Merci monsieur le président. Je suis heureux d'être ici avec le sous-ministre Yeates, la sous-ministre adjointe Deschênes et le sous-ministre adjoint Linklater. Mme Deschênes s'occupe des opérations et M. Linklater, des politiques. Notre administrateur principal des finances, Amipal Manchanda, qui occupe ce poste depuis peu, fait un excellent travail.
[Français]
Je suis heureux d'être ici aujourd'hui pour vous présenter le Budget principal des dépenses de mon ministère pour l'exercice 2012-2013. Cette occasion de parler de nos priorités pour l'exercice à venir est très appréciée.
Je désire d'abord remercier le comité de sa contribution à certaines de nos réalisations au cours de la dernière année. Plus particulièrement, je désire profiter de l'occasion pour remercier et féliciter les membres du comité, une fois encore, pour leur excellent rapport sur la question des arriérés de dossiers d'immigration.
[Traduction]
Comme vous le savez, monsieur le président, cette année, un autre élément central pour mon ministère a été de réduire les arriérés des dossiers d'immigration. Nous désirons moderniser notre système d'immigration, pour faire en sorte qu'il réponde davantage aux besoins de notre économie. C'est pourquoi nous demandons un montant additionnel de 25 millions de dollars, qui servira à moderniser le système d'immigration.
Un autre élément central cette année a été le maintien de l'intégrité de nos systèmes d'immigration et des protection des réfugiés. C'est la raison pour laquelle une grande partie de l'augmentation des fonds de votre budget, soit 51,8 millions de dollars, sera affectée à notre projet de vérification des données biométriques des résidents temporaires, et nous demandons l'autorisation légale de la Chambre des communes, sous la forme du projet de loi .
Nous devons constamment faire preuve de vigilance pour que le système d'immigration continue de fonctionner dans l'intérêt de notre pays. Comme je l'ai déclaré à ma dernière comparution, la biométrie est un excellent exemple de mesure qui nous permettra de nous assurer que notre système d'immigration est le plus moderne et à jour possible. Nous devons également moderniser notre système d'immigration à d'autres égards, de façon à nous assurer que l'immigration peut répondre aux besoins du marché du travail à l'échelle du pays. Nous devons nous assurer que les immigrants qualifiés que nous choisissons sont ceux qui ont le plus de chances de réussir dans notre économie dès leur arrivée. Tout cela signifie que nous avons besoin d'un système d'immigration rapide; un système qui nous permet de vite choisir les immigrants qui possèdent les compétences dont nous avons besoin, au moment où elles sont requises.
[Français]
Nous sommes constamment à la recherche de façons d'améliorer le système pour qu'il serve encore mieux le Canada. Permettez-moi de passer rapidement en revue certains des progrès accomplis à ce jour.
Tout d'abord, nous avons accompli du progrès avec nos collègues provinciaux en ce qui a trait au Cadre pancanadien pour l'évaluation et la reconnaissance des qualifications professionnelles acquises à l'étranger. Des processus clairs sont désormais en place pour évaluer les titres de compétences dans huit professions réglementées, et d'ici à la fin de l'année, nous comptons ajouter six autres professions réglementées à cette liste.
Nous avons élargi considérablement les programmes des candidats des provinces, lesquelles ont commencé à mieux répondre aux pénuries de main-d'oeuvre dans diverses régions du pays.
[Traduction]
Par exemple, la catégorie de l'expérience canadienne nous a permis d'accorder la résidence permanente à plus de 10 000 travailleurs temporaires et étudiants étrangers au Canada. Ce sont des gens déjà intégrés à la société et, compte tenu de leur expérience de travail ou de leur éducation, ils ont beaucoup plus de chances d'être reconnus par les employeurs canadiens.
Malgré les progrès accomplis, le problème persistant des arriérés nuit à l'intérêt national. C'est une situation injuste pour les demandeurs qui attendent pendant plusieurs années de venir au Canada et qui souvent vivent dans l'attente, ce qui n'est assurément pas dans l'intérêt de notre économie.
Je parlerai d'un volet qui a fait l'objet d'une grande partie de votre étude récente, soit la catégorie des parents et grands-parents. Ces personnes doivent actuellement s'attendre à patienter jusqu'à sept ans avant d'être réunies avec leurs familles au Canada. À la fin du mois de septembre 2011, 168 000 personnes dans la catégorie des parents et des grands-parents attendaient le traitement de leurs demandes. Cela signifie que les délais d'attente ne peuvent qu'être raccourcis si nous réduisons cet arriéré.
