:
Merci à nos représentants de m'avoir accompagné.
Merci chers collègues. Je suis heureux d'avoir l'occasion de prendre la parole en faveur du projet de loi présenté par mon collègue Devinder Shory, de Calgary Nord-Est.
Par ce projet de loi, nous voulons honorer les personnes qui servent dans les Forces armées canadiennes, en facilitant l’obtention de la citoyenneté pour les membres qui ne sont pas canadiens. Les résidents permanents sont certes fort peu nombreux au sein des Forces canadiennes, mais il semble judicieux que les personnes prêtes à mettre leur vie en danger pour défendre le Canada puissent obtenir rapidement la citoyenneté.
Je comprends que le député Shory souhaite reconnaître le rôle particulier des membres des Forces canadiennes ainsi que les sacrifices qu’ils font au nom du Canada.
Deuxièmement, comme vous le savez, le projet de loi C-425 vise à préserver la valeur de la citoyenneté canadienne en nous donnant la capacité de retirer la citoyenneté à ceux qui minent notre sécurité nationale et qui menacent les valeurs fondamentales sur lesquelles la citoyenneté canadienne est fondée.
À nos yeux, la citoyenneté canadienne représente beaucoup plus que le droit de détenir un passeport. Elle représente plus que des privilèges et des droits; elle s'assortit d'obligations et de responsabilités. La citoyenneté définit qui nous sommes en tant que Canadiens, y compris nos responsabilités mutuelles les uns envers les autres et notre engagement commun envers les valeurs qui sont enracinées dans notre histoire, comme l'importance de la démocratie, la primauté du droit et les droits fondamentaux de la personne.
Le Canada a un des taux de naturalisation les plus élevés au monde. Depuis 2006, chaque année, plus de 170 000 résidents permanents deviennent citoyens canadiens. Je ne suis pas surpris que les gens soient si nombreux à vouloir devenir citoyens du meilleur pays au monde.
La plupart des nouveaux Canadiens me disent que, même si ça s'est passé quelques décennies plus tôt, ils se souviennent encore du jour et du moment où ils sont devenus citoyens. Cette journée est spéciale pour bien des raisons, mais le moment le plus important est celui où la personne prononce le serment de citoyenneté, parce que c'est le moment où elle s’engage, devant le Canada et la famille canadienne, à obéir aux lois de notre pays, à respecter nos traditions et à être loyale envers notre chef d'État et notre pays.
Nos nouveaux citoyens me disent souvent qu’ils souhaitent préserver notre citoyenneté, la renforcer et raviver le sentiment d’appartenance. C'est pourquoi le gouvernement a lancé, il y a trois ans, le Plan d'action pour la citoyenneté: pour valoriser la citoyenneté canadienne et resserrer nos liens avec notre pays.
Chers collègues, le gouvernement a pris des mesures pour promouvoir et encourager l'intégration à la société canadienne et pour assurer que la citoyenneté canadienne a une signification réelle et durable.
Dans son libellé actuel, cette disposition sur la citoyenneté réputée répudiée s’appliquerait aux citoyens canadiens qui sont également des résidents autorisés d'un autre pays, car le fait de n’avoir pas d’autre citoyenneté les placerait en situation d'apatridie.
Comme vous le savez, monsieur le président, le Canada est signataire depuis 1978 de la Convention sur la réduction des cas d’apatridie de 1961. Pour assurer le respect de ses engagements internationaux, je demanderais au comité d'envisager un amendement selon lequel seuls les citoyens ayant une double citoyenneté pourraient être visés par la disposition sur la citoyenneté réputée répudiée.
De plus, dans sa forme actuelle, le projet de loi établit qu'un citoyen est réputé avoir répudié sa citoyenneté canadienne s’il commet un acte de guerre contre le Canada ou les Forces armées canadiennes. Mais, comme d'autres témoins l'ont déjà signalé au comité, je crois, le terme « acte de guerre » n'est pas clairement défini dans la loi. Je suggère donc au comité de modifier le projet de loi en remplaçant ce terme par un autre désignant des actes définis plus clairement dans la loi.
Il est important de noter que, sous le régime de la Loi sur la citoyenneté de 1947, la citoyenneté pouvait être retirée à la personne qui avait commis un acte de trahison, avait servi dans les forces armées d'un pays en guerre contre le Canada ou avait négocié ou communiqué illégalement avec l'ennemi en temps de guerre.
