majeure qui existe entre ces deux pays. Oui, la Chine tente de réécrire ou de refaire les règles de l'ordre international. La Russie, je dirais, essaie de brûler l'ordre international en utilisant la puissance militaire, alors que la Chine, jusqu'à présent, utilise principalement des outils diplomatiques et économiques.
L'autre inconvénient de les considérer comme une seule et même menace est que cela les rapproche. Les États-Unis ont été qualifiés d'agent contraignant dans cette relation. Ce n'est pas pour rien que si l'on regarde où la Chine et la Russie sont le plus en partenariat, c'est dans les régions où les États-Unis et, dans certains cas, leurs partenaires et alliés, ont la plus grande empreinte — en particulier une empreinte militaire.
Le meilleur moyen d'éviter un défi ou une confrontation militaire combinée Russie-Chine avec l'Occident est de réfléchir sérieusement aux politiques et aux actions qui les rapprochent. Autrement dit, il faut réfléchir sérieusement à l'endroit où nous déployons notre puissance militaire. Des régions comme l'Europe et l'Indo-pacifique ne sont pas négociables, car nous avons des engagements conventionnels contraignants envers nos alliés et partenaires dans ces régions, mais ce n'est pas une coïncidence si c'est là où notre empreinte est la plus légère — dans des régions comme l'Afrique et l'Asie centrale — que la coopération entre la Chine et la Russie est également la plus faible. Dans certains endroits, comme l'Asie centrale, la concurrence émerge.
J'en suis à quatre minutes. Je résumerai en disant qu'une autre menace à laquelle nous devons nous intéresser, qui ne relève pas du domaine militaire mais plutôt du domaine de l'information, est la nécessité de renforcer notre résilience démocratique et sociétale dans l'ensemble de l'Occident.
L'ingérence de la Russie dans les élections est un phénomène qui dure depuis longtemps. La Moldavie et la Roumanie sont des exemples très récents que nous pourrons évoquer lors des questions et réponses. En ce qui concerne la désinformation, nous devons renforcer les compétences de pensée critique et penser à des moyens d'empêcher la Russie d'utiliser nos sociétés ouvertes contre nous.
Enfin, en ce qui concerne la Chine et l'information, la Chine a longtemps utilisé l'instrument de l'information pour construire une image positive de la Chine, mais elle utilise désormais davantage les méthodes de la Russie, qui consistent à discréditer la notion de vérité objective et à discréditer notre propre gouvernement aux yeux de notre peuple.
Je m'arrêterai là.
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Comme je l'ai dit dans une récente entrevue accordée à Forbes Ukraine, la défaite de la Russie, où qu'elle soit, est une bonne chose pour le monde. Ce qui s'est passé récemment en Syrie est, à mon avis, une défaite pour la Russie. Pour ce qui est de l'évolution de la situation, j'aimerais connaître l'avis de M. Bergmann, mais je ne pense pas que cela ait un impact important sur l'effort de guerre de la Russie en Ukraine, et ce, pour plusieurs raisons.
Premièrement, les avoirs russes en Syrie étaient assez légers. Le nombre de forces terrestres était très faible. Elles n'ont jamais dépassé quelques milliers. Je pense qu'elles sont beaucoup moins nombreuses à l'heure actuelle, essentiellement des conseillers et des forces spéciales. En ce qui concerne les avoirs aériens et navals dont la Russie disposait à la base aérienne de Khmeimim, dans la province de Lattaquié, et à Tartous, on peut compter les navires qu'elle avait sur les doigts d'une main. Ceux‑ci ont maintenant été déplacés à environ huit à douze kilomètres de la côte, en Méditerranée orientale, dans l'attente de l'évolution de la situation. Si la Russie devait basculer des avoirs de la Syrie à l'Ukraine, je ne pense pas que cela ferait une grande différence.
En ce qui concerne les relations de la Russie avec la Chine, je ne pense pas non plus que cela ait un effet direct. C'est une défaite; je dirais que ce n'est pas nécessairement une défaite stratégique pour la Russie, mais c'est la défaite d'un régime que la Russie a soutenu pendant neuf ans et qu'elle voulait voir gagner. Je dirais qu'en fait la guerre en Ukraine, et l'incapacité militaire de la Russie démontrée dans au moins certains domaines, a eu un effet plus direct sur la perception de la Russie par la Chine que ce qui s'est passé en Syrie.
