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Je déclare la séance ouverte.
Bienvenue à la 74e réunion du Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire de la Chambre des communes.
Voici quelques rappels concernant la réunion d'aujourd'hui. Elle se déroulera en format hybride. Le compte rendu sera disponible sur le site Internet de la Chambre des communes. À titre informatif, je précise que la retransmission sur le Web montrera toujours la personne qui parle et non l'ensemble du Comité.
Les captures d'écran et les photos sont interdites. Nos témoins doivent en être conscients.
Les membres du Comité et les témoins peuvent s'exprimer dans la langue officielle de leur choix. Des services d'interprétation sont disponibles pour cette réunion. En cas de perte d'interprétation, veuillez m'en informer immédiatement et nous nous assurerons de la rétablir avant de continuer.
Avant de prendre la parole, veuillez attendre que je vous désigne par votre nom. Si vous êtes en vidéoconférence, veuillez cliquer sur votre microphone pour activer le son. Pour les personnes présentes dans la salle, le microphone s'allumera automatiquement. Si vous voyez le petit voyant rouge devant vous sur le panneau, cela signifie que votre microphone est allumé.
Lorsque vous prenez la parole, veuillez parler lentement et clairement pour permettre à nos interprètes de bien faire leur travail. Lorsque vous ne parlez pas, assurez-vous de mettre votre micro en sourdine. Cette dernière consigne s'applique tout particulièrement à ceux qui sont en ligne.
Je vous rappelle que toutes les interventions des membres et des témoins doivent être adressées à la présidence.
Conformément à l'ordre de renvoi d'aujourd'hui, le Comité reprend son étude du projet de loi .
J'aimerais maintenant souhaiter la bienvenue à notre premier groupe de témoins.
Nous accueillons aujourd'hui Mme Jodi Lazare, professeure agrégée. De l'organisme Animal Justice, nous avons Camille Labchuk, directrice exécutive. De l'Agence canadienne d'inspection des aliments, nous avons la Dre Mary Jane Ireland, directrice exécutive, Direction de la santé animale, vétérinaire en chef pour le Canada, et le Dr Rick James-Davies, directeur général, Opérations de l'Ouest. Je crois qu'il se joint à nous par vidéoconférence.
Nos témoins disposeront d'un maximum de cinq minutes pour nous livrer leur déclaration liminaire. Nous passerons ensuite à une première série de questions. Lorsqu'il vous restera une minute, je vous ferai signe d'amorcer votre conclusion. J'aimerais que vous essayiez de mettre fin à votre intervention dans les temps impartis. Je ferai de mon mieux pour ne pas couper la parole à qui que ce soit.
Nous avons une suppléance aujourd'hui. M. Collins remplace M. Drouin. Il n'y a pas de pression, monsieur Collins. Je suis sûr que vous vous en sortirez très bien.
Madame Lazare, nous allons commencer par vous. Vous avez cinq minutes pour nous faire part de votre déclaration liminaire. Merci.
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Je vous remercie. Je suis heureuse d'être ici.
Je m'appelle Jodi Lazare. Je suis professeure agrégée à la Schulich School of Law de Dalhousie, où je donne le cours obligatoire de droit constitutionnel et un séminaire sur le droit des animaux.
J'ai précédemment eu le privilège de recevoir une bourse de recherche du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada pour étudier les aspects constitutionnels de la défense des droits des animaux et des lois sur l'intrusion dans les exploitations agricoles. J'ai publié des articles sur ce sujet dans des revues à comité de lecture.
Je vais utiliser le temps dont le dispose pour évoquer ma principale préoccupation à l'égard du projet de loi proposé, à savoir que, tout comme en 2021, ledit projet de loi pourrait ne pas s'arrimer à la répartition des pouvoirs. Je veux dire par là que, dans sa forme actuelle et sans les amendements votés par le Comité en 2021 dans le cadre de l'étude du projet de loi C‑205, le projet de loi pourrait bien ne pas relever de la compétence législative du gouvernement fédéral.
Certaines des discussions qui ont eu lieu à la Chambre et en comité jusqu'à présent ont laissé entendre que l'uniformité des lois des administrations provinciales est un objectif louable, et je suis d'accord avec cela. Il est vrai qu'une loi fédérale qui s'appliquerait de manière uniforme serait, dans bien des cas, plus efficace qu'une mosaïque de lois provinciales distinctes.
Cependant, étant donné la nature de la structure constitutionnelle du Canada, il n'est pas toujours possible d'assurer la cohérence entre les provinces et, avec tout le respect que je lui dois, le gouvernement fédéral ne peut pas imposer la cohérence quand il agit en dehors de ses champs de compétences.
Je comprends que ce projet de loi vise à améliorer la biosécurité dans les exploitations agricoles et qu'il concerne, dans une certaine mesure, la protection des animaux et la sécurité alimentaire, mais il a également été dit plus d'une fois maintenant que le projet de loi porte principalement sur l'intrusion.
Je suis certaine que les membres du Comité n'ont pas besoin de ce genre de détails, mais par souci de clarté, je vais vous demander de bien vouloir me suivre dans mes réflexions rapides sur les questions constitutionnelles qui se posent ici.
Pour établir si une loi a été correctement adoptée par un ordre particulier de gouvernement — c'est‑à‑dire au niveau fédéral ou provincial — les tribunaux examinent ce que la loi fait réellement. Ils examinent l'objet et les effets de la loi pour découvrir ce que l'on appelle dans le jargon juridique son « essence » ou sa « caractéristique principale ».
Ils peuvent examiner le contexte de l'adoption d'une loi, comme les événements qui ont motivé sa présentation — qui ont, bien sûr, été pertinents ici — ainsi que les discours, les débats et les audiences comme celle‑ci. Dans le cas qui nous occupe, tous ces éléments indiquent clairement que la « caractéristique principale » de ce projet de loi n'est pas à 100 % la protection de la biosécurité. En effet, outre ce qui a été dit sur le fait qu'il s'agit d'un projet de loi sur l'intrusion — comme ce comité l'a déjà entendu et que, il me semble, nous continuons d'entendre à ce jour —, les menaces pour la biosécurité dans les exploitations agricoles ne sont à vrai dire pas le fait d'intrus, de manifestants ou d'activistes — de personnes « sans autorisation légitime » de se trouver dans l'exploitation, pour reprendre les termes du projet de loi.
Vous avez déjà entendu — et je pense que c'est quelque chose que nous allons continuer d'entendre — que les dossiers de l'Agence canadienne d'inspection des aliments montrent qu'il n'y a pas de preuve documentée ou de cas où un activiste, un intrus ou un manifestant aurait fait entrer une maladie dans une exploitation agricole, mais que les plus grands risques pour les animaux sont les maladies transmises d'une ferme à l'autre. La propagation des maladies entre exploitations se fait par les travailleurs, les fournisseurs, etc., ainsi que par les oiseaux et la faune sauvage, etc. En d'autres termes, les maladies ne sont pas transmises par des personnes qui occupent les lieux de façon illégale.
D'un point de vue constitutionnel, il s'agit donc, à mon avis et comme cela a été répété ici, d'un projet de loi sur l'intrusion, intrusion qui peut ou non, sur la base des données probantes, avoir des effets accessoires ou secondaires sur la biosécurité. Il est tout à fait clair que ce projet de loi vise à mettre un terme à l'activisme et à l'intrusion et à protéger la santé mentale des agriculteurs et des familles d'agriculteurs. Autrement dit, le projet de loi vise à protéger une industrie particulière en mettant fin à l'activisme qui se manifeste sous forme d'intrusion.
