Chers collègues...
Un député: J'invoque le Règlement.
Le président: Puis‑je terminer ce que j'ai à dire avant que vous n'invoquiez le Règlement?
Merci.
Je vois que nous avons déjà perdu 20 minutes. Nous devons nous arrêter à 18 heures. Je propose de diviser le temps perdu de manière égale entre les groupes de témoins afin que nous ayons 50 minutes pour chaque groupe. Nous allons essayer de rattraper une partie du temps avec le deuxième groupe en ce qui concerne le temps alloué aux témoins et aux membres.
Sur ce, M. Bezan invoque le Règlement.
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Merci, monsieur le président.
À la réunion de jeudi, vous avez brusquement levé la séance.
Je veux simplement attirer votre attention sur le fait que, dans notre ouvrage de Bosc et Gagnon sur la procédure et les affaires de la Chambre, à la page 1099 du chapitre 20, on peut lire:
L'ajournement d'une réunion de comité peut se faire par l'adoption d'une motion en ce sens. Toutefois, la plupart des réunions sont ajournées de façon plus informelle; le président reçoit alors l'assentiment implicite des membres du comité pour le faire. Un président de comité ne peut pas ajourner une réunion sans le consentement d’une majorité des membres, à moins que le président juge qu’une situation de désordre ou d’inconduite soit si sérieuse qu’elle empêche le comité de poursuivre ses travaux.
J'ai ici une copie des bleus, et vous dites même, monsieur le président: « Veuillez m'excuser d'interrompre ce vigoureux débat, mais il est 17 h 30. » Vous avez levé le maillet sans donner la chance à ceux qui étaient encore sur la liste d'intervenir, et c'était au milieu du temps dont disposait Mme Mathyssen pour parler de la motion.
Je vous demanderais simplement de demander le consentement des membres avant de lever la séance.
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Merci pour ce rappel au Règlement.
Je note qu'il ne s'agit pas d'un rappel au Règlement. Cela concerne une autre réunion. Ce n'est pas un rappel au Règlement portant sur la réunion d'aujourd'hui.
Sur ce, je vais donner la parole aux témoins, et nous pourrons reprendre le débat d'il y a quelques semaines, que j'ai trouvé très intéressant et vigoureux.
Je suppose que nous n'avons pas d'autres déclarations de la part des témoins, alors sur ce, monsieur Kelly, vous avez... Je pense que nous pouvons disposer de six minutes au premier tour.
Je vais donc commencer par M. Crosby. Dans son témoignage dans un autre groupe, Christyn Cianfarani a dit ceci au sujet des achats urgents et de la capacité d'approvisionnement sur le pied de guerre ou de manière urgente:
Si nous voulons que cela se fasse, c'est possible. Les entreprises auront besoin de temps pour accroître la production, mais si c'est ce que nous voulons, nous avons besoin de contrats fermes.
Nous parlions, entre autres choses, de la capacité d'acquérir le matériel dont on avait grandement besoin en Afghanistan. Il a été acheté rapidement et nous avons obtenu l'équipement nécessaire parce que la volonté de le faire était là.
Ce qui décourage beaucoup de gens, c'est l'absence de volonté de la part du gouvernement en ce qui concerne des choses comme les obus de 155 millimètres et les longs délais dans la conception des navires, par exemple. Lorsque nous avons réuni ce groupe de témoins auparavant, le fait qu'il fallait 10 ans pour concevoir un navire était alors fortement défendu.
À la lumière des changements qui se sont produits dans le monde depuis lors, bien sûr, les États-Unis détournent vers Israël des obus de 155 millimètres qui auraient autrement pu être envoyés en Ukraine, en raison d'une pénurie mondiale de ce matériel.
Pouvez-vous nous parler de l'urgence et nous assurer qu'il y a vraiment urgence...? Ma question s'adresse peut-être à M. Crosby et à M. Page.
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Merci, monsieur le président, de la question et bonjour. Merci de me donner l'occasion de comparaître de nouveau devant vous cet après-midi.
Dans le cas des besoins opérationnels urgents, il y a plusieurs exemples précis.
Depuis le début de la guerre en Ukraine en 2022, les Forces armées canadiennes ont cerné un besoin émergent — plus d'un — auquel il fallait répondre rapidement, et elles ont concentré leurs efforts sur la détermination des exigences d'une solution appropriée pour des systèmes comme les systèmes de contre-avion sans équipage et les systèmes de défense aérienne, qui sont deux exemples spécifiques. Ces acquisitions sont déjà passées par le processus d'approvisionnement concurrentiel. Nous avons les soumissions en main. Elles sont actuellement en cours d'évaluation, et nous prévoyons que ces capacités et les capacités opérationnelles initiales seront livrées d'ici le milieu de 2024.
Je dirais que, lorsque les Forces armées canadiennes cernent un besoin urgent, nous nous employons à y répondre, et je pense que nous pouvons démontrer que nous sommes en mesure de répondre à ce besoin assez rapidement.
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Je vous remercie de la question.
La seule chose que j'ajouterais, c'est que nous avons un processus pour les besoins opérationnels urgents, mais cela dépend beaucoup des produits. Il y a une énorme différence entre l'achat de munitions de façon accélérée et la conception d'un navire, par exemple. La conception d'un navire doit être considérée dans une optique très différente. La plupart du temps, entre la publication de la demande de propositions et le moment où vous voulez couper l'acier, il faut prévoir six ou sept ans. Ces délais sont connus maintenant. Nous pouvons planifier en conséquence.
En ce qui concerne le processus, y a‑t‑il un sentiment d'urgence? Je crois que c'était votre question. Il y a un sentiment d'urgence, mais si la marchandise n'est pas sur les tablettes, comme M. Crosby l'a expliqué dans le cas des munitions, le processus n'est alors pas aussi simple qu'un processus d'approvisionnement de base.
Avant de donner la parole à Mme Lambropoulos pour six minutes, je viens de recevoir une note indiquant que nous pouvons poursuivre jusqu'à 18 h 30. Nous disposons maintenant de deux heures complètes.
J'espère que cela ne dérangera pas les autres témoins. Nous avons mis votre patience à l'épreuve, et nous vous en sommes reconnaissants.
Sur ce, madame Lambropoulos, vous avez six minutes.
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Je vous remercie de la question.
En fait, nous le faisons de manière assez continue. Je crois que lors de la dernière réunion du Comité, nous avons mentionné que nous travaillons actuellement à une initiative très spécifique qui visera à optimiser la « machinerie » de l'approvisionnement en matière de défense — je vais l'appeler ainsi pour l'instant — ou l'entreprise. Cet examen spécifique des différents éléments du système d'approvisionnement comprendra effectivement un examen détaillé de ce que font les autres pays.
Nous discutons constamment, avec nos partenaires aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Australie, de choses comme la construction navale, par exemple. Le Royaume-Uni et l'Australie sont des partenaires clés. Nous construisons tous un navire similaire de type 26. Nous avons des intentions communes à cet égard, ce qui facilite vraiment la conversation.
M. Crosby et moi-même étions aux États-Unis la semaine dernière, à Washington, pour discuter avec nos homologues de divers sujets, allant des politiques d'approvisionnement et de la certification cybernétique à des projets précis comme les munitions et d'autres. Ce dialogue avec nos alliés sur les questions d'approvisionnement en matière de défense est toujours en cours.
Merci.
À ce sujet, il est bien sûr important de travailler avec nos alliés et de veiller à ce que nous soyons tous sur la même longueur d'onde et que nous travaillions à un effort et à un objectif communs. Cependant, il arrive souvent, peut-être, que des contrats soient attribués en priorité à d'autres pays, parce que les pays essaient de travailler ensemble afin de s'assurer qu'ils travaillent avec des équipements similaires.
