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La séance est ouverte. Chers collègues, je vois que nous avons le quorum. Nous sommes déjà un peu en retard, et je ne veux pas abuser de la bonne volonté de nos témoins.
Avant de commencer, nous avons une petite question pratique à régler. Je vais demander à M. Bezan de déposer une motion visant l'adoption du budget de 1 000 $ pour l'étude du mémoire sur le Moyen-Orient. Les membres en ont reçu une copie le 21 octobre.
Merci, monsieur Bezan, d'avoir déposé la motion, et merci, monsieur Collins, de l'avoir appuyée. Y a‑t‑il débat?
(La motion est adoptée.)
Le président: Merci beaucoup. N'est‑il pas formidable de voir la démocratie à l'œuvre?
Je souhaite maintenant la bienvenue au Comité à M. Kevin Ford, chef de la direction chez Calian Group, ainsi qu'à M. Ewan Reid, chef des opérations chez Mission Control Space Services.
Je suis certain que M. Bourgault, notre très estimé nouveau greffier, vous a informé des procédures. Vous disposez chacun de cinq minutes pour vous adresser au Comité.
Je vais donner la parole à M. Ford en premier, puis à M. Reid ensuite. Nous sommes impatients d'entendre vos témoignages.
[Français]
Mesdames et messieurs, c'est avec grand plaisir que je suis ici aujourd'hui pour présenter mes commentaires.
[Traduction]
Merci de tenir des auditions sur ce sujet d'une grande importance. J'ai très hâte de participer aux discussions qui suivront.
Comme il a été mentionné, je m'appelle Kevin Ford et je suis le cef de la direction de Calian Group. Je suis également le vice-président d'Espace Canada. Calian, au cas où vous ne le sauriez pas, est une société canadienne qui conçoit, construit, met à l'essai et installe des stations terrestres; qui construit des composants sur mesure pour l'espace; qui fournit des services d'intégration de logiciels sur mesure et des services d'opérations d vol de satellites 24 heures sur 24, ept jours sur sept. Nous fournissons notamment des stations terrestres adaptées à un large éventail d'applications satellitaires pour l'observation de la Terre, les radars à synthèse d'ouverture et lescommunications par satellite, entre autres. Nous avons des installations de fabrication à Saskatoon et à Regina, en Saskatchewan, à Ottawa, en Ontario, et à Vaudreuil-Dorion, au Québec.
Calian a livré des antennes d'écoute de l'espace lointain de 35 mètres à l'Agence spatiale européenne dans le cadre de la mission Rosetta, qui avait pour objectif d'envoyer une sonde afin qu'elle se pose sur une comète à des centaines de millions de kilomètres de la Terre. Nous avons aussi livré des antennes de 12 mètres à la NASA aux fins du programme d'interférométrie à très longue base, dont l'objectif est de déterminer la place de la Terre dans la galaxie par rapport à d'autres corps spatiaux. Nous avons également fourni à l'Agence spatiale canadienne des services d'opérations de vol de satellits qui garantissent le respect des horaires et des cibles de la mission. Enfin, nous avons livré des stations d'atterrissage à Ressources naturelles Canada.
Dans le domaine de la cybersécurité, Calian fournit des services de sécurité des réseaux, des centres d'exploitation de réseux et d'opérations de sécurité, de même que des solutions de sécurité des émissions pour assurer la protection des installations, des réseaux et des infrastructures contre les intrusions. Nous offrons en outre des formations individuelles et collectives qui sont réalistes et immersives afin de préparer les membres des Forces armées canadiennes à relever les défis rencontrés durant les opérations.
Le programme spatial canadien était le troisième en importance en 1962, et notre pays a été un chef de file mondial en matière de développement de technologies terretres et spatiales. Toutefois, il existe un risque réel que le Canada soit distancé par ses partenaires, ses alliés et ses adversaires dans le secteur spatial. Actuellement, son principal défi est de trouver des moyens de mieux intégrer son secteur spatial commercial à une vision nationale de ses activités spatiales. Le secteur commercial représente environ 85 % du marché spatial, et il est à l'avant-garde en matière d'innovations et de capacités. Les capacités que les gouvernements possèdent et administrent à des fins civiles et militaires sont en très grande majorité développées et fournies par des entités commerciales. Les alliés du Canada ont déjà compris l'importance de mieux intégrer leur secteur commercial à une vision nationale. Ils ont aussi pris des mesures pour que les résultats soient optimaux à la fois pour leurs indusries et pour leurs intérêts nationaux.
L'Australie a intégré des composantes commerciales à ses stratégies civile et de défense. Le Royaume-Uni a adopté une stratégie nationale qui englobe les composantes civiles, militaires et commerciales. Les États-Unis ont adopté une approche similaire pour leur stratégie nationale. La Space Force des États-Unis a privilégié l'établissement de liens et la collaboration avec le secteur commercial, et elle a ouvert des bureaux à cette fin précise.
Dans le budget de 2024, le Canada a annoncé la création d'un Conseil national de l'espace, dont l'objectif est de favoriser l'intégration des secteurs cvil, de la défense et commercial. C'est certainement un pas dans la bonne direction. Le Conseil national de l'espace devra emboîter le pas à nos alliés et proposer une vision ainsi que des priorités pour favoriser l'alignement du secteur commercial sur les objectifs stratégiques nationaux. Le Canada risque de prendre du retard s'il ne prend pas exemple sur les nations qui se sont dotées d'une vision nationale.
Le processus d'approvisionnement militaire est beaucoup trop long au Canada. En fait, il n'est plus du tout adapté à la réalité du monde numérique. À cause de la lenteur du processus d'appel d'offres, il n'est pas rare que la capacité définie dans une demande de propositions ne soit pas la plus récente au moment de l'acquisition. Dans le secteur spatial, les cycles de développement sont plus rapides que le processus d'approvisionnement. S'il ne change pas en profondeur son processus d'approvisionnement militaire lié aux programmes patiaux, le Canada risque d'acquérir des capacités qui seront devenues désuètes. Un meilleur dialogue entre le secteur de la défense et le secteur commercial est nécessaire pour accélérer le processus d'approvisionnement.
Le processus d'appel d'offres, par définition, vise un résultat. Ce résultat est d'ailleurs défini dans la demande de propositions. Or, il serait plus efficace pour le Canada de définir le problème à régler et de consulter le secteur commercial pour qu'il lui propose des solutions fondées sur les technologies existantes ou en cours de développement. Cette approche réduirait considérablement les délais ente la définition et le déploiement d'une solution. L'utilisation croissante de technologies à double usage — qui peuvent avoir des applications civiles et militaires — dans le secte spatial favorise l'émergence constante de nouvelles technologies. Pour maintenir une avance technologique sur ses adversaires, le Canada doit raccourcir les délais entre la conception et le déploiement des capacités.
