Puisqu'il y a une nouvelle personne, je vais vous faire part des consignes d'usage.
La réunion se déroule sous forme hybride, conformément à l'ordre de la Chambre adopté le 15 juin 2023. Les députés peuvent y participer en personne ou au moyen de l'application Zoom.
Pour garantir le bon déroulement de la réunion, j'aimerais transmettre certaines consignes aux témoins et aux députés.
Avant de prendre la parole, attendez que je vous nomme. Si vous participez à la réunion par vidéoconférence, cliquez sur l'icône du microphone pour activer votre micro, et veuillez le mettre en sourdine lorsque vous ne parlez pas.
En ce qui concerne l'interprétation, ceux qui utilisent Zoom ont le choix, au bas de leur écran, entre le parquet, l'anglais et le français. Ceux qui sont dans la salle peuvent utiliser l'écouteur et choisir le canal désiré.
Bien que cette salle soit munie d'un système audio performant, il est possible que des retours de son se produisent. Ceux-ci peuvent être extrêmement nocifs pour les interprètes. La cause la plus fréquente d'un retour de son est une oreillette portée trop proche d'un microphone. Nous demandons donc à tous les participants de faire preuve d'une grande prudence lorsqu'ils manipulent leur oreillette. J'invite les participants à s'assurer qu'ils parlent bien dans le microphone qui leur est assigné et à éviter de manipuler leur oreillette en la déposant sur la table, loin du micro, lorsqu'ils ne l'utilisent pas.
Je vous rappelle que toutes les observations des députés et des témoins doivent être adressées à la présidence.
Les députés présents dans la salle qui souhaitent prendre la parole sont priés de lever la main, et les députés présents par Zoom sont priés d'utiliser la fonction « lever la main ». La greffière du Comité et moi-même ferons de notre mieux pour maintenir l'ordre de parole.
Conformément à notre motion de régie interne concernant les tests de connexion requis, je souhaite informer le Comité que tous les témoins qui participent à la réunion par vidéoconférence ont effectué ces tests avant la réunion.
J'aimerais maintenant souhaiter la bienvenue à nos témoins.
De l'Alliance des femmes de la francophonie canadienne, nous recevons Mme Boutiyeb, directrice générale, et Mme Enayeh, présidente.
De la Table ronde provinciale québécoise sur l'emploi, nous recevons M. Salter, directeur général, et M. Walcott, directeur de l'engagement et des communications.
J'aimerais maintenant vous expliquer comment la réunion va se dérouler.
Chaque organisme dispose de cinq minutes pour prononcer son allocution d'ouverture. Par la suite, nous passerons aux tours de questions. Malheureusement, je suis très sévère pour ce qui est du temps de parole. Cela dit, plus on respectera son temps de parole, plus nous aurons la chance de faire un deuxième tour de questions, ce qui laisse à toutes les formations politiques la chance de poser les bonnes questions. Je suis sévère pour ce qui est du temps de parole, mais je dois dire que c'est très agréable de recevoir les témoins. Je fais vous faire signe environ 15 secondes avant la fin du temps qui vous est alloué.
Nous pouvons maintenant commencer.
Madame Boutiyeb, vous avez la parole pour cinq minutes.
:
Monsieur le président, mesdames et messieurs les députés, je vous parle depuis les territoires non cédés des Musqueam, des Squamish et des Tsleil-Waututh, à Vancouver.
Au nom de l'Alliance des femmes de la francophonie canadienne, soit l'AFFC, j'aimerais remercier le Comité permanent des langues officielles de nous inviter à présenter nos recommandations dans le cadre de l'étude sur le développement économique des communautés de langue officielle en situation minoritaire.
Je m'appelle Nour Enayeh et je suis la présidente de l'AFFC. Je suis accompagnée aujourd'hui de Mme Soukaina Boutiyeb, directrice générale de l'organisme.
L'AFFC est un organisme féministe sans but lucratif voué à la sensibilisation et à la promotion du rôle et de la contribution de plus de 1,3 million de femmes francophones et acadiennes vivant en situation minoritaire. L'AFFC a la chance de pouvoir compter sur son réseau de 15 organisations membres.
Cette année, le nouveau Plan d'action pour les langues officielles a reconnu officiellement l'apport essentiel des femmes dans le développement des communautés de langue officielle en situation minoritaire. Elles assurent notamment la transmission de l'identité francophone. Des investissements concrets et constants envers les femmes francophones et acadiennes sont essentiels afin de reconnaître cet apport et d'assurer le développement économique de nos communautés.
Pour nos communautés, les défis sont nombreux. L'augmentation, durant la pandémie, de la violence fondée sur le sexe et l'absence de la francophonie dans le Plan d'action national pour mettre fin à la violence fondée sur le sexe est préoccupante. De plus, pour le réseau de l'AFFC, la réalité du financement est alarmante, puisque nos organisations membres ne bénéficient pas toutes d'un financement de base. L'attribution d'un financement de base est essentielle pour leur permettre de continuer de jouer leur rôle dans leur communauté.
Les femmes immigrantes francophones ont aussi des besoins particuliers qui ne sont pas pris en compte dans les programmes et services en immigration. Cette prise en compte permet non seulement une meilleure intégration des femmes immigrantes francophones, mais également une meilleure participation à la vie sociale et économique. Au Canada, les femmes comptent pour environ 54 % des personnes aidantes, aussi appelées « proches aidantes ». Ces femmes doivent avoir accès à des soins de santé ou à des services en français qui répondent à leur réalité particulière.
L'analyse comparative entre les sexes plus vient atténuer les effets produits par les programmes et services offerts par le gouvernement en fonction des facteurs identitaires relatifs à chaque personne. Pour être pleinement efficace, elle doit être appliquée de manière exhaustive et ses résultats doivent être accessibles au public.
L'AFFC présente au Comité les recommandations suivantes.
Premièrement, nous recommandons que le gouvernement réserve une enveloppe spécifique aux organismes de femmes francophones et acadiennes dans le cadre des financements accordés par toutes les institutions fédérales.
Deuxièmement, nous recommandons que le gouvernement assure un financement de base spécifique à toutes les organisations de femmes francophones et acadiennes en situation minoritaire et investisse un montant de 280 millions de dollars sur cinq ans dans l'enveloppe des fonds alloués à titre de financement de base des organismes de la francophonie canadienne.