Comme vous le savez, en décembre, nous avons présenté la phase un de notre plan d'action pour accélérer la réunification familiale. Ce plan comprend une pause temporaire de 24 mois pendant laquelle les nouvelles demandes ne seront pas acceptées; une augmentation considérable des admissions par l'intermédiaire de ce programme — une augmentation de 60 p. 100, le nombre passant à 25 000 admissions par année; et une période de consultation pendant laquelle nous déciderons de la meilleure façon de restructurer le programme pour qu'il soit durable à l'avenir. Si les demandes des parents et des grands-parents ne sont pas gérées avant la suspension de la pause temporaire, l'arriéré pourrait de nouveau augmenter rapidement et devenir impossible à gérer. Cela signifie que chaque année, le Canada devra gérer le nombre de nouvelles demandes pour ainsi assurer le traitement efficace de l'inventaire.
Que signifie le fait, pour le pays, de décider d'accepter, par exemple, 15 000 parents et grands-parents par année? Nous ne devrions pas accepter plus de demandes que cela. En fait, nous devrions accepter moins de demandes jusqu'à ce que l'arriéré revienne à une taille facile à gérer.
Comme vous le savez, nous avons déjà appliqué des mécanismes de limite du nombre de nouvelles demandes grâce à des instructions ministérielles dans la catégorie des travailleurs qualifiés du fédéral depuis 2009; cette mesure a été relativement fructueuse. Par conséquent, l'accélération du programme signifie que les demandeurs sont souvent acceptés en moins de douze mois, plutôt qu'en sept ou huit ans, et nous avons réussi à réduire l'arriéré de façon considérable.
[Français]
Comme je l'ai indiqué lors de ma dernière comparution, nous examinons actuellement certaines options qui nous permettraient de réduire davantage l'arriéré qui existe toujours et qui totalise plus de 400 000 demandes. Par exemple, nous avons lancé un projet-pilote qui permettra aux provinces de puiser des candidats dans l'arriéré. En d'autres mots, il permettra aux provinces de passer en revue les demandes de l'arriéré et de sélectionner les demandeurs qui, à leurs avis, peuvent répondre immédiatement aux besoins de leur économie.
Toutefois, nous devons faire plus.
[Traduction]
Nous voulons nous éloigner du système passif et lent actuel, dans le cadre duquel des personnes de l'étranger ne font qu'ajouter leurs demandes à notre système pour venir au Canada sans emploi, et ne connaissent le succès que des années plus tard, et parfois même jamais. Nous avons besoin d'un système d'immigration véritablement souple et proactif où les employeurs canadiens recrutent activement des gens sur le marché du travail international — des gens qu'on sait pouvoir venir travailler à leur niveau de compétence dès leur arrivée. Actuellement, notre système lent, rigide et passif est encombré par les arriérés, et nous avons besoin d'un système rapide et souple. Nous sommes sur la voie d'un changement transformationnel, mais il reste encore beaucoup de travail à faire.
[Français]
Monsieur le président, je désire vous remercier de m'avoir donné la possibilité de m'adresser à vous aujourd'hui. J'ai expliqué certaines mesures que nous prenons pour faire en sorte que l'immigration réponde davantage aux besoins de notre économie et pour nous assurer qu'elle sert les intérêts de tous les Canadiens.
En terminant, je dirai qu'il est bon d'avoir à ce comité Mme Turmel, ancienne chef de l'opposition officielle par intérim. C'est bon de voir Mme la députée ici.
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Eh bien, tout d'abord, je pense qu'il faut souligner dans quelle mesure nos programmes d'immigration ouverts et généreux ont fait défaut à un trop grand nombre de nouveaux arrivants dernièrement. Toutes les données économiques indiquent que la situation économique des immigrants connaît, en général, une baisse, depuis les trois dernières décennies. Il y a certaines exceptions à cela qui sont le résultat de changements politiques.
Par exemple, les travailleurs qualifiés qui arrivent au Canada en vertu de la grille de points, qui est entrée en vigueur en 2002, semblent connaître de meilleurs résultats, plus particulièrement ceux qui ont un emploi qui les attend au Canada. Les candidats des provinces, qui arrivent en grand nombre maintenant, s'en sortent considérablement mieux en moyenne, au cours de leurs premières années, que les travailleurs qualifiés. Nous pensons que les immigrants de la catégorie de l'expérience canadienne, un programme que nous avons mis en place en 2008, s'en sortent aussi plutôt bien.