Voyez-vous des occasions, dans vos conversations avec vos homologues, de soulever certains des points forts des entreprises canadiennes afin de faire en sorte qu'elles participent également aux discussions s'il y a un domaine dans lequel le Canada est vraiment fort du côté de l'industrie?
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Je vous remercie de la question.
La réponse courte est oui, absolument. En fait, nous déployons actuellement des efforts très ciblés. C'est un effort pangouvernemental incluant tous les ministères et organismes que vous voyez autour de la table ce soir, et plus encore. Nous examinons l'ensemble de l'approvisionnement en matière de défense.
Je le qualifie de système. Nous examinons les activités préalables à l'approvisionnement. Nous examinons ce que j'appelle les « activités d'approvisionnement pures », qui sont davantage axées sur la demande de renseignements, la demande de propositions et l'évaluation des soumissions menant à l'attribution du contrat. Nous examinons également les activités postérieures à la passation de marché et à l'attribution du contrat. Cela comprend non seulement la mise en œuvre — c'est-à-dire la construction de navires après l'attribution du contrat —, mais aussi le maintien en service de ces actifs.
L'une de nos principales initiatives en cours porte sur le maintien continu de la capacité. Cela permettrait à l'entreprise de travailler avec le fournisseur à long terme pour maintenir la capacité et la rendre pertinente grâce à de bonnes solutions de passation de marchés et de mise à niveau de l'équipement pour sa durée de vie. C'est l'une de nos initiatives. Nous examinons beaucoup d'autres choses.
Vous avez parlé de partenariats et, peut-être, de projets de collaboration. Nous les examinons également.
En ce qui concerne les activités préalables à l'approvisionnement, nous cherchons à bien comprendre ce que nous devons faire du point de vue de la planification des capacités. Si nous voulons construire des navires, acheter des aéronefs ou acheter des munitions, plus tôt nous recevrons le signal et plus tôt nous planifierons ces achats, plus facile sera la stratégie d'approvisionnement et l'acquisition proprement dite par la suite.
Merci.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie les témoins de leur présence.
Mes questions porteront principalement sur le remplacement du CP‑140 Aurora et s'adressent à M. Page. Elles seront notamment en lien avec le témoignage fourni il y a trois semaines, c'est-à-dire le 17 octobre, devant le Comité permanent des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires.
Ma première question touche le mandat donné à la compagnie Avascent, qui devait fournir de l'information sur les produits de remplacement pour les CP‑140.
À quel moment a-t-on donné à Avascent le mandat d'étudier les options?
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Monsieur le président, je remercie la députée de sa question.
Comme je l'ai dit, le rapport était en trois phases. Nous avons reçu la dernière phase en 2022. Je n'ai pas la date exacte avec moi, mais je pourrais la fournir plus tard au Comité.
Comme je l'ai dit, le mandat était une analyse du marché. Beaucoup de chiffres, beaucoup de données et beaucoup de faits ont été mis ensemble pour converger vers une analyse assez détaillée.
Je ne dirais pas qu'il y avait des conclusions précises, mais il y avait des faits très détaillés. Cela s'est ajouté à la demande d'information faite auprès de Services publics et Approvisionnement Canada. Tout cela mis ensemble nous donnait une bonne idée de ce qu'il y avait sur le marché.
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Monsieur le président, je remercie la députée de sa question.
Je ne dirais pas qu'Avascent a recommandé un produit déjà existant. Nous avons vraiment fait une analyse détaillée du marché incluant des analyses d'options. Dans cette analyse, il y avait des fournisseurs d'avions et des fournisseurs de systèmes. Une combinaison des analyses a été faite à cet égard.
À la suite du rapport, nous avions une bonne connaissance des produits militaires disponibles sur le marché, des produits qui n'étaient pas encore achevés et des produits de compagnies qui ne fabriquent pas d'aéronefs, mais plutôt des systèmes de mission.
Il y avait aussi certaines options sur la façon dont les choses pourraient se passer s'il y avait des combinaisons entre ces compagnies. Toutefois, nous n'avions pas vraiment de recommandation précise pour un produit déjà existant. Nous avions l'information nécessaire sur les produits disponibles et sur les produits en cours d’élaboration.
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Monsieur le président, je remercie la députée de sa question.
Notre processus nous a amenés à la conclusion qui se trouve sur notre site Web en ce moment, à savoir que le seul aéronef militaire déjà disponible répondant à tous les besoins de haut niveau des Forces armées canadiennes était le P‑8 Poseidon de Boeing.
Pour ce qui est de propos que j'ai tenus lors de la réunion de l'autre comité, et pour répondre à la première partie de votre question, nous n'avions effectivement pas sollicité d'autres informations à ce moment-là.
Nous avions une très bonne base d'information, une très bonne base de données. Pour avoir plus d'information, à la suite de la conclusion que nous avions tirée à partir du rapport, de notre demande de renseignements et d'autres analyses effectuées à l'interne, nous devions demander au gouvernement américain...
La dernière fois que vous avez comparu devant le Comité, j'ai posé une question au sujet du contrat des chasseurs F‑35.
Monsieur Crosby, vous avez dit que vous participiez activement à des comités de gouvernance dans le cadre de ce projet afin de surveiller l'expérience de nos alliés avec cet avion. Ensuite, lorsque j'ai posé une question au sujet du rapport du Government Accountability Office, des États-Unis, qui était très accablant au sujet des prix abusifs et des lacunes qu'il voyait dans le programme des F‑35, vous avez dit ne pas avoir connaissance de preuves de prix abusifs ou des commentaires publics à ce sujet.
Je trouve cela contradictoire, au mieux. Il s'agit d'une acquisition énorme que le Canada est en train de faire. Je m'attends à ce qu'elle exige beaucoup d'études, d'examens et de collecte de toute l'information provenant de nos alliés, au lieu des seules informations fournies par le fournisseur.
J'ai fait inscrire une question au Feuilleton au sujet de cet achat. La réponse que j'ai reçue indiquait que ni le ministère de la Défense nationale ni ISDE n'avaient commandé ni produit d'études ou de rapports sur les coûts du cycle de vie ou les répercussions économiques de l'acquisition.
J'aimerais demander à M. Crosby et à Mme Gregory si cette acquisition reposait uniquement sur des rapports et des études produits par le fournisseur Lockheed Martin, ou si votre ministère a produit un rapport ou une étude sur les coûts du cycle de vie et les répercussions économiques de cet achat?
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Je vous remercie de la question.
Notre ministère, ISDE, suit l'impact économique de l'approvisionnement au fur et à mesure de son déroulement. Dans ce cas‑ci, les fournisseurs ont convenu d'une entente sur les retombées économiques, et nous allons donc suivre l'activité, comme M. Crosby l'a dit plus tôt. Les activités canadiennes se chiffrent déjà à 3,5 milliards de dollars, du fait de la participation du Canada dans le dossier des F‑35. Notre ministère continuera de suivre cette activité.
Étant donné que cela va se faire à l'avenir, nous n'avons pas d'estimation pour le moment.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais souhaiter à nouveau la bienvenue à nos témoins.
J'aimerais parler un peu de l'avion multimission maritimes.
SPAC a publié à ce sujet un échéancier prévoyant le commencement de l'analyse des options en 2021‑2022, le commencement de la définition en 2023‑2024, la mise en œuvre du contrat en 2027‑2028, la livraison des premiers de ces nouveaux aéronefs en 2032‑2033, et la livraison des derniers aéronefs en 2037‑2038.
Cependant, si vous regardez ce qui s'est passé, en février 2022, vous avez demandé des renseignements à des entrepreneurs potentiels avec une date limite du 1er avril. En mars 2023, vous aviez déjà envoyé une lettre de demande d'achat pour les Boeing P‑8.