Troisièmement, nous recommandons que le gouvernement applique une analyse comparative entre les sexes plus exhaustive et assure l'accessibilité des résultats à l'ensemble de la population.
Quatrièmement, nous recommandons que les programmes et services d'immigration développés par le gouvernement fédéral respectent l'engagement en matière d'égalité entre les genres et tiennent compte des besoins des femmes immigrantes francophones.
Cinquièmement, nous recommandons que le gouvernement investisse un montant supplémentaire pour la mise en œuvre du Plan d'action national pour mettre fin à la violence fondée sur le sexe et consacre une enveloppe spécifique aux organismes de femmes francophones et acadiennes en milieu minoritaire.
Finalement, nous recommandons que le gouvernement investisse afin de faciliter l'accessibilité aux ressources et aux services pour les personnes aidantes francophones.
Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité permanent des langues officielles, je vous remercie de votre attention. Mme Soukaina Boutiyeb et moi-même nous tenons à votre disposition pour répondre à vos questions.
:
Merci, monsieur le président.
Avant de prononcer mon allocution d'ouverture, je tiens à mentionner que c'est avec plaisir que je vais répondre aux questions des membres en français, mais que, en tant que directeur d'un organisme qui représente la communauté d'expression anglaise au Québec, je vais faire mon allocution en anglais.
[Traduction]
Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité, au nom de la Table ronde provinciale sur l'emploi, je vous remercie de me donner l'occasion de m'adresser à vous aujourd'hui.
Dans le cadre de mon exposé et de nos discussions, j'espère pouvoir mettre en lumière les enjeux et les besoins des communautés anglophones du Québec en matière d'emploi.
J'aimerais d'abord vous en dire un peu plus sur nous. La Table ronde provinciale sur l'emploi est une initiative multipartite à but non lucratif dont l'objectif principal est d'aborder les questions relatives à l'emploi et l'employabilité de la communauté anglophone du Québec.
Pour ce faire, nous étudions les principaux défis auxquels ces collectivités font face, et nous mobilisons notre réseau de plus de 90 membres de partout au Québec. Ils nous transmettent leurs connaissances et leur expertise par l'entremise de leur participation à nos quatre tables sectorielles, qui regroupent les fournisseurs de services d'emploi, les employeurs, les éducateurs et les organismes communautaires régionaux. Nos tables sectorielles éclairent nos recherches et nous permettent d'obtenir des rétroactions sur notre analyse. Elles servent aussi à la mobilisation collective et à l'élaboration de solutions et d'initiatives pour aborder les enjeux en matière d'emploi auxquels nos collectivités font face, et accroître la sensibilisation à leur égard.
Bien que je sois heureux d'être ici pour vous parler des plus récentes statistiques relatives à l'emploi des anglophones du Québec, les tendances économiques qu'elles révèlent sont très préoccupantes.
La recherche quantitative de la Table ronde, qui mise principalement sur les données du recensement du Canada, montre que les anglophones du Québec, qui représentent 57,4 % des travailleurs de la communauté de langue officielle en situation minoritaire du pays, présentent des taux de chômage plus élevés, ont un revenu plus faible et sont plus pauvres que la majorité francophone du Québec et les autres communautés de langue officielle en situation minoritaire au pays.
De façon plus précise, notre analyse des données du recensement de 2021 montre que les anglophones présentaient un taux de chômage de 10,9 %, ce qui représente quatre points de pourcentage de plus que les francophones du Québec, dont le taux de chômage est à 6,9 %. Le revenu d'emploi médian des anglophones est aussi moins élevé que celui des francophones: ils gagnent 5 200 $ de moins qu'eux par année. Ces écarts associés à l'emploi et au revenu existent et se creusent depuis au moins 2001, et ont doublé entre 2016 et 2021. Une analyse plus poussée des données sur le chômage et le revenu montre des variations au sein même de la communauté anglophone, puisque les habitants des régions, les minorités visibles, les immigrants, les membres des Premières Nations et les Inuits sont en moins bonne posture.
Bien que le mythe des anglophones riches du Québec persiste, la réalité sur le terrain est tout autre. Les inégalités des revenus des membres de la communauté anglophone du Québec sont importantes et le taux de chômage est disproportionnellement plus élevé chez les anglophones que chez les francophones: 10 % comparativement à 5,8 %. Même s'ils ne représentent que 14,9 % de la population du Québec, les anglophones représentent près du quart — ou 23 % — des quelque 450 000 Québécois vivant dans la pauvreté.
Les statistiques sont assez frappantes. La communauté anglophone du Québec fait face à d'importants défis économiques, qui menacent sa vitalité dans la province.
Pour trouver des solutions appropriées, il est important de comprendre pourquoi les anglophones ont perdu du terrain au cours des dernières années. Les recherches que nous avons effectuées jusqu'à maintenant nous ont permis de cibler trois principaux freins à l'emploi, qui expliquent les tendances à la baisse au sein de notre communauté: premièrement, le manque d'accès à des services d'emploi spécialisés et destinés aux anglophones; deuxièmement, un système inefficace d'apprentissage du français, surtout pour les adultes sur le marché du travail, et le manque de programmes diversifiés pour répondre aux besoins de formation linguistique des particuliers qui exercent des professions clés; troisièmement, le manque d'accès à des programmes de formation professionnelle en anglais, surtout dans les régions. À titre d'exemple, les données montrent que 6,2 % d'anglophones passent par un programme de formation professionnelle et technique, par opposition à 13,2 % de francophones... Moins de la moitié. Cela les empêche d'obtenir des emplois pour lesquels il y a une forte demande au Québec.
Comme vous le savez, l'emploi est un domaine de compétence partagée. Ainsi, nous croyons que pour aborder les défis de manière efficace et renverser les tendances inquiétantes en matière d'emploi et de vitalité économique que nous avons désignées, nous croyons que tous les gouvernements doivent travailler ensemble de manière coordonnée.
Il faut d'abord reconnaître que l'emploi est la pierre angulaire du développement économique et de la vitalité communautaire des anglophones du Québec, et élaborer une stratégie qui met l'accent sur les répercussions et la reddition de comptes. Il faut aussi améliorer les relations entre les institutions fédérales et la communauté anglophone du Québec dans le domaine du développement économique. Il faut assurer la coordination entre le gouvernement fédéral — surtout Patrimoine canadien et Emploi et Développement social Canada — et le gouvernement provincial pour les questions de compétence partagée, et la coopération à cet égard. Il faut investir dans la recherche sur l'emploi et le développement économique de la communauté anglophone. Enfin, il faut mettre sur pied un plan pancanadien pour accroître les investissements dans les programmes gratuits et accessibles d'apprentissage du français.