La nouvelle politique militaire intitulée « Notre Nord, fort et libre » énonce les priorités du Canada à l'égard de la modernisation du Commandement de la défense aérospatiale de l'Amérique du Nord, ou NORAD. La relation entre le Canada et les États-Unis est très importante. Il s'agit de la plus importante relation du Canada, et elle touche à la fois la culture, l'économie et la défense nationale. Les programmes e modernisation du NORAD proposés sont tout à fait appropriés. Des éléments comme le système de commandement et de contrôle en nuaginformatique, les communications par satellite dans l'Arctique, les radars transhorizon, la surveillance depuis l'espace, de même que la cybersécurité et la sécurité quantique sont essentiels. Cependant, le déploiement est beaucoup trop lent. Certains de ces programmes ne seront pas fonctionnels avant le milieu des années 2030. C'est tout simplement trop long. Il faut accélérer la modernisation des capacités du Canada, sans quoi il ne pourra pas apporter sa juste contribution à sa relation avec les États-Unis.
En conclusion, la base industrielle du Canada est le moteur de l'innovation dans le secteur spatial. Le gouvernement a un rôle vital dans la gestion des entreprises civiles et militaires, et il doit se doter d'une vision nationale en veillant à mieux intégrer le secteur commercial. Pour ce faire, le Canada doit avoir une idée plus claire de ce qu'il souhaite réaliser, faire en sorte que le secteur commercial fasse partie intégrante de ce processus, et favoriser explicitement ses liens avec le secteur de la défense.
Je m'arrête ici, monsieur le président.
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Merci de me donner la possibilité de comparaître devant ce comité. Je m'appelle Ewan Reid. Je suis le fondateur et le chef des opérations de Mission Control, ainsi que membre du conseil d'administration d'Espace Canada.
Mission Control est une entreprise émergente entièrement canadienne qui a été fondée il y a 10 ans et dont le siège est à Ottawa. Nous développons des technologies nnovantes pour les missions spatiales, et plus précisément des solutions d'actionnement des systèmes robotiques et de charges utiles évoluées, ainsi que des solutions d'intelligence artificielle, ou IA, dans l'espace. Au cours de la prochaine année, notre technologie va être utilisée dans le cadre de trois missions de véhicules d'exploration lunaire, par des clients de trois continents. À notre connaissance, nous sommes la seule entreprise canadienne à urnir du matériel pour des missions de véhicules d'exploration lunaire. Notre entreprise a aussi été la première dans le monde à envoyer une technologie d'IA d'apprentissage profond sur la lune.
En plus d'être intégrée à des véhicules et à des missions d'exploration lunaire notre technologie d'IA peut être intégrée à des applications d'obsevation de la Terre et de connaissance du domaine spatial. L'an dernier, nous avons téléversé un algorithme d'IA d'apprentissage profond dans un satellite d'observation de la Terre de l'Agence spatiale européenne. Plus récemment, nous avons annoncé la prochaine avancée spectaculaire du Canada dans le domaine de l'IA dans l'espace dans le cadre de la mission Persistence. Grâce à une aide financière de l'Agence spatiale canadienne, la mission Persistence vise à faire la démonstration que le recours à une technologie d'IA robuste et résiliente pour le traitement des données en orbite va permettre de préserver la bande passante, d'accélérer la prise de décisions rapide et d'approfondir notre connaissance de la Terre. Cette avancée marque un changement radical de paradigme.
L'IA est employée depuis des années pour le traitement de quantités colossales de données générées dans l'espace. Toutefois, le traitement sefait au sol et les exploitants dépensent des millions de dollars par année pour la transmission de toutes ces données en iaison descendante par une station terrestre et leur traitement intelligent en vue de la producion d'informations exploitables. La mission Persistence a pour objectif d'utiliser cette capacité d'une manière optimale en déployant l'IA à bord d'un engin spatial en vue de la transmission en liaison descendante des informations ploitables plutôt que des données brutes. Les exploitants vont économiser des millions de dollars par année, mais aussi un temps précieux, ce qui constitue un avantage névralgique pour les applications de défense et de sécurité. En fait, les engins spatiaux pourront être utilisés à des fins qui seraient inenvisageables sans l'IA à bord. Par exemple, elle va permettre d'utiliser es engins spatiaux à très faible distance l'un de l'autre. Beaucoup de ces usages présentent un très grand intérêt dans le domaine de la défense spatiale. Nous savons que des adversaires du Canada sont en train de développer ces capacités.
Avant d'inaugurer l'ère de l'IA dans l'espace, nous devons faire la démonstration de son efficacité, et c'est pourquoi la mission Persistence est si importante. Cette mission de démonstration en orbite s'étendra sur un an et permettra de confirmer que l'IA peut être un outil résilient et fiable. Une fois cette démonstration faite, nous allons pouvoir faire breveter notre plateforme et obtenir notre part des milliers de milliards de dollars que cette industrie devrait générer au cours des prochaines années. Les possibilités sont énormes mais, pour exploiter ce potentiel, nous devons être en mesure de rivaliser avec des sociétés étrangères qui bénéficient d'un soutien financier substantiel, qui font des progrès rapides et, surtout, qui travaillent en étroite collaboration avec leurs gouvernements.
Nous avons reçu du financement du gouvernement canadien pour la recherche et le développement, et nous avons également reçu l'aide d'organismes et de programmes comme le Conseil national derecherches Canada, le Programme d'aide à la recherche industrielle, Exportation et développement Canada, la Banque de développement du Canada et d'autres. Cependant, le contexte canadien est loin d'être favorable pour les entreprises qui font face à la concurrence mondiale. Les entreprises canadiennes comme la mienne ont besoin de plus qu'une aide minime et irrégulière à la recherche et au développement. Nous avons besoin de la certitude que procurent un plan à long terme du gouvernemen et un partenariat avec lui. Nous ne pouvons pas nous contenter de faire seulement de la recherche, du développement et des démonstrations de technologies et de services. Nous devons pouvoir les vendre au gouvernement.
Dans le monde, les pays qui sont en tête de peloton dans le secteur spatial collaborent étroitement avec leurs industries nationales. Dans ces pays comme la Chine ou les États-Unis, les gouvernements sont les principaux clients de leur industrie spatiale. Ils achètent les services que les entreprises veulent leur vendre et contribuent ainsi à renforcer la compétitivité de l'industrie et à générer du capital. Dans le secteur spatial, les progrès de l'innovation, de la robotique et de l'IA sont très rapides. Le Canada et les entreprises canadiennes doivent trouver des moyens de tirer parti rapidement de l'innovation pour que l'industrie nationale puisse répondre aux besoins des Canadiens dans un monde moderne et en constant évolution, où les tensions géopolitiques et les changements climatiques s'intensifient, et où les technologies progressent rapidement, et particulièrement dans le secteur spatial.