Comme nous ne suivons pas le même échéancier qu'à l'origine, que s'est‑il passé? Je ne suis pas contre la vitesse. Je pense que la vitesse est l'une des choses dont nous avons parlé ici. Certaines étapes semblent avoir été sautées.
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Merci de la question, monsieur le président.
Je vais commencer, et je vais peut-être céder la parole à M. Crosby pour compléter ma réponse.
Les phases que vous avez mentionnées sont des phases de projet. Elles proviennent du ministère de la Défense nationale. Il s'agit de l'analyse des options, de la définition et de la mise en œuvre.
À SPAC, nous commençons presque tous les efforts d'approvisionnement par un besoin. Ce besoin s'accompagne habituellement d'un ensemble d'exigences techniques, comme nous les connaissons, pour une pièce d'équipement particulière. C'est habituellement assorti de fonds et d'une fenêtre de disponibilité — c'est-à-dire, quand les avions sont-ils nécessaires?
Comme vous l'avez mentionné, les choses peuvent changer. Parfois, la vitesse est un facteur. Dans ce cas‑ci, il ne s'agissait pas tant de la vitesse, mais du contexte qui avait changé pour le MDN. Il nous a donné une nouvelle fenêtre et nous avons agi en conséquence.
Je tiens à remercier encore une fois nos témoins qui sont ici et qui reviennent nous voir aujourd'hui. J'ai quelques questions, alors je vais essayer d'être aussi brève que possible.
Nous savons qu'en plus de certaines des préoccupations liées aux défis nationaux — inondations, feux de forêt et autres catastrophes naturelles —, nous subissons également différentes pressions internationales, comme la guerre en Ukraine, et maintenant le conflit au Moyen-Orient, à Gaza.
J'aimerais entendre chacun d'entre vous, surtout si vous pouvez parler de la façon dont votre ministère équilibre les pressions pour répondre aux besoins opérationnels urgents tout en continuant, en même temps, de répondre aux besoins d'approvisionnement.
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Je peux commencer, monsieur le président.
Comme M. Page l'a souligné dans le passé, cela commence par la définition des besoins.
Mon organisation et le Groupe des matériels de la Défense nationale n'établissent pas les besoins. Ce sont les services qui s'en chargent — l'armée de terre, l'aviation, la marine, les forces d'opérations spéciales. Ils déterminent l'urgence, et si quelque chose survient qui ne figurait pas déjà dans notre plan de travail, nous discutons à l'interne des ressources humaines et de l'expertise en la matière nécessaires pour établir la priorité du travail afin d'intégrer l'approvisionnement dans le système, si je peux m'exprimer ainsi. Nous communiquons ensuite ces renseignements à SPAC, dans les cas où le est l'autorité contractante, pour pouvoir aller plus loin. Nous travaillons de concert.
Sur ce, je pourrais peut-être céder la parole à M. Page.
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Je remercie la députée de la question, monsieur le président.
J'ajouterais que l'un des objectifs primordiaux des achats en matière de défense et de marine est de s'assurer qu'il n'y a pas de vide sur le plan des capacités. Il faut toujours avoir les capacités nécessaires pour les femmes et les hommes des Forces armées canadiennes. Ce n'est pas facile, parce qu'il y a un grand éventail de capacités. Nous devons toujours être aux aguets compte tenu de tout ce qu'on veut faire et de tous les besoins que nous devons combler. L'un de nos objectifs ultimes est de nous assurer qu'il n'y a pas de vide.
Pour compléter ce que M. Crosby a dit, j'ajouterai que, quand il y a des événements comme ceux qu'on vit en ce moment sur la planète, il y a des efforts concentrés qu'il faut bien prioriser. On met les bonnes ressources au bon endroit et on s'assure de faire les choses de manière ciblée.
M. Crosby a parlé des besoins en munitions, et on a aussi des besoins en véhicules, en ce moment, pour l'opération Reassurance, en Lettonie. On étudie cela de manière ciblée et, si on peut prendre un peu plus de risques qu'à l'habitude, on le fait.
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Je vous remercie de la question.
Notre ministère travaille en étroite collaboration avec nos partenaires d'approvisionnement. Nous sommes disponibles pour appliquer la politique au besoin. Nous intervenons régulièrement dans le cadre de nos processus de gouvernance, et notre politique est assez souple.
Nous évaluons les demandes au cas par cas, ce qui s'applique à certains types d'achats militaires de plus de 100 millions de dollars. On a beaucoup parlé de l'approvisionnement en munitions. Il est géré séparément. La politique n'est généralement pas appliquée aux munitions. Cependant, nous sommes disponibles pour participer au besoin, et aussi rapidement que nécessaire, lorsque les choses deviennent urgentes.
Merci.
:
Merci, monsieur le président.
Bonjour à tous. Effectivement, je ne siège pas à ce comité habituellement. Je vous remercie de m'y accueillir aujourd'hui. Je remercie également les témoins.
Monsieur Page, dans la demande de renseignements qui a été soumise en février 2022, il était indiqué textuellement que la participation était encouragée, mais qu'elle n'était pas obligatoire, et que les répondants devraient savoir que la demande n'était pas un processus de présélection, qu'elle ne mènerait pas à l'établissement d'une liste restreinte et qu'on n'était pas en train d'établir les potentiels fournisseurs. Autrement dit, ce n'était pas une condition et cela ne déterminerait pas qui serait admissible. Cela laissait donc entendre qu'il y aurait un appel d'offres.
Toutefois, certaines entreprises ont soumis des informations de bonne foi et n'ont jamais été contactées par la suite. Comment cela se fait-il?
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Monsieur le président, je remercie le député de sa question.
Nous avons effectivement émis une demande de renseignements, en février 2022. Cela nous a permis d'obtenir beaucoup d'information. Or rien ne nous obligeait à emprunter une certaine direction pour les prochaines étapes.
Les renseignements obtenus dans le cadre de cette demande, jumelés aux données que nous avions eues d'Avascent et aux discussions que nous avions eues avec nos alliés, nous ont permis, à la suite d'une analyse à l'intérieur du gouvernement, de déterminer que le P‑8 Poseidon de Boeing était le seul aéronef qui répondait à tous les besoins opérationnels de haut niveau du Canada que nous avions décrit dans la demande de renseignements.
Le principal élément que je veux mettre en évidence, c'est que le besoin était immédiat, et que cet appareil était le seul qui répondait à tous les critères. Par la suite, le seul moyen qu'avait le gouvernement d'aller chercher de l'information complémentaire — cela devrait répondre à la question qu'a posée Mme Normandin avant de partir —, était d'envoyer une lettre de demande au gouvernement américain pour obtenir plus d'information sur l'appareil P‑8 Poseidon en question.
[Traduction]
Merci beaucoup de cette question.
La première chose à dire, je crois, c'est que, pour le portefeuille de la Défense et de la marine, je vois toutes les demandes d'exception au titre de la sécurité nationale. Elles ne sont pas nombreuses. Il y a un très bon ratio d'ESN, un ratio auquel je m'attendrais pour un pays de notre calibre qui essaie de contribuer à un très large éventail de capacités. La surveillance demeure la même. La transparence, l'équité, l'ouverture — la surveillance demeure la même une fois que l'ESN a été invoquée.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci à vous tous d'être ici aujourd'hui.
Je représente les collectivités de Dartmouth et de Cole Harbour, et nous avons un groupe incroyable d'entrepreneurs en défense — certains petits groupes, certaines petites entreprises en démarrage. Ce sont surtout des petites entreprises liées à la défense.
Au cours des témoignages que nous avons entendus dans le cadre de cette étude, nous avons entendu des représentants de l'industrie et de l'ombudsman nous parler de ces petites entreprises qui se sentent un peu désavantagées lorsqu'il s'agit de participer à l'approvisionnement du gouvernement en matière de défense.
