:
Merci, monsieur le président.
Il y a en effet un certain nombre de fonctionnaires présents, du ministère de la Citoyenneté et de l'Immigration et de Sécurité publique Canada.
Merci.
[Français]
Merci beaucoup, chers collègues, de me donner l'occasion de présenter le projet de loi au Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration. Ce projet de loi fait partie des efforts importants que nous faisons pour renforcer l'intégrité de notre généreux système d'immigration.
Comme vous le savez, sous le gouvernement actuel, le Canada a le taux d'immigration le plus élevé de son histoire et le plus important taux par habitant du monde développé. Évidemment, la grande majorité des nouveaux Canadiens arrivent avec l'intention de respecter les lois du Canada et de bien s'intégrer à notre société. Ces personnes, en particulier, n'ont aucune sympathie pour les étrangers qui arrivent au Canada et qui sont reconnus coupables d'avoir commis des crimes sérieux.
C'est la raison pour laquelle notre gouvernement a pris l'engagement, pendant la dernière campagne électorale, d'accélérer le renvoi des criminels étrangers qui sont reconnus coupables de crimes graves, en vertu de notre système de justice criminelle.
De plus, le gouvernement a reconnu qu'il faut apporter certaines modifications à la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés relativement à l'enjeu de l'admissibilité au Canada. C'est un aspect complexe mais important de la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés.
Le but de ces modifications est de permettre l'entrée au Canada des personnes honnêtes qui vont contribuer à la prospérité du Canada, et de refuser l'entrée au pays des personnes qui constituent peut-être une menace à notre sécurité ou à notre santé publique.
[Traduction]
J'ai le plaisir de vous présenter le projet de loi , Loi accélérant le renvoi des criminels étrangers, qui permet de réaliser les objectifs auxquels nous nous sommes engagés durant les dernières élections et, en effet, dans le discours du Trône.
Grâce à cet important texte législatif, nous honorons un engagement pris pendant la campagne de simplifier le processus d'expulsion des criminels étrangers condamnés.
À l'heure actuelle, un résident permanent ou un étranger peut être frappé d'une mesure d'expulsion s'il est passible d'une peine maximale d'au moins 10 ans au Canada pour son crime ou s'il reçoit une peine réelle de plus de six mois. Mais le statu quo pose un problème fondamental. Si la peine de tels criminels condamnés est inférieure à deux ans, ceux d'entre eux qui sont des résidents permanents peuvent interjeter appel de leur expulsion du Canada devant la Section d'appel de l'immigration de la CISR. En outre, s'ils perdent en appel, ils peuvent présenter une demande de contrôle judiciaire à la Cour fédérale. Cela entraîne, dans de nombreux cas, jusqu'à trois ans de retard dans le traitement des mesures d'expulsion des étrangers condamnés pour des actes criminels graves.
Monsieur le président, je crois que même les étrangers condamnés pour des crimes graves doivent avoir accès au système judiciaire, mais qu'ils ne devraient pas pouvoir entreprendre des démarches juridiques sans fin qui durent des années, repoussant ainsi la date de leur expulsion du Canada. J'estime que même les étrangers condamnés pour des crimes graves ont droit à une application régulière de la loi, mais qu'ils ne devraient pas pouvoir abuser ad vitam aeternam du système judiciaire équitable canadien.
C'est pourquoi, aux termes de cette loi, un résident permanent qui reçoit une peine au Canada de six mois ou plus ne pourrait plus contester son expulsion devant la SAI, la Section d'appel de la CISR. Le projet de loi empêcherait également les personnes qui ont commis à l'étranger des crimes graves punissables au Canada d'entreprendre des procédures devant la Section d'appel de l'immigration.
[Français]
Il est important de mentionner qu'un crime grave est déjà défini, en vertu de la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés, comme étant un délit pour lequel une peine d'emprisonnement de plus de six mois a été imposée. Il y a eu une certaine confusion à ce sujet lors des débats à la Chambre sur le projet de loi à l'étape de la deuxième lecture.