Au cours des trois dernières années, la Table ronde a mis sur pied un réseau robuste et diversifié de partenaires, dont l'expertise et les perspectives renforcent notre capacité à trouver des solutions aux problèmes que j'ai décrits aujourd'hui. Nous sommes particulièrement fiers de notre partenariat avec le Réseau de développement régional et avec YES, un organisme d'aide à l'emploi de Montréal avec lequel nous avons élaboré un programme de renforcement de la confiance en français pour les personnes qui cherchent un emploi dans la province.
Néanmoins, tous nos membres et intervenants sont prêts à travailler avec tous les ordres de gouvernement à l'élaboration et à la mise en œuvre de solutions novatrices qui aideront les membres de notre communauté à relever les défis en matière d'emploi. Pour mettre en œuvre notre vision, il nous manque un investissement adéquat et durable de la part du gouvernement.
Je vous remercie de m'avoir écouté.
[Français]
Je me ferai un plaisir de répondre en français à vos questions aussi bien que je le pourrai.
Si vous me le permettez, je vais parler d'une histoire que nous avons vécue nous-mêmes en tant qu'organisme.
Pendant la pandémie, en plus de tout ce qu'elle a vécu, l'AFFC a été victime d'une attaque. En effet, nous avons reçu un colis suspect dans lequel les expéditeurs nous indiquaient que la place des femmes — je m'excuse des termes utilisés — est dans la cuisine, que les immigrantes ne devraient pas être au Canada et que, si nous ne les écoutions pas, ils allaient nous battre.
Ce sont vraiment les mots qui nous étaient adressés dans le colis. Cela a été un choc pour nous, et j'ai encore la chair de poule chaque fois que j'en parle. Telle était la situation. Nous avons été attaquées en tant qu'organisme.
En réalité, qu'en est-il des femmes francophones vivant dans les différentes provinces et territoires, dans les régions rurales ou dans les régions urbaines où il n'y a aucun service?
Nous avons besoin de services, nous avons besoin de prévention, nous avons besoin de changer la mentalité de notre société et d'avoir une société juste, équitable et sécuritaire pour tout le monde.
Nous avons besoin de maisons d'hébergement, mais, avant tout, nous avons besoin d'éduquer et de sensibiliser les gens et de prévenir la violence. Je pense que ce sont des choses à garder à l'œil.
Nous avons besoin d'un investissement concret qui tiendra compte des femmes francophones.
Comme je le dis, obtenir un service est parfois un luxe dans certaines régions. Or cela ne devrait pas être le cas.
:
D'accord. Je vais faire attentif à cela.
Quand vous avez présenté vos résultats, vous avez utilisé des indicateurs qui donnent en général ce genre de résultats.
La première langue officielle parlée de la personne est une variable dérivée qui tient compte de la langue maternelle parlée le plus souvent à la maison et de la connaissance du français, entre autres. C'est un indicateur très large.
Quand on utilise des indicateurs plus variés, comme celui de la langue maternelle, qui est aussi celui des nouveaux arrivants de langue maternelle anglaise, c'est l'inverse qui se produit.
En 2016, selon Statistique Canada, le revenu d'emploi moyen était de 7 800 $ de plus du côté des anglophones, et le revenu d'emploi médian, de 947 $ de plus.
Les données de vos études s'appliquent seulement dans le cas de la première langue officielle parlée. Nous n'avons pas encore accès aux autres données.
:
Je vais essayer d'aborder tous les points que vous avez soulevés.
Selon nous, la définition d'un Québécois d'expression anglaise, qui inclut la variable de la première langue officielle parlée, démontre mieux les besoins sur le terrain. Je vais vous donner un exemple.
Dans le cadre de nos recherches, nous avons interviewé un Américain qui travaillait déjà un peu au Québec et qui a déménagé ailleurs au Canada. Selon lui, le cheminement en francisation prévu pour les nouveaux arrivants au Québec n'était pas adapté à ses capacités. Son français était déjà de niveau intermédiaire et il voulait passer à un niveau avancé.
Or, les cours qui sont présentement offerts aux nouveaux immigrants au Québec ne sont pas de ce niveau. Ce sont en fait des cours liés à la culture et des cours de français de base, où l'on apprend, par exemple, comment commander un café.
Nous utilisons donc la première langue officielle parlée dans nos études afin de tenir compte des personnes dont le niveau de français se situe un peu entre les deux et qui auraient besoin de services plus spécialisés.
Quand on parle de langue maternelle par opposition à la première langue officielle parlée, les statistiques les plus récentes démontrent que l'écart en matière de chômage est maintenu. Les chiffres sont différents les uns des autres. Ils se situent à 10,5 % pour la communauté d'expression anglaise...
:
Bonjour. Je souhaite la bienvenue aux témoins.
Mes questions s'adressent aux femmes de l'Alliance des femmes de la francophonie canadienne.
Mesdames, je vous remercie beaucoup de votre présentation, ainsi que des recommandations claires que vous avez faites à notre comité
D'abord, je tiens à dire que je suis très déçue d'entendre que le Plan d'action pour les langues officielles proposé par le gouvernement fédéral ne vise pas les femmes francophones subissant de la violence. C'est une omission que je qualifierais de grave et à laquelle il faudra remédier aussi tôt que possible.
Il y a quelques jours, soit le 6 décembre, nous avons honoré la mémoire des victimes de la tuerie de Polytechnique. Cette journée sert à souligner l'importance d'agir et de mettre fin aux violences faites aux femmes. En tant que pays, il faudra qu'on agisse et qu'on reconnaisse ce dont vous nous avez fait part.
Dans le même esprit, êtes-vous en faveur de la mesure visant à ce que le gouvernement fédéral signe des ententes avec les provinces et territoires pour le financement du Plan d'action national pour mettre fin à la violence fondée sur le sexe?
:
Je vous remercie d'avoir répété votre question.
Je sais qu'il existe des ententes provinciales et territoriales, et c'est totalement compréhensible.