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C'est une excellente question.
Je commencerai par dire que je ne me considère pas comme un expert de la Chine. J'ai écrit un livre sur les relations Chine-Russie et j'ai fait des recherches à ce sujet au cours des deux dernières années, mais je me considère davantage comme un spécialiste de la Russie.
L'échéance de 2027 dont nous entendons sans cesse parler et que Xi Jinping a fixée à l'Armée populaire de libération est le jour où il souhaite que l'APL ait la capacité militaire de libérer Taïwan, « libérer » signifiant envahir et occuper Taïwan par la force. Je ne pense pas que cela signifie forcément que le compte à rebours vers 2027 a commencé.
Xi Jinping se voit de la même manière que Poutine, comme un personnage historique, comme un personnage d'époque. Par conséquent, d'ici la fin du mandat de Xi Jinping, je pense que son objectif, qui n'est pas négociable pour lui, est de faire réintégrer Taïwan. Je ne peux pas dire si cela se produira par des moyens diplomatiques, économiques ou militaires.
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J'ai l'impression que, quelle que soit la fin de la guerre en Ukraine... Malheureusement, je pense qu'elle se terminera probablement avec des troupes russes occupant toujours une partie du territoire ukrainien. J'ai écouté la première partie de cette séance. Ce thème a également été abordé. J'ai le sentiment que, quelle que soit la manière dont cette guerre se termine, la seule façon d'empêcher la Russie de la reprendre dès qu'elle aura reconstitué sa capacité militaire à ce qu'elle considère comme le niveau requis, c'est de faire en sorte que l'Ukraine ait des garanties de sécurité juridiquement exécutoires. Que ce soit l'adhésion à l'OTAN ou un consortium de pays — presque tous des membres de l'OTAN, probablement —, cela donnerait à l'Ukraine des garanties de sécurité juridiquement contraignantes et dirait: « Si vous êtes à nouveau envahis par les Russes, nous nous battrons. »
La question qui se pose alors est la suivante: comment dissuader cette invasion? Un document juridique, que ce soit l'article 5 de l'OTAN ou un autre document juridique, est‑il suffisant? Doit‑il y avoir des forces sur le terrain? Doit‑il y avoir une force de dissuasion de la part d'armées non ukrainiennes présentes en Ukraine?
Je pense que cette dernière solution est beaucoup plus susceptible de décourager une nouvelle agression que des garanties de sécurité exécutoires, mais elle comporte également un risque beaucoup plus élevé, car immédiatement, comme c'est déjà le cas dans huit États de l'OTAN en première ligne où des groupements tactiques sont présents, une invasion russe de l'un de ces pays, ou de l'Ukraine s'il y a des forces sur le terrain, mettrait les forces militaires occidentales en état de guerre avec la Fédération de Russie.
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Bien sûr. Je dirai que j'ai perçu la relation entre la Chine et la Russie comme un partenariat stratégique ou un axe de commodité. Ce sont de beaux idéaux théoriques qui aident à encadrer le débat. Je pense que ni l'un ni l'autre n'est exact.
Je pense que la relation est dynamique, complexe et contingente. Elle est dynamique parce qu'elle réagit aux événements qui se produisent dans le monde. Ce qui s'est passé récemment en Syrie est un de ces événements. Elle est complexe parce qu'elles interagissent avec ce que nous appelons les instruments de pouvoir, qui sont diplomatiques, informationnels, militaires et économiques. Elle est contingente parce que ce sont de grandes puissances qui ont une présence partout dans le monde. Cette relation peut être influencée par des événements qui se produisent sur le terrain et dont ni Pékin ni Moscou n'ont le contrôle.
Comme je l'ai dit, nos engagements envers nos alliés de l'OTAN et les pays avec lesquels nous — dans ce cas, « nous » désigne les États-Unis — avons des engagements de sécurité exécutoires dans l'Indo-pacifique ne sont pas négociables. Ce sont des engagements juridiques. Il faut donc déployer là une force militaire pour dissuader un conflit ou pour emporter la victoire en cas d'échec de la dissuasion.