Les investissements privés sont beaucoup moins importants au Canada qu'aux États-Unis. Si les entreprises canadiennes peuvent être assurées de vendre plus rapidement et plus efficacement leurs produits au gouvernement, il serait plus facile pour l'industrie spatiale de générer du capital, de continuer à progresser, de faire la démonstration et la commercialisation de technologies clés, et de soutenir la concurrence internationale. Au‑delà de la compétitivité mondiale, le soutien à l'essor de la base industrielle contribue à notre souveraineté en matière de capacités spatiales. Le Canada doit être en mesure de soutenir le cycle complet des programmes spatiaux, de la conception à la construction, en passant par le lancement et l'exploitation. Autrement, les Forces armées canadiennes et les citoyens canadiens dépendront des autres pays pour les infrastrutures essentielles de communication, la souveraineté dans l'Arctique, la surveillance des feux de forêt et des pêches, et bien d'autres domaines.
Les entreprises canadiennes ont été à l'avant-garde en matière d'IA, dans le secteur spatial et de la robotique, mais elles risquent de se faire distancer si elles ne peuvent pas vendre leurs capacités au gouvernement canaien au même rythme où elles évoluent.
C'est ce qui conclut ma déclaration liminaire.
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C'est une excellente question.
Historiquement, quand on parlait de capacité de défense, on faisait référence aux forces maritimes, terrestres et aériennes.
Je me suis rendu en Norvège il y a quelque temps, au Centre de guerre interarmées parce que Calian donne maintenant des formations pour le compte de l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord, l'OTAN. Je suis allé en Lettonie dernièrement. Le message très clair que nous devons tous entendre, c'est qu'il faut considérer l'espace et le cyberespace comme les nouveaux domaines… En plus des espaces aériens, terrestres et maritimes, nous devons maintenant prendre en considération l'espace et le cyberespace.
Ce que j'ai essayé d'expliquer, c'est que le problème devient de plus en plus complexe en raison du rythme effréné de l'innovation dans tous ces domaines. Dorénavant, pour assurer une réelle capacité de guerre et de combat, il faut tenir compte de tous ces domaines. J'ai essayé de faire ressortir l'importance d'englober tous ces domaines. Nous ne pouvons pas nous limiter à un élément en particulier. Tous ces éléments doivent être pris en considération pour l'élaboration d'une politique spatiale et d'une politique de défense.
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Tout à l'heure, j'ai parlé du fait que ces algorithmes ont un usage précis et que cette technologie ne pourrait pas être modifiée pour servir à autre chose. Il n'y a pas de risques graves comme ceux dont on nous parle dans les médias, pas de possibilité que l'IA prenne le contrôle, pour ainsi dire.
L'idée ici, c'est qu'avec l'intensification des activités dans l'espace — où les opérations sont foncièrement compliquées en raison des longs temps de latence des signaux de communication, des bandes passantes et de la capacité de traitement limitées —, plus les fonctions embarquées à bord des engins spatiaux sont intelligentes, plus les possibilités sont grandes.
Ce dont il est question, c'est de stations spatiales commerciales qui vont prendre la relève de la Station spatiale internationale. Comment allons-nous les construire? Elles vont être construites grâce à la robotique. Est‑ce qu'elles seront automatisées? Sans doute que oui.
Comme je l'ai dit, le potentiel est énorme pour les entreprises canadiennes, et nous devons nous assurer qu'elles restent chez nous. Il faut qu'elles tirent profit de ces possibilités en étant au Canada.
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Je le redis, l'économie de l'espace peut vraiment être un moteur de l'économie canadienne. Je crois qu'elle peut contribuer, comme je l'ai dit tout à l'heure, à atteindre le niveau de 2 % du produit intérieur brut pour la défense. C'est un secteur qui offre des possibilités uniques. Concernant la productivité, tous les acteurs de l'industrie cherchent actuellement des façons de l'augmenter.
Notre concurrence est mondiale, et ce serait irresponsable de ma part de prétendre que tout est réglé. Il faut trouver des façons d'accroître notre productivité et de créer des emplois dans les domaines des sciences, des technologies, du génie et des mathématiques. Il faut faire une analyse de toutes les industries qui ont besoin de ces compétences techniques et en génie. Bref, des améliorations sont possibles, mais je crois que nous sommes déjà très forts. Je ne veux absolument pas donner l'impression que nous ne sommes pas prêts à rivaliser avec la concurrence mondiale.
Pour revenir sur le conseil de l'espace, c'est vraiment une belle occasion de réfléchir à des moyens de mobiliser l'industrie dans tous les domaines d'activité du gouvernement pour discuter des utilisations spatiales, militaires et civiles, de même que des priorités… Nous devons nous assurer d'être prêts à relever le défi. En fait, nous sommes prêts, mais nous voulons savoir si nous sommes au même diapason que vous pour ce qui est des priorités.
Si nous connaissons les priorités et les échéanciers, nous serons prêts. Nous pourrons collaborer avec vous dans le cadre de nouveaux programmes et en matière d'innovation, et faire tout ce qu'il faut pour y parvenir. Mais pour le moment, nous devons prendre un pas de recul pour nous assurer que nous sommes prêts à avoir cette discussion avec vous concernant ce qui nous est demandé et à quel moment. Le mandat doit être clair.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins pour leur comparution devant le Comité.
Je vais poursuivre dans la foulée des questions précédentes, mais j'aimerais les aborder sous un angle un peu différent. M. Stewart vous a interrogé au sujet des technologies à double usage et des enjeux de sécurité associés. Malheureusement, nous savons que la machine gouvernementale bouge beaucoup plus lentement que des domaines comme l'IA et ces technologies.
On entend beaucoup parler du déclin de la coopération internationale dans le secteur spatial. Les Nations unies ont travaillé à des accords sur les protocoles du Comité des utilisations pacifiques de l'espace extra-atmosphérique. Il y a eu des complications. Nous avons parlé de la vitesse à laquelle évolue l'intelligence artificielle et des risques pour la sécurité.
J'aimerais avoir votre avis sur les efforts déployés… Pensez-vous que nous faisons assez d'espace, sans vouloir faire de jeu de mots, ou que nous accordons suffisamment d'importance aux balises reconnues internationalement?
De plus, monsieur Reid, vous avez parlé précisément des usages ou des capacités limitées de vos technologies. L'utilisation de l'IA est‑elle assujettie à une réglementation gouvernementale? Devez-vous vous conformer à un cadre réglementaire? Selon vous, devrions-nous faire mieux?