Je souligne que ce projet de loi ne change pas la définition d'un crime grave prévue dans la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés. Cela continue d'être un crime pour quelqu'un qui a reçu une peine de plus de six mois. Les changements que nous proposons s'harmonisent donc aux autres dispositions législatives actuelles en matière d'immigration.
[Traduction]
À ceux qui prétendent que ces mesures sont un peu injustes, que nous voulons punir des gens pour de prétendus crimes mineurs, quoi que cela puisse vouloir dire, ou pour des erreurs commises dans le passé, nous répondons que vivre au Canada est un privilège, non un droit. L'une des obligations qu'il faut respecter pour conserver ce privilège, c'est de ne pas commettre un crime grave au Canada. Si un étranger s'installe ici, bénéficie du privilège de la résidence et commet un crime grave, disons-le sans détour, il doit perdre le privilège de rester au pays.
Monsieur le président, comme vous le savez, je rencontre régulièrement des membres de divers groupes culturels, et ils sont tout à fait d'accord avec moi. J'ajouterai, en passant, que ce n'est pas pour rien que je me suis engagé à l'égard de ce projet de loi durant les dernières élections au cours d'une conférence de presse dans le quartier chinois de Vancouver à laquelle assistaient uniquement, si je ne m'abuse, des représentants de médias ethnoculturels. Nous constatons que les néo-Canadiens nous appuient fortement, parce que, en grande partie, il s'agit de personnes qui respectent les règles, qui s'installent ici et chérissent le droit de résidence qui mène habituellement à la citoyenneté et, franchement, ils ne tolèrent pas que des gens viennent ici et abusent de la générosité du Canada en faisant des victimes au pays, très souvent elles aussi des néo-Canadiens.
Je dis aux détracteurs du projet de loi que j'aimerais, pour une fois, les entendre parler des victimes des crimes. J'aimerais qu'ils réfléchissent à la question et même qu'ils reconnaissent la triste réalité, c'est-à-dire que de nombreux Canadiens, y compris beaucoup de néo-Canadiens, sont des victimes, parfois même de crimes avec violence, d'étrangers qui repoussent leur expulsion au moyen de tactiques dilatoires que nous tentons d'éliminer grâce au projet de loi.
[Français]
Certains critiques, y compris de l'opposition, nous demandent de prendre en considération les difficultés auxquelles les criminels et leur famille sont confrontés. Toutefois, ces critiques s'arrêtent-ils parfois pour penser aux difficultés vécues par les victimes d'actes criminels?
Un avocat en immigration exprimait son inquiétude à ce propos en parlant de « l'effet monumental » que le renvoi des criminels étrangers pourrait avoir sur les communautés d'immigrants. Franchement, je pense qu'une telle idée est insultante envers les immigrants. Comme je l'ai déjà dit, la grande majorité des immigrants ainsi que les autres Canadiens, ceux qui sont nés ici, respectent la loi, sont travaillants, honnêtes et fiers. Effectivement, nous acceptons plus d'un quart de million de nouveaux résidents permanents par année et, de ce nombre, moins de 1 000 sont reconnus coupables de crimes sérieux et font des demandes d'appel auprès de la CISR. Cela signifie que ce projet de loi touchera moins de 1 % de tous les résidents permanents, soit 0,3 % d'entre eux.
[Traduction]
Malheureusement, il y a d'innombrables exemples de criminels étrangers qui ont été condamnés à des peines de moins de deux ans et qui ont réussi à retarder les procédures d'expulsion pendant des années. On retrouve parmi eux des personnes qui ont commis les pires crimes que vous puissiez imaginer.
Prenons le cas odieux de Cesar Guzman, un ressortissant péruvien qui a été frappé d'une mesure d'expulsion après avoir été reconnu coupable d'agression sexuelle sur un citoyen âgé. Ce prédateur a seulement été condamné à 18 mois de prison. Il a donc pu interjeter appel devant la Section d'appel de l'immigration. Cependant, il aurait dû être expatrié vers le Pérou dès la fin de sa peine de 18 mois. Mais à cause de la possibilité qu'il avait d'interjeter appel, son expulsion a été retardée de près de quatre ans.