D'autres régions du monde, comme l'Afrique et l'Asie centrale, que j'ai mentionnées comme exemples... Pour ce projet de livre, j'ai étudié l'interaction sino-russe en Afrique et en Asie centrale. Les endroits où l'empreinte militaire américaine est plus légère qu'en Europe et dans l'Indo-pacifique sont des endroits où l'interaction sino-russe a tendance à être soit compartimentée, comme je l'appellerais — en Afrique, chaque pays s'occupe de ses propres affaires et est vaguement conscient de ce que fait l'autre, mais ils ne coopèrent pas ou ne se coordonnent pas —, soit compétitive. En Asie centrale, les deux pays se font de plus en plus concurrence, en particulier dans la sphère économique.
Je conseille aux décideurs politiques occidentaux — et cela s'applique tout particulièrement aux décideurs politiques américains — de ne pas essayer de creuser un fossé entre la Chine et la Russie, parce qu'ils me disent souvent que nous devrions essayer de le faire. C'est mon conseil. Réfléchissez à l'endroit où nous déployons notre puissance militaire. Nous devons faire preuve de discernement et veiller à ne déployer notre puissance militaire que lorsque des intérêts nationaux fondamentaux ou vitaux sont en jeu. Dans des régions comme l'Asie centrale, je pense que notre stratégie est assez bonne.
Nous parlons de choses comme la souveraineté, la résilience démocratique, le développement de la société civile, la coopération régionale et le développement économique. Ce sont des choses auxquelles les partenaires occidentaux peuvent contribuer en Asie centrale. Elles ne suscitent pas de crainte en Russie et en Chine quant à une quelconque présence ou intervention militaire occidentale. Elles créent probablement les conditions nécessaires à l'émergence d'une concurrence sino-russe, alors qu'elle n'existerait pas autrement, en particulier si nous y avons une présence militaire.
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Très brièvement, — parce que j'arrivais à la fin de mon temps de parole — j'ai mentionné la Moldavie et la Roumanie comme les deux exemples les plus récents d'ingérence électorale russe, mais cette ingérence est également combinée à des opérations d'information — propagande, désinformation.
En Moldavie, les Russes ont essayé indirectement, par l'intermédiaire d'un oligarque moldave résidant en Russie, d'acheter 300 000 voix contre la candidature de Maia Sandu à la présidence et contre le référendum sur l'adhésion ou l'intégration à l'UE. Dans un pays comme la Moldavie, 300 000 voix suffisent à faire basculer une élection, et il s'en est fallu de peu. Ils ont pu en acheter plus de 100 000 avant que les services de sécurité moldaves ne comprennent ce qui se passait et ne mettent un terme à leurs efforts. Mais ce n'est qu'un exemple.
Un autre exemple, en Roumanie, est celui de Georgescu, ce candidat qui a remporté le premier tour de l'élection présidentielle et qui est littéralement sorti de nulle part. Un mois avant l'élection, il occupait la huitième ou la neuvième place parmi les candidats. Il n'avait aucune organisation. Il n'avait pas de financement. Il avait une présence sur TikTok qui, selon les services spéciaux roumains, les services de renseignement, a été créée et amplifiée par les Russes depuis la Fédération de Russie. Ce qui est intéressant, c'est qu'il semble que TikTok n'était pas au courant au départ, puis a essayé de prendre des mesures pour empêcher cela, mais n'y est pas parvenu.
Bien sûr, dans le cas de la Roumanie, la question est de savoir si c'était une sorte d'effort combiné sino-russe utilisant TikTok pour promouvoir la candidature d'un candidat à la présidence roumaine anti-Europe, anti-OTAN et pro-russe. Il ne semble pas que ce soit le cas. Il semble bien qu'il y avait des empreintes russes partout, mais il ne semble pas que même TikTok et encore moins le gouvernement chinois aient participé à cet effort. La Cour constitutionnelle de Roumanie vient d'annuler le premier tour de scrutin; l'élection sera reprise.
Encore une fois, il s'agit de deux cas où la Russie a failli faire basculer le résultat d'une élection démocratique en recourant à la désinformation et à l'ingérence.
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Je peux peut-être commencer.
Je pense qu'à l'heure actuelle, la forme la plus importante que cela prend est que la Chine diminue effectivement l'impact des sanctions mondiales contre la Russie. Les sanctions se sont avérées très efficaces pour anéantir une économie, provoquer des souffrances économiques et appauvrir la population. La Chine atténue cet effort. Par exemple, l'industrie automobile russe s'est effondrée, mais les Russes peuvent désormais acheter de très bonnes voitures chinoises. Il en va de même pour la production industrielle militaire et de défense, comme je l'ai mentionné.