C'est une vaste question. Elle comporte plusieurs… Je suis désolée.
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C'est une excellente question. C'est toujours un défi dans le domaine de l'innovation. Pour l'instant, nous parlons d'IA, mais dans deux ans, nous allons probablement parler d'IA quantique ou de quelque chose d'autre.
Là encore, le conseil de l'espace va nous offrir une tribune extraordinaire pour discuter avec le gouvernement d'enjeux comme celui que vous venez d'évoquer. Nous allons pouvoir discuter avec lui de la mise en place d'un cadre qui ne compromettra pas nos progrès. L'innovation est un catalyseur essentiel mais, pour répondre à votre question, il faut garder les yeux grands ouverts pour ce qui concerne les politiques.
L'industrie, et le conseil de l'espace également… Nous sommes prêts à discuter avec le gouvernement de la manière dont il faut procéder. Le défi, comme vous l'avez dit, c'est que le monde va de l'avant, et que nous devons trouver notre rôle.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je souhaite la bienvenue aux témoins.
Monsieur Ford, je commencerai par vous. Au début de cette étude, j'ai interrogé des témoins sur la politique spatiale en ce qui concerne la relation entre certains de nos fournisseurs du secteur commercial et ceux dont nous dépendons. Vous avez souligné que nos alliés ont intégré leur secteur commercial dans leur stratégie de défense. Il me semble que vous avez tous deux évoqué toute la question de la dépendance croissante à l'égard du secteur privé. Elle présente d'énormes avantages du point de vue des économies. C'est le moteur de l'innovation. Je suis d'avis qu'il est important que nous ayons ces partenariats avec le secteur privé.
Toutefois, si je prends le cas de M. Musk et l'aspect politique de certaines de ses positions, que ce soit au sujet de Taïwan ou de la Russie... certaines dans les médias, à des postes gouvernementaux, parfois aux États-Unis... Un administrateur de la NASA vient de demander qu'il y ait une enquête sur les allégations selon lesquelles M. Musk est en contact régulier avec M. Poutine depuis 2022. La situation est délicate. Le gouvernement dépend de plus en plus du secteur privé, et lorsque le secteur privé a des positions politiques qui ne cadrent pas avec celles du gouvernement, il y a un problème. Il y a des problèmes de sécurité.
Pouvez-vous me dire comment les gouvernements, qu'il s'agisse de celui du Canada ou de gouvernements alliés, gèrent une dépendance croissante à l'égard du secteur privé quand celui‑ci affiche des positions différentes des nôtres, que ce soit du point de vue de la sécurité ou autrement?
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C'est une excellente question.
D'après moi, premièrement, nous devons nous assurer que le Canada dispose d'une capacité souveraine. Deuxièmement, je pense que les paramètres de cette relation doivent être très bien documentés et compris dès le départ, afin que nous ne nous retrouvions pas dans une situation où nous parlons d'un cas d'utilisation où quelque chose s'est produit et où nous disons que nous ne comprenons pas pourquoi cela se produit. Il est essentiel que la relation avec l'industrie soit bien documentée dès le départ en ce qui concerne la manière dont nous allons travailler ensemble, pas seulement aujourd'hui, mais pendant de nombreuses années, et ce doit être clarifié dès le début de la réunion et pas 10 ans après le début de la relation.
Cela dit, une gouvernance habituelle de la relation en ce qui concerne la façon dont les choses sont gérées est essentielle. Il faut vérifier ce qui est fait et si vous êtes en phase pour ce qui est du service que vous obtenez conformément aux instructions de l'entente sur le contrat.
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Je ne parlerai pas de mes affinités politiques dans cette salle.
Je pense, comme M. Ford, qu'il est possible d'intégrer des éléments et des exigences dans un contrat sur le contrôle au sein d'une organisation. M. Musk semble garder beaucoup de contrôle sur Starlink, par exemple — il l'éteint, le rallume.
Je pense qu'il y a des solutions pour que, si une entreprise canadienne fournit un service de communication ou un service robotique ou autre chose dans l'espace, et que le gouvernement le lui achète en tant que client, encore une fois, idéalement en tant que service, je pense qu'il y a des solutions pour que le contrat dise que nous avons la capacité de prendre ces décisions — pas en tant que dirigeant, pas en tant que conseil d'administration ou en tant que personne. Encore une fois, il y a aussi des différences entre les entreprises canadiennes cotées en bourse comme Calian et M. Ford, et SpaceX, qui est entièrement privée, dont nous ne connaissons pas les investisseurs et pour laquelle nous ne savons pas à quoi ressemble ce contrôle.
J'abonde certainement dans le sens de M. Ford quand il dit qu'il s'agit d'un argument de plus en faveur de capacités spatiales nationales. Sinon, nous dépendons aussi de M. Musk si nous voulons lancer des satellites canadiens. C'est le cas actuellement, car il a un quasi-monopole. Par conséquent, trouvons une société de fusées canadienne qui lancera des satellites de défense canadiens depuis le sol canadien et, au moins, démarquons-nous sur cette question.
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C'est une excellente question.
Pour moi, l'essentiel est que, si nous pouvons continuer de travailler avec le gouvernement comme client sur les besoins et sur ce qu'il essaie d'accomplir, nous puissions vous dire quelle est la meilleure façon de le faire en fonction des innovations actuelles et en pensant à l'avenir. Il me semble que vous devez avoir la possibilité de devenir client et avoir vos exigences, et ne pas sentir la pression, à vrai dire, de définir la solution. À mon avis, l'industrie est tout à fait capable de définir la solution. Ce que nous devons faire, c'est travailler avec vous sur le défi que nous essayons de relever, puis revenir vers vous avec des idées sur la façon de s'y prendre. Au fond, sans mettre la pression sur le gouvernement pour qu'il ait l'impression de devoir nous dire comment il va construire ou concevoir la maison, nous pouvons travailler avec vous une fois que vous avez un énoncé clair des besoins, pour accélérer ce processus.
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Merci, monsieur le président.
Messieurs, c'est fort dommage que nous n'ayons que quelques minutes pour échanger encore, car, en vous écoutant, j'ai eu beaucoup d'idées.
Tout à l'heure, je mentionnais que la ville de Montréal était une plaque tournante de l'industrie aérospatiale. Je me suis aussi rappelé que Montréal était un carrefour de l'intelligence artificielle. Donc, j'aimerais utiliser les deux minutes qu'il nous reste ensemble pour réfléchir avec vous à voix haute, au bénéfice de la partie gouvernementale, sur l'élaboration d'une stratégie de développement de l'aérospatiale.