Il faut savoir que, avant 1947, on pouvait retirer son statut de sujet à une personne pour des motifs de ce genre, mais la peine imposée était habituellement la peine capitale. Un cas connu est celui de Kanao Inouye, appelé le « Kamloops Kid »: né au Canada, il s’est rendu au Japon pendant la Seconde Guerre mondiale, est devenu sujet japonais, a commis des crimes de guerre contre des prisonniers canadiens et a fini par être condamné à mort par une cour martiale après la guerre.
Dans les cas de trahison, la solution, si l’on peut dire, était d’imposer la peine capitale, et c’est ce qui se passait jusqu’à ce qu’on la supprime, il y a une vingtaine d’années.
Je crois également qu’il convient de souligner que la majeure partie du monde démocratique autorise le refus ou le retrait de la citoyenneté aux traîtres et aux terroristes. Le Royaume-Uni, la France, les États-Unis, l’Allemagne, le Brésil, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et la Suisse peuvent en effet dépouiller de leur citoyenneté les personnes se livrant à des actes de trahison ou terrorisme. En fait, nous avons étudié les dispositions législatives correspondantes d’autres démocraties libérales occidentales et, jusqu’ici, nous n’avons trouvé à ma connaissance qu’un seul pays n’ayant pas adopté de disposition analogue, le Portugal.
Ce que propose M. Shory – et ce que je propose au moyen d’un amendement –, c’est d’aligner les lois canadiennes sur la norme juridique quasi généralisée dans le monde démocratique, ce qui veut dire également de revenir aux dispositions en vigueur au pays avant la modification de la Loi sur la citoyenneté en 1977.
Les individus reconnus coupables d'un crime terroriste, au Canada ou à l'étranger, devraient à mon avis être réputés avoir répudié leur citoyenneté canadienne, en raison de leurs choix et de leurs actes – je répète, en raison de leurs choix et de leurs actes. Il ne manque malheureusement pas d'exemples de situations pour étayer la nécessité de ces modifications.
Tout comme les autres Canadiens, j'ai appris récemment, avec colère, qu'un citoyen canadien serait impliqué dans l’attentat terroriste commis par le Hezbollah en Bulgarie. Nous croyons que cet individu possède également la citoyenneté libanaise. Il est venu au Canada comme résident permanent, et, après avoir acquis la citoyenneté canadienne trois années plus tard à peu près, il est retourné au Liban. Il était alors un jeune homme. Il vit hors du Canada depuis.
Il y a quelques jours à peine, les médias nous ont confirmé qu’un citoyen canadien faisait partie des personnes soupçonnées de l'horrible attentat terroriste commis en Algérie.
Les Canadiens sont outrés, et avec raison, qu'une personne se serve de son passeport canadien pour commettre des actes de violence. Si ces allégations sont fondées, cette personne n’a manifestement aucun sens de la loyauté ou de l’engagement envers notre pays. Elle aurait pris les armes contre des civils innocents pour le compte d’organisations terroristes interdites par la loi, au Canada, Le Canada est l’ennemi du terrorisme en général et l’ennemi de certaines organisations terroristes particulières, par exemple le Hezbollah. Donc, quelqu’un qui prend les armes au nom de ces organisations répudie clairement la valeur de loyauté sur laquelle repose la citoyenneté de tous les Canadiens.
J’aimerais faire savoir à mes collègues que la grande majorité des Canadiens semblent d’accord avec ce postulat. Nous avons même effectué un sondage téléphonique en novembre dernier; 83 p. 100 des répondants ont dit aux intervieweurs être tout à fait d’accord avec la proposition de retirer la citoyenneté aux personnes reconnues coupables d’un acte de terrorisme ou de trahison, ce qui laisse un faible pourcentage seulement de personnes en désaccord avec l’énoncé. Cela veut dire que le public soutient largement cette interprétation.
J’implore aussi le comité d’envisager de modifier le projet de loi pour que la disposition s’applique aux citoyens ayant une double nationalité qui sont reconnus coupables de haute trahison. Comme c'était le cas avant 1977. Je demande instamment au comité d’envisager des modifications de façon que la disposition s’applique à ceux qui deviennent membres des forces armées d'un pays engagé dans un conflit armé avec le Canada. Vu les exemples récents dont je vous ai parlé, je vous incite à appliquer cette disposition à toute personne qui participe à un conflit armé et s’attaque au Canada en tant que membre d’un groupe armé organisé.