Il va sans dire que, monsieur le président, quand des Canadiens prennent connaissance de tels cas dans les journaux, ils sont en colère parce que nous laissons de telles situations se produire. Le pire, c'est que beaucoup de criminels étrangers condamnés ont profité du temps qu'ils ont gagné en interjetant appel de leur expulsion pour récidiver, parfois, pour commettre des crimes encore plus horribles.
Le fait que ces criminels étrangers puissent se promener librement dans nos collectivités alors qu'ils devraient avoir été renvoyés rapidement chez eux choque profondément la grande majorité des Canadiens. Je ne vois pas de meilleur et de plus tragique exemple que le meurtre de l'agent Todd Baylis, du service de police de Toronto. Il a été assassiné par un étranger qui retardait son expulsion. Il y a eu des erreurs opérationnelles commises dans cette affaire, mais le fait qu'il soit possible d'interjeter appel devant la SAI et de retarder les procédures d'expulsion a contribué au fait que le ressortissant jamaïcain Clinton Gayle était au Canada et qu'il a pu assassiner l'agent Todd Baylis. Il ne faut pas que ce genre de chose se reproduise.
Aux termes du projet de loi , une personne qui commet un crime grave pourra être entendue devant les tribunaux, mais elle ne pourra pas prolonger le processus judiciaire pendant des années.
Le projet de loi comporte également d'autres mesures qui facilitent la venue au Canada des voyageurs légitimes qui ne constituent pas un risque, ce dont il n'a pas été question, à mon avis, durant le débat suivant la deuxième lecture. Auparavant, par exemple, les voyageurs à faible risque accompagnés d'un membre de la famille interdit de territoire pour des raisons autres que la sécurité ou la criminalité, comme la santé, étaient tous jugés interdits de territoire et renvoyés dans leur pays d'origine. Le projet de loi propose d'améliorer ce système pour que seule la personne interdite de territoire se voie refuser l'entrée au Canada. Tous les autres membres de la famille qui l'accompagnent ne seront pas touchés. Cela ne pénalise pas les membres de la famille en raison de l'interdiction de territoire d'un des leurs.
En outre, un autre changement important donnerait au ministre de la Citoyenneté et de l'Immigration un nouveau pouvoir de refuser l'entrée — et je m'en tiendrai à cet élément — dans des cas exceptionnels de ressortissants étrangers qui veulent nuire à la population canadienne, comme ceux qui incitent à la haine pouvant mener à la violence et l'encouragent. Il y a eu une certaine controverse concernant cette disposition. Dans le projet de loi, nous proposons que le ministre puisse refuser l'entrée d'étrangers pour des raisons de politique publique. Nous avons tiré cette proposition législative d'une étude de dispositions semblables dans des démocraties similaires à la nôtre, comme l'Australie, la Nouvelle-Zélande, les États-Unis, le Royaume-Uni et beaucoup d'autres pays de l'Europe de l'Ouest qui se sont dotés, sous diverses formes, de ce que nous appelons un pouvoir discrétionnaire de rejet.
Chers collègues, permettez-moi de vous expliquer. Très souvent, des députés et des membres du public nous demandent pourquoi nous admettons au Canada un étranger dont on sait qu'il incite à la haine, voire à la violence. Par exemple, l'année dernière, le Conseil québécois des gais et lesbiennes a contesté la venue de M. Hazma Tzortzis et de M. Abdur Raheem Green, des ressortissants britanniques, qui voulaient venir au Canada pour parler dans le cadre d'une conférence. Il s'agit de deux personnes qui, depuis longtemps, incitent à une haine sauvage, y compris en appelant au meurtre de gais et de lesbiennes et de juifs, en incitant à la violence contre les femmes, etc. D'ailleurs, l'Assemblée législative québécoise a adopté une motion unanime pour me demander, en tant que ministre, de refuser l'entrée au Canada à ces personnes. Et ce n'est qu'un exemple parmi tant d'autres.
En fait, alors que j'étais membre de l'opposition, j'avais proposé qu'on refuse l'entrée au Canada à Fred Phelps, un homme qui fait la promotion, un peu partout, de la haine et de la violence contre les gais et lesbiennes. J'ai fait la même chose dans le dossier du cheik Abdul Rahman Al-Sudais, un ressortissant saoudien qui demandait l'extermination du peuple juif.