Toutefois, les plans nationaux doivent aussi prévoir des dispositions linguistiques et du financement précisément destinés aux francophones en situation minoritaire pour garantir que la population et les minorités linguistiques ont accès à ces services en français.
Il est donc totalement normal qu'il existe des ententes provinciales et territoriales, mais le fédéral doit s'assurer que des dispositions linguistiques y sont automatiquement intégrées afin de garantir que toutes les femmes francophones dans ce contexte ont accès à des services en français.
Ces services doivent être axés non seulement sur la prévention et la sensibilisation, mais aussi s'adresser aux femmes victimes ou survivantes d'agressions à caractère sexuel.
Je peux vous répondre, puis Mme Enayeh pourra continuer si elle a quelque chose à ajouter.
Tout d'abord, quand on pense à des politiques ou à des programmes, on doit mettre les femmes francophones à l'avant-plan. Il ne faut pas les oublier ou les mettre à l'arrière-plan. Quand on met quelque chose en place, on doit automatiquement se demander comment cela va toucher les femmes francophones. Cela va-t-il avoir un effet positif sur elles, ou cela risquera-t-il d'accroître l'inégalité des genres ou de créer une autre sorte d'inégalité dans la société? Cela va-t-il aider les gens, ou cela va-t-il perpétuer des effets négatifs sur la population? Voilà les questions qu'il faut se poser en premier lieu.
Ensuite, je pourrais parler de l'ACS Plus, l'analyse comparative entre les sexes plus, qui a été adoptée par le Canada en 1995. Notre questionnement a trait au fait qu'on ne fait pas toujours une analyse exhaustive. Parfois, on dit qu'on a appliqué l'ACS Plus, mais nous remarquons que les femmes francophones ont été oubliées. Alors, nous recommandons de prendre plus de temps pour faire ce genre d'analyse.
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie beaucoup les témoins de leur travail. Il est vraiment intéressant d'examiner le travail très pertinent que les deux organisations font dans leurs communautés. Leurs recommandations au Comité vont nous aider à enrichir notre étude.
Ma première question s'adressera à M. Salter.
[Traduction]
J'aimerais revenir aux questions de M. Dalton au sujet des statistiques préoccupantes. Est‑ce que les anglophones de Montréal ont besoin du même soutien que les anglophones de la Gaspésie ou des Laurentides? Il semble y avoir des différences en ce qui a trait à la perception ou au soutien requis pour McGill, à Montréal, par opposition à d'autres établissements dans les régions.
Avez-vous des statistiques sur les régions... à l'extérieur de Montréal? Quelles sont vos recommandations en vue d'une collaboration plus étroite avec la province de Québec afin d'aider les anglophones à l'extérieur de Montréal, au besoin?
:
Est‑ce que vous vous intéressez de façon particulière aux anglophones en dehors de Montréal?
D'accord. Évidemment, la situation dans les régions est importante. Nous avons ventilé les données par région, mais les écarts en matière de chômage et de revenus peuvent être très importants; c'est notamment le cas en Gaspésie. L'écart est beaucoup plus important dans cette région qu'à l'échelon provincial. Les besoins peuvent être différents de ceux des grandes villes, mais les régions urbaines ont elles aussi des besoins, surtout pour les minorités visibles et d'autres sous-communautés de la communauté anglophone.
Dans les régions, le problème est surtout le manque d'accès aux possibilités et aux services. C'est pourquoi nous croyons fermement... Nous travaillons avec des partenaires régionaux. Il y a un réseau de communautés de langue officielle en situation minoritaire dans les régions qui pourrait mieux aider la population si l'on avait recours à un modèle de type « pour nous, par nous », et nous croyons que le gouvernement fédéral pourrait jouer un rôle important à cet égard.
Nous ne voulons évidemment pas un dédoublement des services non plus, alors il faut veiller à ce que les services actuellement offerts par le gouvernement du Québec soient... et à ce que l'on respecte la compétence de la province, tout en donnant à la communauté anglophone l'occasion de mettre sur pied ses propres services ciblés, qui répondent à ses besoins particuliers. Chaque région est aussi différente, alors la situation peut rapidement devenir complexe, et c'est pour cette raison qu'il faut adapter les approches selon les régions.
J'aimerais préciser un point suite aux questions de M. Dalton.
Pour ce qui est de ce financement, c'est Mme Kathleen Weil, qui a déjà fait partie du groupe Alliance Québec, qui a lancé ce programme. Le gouvernement Legault a décidé de continuer à le financer.
Je considère que le portrait de la situation que vous donnez est faux et biaisé. Prenons d'autres indicateurs, comme la médiane. Il est reconnu que cet indicateur ne tient pas compte du fait que, chez les anglophones, nombreux sont ceux qui gagnent des salaires très élevés. La médiane ne tient pas compte de la disparité. Les données de Statistique Canada ne sont pas encore disponibles, mais, si on considère les chiffres en fonction de la langue maternelle, de la langue d'usage et de la langue de travail, on obtient un portrait très différent. Je ne sais pas si vous avez fait l'exercice.
Un chercheur, M. Gilles Grenier, a étudié les conséquences pour les personnes qui travaillent en anglais par rapport à celles qui ne travaillent pas en anglais. Il a constaté que les francophones qui travaillent en anglais sont mieux payés que ceux qui travaillent uniquement en français. Pour les nouveaux arrivants, travailler exclusivement en anglais dans la région montréalaise, c'est plus payant que de travailler seulement en français.
Une étude récente de l'Office québécois de la langue française souligne que les personnes qui utilisent uniquement l'anglais au travail gagnent, en moyenne, 46 000 $ par année, soit 20 % de plus que le revenu moyen de ceux qui travaillent seulement en français. La situation est très difficile.
Monsieur Salter, dans les faits, une partie de votre travail, quand vous ciblez les nouveaux arrivants, les immigrants, va à l'encontre des efforts du Québec pour franciser ces derniers.
:
Bonjour, nous reprenons la séance en compagnie de nouveaux témoins.
Nous recevons M. Étienne Alary, directeur général du Conseil de développement économique de l'Alberta, et Mme Elisa Brosseau, présidente de l'Association bilingue des municipalités de l'Alberta. Tous deux se partageront le temps de parole de cinq minutes qui leur est accordé.