En fait, l'auteur du projet de loi a déclaré explicitement que cela concernait la protection de la propriété privée et, comme nous le savons tous, c'est une question de compétence provinciale puisque cela touche à la propriété et aux droits civils. En d'autres termes, les lois visant à protéger la propriété privée ne font pas partie de la « boîte à outils » du gouvernement fédéral.
Le fait est que toutes les provinces ont des lois sur l'intrusion. Quelques-unes ont des lois particulières concernant les intrusions dans les exploitations agricoles, bien que certaines de ces lois soient actuellement contestées devant les tribunaux. En fait, il est intéressant de noter qu'à l'exception de la partie concernant l'accueil d'un animal ou d'une chose, la loi de l'Île‑du‑Prince-Édouard contient exactement le même libellé que le projet de loi et n'a fait l'objet d'aucune remise en question constitutionnelle. C'est là une autre indication que ce projet de loi, le projet de loi C‑275, devrait être considéré comme étant de compétence provinciale.
Je tiens à préciser que je ne veux pas dire que le Parlement ne peut pas légiférer pour protéger la santé, la sécurité et la biosécurité dans les exploitations agricoles. Les tribunaux ont dit à maintes reprises que le Parlement peut légiférer pour protéger la santé et la sécurité par le biais du Code criminel et, dans ce cas, peut-être en utilisant sa compétence en matière d'agriculture, bien que la jurisprudence et l'interprétation concernant cette disposition soient plutôt minces.
Je pense plutôt que, dans son libellé actuel, ce n'est pas ce que ce projet de loi fait. Il ne cible pas la source la plus probable des risques en matière de biosécurité. Cependant, une loi prévoyant les mêmes restrictions et s'appliquant à tous ceux qui entrent dans une ferme légalement ou illégalement — en d'autres termes, qui reprendrait les mêmes amendements que ceux votés pour le projet de loi , en 2021 — serait beaucoup plus susceptible de survivre à l'examen constitutionnel puisque sa caractéristique principale serait la biosécurité.
Pour des raisons de temps, je vais m'arrêter là. Bien entendu, je serai heureuse de répondre à vos questions.
Je vous remercie.
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Bonjour. Je vous remercie de m'avoir invitée à comparaître.
Je suis avocate et directrice exécutive d'Animal Justice, le principal organisme national de défense du droit des animaux au Canada. Avec nos dizaines de milliers de sympathisants, nous nous efforçons d'améliorer les lois protégeant les animaux. Il s'agit d'une tâche importante puisque, pour tout dire, le Canada accuse un retard considérable en la matière. Nos lois sur la protection des animaux sont parmi les pires du monde occidental, en particulier en ce qui concerne les exploitations agricoles.
Permettez-moi de planter le décor. Il n'existe pas de lois fédérales ou provinciales régissant le bien-être des animaux dans les exploitations agricoles de notre pays. Au Canada, nombre des plus cruelles pratiques agricoles sont encore licites et couramment utilisées alors qu'elles sont interdites ailleurs, comme dans l'Union européenne et de nombreux États américains. Il s'agit, entre autres de choses, comme le fait de garder des porcs en gestation dans des cages métalliques si petites que les mères ne peuvent même pas se retourner, de l'entassement de poules pondeuses dans de minuscules cages grillagées où elles ne peuvent même pas déployer leurs ailes, et de l'élevage d'animaux pour leur fourrure.
L'absence de lois s'accompagne d'un manque de transparence et de contrôle. Les animaux d'élevage sont généralement enfermés derrière des portes closes dans des zones auxquelles, comme vous le savez, le public n'a pas accès. Il n'y a pas d'inspections gouvernementales des fermes pour contrôler de manière proactive le bien-être des animaux, y compris par l'ACIA. Les organismes provinciaux ont tendance à ne réagir que si une plainte est déposée, et aucun agriculteur ou travailleur n'a l'obligation légale de signaler ce qu'il voit.
L'une des rares occasions où une plainte pour cruauté peut être déposée est lorsqu'une personne va travailler incognito dans une ferme et filme ce qu'elle voit en portant une caméra cachée. J'ai participé à de nombreuses enquêtes de ce type. Par exemple, la dernière enquête menée par Animal Justice concernait un élevage de porcs en Ontario. Cette enquête a été diffusée dans le cadre de l'émission W5 de CTV. Le résultat de cela a été que l'exploitation porcine visée a été condamnée pour avoir pratiqué une césarienne mortelle sur une truie vivante et consciente, dans le cadre de ce que l'industrie appelle un « slash and grab » — littéralement, « entailler et saisir » —, ainsi qu'à une condamnation pour avoir castré des porcelets et leur avoir coupé la queue sans anesthésie.
Malheureusement, l'industrie de l'élevage au Canada a mis en place des lois du bâillon « agricoles » qui rendent illégal ce type de travail d'infiltration dans les fermes et qui visent à bâillonner les vidéos qui exposent la cruauté dont les animaux font l'objet. Ces lois ont commencé à se répandre aux États-Unis dans les années 2010 et sont maintenant également en vigueur, comme nous l'avons entendu, en Alberta et en Ontario. Dans ces provinces, il est illégal pour les journalistes et les dénonciateurs de s'infiltrer dans une exploitation agricole. Ces lois transforment ce comportement en violation de propriété. Nous pensons que ces deux lois sont inconstitutionnelles, car elles restreignent la liberté d'expression en vertu de la Charte. C'est d'ailleurs pour cette raison que notre organisme conteste cette loi ontarienne devant les tribunaux. Cette affaire sera entendue à compter du 30 octobre. À ce jour, aux États-Unis, des lois du bâillon ont également été contestées et abrogées dans six États.
Ce projet de loi vise toute personne se trouvant illégalement sur une exploitation agricole, ce qui, en Ontario et en Alberta, inclut les travailleurs infiltrés et les journalistes. Le passage interdisant l'introduction d'une « chose » dans une exploitation agricole semble viser une caméra cachée qu'un travailleur infiltré ou un journaliste pourrait porter et expose ces dénonciateurs à un risque important de poursuites pour le simple fait de transmettre des images au monde entier. L'interdiction du travail d'infiltration expose ce projet de loi à une contestation constitutionnelle.
Je ferai remarquer que présentement, au Canada, l'application des protocoles de biosécurité est entièrement volontaire, et que les études montrent que le respect de ces protocoles dans les exploitations agricoles est lamentable. Nous avons analysé des décennies de données de l'ACIA et, dans un rapport que je fournirai au Comité, nous faisons part de notre constatation du fait que les agriculteurs sont responsables de la plupart des problèmes de biosécurité et qu'une occupation des lieux n'a jamais causé de maladie. Ce sont plutôt les pratiques agricoles courantes, comme le partage des aiguilles, l'accès des animaux sauvages aux exploitations et l'utilisation d'équipements contaminés dans différentes zones, qui propagent les maladies.
Le Comité a également reçu une lettre signée par 19 spécialistes des maladies infectieuses. Ces derniers soulignent que les vidéos captées lors d'infiltrations sont bénéfiques pour la biosécurité et qu'elles ont même été à l'origine de l'un des plus grands rappels de produits alimentaires de l'histoire des États-Unis. Ces experts concluent que ce projet de loi cherche à instrumentaliser des préoccupations sincères concernant les maladies infectieuses et la santé animale et humaine afin d'accroître la protection des entreprises privées contre la mauvaise publicité.
Je dirai également que ce projet de loi ne comble aucune lacune juridique. Les provinces ont déjà des lois sur l'intrusion, mais il y a aussi le Code criminel. Toutes les occupations mentionnées la semaine dernière ont donné lieu à des condamnations au criminel, et il s'agit des accusations les plus graves possible, comme celles pour introduction par effraction, méfait ou vol.