Qu'obtient la Chine en retour? Eh bien, la Chine obtient, je pense, l'accès à la technologie militaire russe qui est plus avancée que la sienne: des choses comme les moteurs d'avion, peut-être la défense antimissile, la conception de chasseurs et d'autres technologies liées à des systèmes avancés.
Ensuite, comme je l'ai mentionné, la Chine semble également avoir davantage accès à l'Arctique et à d'autres endroits. Je crois que nous avons souvent pensé que nous pouvions séparer ces deux pays — la Russie et la Chine — en raison du conflit qui a émergé pendant la guerre froide à la suite de la visite de Nixon en Chine. Toutefois, après la mort de Staline, ce conflit a également été alimenté par une concurrence pour le leadership au sein du monde communiste et d'une rivalité de dix ans entre la Chine et la Russie. Nous assistons aujourd'hui à un effort de plus de dix ans de la part de Poutine et de Xi Jinging pour tisser des liens. Comme les deux dirigeants croient vraiment en cette relation, je pense qu'elle est assez durable, et qu'elle s'étend au plus profond des bureaucraties, sur le plan militaire et économique.
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Je voudrais juste ajouter que la question du soutien de la Chine à la Russie est très importante en ce qui concerne la guerre en Ukraine. Sur le plan diplomatique, la Chine soutient surtout la Russie dans ce qu'elle ne fait pas. On a dit qu'elle se reposait sur les vetos russes aux résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU sur l'Ukraine. Les Chinois savent que les Russes vont mettre leur veto à toute résolution appelant le retrait de la Russie de l'Ukraine ou critiquant l'invasion de l'Ukraine par la Russie, alors ils s'abstiennent. C'est en quelque sorte un soutien diplomatique passif.
Sur le plan informationnel, les opérations d'information de la Chine font très étroitement écho aux arguments avancés par la Russie pour justifier la guerre, à savoir l'élargissement de l'OTAN, l'indivisibilité de la sécurité et toutes ces choses. Sur le plan militaire et économique, je décrirais la réponse de la Chine comme un intérêt égocentrique plutôt qu'un soutien direct à la Russie. Nous savons que la Russie a demandé un soutien militaire direct. Nous ne pensons pas que la Chine l'ait fait. C'est la conclusion de tous les services de renseignement occidentaux.
Les Chinois s'exercent davantage avec l'armée russe — au sol, en mer et dans les airs — et ils le font parce que la Russie est le seul pays de la planète qui combat actuellement un adversaire entraîné et équipé par l'Occident. Les Chinois essaient d'en tirer des leçons, car ils pensent devoir faire quelque chose de semblable à l'avenir. Cela confère une certaine légitimité aux exercices militaires russes avec la Chine, mais la Chine en tire également des avantages et des leçons.
Sur le plan économique, oui, la Chine fournit des produits à double usage et des produits qui permettent à l'économie russe de se maintenir face aux sanctions. Franchement, il en va de même pour de nombreux autres pays de la planète, y compris plusieurs pays de l'Union européenne et d'Amérique du Nord. Ils passent simplement par des intermédiaires, comme le Kirghizistan et, jusqu'à récemment, le Kazakhstan, la Géorgie et l'Arménie.
Les exportations de plusieurs pays de l'Union européenne vers le Kirghizistan, par exemple, ont augmenté de 2 000 à 4 000 % au cours de l'année dernière. Nous savons tous où cela va, n'est‑ce pas? Ils passent par le Kirghizistan pour aller en Russie. La Chine fait la même chose, mais directement.
Je termine en disant que les relations économiques entre la Chine et la Russie se rapprochent de plus en plus d'une relation coloniale dans laquelle la Russie exporte des matières premières vers la Chine, telles que le pétrole et le gaz, à un prix réduit. Les Chinois achètent le pétrole et le gaz russes à un prix fortement réduit. La Russie importe ensuite des produits finis de Chine, ce qui la place de plus en plus dans une position économique subordonnée.
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Je suppose que je peux reprendre à partir de là. Ma première question allait être assez similaire.