Nous recevons aussi des représentants de la Société de la francophonie manitobaine, soit M. Daniel Boucher, directeur général, et Mme Angela Cassie, présidente. Malheureusement, puisque Mme Cassie n'a pas le bon casque d'écoute, elle ne pourra qu'appuyer M. Boucher.
Monsieur Alary et madame Brosseau, vous disposez, ensemble, d'un maximum de cinq minutes. Je suis très sévère quant au temps de parole, parce que je veux que nous puissions avoir le temps de faire deux tours de questions.
Je vous cède la parole pour cinq minutes.
:
Monsieur le président et membres du Comité, je vous remercie de nous accueillir ce matin.
Créé en 1997, le Conseil de développement économique de l’Alberta, ou CDÉA, a un mandat diversifié dans la francophonie albertaine. Dans une perspective entrepreneuriale, le CDÉA offre des services aux futures et actuelles petites ou moyennes entreprises, ou PME, francophones. Son plus grand défi, encore à ce jour, est de fidéliser ces clients, qui, après avoir obtenu certains services de base pour lancer leur entreprise, doivent se tourner du côté anglophone lorsque vient le temps d’obtenir du financement.
C’est pour cette raison que, depuis quelques années, nous demandons la création d’un fonds d’appui aux entrepreneurs francophones de l’Ouest semblable au programme de prêts que peut offrir l’Alberta Women Entrepreneurs ou au Fonds de prêts pour l'entrepreneuriat des communautés noires, mis sur pied pendant la pandémie.
En matière d’employabilité, au cours de l'année 2023, le CDÉA a concrétisé un rapprochement avec l'organisme francophone Accès Emploi Alberta. Cette fusion va permettre à la communauté francophone d'être mieux servie, puisque, la plupart du temps, l’entrepreneuriat et l’employabilité sont interreliés, surtout pour tout ce qui touche aux défis liés à la pénurie de main-d’œuvre bilingue au sein de notre communauté.
Bien que le CDÉA ait son siège social à Edmonton et un bureau à Calgary, comme organisme provincial, nous sommes appelés à travailler en milieu rural également. Depuis sa création, notre organisme compte une employée pour servir le nord-est de la province, et nous avons aussi une contractuelle, depuis une dizaine d’années, dans le nord-ouest de la province.
Cela nous permet d’avoir un impact sur la diversification de l’économie en milieu rural. Justement, lorsqu’il est question de régions rurales, l’exode des jeunes est un défi de taille. Nous avons donc mis en place divers ateliers de littératie financière, des ateliers en entrepreneuriat ainsi que des camps de jeunes entrepreneurs francophones. Ces initiatives, qui nous ont permis de rejoindre 2 500 élèves du primaire et du secondaire au cours de la dernière année, ont notamment mené à la création de quelques entreprises dites « scolaires ».
Cette année, le CDÉA gère aussi le Fonds de développement économique francophone des Prairies, assorti d’une enveloppe budgétaire de 1,8 million de dollars répartis sur trois ans. Il s’agit de la mise en œuvre de l’Initiative de développement économique pour la région des Prairies, connue sous le nom de programme IDE. Cela permet de financer des initiatives de développement économique telles que la création d’une coopérative de couture pour femmes africaines ou encore la création d’un café dans un centre d’arts visuel francophone.
Puisque je parle du milieu rural, je laisse maintenant la parole à Mme Élisa Brosseau, présidente de l’Association bilingue des municipalités de l’Alberta.
L’Association bilingue des municipalités de l’Alberta, ou ABMA, est une association à but non lucratif qui représente les municipalités membres de l'Alberta. Son message est simple et clair: le bilinguisme est un moteur de croissance économique. L'ABMA joue un rôle crucial dans le développement économique de l'Alberta, car elle sait qu'en plaçant le bilinguisme au cœur des stratégies économiques municipales, les communautés peuvent créer des emplois, attirer des employés, améliorer le tourisme et optimiser les occasions d'investissement.
Sans surprise, les municipalités bilingues de l'Alberta disposent d'un vaste réseau d'organisations, d'institutions et d'entreprises qui connaissent un grand succès en offrant des services en français. Cependant, il est nécessaire d'en faire davantage pour mettre en valeur ces réseaux et ces succès à l'échelle nationale pour plusieurs raisons, la plus importante étant que très peu de personnes, tant dans notre province que partout au Canada, savent à quel point les communautés francophones sont vastes et dynamiques en Alberta.
L'ABMA vise à garantir aux municipalités qu'elles disposent des outils et des ressources nécessaires pour réagir en tenant compte des besoins des nouveaux arrivants, des touristes et des entreprises francophones. Il s'agit également de reconnaître l'engagement de notre pays envers les deux langues officielles et de construire une relation significative et collaborative entre les communautés francophones en Alberta pour s'assurer que ces communautés seront économiquement durables pendant de nombreuses générations à venir.
Les communautés bilingues sont les mieux placées pour déterminer les domaines de synergie et de collaboration accrues afin d'optimiser la portée et l'impact des services offerts à la population francophone, car elles sont les plus proches des entreprises et des résidents francophones. En agissant de manière collaborative avec les gouvernements locaux et provinciaux, les communautés francophones de toute l'Alberta peuvent trouver de nouvelles idées, perspectives et solutions sur ce que signifie réussir en Alberta.
Je vous remercie.
J'aimerais remercier le Comité permanent des langues officielles de m'avoir invité à comparaître aujourd'hui.
Je m'appelle Daniel Boucher et je suis le directeur général de la Société de la francophonie manitobaine, ou SFM. À titre d'organisme porte-parole de la communauté francophone du Manitoba, la SFM se soucie de l'avancement de tous les domaines d'activité de la communauté, avec l'aide de son vaste réseau de collaborateurs et de partenaires.
J'aimerais m'exprimer aujourd'hui sur trois grandes thématiques: la mise en œuvre du plan d'action pour les langues officielles, les ententes fédérales-provinciales-territoriales et le manque de recherche sur l'impact économique de la francophonie. Je garderai mes remarques brèves pour pouvoir répondre à vos questions à la fin.
La SFM aimerait prendre le temps de reconnaître le leadership dont le gouvernement fédéral et les parlementaires ont fait preuve afin de faire adopter le projet de loi ainsi que le nouveau plan d'action pour les langues officielles, ou PALO. Il s'agit d'outils incontournables pour favoriser la prospérité de nos communautés. Cela dit, l'attente de la mise en œuvre du plan d'action nous inquiète de plus en plus, car cela a pour effet de limiter l'épanouissement économique de la francophonie manitobaine et de toutes les autres communautés francophones au Canada.