Par exemple, un certain M. Binnendyk va nous parler de l'occupation de l'Excelsior Hog Farm, qui a eu lieu après la diffusion de vidéos montrant des conditions assez troublantes dans les fermes, dont celles de porcs qui ne pouvaient pas marcher et qui mouraient à petit feu sur un sol en béton souillé. Or, après l'occupation, deux personnes ont été reconnues coupables et condamnées à des peines d'emprisonnement. C'était en fait la peine la plus sévère qu'on ait vue de l'histoire du Canada pour une manifestation pacifique de cette nature.
Je conclurai en disant que je sais que les membres du Comité ont entendu de nombreux citoyens qui ont des préoccupations au sujet de ce projet de loi. Je vous demande instamment de ne pas les ignorer. Il est temps de faire une pause et de se demander pourquoi la confiance du public à l'égard des pratiques agricoles est si faible. Je dirais que ce n'est pas parce que les gens sont mal informés; c'est parce qu'ils voient, vidéo après vidéo, des animaux battus dans des fermes, des animaux souffrant de graves problèmes médicaux qui ne sont pas soignés et des animaux tués de manière brutale.
Ils voient des conditions que le public n'accepte tout simplement plus, et ils sont frustrés par l'absence de lois et le secret. La réponse à ces préoccupations légitimes du public ne doit pas consister à adopter des lois qui nuisent encore plus à la transparence.
Je vous remercie.
Nous sommes heureux d'être ici aujourd'hui pour vous parler dans le cadre de votre étude du projet de loi d'initiative parlementaire , la Loi modifiant la Loi sur la santé des animaux (biosécurité dans les exploitations agricoles).
L'Agence canadienne d'inspection des aliments, ou ACIA, est un organisme de réglementation à vocation scientifique qui veille à la santé des animaux, à la protection des végétaux et à la salubrité des aliments pour améliorer la santé et le bien-être des Canadiens, préserver l'environnement et favoriser l'économie. À ce titre, l'ACIA administre diverses lois et veille à leur application, dont la Loi sur la santé des animaux, que le projet de loi vise à modifier.
Le principal objectif de la Loi sur la santé des animaux est de protéger les animaux ainsi que de prévenir la transmission aux animaux et aux humains de maladies animales réglementées par le gouvernement fédéral et la présence chez ceux‑ci de substances toxiques elles aussi réglementées. L'ACIA emploie des vétérinaires, des inspecteurs vétérinaires et d'autres inspecteurs hautement qualifiés qui administrent et font appliquer la Loi sur la santé des animaux. En vertu de la Loi, les inspecteurs de l'ACIA ont le pouvoir d'effectuer des inspections, de saisir et de retenir des animaux ou des objets, d'enquêter sur des cas de non-conformité et de recommander des poursuites lorsqu'il est approprié de le faire.
Les inspecteurs de l'ACIA ne sont pas des agents de la paix. Ils n'ont pas le pouvoir de détenir des personnes qui contreviennent à la Loi sur la santé des animaux.
L'ACIA collabore avec divers intervenants, dont les agriculteurs, pour préserver la santé des animaux et prévenir la propagation de maladies. Cela comprend l'élaboration de mesures de biosécurité animale à la ferme qui sont mises en œuvre par les agriculteurs.
La biosécurité animale est une responsabilité partagée entre le gouvernement fédéral, les gouvernements provinciaux et territoriaux, les associations de l'industrie et les agriculteurs.
La Loi sur la santé des animaux et son règlement d'application contiennent des exigences en matière de biosécurité pour les maladies réglementées par le gouvernement fédéral. Les provinces et les territoires peuvent également élaborer et faire appliquer leurs propres exigences en matière de biosécurité. De plus, ils fournissent du financement aux agriculteurs pour améliorer les mesures de biosécurité et soutenir certaines activités de lutte contre les maladies.
Par ailleurs, l'ACIA, l'industrie, le milieu universitaire, les provinces et les territoires ont collaboré à l'établissement de normes nationales de biosécurité non obligatoires. Ces normes décrivent les pratiques et les protocoles que les agriculteurs doivent mettre en œuvre régulièrement pour empêcher les animaux d'être exposés à la maladie à la ferme.
Au Canada, la plupart des normes de biosécurité à la ferme sont d'application volontaire. Les agriculteurs sont responsables de la mise en œuvre des normes de biosécurité dans leurs installations. Bien que les normes de biosécurité à la ferme soient d'application volontaire, plusieurs associations de l'industrie en ont intégré des parties dans leurs programmes obligatoires à la ferme. Cet effort de collaboration entre les associations de l'industrie et les agriculteurs a favorisé le recours à des mesures de biosécurité à la ferme et à leur respect. Ces mesures, combinées à d'autres exigences réglementaires, aident à réduire la menace que représente la propagation des maladies et à maintenir l'accès au marché.
Bien que les objectifs du projet de loi soient louables, nous aimerions mentionner quelques considérations dont il pourrait être utile de tenir compte dans le libellé actuel du projet de loi.
Le libellé actuel comporte des risques juridiques. Il ne tient pas compte de la compétence provinciale et territoriale existante en matière de propriété et de droits civils. Presque toutes les provinces ont adopté des lois pour lutter contre les intrusions, et cinq provinces ont adopté des lois plus strictes sur la propriété privée pour interdire les intrusions dans un lieu où l'on garde des animaux.
Au palier fédéral, le Code criminel comprend des interdictions liées à l'intrusion, comme les méfaits et l'introduction par effraction. Ces dispositions ont été utilisées avec succès pour condamner des personnes qui se livraient à ce genre d'activité. Il y a un risque que l'interdiction ne constitue pas un exercice valide du pouvoir fédéral en matière d'agriculture, qui se limite aux exploitations agricoles qui sont « à la ferme ».
Le projet de loi présente également des difficultés d'application. La Couronne devra prouver hors de tout doute raisonnable que l'accusé était au fait du risque de transmission de la maladie au moment où il est entré dans les lieux ou qu'il a agi de façon imprudente en exposant un animal à une maladie ou à une substance toxique. De plus, les services de police locaux devront encore intervenir en cas d'intrusion, car les agents de l'ACIA ne sont pas des agents de la paix.
Nous vous encourageons à tenir compte de ces considérations dans votre étude du projet de loi.
Monsieur le président, j'espère que cela vous donne un aperçu général du rôle de l'ACIA en matière de santé des animaux et de biosécurité, ainsi que de certaines des difficultés que pose le libellé actuel du projet de loi. Nous sommes prêts à répondre aux questions du Comité.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Merci également aux témoins d'être des nôtres aujourd'hui pour discuter de ce projet de loi important.
Madame Labchuk, vous avez dit que, selon vous, la confiance du public à l'égard des agriculteurs est faible. Je ne suis pas d'accord. Je suis moi-même agricultrice et je dois donc me conformer aux normes de salubrité des aliments les plus strictes. Nous avons les normes parmi les plus strictes au monde. Qu'il s'agisse de la réglementation de l'Agence canadienne d'inspection des aliments, de la réglementation provinciale en matière de salubrité des aliments ou même des normes établies par chacun des secteurs agricoles, nous respectons les normes les plus strictes. En fait, j'ai une manchette ici, et elle se lit comme suit: les Canadiens respectent avant tout les pompiers, les infirmières et les agriculteurs.
Je rejette donc catégoriquement votre affirmation. J'ai confiance en nos agriculteurs. Grâce à leurs pratiques qui garantissent la salubrité des aliments de ce pays, nos agriculteurs offrent certains des produits les plus sûrs au monde.
Je n'ai que quelques questions à vous poser.
Avez-vous déjà mis les pieds dans une ferme?
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Merci une fois de plus de ne pas avoir répondu à la question.