Il y a donc un certain nombre de signes positifs, mais on s'entend généralement à dire que le taux de chômage est beaucoup plus élevé chez les immigrants que dans le reste de la population. C'est environ le double. Le taux de chômage des immigrants ayant des diplômes universitaires est près de trois fois supérieur à celui des diplômés universitaires de la population en général. Nous savons tous pourquoi. C'est parce qu'un grand nombre des professionnels formés à l'étranger et hautement qualifiés que nous invitons au Canada se retrouvent à occuper des emplois de survie et confrontés au chômage.
L'autre jour, à Vancouver, j'ai rencontré une femme, une radiologue, qui a immigré d'Iran il y a trois ans. Elle a occupé plusieurs emplois de survie. Elle est au bout du rouleau. Elle m'a indiqué que, même si elle déteste son pays d'origine, elle va devoir y retourner pour y chercher du travail afin d'être en mesure de subvenir aux besoins de sa famille ici, au Canada. C'est une honte. Que ce soit d'un point de vue pratique ou moral, on ne peut tout simplement pas continuer à inviter des gens dans notre pays pour qu'ils s'y trouvent confrontés au chômage ou au sous-emploi.
Notre vision consiste à passer d'un système qui est rigide, passif et lent, qui sous-utilise le capital humain que représentent les immigrants hautement qualifiés que nous recevons, à un système rapide, souple et proactif. J'entends par là qu'il faut accroître la capacité des employeurs à identifier sur le marché du travail mondial des gens qui ont les compétences dont notre marché du travail a besoin dans l'immédiat, ce qui permet, en principe, de s'assurer que les immigrants sont en mesure, dès leur arrivée au Canada, d'occuper — dans le meilleur des cas — un emploi qui les attend, pour lequel ils savent que l'employeur reconnaîtra leurs compétences. C'est la direction que nous voulons suivre.
En fait, nous voulons appliquer les meilleures caractéristiques du Programme des candidats des provinces, qui est au mieux un marché ciblant le marché du travail orienté par les employeurs, et les meilleures caractéristiques du Programme des travailleurs qualifiés. Par exemple, nous savons que les gens qui ont immigré au Canada en vertu du Programme des travailleurs qualifiés et qui avaient un emploi qui les y attendait, gagnent, en moyenne, 79 000 $ après trois ans, ce qui est bien plus élevé que la moyenne correspondant à la population canadienne.
Le système vers lequel nous voulons tendre, au lieu d'être caractérisé par des délais de sept ou huit ans, permettra aux demandeurs d'entrer au pays au bout de quelques mois plutôt que plusieurs années. Cela permettra à une plus forte proportion d'immigrants d'arriver au Canada en ayant un emploi qui les y attend. Ce système permettra d'évaluer la pertinence de leur éducation et de leur expérience sur le marché du travail canadien, plutôt que de se fonder sur des évaluations arbitraires et rigides que l'on a pu voir par le passé. Donc, ont-ils de l'expérience au Canada? Nous savons que les travailleurs plus jeunes s'en sortent mieux. Les gens qui aspirent à trouver un emploi au sein des professions réglementées, qui exigent de meilleures compétences linguistiques, s'en sortent mieux. Il est raisonnable de dire que tous les diplômes universitaires obtenus à l'étranger n'ont pas tous la même pertinence sur le marché du travail canadien, il s'agira donc de procéder à une évaluation davantage qualitative de leur éducation.
J'ai donné un certain nombre de discours à ce sujet. Je pourrais facilement prendre une heure pour répondre à votre question, monsieur Optiz. Mais l'idée, en gros, consiste à passer de ce système passif à un système qui est beaucoup plus proactif et rapide, en tenant compte des recherches effectuées et des données obtenues. Nous avons récemment fait des études phares sur le Programme des travailleurs qualifiés et le Programme des candidats des provinces, en tenant compte de l'expérience de pays comparables, comme l'Australie et la Nouvelle-Zélande.
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Voilà vraiment une excellente question, et je passe beaucoup de temps à y réfléchir.
J'inviterais le comité à se pencher un jour sur cette question de l'intégration culturelle et sociale. Nous avons beaucoup discuté ici, dans ce comité, des questions de programme comme les services d'établissement, mais il y a des problèmes beaucoup plus difficiles du côté de l'intégration sociale et culturelle.