Nos organismes communautaires, par leur grand travail pour offrir des emplois stimulants chez nous tout en renforçant chaque aspect de la vie de la communauté, agissent comme des catalyseurs pour la vitalité économique de notre pays et de notre province. Il faut le souligner: le bilinguisme est une partie essentielle de l'avantage concurrentiel du Canada. Le français représente un atout économique sur lequel il faut miser. Le déclin du poids démographique des francophones partout au Canada demande une intervention urgente et accélérée de la part du gouvernement fédéral.
Il va sans dire que l'épanouissement économique de nos communautés repose en grande partie sur l'offre de services en français, y compris en matière d'éducation et de santé. Ces services favorisent l'accueil et la rétention de la main-d'œuvre et des nouveaux arrivants bilingues. Cela a une incidence majeure non seulement sur la compétitivité de notre économie, mais aussi sur la capacité de nos entreprises locales à grandir et à s'épanouir.
Cela dit, nos communautés demeurent toujours dans l'attente de nouvelles ententes sur les services en français et des fonds fédéraux et provinciaux qui en découlent. Entre-temps, les organismes communautaires et les travailleurs qui appuient la communauté souffrent de précarité économique dans des temps déjà incertains. De plus, l'absence de clauses linguistiques dans le cadre du Transfert canadien en matière de santé laisse beaucoup à désirer, car il est plus difficile pour les personnes d'expression française d'obtenir des services dans leur première langue officielle parlée. Nous encourageons donc le gouvernement fédéral à conclure les ententes, à ajouter des clauses linguistiques aux ententes qui n'en ont toujours pas, ainsi qu'à appuyer les municipalités afin qu'elles puissent offrir des services en français.
Nous vivons aujourd'hui une révolution qui transforme fondamentalement notre façon de travailler et de revendiquer nos droits. On n'a jamais produit autant de données dans l'histoire de l'humanité. Pourtant, il existe un manque criant de compréhension en ce qui concerne le poids et l'impact économique de la francophonie canadienne et des entrepreneurs bilingues. Malgré le travail d'organismes comme le Réseau de développement économique et d'employabilité, ou RDÉE, et ses membres, entre autres, on doit en faire davantage afin de favoriser la collecte et, surtout, l'analyse des données probantes à cet égard.
Le rapport du Conference Board du Canada sur le bilinguisme anglais-français hors Québec, produit en 2018, est un excellent exemple d'une analyse robuste sur le plan méthodologique qui fournit un meilleur portrait d'ensemble de nos réalités plutôt que de simples anecdotes. L'analyse et l'intégration de la recherche dans la logique de notre travail sont ce qui permet à nos organismes de répondre aux besoins réels et de travailler avec les différents ordres de gouvernement pour trouver des solutions gagnantes. Cela pourrait se faire en favorisant une collaboration entre nos organismes de développement économique et Statistique Canada, par exemple.
Je vous remercie de votre attention et de nous avoir donné l'occasion de présenter notre point de vue aujourd'hui. Je serai heureux de répondre à vos questions.
:
Merci, monsieur le président.
J'aimerais d'abord remercier les généreux témoins qui sont avec nous aujourd'hui.
Mesdames, messieurs, je vous remercie de votre participation à notre étude et de nous fournir des éléments pour que nous soyons meilleurs et que nous puissions mettre en place des recommandations afin de vous fournir des outils.
En premier lieu, je vais saluer M. Alary, que j'ai eu le privilège de rencontrer à Calgary, cet été, lors d'une table ronde à laquelle j'ai participé avec des intervenants. Cette occasion va me permettre d'aller un peu plus loin à la suite de notre rencontre.
Monsieur Alary, au cours de votre allocution, vous avez mentionné que vous avez un employé à temps plein et un employé contractuel.
Est-ce suffisant?
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Merci beaucoup de la question, monsieur le député.
Dans ma présentation, je parlais d'employés dans le nord‑est et le nord‑ouest de la province. Le Conseil de développement économique de l'Alberta a une équipe de 12 employés permanents, dont quatre à Calgary, cinq ou six à Edmonton et ceux auxquels j'ai fait allusion pour offrir des services dans les régions rurales.
Sur le plan économique, il est certain que nous pourrions en faire davantage, mais étant donné que le financement est relativement stable depuis plusieurs années, si nous voulions avoir un employé à Fort McMurray ou à Grande Prairie, par exemple, il faudrait peut-être enlever un employé ailleurs dans la province.
Plutôt que de prendre la main gauche pour nourrir la main droite, comment pouvons-nous mieux desservir notre communauté? Il faut parfois être créatifs. Nous savons qu'il y a des changements démographiques dans nos communautés. Pour rester pertinent, je pourrais aborder la question de l'employabilité, un autre domaine important dans lequel nous travaillerons au cours de la prochaine année.
Je sais que le temps de parole est limité. Je vais donc terminer ma réponse maintenant et je répondrai plutôt à d'autres questions que vous pourriez avoir.
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Il s'agit de la création d'un fonds de Développement économique Canada pour les Prairies qui, il y a trois ans, s'appelait le Fonds de développement économique francophone de l'Ouest. Cependant, comme vous êtes sûrement déjà au courant, Diversification de l'économie de l'Ouest Canada a scindé ses activités, pour les répartir en deux régions. Il y a les Prairies, avec PrairiesCan, et ils ont créé PacifiCan pour le Pacifique.
Pour les Prairies, qui comprennent l'Alberta, la Saskatchewan et le Manitoba, l'enveloppe du programme IDE, qui était gérée par le ministère auparavant, est maintenant gérée par le Conseil de développement économique de l'Alberta. Nous travaillons avec nos homologues du développement économique des deux autres provinces pour encourager la création de projets qui émanent d'organismes communautaires dans chacune des provinces.
Nous tentons, au bout du compte, d'avoir une répartition équitable de l'enveloppe budgétaire de 600 000 $. Il y aurait alors un montant de 200 000 $ par province pour encourager certains projets dont j'ai fait allusion dans ma présentation et qui visent la création, notamment, d'une coopérative de couture pour les femmes africaines francophones...