Avec l'entrée en scène de Trump 2.0, nous pourrions observer des différences majeures. Cela pourrait modifier la menace qui pèse sur la stabilité de l'ordre mondial. Certainement, avec le nouveau secrétaire à la défense Hegseth, pourriez-vous poursuivre ce que vous disiez avant d'être interrompu, à propos de ces différences?
La question que j'ai également posée au groupe précédent n'était pas nécessairement... Oui, il y a un potentiel de retrait de l'Occident, des États-Unis, dans ce conflit, mais qu'en est‑il de l'incidence plus importante dans la détermination de la façon dont la paix se jouera aux dépens de l'Ukraine sur le plan territorial ou autre? À quoi cela ressemblerait‑il?
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Je commence tout de suite.
Pour compléter ce que je disais, si nous envisageons des négociations entre la Russie et l'Ukraine — les États-Unis faisant pression pour qu'elles aient lieu — la question que nous devons nous poser est la suivante: qu'est‑ce que Vladimir Poutine y gagne? Pourquoi accepterait‑il des négociations alors qu'il pense, à l'heure actuelle, qu'il est en train de gagner la guerre et que le soutien des États-Unis pourrait ne pas être au rendez-vous à long terme?
Il a vu ce qui arrive à l'armée ukrainienne si l'aide américaine est suspendue lorsque nous avons cessé de fournir de l'aide entre le 1er octobre 2023 et avril dernier, quand nous avons enfin adopté le budget supplémentaire. L'armée ukrainienne s'est considérablement affaiblie et la Russie a réalisé d'importants gains, dont l'Ukraine essaie toujours de se remettre sur le plan militaire. Il pourrait considérer la fin de l'année 2025 comme une véritable occasion, alors que l'Ukraine sera considérablement affaiblie sur le plan militaire.
Oui, la Russie a perdu plus d'un demi-million de soldats, mais nous le savons ici aux États-Unis: la notion fallacieuse des coûts irrécupérables s'applique lorsque vous êtes dans une longue guerre, que vous avez subi beaucoup de pertes et que vous pensez vouloir en sortir, mais vous voyez une lumière au bout du tunnel. Je pense que cette lumière au bout du tunnel pour Poutine brille de plus en plus fort à mesure que les États-Unis sont moins disposés à soutenir l'Ukraine à long terme.
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Je suis tout à fait d'accord.
J'ajouterais qu'essayer d'inciter l'Ukraine à négocier maintenant, surtout avec la perspective du tarissement de l'aide militaire à l'Ukraine, serait une grave erreur.
Comme l'a dit M. Bergmann, tout d'abord, qu'est‑ce qui motiverait la Russie à négocier? De nombreuses variantes d'une éventuelle stratégie de Trump pour l'Ukraine ont été évoquées. L'été dernier, Mike Pompeo et David Urban en ont lancé une, mais ni l'un ni l'autre ne fera partie de l'administration et je ne suis donc pas sûr qu'elle ait beaucoup de chances d'être retenue. Toutefois, je pense qu'il s'agissait d'une stratégie un peu plus réaliste dans la mesure où, dans un premier temps, nous renforcerions le soutien militaire à l'Ukraine en levant certaines restrictions afin d'accroître le niveau de douleur pour les Russes et de les inciter à négocier en toute bonne foi.
Le problème de cette stratégie et de toutes les versions des stratégies de Trump pour l'Ukraine est qu'elles sont un peu irréalistes, voire naïves, en ce qui concerne l'architecture de sécurité post-conflit. Elles proposent de retarder de dix ans l'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN, ou de laisser simplement cette question sans réponse. Si vous laissez cette question sans réponse, vous ne faites que retarder le début d'une nouvelle guerre. La guerre reprendra dès que la Russie aura reconstitué ses capacités. Elle doit renoncer à son objectif de contrôler toute l'Ukraine, ou du moins d'en contrôler suffisamment pour rendre l'État restant instable, avec un potentiel économique et militaire presque nul et d'énormes problèmes et bouleversements sociaux et politiques.
De plus en plus, la question la plus importante concernant la phase actuelle de la guerre entre la Russie et l'Ukraine est de savoir si l'Ukraine peut survivre militairement assez longtemps pour que les tensions de la guerre, économiquement et politiquement, commencent à se faire sentir en Russie. Je pense que le moment viendra. L'économie de la Russie a été beaucoup plus résistante que nous le pensions, mais de nombreux indicateurs pointent dans une seule direction, celle de la dégradation de l'économie russe à moyen terme et d'un possible effondrement économique.