Je vais maintenant adresser mes commentaires et mes questions à Mme Lazare.
Madame Lazare, dans votre témoignage devant un comité de la législature ontarienne à propos du projet de loi 156, vous avez déclaré qu'il y a des façons d'atteindre l'objectif législatif qui auront une incidence moins grande sur les libertés fondamentales. Par exemple, une simple augmentation du prix des contraventions pour intrusion ferait l'affaire, ou une interdiction explicite de menaces à la biosécurité, comme le prévoit le projet de loi d'initiative parlementaire C‑205 du gouvernement fédéral. Ces deux choses infirmeraient moins les droits que la mesure législative dans sa forme actuelle. Là encore, c'est suffisant pour que la loi ne résiste pas à une contestation constitutionnelle.
Dans votre déclaration liminaire, vous avez fait allusion au fait que le Parlement ne dispose pas de mécanismes de contrôle pour valider la constitutionnalité des projets de loi d'initiative parlementaire avant même leur dépôt, alors que c'est pourtant bien le cas.
Je vous remercie de reconnaître que ce projet de loi, anciennement le projet de loi , interdit les menaces à la biosécurité dans les fermes. Nous avons déjà établi dans le cadre de témoignages antérieurs que les dénonciateurs sont protégés au titre du projet de loi , puisqu'ils ont le droit d'être sur place. Donc, les dispositions de ce projet de loi ne s'appliquent pas à eux.
Êtes-vous d'accord? En quoi ce projet de loi empêche‑t‑il les dénonciateurs d'agir?
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Pardonnez-moi, mais il y avait beaucoup de questions là‑dedans.
Ce que j'ai dit sur le projet de loi 156 de l'Ontario, c'est que le Parlement pourrait interdire toute menace à la biosécurité dans les fermes. Toutefois, aujourd'hui, j'affirme que ce n'est pas ce que fait ce projet de loi, parce qu'il ne s'applique qu'aux intrus qui, selon les données probantes, ne sont pas ceux qui sont susceptibles de nuire à la biosécurité dans les fermes.
En quoi ce projet de loi empêche‑t‑il les dénonciateurs d'agir? Comme l'a dit Mme Labchuk, dans certaines provinces, il est illégal pour un dénonciateur ou un enquêteur de s'infiltrer dans une exploitation agricole. La présence de ces personnes à la ferme serait donc illégale, ce qui les exposerait aussi à des poursuites dans le cadre du projet de loi.
Aussi, je ne crois pas avoir dit qu'il n'y a pas de mesures de contrôle. Je crois que le but d'une audience de comité comme celle‑ci est d'entendre des spécialistes, des spécialistes de l'Agence canadienne de l'inspection des aliments, des spécialistes en protection des animaux et des spécialistes en droit constitutionnel, et c'est exactement ce que nous faisons en ce moment même. Nous discutons de la validité de la mesure législative.
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Oui. Merci pour votre question.
Dans notre analyse de données de l'Agence canadienne d'inspection des aliments couvrant des décennies, nous avons entre autres examiné de plus près ce qui menace la biosécurité et cause des maladies. Très souvent, il s'agit de mauvaises pratiques à la ferme ou de laxisme dans les pratiques volontaires. Par exemple, de nombreuses études ont été menées dans le secteur laitier, dans le secteur aviaire, dans des élevages de visons et dans des fermes cunicoles. Ces études montrent que, lorsque les chercheurs installent des caméras pour surveiller leur comportement, les gens ne suivent pas vraiment les règles de manière stricte.
L'une des choses que nous prônons... Quand la dernière mouture de ce projet de loi, c'est‑à‑dire le projet de loi , a été étudiée par ce comité il y a deux ans, on l'a amendé à diverses fins, et je crois que ces amendements seraient des mesures productives ici.
Le premier amendement retirait les mots « sans autorisation ou excuse légitime ». Ainsi, le libellé s'appliquait à quiconque se trouvait sur une ferme et était ainsi susceptible de nuire à la biosécurité. C'est important, car nous savons que la grande majorité des menaces à la biosécurité viennent des personnes qui ont couramment accès aux fermes. Il peut s'agir de travailleurs, d'exploitants ou de personnes qui vont et viennent sans autorisation. Il ne s'agit pas de personnes qui s'y trouvent illégalement.
C'est ce que nous proposerions.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
J'aimerais également remercier tous les témoins qui guident le Comité dans le cadre de son étude du projet de loi .
Madame Lazare, j'aimerais vous poser ma première question. Je pense que vous avez très clairement exposé la problématique de la formulation du projet de loi, qui, à mon avis, fait basculer le projet de loi dans le champ de compétence des provinces.
Les témoins nous ont également beaucoup parlé du manque de mesures de biosécurité efficaces dans les exploitations agricoles et du fait que bon nombre de ces mesures sont non obligatoires. Nous avons des cas documentés dans lesquels beaucoup de ces mesures ne sont pas respectées, même lorsqu'elles sont non obligatoires.
Selon vous, compte tenu de votre expertise en la matière, le gouvernement fédéral devrait‑il se donner le mandat de promulguer des exigences plus strictes en matière de biosécurité dans tous les secteurs? Vous avez souligné le fait qu'en raison du champ de compétence provincial, nous pourrions nous retrouver avec un ensemble disparate de lois sur l'intrusion, mais je pense que la compétence du gouvernement fédéral à cet égard est claire et que ce serait peut-être une façon d'homogénéiser le tout. Avez-vous un avis à donner à ce sujet?
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Monsieur le président, j'aimerais avoir une réponse simple à cette question.
L'introduction et la propagation de maladies dans une exploitation agricole ou dans des lieux où se trouvent des animaux sont des questions très compliquées et complexes. Une maladie peut s'introduire dans une exploitation de différentes façons. Elle peut être introduite par des êtres humains. Les animaux peuvent eux aussi introduire des maladies dans une exploitation, notamment lorsque des animaux quittent les lieux, se mêlent à d'autres animaux et reviennent. L'introduction de nouveaux animaux peut également amener des maladies.
Certains animaux sauvages peuvent également introduire des maladies dans les exploitations agricoles. Dans les cas de grippe aviaire hautement pathogène, nous avons constaté que les oiseaux aquatiques migrateurs sauvages sont la source probable de l'introduction de ces maladies au Canada. Certains éléments peuvent également introduire des maladies, comme les tracteurs et les objets susceptibles d'être contaminés par du fumier d'oiseaux sauvages, par exemple. C'est pourquoi la biosécurité tient compte de toutes les différentes voies de transmission dans ces lieux.
Nous devons également réfléchir à la maladie qui nous préoccupe. Comment se transmet-elle? S'agit‑il d'un virus? D'une bactérie? Est‑elle transmise par l'alimentation humaine, l'alimentation animale ou l'eau? C'est pourquoi les normes et les protocoles en matière de biosécurité sont si importants. Chaque exploitation présentera des facteurs de risque différents à prendre en considération, et ces normes nationales de biosécurité constituent un point de départ à partir duquel les agriculteurs peuvent élaborer leurs propres normes.
Je dirais en outre que nous n'avons pas connaissance d'un cas dans lequel il ait été confirmé qu'une maladie a été introduite par des intrus, mais que les êtres humains sont un facteur de l'introduction de maladies dans une exploitation agricole.
En conclusion, monsieur le président, je tiens à dire que le gouvernement du Canada a à cœur de protéger la santé et le bien-être des animaux, y compris des animaux d'élevage. La grande majorité des producteurs prennent également la santé et le bien-être de leurs animaux très au sérieux. Ils sont liés à leurs moyens de subsistance et à leur entreprise.