Une des façons de régler ces problèmes est d'être très franc avec les gens. En fait, nous avons mis de côté la rectitude politique du passé, qui, je crois, était basée sur une sorte de vision relativiste du multiculturalisme, voulant que certaines pratiques culturelles se justifiaient dans le cadre de notre ouverture à la diversité. Nous avons dit que cela relevait du passé.
Bien sûr, il y a certaines soi-disant pratiques culturelles, comme nous le disons dans notre nouveau guide d'étude sur la citoyenneté, « Découvrir le Canada », qui sont barbares, que l'on condamne et qui sont punies sévèrement par la loi au Canada. Je pense qu'il est important pour le Canada de le dire de façon explicite — d'être explicite au sujet de la « responsabilité d'intégrer » pour citer l'ancien premier ministre Blair, et que le multiculturalisme et notre tradition de tolérance et de diversité ne couvrent pas toutes les pratiques culturelles.
Mais enfin, monsieur Weston, je pense que la meilleure voie vers l'intégration culturelle et sociale passe par une intégration économique réussie. Si l'on regarde l'Europe occidentale, l'échec de l'intégration des communautés immigrantes dans ces sociétés est en grande partie dû à l'exclusion économique des nouveaux arrivants, qui arrivent généralement avec un faible niveau d'éducation, occupent des emplois peu qualifiés, avec une connaissance limitée des langues européennes et ont donc une mobilité sociale limitée et des occasions d'éducation limitées pour leurs enfants. La ghettoïsation s'en est suivie et dans certains cas est devenue le terreau de l'extrémisme et de la radicalisation.
Heureusement, nous avons généralement évité cela au Canada. En invitant surtout des gens très instruits avec un bon niveau de compétence linguistique, qui s'en tirent mieux d'un point de vue économique qu'en Europe, je pense que nous pouvons et devrions faire mieux.
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Merci à nouveau, monsieur le président.
Je dois souligner que je serai heureux de revenir devant le comité dans l'avenir, quand vous le voudrez, pour continuer de répondre à vos questions en ce qui concerne le budget du ministère. Toutefois, je crois que votre invitation actuelle vise à ce que j'aborde la question de votre étude sur la sécurité de l'immigration au Canada.
Nous vous sommes reconnaissants de votre travail acharné, de votre participation et des commentaires que vous formulez.
[Traduction]
Je souhaite débuter aujourd'hui en faisant un retour en arrière, parce que selon moi, une fausse dichotomie est souvent établie dans les discussions qui portent sur la sécurité dans le système d'immigration.
Pour que nous puissions tenir une discussion franche et fondée sur des faits au sujet de la sécurité, nous devons parler d'abord de cette notion fausse. En fait, certaines personnes croient qu'il s'agit d'une situation gagnant-perdant où il faut faire un choix entre un système d'immigration sûr et géré avec intégrité ou un système d'immigration ouvert et généreux qui tient compte de la tradition humanitaire du Canada. Certaines personnes affirment que nous devons choisir une option au détriment de l'autre. Je suis fondamentalement en désaccord avec cette affirmation. En réalité, la sécurité et l'ouverture du système d'immigration sont des concepts complémentaires, et non contradictoires.
En élaborant des lois, des politiques et des pratiques qui renforcent la sûreté de notre système d'immigration, nous nous assurons que nous pouvons maintenir l'approche généreuse à l'immigration pour laquelle le Canada est internationalement reconnu.
Nous avons souvent des débats libres, voire passionnés, au Parlement et aux quatre coins du pays au sujet de l'avenir du système d'immigration. Or, nous jouissons d'une chance extraordinaire, car le Canada est l'un des seuls pays développés où il n'y a pas de voix dominantes ou organisées qui se fassent entendre haut et fort en faveur de la xénophobie ou d'un sentiment anti-immigration en matière de politiques. C'est parce qu'il y a un consensus élargi en faveur d'un soutien public pour l'immigration à l'échelle du système politique. Toutefois, je crois que ce soutien est conditionnel, car la population veut se doter d'un système d'immigration caractérisé par une application constante de règles équitables.
[Français]
J'estime fort révélateur de voir que, selon les sondages d'opinion, les nouveaux arrivants sont parmi les plus grands défenseurs des normes et des politiques rigoureuses qui renforcent l'intégrité et la sécurité du système d'immigration.