Encore une fois, ce sont des choses difficiles à prédire. Je ne suis pas économiste, mais tous les indicateurs récents de l'économie russe sont très négatifs. La banque centrale russe a de plus en plus de mal à soutenir l'économie et à maintenir un niveau d'activité économique, la croissance du PIB, etc.
Forcer l'Ukraine à négocier sans inciter la Russie à s'asseoir à la table de bonne foi tout en laissant l'architecture de sécurité de l'après-guerre indéfinie serait une erreur très importante.
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Je ne parlais pas du Canada en particulier, bien sûr. Je voulais parler des sociétés occidentales en général. Je voulais simplement dire que... Écoutez, la Russie est extrêmement efficace. Ce n'est plus la Guerre froide de votre grand-père ni la propagande soviétique maladroite que nous voyons dans les sociétés occidentales.
La RAND Corporation a publié un très bon rapport datant de 2016, intitulé Firehose of Falsehood. Il traite de la désinformation russe. On y évoque quatre caractéristiques: un volume important, une diffusion multicanal et l'absence d'engagement, tant à l'égard de la cohérence que de la vérité objective.
L'idée est que la Russie n'essaie pas d'amener le public occidental à se faire une image positive de la Russie, à être d'accord avec la position russe ou à penser que la Russie dit la vérité; elle essaie de miner complètement la notion de vérité objective et de faire croire au public occidental que tous les gouvernements mentent tout le temps et que, par conséquent, ce que mon gouvernement dit n'est pas plus légitime que ce qui émane du Kremlin. Il faut faire preuve d'esprit critique pour démêler la vérité objective, qui existe toujours, de tout le reste.
Malheureusement...
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Je commencerai par la dernière question.
Oui, les Russes s'adressent à la fois à l'extrême droite et à l'extrême gauche dans la plupart des sociétés occidentales. Je pense que leur préférence idéologique va à l'extrême droite, mais ils sont très instrumentaux dans la manière dont ils le font, et ils s'adressent aussi à des groupes d'extrême gauche. L'idée est de déstabiliser les sociétés et non forcément de faire en sorte que la plupart des membres d'une société soient d'accord avec la vision idéologique de la Russie sur le fonctionnement du monde.
C'était similaire pendant la Guerre froide. L'Union soviétique a fait la même chose. Il est vrai que la plupart de ses contacts se faisaient avec l'extrême gauche dans les sociétés occidentales, mais elle a également tendu la main à des groupes d'extrême droite et les a financés. L'idée, une fois encore, est de déstabiliser et d'amener les Occidentaux à renoncer à l'idée d'une vérité objective. L'objectif est de provoquer la paralysie. Si vous renoncez à l'idée d'une vérité objective, vous ne savez pas qui a raison ou qui a tort, vous êtes paralysé et vous ne pouvez pas réagir à ce que font les Russes. Je pense que c'est l'objectif.
Le sud du Caucase est l'une des régions du monde que je préfère. J'ai vécu en Géorgie et j'ai travaillé à l'ambassade des États-Unis pendant près de quatre ans.
L'Arménie a malheureusement choisi le pire moment pour son virage à l'Ouest. Bien sûr, elle n'a pas choisi les conditions géopolitiques qui ont mené à son virage à l'Ouest. Si l'on jette un coup d'oeil sur la carte, on constate que l'Arménie a quatre voisins. Elle n'a pas de relations diplomatiques avec la Turquie. L'Azerbaïdjan vient de la vaincre dans une guerre. L'Iran est sa meilleure relation bilatérale, mais à l'échelle mondiale, l'Iran est vu comme un État voyou à bien des égards. Il reste la Géorgie, qui a toujours été la fenêtre de l'Arménie sur l'Ouest. La Géorgie est peut-être un autre endroit où les opérations d'influence russes ont été couronnées de succès. Le gouvernement géorgien est de plus en plus anti-occidental et autoritaire. Des centaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues de Tbilissi depuis plus de deux semaines, sans relâche, depuis que le gouvernement géorgien a annoncé qu'il suspendait son processus d'adhésion à l'UE et rejetait l'aide de l'UE après avoir manipulé les élections parlementaires d'octobre pour s'octroyer une victoire.