En Grande-Bretagne, par exemple, le gouvernement peut révoquer la citoyenneté pour des motifs très variés s'il est dans « l'intérêt public » de le faire. En Suisse, la citoyenneté peut être retirée à la personne dont la conduite cause un préjudice grave à l’intérêt national du pays. Ces normes internationales ont une portée très vaste comparativement à celles que je propose. Les circonstances dans lesquelles une personne serait réputée avoir répudié sa citoyenneté seraient beaucoup plus restreintes et clairement définies.
Pour être clair, si le projet de loi est adopté, il n'y aurait pas de changement aux processus appliqués actuellement dans les cas de répudiation de la citoyenneté canadienne. Des garanties juridiques appropriées seraient bien sûr également en place. La personne concernée recevrait un avis, elle aurait accès à une procédure régulière, et toute décision touchant le retrait de la citoyenneté pourrait être soumise à un examen par les tribunaux.
Le serment de citoyenneté de même que le présent projet de loi témoignent du fait que la citoyenneté repose sur un principe de loyauté réciproque. Une personne qui bafoue ce principe en utilisant la violence devrait être réputée avoir renoncé à sa citoyenneté. Si un citoyen est déclaré coupable de crimes terroristes graves, s'il prend les armes contre le Canada ou s'il est reconnu coupable de haute trahison, il a rompu les liens de loyauté qui sont essentiels à la citoyenneté.
J'aimerais aussi noter que ces propositions ne font aucune distinction entre les personnes ayant plusieurs nationalités nées au Canada et les citoyens naturalisés.
Je ne crois pas que cette disposition touchera un grand nombre d'individus. Son adoption, toutefois, exprimerait clairement que la citoyenneté canadienne n'est pas un drapeau commode qu'une personne peut brandir par intérêt purement personnel, surtout si elle le fait dans le but de commettre des crimes parmi les plus terribles que l’on puisse imaginer.
Merci, monsieur le président, de votre attention. Je répondrai avec plaisir aux questions.
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Merci, monsieur le président.
Je suis un peu surpris, monsieur le ministre, mais pas trop, que vous ayez trouvé le temps de présenter un exposé devant le comité au sujet du projet de loi, même s'il a été assez difficile pour vous de trouver le temps de comparaître devant nous quand il a été question du budget.
Cela dit, j'aimerais vous poser des questions sur le sujet qui nous occupe. Vous proposez des modifications de la loi. Je crois que, selon la procédure normale, vous avez la possibilité de proposer vous-même une loi, à titre de ministre de la Citoyenneté, de l'Immigration et du Multiculturalisme.
Nous étudions un projet de loi d'initiative parlementaire. Quand il s'agit de ce type de projet de loi, comme celui que nous étudions aujourd'hui, il existe beaucoup de restrictions concernant la possibilité pour les députés de participer au débat. En fait, comme il s'agit d'un projet de loi d'initiative parlementaire, le nombre de témoins qui pourront présenter un exposé sur le projet de loi est limité.
Il me semble que vous essayez de priver les députés de la possibilité de participer pleinement au débat sur la proposition que vous soumettez en tant que ministre du gouvernement, et il semble plutôt bizarre et injuste — d'aucuns diraient même antidémocratique — que vous ne respectiez pas la Chambre, alors qu'en fait, les types de changements comme ceux dont vous parlez auront d'énormes —quoique symboliques... Et c'est vraiment de cela qu'il s'agit, car, quand vous parlez des modifications proposées, même si nous ne les avons pas encore vues... on s'attend à ce que nous étudiions ces modifications, après quoi le projet de loi sera adopté, étant donné que vous avez la majorité, au sein du comité, et il passera en troisième lecture et à l'étape du rapport. Il n'y aura pas de véritable débat, et le projet de loi sera adopté; quand c'est un ministre qui propose lui-même une loi et qu'on en arrive à l'étape de la seconde lecture, chaque député peut, sans devoir s'arrêter après deux heures, faire part de ses réflexions concernant la répudiation de la citoyenneté. Je crois que c'est un sujet dont aimeraient discuter bon nombre de députés.
Vous détournez donc un projet de loi émanant d'un député dans le but de...
Votre temps est écoulé, madame Chow.
Madame James, vous êtes la suivante.