Nous n'avons pas besoin de chercher bien loin pour voir ce qui se passe lorsque l'intégrité est minée. C'est ce qui s'est produit dans d'autres pays occidentaux industrialisés où la population a cessé d'appuyer le système d'immigration dans son ensemble après que des situations généralisées de migration illégale et d'abus conséquent des ressources publiques se sont produites et sont restées sans suivi.
[Traduction]
Thomas Friedman, chroniqueur libéral du New York Times et favorable à l'immigration, a décrit ce phénomène qui s'est produit dans son pays en affirmant que lorsque le système est géré de façon intègre, la population en général se sent davantage en sécurité au sujet de l'immigration et est en mesure de réfléchir à cette question plus calmement. Les frontières poreuses donnent du pouvoir aux démagogues hostiles aux immigrants et rabaissent ainsi à un niveau peu élevé tout le débat à ce sujet.
Monsieur le président, je crois que nous convenons tous que nous ne souhaitons pas que le Canada vive une situation du genre. C'est pourquoi la prise de mesures rigoureuses d'application de la sécurité en matière d'immigration doit demeurer une priorité. C'est aussi pourquoi, chaque fois que nous constatons une situation d'exploitation et d'utilisation abusives du système d'immigration, nous devons prendre des mesures pour combler les lacunes et rendre le système plus sûr.
[Français]
Le comité connaît les nombreuses mesures que le gouvernement a prises au cours des derniers mois pour renforcer l'intégrité du système, y compris les efforts que nous avons déployés pour sévir contre le passage de clandestins, nos initiatives de lutte contre la fraude, l'instauration des dispositions législatives sur la biométrie ainsi que nos intentions en ce qui a trait au Plan d'action Canada—États-Unis sur la sécurité du périmètre et la compétitivité économique.
Je parlerai brièvement de ces mesures.
[Traduction]
L'une des principales lacunes que nous nous apprêtons à combler est celle dont les passeurs de clandestins se servent pour rentrer au Canada. Le gouvernement a une obligation légale et morale de mettre fin aux opérations criminelles de passage de clandestins qui menacent non seulement la sécurité du Canada, mais aussi la vie de beaucoup de personnes désespérées au quatre coins du monde.
Nous croyons que les dispositions qui portent sur le passage de clandestins dans le projet de loi C-31 nous permettront de sévir contre cette activité odieuse et ainsi, de rendre notre système d'immigration plus sûr. Le projet de loi nous permettra d'imposer des peines plus lourdes aux passeurs et propriétaires de navires, ce qui les dissuadera de tenter de profiter de la générosité de notre pays.
Les dispositions plus strictes au sujet de la détention qui sont contenues dans le projet de loi C-31 visent également à protéger la sécurité du système d'immigration. Il importe de souligner que ces dispositions, bien moins sévères que celles mises en oeuvre dans de nombreux autres pays démocratiques, protègent la sécurité du système puisqu'elles donnent aux représentants du pays le temps d'établir l'identité de toutes les personnes qui entrent au Canada dans le cadre d'une arrivée irrégulière désignée, soit généralement grâce à un réseau clandestin.
Bien entendu, toutes les personnes qui arrivent au Canada conservent le droit de présenter une demande d'asile et de se prévaloir d'une audience juste et complète auprès de la CISR, un organe quasi-judiciaire. En créant des obstacles à la résidence permanente rapide, nos mesures visant à lutter contre le passage de clandestins créent également des moyens de dissuasion pour toutes les personnes qui seraient tentées d'avoir recours aux services de passeurs afin d'entrer au Canada moyennant une somme pouvant atteindre 50 000 $.
[Français]
Monsieur le président, en ce qui a trait à la sécurité en matière d'immigration, il y a une autre grave lacune que nous tentons activement de combler. Elle concerne les incidences élevées de la fraude, qui nuisent à notre système.
La fraude, sous toutes ses formes, est sans doute l'obstacle le plus important auquel nous devons faire face lorsque nous déployons des efforts relatifs à la sécurité.
Nous croyons qu'il est important d'agir de façon proactive. Je l'ai dit plusieurs fois: la citoyenneté canadienne est précieuse, et elle n'est pas à vendre.
Nous avons comme priorité de nous protéger contre les consultants sans scrupules qui essaient de se substituer aux règles en aidant les étrangers à mentir et à obtenir la citoyenneté de façon malhonnête.