Compte tenu de la grande quantité d'innovations venant des petites entreprises et des jeunes pousses dans le secteur de la défense au Canada, j'aimerais savoir — et, encore une fois, je me concentre sur les petites entreprises — si, mis à part les témoignages que le Comité a entendus, vous êtes au courant de ces préoccupations.
:
Je vous remercie de la question.
Je vais commencer, et peut-être que M. Page voudra ajouter quelque chose.
Notre ministère travaille beaucoup avec les petites entreprises partout au pays. Cela fait évidemment partie du portefeuille de la . Nous organisons effectivement des activités de sensibilisation auprès des petites entreprises concernant la politique des retombées industrielles et technologiques.
Nous comptons également sur les agences de développement régional, qui font, elles aussi, partie de notre portefeuille. C'est une excellente source d'information et un moyen d'entrer en relation pour les petites entreprises de tout le pays. Plus de 99 % des entreprises au Canada sont de petites entreprises. C'est donc un élément important.
Je comprends vos préoccupations. Beaucoup de petites entreprises disent qu'il est difficile de se faire une place dans les chaînes d'approvisionnement mondiales des grandes sociétés. Ces sociétés veulent généralement partager les risques avec des fournisseurs plus importants, notamment en matière d'approvisionnement de défense, et c'est pourquoi nous faisons de la sensibilisation. Mon collègue a parlé de l'Association des industries canadiennes de défense et de sécurité. C'est aussi un bon outil de sensibilisation.
Nous essayons de rester ouverts aux petites entreprises et de veiller à ce qu'elles communiquent avec nous lorsqu'il y a une demande de produits particuliers. La politique vise généralement les entrepreneurs qui ont l'obligation de fournir 15 % de la valeur du contrat en faisant appel à de petites entreprises. Il s'agit donc de petites opérations avec de petites entreprises. Nous avons également un programme de contestation, conçu en fonction du processus d'approvisionnement engagé aujourd'hui dans tous les ministères — et qui s'applique également au secteur de la défense —, en vertu duquel, si une petite entreprise a quelque chose d'innovateur à proposer, comme vous l'avez expliqué, le gouvernement peut, par exemple, assumer le rôle de premier acheteur.
Il y a probablement d'autres éléments liés aux petites entreprises, par exemple dans le programme IDEeS du ministère de la Défense nationale, mais nous essayons surtout de veiller à être bien informés des problèmes auxquels sont confrontées les petites entreprises partout au pays.
Je ne sais pas si vous voulez ajouter quelque chose, monsieur Page.
:
Je vous remercie de la question.
Les petites entreprises nous disent que les exigences en matière de certification, notamment dans le secteur de la défense — probablement aussi dans celui de l'aérospatiale —, s'adressent à des marchés hautement certifiés et relativement gérés. Cela peut être un obstacle pour une petite entreprise, car il peut être très difficile d'obtenir un certain niveau de certification pour participer à une chaîne d'approvisionnement industrielle. Cela peut exiger un investissement initial qui peut être exorbitant pour une petite entreprise.
Je crois que mon collègue M. Page a parlé des exigences en matière de sécurité nationale. Aux États-Unis, nous travaillons par l'entremise de son ministère pour nous assurer que les entreprises canadiennes y ont également accès; c'est un autre élément. Quand les États-Unis apportent des changements, nous devons les rattraper. Sinon, nos entreprises sont désavantagées.
Nous essayons de nous tenir au courant des difficultés des petites entreprises. Nous essayons de nous assurer qu'elles ont les outils et les ressources nécessaires pour se tenir à jour et avoir accès à ce genre d'approvisionnement. C'est très important.
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Commençons. J'espère que nous pourrons faire venir M. Lincourt.
Je remarque que Mme Lukasheh est ici pour le compte de SAP Canada et que M. Martel, M. Pyun et Mme Thibaudeau représentent Bombardier.
Je vois que Mme Winger est ici. Elle devra nous quitter à 17 h 40 pile, et je vais donc l'inviter à faire son exposé préliminaire en premier. Nous pourrons peut-être nous arranger plus tard pour qu'elle puisse répondre aux préoccupations des députés.
Comme nous avons des problèmes avec les représentants de SAP, nous passerons ensuite directement à Bombardier, et nous espérons que les problèmes de SAP seront réglés d'ici là.
Madame Winger, vous avez cinq minutes. Allez‑y.
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Merci beaucoup de me donner l'occasion de comparaître aujourd'hui, monsieur le président.
L'Union des employés de la Défense nationale représente 20 000 travailleurs civils de la défense. Nos membres s'assurent que les projets d'opérations militaires soient toujours prêts pour les missions et que les militaires aient des lieux de travail et de vie sécuritaires.
Nos membres sont des experts qui travaillent dans des bases, des bureaux, des entrepôts, des aéroports, des laboratoires et des garages. Ils fournissent des services professionnels homogènes qui permettent aux forces militaires d'être agiles et prêtes au combat.
La sous-traitance du travail de défense civile compromet le travail de nos membres et nuit grandement à la qualité des services que paient les contribuables canadiens. Notre syndicat ne cesse de rappeler, notamment dans le rapport publié en 2022 sous le titre de « Uncovering the Costs », que la sous-traitance des services de défense civile est moins efficiente et efficace que le travail effectué par les fonctionnaires.
Aujourd'hui, nous devons mettre fin au style de décisions de gestion que prend la Défense nationale et qui mène à une défaillance systémique et coûte plus cher aux Canadiens. Ces décisions comprennent la sous-dotation intentionnelle des postes nécessaires conjuguée à un budget excessif pour les services de sous-traitance et à une trop grande dépendance l'égard d'entrepreneurs privés pour du travail qui devrait être effectué par des fonctionnaires.
Cela fait des années que la Défense nationale réserve de maigres budgets de dotation aux bases tout en réacheminant des fonds vers des services de sous-traitance. Il est donc impossible de doter suffisamment les bases, et les cadres de direction sont contraints de faire appel à des entrepreneurs privés pour faire le travail qui devrait être fait par des fonctionnaires. Nous sommes donc confrontés à une trop grande dépendance, à la fois problématique et coûteuse, à l'égard d'entreprises privées pour appuyer le fonctionnement de nos bases militaires. L'ampleur et la portée de la sous-traitance augmentent hors de proportion, sans justification, planification ni surveillance suffisantes. C'est simple: il n'y a ni transparence ni reddition de comptes.
Les entrepreneurs ne sont pas tenus responsables de l'exactitude, de la qualité et de la rapidité de leur travail. Au lieu de pourvoir les postes vacants dans la fonction publique, la Défense nationale continue de verser une prime aux entrepreneurs, et nous nous retrouvons avec des erreurs et des oublis dangereux et coûteux, du matériel défectueux qui traîne sans personne pour le réparer, et des milieux de travail dysfonctionnels.
Nous nous inquiétons du fait que la Défense nationale paie des cabinets privés, comme Deloitte, pour obtenir des recommandations sur la façon dont le ministère devrait fournir ses services. Comme l'un des objectifs officiels de Deloitte, tels qu'ils sont énoncés sur son propre site Web, est de circonscrire les possibilités de partenariat avec le secteur privé, il faut s'attendre à ce que ses recommandations soient biaisées. En fait, à la suite d'une recommandation formulée par Deloitte dans le rapport de novembre 2022 adressé à la Défense nationale selon laquelle il faudrait produire et analyser davantage de données, le ministère est en train d'accorder un autre contrat à Deloitte pour lui confier ce travail de collecte.
J'ai des exemples à n'en plus finir.