Comment le gouvernement pourrait-il élaborer une stratégie industrielle qui tire profit non seulement de la présence de l'industrie aérospatiale et de l'intelligence artificielle à Montréal, mais aussi du caractère français de cette ville? En effet, cet élément pourrait nous permettre d'avoir des relations plus étroites avec nos partenaires européens et leurs entreprises.
J'aimerais entendre votre opinion à tous les deux.
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Selon moi, c'est l'occasion de le faire et c'est pourquoi je suis ravi d'être ici aujourd'hui. C'est le moment ou jamais. Le gouvernement a parlé de son engagement à l'égard de l'IA, de l'espace, du Conseil national de l'espace, de l'aérospatiale et des dépenses de défense.
Je pense qu'il se présente actuellement une occasion unique de travailler avec l'industrie globalement afin de voir comment nous pouvons tirer le meilleur parti de ce pays extraordinaire dans lequel nous vivons et de l'ensemble des compétences qu'il a à offrir. J'ai des collaborateurs à Saskatoon, en Ontario et au Québec. Je suis prêt, en fait, à investir pour être certain qu'ils soient prêts à aller aider à relever ces défis.
À mon sens, vous posez une bonne question, et je suis ravi d'être ici. Je pense qu'il s'offre à nous une occasion unique, parce que tout se présente à nous en même temps. Nous trouvons formidable l'idée du Conseil national de l'espace s'il peut chercher à régler cette question. Comment pouvons-nous examiner ce que vous avez mentionné, comme l'IA, l'espace et la défense, et progresser de manière concrète et globale de sorte qu'en tant qu'industrie, nous n'essayions pas de déterminer quelle est la priorité du moment?
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Je répondrai que nous ne rédigeons pas nos propres contrats pour augmenter nos marges bénéficiaires. Nous gérons beaucoup de contrats, et nous le faisons dans l'esprit du contrat qui nous est confié.
Le processus d'approvisionnement est très clair: les entreprises n'ont pas leur mot à dire sur les exigences de marchés qu'elles chercheront ensuite à obtenir, et nous avons renoncé à répondre de nombreux appels d'offres parce que l'équipe avait participé à la définition des exigences.
De notre point de vue, le système fonctionne actuellement dans le contrat en question. Il ne permet pas la monopolisation et, dans le même ordre d'idées, il met en place certains obstacles de sorte que, si l'on travaille sur les exigences, on n'est pas autorisé à soumissionner ensuite sur l'appel d'offres correspondant. Nous n'avons pas, selon moi, eu ce problème.
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Pour être honnête avec vous, le secteur privé rencontre quantité des mêmes problèmes. Je ne pense pas que le gouvernement doive faire quelque chose. Il y a toujours tellement à faire et les ressources comme le temps sont limitées. À mon avis, il faut d'abord arriver à un ordre de priorité logique dans ce qui est à faire.
À l'heure actuelle, je pense que nous devons reconnaître que, compte tenu des problèmes de capacité, il y a des limites à ce que l'on peut faire en parallèle. Par conséquent, il faut se demander quelles sont les choses dont nous devons faire passer en première ligne. Il faut donc se concentrer sur ces choses, les réaliser, puis passer à la vague suivante, puis à la vague suivante.
L'industrie est prête, selon moi, à avoir ces discussions. Nous sommes conscients que le ministère de la Défense nationale subit d'énormes pressions avec la réalité du rythme des opérations, qu'il s'agisse des changements climatiques ou de l'Ukraine. Il me semble que si nous pouvons examiner ce qui est sur la table, dresser la liste de priorités de cette première vague, obtenir des ressources suffisantes pour les réaliser, ainsi que l'approvisionnement et l'engagement de respecter un calendrier d'exécution, c'est un début. Pour l'instant, il n'y a que...
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je vous remercie, monsieur Ford et monsieur Reid, de votre présence aujourd'hui.
Je poserai deux questions, et toutes deux sont pour vous deux. Nous commencerons par M. Ford, puis nous passerons à M. Reid.
Selon vous, que peut faire le gouvernement du Canada pour aider à promouvoir des entreprises canadiennes à l'étranger? Quelles sont, selon vous, les possibilités qui existent déjà et que nous oublions lorsqu'il s'agit de vous promouvoir à l'étranger?
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Chers collègues, il est 17 heures. Nous reprenons nos travaux.
Nous avons deux témoins pour notre deuxième heure. De Galaxia Mission Systems, nous accueillons M. Gharagozli, chef de la direction. De Global Spatial Technology Solutions Inc., nous accueillons M. Kolacz, qui vient de Boston. Merci à tous les deux de vous joindre à nous.
Vous disposez chacun de cinq minutes pour une déclaration liminaire. Ensuite, chers collègues, je pense que nous devrons réduire un peu le temps consacré aux questions, car je ne pense pas que nous pourrons terminer en temps voulu.
Peut-être, puisque M. Kolacz est le plus éloigné, nous lui donnerons la parole pour sa déclaration liminaire.
J'essaierai de ne pas vous interrompre, mais si vous pouviez vous en tenir à cinq minutes, ce serait très bien.
Je vous remercie de votre attention.
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Bonjour à tous. Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de m'adresser à ce comité.
Je m'appelle Richard Kolacz. Je suis fondateur et chef de la direction de Global Spatial Technology Solutions, une société d'intelligence artificielle maritime qui s'appuie sur des données provenant de divers actifs spatiaux pour développer des solutions qui soutiennent l'évaluation des risques et des menaces maritimes à l'échelle mondiale, ainsi que l'optimisation de la chaîne d'approvisionnement mondiale.
Notre objectif est de devenir le NAV CANADA des océans, en assurant la sécurité maritime, la sûreté et la résilience de la chaîne d'approvisionnement pour le Canada et le monde entier, puisque 90 % du commerce mondial se fait par bateau.
Ma principale activité dans le domaine de l'espace a été de diriger une équipe qui a mis au point le premier réseau de satellites mondial dédié à la surveillance maritime, qui a été conçu et construit au Canada en réponse à la directive présidentielle 41 sur la sécurité nationale des États-Unis. Cette directive, émise après le 11 septembre, visait la mise au point d'un système non classifié pour surveiller tous les navires du monde, en permanence, afin de détecter les risques et les menaces venant de la mer.
Lorsque j'ai été invité à comparaître devant le Comité, la première question que je me suis posée a été: que recherche le Comité?
Comme vous le savez, les points du mandat de l'étude sont les suivants.
Premièrement, étudier l'état actuel des capacités et des programmes de défense canadiens. Comme j'ai quitté l'uniforme depuis un certain temps, il m'est apparu clairement que ce sont les membres des Forces canadiennes qui seraient le plus à même de fournir des détails sur ce sujet.