Mais j'ai une petite question à vous poser, monsieur le ministre, ou à vous, monsieur Stevens. Il s'agit de savoir si nous créons ou non deux classes de citoyens, ou si nous ne l'avons pas déjà fait. Je crois que c'est Orwell qui a dit que tous les hommes sont égaux, mais que certains le sont plus que d'autres.
Disons que vous avez été condamné aux termes de l'article 2 du projet de loi, que le projet de loi est adopté et que le comité clarifie l'expression « acte de guerre »... Si vous êtes un citoyen naturalisé et que vous êtes déclaré coupable des différents chefs d'accusation possibles, vous irez en prison, vous purgerez votre peine puis vous pourrez recouvrer votre liberté. Si vous avez la double citoyenneté, par un moyen quelconque — vous l'avez demandée ou vous l'avez obtenue d'une autre façon —, vous irez en prison puis vous serez expulsé du pays.
La question que je vous pose, monsieur le ministre ou monsieur Stevens, consiste à déterminer si cela ne créé pas deux classes de citoyens. On pourrait faire le même raisonnement en parlant de l'article premier, je crois. Si nous créons deux classes de citoyens, est-ce que nous ne contrevenons pas à la charte ou à un autre instrument, et je vais encore citer Orwell — ou je ne sais plus qui —, qui disait que tous les hommes sont égaux mais, dans ce projet de loi, tous les hommes ne sont pas égaux.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur le ministre, merci d'être venu ici aujourd'hui. J'aimerais remercier M. Shory de ce projet de loi, parce que ceux qui servent dans les Forces canadiennes et demandent la résidence permanente pour servir notre pays méritent, je crois, cette mesure supplémentaire en raison des risques qu'ils sont prêts à prendre au nom de tous les Canadiens.
Vous avez tout à fait raison, monsieur le ministre. Il y a une distinction à faire entre quelqu'un qui agit de son propre gré et quelqu'un qui est obligé de commettre un acte particulier. Je crois que la loi est sensée et que les tribunaux auront le bon sens de faire assez rapidement cette distinction. Nous parlons ici des actes volontaires.
L'an dernier, dans la grande région de Toronto, une vingtaine de personnes ont été radicalisées, et on sait qu'elles ont quitté le Canada pour se joindre à des groupes terroristes à l'étranger. Elles vont commettre des gestes non seulement contre nos alliés, mais contre le personnel des Forces canadiennes, contre les diplomates, contre d'autres cibles ailleurs dans le monde, en contrevenant aux intérêts du Canada.
Cela s'inscrit déjà en grande partie dans le guide sur la citoyenneté, lequel n'était pas auparavant tout à fait adéquat. Ce que vous avez inclus dans le guide sur la citoyenneté définit ce que l'on attend aujourd'hui des gens qui vivent au Canada; ils doivent tout simplement respecter toutes les lois, ils doivent s'adapter au Canada et ils doivent respecter les principes de la liberté, de la démocratie, des droits de la personne et de la règle de droit. Je ne crois pas que ce soit trop demander à quelqu'un d'être tout simplement un citoyen canadien respectueux de la loi.
Merci de tout ce que vous avez fait jusqu'ici, et j'ai hâte d'en arriver aux amendements.
Monsieur, j'aimerais parler de l'acte de guerre. Vous avez dit dans vos commentaires, un peu plus tôt, que le droit international ne définissait pas clairement ce qu'est un acte de guerre.
Pourriez-vous s'il vous plaît en dire un peu plus à ce sujet, sur l'acte de guerre, l'agression armée et le conflit armé?
:
Merci, monsieur le président.
[Français]
Je vous remercie de m'avoir invité ici pour prendre la parole au sujet du projet de loi C-425, c'est-à-dire la loi sur la valorisation des Forces armées canadiennes. Je suis heureux d'avoir l'occasion de répondre à vos questions au sujet de l'incidence des dispositions de cette loi sur les agents de l'application de la loi.
[Traduction]
Dans sa forme actuelle, le projet de loi n'aurait aucune incidence directe sur les activités d'application de la loi de la GRC. En ce qui concerne ce projet de loi, notre rôle serait d'appuyer Citoyenneté et Immigration Canada, au besoin.