À la BFC Esquimalt, l'achat et l'installation de tourniquets à l'entrée et à la sortie d'un chantier naval ont été confiés en sous-traitance par Construction de Défense Canada. L'entrepreneur privé a été payé, mais, aujourd'hui, l'arsenal n'a toujours pas de tourniquet d'entrée, et son tourniquet de sortie est interdit d'accès et ne fonctionne pas. Celui que l'entrepreneur avait installé était beaucoup trop étroit pour permettre aux militaires transportant des sacs à dos et des colis de passer. Il empêchait également nos anciens combattants, qui ont des problèmes de mobilité, d'entrer sur la base et d'en sortir tous les jours. La barrière était complètement inutilisable et a dû être enlevée.
Mais, curieusement, au vu du problème, il semblerait que CDC ait décidé de faire appel au même entrepreneur et de le payer pour faire d'autres travaux à l'entrée. Par ailleurs, des fonds supplémentaires sont réservés dans le cadre des deux prochains exercices financiers pour payer le même entrepreneur pour d'autres travaux à l'entrée. Je viens également d'apprendre qu'il y a un autre problème avec le tourniquet de la sortie. Il est maintenant interdit d'accès par un ruban jaune et ne peut pas être utilisé.
Les gens favorables à la sous-traitance se plaignent souvent d'une trop grande bureaucratie et souhaitent réduire les formalités administratives. En l'occurrence, il n'y a pas de formalités administratives. Il y a une facture coûteuse et beaucoup de ruban de signalisation jaune.
D'après ses pratiques d'approvisionnement, il semble que la Défense nationale fonctionne comme si l'impartition du travail à des entreprises privées pouvait libérer le ministère du fardeau du risque que quelque chose tourne mal. Ce que nous vous disons, c'est qu'on ne peut pas sous-traiter les risques quand il s'agit des services publics. Quand un entrepreneur commet une erreur coûteuse ou ne respecte pas ses engagements, cela ne change rien au fait que la responsabilité de ces services incombe au ministère et au gouvernement.
Les Canadiens confient au gouvernement le soin d'utiliser l'argent des contribuables de façon judicieuse et éthique. La sous-traitance inutile de travaux de la fonction publique n'est rien d'autre qu'une machine à faire de l'argent pour les entreprises privées, et leurs dépenses supplémentaires pèsent sur les épaules des contribuables, qui méritent mieux.
Merci. Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
:
M. Éric MartelMonsieur le président et membres du Comité, je vous remercie de nous donner l'occasion de présenter nos commentaires dans le cadre de votre importante étude.
Plusieurs d'entre vous savent que Bombardier est un chef de file de l'aéronautique. En effet, Bombardier conçoit, fabrique et entretient les meilleurs avions d'affaires au monde. Notre contribution au PIB du Canada s'élève actuellement à 5,7 milliards de dollars et nous soutenons 33 000 emplois au Canada.
[Traduction]
Vous ne savez peut-être pas que Bombardier a l'habitude de fournir des solutions de défense polyvalentes qui sont reconnues à l'échelle mondiale pour leur fiabilité, leur durabilité, leur performance et leur capacité éprouvées dans tous les domaines du renseignement, de la surveillance et de la reconnaissance.
Bombardier a plus de 550 avions de mission spéciale et de défense en service dans le monde, notamment dans l'armée de l'air et dans l'armée de terre des États-Unis. Nous avons donc un point de vue unique sur les processus d'approvisionnement en matière de défense dans le monde.
Avant même d'entamer un processus d'approvisionnement, le gouvernement du Canada devrait procéder à une consultation approfondie auprès des entreprises canadiennes pour savoir où se trouvent les possibilités d'innovation locales. Faute de quoi, il opte systématiquement pour des produits de série, souvent importés et utilisant des technologies plus anciennes.
C'est un élément crucial dans le contexte de la préparation militaire. Notre processus d'approvisionnement actuel commence trop tard, n'est pas stratégique et aboutit à l'acquisition d'équipement qui est tout juste suffisant au lieu de la meilleure solution de pointe, et ce dans le cadre d'une approche beaucoup trop compliquée.
Un exemple en est l'acquisition des avions canadiens à missions multiples ou ACMM. En février 2022, SPAC a publié à cet égard une demande de renseignements décrivant 13 exigences obligatoires de haut niveau et demandant au secteur privé de fournir une pleine capacité opérationnelle d'ici 2040. Bombardier et notre partenaire General Dynamics Mission Systems-Canada ont répondu de bonne foi à cette demande. Nous avons proposé une solution canadienne qui dépasse toutes les exigences de haut niveau et le délai de livraison prévu.
Il s'avère malheureusement que cette demande de renseignements était tout à fait trompeuse. Le gouvernement n'a pas donné suite à nos réponses, et, à la fin de 2022, on a appris qu'il envisageait de conclure un contrat à fournisseur unique pour le P‑8 de Boeing, fabriqué aux États-Unis.
Le processus d'approvisionnement en ACMM observé jusqu'ici comporte de graves lacunes et manque de transparence. Des lacunes ont été révélées récemment par des fonctionnaires devant le Comité permanent des opérations et de la gouvernance. Premièrement, la demande de renseignements indique clairement qu'il ne s'agit pas d'un processus de présélection et qu'il n'y aura pas de liste restreinte de fournisseurs potentiels en fonction des réponses, et pourtant les fonctionnaires ont clairement indiqué que c'était précisément l'objectif de la demande dès le premier jour.
Deuxièmement, nous avons appris que le gouvernement avait apporté des changements fondamentaux aux conditions de cet approvisionnement sans en aviser officiellement les entreprises, notamment en rapprochant le délai de livraison final, qui serait non plus 2040, mais le début des années 2030. Il n'était pas question non plus de faire des produits militaires disponibles sur le marché un critère obligatoire. Ces deux changements entraînent évidemment un résultat biaisé prédéterminé en faveur de Boeing. Soit dit en passant, Bombardier et GDMS pourraient respecter ce délai rapproché, mais SPAC et le MDN font la sourde oreille.
Enfin, nous avons appris que des fonctionnaires avaient conclu que les entreprises canadiennes ne pouvaient pas satisfaire aux exigences avant même de publier la demande de renseignements, en se fondant sur une étude de marché réalisée par Avascent et qui n'a jamais été rendue publique. Nous rejetons complètement cette conclusion, puisque pas un seul ingénieur qualifié en aérospatiale n'a évalué notre solution — ni pour avaliser le rapport Avascent ni à aucun moment par la suite.
Au nom du secteur privé canadien, nous recommandons simplement ce qui est exigé par la loi canadienne, à savoir un appel d'offres ouvert et impartial assorti de critères de sélection objectifs et réalistes. Bombardier et GDMS veulent participer, parce que nous allons gagner et établir la prochaine génération de normes mondiales de référence pour les décennies à venir dans les Forces armées canadiennes.
L'amélioration de l'approvisionnement canadien en matière de défense à l'appui de la préparation opérationnelle militaire doit commencer par un appel d'offres ouvert pour l'approvisionnement en ACMM.
Merci.
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Merci et bonsoir à vous, monsieur le président.
Je m'appelle Yana Lukasheh et je suis vice-présidente des affaires gouvernementales et du développement des affaires à SAP Canada. Je suis accompagnée virtuellement de mon collègue David Lincourt, qui est le principal expert en matière de solutions pour la défense et la sécurité à l'échelle mondiale.
SAP est une entreprise de logiciels d'application d'entreprise qui s'est engagée à permettre à des organisations de plus de 20 secteurs de devenir un réseau d'entreprises intelligentes et durables, rassemblant les solutions technologiques et les pratiques exemplaires nécessaires pour exploiter des processus intégrés alimentés par l'intelligence artificielle dans le nuagique. Nos applications ne sont pas seulement une suite de gestion des ressources d'entreprise, mais aussi une plateforme de préparation couvrant la planification, la gestion stratégique, la constitution et le déploiement des forces, la planification des capacités, la gestion du cycle de vie des plateformes d'armes, la logistique, les finances et la gestion de l'effectif total.