Deuxièmement, étudier les accords et les partenariats internationaux liés à la défense spatiale. Encore une fois, ce sont les membres du gouvernement qui négocient ces accords qui sont les mieux placés pour gérer cet aspect.
Troisièmement, étudier l'impact des avancées spatiales sur la souveraineté et la sécurité nationale du Canada. C'est une question à laquelle j'ai pensé pouvoir contribuer. Voici mon point de vue sur le troisième point.
Les biens spatiaux sont indispensables à notre sécurité nationale, à notre commerce et à notre souveraineté, et notre dépendance à leur égard ne cessera de croître. Les biens spatiaux sont utilisés d'un océan à l'autre pour soutenir les communications et gérer les ressources. On utilise les satellites pour surveiller la météo et l'environnement et pour détecter les menaces. On utilise les signaux GPS pour tous les transports financiers et les services de localisation.
Les nouveaux développements de la technologie spatiale, la réduction des coûts et l'augmentation des capacités signifient qu'il y aura beaucoup plus d'actifs commerciaux dans l'espace, offrant beaucoup plus de capacités que le Canada utilisera certainement pour des applications commerciales, civiles et de défense.
L'espace est essentiel pour l'économie, la souveraineté et la sécurité du Canada. Mes observations porteront sur la protection de ces biens et de ceux à venir.
Quelle forme devrait prendre cette protection?
La défense contre les dommages physiques ou la destruction des biens spatiaux est un élément. Si un tel événement devait se produire, il est probable que la situation devienne rapidement très grave et qu'il y ait de nombreux problèmes à résoudre.
L'autre défense à envisager est la défense contre l'interférence non physique dans les données des satellites ou le contrôle des satellites eux-mêmes — les attaques informatiques et de manipulation des données. Ces attaques se font en permanence. Nous en observons les effets dans de nombreux secteurs au Canada.
Pour moi, ce genre d'activités, qui est continu aujourd'hui, est beaucoup plus probable que les dommages physiques intentionnels. Les dommages causés par ces événements peuvent être aussi graves que la destruction d'actifs physiques et auraient un impact considérable sur notre économie et notre souveraineté.
J'aurais tendance à me concentrer sur des solutions de protection pour faire face à ces problèmes.
Comment procéder?
En améliorant les solutions de cryptage des données par satellite, comme le cryptage à clé quantique, qui est en cours de développement au Canada aujourd'hui. La protection des actifs peut également être soutenue par la surveillance des signaux et des données au moyen de l'intelligence artificielle pour déterminer si des attaques s'annoncent, indiquer qu'il faudrait utiliser des systèmes différents ou signaler que les données ont été compromises. Chez GSTS, nous procédons ainsi pour détecter les anomalies dans le modèle de vie des navires, anomalies qui indiquent un risque ou une menace.
La défense de l'espace est une activité complexe à plusieurs niveaux. Elle doit couvrir toute une série de menaces, de la destruction physique aux tactiques beaucoup plus subtiles de désinformation et de tromperie. Aucun pays ne peut couvrir tous les aspects à lui seul.
Le Canada obtient souvent de bons résultats en se concentrant sur une capacité précise, en développant une expertise de niche et en la proposant à ses alliés dans le cadre d'un système de défense spatiale complet et multicouche partagé par tous. L'analyse par l'intelligence artificielle des anomalies générées par les satellites est une capacité peu coûteuse et de grande valeur que le Canada pourrait offrir en tant que contribution importante à un réseau de défense spatiale collaboratif.
Je vous remercie de votre attention.
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Bonjour, monsieur le président et membres du Comité. Je vous remercie de me donner l'occasion de m'exprimer sur le sujet crucial de l'espace dans le domaine de la défense du Canada.
Je m'appelle Arad Gharagozli et je suis le fondateur et chef de la direction de Galaxia Mission Systems, un fabricant canadien de satellites intelligents. Notre siège social se trouve dans la belle Nouvelle-Écosse. Chez Galaxia, nous construisons des plateformes avancées d'intelligence spatiale conçues pour la défense et les utilisations commerciales. Nos satellites traitent les données directement en orbite et sont combinés à l'intelligence artificielle pour fournir une vision en temps réel et une surveillance autonome de la terre. Notre approche transforme le renseignement spatial et stimule l'innovation au profit de la sécurité nationale et des infrastructures essentielles. La technologie spatiale est essentielle pour notre défense nationale. Les biens spatiaux permettent la collecte de renseignements, la communication et la navigation de précision, qui sont toutes essentielles pour la protection de la souveraineté, l'amélioration de nos capacités de combat et la sécurisation des infrastructures essentielles du Canada.
Le déploiement des technologies spatiales est plus rapide que jamais, mais les missions spatiales traditionnelles, à cycle long, ne peuvent pas répondre aux exigences rapides des besoins de défense modernes. Pour rester compétitif, le Canada doit adopter des capacités spatiales plus agiles et plus réactives et réduire le temps qui s'écoule entre le repérage d'une lacune et le déploiement de solutions en orbite. L'essor de nouvelles entreprises spatiales est essentiel pour relever ces défis. Des entreprises plus petites et plus agiles peuvent fournir des solutions et des services novateurs plus rapidement et de manière plus rentable, ce qui permet au Canada de répondre rapidement à l'évolution des besoins en matière de défense.
Le cadre des priorités spatiales des États-Unis souligne la nécessité de disposer de capacités spatiales résilientes et réactives, ce qui correspond au besoin croissant du Canada d'améliorer ses opérations spatiales. Le cadre souligne que, l'espace devenant un domaine contesté, il s'agit de protéger les biens spatiaux, d'encourager l'innovation et de renforcer la défense nationale au moyen d'une collaboration entre le secteur public et le secteur privé. Le Canada doit faire de même en développant des capacités de lancement indépendantes, en investissant dans de nouvelles entreprises spatiales et en assurant une intégration transparente entre le secteur privé et celui de la défense du Canada. Cela signifie qu'il faut utiliser des modes d'approvisionnement nationaux pour propulser les entreprises nationales, ce qui permettra d'accroître les capacités spatiales du Canada, de développer notre portefeuille d'experts et de créer des emplois dans le secteur spatial ici, chez nous.
L'Agence spatiale canadienne a joué un rôle de premier plan dans ce domaine, en soutenant des solutions novatrices sur les marchés scientifiques et commerciaux de l'espace dès les premiers stades de la recherche et du développement. Bon nombre de ces applications s'étendent au marché de la défense avec de fortes capacités de double usage. Nous devons accroître notre soutien à l'Agence spatiale canadienne pour qu'elle reste compétitive et réponde aux besoins de croissance du secteur spatial national.