L'article 6 de la Loi sur les infractions en matière de sécurité donne à la GRC la première responsabilité en ce qui concerne les actes criminels constituant un risque pour la sécurité du Canada au sens de la Loi sur le Service canadien du renseignement de sécurité. Le rôle de la GRC est de prévenir, de détecter et d'empêcher les menaces criminelles pesant sur la sécurité nationale du Canada et d'y réagir. Ces menaces comprennent les actes terroristes commis au Canada et à l'étranger, s'ils impliquent des Canadiens. La GRC doit enquêter sur les actes de terrorisme, que les infractions aient déjà été commises ou qu'elles soient en préparation.
La sécurité nationale du Canada reste une priorité stratégique importante pour la GRC. La radicalisation de certains Canadiens au point où ceux-ci sont prêts à participer à des actes de violence extrémistes continue de représenter un défi pour notre société. La GRC agit de manière proactive pour neutraliser les messages extrémistes, notamment en établissant le contact avec les communautés les plus vulnérables au recrutement par des organisations extrémistes, partout au Canada.
[Français]
Aujourd'hui, mon intention est de présenter le point de vue d'un organisme d'application de la loi pour ce qui est de la menace que représentent les individus participant à des actes terroristes, que ce soit au Canada ou à l'étranger.
[Traduction]
Le Canada n’est pas à l’abri du terrorisme, comme nos récentes enquêtes l’ont démontré. Depuis l'entrée en vigueur de la Loi antiterroriste en 2001, 15 individus ont été déclarés coupables d'infractions de terrorisme au Canada, en l’occurrence, 14 infractions de terrorisme aux termes de l’article 2 et une infraction d’incitation à craindre des activités terroristes.
Les condamnations obtenues à ce jour se rapportent essentiellement à des actes terroristes commis au Canada, mais on a aussi vu des individus se radicaliser au Canada avant de quitter le pays pour prendre part ailleurs dans le monde à des activités criminelles violentes.
Dans des endroits comme la Somalie, la Syrie et l’Afghanistan, l’instabilité et les conflits sont omniprésents, ce qui offre de nombreuses possibilités aux individus désireux de poser des gestes extrémistes et violents. La GRC a enquêté sur des individus qui se sont radicalisés au point de décider de quitter le Canada pour participer à des activités terroristes à l'étranger. Nous avons aussi vu des cas où des Canadiens ont voyagé à l’étranger pour recevoir une formation en terrorisme avant de revenir au pays et de passer aux actes. Par exemple, en 2008, Momin Kbawaja a été déclaré coupable d'avoir fabriqué un dispositif explosif pour un groupe du Royaume-Uni après un voyage au Pakistan.
Pour empêcher un tel individu de quitter le Canada, la police doit obtenir une preuve admissible selon laquelle l'individu a l'intention de participer à des activités terroristes. En pratique, les organismes d'application de la loi ne pourront pas toujours obtenir de tels renseignements avant que l'individu ne quitte le pays. Par exemple, en mars 2011, la GRC a porté des accusations contre deux individus soupçonnés d'avoir quitté le Canada pour participer aux activités d'un groupe terroriste. Ni l'un ni l'autre de ces individus n'a été appréhendé.
La GRC essaie, autant qu'il est possible, d'empêcher que des activités terroristes aient lieu. Du point de vue de la GRC, il est préférable d'arrêter ces individus avant qu'ils ne quittent le Canada pour commettre des actes violents à l’étranger. Cependant, dans les cas où les organismes d'application de la loi n'apprennent l'intention d'un individu qu'après que celui-ci a quitté le pays, ils communiquent avec leurs partenaires internationaux pour empêcher, dans la mesure du possible, que des actes terroristes ne soient commis.
Même dans les cas où les organismes d'application de la loi sont incapables d'empêcher un individu de participer à des activités terroristes à l'étranger, ils peuvent au moins recueillir des preuves et communiquer avec leurs partenaires internationaux en vue d'une poursuite dans l'éventualité où l'individu reviendrait au Canada.
Un autre projet de loi se trouve actuellement devant la Chambre des communes: . Ce projet de loi comprend de nouvelles infractions qui s'appliqueraient dans le cas d'individus quittant le Canada dans le but de poser des gestes terroristes ailleurs. Les nouvelles dispositions interdisant à quiconque de quitter ou de tenter de quitter le Canada dans le but de participer aux activités d'un groupe terroriste seront utiles aux forces de l'ordre, car elles leur permettront de mettre plus rapidement un terme aux activités des terroristes en devenir, soit pendant la planification de leurs crimes, avant qu'ils ne quittent le Canada pour se rendre dans un camp d'entraînement terroriste ou pour commettre d'autres actes illégaux à l'étranger.