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Évidemment. Nous avons créé, il y a quelques années, un guide touristique francophone pour permettre aux touristes de découvrir certains attraits en français. Nous avons créé des circuits touristiques bilingues.
Nous savons que le marché touristique est très important en Alberta. Souvent, nos villes des Rocheuses canadiennes, dont Canmore, Banff et Jasper, débordent de touristes. Je sais que la région du lac Louise a été fermée à quelques occasions cet été. Alors, nos projets visent également à amener des touristes ailleurs dans la province.
Pour ce faire, nous collaborons notamment avec Travel Alberta, l'agence touristique provinciale. Nous avons mis en place, comme je l'ai mentionné, des circuits touristiques bilingues, qui permettent notamment à des entrepreneurs francophones de se démarquer et d'offrir certains services. Nous avons mis en place certains économusées qui visent à mettre en évidence des artisans à l'œuvre, par exemple un fromager à Vermilion ainsi qu'un apiculteur dans la région de Watino, dans le nord-ouest de la province.
Alors, il y a plusieurs belles initiatives qui font que nous pouvons mieux servir notre clientèle francophone. Il faut également savoir que, cette année, Travel Alberta a établi le marché français parmi les priorités pour attirer des touristes en Alberta. Nous avons signé une entente de partenariat avec cette agence provinciale afin que nous puissions continuer cette collaboration.
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D'accord, merci beaucoup.
Il me reste juste assez de temps pour une dernière question.
Monsieur Alary, vous avez parlé de l'Alliance de la francophonie économique canadienne, soit l'AFEC, et du besoin de tisser des liens entre les communautés francophones. Souvent, les gens sont portés à aller chercher des ressources ailleurs qu'au sein de leur propre pays. On oublie que les francophones de l'Alberta, par exemple, peuvent offrir des services aux francophones du Québec. De plus, il arrive souvent que des gens au Québec ne parlent pas anglais, du fait que c'est la deuxième langue, alors les communautés de langue officielle en situation minoritaire peuvent aider à tisser ces liens.
Voyez-vous cet avantage qui découle de la création de l'AFEC?
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Merci, monsieur le président.
Je remercie nos invités d'être des nôtres et de nous faire profiter de leurs connaissances.
Dans la mission de la Société de la francophonie manitobaine, il est question de revendiquer auprès de tous les ordres de gouvernement le droit de communiquer et de s'épanouir en français, ainsi que d'assurer l'offre d'une pleine gamme de services en français. J'aimerais connaître l'état de la situation.
Tous les francophones ont-ils accès à des services en français ou s'agit-il d'une minorité?
Par ailleurs, comment l'offre de services en français influence-t-elle le développement économique des communautés francophones en Alberta et au Manitoba?
Cette question s'adresse aux deux organisations.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie les témoins. Je suis évidemment très contente que le Comité reçoive aujourd'hui des gens du Manitoba, en l'occurrence des représentants de la Société de la francophonie manitobaine.
Monsieur Boucher et madame Cassie, je vous souhaite donc la bienvenue. Mes questions vont s'adresser à vous.
Comme vous le savez, le but du Comité est de formuler des recommandations au gouvernement fédéral afin qu'il puisse mettre en place les mesures nécessaires.
Monsieur Boucher, dans votre allocution d'ouverture, vous avez parlé de tout le travail fait par la Société de la francophonie manitobaine et par les communautés partout au pays, par l'intermédiaire de la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada, pour améliorer et renforcer le projet de loi de réforme de la Loi sur les langues officielles. D'ailleurs, je vous remercie du travail que vous avez fait. Cependant, vous avez aussi exprimé une préoccupation quant au délai de mise en œuvre du projet de loi, et plus particulièrement quant à l'impact de ce délai sur le financement de base des organismes francophones en milieu minoritaire.
Qu'est-ce que cela veut dire pour vous? Quel type de recommandations avez-vous à nous suggérer pour que nous puissions raccourcir ce délai?
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Essentiellement, je pense que tout a été mis en place. Le Plan d'action pour les langues officielles et la Loi sont là. C'est malheureux qu'il y ait un délai parce que cela peut nuire au fonctionnement de plusieurs organismes. D'ailleurs, cela peut même créer des pertes d'emplois dans certains cas.
Par exemple, on peut parler des programmes directs du fédéral, de même que des ententes entre le gouvernement fédéral et les provinces et les territoires que j'ai mentionnées. Ces programmes et ententes sont reconnus pour leurs délais constants, surtout parce qu'il faut négocier avec les provinces. Pour nous, c'est un grand problème, et nous avons vu des organismes qui ont dû cesser leurs activités auprès des communautés. C'est une de nos préoccupations assez importantes, et même très importantes.
Les gens ne se rendent peut-être pas compte de l'impact qu'ont nos organismes sur le développement de nos communautés sur le plan culturel ou économique, ou dans tous les secteurs. Cela nous préoccupe.
Je prendrai le domaine de la santé comme exemple. La santé est un domaine important et, quand il y a des délais, cela cause des problèmes. Le système de santé dans les provinces est très lourd, ce qui fait qu'en ajoutant cette complexité, on peut devoir attendre des mois et des mois pour obtenir des services. Ces choses ne sont simplement pas acceptables.
Ma recommandation serait de trouver une façon d'accélérer le processus dès que possible.
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J'essaierai de répondre à votre question très rapidement. Mes collègues de l'Alberta pourront renchérir.
En ce qui concerne l'éducation, de même que la santé, il serait vraiment important entre autres choses d'accélérer le processus de certification des enseignants, qui viennent de partout. On voit des pénuries d'un bout à l'autre du Canada. Certes, on ne peut pas nécessairement prendre à l'un pour donner à l'autre, mais le taux d'immigration francophone est très élevé, ici, au Manitoba. Il ne l'est pas encore suffisamment, mais il est tout de même élevé.
Nous demandons que le gouvernement fédéral joue un certain rôle dans ce domaine de concert avec les provinces, mais aussi avec les ordres professionnels. Je sais que cela relève des provinces, mais il conviendrait de faire constamment le point sur l'importance d'accélérer les processus d'accréditation pour pouvoir vraiment intégrer les gens dans les systèmes, parce que la situation actuelle n'a pas de sens.