Nous devons également moderniser les programmes d'approvisionnement de la défense afin d'intégrer la nouvelle économie spatiale dans sa chaîne d'approvisionnement, en particulier sous la forme d'entrepreneurs maîtres d'oeuvre. Cela signifie qu'il faut augmenter la fréquence des projets sous forme de contrats, afin de garantir l'évolution à long terme de l'industrie, la sécurité de l'emploi et la durabilité de l'innovation. La création du Conseil national de l'espace est une bonne chose, tout comme l'est la création de la 3e Division spatiale du Canada, mais il reste encore du travail à faire.
Les processus actuels d'approvisionnement bureaucratiques et longs créent des obstacles pour les nouvelles entreprises spatiales canadiennes, limitant l'innovation et ralentissant le progrès. Des mécanismes d'approvisionnement rationalisés permettraient au secteur privé de s'engager dans des projets gouvernementaux et de créer des technologies de pointe. Un Canada indépendant sur le plan spatial et doté de solides capacités de défense est essentiel pour notre sécurité et notre croissance économique à long terme. En accueillant des entreprises spatiales nouvelles et émergentes, nous construirons un secteur spatial fort ici même au Canada, en soutenant à la fois le secteur commercial et le secteur spatial. Nous pourrions atteindre cet objectif si notre processus d'approvisionnement public était prêt à adopter les nouvelles façons d'innover que nos alliés ont déjà. L'accélération de la croissance de nos nouvelles entreprises spatiales nationales, l'adoption de politiques d'approvisionnement de défense actualisées et la rationalisation des canaux de communication permettront également un flux de renseignements afin de repérer les lacunes et de permettre au secteur privé de réagir rapidement.
Enfin, l'espace est un domaine complexe et coûteux. Nous devons augmenter notre soutien à l'Agence spatiale canadienne afin de garantir que la recherche et le développement de capacités spatiales essentielles continuent à se développer. Le jour où nous construirons un Canada indépendant de l'espace en maximisant l'utilisation de nos talents et de compétences nationaux pour repousser les limites du possible dans l'espace, le Canada deviendra une nation prête pour l'avenir, dotée de solides capacités de défense et de commerce qui dépasseront nos frontières.
Je vous remercie de votre attention.
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Je suis nouveau dans ce comité, mais il me semble que lorsque nous parlons de défense, en particulier de la souveraineté dans l'Arctique, quelle que soit la façon dont on la découpe, pour protéger l'Arctique et l'immensité des régions nordiques, toute tentative de surveillance de nos frontières nécessitera une grande utilisation de satellites. Tout, de la surveillance météorologique aux communications, semble passer par les satellites.
M. Kolacz a parlé de cybersécurité en évoquant ce qui semble être un armement antisatellite, que certains pays sont en train de mettre au point. Avez-vous réfléchi à ce que vous pouvez faire en matière de protection contre les armes antisatellites, le cas échéant? Il me semble que notre défense est étroitement liée à nos communications par satellite.
Que pouvons-nous faire, le cas échéant, pour éviter d'être totalement tributaires des satellites et pour nous protéger contre la possibilité qu'un autre pays, en détruisant nos satellites, puisse gravement compromettre toutes nos défenses, en particulier dans le Nord?
Oui, c'est bien dit. Toutefois, quelle est la probabilité que quelqu'un s'empare physiquement d'un satellite? Elle est bien moindre que celle d'une personne qui prendrait le contrôle d'un satellite par voie électronique ou qui perturberait le flux de renseignements.
Actuellement, nous surveillons l'Arctique toutes les minutes en examinant les images et les signaux émis par un grand nombre de satellites. La suppression de tous ces satellites commerciaux, qui fournissent aujourd'hui probablement plus de 80 % de la capacité de surveillance et de communication, représente un énorme défi. Le retrait de certains satellites qui fournissent des capacités stratégiques est une chose différente. Il s'agit en fait de déterminer la probabilité qu'un événement se produise et l'impact de cet événement.
Encore une fois, à l'heure actuelle, ce qui se passe et que nous observons dans plusieurs pays, c'est quelqu'un qui perturbe le flux de renseignements. Sans être une fonction de guerre hostile, c'est suffisant pour perturber l'économie, et la défense économique est la défense nationale. La question est de savoir comment gérer cette capacité.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Gharagozli, je pense que je ne surprendrai personne ici en mentionnant que la question de la souveraineté m'intéresse beaucoup. Je ne parle pas de la souveraineté du Québec, mais bien de celle du Canada.
Dans votre intervention, vous avez mentionné la nécessité pour le pays d'avoir des bases de décollage pour les systèmes satellitaires. Je laisserai à mes collègues de l'opposition officielle le soin de poser des questions relatives à la sécurité nationale, ma préoccupation étant plutôt axée sur l'économie.
Au Québec, nous avons des régions en voie de dévitalisation qui ont besoin d'un coup de pouce pour assurer leur développement économique. Comme je ne suis pas du tout un initié, je veux savoir ceci. Construire une base de lancement de la sorte, combien cela coûte-t-il? Comment finance-t-on cela? Combien d'emplois cela crée-t-il? Finalement, quels sont les sites idéaux où l'on peut construire cela au Canada, et préférablement au Québec?
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Je viens de la Nouvelle-Écosse. Maritime Launch Services est un exemple. L'entreprise s'emploie à construire ce type de capacité en Nouvelle-Écosse. En résumé, c'est très simple: nous avons la chance d'avoir trois côtes autour de notre pays. Imaginez si nous n'avions pas cette chance, si le Canada était un pays enclavé, quel fardeau financier cela représenterait pour nous à notre époque.
Compte tenu des progrès en matière d'exploitation de l'espace, il est probable qu'un jour, les fusées pourront même transporter des marchandises, sans parler de la mise en orbite d'engins spatiaux. Il est très important que nous ayons cette capacité et que nous ne dépendions pas d'autres nations pour nous amener dans ce milieu, l'espace, une capacité qui nous fait défaut actuellement.
Comme je l'ai dit, une grande partie de nos capacités de lancement dépendent d'autres pays qui lancent à partir des États-Unis ou d'entreprises qui lancent à partir de l'Inde ou de l'Europe, et nous devons donc ramener ces capacités chez nous. Je ne peux pas faire d'observations précises sur d'autres sites — le choix des sites de lancement n'est pas de mon ressort —, mais il est très difficile de trouver les endroits où l'on peut construire un port spatial.
En ce qui concerne la capacité, c'est quelque chose que nous...
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Je vais passer tout de suite aux autres questions.