L'Arménie est dans une position très difficile. Comme M. Bergmann l'a dit, elle cherche des partenaires. La Russie n'est manifestement pas fiable. Sur place, je dis aux Arméniens: « Ne pensez pas non plus que l'Occident est un garant fiable de la sécurité, car nous ne le sommes pas ». Les intérêts en jeu ne sont pas suffisamment importants pour que nous venions en aide à l'Arménie si elle est à nouveau attaquée. L'Arménie doit diversifier ses partenariats. Elle doit compter au sens diplomatique et économique et avoir des relations économiques et diplomatiques fortes avec des pays du monde entier.
Les relations entre l'Arménie et l'Inde ont connu un véritable essor ces dernières années, y compris en matière de défense. Je pense que l'Arménie est aujourd'hui la première destination des exportations d'armes militaires de l'Inde.
La situation est difficile dans l'ensemble du Caucase du Sud, et en Arménie en particulier. Le moment est très mal choisi pour se tourner vers l'Ouest.
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C'est une très bonne question.
J'ai lu avec intérêt les déclarations de Trump à propos des pays BRICS et je ne pense pas nécessairement qu'il liera les deux aussi étroitement. Il va probablement bifurquer et s'occuper de la Russie séparément.
En ce qui concerne la Russie et l'Ukraine, je crains qu'il n'y ait un effort pour négocier avec Moscou en faisant fi des Ukrainiens, du Canada et de nos alliés européens. Je constate que l'administration s'efforce de mettre fin à la guerre, mais pas nécessairement dans les meilleures conditions pour l'Ukraine.
En ce qui concerne les pays BRICS et le système monétaire international, la question du dollar comme monnaie de réserve des banques centrales est très pertinente. À bien des égards, les renseignements sont contradictoires. D'un côté, nous voyons la Russie et la Chine travailler activement à la création d'un système de rechange et la résilience de l'économie de la Russie jusqu'à présent laisse entrevoir une capacité à se diversifier quelque peu en délaissant le dollar, mais d'un autre côté, lorsqu'il y a une crise économique, tout le monde veut se tourner vers le dollar, et le dollar reste incroyablement fort. Il reste la monnaie de réserve des banques centrales qui donne aux États-Unis un grand effet de levier, car les gens veulent faire partie du système financier américain.
Je ne vois pas vraiment le Brésil et l'Inde se ranger du côté de la Chine et de la Russie et peut-être aller dans cette direction, mais c'est quelque chose que de nombreux experts du système financier mondial suivent de près pour voir comment la situation évoluera au cours des prochaines années.
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Ma réponse courte serait non, je ne pense pas que nous en fassions assez.
Je pense qu'une partie de ce que la formation et l'élargissement de la zone BRICS mettent en évidence, c'est qu'il n'y a pas eu assez d'efforts pour entamer un véritable dialogue avec le Sud mondial ou d'autres pays dans le cadre de l'architecture internationale mondiale, comme nous l'appellerions.
Nous avons vu l'administration Biden carrément doubler la mise sur le G7 — le G7 est un format incroyablement important — mais sans vraiment créer un forum qui inclurait beaucoup de nos partenaires démocratiques ou des pays avec lesquels nous voulons nous engager davantage dans le monde en développement ou l'hémisphère sud ou quel que soit le nom que l'on veut utiliser. Il s'agit en particulier du Brésil, de l'Inde et de l'Afrique du Sud ainsi que d'autres pays comme le Sénégal.
Je pense qu'il s'agit d'une sorte d'angle mort, et c'est là que la Chine et la Russie ont en quelque sorte pris l'initiative d'essayer de rééquilibrer l'architecture internationale mondiale et d'élargir la zone BRICS. Il s'agit d'un groupe diversifié et je pense que nous devons y être très attentifs à l'avenir, car c'est une autre façon de définir les normes et les règles du jeu du système international.
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Je suis d'accord. J'ajouterais seulement deux petits points.
Tout d'abord, plus la zone BRICS s'élargit — depuis cette année, il comprend l'Égypte, l'Éthiopie, l'Iran et les Émirats arabes unis — plus il sera difficile de parvenir à un consensus.