Ces solutions sont actuellement adoptées à divers degrés par plus de 40 % des armées dans le monde et par 70 % des alliés de l'OTAN et de tous les pays du Groupe des cinq. Dans l'ensemble, plus de 300 clients du secteur de la défense et de la sécurité partagent un réseau d'affaires fiable, tirant parti des dernières innovations et des technologies et données émergentes pour atteindre l'excellence en matière d'opérations et de missions.
[Français]
Nous tenons à remercier le président du Comité permanent de la défense nationale de nous avoir invités à participer à l'examen de l'impact des processus d'approvisionnement du Canada sur les Forces armées canadiennes.
Notre témoignage comportera deux volets. Le premier portera sur la question de l'introduction des technologies numériques dans un contexte militaire. Le deuxième portera sur la façon dont SAP contribue à optimiser les processus d'approvisionnement.
J'invite mon collègue, M. Lincourt, à parler du premier volet.
Nous savons tous que le MDN est une organisation vaste et complexe qui s'inscrit dans un monde instable, incertain, évolutif et ambigu. Le MDN ne peut pas aborder ces réalités de la même façon qu'auparavant. La rapidité d'innovation est primordiale, et je dirais que l'innovation continue l'est tout autant. Il faut constamment repenser, d'abord, le concept des opérations, parce que ce qui a fonctionné hier ne fonctionnera pas aujourd'hui; ensuite, les processus et les procédures pour faire ce qui doit être fait de façon plus efficace et efficiente; et enfin, la dotation, surtout du côté des compétences.
L'échelonnement et l'exécution des programmes sont très rigides. Les changements donnent l'impression d'un élargissement de la portée et d'un risque pour le calendrier et les budgets. Cela n'aide absolument pas à intégrer des technologies numériques au ministère. Nous recommandons une approche où les exigences et les solutions peuvent s'adapter naturellement au besoin de nouveaux concepts d'exploitation, de nouvelles procédures et de nouvelles compétences pour le personnel afin d'exploiter les nouvelles technologies numériques et de favoriser l'innovation continue.
On empêche les programmes de tirer parti les uns des autres. Les programmes ont pour mandat de répondre à leurs propres exigences, et l'intégration des exigences d'un autre met leurs mesures en péril. Cela crée aussi un contexte de désintérêt. Nous recommandons une approche favorisant l'intégration horizontale des technologies et les effets synergiques susceptibles de produire beaucoup de valeur pour le ministère.
L'introduction des technologies numériques est presque exclusivement réservée aux grands entrepreneurs de la défense. L'innovation est endiguée et empêche les petites et moyennes entreprises de contribuer. Le personnel de la Défense trouve aussi des façons de contourner le processus d'innovation. Ces innovations permettent de régler des problèmes locaux, mais elles présentent des risques énormes, notamment pour la sécurité. Nous recommandons une normalisation sur plateforme de technologie numérique qui permettra à tous les membres de l'écosystème d'innover dans un cadre de gouvernance bien géré.
Je vais maintenant revenir au deuxième point concernant l'approvisionnement et je vais vous donner un exemple. Les technologies numériques peuvent simplifier les processus d'approvisionnement et permettraient à la Défense nationale et aux Forces armées canadiennes de mieux gérer les portefeuilles dans le cadre de l'intégration horizontale, notamment en éliminant les risques liés aux grands projets, en améliorant la transparence et la responsabilisation, en circonscrivant les possibilités de réduction des coûts par l'analyse des habitudes de dépenses, en optimisant les stocks et, en fin de compte, en négociant de meilleurs contrats.
Plus important encore, les technologies numériques permettront également au ministère de s'intégrer à d'autres systèmes de défense et sources de données, en offrant une vue d'ensemble des opérations d'approvisionnement et de la chaîne d'approvisionnement; de surveiller et d'évaluer l'efficacité de ces processus; et, enfin, de tirer parti des services de formation et de soutien et veiller ainsi à ce que le personnel de la défense puisse utiliser efficacement la technologie pour favoriser la réforme de l'approvisionnement et dégager une valeur supplémentaire.
De nos jours, le secteur de la défense du Canada fait face au risque, à la complexité et à la diversité à l'échelle régionale et nationale, ainsi qu'à des changements dynamiques dans l'économie globale et à des budgets limités. Des processus d'approvisionnement complexes et à multiples facettes alourdissent le fardeau et retardent la mise en œuvre d'opérations essentielles aux missions.
Je vais accélérer, monsieur le président.
Auparavant...
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Merci, monsieur le président.
Je remercie tous nos témoins de leur présence.
Monsieur Martel, vous venez d'entendre le témoignage de représentants de la Défense nationale et de SPAC. Je crois que M. Crosby et M. Page sont toujours dans la salle.
Vous avez parlé de l'échéancier dans votre exposé. La demande de renseignements a été envoyée en février 2022. Je crois savoir qu'il fallait manifester son intérêt au plus tard le 1er avril. Avez-vous fait savoir à temps que Bombardier était intéressé, compte tenu de la date limite du 1er avril?
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Absolument. Il n'y a aucune transparence.
Nous n'avons même pas beaucoup de questions aujourd'hui, mais nous ne nous sommes jamais rencontrés officiellement. Nous entendons des gens dire qu'aucune décision n'a été prise, mais tout tend vers le P‑8. Toute la discussion vise à justifier pourquoi le P‑8 est l'avion dont on aurait besoin.
Ce que je peux vous dire, c'est que nous avons une solution plus efficace. Notre avion peut voler plus vite, plus haut et plus loin. Beaucoup d'autres pays nous demandent en ce moment de leur faire une offre semblable. Nos coûts sont moins élevés. Nous estimons qu'il en coûtera 3 à 4 milliards de dollars de moins.
On parle ici de l'argent des contribuables. Le coût d'exploitation de notre avion sera de 30 à 40 % moins élevé, avec 40 % moins d'émissions de carburant, ce qui devrait aussi être un critère. Nous créerons 22 000 emplois au pays si nous obtenons ce contrat. Avec ces 22 000 emplois, nous apporterons probablement au gouvernement environ 800 millions de dollars en avantages financiers et en recettes fiscales.
Nous apporterons aussi quelque chose d'important, à savoir une solution souveraine. Si, dans quelques années, le MDN veut apporter des changements ou des améliorations, il n'aura pas besoin de frapper à la porte d'un autre pays pour en demander la permission. Nous aurons une solution souveraine.
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Merci. C'est pour moi un plaisir de remplacer un membre de ce comité.
Merci à nos témoins de leur présence aujourd'hui.
Excusez-moi, j'étais absente durant le reste de l'étude, et il se peut donc que je pose une question simpliste.
J'aimerais approfondir ce dont vous venez de parler, monsieur Martel. Si j'ai bien compris ce que vous dites, Bombardier ne croit pas que le Boeing P‑8 Poseidon soit le seul aéronef actuellement disponible pour répondre à toutes les exigences opérationnelles des aéronefs multimissions canadiens.
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C'est une très bonne question. Le Global 6500 provient d'une famille d'avions que nous avons lancée il y a des années et que nous venons de mettre à niveau en la dotant d'un nouveau moteur. Il y en a environ 1 000 en service dans le monde, il s'agit donc d'une plateforme robuste dont les capacités sont éprouvées. En fait, on m'a dit au Pentagone qu'il s'agit de l'avion le plus fiable, à 99,85 %, de toute la flotte de l'aviation américaine. Il s'agit d'un aéronef fiable qui est utilisé dans le cadre du programme Battlefield Airborne Communications Node, le BACN, en Afghanistan depuis de nombreuses années, et nous participons également au programme GlobalEye.