[Français]
Je vous remercie à nouveau de m'avoir invité à participer à cette importante rencontre.
:
Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du comité, bonjour. C’est pour moi un plaisir de comparaître devant vous aujourd'hui pour discuter de questions liées à un projet de loi émanant d'un député, le projet de loi .
Sous sa forme actuelle, le projet de loi C-425 permettrait d'accélérer le processus d'octroi de la citoyenneté aux résidents permanents qui sont aussi membres des Forces canadiennes. II permettrait également de retirer la citoyenneté canadienne aux personnes ayant la double citoyenneté qui commettent un acte de guerre contre les Forces canadiennes.
Je sais aussi que le ministre Kenney et M. Shory — le parrain du projet de loi — ont parlé publiquement de leur intention de proposer des modifications au projet de loi afin que les autorités puissent déchoir de leur citoyenneté canadienne les Canadiens binationaux reconnus coupables d'infractions liées au terrorisme au Canada ou à l’étranger.
[Français]
À cet égard, j'aimerais être très clair. Le SCRS n'est pas un organisme d'application de la loi. Les individus reconnus coupables d'infractions liées au terrorisme sont condamnés par un tribunal à la lumière d'éléments de preuve recueillis par les organismes d'application de la loi aux fins de la poursuite. Il arrive que des renseignements du SCRS fournissent des pistes d'enquête à la police, mais ils ne sont habituellement pas utilisés dans le cadre de telles poursuites.
[Traduction]
Monsieur le président, cette précision étant faite, j'aimerais parler de la menace terroriste en général, plus particulièrement de la présumée implication de Canadiens dans des activités liées au terrorisme, afin de mettre en contexte l’étude que fera le comité du projet de loi et des modifications qui pourraient y être apportées.
Le SCRS fait actuellement enquête sur plusieurs personnes soupçonnées d'être liées au terrorisme au Canada. Ces gens mènent des activités qui vont de la collecte de fonds à la prestation d'un soutien logistique à l'entraînement et à la perpétration d'actes terroristes. Comme nous l’avons récemment indiqué dans notre rapport public, ces individus sont issus de toutes les couches sociales, ont des niveaux de scolarité variés et présentent des profils psychologiques différents. Monsieur le président, il n'existe tout simplement pas de « terroriste » type.
En plus de faire enquête sur des individus associés à des activités terroristes au Canada, le Service craint toujours que des Canadiens radicalisés ne participent à des activités terroristes à l'étranger. Le Canada a une obligation internationale d'empêcher l'exportation du terrorisme lorsque c'est possible, et surtout si certains de ses citoyens sont impliqués.
Les membres du Comité seront également au courant des récents reportages sur la présumée implication de Canadiens dans des attentats en Bulgarie et de la confirmation récente de la découverte des restes d'un Canadien soupçonné d'avoir participé à des attentats terroristes perpétrés en Algérie.
Par ailleurs, le directeur du SCRS a déjà dit au Comité sénatorial permanent de la sécurité nationale et de la défense que le Service sait que des dizaines de Canadiens sont allés à l’étranger pour prendre part à des activités liées au terrorisme.
[Français]
Monsieur le président, ces dossiers représentent une grave menace pour la sécurité au Canada et à l'étranger et pourraient être préjudiciables à la réputation internationale de notre pays. Des Canadiens impliqués dans des activités terroristes à l'étranger peuvent transférer leurs compétences et leurs connaissances à des organisations terroristes et transférer, au Canada, les compétences et les connaissances qu'ils ont acquises à l'étranger. Ils pourraient peut-être même les utiliser pour perpétrer des attentas terroristes en territoire canadien. Évidemment, ces échanges en boucle nous inquiètent.
[Traduction]
En outre, les individus qui rentrent au Canada après être allés dans des zones de conflit à I'étranger en radicalisent parfois d'autres. En effet, leurs aventures à l'étranger leur confèrent souvent beaucoup de crédibilité auprès d'individus et de groupes de mêmes tendances, surtout parmi les jeunes impressionnables, qui leur vouent même parfois de l’admiration.
Cela dit, monsieur le président, il n'est pas facile de suivre la trace des Canadiens qui vont à l’étranger pour mener des activités terroristes. Ils disparaissent souvent dans des endroits en proie à l'anarchie, comme les régions tribales le long de la frontière afghano-pakistanaise, ou dans des zones de conflit, comme la Syrie, où la situation est instable et insaisissable.