Nous avons commencé à prendre des mesures pour combler cette lacune en établissant des dispositions législatives et réglementaires qui permettent d'imposer des peines aux représentants en immigration non autorisés. Les personnes qui sont reconnues coupables peuvent devoir payer une amende pouvant aller jusqu'à 100 000 $ ou purger une peine d'emprisonnement de deux ans, ou les deux.
J'aimerais remercier tous les partis de leur coopération lors de l'adoption du projet de loi, au cours de la dernière législature, afin de créer cette meilleure réglementation sur les consultants.
Par ailleurs, comme nous venons de le dire, nous avons créé des campagnes de sensibilisation du public afin de mettre en garde les immigrants potentiels contre les consultants véreux et de les informer au sujet de la fraude relative à la résidence.
Puis, nous avons commencé le processus de révocation de la citoyenneté pour plus de 2 000 personnes qui l'ont obtenue de façon frauduleuse. Pour montrer combien nous sommes proactifs, je mentionnerai le fait qu'avant la campagne de lutte contre la fraude, le Canada avait révoqué la citoyenneté de seulement 69 personnes depuis 1977.
[Traduction]
Plus récemment, nous avons commencé à déployer des efforts pour éliminer la fraude relative au mariage. L'immigration au Canada ne doit pas être fondée sur la supercherie, pourtant c'est ce que font des milliers de fraudeurs qui convainquent les citoyens de les épouser afin d'obtenir la citoyenneté. Trop souvent, ces fraudeurs abandonnent leurs conjoints dès que leur plan réussit et qu'ils obtiennent le statut de résidents permanents. De plus, trop souvent, après le divorce ils parrainent de nouveaux conjoints étrangers, et c'est ce que j'appelle la porte tournante des mariages frauduleux aux fins d'immigration.
Pour sévir contre cette activité frauduleuse, nous avons récemment annoncé des mesures qui font que les conjoints et les partenaires parrainés devront attendre cinq ans avant de pouvoir à leur tour parrainer un conjoint ou un partenaire après le divorce. Par ailleurs, typiquement, ils se font payer pour cette manoeuvre.
Monsieur le président, la fraude relative à l'identité engendre également des problèmes qui touchent la sécurité de notre système d'immigration. C'est pourquoi je suis ravi de faire la promotion de notre plan relatif à la biométrie, qui, comme vous le savez, a été soumis au Parlement et est l'objet notamment des discussions sur le budget qui nous occupe aujourd'hui.
Dans le système actuel, les demandeurs de visa n'ont qu'à fournir au départ les documents écrits à l'appui de leurs demandes. Cependant, la biométrie — soit les photographies et les empreintes digitales — fournira une plus grande certitude quant à l'identité de la personne et au niveau du risque en matière de sécurité qu'elle présente, qu'il s'agisse de demandeurs d'asile déboutés ayant été expulsés, de criminels interdits de territoire ou de personnes dont le nom figure sur une liste de terroristes, par exemple.
Cela aidera grandement nos agents de première ligne, soit les agents des visas ou les agents des services frontaliers, à gérer les volumes élevés de demandeurs d'immigration ainsi que les méthodes de fraude d'identité de plus en plus perfectionnées.
Je me dois de mentionner en passant qu'il y a quelques semaines de cela, en Inde, des arrestations importantes ont été réalisées dans le démantèlement d'un vaste réseau spécialisé dans la fabrication de faux documents. Les efforts de collaboration déployés à l'étranger portent fruit.
Dans le cadre du Plan d'action sur la sécurité du périmètre que le premier ministre Harper et le président Obama ont signé en décembre dernier, nous établirons une approche commune avec les États-Unis en ce qui a trait à l'enregistrement et à l'échange des données d'entrée et de sortie concernant les voyageurs qui traversent les frontières communes aux deux pays. C'est l'Agence des services frontaliers du Canada qui établira le système, mais mon ministère participera également, notamment en élaborant des changements stratégiques.
Dans le système actuel, de nombreux voyageurs qui entrent au Canada en provenance des États-Unis peuvent confirmer leur identité au moyen d'une déclaration de vive voix ou encore en fournissant des documents dont la fiabilité est moins grande. La nouvelle politique exige seulement que les voyageurs présentent un document parmi ceux qui sont acceptés lorsqu'ils entrent au pays.