Voilà ce que je disais. Bombardier a modifié 550 avions. Lorsque nous modifions un avion pour un projet comme celui‑ci, que faisons-nous? Les ingénieurs de Bombardier examinent tout l'équipement qui doit être installé. Il peut s'agir d'un radar, de missiles ou d'autre chose. Au besoin, nous renforçons la structure, l'aile ou le fuselage, et nous apportons les modifications nécessaires.
Ensuite, nos ingénieurs en aérospatiale s'assurent que l'avion est toujours capable de voler, d'atterrir et de faire tout ce qu'il est censé faire. Nous l'avons fait à maintes reprises — 550 fois. Il peut s'agir d'un avion sanitaire ou d'autre chose. Aujourd'hui, en partenariat avec le constructeur suédois Saab, nous avons un GlobalEye en service, cela ressemble un peu à ce que propose General Dynamics Mission Sytems, GDMS, qui installe de l'équipement sur notre plateforme. L'Union européenne s'en sert. Il sera utilisé très bientôt par les Suédois. Il est utilisé partout dans le monde. Un radar pesant une tonne est monté au‑dessus du fuselage.
Nous avons ce savoir-faire. Nous l'avons fait à maintes reprises et, avec GDMS, l'un de nos meilleurs partenariats est basé ici à Ottawa, au Canada. Nous sommes deux chefs de file de l'industrie qui frappent à la porte en disant que nous sommes capables, que nous pouvons le faire et que nous l'avons fait pour d'autres commanditaires, et il n'est même pas envisagé de faire appel à nous. C'est un scandale.
Nous travaillons avec les Américains, entre autres, depuis de nombreuses années. Nous avons des programmes extrêmement reconnus. Le nom « Bombardier » rayonne au Pentagone, parce que certains de nos avions sont utilisés en Afghanistan. Ils volent chacun environ 5 000 heures par année et possèdent différentes capacités. Ils sont un peu différents de ceux dont on parle présentement.
Par ailleurs, nous avons un contrat avec l'armée allemande, présentement. Je tiens à dire que nous avons la réputation de remplir nos contrats à temps ou en avance. À ce jour, c'est la réputation que nous avons dans le marché, parce que nous travaillons bien avec nos partenaires. Cela se passe très bien avec les Allemands, et c'est un contrat extrêmement complexe qui implique plusieurs appareils.
Nous avons aussi livré des avions à la Grande‑Bretagne, et nous allons en livrer à la Suède. De plus, nous avons construit quatre avions GlobalEye qui volent dans les Émirats arabes unis pour faire de la surveillance et participer à des missions de communication.
Nous avons donc une grande expertise. Comme je le disais plus tôt, nous avons 550 avions, nous avons travaillé avec plusieurs gouvernements et nous sommes présentement en discussion avec plusieurs autres.
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Nous avons vu des processus clairs et un peu moins complexes, qui avaient parfois été entamés en amont. Avant tout cela, nous avions eu des discussions pour comprendre ce que les pays souhaitaient avoir.
Au Canada, on a un processus qui consiste à envoyer une demande de reseignements, qui dit clairement, à l'article 1.9, que cela ne servira pas à sélectionner quelqu'un. Or nous n'avons reçu aucun appel téléphonique, alors que nous avions même dit que nous étions capables de remplir le contrat, et, tout à coup, nous avons appris par la bande que quelqu'un avait été choisi sans appel d'offres.
Dans notre pays, il faut d'abord procéder à un appel d'offres; c'est la loi. Il faut avoir une excellente raison pour ne pas le faire. Aujourd'hui, cela fait un an que nous essayons de comprendre pourquoi on ne l'a pas fait, et je n'en vois toujours pas la raison.
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Je voudrais ajouter un élément en réponse à la question précédente.
Ailleurs, surtout dans les pays qui ont une industrie aéronautique locale, l'approche consiste à avoir un dialogue, en premier lieu, avec leur industrie sur ses capacités. Si on parle d'avions de patrouille maritime, la France est un exemple probant. Elle a récemment octroyé deux contrats de gré à gré à Airbus et à Dassault pour construire des avions de patrouille maritime basés sur leur plateforme.
Ici, c'est le monde à l'envers. L'industrie canadienne doit demander qu'on lui donne la chance de participer au processus concurrentiel lié à ce projet, qui est canadien. Je voulais simplement souligner cela.
C'est une approche très différente de celle des autres pays qui ont une industrie locale. Ceux-ci ont une stratégie qui consiste à consulter l'industrie locale d'abord.
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Je remercie les témoins de leur présence aujourd'hui.
L'une de nos préoccupations — et j'ai déjà essayé d'en parler à d'autres occasions —, est que le gouvernement se dirige vers l'idée d'un fournisseur unique et cela semble être une contradiction.
Ce n'est pas exactement l'objet de votre étude, mais pour ce qui est du contrat pour les F‑35, le gouvernement conservateur a dit: « Nous allons nous adresser à un fournisseur unique. »
Puis, les libéraux ont dit: « Non, cela n'arrivera jamais. » Ensuite, ils se sont ouverts, et ils voulaient... Ils ont dit: « En vertu de toute cette transparence, nous devons mettre en place un processus d'appel d'offres ouvert. » Il a fallu des années, et cela a coûté beaucoup plus cher, pour se retrouver en fin de compte dans la même situation.
Pourriez-vous nous parler du changement que vous constatez et de la difficulté que cela représente? Le gouvernement est passé de la défense de l'appel d'offres ouvert à l'attribution d'un contrat à fournisseur unique. Qu'en pensez-vous? Il a tendance à utiliser des mots clés comme « besoins opérationnels urgents » et semble subir beaucoup de pression. Pouvez-vous nous parler des répercussions que cela a sur l'ensemble de votre industrie? D'autres l'ont déjà fait.
:
C'est une excellente question.
De toute évidence, nous constatons — car, comme je l'ai dit, nous travaillons avec d'autres pays — qu'à moins que ces autres pays n'aient eux-mêmes la capacité, comme nous l'avons ici, ils pourraient décider de s'adresser à un fournisseur unique. Dans l'ensemble, les autres pays n'ont pas... Comme je l'ai dit, seuls cinq ou six pays dans le monde peuvent concevoir et construire des avions, les faire voler et les certifier. Nous pouvons le faire au Canada, et nous devrions en être extrêmement fiers. C'est le fruit d'une histoire longue de plusieurs décennies. Nous pourrions offrir cette solution.
D'autres pays ont lancé une demande de propositions. Ils ne font généralement pas appel à des fournisseurs uniques. Si vous faites des comparaisons avec d'autres pays, ils viennent demander conseil et frapper aux portes, mais ils font une demande de propositions. Nous en faisons quelques-unes en ce moment même.
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Comme nous l'avons déjà dit, il y a clairement un manque de collaboration avant que le besoin s'en fasse sentir.
À l'heure actuelle, je pense que c'est un peu une réaction. Je ne comprends toujours pas, même dans la situation dans laquelle nous nous trouvons aujourd'hui, pourquoi cette réaction existe. Comme je l'ai dit, nous venons de dépenser 2 milliards de dollars sur les CP‑140, qui sont en service depuis les années 1980, pour prolonger leur durée de vie jusqu'en 2035. C'est ce qui était prévu, et cela nous donne du temps.
Le CP‑140 en particulier est un bon avion, meilleur que le P‑8. Le Comité devrait savoir que le P‑8 fait concurrence au CP‑140 et à d'autres. Les militaires se livrent concurrence entre eux. Le CP‑140 l'emporte sur le P‑8, année après année.
De quelle nouvelle capacité parlons-nous? Nous avons un meilleur produit aujourd'hui. Nous allons acheter un vieux produit qui n'est pas aussi performant et que d'autres pays songent à abandonner.