Voici le problème auquel nous sommes confrontés, monsieur le président. Si vous croyez que l'admission de telles personnes au Canada est problématique — et c'est une question dont il faut débattre, bien sûr — et si vous pensez qu'elles ne devraient pas avoir le droit de promouvoir la violence et la haine au Canada, vous devez reconnaître que la loi actuelle ne nous donne pas les outils dont nous avons besoin pour leur refuser l'entrée, sauf s'ils sont interdits de territoire pour des motifs de sécurité nationale. Comprenez-moi bien: promouvoir la haine contre les juifs n'est pas un crime en Arabie saoudite. Il y a beaucoup de pays où ce qui constitue un crime au Canada est permis, comme la promotion de la violence ou de la haine contre des groupes vulnérables.
Il faut donc se demander si, oui ou non, les Canadiens et le Parlement croient qu'on devrait avoir un outil raisonnable, discret, limité et souple que nous pourrions utiliser dans des situations extraordinaires où, pour des raisons comme celles-ci, nous voulons empêcher l'entrée au pays d'un étranger qui, autrement, serait admissible. Les motifs qu'il faut invoquer pour utiliser ce pouvoir, les cas où il serait possible de l'utiliser, et ainsi de suite, sont toutes des questions légitimes dont il faut débattre, et c'est la raison pour laquelle je dépose devant le comité, monsieur le président, une proposition de lignes directrices sur l'exercice de ce pouvoir discrétionnaire de rejet.
Je souligne aux membres du comité que ce pouvoir viserait ceux qui participent à des activités de promotion du terrorisme, de la violence ou de la criminalité, comme la promotion ou la glorification de la violence terroriste; la promotion ou la glorification d'une entité figurant à la liste des entités terroristes; qui conseillent, encouragent ou incitent d'autres personnes à se livrer à des actes terroristes ou à une violence terroriste; qui incitent à une haine susceptible d'entraîner des actes de violence envers un groupe précis; qui font la promotion d'activités criminelles graves, ou encouragent ou incitent d'autres personnes à le faire. De plus, cela nous donnerait le pouvoir de refuser l'entrée au pays à un étranger provenant d'un pays à l'égard duquel le Canada a imposé des sanctions en vertu de la Loi sur les Nations Unies ou de la Loi sur les mesures économiques spéciales lorsque l'étranger en question est un ancien dirigeant ou un dirigeant supérieur actuel du gouvernement de ce pays ou d'une entité appartenant au gouvernement ou contrôlée par ce dernier ou agissant en son nom ou l'associé ou un membre de la famille d'une personne visée à l'alinéa 36(1)a), ou un étranger qui est un étranger politiquement vulnérable figurant dans le règlement d'application de la Loi sur le blocage des biens de dirigeants étrangers corrompus.
Cette dernière partie a été ajoutée en réaction aux demandes de l'opposition, des libéraux et des néo-démocrates, à la suite de l'arrivée de certains membres de la famille de M. Ben Ali, l'ancien dictateur tunisien. Des membres de sa famille ont réussi à obtenir l'entrée au Canada, et des membres du grand public et de l'opposition ont demandé pourquoi on permettait à des membres de la famille du dictateur de demander l'asile au Canada. La réponse était que, techniquement, ils n'étaient pas interdits de territoire aux termes des articles 34, 35 et 36 de la LIPR. Ce sont les dispositions sur l'interdiction de territoire, et nous ne pouvons pas refuser l'entrée à quelqu'un qui n'a pas été condamné au criminel ou qui n'est pas membre d'une organisation terroriste.
Par exemple, on peut vouloir interdire de territoire des hauts dirigeants de certains régimes. Il y avait des sanctions contre le régime birman. À cette époque, cela nous aurait donné le pouvoir, par exemple, de refuser aux membres de la junte birmane d'entrer au Canada.
Nous avons actuellement imposé des sanctions contre le régime iranien. Nous voudrions peut-être avoir un pouvoir plus général nous permettant de refuser l'entrée au Canada de hauts dirigeants de ce régime. Cela nous donnerait les outils nécessaires.