Deuxièmement, avec la Chine et la Russie, les deux plus grands pays de la zone BRICS, je pense qu'il existe une différence fondamentale quant à l'objectif de l'organisation. La Russie tente d'en faire explicitement une organisation anti-occidentale. La Chine et de nombreux autres membres fondateurs, je pense, ne sont pas d'accord avec cette vision et il y a donc un certain décalage entre leurs positions.
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Merci, monsieur Powlowski.
Il nous reste encore quelques minutes, je vais donc conclure.
Notre plus célèbre hockeyeur et philosophe politique est un certain Wayne Gretzky. On s'en souvient, c'est lui qui a dit qu'il faut se diriger vers l'endroit où sera la rondelle, et non là où elle est.
Premièrement, j'aimerais que vous me disiez tous les deux où va la rondelle en ce qui concerne la place des Kurdes en Syrie, et surtout, si vous pensez qu'il y aura une réduction des ressources américaines dans ce pays.
Deuxièmement, que peut‑on attendre d'Erdogan, en particulier en ce qui concerne le gouvernement de la Syrie?
Troisièmement, vous avez beaucoup parlé des Russes, je pense donc que vous avez répondu à cette question.
Quatrièmement, je pense que la grande inconnue ici est Israël et ce que l'on pourrait en attendre.
Sur trois de ces quatre points, où va la rondelle à court terme, en 25 mots ou moins?
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Je pense que la plus grande préoccupation de la Turquie est liée aux SDF, les Forces démocratiques syriennes, l'organisation politico-militaire soutenue par les États-Unis qui contrôle essentiellement un tiers de la Syrie. Tout ce qui se trouve au nord et à l'est de l'Euphrate est de facto sous le contrôle des SDF.
La Turquie a déjà attaqué des bataillons des SDF depuis la prise de contrôle du HTS et depuis le déblocage de la situation militaire sur place. Je pense que cela reste à voir. Les États-Unis sont présents aux côtés des SDF, légalement, pour détruire et empêcher la réapparition de Daech. Il devra y avoir des discussions sérieuses, en coulisses, je suppose, entre les États-Unis et la Turquie sur l'avenir de l'est de la Syrie. À l'heure actuelle, personne à Damas ne contrôle cette région; elle est sous le contrôle local des SDF.
Israël a déjà mené une incursion limitée en Syrie.
J'étais en Israël en 2018, sur le plateau du Golan. À l'époque, un groupe d'opposition sunnite contrôlait la province de Daraa en Syrie. L'officier de l'armée israélienne qui nous accompagnait a dit qu'ils étaient plus à l'aise avec ce groupe qu'avec le régime Assad de l'autre côté de leur frontière, parce que là où le régime Assad se pointe, les Iraniens se pointent aussi. Je pense qu'Israël se réjouit probablement de la chute du régime Assad et de l'effondrement de l'influence iranienne en Syrie, mais il surveille de très près la situation de l'autre côté de la frontière.
Je pense que je vais m'arrêter là, car je n'ai pas beaucoup d'expertise dans les deux autres domaines.
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Je pense que je vais m'en tenir à Israël.
Israël dispose d'outils militaires considérables et, d'une certaine manière, a mis le Moyen-Orient dans une situation où il a besoin de plus d'outils politiques. En ce qui concerne la situation au Liban, par exemple, on pourrait espérer que les forces armées libanaises soient en mesure d'exercer un plus grand contrôle sur le Hezbollah et qu'un véritable processus d'édification de l'État s'y produise. Il en irait de même en Syrie.
Cela nous amène à l'Iran. Quelle conduite tiendra l'Iran à partir de maintenant? Pour l'instant, l'Iran se fait plutôt discret. Il y a une réelle inquiétude que l'Iran puisse considérer sa faiblesse comme une nécessité de se tourner vers l'arme nucléaire ou comme une ouverture potentielle pour de nouveaux pourparlers avec l'administration Trump. Je ne sais pas si l'administration Trump en aura envie. Je pense qu'il y a probablement une ouverture étant donné que les Iraniens sont faibles et qu'ils seraient prêts à discuter.
Nous verrons ce qu'Israël fera, parce qu'Israël aura beaucoup d'influence, je pense, sur l'orientation du Moyen-Orient et sur la politique américaine à l'égard de l'Iran et de la région.