:
Notre industrie a connu une transformation au cours des dernières années. Bombardier construit des avions d'affaires. Ils ne sont pas aussi gros que les gros Boeing et les gros Airbus. Ce sont les avions à réaction les plus performants au monde. Ce sont eux qui volent le plus loin, le plus vite et le plus haut. Nous sommes une industrie canadienne, et nous sommes extrêmement fiers de pouvoir les concevoir et les construire ici.
De plus, je pense qu'il y a eu un grand changement. L'équipement que vous mettez à bord de ces avions — l'équipement de communication, de surveillance et de radar — est de plus en plus petit. Voici 30 ou 40 ans, il aurait fallu une pièce plus grande que celle où nous sommes pour loger une machine ayant les capacités de nos téléphones actuels. Aujourd'hui, nous pouvons équiper un avion plus petit — c'est ce que nous offrons — de la même capacité que celle qui équipait les vieux appareils lorsque le P‑8 a été mis au point.
Bien sûr, l'avion est plus petit, alors il consommera moins de carburant. Il coûtera beaucoup moins cher à exploiter, et il aura une autonomie bien supérieure, une vitesse plus élevée et pourra atterrir dans les aéroports difficiles. Notre avion est plus performant. C'est un avion plus petit, mais nous pouvons le faire aujourd'hui parce que la technologie de chaque système est de plus en plus compacte. Nous n'avons plus besoin de gros avions.
À l'heure actuelle, malheureusement, le P‑8 est un gros avion parce qu'il s'agit d'une technologie plus ancienne. C'est l'avion qui... Les Américains eux-mêmes parlent du moment où ils commenceront à remplacer le P‑8. Nous avons été les derniers à l'acheter, alors nous devrions le savoir.
Je vais essayer de recentrer la discussion afin que nous puissions obtenir des renseignements susceptibles de nous aider dans notre étude, qui porte sur le processus d'approvisionnement et les recommandations visant à améliorer le processus. En effet, nous avons beaucoup de preuves des dysfonctionnements du processus, compte tenu des défis que pose l'approvisionnement en temps opportun sur des décennies.
Tout à l'heure, les fonctionnaires semblaient ne pas être au courant, ou surpris d'apprendre que votre entreprise est prête à soumissionner dans le cadre de cet approvisionnement particulier.
Pouvez-vous nous parler du processus? Le processus a‑t‑il été suivi? S'il n'a pas été suivi, c'est un problème, mais dans le cas contraire, que recommanderiez-vous au Comité sur la façon dont les processus d'approvisionnement peuvent mieux servir les Canadiens?
:
Je vais commencer et je laisserai ensuite Mme Thibaudeau vous répondre, car c'est elle qui dirige l'équipe de soumission de Bombardier qui reçoit les propositions de partout dans le monde.
De toute évidence, il y avait une lacune dans le processus. Services publics et Approvisionnement Canada, SPAC, a émis une demande d'information, à laquelle nous avons répondu de bonne foi. Nous sommes une entreprise très responsable, nous avons donc dit que nous pouvions faire A, B, C, D et ainsi de suite pour les 13 critères exigés. Nous avons dit que nous étions capables de le faire. Notre partenaire, GDMS, était également capable de faire le travail avec nous.
Pour répondre à votre première question, oui, il y avait une faille dans le processus parce que, depuis, nous n'avons reçu aucune nouvelle. Personne ne nous a contactés. Il est maintenant question... C'est une nouveauté dont nous avons entendu parler pour la première fois il y a quelques semaines. Une étude a été faite par des ingénieurs qui n'ont jamais frappé à notre porte pour nous poser des questions. Je ne sais pas comment ils peuvent évaluer et commenter notre capacité dans un rapport, car nous ne les connaissons pas.
C'était la même chose. Nous n'avons jamais entendu quelqu'un de SPAC — un ingénieur compétent — capable de dire si Bombardier pouvait le faire ou non.
Je vais laisser Mme Thibaudeau vous parler des processus des autres pays comparés aux nôtres.
:
Mme Thibaudeau pourra peut-être compléter ma réponse, mais il est clair que certains pays sont en pourparlers avec nous. Ils disent: « Voici l'avion que nous voulons. Voici la capacité dont nous voulons que l'appareil soit doté. Voici tous les systèmes que nous souhaitons. » Ils nous donnent le rayon d'action dont ils ont besoin. Ils nous disent à quelle altitude l'avion doit pouvoir voler. Ils nous donnent la liste des pistes courtes sur lesquels l'avion doit pouvoir se poser. L'avion doit être doté de tous les systèmes de surveillance ou de communication, ou peu importe les exigences.
Les exigences ne s'appliquent pas aux moindres détails. Nous ne devrions pas nous soucier de la couleur du fil à un endroit donné, ni de l'entreprise à laquelle nous achetons les boulons. Nous devrions leur livrer un avion capable de remplir la mission souhaitée.
Je pense qu'il faut trouver un juste milieu. Mme Thibaudeau travaille avec d'autres pays qui ont un processus beaucoup plus simple. Ensuite, nous avons une conversation au cours de laquelle nous présentons la manière dont nous pensons faire les choses, et nos interlocuteurs nous disent qu'ils sont satisfaits ou qu'ils aimeraient que nous envisagions d'autres possibilités. C'est un dialogue, et c'est ce que nous devrions faire maintenant.
À l'heure actuelle, nous ne savons même pas s'il y aura une demande de propositions. Le gouvernement semble s'être fait une idée à partir de renseignements erronés. L'information à sa disposition n'était pas exacte.
:
Je vais commencer, puis je céderai la parole à mon collègue.
Une bonne partie de ce qui a été dit aujourd'hui porte sur une meilleure harmonisation avec l'industrie. Qu'il s'agisse de l'industrie manufacturière, de l'espace numérique ou de l'espace technologique, le dialogue constant avec l'industrie sera extrêmement important à l'étape préalable à l'appel d'offres ou à l'approvisionnement. C'est à ce moment‑là qu'une grande partie de l'information partagée sur l'innovation, sur la façon dont le numérique est utilisé, sur les pratiques exemplaires qui évoluent... Une grande partie de ce dialogue a lieu à ce moment‑là, et cela accélère presque fortuitement, si vous voulez, le processus d'approvisionnement, parce qu'une grande partie de la découverte a déjà eu lieu.
Le deuxième point que je veux soulever concerne également la technologie. L'adoption de technologies numériques qui permettent une visibilité de bout en bout tout au long du processus d'approvisionnement sera extrêmement importante. Vous êtes en mesure d'établir des paramètres. Vous êtes en mesure de mesurer le succès de ces processus. Je suppose que ces renseignements sont importants pour des ministères comme la Défense nationale et SPAC, car ils passent des marchés avec des fournisseurs externes.
Je vais céder la parole à mon collègue.
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Merci beaucoup de me donner la parole.
J'ai parlé tout à l'heure de l'accélération de l'adoption des technologies numériques pour cette innovation continue qui comprend les processus d'approvisionnement.
La deuxième recommandation concerne l'approvisionnement en matière de défense, et elle devrait être considérée comme une catégorie distincte qui englobe les logiciels et les services de TI.
Troisièmement, le Canada devrait développer et maintenir ses capacités numériques au pays et veiller à tirer parti de la force de l'innovation au Canada.
Enfin — et je terminerai là‑dessus —, nous recommandons de faire participer l'industrie à des discussions qui ne soient pas liées à des projets précis à l'étape préalable à l'approvisionnement. Nous en avons évidemment discuté un peu au Comité. Il s'agit non seulement d'inclure des évaluations de la capacité au sein de l'industrie, mais aussi de tirer parti des programmes existants et émergents qui peuvent appuyer les projets du MDN et des FAC.
Merci.