Monsieur le président, il est très difficile de se faire une idée claire des combattants étrangers et des terroristes à l'étranger.
Premièrement, il nous est difficile de connaître leurs motifs. En Syrie, par exemple, les combattants étrangers affluent. Certains se joignent à l'Armée syrienne libre, d'autres, des groupes associés à al-Qaïda, comme le Front al-Nosra, d'autres encore, le régime d'al-Assad. Il peut donc être extrêmement ardu de distinguer les motivations et les alliances de tous ces gens. Je dois également souligner que cela bouge tout le temps. Une personne peut se rendre en Syrie pour participer aux activités de l'Armée syrienne libre et se retrouver à combattre avec les membres du Front al-Nosra, par exemple. C'est très difficile à suivre.
Deuxièmement, les enquêtes sur les personnes qui sont allées à l'étranger posent des problèmes particulièrement épineux. Il faut du temps pour trouver de bonnes sources et pour corroborer les informations ainsi obtenues. Pendant ce temps, les personnes ciblées vont se déplacer et vont se rendre dans d'autres lieux où il est difficile de les retrouver; le temps est donc un facteur important.
Troisièmement, tout le monde sait qu'il est extrêmement difficile, parfois même impossible, de confirmer l'identité de Canadiens à l'étranger. Nous devons souvent compter sur des services de renseignement étrangers, qui peuvent avoir d'autres priorités, d'autres ressources ou d'autres mandats.
Monsieur le président, malgré ces difficultés, je tiens à souligner que le Service met tout en oeuvre pour fournir au gouvernement une image aussi précise que possible de cette menace et des nombreuses autres menaces qui pèsent sur la sécurité nationale.
J'aimerais également replacer cette discussion dans un contexte international. Le Canada n'est pas le seul pays à avoir des citoyens radicalisés qui vont à l'étranger pour participer à des activités liées au terrorisme. Des pays comme l'Australie, la France, l'Allemagne, le Royaume-Uni et les États-Unis se sont heurtés au même problème, dans une certaine mesure, et dans bien des cas à un problème d'une bien plus grande ampleur.
[Français]
En fait, pas plus tard que la semaine dernière, le gouvernement néerlandais a haussé le niveau de la menace terroriste aux Pays-Bas. Cette menace est passée de « limitée » à « considérable », parce que des Néerlandais radicalisés sont allés en Syrie pour participer au djihad armé violent.
J'ai pensé porter ce fait à l'attention des membres du comité au cas où vous auriez l'impression que le Canada est un cas à part parmi ses alliés. Il ne l'est pas. De nombreux pays occidentaux font face à une menace semblable qui risque de persister un certain temps encore.
[Traduction]
C'est un problème d'envergure internationale.
Sur ces mots, j'aimerais vous remercier de l'attention que vous m'avez accordée. Je me ferai un plaisir de répondre aux questions des membres du comité.
:
Merci, monsieur le président.
Merci, aux témoins de s'être présentés devant nous.
Le Canada est une société multiculturelle qui fonctionne très bien. Nous sommes également une société diversifiée, et nos politiques en matière d'immigration sont très dynamiques.
Je suis moi-même immigrant, et à ce titre, je dois reconnaître qu'avant de devenir citoyen canadien, j'ai voyagé muni d'un passeport de la République de Chine. Dans les années 1960 et 1970, je dirais que j'étais persona non grata. Notre pays avait été reconnu par 31 autres pays environ, et j'avais beaucoup de difficulté à me rendre quelque part pour participer à une conférence, pour étudier ou tout simplement pour prendre des vacances.
Depuis que je suis citoyen canadien, je considère que le passeport canadien est quelque chose de très précieux, qui est vraiment cher à mon coeur.
J'aimerais entendre vos commentaires concernant la façon dont d'autres personnes, par exemple des radicaux, des extrémistes, utilisent le passeport canadien comme outil pour arriver à leurs fins ou pour entrer plus facilement dans d'autres pays où ils s'adonneront à des activités terroristes; peut-être utilisent-ils le passeport canadien pour aller dans un autre pays pour faire de l'espionnage.
Vous pourriez peut-être me dire quel rang occupe le passeport canadien par rapport aux autres passeports, et quelle image donne sur la scène internationale une personne qui voyage munie du passeport canadien.