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Manifestement, il y a eu des hypothèses dans un cas comme dans l'autre parce que nous discutons de la question de savoir si c'est une possibilité ou non. Dire aveuglément que les Canadiens ne font plus confiance à nos agriculteurs porte atteinte à notre réputation, et je pense que cela rend un bien mauvais service à nos producteurs d'un bout à l'autre du pays. J'ai vraiment l'impression que le comité de l'agriculture se trouve actuellement dans une drôle de situation parce que nous faisons le procès des agriculteurs et nous leur disons qu'ils ne font pas leur travail.
Ayant moi-même grandi sur une ferme laitière et bovine, je connais les protocoles qui étaient en place. Certaines des normes de l'ACIA dont nous parlons sont d'application volontaire. Nous prétendons maintenant que les producteurs canadiens ne font pas le travail et ne fournissent pas l'effort supplémentaire pour veiller à ce que leurs animaux soient en sécurité. Pour ma part, je n'y crois pas une seconde.
Nous avions mis en œuvre, à l'instar de beaucoup de producteurs laitiers — et M. Lehoux en est un, lui aussi — un programme de santé du troupeau. Des vétérinaires viennent vérifier la santé du troupeau deux fois par mois. S'ils découvrent quelque chose qui ne va pas ou s'ils ont une grande préoccupation, ils communiquent avec l'ACIA.
Docteure Ireland, pouvez-vous dire un mot sur certains des processus et protocoles que les producteurs suivent volontairement. Pouvez-vous également nous parler du fait que des professionnels viennent faire des vérifications à la ferme si quelque chose ne va pas, comme c'est le cas dans le programme de santé du troupeau? Cela se fait aussi dans d'autres industries, comme celles du porc et des produits laitiers.
Bref, j'aimerais que vous nous parliez de certains des protocoles que suivent nos agriculteurs et qui sont supérieurs à ceux d'autres pays.
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J'ai deux ou trois autres observations à faire.
Madame Labchuk, vous avez dit que quelqu'un avait filmé une mise bas par césarienne. J'ai vu beaucoup de césariennes durant ma jeunesse lorsque je vivais sur une ferme laitière, et bon nombre de ces interventions s'imposaient pour sauver la mère et le veau. Vous savez quoi? Ce n'est pas beau à voir, mais il faut parfois faire une intervention médicale pour sauver un animal. Quand on le voit sur film, ce n'est peut-être pas très beau, mais en réalité, la plupart du temps, une telle intervention finit par sauver la vie de ces animaux parce que le vétérinaire arrive à temps, et on se retrouve avec un beau petit veau, peut-être un veau du club 4‑H — à l'époque, j'avais beaucoup d'animaux du club 4‑H.
Lorsque vous montrez cela sur vidéo, vous rendez un très mauvais service aux producteurs et aux agriculteurs, parce qu'ils prennent la santé de leurs animaux au sérieux, et vous savez quoi? Ils ont embauché un vétérinaire pour qu'il vienne pratiquer cette intervention afin que ces animaux survivent.
Je pense que nous devrions vraiment prendre du recul au sein de notre comité et éviter de faire le procès des producteurs canadiens en leur reprochant de ne pas bien prendre soin de leurs animaux.
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Nous reprenons nos travaux.
Bonjour, chers collègues. Nous sommes prêts à accueillir notre deuxième groupe de témoins.
M. Binnendyk est en ligne, mais sa connexion pose des problèmes du côté de l'interprétation. Nous devrons peut-être l'attendre, mais je tiens à ce que nous commencions à entendre les déclarations. J'espère que M. Binnendyk sera disponible au début de la période des questions et réponses.
Chers collègues, permettez-moi de vous présenter les témoins de cette partie de notre réunion.
Nous accueillons René Roy, président du Conseil canadien du porc, et M. Binnendyk, un propriétaire et producteur.
Nous recevons également David Wiens et Daniel Gobeil, qui sont respectivement président et vice-président des Producteurs laitiers du Canada.
Enfin, nous accueillons deux représentantes d'Animaux Canada: Mme Toolika Rastogi, qui comparaît en personne, et Erin Martellani, qui participe en ligne.
Nous allons procéder le plus rapidement possible pour essayer d'avoir deux séries de questions. Commençons par les conservateurs, qui disposent de six minutes.
[Français]
Monsieur Lehoux, vous avez la parole pour six minutes.
[Traduction]
Oh, je m'excuse. Nous allons plutôt commencer par M. Roy. Vous avez cinq minutes.
:
Merci, monsieur le président.
[Français]
Je vous remercie de m'avoir invité à venir parler du projet de loi ce matin.
Je m'appelle René Roy. Je suis le président du Conseil canadien du porc et producteur de porcs au Québec. Ce matin, M. Ray Binnendyk se joint à nous en tant que producteur et membre de l'association des producteurs de porc de la Colombie‑Britannique. Il a été touché directement, et en plusieurs occasions, par ce à quoi le projet de loi veut s'attaquer.
[Traduction]
Nous appuyons le projet de loi pour trois raisons principales.
Ce projet de loi nous aidera à endiguer le flot de désinformation qui sévit dans certains coins d'Internet, notamment par l'entremise de vidéos qui ont été filmées dans des exploitations agricoles étrangères et qui servent à justifier ce genre d'activités. Il faut que cela cesse, comme en témoignera M. Binnendyk sous peu.
Des mécanismes sont déjà en place pour donner suite à des préoccupations légitimes. Nos organisations provinciales travaillent en étroite collaboration avec les organismes de réglementation provinciaux pour veiller à ce que les exploitants prennent soin des animaux, et il existe un processus qui doit être respecté. Imaginez si, du jour au lendemain, il était légal d'entrer dans une banque et de commencer à prendre des photos de banquiers dans le cadre de leur travail parce que des manifestants auraient décidé qu'ils connaissent mieux le domaine ou, pire, parce qu'ils seraient d'avis que les banques ne devraient plus exister. Voilà le combat que nous menons.
Enfin, les menaces à la biosécurité sont bien réelles. Nos producteurs prennent une douche avant d'entrer dans leurs granges, et ils en prennent une autre à leur sortie. Nous avons établi des protocoles de biosécurité pour empêcher l'introduction de maladies par des humains qui ne respectent pas les normes de biosécurité. Cela pourrait nuire à nos animaux. Nous nous attendons à ce que nos partenaires des organismes légitimes de protection des animaux se joignent à nous pour appuyer les efforts visant à assurer la sécurité des animaux.
Je vous remercie.
J'espère que M. Binnendyk a réussi à se connecter. Je vais lui laisser le temps de se présenter.
:
Je vais prendre 30 secondes au lieu de 2 minutes pour présenter M. Binnendyk. C'est un producteur qui a été touché par ce genre d'intrusions dans les exploitations agricoles.
J'aimerais mentionner que ceux qui s'occupent des animaux à la ferme sont, en fait, des agriculteurs. C'est nous qui prenons soin des animaux tous les jours. C'est notre travail. Or, les intrusions nuisent à notre capacité de prendre soin de nos animaux. Il s'agit de notre gagne-pain. C'est aussi notre foyer, parce que nous travaillons à la ferme toute la journée. C'est là que nous vivons. Si les gens y entrent sans autorisation, cela nous empêche de bien prendre soin de nos animaux.
À mon avis, il est important que ce projet de loi traite également de la question de la biosécurité et de la façon dont les maladies peuvent être introduites, comme on l'a déjà mentionné, par des vecteurs humains.
Pour toutes ces raisons, j'estime que le projet de loi devrait être adopté, et nous l'appuyons sans conteste.
J'espère que M. Binnendyk pourra témoigner un peu plus tard pendant la période des questions.
Je vous remercie.
:
Merci, monsieur le président. C'est un plaisir pour moi de me joindre à vous aujourd'hui depuis ma ferme familiale à Grunthal, au Manitoba.