Monsieur Kolacz, vous avez parlé des dangers possibles liés à des installations satellitaires, par exemple des attaques contre celles-ci. Encore une fois, je ne suis pas un initié, alors j'aimerais en savoir plus. Je ne vous demande pas non plus de nous donner un mode d'emploi, bien sûr, mais j'aimerais savoir de quelle façon on s'attaque à des installations satellitaires et de quelle façon nous pouvons nous protéger contre cela.
Nous avons tous vu des films de James Bond, comme GoldenEye. Devons-nous craindre des explosions nucléaires visant à détruire toutes les installations électromagnétiques?
Je voudrais entendre vos commentaires là-dessus.
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Oui, je dirais exactement la même chose. C'est un problème persistant, je dirais, dans toutes les entreprises. Je parle plus particulièrement de l'espace.
Comme je l'ai dit, les nouvelles entreprises spatiales sont très douées pour inventer des choses. Nos frais généraux sont très faibles. Nous sommes très agiles. Nous pouvons construire des choses très rapidement. Cependant, si on ne connaît pas les besoins, on ne fait que courir dans le vide.
Le deuxième problème est qu'une fois que l'on dispose de ces capacités, il vous faut vraiment des moyens faciles de les vendre au gouvernement canadien, de monter un dossier qui vous permette d'aller à l'international et d'en faire un produit d'exportation. Cela n'existe pas à l'heure actuelle. Encore une fois, les modèles existent déjà aux États-Unis pour le DOD et même pour la Space Force.
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De notre point de vue... Si j'ai décidé de ne pas continuer à construire des satellites, c'est pour me concentrer sur le développement d'applications qui extraient les renseignements de ces satellites. Les programmes classifiés ne représentent qu'un faible pourcentage de l'activité spatiale globale. Le plus grand pays, les États-Unis sont très actifs dans ce domaine. Cependant, si vous venez de ce domaine, vous savez en quelque sorte ce qu'ils recherchent, outre quelque chose de très précis. Vous savez que vous cherchez à détecter les menaces; vous savez que vous cherchez des capacités de communication.
Dans notre domaine, qui se concentre sur le développement d'applications utilisant les actifs, 80 % des capacités disponibles aujourd'hui sont offertes par des satellites commerciaux. À une époque, elles auraient été considérées comme classifiées, et notre objectif est donc un peu différent. Nous sommes en mesure de fournir et de renforcer des capacités, parce que nous savons ce qui s'en vient et ce qui est là‑haut, et nous sommes en mesure de satisfaire une grande partie de la capacité.
J'ai lancé ces satellites parce que les États-Unis voulaient une solution non classifiée pour suivre les navires afin de pouvoir utiliser leurs fonds pour développer le système classifié. Le développement par le Canada d'un système non classifié a permis d'alléger considérablement le fardeau des ressources classifiées qui auraient...
Je tiens à vous remercier tous les deux d'être ici.
Je vais essayer de résumer une chose que j'aimerais entendre de votre part, et j'espère que vous pourrez nous donner quelques lignes directrices.
Nous avons beaucoup parlé de l'espace et de ce qui s'y trouve, de nature commerciale à 80 %, de l'aspect commercial par rapport à la composante de défense — le matériel à double usage. Je pense que mon collègue a fait référence à un organe de gouvernance international. Sommes-nous trop tard?
Le Canada se fait le champion de nombreuses initiatives par votre intermédiaire, les industriels. Je me demande, à plus grande échelle, quel pourrait être le rôle du Canada dans le développement d'une gouvernance internationale dans le domaine spatial. S'agit‑il d'une OTAN? Quel serait, selon vous, notre rôle en tant que Canadiens?
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Encore une fois, comme nous sommes une organisation qui tire des renseignements des actifs qui sont là‑haut, j'ai constaté en travaillant avec l'Agence spatiale et le ministère de la Défense que les projets qui nous permettent de démontrer la validité de ce que nous faisons sont extrêmement utiles. Ils valent 10 fois plus que l'argent que nous recevons. Nous développons de nouvelles capacités pour gérer les navires, par exemple, pour soutenir la résilience de la chaîne d'approvisionnement et cerner les risques.
Nous avons été financés dans le cadre de plusieurs programmes différents — Supergrappe des océans du Canada, TDDC, RDDC, IDEeS — de sorte que la capacité à valider la technologie est la même que lorsque nous travaillions avec l'Agence spatiale. Chaque fois qu'ils lançaient un satellite, il y avait de la place pour une nouvelle technologie. C'est inestimable et cela nous donne un avantage concurrentiel, en fait, par rapport à d'autres.
Nous aimerions tous avoir plus d'argent, mais l'occasion sera de faire la démonstration du premier système mondial de contrôle du trafic aérien pour les navires utilisant la technologie satellitaire le long de la Voie maritime du Saint-Laurent, depuis les approches de l'Atlantique Nord jusqu'aux Grands Lacs. La possibilité de valider cette capacité et de la montrer au reste du monde est extrêmement importante pour nous, et nous aimerions que ces programmes se poursuivent.
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La plupart des nanosatellites peuvent survivre en orbite terrestre basse, qui se situe entre 500 et 600 kilomètres, pendant trois à quatre ans, mais c'est généralement moins que cela. Tout dépend si le vaisseau spatial revient sur terre pour se désorbiter. S'il reste là‑haut, il est confronté à l'environnement très hostile de l'espace, principalement aux radiations, et l'on peut donc supposer deux ou trois ans de vie.
Cependant, en ce qui concerne l'approche que nous adoptons et que beaucoup d'autres nouvelles entreprises spatiales adoptent, la vitesse à laquelle la technologie évolue ici sur terre ne justifie pas vraiment le lancement d'un satellite qui restera là‑haut pendant 20 ans. Nous continuons à le faire, mais encore une fois, même avec votre téléphone, lorsque vous le comparez à votre téléphone d'il y a deux ans, vous pouvez voir qu'il est beaucoup plus rapide. Les caméras sont plus performantes, etc.
C'est exactement la même chose dans l'espace. Si vous pouvez réduire le coût de votre vaisseau spatial afin de pouvoir effectuer des lancements plus fréquents et disposer de meilleures capacités plus fréquemment... Certaines entreprises ont adopté cette approche.
Je vous remercie.
C'était une discussion intéressante, encore une fois, pour la deuxième heure. Je vous remercie tous les deux de nous avoir fait profiter de vos renseignements et vos connaissances.
Chers collègues, sur ce, nous allons mettre fin à cette séance.
Jeudi matin, notre première heure sera consacrée à cette étude. La deuxième heure est consacrée à nos amis finlandais, mais nous allons changer de salle afin d'accueillir les Finlandais ainsi que le comité des affaires étrangères qui va donner suite à nos questions. Ce n'est pas compliqué, mais je vous informe de ce changement.
Sur ce, je vous remercie de nouveau.
La séance est levée.