En conclusion, monsieur le président, j'inviterais les membres du comité à bien réfléchir à ces questions. Je dirais à mes collègues de l'opposition, qui aspirent à former le gouvernement un jour, qu'ils auront peut-être à gérer ces problèmes eux aussi.
Je crois que nous devons tous, en tant que parlementaires, réfléchir très sérieusement aux critères appropriés, si tant est qu'il y en a, pour refuser l'entrée au pays d'étrangers dans de telles circonstances exceptionnelles, et à la façon de se doter d'un outil souple qui permet de réagir dans de telles situations.
Pour terminer, monsieur le président, je vous remercie de votre attention. Il y a beaucoup d'autres dispositions dans le projet de loi dont je n'ai pas parlé — certaines sont techniques, mais elles sont toutes importantes —, et les fonctionnaires qui m'accompagnent et moi-même sommes prêts à répondre à vos questions.
Monsieur le ministre, nous sommes ravis que vous puissiez être avec nous pendant deux heures. Je sais que votre horaire est très chargé et que vous êtes en charge d'un dossier qui nous tient tous occupés.
Monsieur le ministre, je crois que tous les Canadiens veulent qu'on adopte la ligne dure avec les non-citoyens qui commettent des crimes graves et souvent violents dans nos collectivités. Les néo-Canadiens, qui, pour la plupart, respectent les lois et les règles, seraient les premiers à être d'accord avec eux.
Comme vous le savez, j’ai dit clairement lorsque le projet de loi a été présenté que, en tant qu’opposition responsable, nous étions prêts à travailler avec le gouvernement pour que les criminels de toutes origines ne puissent pas abuser de notre processus d’appel. Mais je veux qu’il soit très clair aujourd'hui que notre appui de principe à la deuxième lecture ne vous donne pas carte blanche, et je vous avise aujourd'hui que nous nous attendons à ce que le gouvernement travaille avec nous pour s’assurer que nous protégeons les Canadiens et respectons l’application régulière de la loi et la primauté du droit en même temps.
Je vais le dire sans détour. Nous sommes très préoccupés par le projet de loi proposé, par son efficacité en ce qui a trait à la question de la criminalité des non-citoyens et par sa très vaste portée. Plus particulièrement, le projet de loi vous donne de nouveaux pouvoirs considérables. La dernière chose dont votre système d’immigration a besoin, c’est d’encore plus de critiques. En réalité, nous avons un bon système indépendant qui permet de déterminer l’admissibilité, et nous n’avons pas besoin de le remplacer sur un coup de tête d’un ministre.
Ce que vous nous avez remis aujourd'hui, le document que nous venons de recevoir — j'y jette un coup d'oeil rapide et je suis surprise de constater qu'il s'agit de lignes directrices. Ce seront des lignes directrices pour vous, mais elles seront appliquées à votre discrétion ou à celle d'un autre ministre.
À trois reprises, depuis que je suis le critique de l’opposition officielle en matière d’immigration au sujet des compressions liées à la santé des réfugiés, le projet de loi , et à nouveau en ce qui a trait au projet de loi dont il est question ici, vous avez présenté d’importantes réformes pour ensuite céder aux pressions et faire marche arrière. C’est révélateur du fait que ces réformes sont conçues rapidement sans consultation adéquate. Nous espérons que, en ce qui a trait au projet de loi actuel, vous serez disposé à écouter les intervenants et les membres de l’opposition de façon à ce que, au bout du compte, on produise un texte législatif qui protège à la fois les Canadiens et les droits des nouveaux arrivants.
Je constate, monsieur le ministre, que, dans votre exposé, vous avez donné des exemples extrêmes. Dans ces cas, nous sommes d'accord avec vous, il aurait fallu que ces personnes soient expulsées. Cependant, j'hésite toujours lorsqu'on veut apporter d'importants changements en raison de quelques anomalies, plutôt que d'essayer de cibler les anomalies précises en peaufinant le système.