Je remercie, à mon tour, les membres du Comité de me donner l'occasion de parler un peu de notre situation.
Je m'appelle David Wiens. Je suis le président des Producteurs laitiers du Canada. Je suis accompagné de notre vice-président, M. Daniel Gobeil, avec qui je partagerai une partie de mon temps de parole aujourd'hui.
Au nom des producteurs laitiers canadiens, c'est un privilège pour moi d'être ici pour vous faire part de notre point de vue sur le projet de loi , Loi modifiant la Loi sur la santé des animaux, qui porte essentiellement sur la biosécurité dans les exploitations agricoles.
À titre de producteurs laitiers, nous avons pour mission principale de fournir aux familles canadiennes des produits laitiers sûrs, nutritifs et de grande qualité. Or, nous ne pouvons pas accomplir cette mission à moins de nous assurer que notre bétail est en santé et en sécurité.
Les producteurs laitiers canadiens adhèrent à un cadre national d'assurance de la qualité, un cadre obligatoire et coordonné, que nous appelons proAction. Ce cadre, qui évolue constamment pour tenir compte des pratiques exemplaires, englobe des programmes assortis d'exigences strictes dans un certain nombre de domaines clés, ce qui comprend, bien sûr, le soin des animaux et la biosécurité. Il s'agit d'un programme qui fait la fierté des producteurs laitiers canadiens. D'ailleurs, selon la récente évaluation menée par le Conseil national pour les soins aux animaux d'élevage, le programme remplit, voire dépasse toutes les exigences du cadre canadien d'évaluation des soins aux animaux.
Notre organisation a travaillé avec l'Agence canadienne d'inspection des aliments pour élaborer la norme nationale de biosécurité pour les producteurs laitiers canadiens. Les éléments les plus essentiels de cette norme nationale sont intégrés dans le volet biosécurité de l'initiative proAction, qui exige des mesures strictes dans toutes les fermes laitières canadiennes pour atténuer le risque d'exposition à des maladies dangereuses ou à des substances toxiques pouvant menacer la santé animale.
À cet égard, le contrôle des déplacements et des visiteurs est essentiel. Des agents pathogènes dangereux peuvent être introduits et propagés par des chaussures, des vêtements et des mains contaminés, ainsi que par des véhicules, des machines agricoles et d'autres équipements. C'est pourquoi nous avons des normes et des protocoles rigoureux au Canada, ce dont nous devrions être fiers.
De telles normes sont compromises lorsque des visiteurs de l'extérieur ne suivent pas les bons protocoles. Cela est vrai, peu importe l'objectif ou l'intention des personnes qui cherchent à avoir un accès incontrôlé à la ferme. Les agents pathogènes dangereux ne respectent pas les intentions. Ce sont des vecteurs de maladies opportunistes qui peuvent décimer les troupeaux de bétail et détruire les moyens de subsistance des agriculteurs.
Je vais maintenant céder la parole à mon collègue, M. Gobeil, pour quelques observations supplémentaires.
En fait, nos exploitations agricoles ne sont pas des espaces publics; ce sont nos maisons, les lieux où nous élevons notre famille. Évidemment, il est très important pour nous de préserver cette vocation.
Nous devons trouver un équilibre entre les droits fondamentaux et les mesures de sécurité raisonnables qui protègent la santé, la sécurité et le bien-être des animaux ainsi que des personnes qui travaillent sur les exploitations agricoles et dans la chaîne d'approvisionnement alimentaire. C'est pour cette raison que les Producteurs laitiers du Canada approuvent le projet de loi .
Je profite d'ailleurs de l'occasion pour saluer le travail du député de la circonscription de Foothills, qui a présenté ce projet de loi.
Nous estimons que ce nouveau projet de loi représente une amélioration par rapport au projet de loi , car il élargit la portée de la protection aux situations où les animaux et les objets sont gardés dans des endroits clos.
Toutefois, selon nous, le projet de loi n'atteint pas pleinement son objectif et certains de ses éléments doivent être modifiés. En effet, le critère de la connaissance ou de l'insouciance de l'accusé, en ce qui concerne l'exposition des animaux à des maladies ou à des substances toxiques, devrait être supprimé, car nous estimons qu'il impose un fardeau de la preuve irréaliste à la Couronne.
La seule possibilité qu'une entrée sans autorisation ou excuse légale puisse exposer nos animaux à une maladie ou à une substance toxique devrait être un motif suffisant pour pouvoir engager des poursuites. Nous pourrons approfondir nos propos lors de la période de questions.
En terminant, monsieur le président, au nom des Producteurs laitiers du Canada, je tiens à vous remercier ainsi que les membres du Comité de votre collaboration visant à renforcer la sécurité des animaux et à continuer d'améliorer la production agricole...
:
Je vous remercie de votre invitation à comparaître au sujet du projet de loi .
Fondée en 1869, la Société pour la prévention de la cruauté envers les animaux de Montréal a été la toute première organisation vouée au bien-être animal au Canada, et elle constitue maintenant l'organisme de protection animale le plus actif et influent au Québec. En plus d'être un refuge, la SPCA de Montréal est un organisme d'application de la loi. En effet, les agents et agentes de notre Bureau des enquêtes sont chargés de faire appliquer les lois provinciales en matière de protection animale.
Par contre, le pouvoir d'intervention des agents du Bureau se limite aux animaux de compagnie. En effet, dès qu'un animal est utilisé à des fins agricoles, il ne relève plus de leurs compétences. Ainsi, le seul recours de ces agents, qui sont aussi des constables spéciaux pouvant traiter les plaintes liées à des animaux de ferme, est d'invoquer les dispositions du Code criminel relatives aux crimes contre les animaux.
Malgré ce contexte, le Bureau des enquêtes a reçu au fil des ans de nombreuses plaintes de la part de lanceurs d'alerte concernant la maltraitance d'animaux d'élevage. Certaines d'entre elles ont d'ailleurs mené à des enquêtes criminelles, et même, dans certains cas, à des condamnations.
Ainsi, la SPCA de Montréal s'oppose au projet de loi pour plusieurs raisons, la principale étant qu'il pourrait nuire au travail de notre Bureau des enquêtes en lui retirant le seul outil qui lui permettrait de recevoir des signalements de maltraitance d'animaux provenant du milieu agricole, une industrie autorégulée qui fait déjà preuve de très peu de transparence et dont l'accès est excessivement restreint.
L'adoption de ce projet de loi serait néfaste puisque, à l'heure actuelle, dans la grande majorité des provinces canadiennes, dont le Québec, le traitement réservé aux animaux d'exploitations agricoles n'est pas réglementé. De plus, aucune instance gouvernementale n'effectue de visites proactives dans ces installations pour s'assurer du bien-être animal.
La SPCA de Montréal n'encourage évidemment pas les actes illégaux, mais, si des producteurs bouleversés se demandent pourquoi ils sont ciblés par des activistes, la réponse se trouve en grande partie dans le manque de transparence et de réglementation de leur industrie.
Dans ce contexte, réduire encore davantage l'accès aux installations d'élevage et la possibilité de documenter les infractions qui y sont commises, comme le propose ce projet de loi, nuira non seulement aux millions d'animaux vulnérables qui y transitent, mais aussi aux éleveurs et à la crédibilité entière d'une industrie qui devrait plutôt veiller à s'ajuster aux préoccupations sociétales.
Je vais maintenant céder la parole à Mme Toolika Rastogi.
L'organisme Animaux Canada est fier de venir témoigner aux côtés d'une de ses sociétés membres, la doyenne des SPCA au Canada.
Nous représentons toutes les sociétés d'assistance aux animaux au Canada, qui ont pour la plupart le mandat de faire appliquer les lois sur la protection des animaux.