Le fait d'exiger de toutes les personnes qui traversent la frontière qu'elles fournissent des documents protégés accroîtra la sécurité du système frontalier et celle de l'Amérique du Nord. Cela facilitera les mouvements migratoires légitimes et réduira la confusion à la frontière.
Dans ce système, l'Agence des services frontaliers du Canada recueillera et enregistrera l'entrée des voyageurs et échangera des renseignements à cet égard avec les États-Unis, qui en feront de même. Les données d'entrée recueillies par un pays serviront de données de sortie pour l'autre pays, assurant ainsi l'uniformité du système.
Cela nous aidera à vérifier si les résidents temporaires ont dépassé la période autorisée pour leur séjour ou encore si les résidents permanents ont satisfait à l'exigence relative à la résidence pour maintenir leur statut. Par exemple, nous pourrons mieux sévir contre les fraudeurs du système d'immigration.
En outre, dans le cadre de la mise en oeuvre du Plan d'action sur la sécurité du périmètre, nous établirons une approche commune pour le Canada et les États-Unis, laquelle nous permettra de contrôler les voyageurs avant qu'ils ne mettent le pied au pays.
Si vous faites principalement allusion aux réformes que nous avons apportées à notre système dysfonctionnel de demandes d'asile, je soulignerais le fait que le gouvernement du premier ministre Harper est en train de renforcer et d'élargir la tradition humanitaire du Canada en matière de protection des réfugiés. Nous augmentons de 20 p. 100 le nombre de réfugiés réinstallés que nous acceptons dans le cadre de notre plan pour l'immigration.
Nous accueillons déjà 1 réfugié sur 10 réinstallés dans le monde. Nous représentons 0,05 p. 100 de la population mondiale et pourtant nous accueillons 10 p. 100 des réfugiés réinstallés du monde entier, et nous sommes en train d'accroître ce chiffre. Lorsque cette augmentation sera pleinement entrée en vigueur, nous accueillerons plus de réfugiés réinstallés au sens de la Convention des Nations Unies par habitant que tout autre pays dans le monde.
Nous contribuons plus que jamais au bon travail du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, qui vient en aide aux personnes forcées de quitter leur pays pendant une période prolongée. Je crois que nous sommes maintenant, si je ne me trompe pas, le quatrième plus gros contributeur aux activités de l'UNHCR.
Nous augmentons de 20 p. 100 notre soutien à l'intégration des réfugiés pris en charge par le gouvernement par le biais d'un programme d'aide aux réfugiés et, permettez-moi de vous le dire ici, je crois que les députés savent que l'un des programmes gouvernementaux les moins populaires est celui du soutien au revenu pour les réfugiés réinstallés. Vous savez, ce sont ces courriels exprimant la colère que nous recevons d'un grand nombre d'aînés du public et qui souvent sont basés sur un mythe. En réalité, nous augmentons ce programme de 20 p. 100, car cela faisait 10 ans qu'il était gelé, et nous voulons aider ces réfugiés réinstallés au sens de la Convention parce qu'ils sont souvent grandement dans le besoin lorsqu'ils arrivent ici.
Pour ce qui est du système d'asile, à la suite de nos réformes, les réfugiés qui sont clairement de bonne foi et qui ont besoin de notre protection n'auront plus à attendre jusqu'à deux ans avant d'obtenir une audience et d'être fixés sur leur statut au Canada. Ils obtiendront une réponse dans l'espace de quelques semaines.
Ainsi, l'exemple du réfugié iranien qui descend de l'avion avec des cicatrices de torture encore fraîches sur son dos ne se verra plus dire de revenir nous voir dans deux ans; il saura au bout de quelques semaines s'il peut compter sur la protection du Canada et s'y bâtir un avenir. De plus, pour le réfugié qui s'adresse à la CISR et qui, pour quelque raison que ce soit, voit sa demande initiale rejetée, il pourra désormais, pour la première fois, bénéficier d'un appel intégral fondé sur les faits devant la nouvelle section d'appel pour les réfugiés, ce qui crée un nouveau processus pour une plus grande équité procédurale, si vous le voulez, pour la grande majorité des demandeurs d'asile dont le dossier a été rejeté.
Je peux donc dire sur la scène internationale, en toute honnêteté, que notre gouvernement renforce la tradition du Canada consistant à protéger les réfugiés, aussi bien les demandeurs d'asile que les réfugiés au sens de la Convention, dans le monde entier.