En ce qui a trait à la consultation et au fait d’écouter l’opposition, j'aimerais commencer par vous poser une question sur les commentaires que vous avez formulés dans les médias la semaine dernière lorsque vous avez promis d’assurer la participation des membres du comité relativement à l’article de la loi qui vous permettrait d’empêcher des étrangers d’entrer au Canada pour des raisons de politique publique qui, je crois que même vous le reconnaîtrez, sont trop générales et incluent à peu près tout ce qui peut se passer à l’échelle mondiale. Nous apprécions la branche d’olivier que vous nous tendez, mais ma question est la suivante: en avons-nous vraiment besoin? Nos services frontaliers ont déjà le pouvoir d’interdire l’entrée au pays à des personnes qui constituent une menace à notre sécurité ou dont les actes constituent des crimes, y compris les discours haineux au Canada.
Seriez-vous prêt à éliminer ce volet mal pensé du texte législatif?
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Les personnes ayant un pouvoir analogue à celui que nous proposons sont le ministre ou, dans le cas des États-Unis, le secrétaire de la Sécurité intérieure.
Au Royaume-Uni, le secrétaire de l'Intérieur peut décider lui-même qu'une mesure d'exclusion soit prise à l'égard d'une personne si la présence de celle-ci — et c'est le libellé utilisé — ne serait pas « favorable au bien public ». Cela ratisse très large, n'est-ce pas? Par exemple, la mesure d'exclusion peut être fondée sur des raisons de sécurité nationale, de politique étrangère, d'ordre public ou de grande criminalité. Le secrétaire ne délègue pas ce pouvoir à d'autres représentants — il ne le fait pas.
En Australie, le ministre de l'Immigration et de la Citoyenneté peut prendre personnellement diverses mesures pour veiller à l'intérêt national. Il lui appartient de déterminer si une décision est justifiée. De plus, la loi australienne sur l'immigration autorise qu'on rejette une demande de visa si elle est contraire aux intérêts du pays sur le plan de la politique étrangère ou s'il est probable que la personne prenne part à des actes de violence dans la collectivité ou encourage de tels gestes.
Aux États-Unis, le secrétaire d'État — veuillez m'excuser, il ne s'agissait pas du secrétaire de la Sécurité intérieure, mais plutôt du secrétaire d'État — peut demander à un fonctionnaire consulaire de refuser une demande de visa pour des raisons de politique étrangère ou de sécurité nationale, et le secrétaire de la Sécurité intérieure peut déléguer aux agents d'immigration le pouvoir de révoquer un visa. De plus, le président peut limiter les voyages à l'étranger et suspendre l'entrée au pays de certaines personnes dont la présence irait vraisemblablement à l'encontre des intérêts américains.
Laissez-moi ajouter quelque chose. Je siège au Parlement depuis 15 ans, et, selon mon expérience, la plupart des Canadiens —, et, de fait, des parlementaires — pensent que le ministre ou le gouvernement possède déjà ce genre de pouvoir discrétionnaire; et c'est pourquoi, dès que ce genre de fauteurs de troubles cherchent à entrer au pays, des parlementaires et des citoyens me pressent de leur refuser ce droit. Ces gens s'attendent à ce que j'aie ce type de pouvoir général.
Pour terminer, comme je l'ai dit plus tôt, j'ajouterai qu'on me demande constamment, chaque jour... Vous avez tous pu constater qu'après la période de questions, une foule se masse autour de mon bureau. J'aimerais pouvoir dire que ces gens viennent me féliciter pour mes réponses, mais, habituellement, il s'agit plutôt de certains de nos collègues qui viennent me demander de délivrer ce qu'on appelle des « permis ministériels », c'est-à-dire d'utiliser un pouvoir ministériel illimité prévu dans la LIPR pour renverser des décisions défavorables rendues par des agents de visa.
Je n'entends aucun parlementaire se plaindre du pouvoir discrétionnaire que je peux exercer pour autoriser une personne à entrer au pays, et ce que nous proposons essentiellement dans le projet de loi, c'est un pouvoir discrétionnaire analogue visant à interdire de territoire certaines personnes, lequel, serait utilisé quelques fois par année, tout au plus.