Animaux Canada n'est pas un organisme militant; il ne fait pas campagne pour faire cesser l'élevage des animaux. Cela dit, nous sommes très préoccupés par le bien-être des animaux de ferme. Nous travaillons en collaboration avec l'industrie, notamment les Producteurs laitiers du Canada et le Conseil canadien du porc, qui témoignent eux aussi aujourd'hui, de même qu'avec les gouvernements et d'autres parties prenantes du Conseil national pour les soins aux animaux d'élevage, dans le but d'améliorer les normes sur les soins donnés aux animaux de ferme.
Je tiens à préciser que ces normes ne sont pas contraignantes sur le plan juridique dans la plupart des régions au pays. Le gouvernement n'inspecte pas les fermes pour vérifier qu'elles respectent les normes relatives au bien-être des animaux. En raison du manque de transparence, les violations des normes sur le bien-être et des lois sur la cruauté sont signalées aux organismes d'application de la loi au moyen de plaintes souvent accompagnées de preuves obtenues en catimini.
Si les Canadiens ne font pas confiance au secteur de l'élevage au Canada, c'est en raison du manque de transparence et du manque de surveillance de la part des gouvernements. Nous estimons que la solution est d'accroître la transparence, la reddition de comptes et la surveillance plutôt que d'appliquer des solutions provisoires telles que d'instaurer de nouvelles mesures et d'imposer des sanctions sévères contre les intrusions et les lanceurs d'alerte.
Nous devons en fait nous attaquer aux causes du problème. Ce n'est pas que les gens ne comprennent pas les méthodes d'élevage; ils comprennent que le système d'élevage actuel est extrêmement problématique. Le système prédominant préconise l'entassement d'un nombre très élevé d'animaux dans les bâtiments. Ces pratiques privent les bêtes de conditions de vie naturelles et des soins nécessaires à leur santé et à leur bien-être.
En plus, la production intensive et le nombre d'animaux dans les exploitations posent des risques élevés de contraction et de propagation des maladies infectieuses, ce qui a souvent des conséquences tragiques, comme nous l'avons vu lors de la pandémie de grippe aviaire.
Étant donné les risques élevés de maladie, de même que la crise du climat, de la biodiversité et de la pollution, nous devons repenser de toute urgence le système de production agricole au pays pour en faire un système écologiquement durable qui offre de bonnes conditions aux animaux. Les systèmes en harmonie avec les animaux qui n'ont pas d'incidence délétère sur la planète ont aussi pour effet d'améliorer le moral des agriculteurs. Ces principes concordent avec l'approche centrée sur la santé et le bien-être des animaux et des êtres humains — One Health, One Welfare —, qui est reconnue par les Nations unies.
Les travailleurs du secteur agricole ont besoin du soutien du gouvernement pour opérer la transition vers un système qui favorisera leur santé physique et mentale et leur bien-être tout en leur permettant de bien gagner leur vie.
Merci.
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Pour vous, c'est une journée de travail normale, mais pour moi, ce n'est pas vraiment une partie de plaisir.
Je m'appelle Ray Binnendyk et je témoigne au nom d'Excelsior Hog Farm à Abbotsford, en Colombie-Britannique.
Nous exploitons la ferme familiale que mon père a fondée en 1977 lorsqu'il est arrivé au Canada après avoir quitté les Pays-Bas. Je suis un des propriétaires-exploitants avec deux de mes frères. Nous avons chacun quatre enfants. Notre famille est tissée serré. Nous nous réunissons chaque dimanche matin chez les grands-parents pour le brunch. Pour nous, l'agriculture n'est pas seulement un gagne-pain; c'est un style de vie.
On m'a demandé de venir donner mon point de vue sur le projet de loi , qui est très important pour l'avenir du secteur agricole.
Pour ceux parmi vous qui ne le sauraient pas, de nombreuses intrusions se sont produites dans notre ferme au cours des quatre dernières années. D'abord, des caméras cachées ont été installées. Ensuite, il y a eu une occupation. Quarante-huit personnes ont campé dans notre étable toute une journée pendant que 150 manifestants se tenaient sur la route. Il y a quelques mois, nous avons encore trouvé trois caméras.
Je considère comme une invasion de notre vie privée le fait que des manifestants entrent par effraction dans notre étable, installent des caméras et répandent de fausses informations en ligne sur notre ferme familiale. Cette expérience a été extrêmement troublante. J'ai vu cela non seulement une violation de notre propriété, mais aussi comme une atteinte à notre sentiment de sécurité et de confiance au sein de la communauté. Les membres de la famille et les amis savaient que ces propos étaient mensongers. Par contre, il a fallu quelques années pour que les gens arrêtent de nous accueillir par des doigts d'honneur lorsque nous amenions les porcs au marché.
Les fausses accusations en ligne ont eu de graves répercussions émotionnelles pour notre famille. Comme nous sommes tissés serré, nous étions là les uns pour les autres, mais je suis certain que ce ne serait pas la même chose pour tout le monde.
Les agriculteurs canadiens sont fiers de ce qu'ils font, et ils travaillent fort pour nourrir la population. Ceux qui œuvrent dans le secteur doivent respecter un grand nombre de lignes directrices sur la santé et les soins des animaux, et tous les respectent.
La biosécurité influe aussi énormément sur la santé des animaux et sur la sécurité alimentaire. Il y a...
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie également les témoins d'être avec nous, ce matin.
Je suis resté assis sur ma chaise, mais j'ai quand même sursauté en entendant certains propos tenus par nos témoins, ce matin, notamment quand ils ont parlé de manque de transparence dans l'industrie. Je suis moi-même un ancien producteur laitier, et je trouve un peu particulier d'avancer de telles choses.
Je vais d'abord m'adresser à M. Roy, qui représente les producteurs de porcs.
Vous avez parlé de l'importance de la biosécurité et du nombre de contrôles que vous devez faire lorsqu'une personne entre dans vos installations.
Pourriez-vous en dire davantage sur l'impact de la biosécurité, en regard des différents éléments que vous avez soulevés dans vos propos?
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Je peux certainement vous donner un début de réponse, et je vais demander à M. Gobeil d'enchaîner. Pour des raisons de biosécurité, nous contrôlons scrupuleusement les personnes qui se présentent à la ferme, surtout dans les étables où se trouve le bétail, et en fait, partout où se trouve le bétail.
Pour nous, c'est capital. Nous avons des paires d'yeux supplémentaires qui viennent à la ferme. Nous travaillons très étroitement avec notre nutritionniste pour les animaux, qui va dans les étables régulièrement pour voir le bétail, car nous voulons que les vaches soient en parfaite santé, c'est-à-dire ni émaciées ni en surpoids. Des vétérinaires viennent sur place régulièrement pour effectuer un bilan de santé des troupeaux.
C'est un travail d'équipe. Nous avons des gens qui ne sont pas à la ferme, et évidemment, des gens du programme proAction, qui réalisent les audits régulièrement pour vérifier que nous remplissons les exigences du programme d'assurance de la qualité.
Monsieur Gobeil, voulez-vous ajouter quelque chose?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie tous les témoins qui sont avec nous aujourd'hui, particulièrement M. Binnendyk, pour qui c'est peut-être plus difficile que pour les autres. Les membres du Comité sont reconnaissants de l'apport de chacun et de chacune.
Je vais m'adresser à Mme Rastogi ou Mme Martellani. Je ne sais pas qui va répondre à ma question.
Madame Martellani, dans vos remarques préliminaires, vous avez dit que vous n'encouragiez pas du tout les intrusions, mais que ce projet de loi allait nuire aux enquêtes en vous retirant votre seul outil. Je reprends vos mots. Dans la même phrase, vous dites ne pas encourager les intrusions, mais, au fond, ce projet de loi concerne particulièrement cela. Je perçois une contradiction.