Je connais personnellement plusieurs personnes qui sont parfaitement capables d'enseigner dans nos écoles, mais qui n'ont pas la certification nécessaire. Je pense que c'est une importante partie du problème.
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Je peux commencer et Mme Brosseau pourra ajouter de l'information.
J'ai parlé plus tôt de l'impact pour nos entrepreneurs qu'a la création d'économusées ou de voir des artisans à l'œuvre. Cela permet, par exemple, à un fromager francophone de Vermilion, une petite communauté, d'accroître le nombre de ses visiteurs grâce au concept de l'économusée.
L'économusée, un concept québécois, est un réseau international qui s'est implanté dans l'Ouest canadien. Nous en avons cinq, en ce moment. Un sixième est en cours de construction. Ce qui est intéressant, dans ce concept, c'est que même un entrepreneur anglophone, qui constaterait la valeur ajoutée du bilinguisme, pourrait décider de créer un économusée s'il satisfaisait aux critères. Par la suite, tout l'affichage devant de son commerce ou sur son édifice serait bilingue.
Je vous donne l'exemple d'un économusée de Calgary. Il s'agit de la distillerie Bridgeland, dont certains produits sont reconnus partout au monde. Tout est bilingue dans le quartier où la distillerie est située. C'est un avantage pour la francophonie.
L'économusée représente aussi une belle valeur ajoutée à l'industrie touristique en milieu rural. Évidemment, j'ai parlé de Calgary, mais les autres économusées sont en milieu rural. Ils appartiennent à des entrepreneurs francophones qui y croient. C'est une belle vitrine qui s'insère dans un projet de route touristique bilingue, qui doit permettre aux visiteurs, lorsqu'ils arrivent en Alberta, de trouver un bon circuit touristique. Ils peuvent partir d'Edmonton pour se rendre à Fort McMurray et revenir par Cold Lake. On leur offre des suggestions de choses à faire pendant deux ou trois jours. Toute une panoplie de services est offerte.
Madame Brosseau, voulez-vous parler des municipalités?
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Comme je l'ai mentionné, l'Alberta a une politique toute récente en matière de francophonie qui vise à mettre davantage l'accent sur l'accroissement des services en français en travaillant avec la communauté.
Il est certain que, en tant qu'organisme francophone en Alberta, nous ne recevons pas de financement de la province. Par contre, nous sommes liés à Accès Emploi, soit le centre d'emploi francophone en Alberta, qui dispose d'un financement est essentiellement provincial. Cela découle des ententes fédérales-provinciales en matière d'employabilité francophone, qui établissent comment nous pouvons desservir notre clientèle.
Il faut bâtir des ponts à long terme et faire du démarchage politique en continu pour donner une place au français. Il y a certaines agences en Alberta qui font preuve d'ouverture. Une agence provinciale anglophone reconnaît que nous occupons un créneau particulier en ce qui a trait à la francophonie. Ce sont des petits gains comme cela que nous pouvons faire.
Par le passé, nous avons développé des projets dans les régions rurales en collaboration avec certains organismes. Par exemple, nous avons fait une étude pour développer l'industrie de la fibre de chanvre dans le Nord‑Ouest de la province. Développer un tel marché n'est pas une affaire essentiellement francophone, elle est bilingue. Le gouvernement provincial a financé cette étude, pilotée par le CDEA, avec une vingtaine de partenaires, dont des municipalités anglophones.
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D'accord, merci beaucoup.
Encore une fois, ma question s'adresse à M. Boucher.
Au cours de cette étude, nous avons entendu parler du travail fait par le Conseil de développement économique des municipalités bilingues du Manitoba, le CDEM, et particulièrement de l'événement Destination Manitoba. De plus, depuis l'adoption du projet de loi , nous avons des cibles d'immigration beaucoup plus ambitieuses, et que nous aimerions encore plus ambitieuses.
Croyez-vous que cette initiative organisée par le CDEM contribue à stimuler le développement économique local, en mettant en valeur les attraits et les occasions de la province pour les immigrants francophones et la communauté d'affaires? Serait-il important d'obtenir du soutien du fédéral, pour une telle initiative à long terme?
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C'est une très grande préoccupation, surtout à cause du nombre de postes qui seront supprimés et des répercussions que cela aura sur nos stations régionales. Éliminer des postes en Alberta, au Manitoba ou en Saskatchewan aura des effets très néfastes sur la couverture médiatique de nos communautés francophones. Il est malheureux que la société d'État en arrive là.
Nous comprenons que les médias vivent une période un peu difficile, aujourd'hui, sur le plan financier. On parle, entre autres, des ventes de publicités qui sont en baisse, mais ces problèmes ne sont pas nouveaux. Dans les années 1990, on parlait de fermer des stations en région, même en Saskatchewan et ailleurs.
Il y a parfois des rationalisations d'équipes pour les rendre plus efficaces, mais, si on retire un seul journaliste du terrain à Edmonton ou à Calgary, c'est la communauté qui sera perdante, et même les communautés francophones de tout le pays.
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Merci, monsieur Alary et madame Ashton.
Je voudrais en profiter pour saluer la présence du maire de Sudbury, M. Paul Lefebvre.
M. Lefebvre est aussi un ancien député, qui a par ailleurs été membre du Comité permanent des langues officielles pendant quatre ans.
Je tiens à remercier les témoins de leur présence.
Pour revenir aux propos de Mme Goodridge, je tiens à dire que c'est un plaisir d'entendre tous ces francophones, qu'ils soient du Québec, du Nord du Nouveau‑Brunswick ou de l'Ontario. Il est vraiment agréable d'entendre toute cette francophonie qui vient d'ailleurs au Canada.
Nous avons un grand pays et il y a de quoi être fier.
Je voudrais aussi en profiter pour rappeler aux membres du Comité qu'il n'y aura pas de réunion mercredi de cette semaine pour les raisons que nous avons évoquées la semaine dernière.
Au nom de tout le Comité, j'aimerais aussi remercier notre personnel de soutien, ainsi que nos adjoints et les adjointes, qui nous soufflent souvent de bonnes questions. Bien souvent, nous n'avons pas le temps de les rédiger nous-mêmes.
Je remercie tous les techniciens et les techniciennes en technologie de l'information, les interprètes, qui travaillent à distance et accomplissent un travail extraordinaire, puis la greffière et l'analyste, qui sont d'une aide incroyable, et surtout la relève.
La séance est levée.