Pourriez-vous m'expliquer clairement votre position? Madame Rastogi, vous venez de mentionner qu'il y a d'autres moyens. Quels sont-ils? J'ai posé cette question au groupe de témoins précédent.
Supposons que quelqu'un de l'extérieur qui n'a pas accès à l'exploitation agricole soupçonne l'existence de mauvais traitements. Y a-t-il un moyen de faire un signalement? L'ACIA nous a dit que oui. J'aimerais vous entendre là-dessus et sur la contradiction.
Merci.
:
Je vous remercie de la question.
De notre point de vue, le projet de loi n'est pas une mesure appropriée pour répondre aux préoccupations. Les mesures de biosécurité ou la modification dont vous parlez, faisant en sorte que le projet de loi s'appliquerait non seulement à ceux qui n'ont pas d'autorisation légitime, mais aussi à ceux qui ont une excuse pour se trouver dans la ferme, pourraient constituer une amélioration, car comme nous l'avons entendu pendant les témoignages du groupe précédent, ce sont généralement les activités et les pratiques dans la ferme qui posent le plus de risques en matière de biosécurité, et non celles de l'extérieur.
Toutefois, la question la plus importante est celle de l'intrusion et des préoccupations liées aux manifestations. Ces problèmes pourraient être atténués si le gouvernement faisait une inspection de façon préventive, s'il y avait un mécanisme de surveillance publique qui ne s'appuyait pas sur le travail de surveillance géré par l'industrie, mais qui, en fait, faisait en sorte qu'on rendrait des comptes à la population.
Monsieur Roy, j'aimerais passer à vous. Notre comité a reçu une lettre de la part d'infectiologues, tous des spécialistes dans leur domaine. Permettez-moi d'en citer un extrait: « Toutefois, dans sa forme actuelle, le projet de loi C‑275 ne tient pas compte des risques liés à la biosécurité et aux maladies infectieuses d'origine zoonotique. Il s'agit plutôt d'une loi anti-intrusion qui exempte les entreprises et les employés du secteur de l'élevage et qui cible les journalistes, les dénonciateurs et les activistes qui s'infiltrent dans une ferme pour faire état des conditions dans les fermes. »
J'ai visité des fermes. J'ai suivi les mesures de biosécurité. Dans une vie antérieure, je plantais des arbres. J'ai visité des ranchs où j'ai dû nettoyer mes bottes au jet. Nous devions laver les roues de nos camions à grandes eaux parce qu'il y avait un risque de fièvre aphteuse à l'époque. J'ai visité des fermes d'élevage de poulets et je ne devais pas être en contact avec de la volaille pendant les deux semaines précédant ma visite. J'ai dû porter des couvre-chaussures spéciaux. Je comprends les protocoles mis en place.
Je constate que dans les témoignages sur le projet de loi, on dit qu'il faut empêcher les intrusions. À la lumière du passage que j'ai cité, ma question est la suivante: Comment le Parlement fédéral peut‑il s'assurer que le projet de loi n'empiète pas sur les compétences provinciales en ce qui concerne les lois sur l'intrusion? Nous ne pouvons tout simplement pas légiférer sur les droits de propriété. C'est du ressort des provinces. À votre avis, comment pouvons-nous faire en sorte que le projet de loi porte simplement sur la biosécurité et non sur l'intrusion?
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les agriculteurs et les représentants du secteur agricole qui sont ici aujourd'hui.
J'aimerais tout d'abord remercier M. Binnendyk pour ses activités agricoles. Mon grand-père était agriculteur. Mon grand-père néerlandais, Andres Posthumus, est venu ici et pratiquait l'agriculture, et j'ai passé beaucoup de temps dans des fermes. Mes oncles et mes cousins sont agriculteurs. Je veux m'assurer que les gens comprennent que nous apprécions tous le travail des agriculteurs au Canada. Nous vous remercions de ce que vous faites.
Je crois savoir que votre ferme compte entre 12 000 et 14 000 animaux, d'après le témoignage que vous avez donné devant le tribunal. Je suppose donc qu'elle fait partie des grandes fermes. C'est formidable, et je vous remercie.
Merci, madame Rastogi, d'avoir précisé qu'Animaux Canada et les SPCA travaillent pour le bien-être et la protection des animaux et ne prônent pas la fin de l'élevage, parce qu'il a été dit à tort à plusieurs reprises au sein de ce comité que nous voulions tous mettre fin à l'élevage. Il est clair que ce n'est pas le cas.
Je vous remercie également d'avoir souligné que ce ne sont pas les agriculteurs qui suscitent la méfiance, mais plutôt le système agricole. Je pense que nous savons tous que la majorité des agriculteurs sont bons et qu'ils se soucient de leurs animaux, mais comme dans toute industrie, il y a quelques mauvais individus mal intentionnés.
J'aimerais savoir si vous pensez que le projet de loi renforcera la confiance du public dans le système. M. Binnendyk a mentionné qu'il avait du mal à parler de son métier d'agriculteur maintenant parce que les gens le regardent de travers.
Pensez-vous que le projet de loi contribuera à ce que les gens aient confiance dans le système, ou pensez-vous qu'il aura l'effet inverse?
:
Merci, monsieur le président.
Je n'ai pas le temps de poser une question, mais je voulais faire un commentaire. Je suis très préoccupé par le fossé qui se creuse entre les régions rurales et urbaines au pays. Je pense que nous l'entendons dans certains témoignages. Il ne s'agit pas, en soi, d'une question opposant les régions urbaines et les régions rurales, mais il y a une tendance à analyser les choses en ce sens.
Dans le cadre de ce débat, je voudrais nous encourager tous à faire attention — et je ne vise personne en particulier — à nos hyperboles lorsque nous parlons de ces questions. Je pense que nous avons parfois tendance à aller à l'extrême du spectre des deux côtés pour toute question particulière dans cette enceinte. Moi, en tout cas, quand je pose mes questions, j'essaie vraiment de trouver un juste milieu, où il y a du vrai.
Je pense que nous devons être attentifs à ce fossé grandissant dans notre pays et je le dis en tant que personne qui est originaire de l'Ouest, mais qui représente une circonscription urbaine. Au lieu de poser une question, je voulais simplement terminer en parlant de ce sentiment particulièrement important, à mon avis.
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Merci, monsieur Perron.
Il a été question de réduire les outils. Pour nous, un outil comme celui qui permet à quelqu'un d'aller sur le lieu de production, où travaillent nos familles, nos enfants et nos petits-enfants et où nous sommes pendant la journée, ne favorise pas un équilibre en matière de santé mentale et de bien-être des animaux.
Beaucoup de gens viennent sur les fermes: des vétérinaires, des fournisseurs d'intrants, des vendeurs d'équipement, des représentants du ministère de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire et aux représentants du ministère de l'Environnement.
Soyez assurés que tous ces gens sont en mesure de dénoncer des cas de maltraitance. Selon le programme ProAction, il doit y avoir une visite au moins tous les deux ans. Parfois, c'est tous les ans. Ces visites servent justement à s'assurer du bien-être des animaux et à dénoncer la maltraitance.
Les gens de l'industrie veulent nourrir la population. Nous voulons continuer de produire la nourriture des consommateurs. Il est évident qu'il n'y a aucune tolérance pour la maltraitance. Nous n'avons pas besoin d'un outil comme celui-là pour faire le travail de surveillance et pour assurer la transparence.
L'industrie est disposée à être plus transparente, mais la solution n'est pas l'intrusion par des lanceurs d'alerte ou des...